Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 février 2014 5 14 /02 /février /2014 12:56

(verbatim et vidéo)



Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240214-robert-badinter.html



 








DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EMMANUEL MACRON
EN HOMMAGE À ROBERT BADINTER, ANCIEN MINISTRE DE LA JUSTICE,
PLACE VENDÔME À PARIS LE MERCREDI 14 FÉVRIER 2024




14 février 2024
Discours du Président de la République lors de l’hommage national à Robert Badinter.



Le sang sur la lame. La tête coupée d’un homme. Une vie fauchée.

Ce spectacle morbide, Robert Badinter y assista à l’aube, le 28 novembre 1972, dans la cour de la prison de la Santé. Avant, il y avait eu la plaidoirie désespérée pour sauver son client, Roger Bontems, coupable qui n’avait pas tué. Le procès perdu à Troyes, la grâce sollicitée en vain, les visites chaque matin dans la cellule, les derniers jours d’un condamné. Avant, il y avait eu ce dilemme insoutenable : qui des deux condamnés, Buffet ou Bontems, exécuter en premier. Ce sera Bontems, avaient statué leurs avocats, car Bontems a encore un peu d’espoir, mieux vaut qu’il parte d’abord. Après, il n’y avait plus rien que la nuit. L’odeur de sang. Les visages des bourreaux. La mort. La mort sans recours. Une vie tombée parce que la justice, alors, tuait.

Son mentor, Maître Torres, l’avait prévenu jadis. « Tu deviendras vraiment un avocat après ta première mort de condamné ». Ce matin-là, à la Santé, c’est un couperet qui tranche, aussi, le destin de Robert Badinter. Avant ce matin-là, il était un partisan de l’abolition de la peine de mort. De ce jour, il en sera un combattant.

Une idée simple gouverna désormais la vie de Robert Badinter : pour ne pas perdre foi en l’Homme, il ne faut pas tuer les hommes, fussent-ils les pires coupables. Il était devenu avocat par hasard, pour gagner sa vie. Il sera l’avocat, pour toujours, de cette cause. L’abolition.

Janvier 1977. Retour à Troyes, dans la même cour d’assises où furent jugés Buffet et Bontems.

Cris de la foule qui demande la mort de Patrick Henry, cet assassin d’enfant, cri de la foule qui demande la mort de Robert Badinter, cet avocat des assassins. « Les morts vous écoutent », répétait Robert Badinter. Et le fantôme de Bontems l’écoutait. Les morts étaient sa conscience, mémoires d’outre-tombe dont il redoutait le jugement.

À la barre, lui qui aimait le théâtre ne jouait pas un rôle. Il était une âme qui crie, une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort. « Si vous tuez Patrick Henry, lança-t-il aux jurés dont il cherchait le regard, votre justice est injuste ». Le combat contre la mort devint sa raison d’être. Après Patrick Henry, Robert Badinter sauva la tête de cinq autres condamnés.

« Les morts nous écoutent. » Les morts, ses morts. Simon, son père, arrêté le 9 février 1943 par les séides de Klaus Barbie ; Shindléa, sa grand-mère déportée à soixante-dix-neuf ans ; Idiss son autre grand-mère que, dans la fuite, la famille dut laisser s’éteindre seule à Paris ; Naftoul, son oncle, ses cousins, tant des siens décimés par la Shoah.

La mort comme ombre permanente, à chaque contrôle de papiers, dans ce village de Savoie quadrillé par les Allemands, surveillé par la police de Paul Touvier. La mort aux trousses, sa quête de fantômes, après-guerre, à Auschwitz.

Oui, Robert Badinter fut un jeune homme hanté par la mort. Sans doute est-ce pour cela qu’il fit toute son existence le choix résolu de la vie. Nourritures terrestres, nourritures célestes : hauts très hauts, bas très bas, il vécut intensément chaque minute. Fureur de vivre, des universités américaines aux prétoires. Gourmandise des mots, voyage jusqu’au bout des nuits sans sommeil, pour étudier, devenir docteur, préparer ses cours. Épiphanie de travail et de savoir, fête de l’esprit. La vie, la belle vie, celle des théâtres et de l’opéra ; la vie pour aimer, épouser Élisabeth, couple dans le siècle, unis par l’universel, complicité dans les épreuves et les procès, les bonheurs et les livres, presque six décennies d’une vie mêlée, avec leurs trois enfants, Judith, Simon et Benjamin. Lumière d’un grand amour et amour des grandes Lumières, celles de Condorcet, de la Révolution, de la République.

« Les morts vous écoutent. » Ceux qui écoutent Robert Badinter, ce jour de septembre 1981, s’appellent Jaurès, Clemenceau, Briand, Camus, Hugo. À la tribune de l’Assemblée Nationale pour défendre la loi abolissant la peine de mort, le Garde des Sceaux porte l’engagement du Président François Mitterrand formulé durant la campagne, en dépit de l’opinion. Robert Badinter parle. Plaidoirie inoubliable contre une peine capitale, qui, par ses mots, pulvérisée, à son tour exécutée. Robert Badinter parle. La peine de mort dissuasive ? Mais Patrick Henry lui-même criait « À mort Buffet, à mort Bontems » devant le même Palais de justice de Troyes quelques années plus tôt. La peine de mort, dénoncé par les religions, les philosophies, les consciences du monde. La peine de mort apanage des dictateurs. Robert Badinter parle.

Et la justice, la justice, n’est-ce pas seulement des juges, des jurés, avec leurs failles, leurs erreurs ? Alors, faut-il accepter des exécutions sans cause, des cadavres par accident ? Un homme qui n’a pas tué, coupé en deux dans la cour de la prison de la Santé ? Non, ce n’est pas une question politique, c’est une question morale, un cas de conscience. Robert Badinter convainc. Une majorité vota pour la loi entière, une majorité formée de la gauche, rejointe par quelques députés de l’opposition menée par Jacques Chirac. Robert Badinter avait gagné son plus grand procès. Victor Hugo, son modèle, avait écrit quatre-vingt-treize, Robert Badinter venait de tracer quatre-vingt-un dans l’Histoire du progrès français, année de l’abolition.

Cela suffisait-il ? Non. Il fallait encore rendre la justice plus humaine, l’humanité plus juste ; poursuivre l’œuvre d’émancipation et de fraternité promue par Condorcet ; chasser les terribles démons de l’arbitraire, qui tuèrent Condorcet, et tant d’autres après lui. Derrière chacun, réprouvé, condamné, oublié, le Garde des Sceaux voulait toujours voir une vie, simplement, irréductiblement.

Vie des homosexuels, discriminés, dont Robert Badinter mit fin à l’opprobre légale. Vie brisée des victimes, dont il se soucia plus que tout autre avant lui. Vie citoyenne avec ses droits inaltérables : il supprima les tribunaux d’exception, et il ajouta un recours, celui de la Cour européenne des droits de l’homme, aux armes de liberté des justiciables français. Vie des détenus, car pour lui existait un droit qu’aucune loi ne pouvait entamer, aucune sentence retrancher, le droit de devenir meilleur, même en prison, même coupable.

La vie, sa vie menacée, son honneur bafoué, parce qu’il fut pendant cinq ans le ministre le plus attaqué de France, cible d’une haine dont l’écho résonne encore dans cette place Vendôme. Mes chers compatriotes, tout à l’heure vous l’avez applaudi dans cette même place, où, alors, des voix de haine s’élevaient pour l’attaquer en raison de cette abolition.

La vie, cette vie sacrée, garantie par l’État de droit, par les lois fondamentales de la République, cette « primauté de la personne humaine » inscrite dans une décision du Conseil Constitutionnel qu’il présida, et dont il était spécialement fier. Vie d’étude et de sagesse, à la tête de cette institution, vie vouée à défendre la dignité de chacun et l’unité de la République jusqu’aux bancs du palais du Luxembourg.

Protéger les vies et qu’importe les frontières, vies brisées par les fers de l’Histoire, arrachées par des assassins qu’il voulait voir jugés dans les cours internationales. Vies au-delà de la France, sa patrie, lui qui aida tant de pays européens sortis de la dictature ou de la guerre à inventer leur Constitution.

Oui, Robert Badinter avait choisi la vie, la vie heureuse, la vie en République. Souvenirs des rêves de ses parents, Juifs de Bessarabie, pour qui la France se disait avec les mots de Zola et les paroles de la Marseillaise. Souvenirs des vies héroïques, ces habitants de Cognin, en Savoie, qui savaient que les Badinter réfugiés-là étaient Juifs et ne dirent rien aux Allemands. Robert Badinter, la République faite homme.

La vie contre la mort. Cette vie portée jusqu’à son dernier souffle, cet élan de colère qui fustigeait le négationniste le traînant, lui, l’avocat, sur les bancs des accusés en mars 2017. Cette vie, la sienne, qui en changea tant d’autres, qui en inspira tant d’autres, qui en éclaira tant d’autres, lucides sur la chance qu’ils eurent de croiser un jour ce géant du siècle, et à mon tour, je mesure cette chance.

La vie plus sombre, depuis vendredi matin, pour nous tous et pour les Français pleurant aujourd’hui sa force de colère, sa force de lumière, qui nous grandissaient tous.  

« Les morts nous écoutent ». Oui, les morts nous écoutent. Robert Badinter, vous nous écoutez désormais et vous nous regardez. Conscience morale que rien n’efface, pas même la mort, que le chagrin élève au rang d’exigence. Et vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent comme s’avancer à nouveau, où vos idéaux, nos idéaux, sont menacés : l’universel qui fait toutes les vies égales, l’État de droit qui protège les vies libres , la mémoire qui se souvient de toutes les vies.

Nous faisons aujourd’hui le serment, je fais le serment, d’être fidèles à votre enseignement. Fidèles. Vous pourrez écouter nos voix couvrir celle des antisémites, des négationnistes, comme votre voix couvrait la leur, les réduisait au silence. Fidèles. Vous pourrez écouter des audiences, des plaidoiries, des lectures de jugement, chœur vibrant de l’État de droit, si souvent remis en cause au moment où vous partez. Fidèles. Pour que vous puissiez écouter un jour, quand le Parlement du dernier pays pratiquant la peine de mort dira : elle est abolie, mettant le point final à notre combat universel.

Nous serons fidèles. Pour ceux qui ont été tués, pour ceux qui n’avaient pas tué, pour tous vos morts, pour ceux qu’il faut sauver. Pour Simon. Pour Idiss, pour Shindléa, pour Naftoul, nous serons fidèles. Pour cette part d’humanité qui fut si longtemps oubliée dans le siècle et demeure si fragile, nous serons fidèles. Car c’est vous, qui, aujourd’hui, parmi la foule, nous êtes fidèle.

Vigie aux sourcils broussailleux, fendu d’un sourire soudain, vibrant d’indignations et d’une colère juste quand sont attaqués les principes universels, vous nous restez fidèle, comme vous l’étiez chaque année, en silence, homme parmi les hommes, rue Sainte-Catherine à Lyon, pour commémorer la rafle où fut enlevé votre père, un 9 février, encore.

Vous êtes là, aujourd’hui, parmi nous. Les lois de la vie et de la mort comme suspendue, vaincue, abolie. Alors, s’ouvre le temps de la reconnaissance de la Nation. Aussi votre nom devra s’inscrire, aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent, au Panthéon.

Vive la République. Vive la France.

Emmanuel Macron, le 14 février 2024 à Paris.


Source : www.elysee.fr

https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230214-discours-macron-badinter.html
 

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 00:11

Né le 9 février 1907 au Lamentin, en Martinique, Pierre Aliker a fait des études de médecine et est devenu docteur en médecine en 1938. Il fut le premier Martiniquais à avoir été interne des Hôpitaux de Paris. Il fut chirurgien en Martinique et s'habilla toujours en blanc pour rendre hommage à son frère André assassiné à 40 ans en 1934.

Il fut élu conseiller municipal de Fort-de-France sur la liste d'Aimé Césaire en 1945 et les deux furent systématiquement réélus jusqu'en 2001. Adjoint de 1945 à 1957, puis premier adjoint de Fort-de-France de 1957 à 2001, Pierre Aliker fut pendant plus d'un demi-siècle le bras droit politique d'Aimé Césaire, tant pour les affaires municiales que pour leur propre parti fondé le 28 mars 1958. Il fut également élu conseiller général de 1958 à 1971.

C'est lui qui honora Aimé Césaire à la mort de celui-ci. Victime d'une mauvaise chute chez lui, hospotalisé le 27 octobre 2013, il s'est éteint le même jour que Nelson Mandela, le 5 décembre 2013 à Fort-de-France, et la même année que le centenaire d'Aimé Césaire.


Sur Aimé Césaire :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-118723320.html


Sur Nelson Mandela :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-116115943.html


SR

Partager cet article
Repost0
7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 07:14

Malgré la récupération de certains et les amalgames d’autres, l’unanimité des responsables politiques sur la condamnation de l’agression qui a tué Clément Méric n’en reste pas moins un espoir sur la nécessité d’en finir avec toutes les violences.


yartiMericClement01La tragédie humaine et la tragédie politique ont été réunies dans un même acte, la mort du jeune étudiant Clément Méric après son agression le 5 juin 2013 en plein cœur de Paris.

Je me moque de savoir les circonstances, je me moque de savoir quelle a été la couleur politique de la victime, celle de l’agresseur, que ce soit à l’issue d’une bagarre, d’une provocation ou que ce soit mûrement réfléchi, prémédité, le résultat est le même, cruel, odieux, insensé, insupportable dans notre démocratie : une personne est morte en raison de ses opinions politiques.

Je me moque aussi de savoir le jeune âge de la victime, ses études à Science Po Paris, ses origines bretonnes… Il aurait été âgé, sans formation, d’autres origines, l’horreur aurait été de la même nature.

C’était le message de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate de l’UMP à la mairie de Paris, parmi plein d’autres responsables qui ont réagi, venue le lendemain sur les lieux du drame : « La violence politique, c’est un cancer de la démocratie. ». En raison de ses positions humanistes, l’ancienne ministre fait partie des quelques rares personnalités que détestent le Front national.

Oui, un cancer. Car souvent, la violence des uns appellent la violence des autres. La vengeance, la réplique. Clément Méric en est une malheureuse victime.

L’agression est inexcusable, et tous ceux qui ont laissé planer un doute sur l’origine de la bagarre, sur l’initiative des heurts, discutent de l’indiscutable : quand bien même la victime ou ses amis auraient été à l’origine d’une provocation, cela ne vaut pas la mort d’un homme. Dans tous les cas.

L’émotion, la politique n’y échappe pas et ce n’est pas une tare des responsables politiques de ressentir de l’émotion comme n’importe quel citoyen. Cette vie politique guidée par l’émotion l’est même sans Nicolas Sarkozy. Ce l’était déjà avant lui, et maintenant après lui. Mais la raison doit ensuite prendre place à l’émotion, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions.

Dans sa chronique du 6 juin 2013, le journaliste Daniel Schneidermann hésitait à appeler la victime : jeune, étudiant, militant antifasciste, militant d’extrême gauche, considérant que le choix même de l’appellation apportait une idée de ses propres opinions politiques : « Savoir que choisir ses mots, c’est choisir son camp. ».

Pourtant, il n’y a qu’un seul camp, il n’y en a pas deux, dans cette histoire. La vie, c’est ce qui est le plus précieux. La philosophe Simone Weil rappelait dans "L’Enracinement" cette idée évidente : « Seul est éternel le devoir envers l’être humain comme tel. ». Et c’est à cette mesure que les réactions initiales sont saines.

L’unanimité de la réaction de la classe politique était effectivement très heureuse : de l’extrême gauche au FN, tout le monde a condamné cette agression inqualifiable. Mais qui pouvait ne pas condamner ? Ceux qui ont hésité en seraient presque les complices.

Le Président François Hollande a Tokyo, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault au Sénat, le Président du Sénat Jean-Pierre Bel, le Président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone, chacun devant son assemblée, ont fait des déclarations officielles de grande tenue et gravité.

Marine Le Pen a été très habile en réagissant très rapidement et très fermement, en condamnant et même, en soutenant l’éventualité de la dissolution de groupuscules d’extrême droite s’il s’avère que ceux-ci sont directement responsables de ce meurtre.

Mais certains dans la classe politique ont eu moins de pudeur que d’autres. Certains ont voulu "profiter" (le verbe est certes fort) de l’événement pour faire de la récupération politique. J’aurais presque tendance à m’en moquer si l’idée générale restait que la violence politique doit être éradiquée dans un pays libre comme la France.

yartiMericClement02

Car la violence verbale incite immanquablement à la violence physique. C’est le principe du passage à l’acte. Ce ne sont peut-être pas les mêmes personnes, mais la violence verbale de certains discours irresponsables peuvent inciter d’autres esprits, sans doute plus faibles, sans doute moins enclins à choisir une manière pacifique de débattre, à frapper, à montrer du muscle. La politique sert alors d’alibi comme l’indépendantisme ou le fondamentalisme religieux servent parfois de prétextes à des activités mafieuses.

Beaucoup cherchent à discuter des circonstances de la mort de Clément Méric alors que pour le moment, seul le recueillement et le recul devraient se prévaloir. Pourtant, c’est comme dans l’affaire Merah, on croit qu’en connaissant mieux les circonstances, on pourrait mieux raisonner sur les grands principes. Que les agresseurs soient d’extrême droite, qu’ils soient des fanatisés de l’islam radical, qu’ils soient des honnêtes pères de famille bien sous tous rapports, le bilan serait le même, on ne touche pas aux personnes ! On ne doit pas frapper ! On ne doit pas tuer !

La regrettée Jacqueline de Romilly, helléniste de formation et amoureuse de la langue, insistait sur l’importance de savoir s’exprimer dans une société humaniste : « Apprendre à penser, à réfléchir, à être précis, à peser les termes de son discours, à échanger les concepts, à écouter l’autre, c’est être capable de dialoguer, c’est le seul moyen d’endiguer la violence effrayante qui monte autour de nous. La parole est un rempart contre la bestialité. Quand on ne sait pas, quand on ne peut pas s’exprimer, quand on ne manie que de vagues approximations, comme beaucoup de jeunes de nos jours, quand la parole n’est pas suffisante pour être entendue, pas assez élaborée parce que la pensée est confuse et embrouillée, il ne reste que les poings, les coups, la violence fruste, stupide, aveugle. Et c’est ce qui menace d’engloutir notre idéal occidental et humaniste. ».

Les réactions unanimes sont là pour me convaincre que l’objectif n’est pas oublié, au prix parfois de certaines récupérations. J’en ai compté deux.

La première est issue de Jean-Luc Mélenchon et de ses amis qui ont fait un véritable forcing médiatique pendant toute la journée du jeudi, à tel point que beaucoup de journalistes pensaient que Clément Méric était un membre du Front de gauche (les responsables de ce parti ont bien dû préciser après coup qu’il n’en était rien). L’idée est aussi d’avancer contre le FN au point de lui faire porter une part de responsabilité morales du meurtre. Certains responsables du PS leur ont emboîté le pas. Mieux au courant que la police et la justice réunies, ces personnages prétendent connaître tout des circonstances.

La manifestation organisée au soir du 6 juin boulevard Saint-Michel s’est soldée par des huées contre toute tentative de manipulation. On imagine l’émotion des proches de Clément Méric, quel que soit leur bord politique, dégoûtés par cette récupération à trois balles, aussi honteuse que lorsque des ligues de légitime défense viennent faire de la retape auprès de parents effondrés d’enfants sauvagement assassinés. Indécence. Anne Hidalgo, la candidate du PS à la mairie de Paris, a dû s’esquiver rapidement et Harlem Désir a finalement renoncé à s’y rendre.

Cela dit, dissoudre toutes les ligues et groupuscules qui prônent la violence, d’où qu’elles viennent, de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, me paraîtrait sain dans une démocratie apaisée. Mais pourquoi fallait-il attendre un mort ? L’appel à la haine est déjà réprimé par le Code pénal, les gouvernements auraient pu agir au lieu de réagir.

La seconde manipulation me paraît encore plus malsaine car il s’agit de faire un véritable amalgame. Certains, dont Pierre Bergé, ont associé cette terrible mort à l’action des opposants, pacifiques et non violents, au mariage pour les couples homosexuels, en continuant à entretenir la confusion entre le million de personnes raisonnables mais inquiètes, voulant défendre une certaine idée de la famille, et les quelques casseurs d’extrême droite, appâtés par toutes les occasions pour exprimer leur violence. Ce n’est plus de l’indécence, cela va au-delà.

Mourir pour des considérations d’opinion politique, c’est aussi révoltant que mourir de faim ou de froid. C’est insupportable. L’émotion, l’indignation de la classe politique sont rassurantes. Elles doivent maintenant laisser place à la réflexion pour éviter à l’avenir de tels nouveaux drames. Et en ce sens, l’hésitation n’est plus permise…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (7 juin 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L'affaire Merah.
Jacqueline de Romilly.
Simone Weil.
L’unité nationale.

yartiMericClement03


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/clement-meric-la-violence-136967

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 15:43

ClementMeric

Sauvagement agressé à Paris le soir du 5 juin 2013 par des personnes d'extrême droite, je rejoins le concert d'hommages à Clément Méric, jeune étudiant en première année de Science Po Paris, 18 ans, syndicaliste SUD et militant antifasciste. L'horreur, exprimée par le Président de la République François Hollande au Japon et par le Président du Sénat Jean-Pierre Bel au Sénat ce 6 juin 2013, mais aussi par l'ensemble de la classe politique, notamment NKM, est le constat effrayant qu'aujourd'hui, on peut encore mourir en France pour ses opinions politiques. J'espère que la justice sera sévèrement rendue. Honte aux agresseurs qui salissent la République et la démocratie ! Toute ma sympathie et compassion à la famille et aux proches de Clément Méric.


Sylvain Rakotoarison (6 juin 2013)


Partager cet article
Repost0
27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 00:40

Né le 14 mai 1951, Guy Carcassonne fut un juriste en droit constitutionnel très réputé en France. Après une thèse de doctorat sur la transition démocratique en Espagne (1979) et une agrégation de droit (1983), il est devenu professeur de droit public à Paris-X (Nanterre) en 1988. Il fut également connu pour sa collaboration à Matignon avec le Premier Ministre Michel Rocard de 1988 à 1991. Auteur de nombreux ouvrages et articles, Guy Carcassonne était considéré, à l'instar de Georges Vedel, comme l'un des meilleurs constitutionnalistes français et défendait la Ve République qu'il estimait suffisamment souple pour toutes les situations tout en critiquant la boulimie de loi depuis de nombreuses années. Il est mort à Saint-Pétersbourg le 26 mai 2013 à la suite d'une hémorragie cérébrale. Il était le mari de la célèbre dessinatrice Claire Bretécher (73 ans).

SR

Partager cet article
Repost0
14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 03:02

Dans le sondage YouGov pour "Le Huffington Post" et iTélé publié le 14 mai 2013, les sondés sont très majoritairement pour un changement de gouvernement, le jugeant incompétent. Seulement trois ministres trouvent grâce aux yeux d'au moins 20% des sondés qui veulent leur maintien : Manuel Valls (38%), Arnaud Montebourg (23%) et Christiane Taubira (21%). Ce sondage apporte un éclairage très détaillé sur de nombreux thèmes.


Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage (fichier .pdf) :

http://cdn.yougov.com/cumulus_uploads/document/7s4jtyhzuh/Barom%C3%A8tre_politique_HPIt%C3%A9l%C3%A9_mai13.pdf


SR


Partager cet article
Repost0
3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 06:27

Dans le sondage BVA pour CQFD sur i-Télé publié le 3 mai 2013, les intentions de vote pour un premier tour de l'élection présidentielle dans la configuration de 2012 donnerait un duel entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, qui, elle, dépasse largement François Hollande. Les premiers candidats sont répartis ci-dessous, avec, entre parenthèses, la différence avec leur score réel du 22 avril 2012 (les autres candidats, petits, obtiennent le même score qu'à l'élection présidentielle de 2012).

Nicolas Sarkozy : 29% (+2%).

Marine Le Pen : 24% (+6%).
François Hollande : 20% (-9%).
Jean-Luc Mélenchon : 11% (-).
François Bayrou : 10% (+1%).

Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage BVA (fichier .pdf) :

http://www.bva.fr/data/sondage/sondage_fiche/1286/fichier_bva_actu_-_intention_de_vote_presidentielle_-_jean_luc_melenchonc9974.pdf


SR



Partager cet article
Repost0
3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 04:03

Dans le sondage TNS Sofres pour "Le Figaro Magazine" publié le 3 mai 2013, le niveau de confiance de François Hollande est à son plus bas niveau, 24% (-3%) et 73% ne lui font pas confiance. Pour Jean-Marc Ayrault, c'est respectivement 23% de confiance et 69% d'absence de confiance. Pour un Président de la République au bout d'une année de mandat, c'est le plus bas score dans les sondages. Nicolas Sarkozy avait 32% en mai 2008, Jacques Chirac 53% en mai 2003 et 44% en mai 1996, et François Mitterrand 61% en mai 1989 et 58% en mai 1982.

Par ailleurs, les six personnalités que les sondés aimeraient voir prendre des responsabilités au cours des années à venir sont François Fillon avec 37% (+2%), Manuel Valls avec 37% (-2%), François Bayrou avec 35% (+3%), Nicolas Sarkozy avec 35% (-2%), Jean-Louis Borloo avec 34% (+2%) et Alain Juppé avec 32% (-1%).


Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage TNS Sofres (fichier .pdf) :

http://www.tns-sofres.com/_assets/files/2013.05.02-baro-figmag.pdf


SR


Partager cet article
Repost0
28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 12:05

Dans un sondage de l'IFOP pour le JDD paru le 28 avril 2013, il y aurait 78% des Français qui souhaiteraient un gouvernement d'union nationale en France, essentiellement pour résoudre le problème du chômage et réduire la dette publique. François Bayrou est plébiscité pour incarnait cette union nationale avec 47% des sondés, suivi de Martine Aubry (37%), Louis Gallois (34%) et Bertrand Delanoë (33%).


Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage (fichier .pdf) :

http://www.ifop.com/media/poll/2231-1-study_file.pdf



Sur l'union nationale et François Bayrou, lire ceci :

http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-117381340.html


SR

 

 

Partager cet article
Repost0
17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 23:25

Dans un sondage IFOP pour Fiducial et Europe 1 publié le 17 avril 2013, Nicolas Sarkozy dépasserait largement François Hollande dans les intentions de vote dans le cas où un premier tour d'élection présidentielle aurait lieu. Le sondage (qui a interrogé les 1967 sondés du 11 au 15 avril 2013) évalue les forces respectives des différents candidats présents le 22 avril 2012 au premier tour de l'élection présidentielle. Nicolas Sarkozy fait mieux que son score de 2012, 30% (au lieu de 27,2%). François Hollande s'effondre à 22% (au lieu de 28,6%), tandis que Marine Le Pen fait une percée à 22% (au lieu de 17,8%), faisant jeu égal avec François Hollande et pouvant donc prétendre à la qualification au second tour. François Bayrou (10% au lieu de 9,1%) et Jean-Luc Mélenchon (11% au lieu de 11,1%) sont sensiblement au même niveau qu'en 2012 (les résultats sont à quelques % près, de toutes façons) et Eva Joly encore moins (1,5% au lieu de 2,3%).

Un an après l'élection présidentielle, l'image de François Hollande dans l'opinion publique est catastrophique. 75% sont mécontents de lui (contre seulement 21%), 86% pensent qu'il n'a aucune autorité, 82% qu'il est incapable de rassembler les Français, 80% qu'il ne sait pas où il va, 73% qu'il est incompétent et 57% qu'il n'a aucune sincérité.

Parmi les mesures prises par François Hollande qui sont condamnées par les Français, il y a le mariage pour les couples homosexuels (par 54%), la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires (par 65%) et l'augmentation des droits de succession et de donations (par 74%).

Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2222-1-study_file.pdf


SR


Partager cet article
Repost0


 




Petites statistiques
à titre informatif uniquement.

Du 07 février 2007
au 07 février 2012.


3 476 articles publiés.

Pages vues : 836 623 (total).
Visiteurs uniques : 452 415 (total).

Journée record : 17 mai 2011
(15 372 pages vues).

Mois record : juin 2007
(89 964 pages vues).