Le sondage réalisé par OpinionWay les 19 et 20 mars 2014 pour "Marianne" à deux jours du scrutin ne montre pas beaucoup d'intérêt sur la participation, ni sur les intentions de vote (les listes et les situations dans les communes sont tellement diverses qu'il est difficile de globaliser au niveau d'un sondage).
En revanche, l'élément intéressant, c'est la différence de critère entre décembre et mars sur les impôts locaux (en baisse notable) et l'environnement (en hausse notable à peu près équivalente). Nul doute que le pic de pollution est passé par là ! (d'où les électeurs réagissent à l'actualité et ont peu de mémoire, en décembre, ils venaient de payer des impôts locaux en hausse). On retrouve le même phénomène d'osmose entre création d'emplois (en baisse) et des meilleurs transports (en hausse).
Sinon, dans les intentions de vote (comme si toutes les listes étaient politisées), il n'y a que les électeurs de Mélenchon en 2012 qui peuvent voter FN (6%). Les autres électeurs (hors FN) sont négligeables pour le FN.
Tous les Français sont appelés à voter les 23 et 30 mars 2014 pour élire leur conseil municipal, et donc, indirectement, leur maire. Cette année, il y aura une petite révolution dans les urnes.
Ce jeudi 6 mars 2014 à 18 heures, les bureaux des préfectures refuseront les nouvelles candidatures aux élections municipales de la fin du mois. C’est en effet le dernier délai pour se présenter à un siège de conseiller municipal. Avec deux nouveautés dans les formalités pratiques, l’obligation pour chaque candidat conseiller d’adresser au préfet une fiche renseignée sur lui (ce n’était pas le cas auparavant) et l’obligation pour la liste de définir son option politique, ce qui est souvent sans pertinence dans les petites communes où les listes sont rarement politisées.
Comme d’ordinaire pour ces élections locales, la majorité insiste sur le caractère spécifiquement local de ce scrutin tandis que l’opposition veut en faire un enjeu national pour combattre le gouvernement et en faire la première étape de la reconquête. Ce jeu de rôle est assez banal et sans trop d’intérêt. Il permettra au soir des élections de jouer sur les deux tableaux en fonction des résultats.
Enjeu national
L’enjeu de ces élections municipales est en partie national, puisque c’est le premier scrutin depuis que François Hollande est à l’Élysée, après vingt-deux mois d’exercice du pouvoir. C’est donc un moyen, parmi d’autres (sondages, manifestations, grèves, etc.) d’exprimer colère ou agacement vis-à-vis d’un pouvoir visiblement aveugle qui continue à dire que tout va mieux alors que le chômage ne cesse de croître.
Cela dit, l’UMP ne semble pas avoir plus d’adhésion enthousiaste dans les sondages que le PS. Le véritable enjeu national reste donc focalisé sur la performance du FN en sachant que le scrutin des municipales restent handicapant pour un parti qui refuse toute alliance au second tour.
La barre des 10% doit être franchie pour passer au second tour et gagner quelques sièges dans les conseils municipaux (sur France 2 le 3 mars 2014 dans l’émission "Mots croisé", la députée Marion Maréchal-Le Pen tablait sur plusieurs centaines de conseillers municipaux FN), mais l’essentiel réside dans des communes que le FN pourrait gagner comme il l’a déjà fait dans le passé (notamment en 1995) avec Marignane, Vitrolles, Toulon et (dans une moindre mesure) Orange voire Nice (avec Jacques Peyrat).
Les projecteurs se porteront donc très certainement dans certaines villes "phares" que le FN espère gagner, comme Hénin-Beaumont, Fréjus, et peut-être Forbach et Perpignan. Certaines communes qui ne bénéficieraient pas de ces projecteurs pourraient cependant "tomber" au FN avec le lot de surprises que les élections apportent habituellement.
Le FN jouit généralement de la forte abstention des sympathisants des autres partis mais les élections municipales sont, avec l’élection présidentielle, des élections où il y a le moins d’abstention. Reste à savoir si les mécontents de la politique nationale sont quand même prêts à voter pour leur maire qui, souvent, n’a pas beaucoup d’influence sur cette politique nationale décriée par plus de 80% des citoyens dans les sondages.
L’une des incidences majeures des élections municipales est la composition du collège des grands électeurs pour élire, dans les départements, l’ensemble des sénateurs. Les prochaines élections sénatoriales ont lieu (en principe) le 28 septembre 2014.
Comme tous les trois ans, le Sénat se renouvelle de moitié depuis que le mandat du sénateur est de six ans. L’enjeu sera important puisque la question sera de savoir si le Sénat restera ou pas à gauche, sachant qu’actuellement, le PS n’a qu’une majorité relative et que sur de nombreux sujets, l’UMP, les centristes et les communistes réussissent à faire échouer quelques projets du gouvernement socialo-écologiste (le premier échec a concerné le bonus/malus énergétique).
Le 1er octobre 2011, le groupe socialiste avait réussi une première historique sous la Ve République, c’était d’élire au plateau (la Présidence du Sénat) un des leurs, Jean-Pierre Bel.
Or, Jean-Pierre Bel, sénateur renouvelable en 2014, vient d’annoncer, le 5 mars 2014 dans le journal "Le Monde", qu’il ne se représenterait pas au Sénat, abandonnant même la vie politique à 62 ans : « Je suis convaincu que pour redonner confiance dans la parole politique, on ne peut pas s’en tenir à proclamer des principes, il faut être capable de se les appliquer… et, d’abord, ne pas se considérer comme propriétaire de nos mandats. ». Et d’ajouter : « Je ne prétends pas à l’exemplarité ; j’ai la chance de me trouver en situation de pouvoir le faire (…). Rien ne m’oblige et, pour répondre par avance à certains commentaires orientés ou ignorants, en particulier pas la crainte des échéances à venir. ».
D’après ses calculs, Jean-Pierre Bel est convaincu que le Sénat ne rebasculera pas au centre droit en septembre et que son successeur sera encore socialiste (on peut imaginer que le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen briguera probablement la succession, la loi contre le cumul ne s’appliquant …qu’en 2017 !).
La bataille du plateau paraît cependant bien difficile pour le moment tant pour le PS que pour l’UMP.
Enjeu local
L’enjeu local est évidemment très élevé dans de nombreuses communes et les médias nationaux auront du mal à analyser la situation exacte des trente-six mille communes.
L’UMP espère reconquérir beaucoup de villes moyennes (entre 10 000 et 50 000 habitants au détriment du PS) tandis que le PS aimerait faire quelques conquêtes symboliques ; après Grenoble, Tours, Rouen (en 1995), Paris, Dijon, Lyon (en 2001), Strasbourg, Amiens, Metz, Toulouse, Reims, Rouen, Caen (en 2008), il pourrait réussir à Marseille.
Certains maires ont annoncé qu’ils ne se représentaient plus, laissant une plus grande part d’incertitude sur le scrutin. C’est le cas célèbre de Bertrand Delanoë après deux mandats à Paris, mais aussi de Michel Destot à Grenoble (après trois mandats) ainsi que Dominique Voynet à Montreuil.
Certaines villes présentent peu de surprise, comme cela semblerait le cas pour Bordeaux (Alain Juppé), Lyon (Gérard Collomb) et aussi, sans doute, Lille (Martine Aubry), Dijon (François Rebsamen), Nice (Christian Estrosi), Nantes (la ville de Jean-Marc Ayrault) et Grenoble où la tête de liste UMP, Matthieu Chamussy, doit faire face aux exigences d’Alain Carignon. Reims et Metz devraient probablement revenir à l’UMP qui les avaient perdues en 2008 en raison de fortes divisions.
Il y aura quelques scrutins très incertains. Le premier est évidemment les batailles de Paris et de Marseille, que les sondages ont du mal à bien évaluer en raison du mode de scrutin particulièrement complexe (par arrondissements). Les duels entre la députée première adjointe Anne Hidalgo et l’ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet ainsi qu’entre Jean-Claude Gaudin et Patrick Mennucci restent assez ouverts.
D’autres scrutins sont également assez incertains.
À Nancy, l’ancien ministre Laurent Hénart (UDI) et dauphin d’André Rossinot (indétrônable maire de 1983 à 2014) réussira-t-il à gagner malgré la défaite des deux circonscriptions de la ville (dont la sienne) aux précédentes législatives ?
À Toulouse, après s’être fait élire député en 2012, l’ancien maire Jean-Luc Moudenc (UMP) parviendra-t-il à détrôner Pierre Cohen (PS) ?
À Strasbourg, l’ancienne maire Fabienne Keller, sénatrice UMP d’origine centriste, honorée de la présence de Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé et de François Fillon dans un meeting commun le 5 mars 2014, aura-t-elle la possibilité de reprendre la mairie à Roland Ries (PS) aux côtés de la candidature centriste de François Loos (UDI) ?
Première application de la réforme de la loi électorale du 17 mai 2013
La loi n°2013-403 du 17 mai 2013 a profondément bouleversé la règle du jeu dans les élections municipales. Un tel changement ne s’était pas produit depuis 1983.
En particulier, le seuil du scrutin de liste bloquée (impossible de panacher ni de raturer) a été descendu (sans raison) de 3 500 habitants à 1 000 habitants, si bien que dans beaucoup de petites communes, il n’existe qu’une seule liste candidate, ce qui donne un drôle de goût à la démocratie locale (auparavant, les candidats étaient élus individuellement, même s’ils pouvaient se présenter ensemble sur une liste).
Cette disposition (législative) plus l’obligation (préfectorale) d’indiquer l’étiquette politique de la liste tendent à politiser inutilement le scrutin municipal même là où il n’y a aucune raison de politiser. Le calcul que fait le gouvernement est sans doute dans la manière d’interpréter les résultats après les élections, en comptabilisant ou pas des scrutins de villes si petites qu’ils ne porterait aucune signification politique.
Cependant, cette loi a introduit une véritable révolution culturelle qui s’applique dès ce mois-ci : l’élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires.
En effet, jusqu’à maintenant, toutes les intercommunalités étaient gérées par un conseil qui était élu au sein des conseils municipaux de chaque commune membre. Mais l’intercommunalité prend souvent le pas sur les communes en terme budgétaire, ce qui crée une situation un peu "à l’européenne" où les décisions intercommunales n’émanent pas du peuple. Désormais, les conseillers communautaires seront élus en même temps que les conseillers municipaux, chaque candidat indiquant s’il est aussi candidat à l’intercommunalité ou pas.
Cette réforme encore très timide (et un peu "usine à gaz") va sensiblemment dans le sens d’une future fusion des communes au sein de l’intercommunalité dont elles sont membres. Malheureusement, les campagnes électorales ne se déroulent pas encore autour de cet enjeu (budgétairement plus important) et restent autour des communes.
Les élus locaux, acteurs de la future réforme des territoires ?
Le gouvernement a encore une fois gouverné en mettant la charrue avant les bœufs, à propos des collectivités territoriales. Pour des raisons essentiellement budgétaires, il est maintenant question de timidement reposer la question de la pertinence de conserver les multicouches territoriales (commune, intercommunalité, département, région, État, Europe).
Mais le gouvernement avait fait adopter auparavant, dans sa (même) loi du 17 mai 2013, le redécoupage complet de tous les cantons et la remise en place d’élections cantonales rebaptisées élections départementales (alors que la loi précédente les avait supprimées pour instituer un conseiller territorial à la fois régional et départemental).
Le sénateur centriste Jean Arthuis, dans "Preuve par 3" sur Public Sénat le 4 mars 2014, expliquait ainsi qu’il aurait mieux fallu d’abord redéfinir les compétences des départements et des régions avant de remettre en chantier le découpage de tous les cantons, remarquant que dans son département, il y aurait ainsi un conseiller départemental de plus alors que l’objectif serait plutôt d’en réduire le nombre.
Cette histoire de redécoupage des cantons est une vaste opération de manipulation de la part du pouvoir, qui, sous prétexte de parité homme/femme, a redessiné une carte complètement incohérente sur le plan des limites territoriales (certains cantons empiètent sur des intercommunalités différentes) ou sur le plan démographique.
D’ailleurs, la plupart des élus (autres que du PS) ont contesté ce chantier d’autant plus étrange que l’idée serait plutôt de découper le pays en seulement deux entités, la région (éventuellement plus étendue que maintenant) et une sorte d’intercommunalité qui serait entre le département et la commune (c’est ce qui semble se produire pour l’agglomération de Lyon, un peu à l’instar de la ville de Paris qui est également département).
Tous les élus municipaux qui vont être choisis par les électeurs à la fin du mois seront forcément la force vive de cette réforme structurelle nécessaire. En ce sens, l’enjeu est essentiel. Le pays est-il capable de se réformer pour réduire les clientélismes locaux ? Le gouvernement ne semble pas particulièrement déterminé à avoir une vision bien claire dans ce domaine.
Il faut voter
Le scrutin municipal est un scrutin qui devrait faire sens à tous les citoyens, car les décisions du conseil municipal influent directement sur la vie quotidienne. Tâche ingrate, pas forcément très valorisante, les élus municipaux sont généralement là au service de leur administrés, pour améliorer leur vie.
DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EMMANUEL MACRON EN HOMMAGE À ROBERT BADINTER, ANCIEN MINISTRE DE LA JUSTICE, PLACE VENDÔME À PARIS LE MERCREDI 14 FÉVRIER 2024
14 février 2024
Discours du Président de la République lors de l’hommage national à Robert Badinter.
Le sang sur la lame. La tête coupée d’un homme. Une vie fauchée.
Ce spectacle morbide, Robert Badinter y assista à l’aube, le 28 novembre 1972, dans la cour de la prison de la Santé. Avant, il y avait eu la plaidoirie désespérée pour sauver son client, Roger Bontems, coupable qui n’avait pas tué. Le procès perdu à Troyes, la grâce sollicitée en vain, les visites chaque matin dans la cellule, les derniers jours d’un condamné. Avant, il y avait eu ce dilemme insoutenable : qui des deux condamnés, Buffet ou Bontems, exécuter en premier. Ce sera Bontems, avaient statué leurs avocats, car Bontems a encore un peu d’espoir, mieux vaut qu’il parte d’abord. Après, il n’y avait plus rien que la nuit. L’odeur de sang. Les visages des bourreaux. La mort. La mort sans recours. Une vie tombée parce que la justice, alors, tuait.
Son mentor, Maître Torres, l’avait prévenu jadis. « Tu deviendras vraiment un avocat après ta première mort de condamné ». Ce matin-là, à la Santé, c’est un couperet qui tranche, aussi, le destin de Robert Badinter. Avant ce matin-là, il était un partisan de l’abolition de la peine de mort. De ce jour, il en sera un combattant.
Une idée simple gouverna désormais la vie de Robert Badinter : pour ne pas perdre foi en l’Homme, il ne faut pas tuer les hommes, fussent-ils les pires coupables. Il était devenu avocat par hasard, pour gagner sa vie. Il sera l’avocat, pour toujours, de cette cause. L’abolition.
Janvier 1977. Retour à Troyes, dans la même cour d’assises où furent jugés Buffet et Bontems.
Cris de la foule qui demande la mort de Patrick Henry, cet assassin d’enfant, cri de la foule qui demande la mort de Robert Badinter, cet avocat des assassins. « Les morts vous écoutent », répétait Robert Badinter. Et le fantôme de Bontems l’écoutait. Les morts étaient sa conscience, mémoires d’outre-tombe dont il redoutait le jugement.
À la barre, lui qui aimait le théâtre ne jouait pas un rôle. Il était une âme qui crie, une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort. « Si vous tuez Patrick Henry, lança-t-il aux jurés dont il cherchait le regard, votre justice est injuste ». Le combat contre la mort devint sa raison d’être. Après Patrick Henry, Robert Badinter sauva la tête de cinq autres condamnés.
« Les morts nous écoutent. » Les morts, ses morts. Simon, son père, arrêté le 9 février 1943 par les séides de Klaus Barbie ; Shindléa, sa grand-mère déportée à soixante-dix-neuf ans ; Idiss son autre grand-mère que, dans la fuite, la famille dut laisser s’éteindre seule à Paris ; Naftoul, son oncle, ses cousins, tant des siens décimés par la Shoah.
La mort comme ombre permanente, à chaque contrôle de papiers, dans ce village de Savoie quadrillé par les Allemands, surveillé par la police de Paul Touvier. La mort aux trousses, sa quête de fantômes, après-guerre, à Auschwitz.
Oui, Robert Badinter fut un jeune homme hanté par la mort. Sans doute est-ce pour cela qu’il fit toute son existence le choix résolu de la vie. Nourritures terrestres, nourritures célestes : hauts très hauts, bas très bas, il vécut intensément chaque minute. Fureur de vivre, des universités américaines aux prétoires. Gourmandise des mots, voyage jusqu’au bout des nuits sans sommeil, pour étudier, devenir docteur, préparer ses cours. Épiphanie de travail et de savoir, fête de l’esprit. La vie, la belle vie, celle des théâtres et de l’opéra ; la vie pour aimer, épouser Élisabeth, couple dans le siècle, unis par l’universel, complicité dans les épreuves et les procès, les bonheurs et les livres, presque six décennies d’une vie mêlée, avec leurs trois enfants, Judith, Simon et Benjamin. Lumière d’un grand amour et amour des grandes Lumières, celles de Condorcet, de la Révolution, de la République.
« Les morts vous écoutent. » Ceux qui écoutent Robert Badinter, ce jour de septembre 1981, s’appellent Jaurès, Clemenceau, Briand, Camus, Hugo. À la tribune de l’Assemblée Nationale pour défendre la loi abolissant la peine de mort, le Garde des Sceaux porte l’engagement du Président François Mitterrand formulé durant la campagne, en dépit de l’opinion. Robert Badinter parle. Plaidoirie inoubliable contre une peine capitale, qui, par ses mots, pulvérisée, à son tour exécutée. Robert Badinter parle. La peine de mort dissuasive ? Mais Patrick Henry lui-même criait « À mort Buffet, à mort Bontems » devant le même Palais de justice de Troyes quelques années plus tôt. La peine de mort, dénoncé par les religions, les philosophies, les consciences du monde. La peine de mort apanage des dictateurs. Robert Badinter parle.
Et la justice, la justice, n’est-ce pas seulement des juges, des jurés, avec leurs failles, leurs erreurs ? Alors, faut-il accepter des exécutions sans cause, des cadavres par accident ? Un homme qui n’a pas tué, coupé en deux dans la cour de la prison de la Santé ? Non, ce n’est pas une question politique, c’est une question morale, un cas de conscience. Robert Badinter convainc. Une majorité vota pour la loi entière, une majorité formée de la gauche, rejointe par quelques députés de l’opposition menée par Jacques Chirac. Robert Badinter avait gagné son plus grand procès. Victor Hugo, son modèle, avait écrit quatre-vingt-treize, Robert Badinter venait de tracer quatre-vingt-un dans l’Histoire du progrès français, année de l’abolition.
Cela suffisait-il ? Non. Il fallait encore rendre la justice plus humaine, l’humanité plus juste ; poursuivre l’œuvre d’émancipation et de fraternité promue par Condorcet ; chasser les terribles démons de l’arbitraire, qui tuèrent Condorcet, et tant d’autres après lui. Derrière chacun, réprouvé, condamné, oublié, le Garde des Sceaux voulait toujours voir une vie, simplement, irréductiblement.
Vie des homosexuels, discriminés, dont Robert Badinter mit fin à l’opprobre légale. Vie brisée des victimes, dont il se soucia plus que tout autre avant lui. Vie citoyenne avec ses droits inaltérables : il supprima les tribunaux d’exception, et il ajouta un recours, celui de la Cour européenne des droits de l’homme, aux armes de liberté des justiciables français. Vie des détenus, car pour lui existait un droit qu’aucune loi ne pouvait entamer, aucune sentence retrancher, le droit de devenir meilleur, même en prison, même coupable.
La vie, sa vie menacée, son honneur bafoué, parce qu’il fut pendant cinq ans le ministre le plus attaqué de France, cible d’une haine dont l’écho résonne encore dans cette place Vendôme. Mes chers compatriotes, tout à l’heure vous l’avez applaudi dans cette même place, où, alors, des voix de haine s’élevaient pour l’attaquer en raison de cette abolition.
La vie, cette vie sacrée, garantie par l’État de droit, par les lois fondamentales de la République, cette « primauté de la personne humaine » inscrite dans une décision du Conseil Constitutionnel qu’il présida, et dont il était spécialement fier. Vie d’étude et de sagesse, à la tête de cette institution, vie vouée à défendre la dignité de chacun et l’unité de la République jusqu’aux bancs du palais du Luxembourg.
Protéger les vies et qu’importe les frontières, vies brisées par les fers de l’Histoire, arrachées par des assassins qu’il voulait voir jugés dans les cours internationales. Vies au-delà de la France, sa patrie, lui qui aida tant de pays européens sortis de la dictature ou de la guerre à inventer leur Constitution.
Oui, Robert Badinter avait choisi la vie, la vie heureuse, la vie en République. Souvenirs des rêves de ses parents, Juifs de Bessarabie, pour qui la France se disait avec les mots de Zola et les paroles de la Marseillaise. Souvenirs des vies héroïques, ces habitants de Cognin, en Savoie, qui savaient que les Badinter réfugiés-là étaient Juifs et ne dirent rien aux Allemands. Robert Badinter, la République faite homme.
La vie contre la mort. Cette vie portée jusqu’à son dernier souffle, cet élan de colère qui fustigeait le négationniste le traînant, lui, l’avocat, sur les bancs des accusés en mars 2017. Cette vie, la sienne, qui en changea tant d’autres, qui en inspira tant d’autres, qui en éclaira tant d’autres, lucides sur la chance qu’ils eurent de croiser un jour ce géant du siècle, et à mon tour, je mesure cette chance.
La vie plus sombre, depuis vendredi matin, pour nous tous et pour les Français pleurant aujourd’hui sa force de colère, sa force de lumière, qui nous grandissaient tous.
« Les morts nous écoutent ». Oui, les morts nous écoutent. Robert Badinter, vous nous écoutez désormais et vous nous regardez. Conscience morale que rien n’efface, pas même la mort, que le chagrin élève au rang d’exigence. Et vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent comme s’avancer à nouveau, où vos idéaux, nos idéaux, sont menacés : l’universel qui fait toutes les vies égales, l’État de droit qui protège les vies libres , la mémoire qui se souvient de toutes les vies.
Nous faisons aujourd’hui le serment, je fais le serment, d’être fidèles à votre enseignement. Fidèles. Vous pourrez écouter nos voix couvrir celle des antisémites, des négationnistes, comme votre voix couvrait la leur, les réduisait au silence. Fidèles. Vous pourrez écouter des audiences, des plaidoiries, des lectures de jugement, chœur vibrant de l’État de droit, si souvent remis en cause au moment où vous partez. Fidèles. Pour que vous puissiez écouter un jour, quand le Parlement du dernier pays pratiquant la peine de mort dira : elle est abolie, mettant le point final à notre combat universel.
Nous serons fidèles. Pour ceux qui ont été tués, pour ceux qui n’avaient pas tué, pour tous vos morts, pour ceux qu’il faut sauver. Pour Simon. Pour Idiss, pour Shindléa, pour Naftoul, nous serons fidèles. Pour cette part d’humanité qui fut si longtemps oubliée dans le siècle et demeure si fragile, nous serons fidèles. Car c’est vous, qui, aujourd’hui, parmi la foule, nous êtes fidèle.
Vigie aux sourcils broussailleux, fendu d’un sourire soudain, vibrant d’indignations et d’une colère juste quand sont attaqués les principes universels, vous nous restez fidèle, comme vous l’étiez chaque année, en silence, homme parmi les hommes, rue Sainte-Catherine à Lyon, pour commémorer la rafle où fut enlevé votre père, un 9 février, encore.
Vous êtes là, aujourd’hui, parmi nous. Les lois de la vie et de la mort comme suspendue, vaincue, abolie. Alors, s’ouvre le temps de la reconnaissance de la Nation. Aussi votre nom devra s’inscrire, aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent, au Panthéon.
Né le 9 février 1907 au Lamentin, en Martinique, Pierre Aliker a fait des études de médecine et est devenu docteur en médecine en 1938. Il fut le premier Martiniquais à avoir été interne des Hôpitaux de Paris. Il fut chirurgien en Martinique et s'habilla toujours en blanc pour rendre hommage à son frère André assassiné à 40 ans en 1934.
Il fut élu conseiller municipal de Fort-de-France sur la liste d'Aimé Césaire en 1945 et les deux furent systématiquement réélus jusqu'en 2001. Adjoint de 1945 à 1957, puis premier adjoint de Fort-de-France de 1957 à 2001, Pierre Aliker fut pendant plus d'un demi-siècle le bras droit politique d'Aimé Césaire, tant pour les affaires municiales que pour leur propre parti fondé le 28 mars 1958. Il fut également élu conseiller général de 1958 à 1971.
C'est lui qui honora Aimé Césaire à la mort de celui-ci. Victime d'une mauvaise chute chez lui, hospotalisé le 27 octobre 2013, il s'est éteint le même jour que Nelson Mandela, le 5 décembre 2013 à Fort-de-France, et la même année que le centenaire d'Aimé Césaire.
Malgré la récupération de certains et les amalgames d’autres, l’unanimité des responsables politiques sur la condamnation de l’agression qui a tué Clément Méric n’en reste pas moins un espoir sur la nécessité d’en finir avec toutes les violences.
La tragédie humaine et la tragédie politique ont été réunies dans un même acte, la mort du jeune étudiant Clément Méric après son agression le 5 juin 2013 en plein cœur de Paris.
Je me moque de savoir les circonstances, je me moque de savoir quelle a été la couleur politique de la victime, celle de l’agresseur, que ce soit à l’issue d’une bagarre, d’une provocation ou que ce soit mûrement réfléchi, prémédité, le résultat est le même, cruel, odieux, insensé, insupportable dans notre démocratie : une personne est morte en raison de ses opinions politiques.
Je me moque aussi de savoir le jeune âge de la victime, ses études à Science Po Paris, ses origines bretonnes… Il aurait été âgé, sans formation, d’autres origines, l’horreur aurait été de la même nature.
C’était le message de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate de l’UMP à la mairie de Paris, parmi plein d’autres responsables qui ont réagi, venue le lendemain sur les lieux du drame : « La violence politique, c’est un cancer de la démocratie. ». En raison de ses positions humanistes, l’ancienne ministre fait partie des quelques rares personnalités que détestent le Front national.
Oui, un cancer. Car souvent, la violence des uns appellent la violence des autres. La vengeance, la réplique. Clément Méric en est une malheureuse victime.
L’agression est inexcusable, et tous ceux qui ont laissé planer un doute sur l’origine de la bagarre, sur l’initiative des heurts, discutent de l’indiscutable : quand bien même la victime ou ses amis auraient été à l’origine d’une provocation, cela ne vaut pas la mort d’un homme. Dans tous les cas.
L’émotion, la politique n’y échappe pas et ce n’est pas une tare des responsables politiques de ressentir de l’émotion comme n’importe quel citoyen. Cette vie politique guidée par l’émotion l’est même sans Nicolas Sarkozy. Ce l’était déjà avant lui, et maintenant après lui. Mais la raison doit ensuite prendre place à l’émotion, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions.
Dans sa chronique du 6 juin 2013, le journaliste Daniel Schneidermann hésitait à appeler la victime : jeune, étudiant, militant antifasciste, militant d’extrême gauche, considérant que le choix même de l’appellation apportait une idée de ses propres opinions politiques : « Savoir que choisir ses mots, c’est choisir son camp. ».
Pourtant, il n’y a qu’un seul camp, il n’y en a pas deux, dans cette histoire. La vie, c’est ce qui est le plus précieux. La philosophe Simone Weil rappelait dans "L’Enracinement" cette idée évidente : « Seul est éternel le devoir envers l’être humain comme tel. ». Et c’est à cette mesure que les réactions initiales sont saines.
L’unanimité de la réaction de la classe politique était effectivement très heureuse : de l’extrême gauche au FN, tout le monde a condamné cette agression inqualifiable. Mais qui pouvait ne pas condamner ? Ceux qui ont hésité en seraient presque les complices.
Le Président François Hollande a Tokyo, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault au Sénat, le Président du Sénat Jean-Pierre Bel, le Président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone, chacun devant son assemblée, ont fait des déclarations officielles de grande tenue et gravité.
Marine Le Pen a été très habile en réagissant très rapidement et très fermement, en condamnant et même, en soutenant l’éventualité de la dissolution de groupuscules d’extrême droite s’il s’avère que ceux-ci sont directement responsables de ce meurtre.
Mais certains dans la classe politique ont eu moins de pudeur que d’autres. Certains ont voulu "profiter" (le verbe est certes fort) de l’événement pour faire de la récupération politique. J’aurais presque tendance à m’en moquer si l’idée générale restait que la violence politique doit être éradiquée dans un pays libre comme la France.
Car la violence verbale incite immanquablement à la violence physique. C’est le principe du passage à l’acte. Ce ne sont peut-être pas les mêmes personnes, mais la violence verbale de certains discours irresponsables peuvent inciter d’autres esprits, sans doute plus faibles, sans doute moins enclins à choisir une manière pacifique de débattre, à frapper, à montrer du muscle. La politique sert alors d’alibi comme l’indépendantisme ou le fondamentalisme religieux servent parfois de prétextes à des activités mafieuses.
Beaucoup cherchent à discuter des circonstances de la mort de Clément Méric alors que pour le moment, seul le recueillement et le recul devraient se prévaloir. Pourtant, c’est comme dans l’affaire Merah, on croit qu’en connaissant mieux les circonstances, on pourrait mieux raisonner sur les grands principes. Que les agresseurs soient d’extrême droite, qu’ils soient des fanatisés de l’islam radical, qu’ils soient des honnêtes pères de famille bien sous tous rapports, le bilan serait le même, on ne touche pas aux personnes ! On ne doit pas frapper ! On ne doit pas tuer !
La regrettée Jacqueline de Romilly, helléniste de formation et amoureuse de la langue, insistait sur l’importance de savoir s’exprimer dans une société humaniste : « Apprendre à penser, à réfléchir, à être précis, à peser les termes de son discours, à échanger les concepts, à écouter l’autre, c’est être capable de dialoguer, c’est le seul moyen d’endiguer la violence effrayante qui monte autour de nous. La parole est un rempart contre la bestialité. Quand on ne sait pas, quand on ne peut pas s’exprimer, quand on ne manie que de vagues approximations, comme beaucoup de jeunes de nos jours, quand la parole n’est pas suffisante pour être entendue, pas assez élaborée parce que la pensée est confuse et embrouillée, il ne reste que les poings, les coups, la violence fruste, stupide, aveugle. Et c’est ce qui menace d’engloutir notre idéal occidental et humaniste. ».
Les réactions unanimes sont là pour me convaincre que l’objectif n’est pas oublié, au prix parfois de certaines récupérations. J’en ai compté deux.
La première est issue de Jean-Luc Mélenchon et de ses amis qui ont fait un véritable forcing médiatique pendant toute la journée du jeudi, à tel point que beaucoup de journalistes pensaient que Clément Méric était un membre du Front de gauche (les responsables de ce parti ont bien dû préciser après coup qu’il n’en était rien). L’idée est aussi d’avancer contre le FN au point de lui faire porter une part de responsabilité morales du meurtre. Certains responsables du PS leur ont emboîté le pas. Mieux au courant que la police et la justice réunies, ces personnages prétendent connaître tout des circonstances.
La manifestation organisée au soir du 6 juin boulevard Saint-Michel s’est soldée par des huées contre toute tentative de manipulation. On imagine l’émotion des proches de Clément Méric, quel que soit leur bord politique, dégoûtés par cette récupération à trois balles, aussi honteuse que lorsque des ligues de légitime défense viennent faire de la retape auprès de parents effondrés d’enfants sauvagement assassinés. Indécence. Anne Hidalgo, la candidate du PS à la mairie de Paris, a dû s’esquiver rapidement et Harlem Désir a finalement renoncé à s’y rendre.
Cela dit, dissoudre toutes les ligues et groupuscules qui prônent la violence, d’où qu’elles viennent, de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, me paraîtrait sain dans une démocratie apaisée. Mais pourquoi fallait-il attendre un mort ? L’appel à la haine est déjà réprimé par le Code pénal, les gouvernements auraient pu agir au lieu de réagir.
La seconde manipulation me paraît encore plus malsaine car il s’agit de faire un véritable amalgame. Certains, dont Pierre Bergé, ont associé cette terrible mort à l’action des opposants, pacifiques et non violents, au mariage pour les couples homosexuels, en continuant à entretenir la confusion entre le million de personnes raisonnables mais inquiètes, voulant défendre une certaine idée de la famille, et les quelques casseurs d’extrême droite, appâtés par toutes les occasions pour exprimer leur violence. Ce n’est plus de l’indécence, cela va au-delà.
Mourir pour des considérations d’opinion politique, c’est aussi révoltant que mourir de faim ou de froid. C’est insupportable. L’émotion, l’indignation de la classe politique sont rassurantes. Elles doivent maintenant laisser place à la réflexion pour éviter à l’avenir de tels nouveaux drames. Et en ce sens, l’hésitation n’est plus permise…
Sauvagement agressé à Paris le soir du 5 juin 2013 par des personnes d'extrême droite, je rejoins le concert d'hommages à Clément Méric, jeune étudiant en première année de Science Po Paris, 18 ans, syndicaliste SUD et militant antifasciste. L'horreur, exprimée par le Président de la République François Hollande au Japon et par le Président du Sénat Jean-Pierre Bel au Sénat ce 6 juin 2013, mais aussi par l'ensemble de la classe politique, notamment NKM, est le constat effrayant qu'aujourd'hui, on peut encore mourir en France pour ses opinions politiques. J'espère que la justice sera sévèrement rendue. Honte aux agresseurs qui salissent la République et la démocratie ! Toute ma sympathie et compassion à la famille et aux proches de Clément Méric.
Né le 14 mai 1951, Guy Carcassonne fut un juriste en droit constitutionnel très réputé en France. Après une thèse de doctorat sur la transition démocratique en Espagne (1979) et une agrégation de droit (1983), il est devenu professeur de droit public à Paris-X (Nanterre) en 1988. Il fut également connu pour sa collaboration à Matignon avec le Premier Ministre Michel Rocard de 1988 à 1991. Auteur de nombreux ouvrages et articles, Guy Carcassonne était considéré, à l'instar de Georges Vedel, comme l'un des meilleurs constitutionnalistes français et défendait la Ve République qu'il estimait suffisamment souple pour toutes les situations tout en critiquant la boulimie de loi depuis de nombreuses années. Il est mort à Saint-Pétersbourg le 26 mai 2013 à la suite d'une hémorragie cérébrale. Il était le mari de la célèbre dessinatrice Claire Bretécher (73 ans).
Dans le sondage YouGov pour "Le Huffington Post" et iTélé publié le 14 mai 2013, les sondés sont très majoritairement pour un changement de gouvernement, le jugeant incompétent. Seulement trois ministres trouvent grâce aux yeux d'au moins 20% des sondés qui veulent leur maintien : Manuel Valls (38%), Arnaud Montebourg (23%) et Christiane Taubira (21%). Ce sondage apporte un éclairage très détaillé sur de nombreux thèmes.
Dans le sondage BVA pour CQFD sur i-Télé publié le 3 mai 2013, les intentions de vote pour un premier tour de l'élection présidentielle dans la configuration de 2012 donnerait un duel entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, qui, elle, dépasse largement François Hollande. Les premiers candidats sont répartis ci-dessous, avec, entre parenthèses, la différence avec leur score réel du 22 avril 2012 (les autres candidats, petits, obtiennent le même score qu'à l'élection présidentielle de 2012). Nicolas Sarkozy : 29% (+2%). Marine Le Pen : 24% (+6%). François Hollande : 20% (-9%). Jean-Luc Mélenchon : 11% (-). François Bayrou : 10% (+1%). Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage BVA (fichier .pdf) : http://www.bva.fr/data/sondage/sondage_fiche/1286/fichier_bva_actu_-_intention_de_vote_presidentielle_-_jean_luc_melenchonc9974.pdf
Dans le sondage TNS Sofres pour "Le Figaro Magazine" publié le 3 mai 2013, le niveau de confiance de François Hollande est à son plus bas niveau, 24% (-3%) et 73% ne lui font pas confiance. Pour Jean-Marc Ayrault, c'est respectivement 23% de confiance et 69% d'absence de confiance. Pour un Président de la République au bout d'une année de mandat, c'est le plus bas score dans les sondages. Nicolas Sarkozy avait 32% en mai 2008, Jacques Chirac 53% en mai 2003 et 44% en mai 1996, et François Mitterrand 61% en mai 1989 et 58% en mai 1982. Par ailleurs, les six personnalités que les sondés aimeraient voir prendre des responsabilités au cours des années à venir sont François Fillon avec 37% (+2%), Manuel Valls avec 37% (-2%), François Bayrou avec 35% (+3%), Nicolas Sarkozy avec 35% (-2%), Jean-Louis Borloo avec 34% (+2%) et Alain Juppé avec 32% (-1%). Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage TNS Sofres (fichier .pdf) : http://www.tns-sofres.com/_assets/files/2013.05.02-baro-figmag.pdf