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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 13:48
Il y a parfois des petites informations qui font réfléchir. Notamment l’âge des personnes lorsqu'elles accèdent à des responsabilités politiques.

Certains ont utilisé l’âge comme argument politique, mais c’est souvent imprudent, car tout le monde vieillissant, ce genre d’argument peut revenir comme un boomerang

Je vous propose de mettre en comparaison quelques éléments. Les âges, les dates et les traversées du désert.

Par exemple, savez-vous que Chirac, considéré comme le fils adoptif de Pompidou, avait 62 ans en arrivant à l'Elysée ? C'est à cet âge-là que le père adoptif (Pompidou) agonisait et mourait. Chirac le fils, le jeune, le loup, le char d'assaut, le rouleau compresseur, le serial killer, le voilà à 74 ans, vieillissant, à moitié sourd et aveugle... Non, j'exagère, mais la comparaison avec Sarkozy fait frémir le plus fidèle des chiraquiens...

Sarkozy ? Maire de Neuilly pris à la barbe du roucoulant (et expérimenté) Pasqua à l'âge de 28 ans. Mais aujourd'hui ? Presque 52 ans, candidat à l’élection présidentielle, président de l’UMP, quatre fois ministres (Budget à 38 ans, Communication à 40 ans, Intérieur à 47 ans, Finances à 49 ans).

Pas grand chose, comparé à Chirac, justement, au même âge. En 1982, ce dernier cumulait déjà deux ans de Matignon, la présidence du RPR, une carrière ministérielle de plus de neuf ans (ministre à 34 ans), une candidature à l'élection présidentielle, la mairie de Paris... A 48 ans, Giscard d'Estaing est déjà à l'Elysée. Même Paul Doumer. Dès 49 ans, lui aussi, s'était déjà présenté. Pas dans la même république. Et il a été élu à 64 ans.

62 ans... 64 ans... C'est l'âge. Âge canonique.

64 ans, l'âge de Mitterrand devenu Sphinx élyséen. Lui aussi fut le jeune loup séducteur de la Libération (ministre à 30 ans dans le gouvernement Ramadier). Vieux malade agonisant, lui aussi. Un destin visiblement commun. Un point commun. 64 ans, l'âge aussi de Jospin lors de son ratage élyséen.

60 ans, l'âge qu'a Fabius maintenant (ministre à 34 ans, comme Chirac). 61 ans pour Alain Juppé aujourd’hui. Même Arlette Laguiller, 62 ans en 2002, 67 ans en 2007, recordwoman de présence à la compétition présidentielle, toutes républiques confondues ! (six fois, devant Chirac et Le Pen, quatre fois en 2002, et Mitterrand, aussi quatre fois en 1988).

Mais les grands candidats de l’élection de 2007 se caractérisent aussi par leur jeunesse (relative) : Nicolas Sarkozy a 52 ans, Ségolène Royal 53 ans et François Bayrou 55 ans. Seul se distingue Jean-Marie Le Pen avec 78 ans, un record dans l’autre sens.

Mais dans les élections présidentielles, c’est la LCR qui a présenté les candidats les plus jeunes : Alain Krivine n’avait que 27 ans en 1969 et Olivier Besancenot 28 ans en 2002.

Prenons maintenant l'âge d'entrée à Matignon. Les plus jeunes. Félix Gaillard, pimpant radical devient éphémère Président du Conseil en 1957 le lendemain de son 38e anniversaire (il coulera au large de Jersey à 50 ans, dommage pour un homme si prometteur).

Laurent Fabius, lui, aura fêté son 38e anniversaire un mois après sa nomination de Premier Ministre (Fabius devient Ministre du Budget dès 34 ans). Chirac, lui, avait déjà plus de 41 ans quand il fut nommé par Giscard d’Estaing, en 1974.

Et Jean-Pierre Raffarin ? Un jeune loup provincial égaré dans la mare aux ambitieux ? On le considère généralement jeune. Il a acquis Matignon (bail finalement parmi les plus longs) à l'âge de 53 ans. Si jeune que ça ? Juppé, c'était seulement à 49 ans. 51 ans pour Dominique De Villepin. Et même Raymond Barre, sage universitaire par excellence, le fameux auteur des deux tomes de "Économie Politique" de la collection Thémis si fréquentée par les potaches de Science-Po, n'avait que 52 ans en entrant à Matignon (avec la même rondeur provinciale d'ailleurs). Ce dernier pour un très long bail (parmi les trois plus longs avec Pompidou et Jospin).

Et les traversées du désert ?

Amusantes analogies encore au regard de notre long siècle républicain que je fais commencer en 1870.

Prenons par exemple ces républicains du début de la IIIe République : Léon Gambetta, Jules Grévy et Jules Ferry. Tous des républicains modérés et laïcs. Mêmes tendances politiques. Mais partis différents. Et haine réciproque très forte entretenue par des ambitions antagonistes très fortes. Gambetta se tuera en nettoyant son arme (à 43 ans), Grévy réussira à faire de l'Élysée un étalage de chrysanthèmes (pour faire oublier la maladresse de MacMahon, son prédécesseur qui précipita la République dans la crise du 16 mai 1877) et Ferry ferraillera avec les colonies et l'instruction publique (la future gauche ne reprendra à son compte que cette seconde action).

Gambetta, Grévy, Ferry ? Même ressorts relationnels que Giscard, Barre, Chirac lors du premier septennat de Mitterrand (entre 1981 et 1988). Même fond idéologique, très fortes rivalités personnelles. On retrouve maintenant ce registre au sein des éléphants socialistes.

À chaque grosse discontinuité historique, le retour d'un homme providentiel.

En 1871, à 74 ans, Thiers devient Président de la République (alors conservatrice et monarchiste, bizarrement) pour négocier la reddition face aux Prussiens qui gardèrent l'Alsace et la Lorraine après l'échec de Napoléon III. Vieux, le Thiers ? Non, mais il laissa le Second Empire le vieillir, car il fut le jeune Président du Conseil orléaniste de 38 ans de Louis-Philippe, Ministre de l'Intérieur dès 34 ans. Thiers, l'homme qui rétablit l'autorité après la défaite de 1870 et la Commune.

En 1917, Poincaré rappela Clemenceau à 76 ans à la Présidence du Conseil, après avoir eu lui aussi, une très longue traversée du désert, due notamment au scandale de Panama. Il n'avait gouverné avant que pendant trois ans, mais avait "fait" la plupart des Présidents de la IIIe République. Clemenceau, l'homme de la victoire de 1918 et du Traité de Versailles. Vite remercié (comme Churchill en 1945) et évincé de l’Élysée en 1919 par les manœuvres d’Aristide Briand.

Et la Seconde Guerre Mondiale. Deux hommes providentiels se disputent le rôle, mais l'histoire aura arbitré.

En juin 1940, Albert Lebrun, le plus pleutre des Présidents de la République, croyant que se dégageait (à tort) une majorité favorable à l'armistice (au sein du gouvernement de Paul Reynaud), choisit Pétain à 84 ans. Étrange destin que ce Pétain. Général à la retraite en 1915 (il a alors 59 ans), il fut rappelé par... Clemenceau en 1917 et devint le vainqueur de Verdun, maréchal de France, académicien, ambassadeur à Madrid en 1936...

Charles De Gaulle, lui, fera l'insoumis en 1940 à l'âge de 49 ans. Il représentera tant bien que mal la France Libre et la dirigera officiellement jusqu'à 55 ans. L'homme du 18 juin est aussi la Jeanne d'Arc qui sauva l'honneur de la France avec les Jean Moulin et autres résistants de l'intérieur. Puis, "traversée du désert" dans une république des partis instable et politicienne (qui n'a rien à voir avec la situation actuelle beaucoup moins catastrophique), et grand retour après son enlisement définitif dans la guerre d'Algérie : "Croit-on qu'à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?" dit-il goguenard face à un parterre médusé lors de sa conférence de presse du 19 mai 1958.

Il meurt à 79 ans comme un autre homme au retour du destin extraordinaire : François Mitterrand, qui, après avoir été onze fois ministre sous la IVe République, devra attendre vingt-trois ans avant de voir son rêve démesuré réalisé. À la différence qu'il ne fut nullement l'homme providentiel dans une discontinuité historique, mais le politicien habile dans une discontinuité politique. Plus à ranger dans le tiroir Blum (et peut-être Jospin, l'histoire le dira peut-être) que dans le tiroir Thiers-Clemenceau-De Gaulle.

Tiens, d'ailleurs, c'est à noter que Chirac aura duré plus longtemps que De Gaulle à l'Élysée. Étonnant, non ?!

Et puis, il y a tout le cimetière des potentialités avortées.

Je cite par exemple Jean Jaurès qui aurait sans doute pris la place de Léon Blum dans le panthéon socialiste s'il n'avait pas été assassiné à l'âge de 54 ans. Aussi Jean Moulin, qui aurait été politiquement consacré après la guerre s'il n'avait pas été torturé, à 44 ans. De même Georges Mandel, tué à 59 ans dans la forêt de Fontainebleau pour soi-disant venger Philippe Henriot assassiné. Idem pour le général Philippe Leclerc, mort en 1947 à 45 ans d'un accident d'avion au Sahara, alors qu'il avait la même aura historique que De Gaulle.

Mais la mort n'a pas été seule avorteuse de destin. La personnalité, le manque d'ambition personnelle l'ont aussi été. Pour Pierre Mendès France en 1968 par exemple, ou pour Jacques Delors en 1995.

Pourquoi toutes ces analogies avec ces dates, ces âges, ces destins ?

Simplement pour mesurer à l'aulne du passé la personnalité de nos hommes politiques actuels, ceux qui vont vous demander votre suffrage dans quelques jours comme les autres, ceux qui vont accéder avec l’élu à de nouvelles responsabilités. Chaque fois, une nouvelle page sera à écrire. Avec le bulletin de vote.

Ayez seulement en tête cette continuité historique avant de choisir.
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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 17:33
François Baroin devient ce matin Ministre de l’Intérieur, à 41 ans. Il sera l’un des trois plus brefs Ministres de l’Intérieur avec Jacques Chirac en avril 1974 et Jean-Jack Queyranne lorsque ce dernier avait remplacé Jean-Pierre Chevènement pendant son coma.

Fils de Michel Baroin, grand maître du Grand Orient de France et patron de la Fnac et des GMF qui a disparu tragiquement il y a juste vingt ans, François Baroin au visage de poupin, ancien journaliste et nouvel avocat, a commencé tôt en politique, grâce (il faut le dire) à la forte amitié qui liait son père à Chirac : député à 28 ans, maire de Troyes à 30 ans, secrétaire d’État à 30 ans (il faisait partie des "jupettes" !).

Après avoir laborieusement annoncé son soutien personnel à Nicolas Sarkozy le 22 mars 2007, Jacques Chirac semble en avoir fini avec sa Chiraquie qui a commencé avec la nomination de Dominique De Villepin à Matignon en juin 2005, et terminé par celle de François Baroin à l’Intérieur, en passant par Jean-Louis Debré à la Présidence du Conseil Constitutionnel.
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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 10:49
François Bayrou raconte un des éléments fondateurs de sa démarche politique originale : en février 2002 à Toulouse, juste avant l'élection présidentielle de 2002, l'UDF et le RPR se réunissait dans l'optique d'une fusion pour soutenir un futur gouvernement chiraquien. Refusant ce diktat, Bayrou se rendit à cette manifestation et défendit courageusement son point de vue. Seul face aux autres.



















« Que quelqu’un puisse croire qu’on peut prendre les grandes familles politiques françaises, du centre français et de la droite française, il faut vraiment ne rien connaître à l’Histoire pour penser que ces familles, c’est la même chose, c’est le même électorat.

C’est le même électorat parce que personne ne défend des idées. Qu’on puisse les mettre ensemble autour de Jacques Chirac, et de [Jérôme] Monod, [Alain] Juppé et [Philippe] Douste-Blazy, et les faire disparaître par une manœuvre absolument concertée et dont même à Toulouse, je ne voyais pas quelle était la mécanique, je n’avais pas tout vu mais j’avais vu l’inspiration.

Et que d’un coup de baguette magique, tout ça va être réglé, c’était pour moi de l’ordre du combat… C’était Galilée. Comme l’univers entier perd la boussole, au fond, il vous revient de dire : "Mais pas du tout, le Nord n’est pas là, il est là !". C’est la défense de la plus élémentaire vérité sur laquelle repose la démocratie.

Derrière tout cela, il y a au fond l’idée que c’est l’Amérique qui a raison. On va faire deux partis, mon pote. On fera comme s’ils s’étaient opposés. Mais en réalité ils représenteront les mêmes intérêts. La
même sécurité pour un certain nombre de puissances qui tiendront tout. Parce que c’est pas mal aussi quand l’argent tient les deux. Ce qui est la vie politique américaine : elle repose sur le nombre de dizaines de millions de dollars que vous êtes capable de récupérer, donc il faut bien être copain avec les détenteurs des millions de dollars.

Alors on va faire le système américain en France : un parti qu’on appellera socialiste et un parti qu’on appellera UMP mais en réalité les mêmes relations. Avec les mêmes candidats identiquement construits médiatiquement. Ce qu’ils disent n’a plus d’importance parce qu’au fond ils disent la même chose. Alors vous faites ça et vous allez imposer ça à la France, avec l’Histoire de la France, avec les vicissitudes de la France, avec les cicatrices de la France.

Eh bien, il était de mon devoir, aussi faible que j’ai été à cette époque-là - et Dieu sait que ça a été dur parce qu’au moment où cela se produit je suis entre 2 et 3% dans les sondages en février 2002 - mais simplement il faut pouvoir se regarder dans une glace.

Donc je décide tout seul - parce que mes proches et mes amis ne sont pas enthousiasmés par cette idée - mais je décide parce que je ne peux pas faire autrement que j’irai à Toulouse puisqu’ils avaient invité tout le monde et que je leur dirai ce que j’avais à leur dire.

Donc j’y suis allé dans une grande ambiance de Corrida avec 7 000 personnes en face de moi d’un avis et défendant tout seul l’autre avis, pour leur dire ce que je n’ai jamais cessé de penser : "Vous dites qu’on pense tous la même chose mais si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien". Précisément la démocratie c’est qu’on ne pense pas tous la même chose, il est sain qu’on essaie d’accorder les avis différents, les convictions différentes.

Je suis allé plus loin depuis cette époque... Un pays a besoin de tout le monde !

La France a besoin des valeurs de gauche parce qu’elles sont des valeurs républicaines, respectables et importantes. Par exemple, il y a beaucoup d’enseignants qui ont ces valeurs-là, ils méritent qu’on les écoute et qu’on les entende.

La France a besoin des valeurs de droite. Les gens qui disent que le mérite, l’ordre et la sécurité, c’est important… Ils ont raison.

La France a besoin des valeurs du centre : de la tolérance et d’équité.

La France ne pourra s’en sortir que si tous ceux-là son reconnus et se sentent bien dans l’effort national.  »
François Bayrou (2007)
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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 19:25
Pour rompre un peu l'euphorie de l'annonce du départ de Jacques Chirac, il a fallu un journal étranger pour rappeler quelques réalités judiciaires.

L'article du International Herald Tribune.


Unresolved scandals await Chirac's departure

By Katrin Bennhold
Published: March 14, 2007

PARIS: When President Jacques Chirac leaves office in May, a fat legal file carrying his name will come out of a safe at a court in the Paris suburb of Nanterre and land on the desk of Judge Alain Philibeaux.

A dormant party-financing case in Nanterre, which focuses on the time when Chirac, 74, was mayor of Paris from 1977 to 1995, is the most serious of a number of scandals that could catch up with him when he loses immunity from prosecution accorded the head of state.

Two judges familiar with the case said that it is "extremely likely" that Philibeaux, one of France's most senior investigators of financial crime, will summon Chirac for questioning as early as June over allegations that he was involved in an intricate kickback scheme in the late 1980s and early 1990s. The judges, who declined to be identified because the investigation is continuing, said Chirac probably would not be called as a regular witness, but as an "assisted witness," accompanied by his lawyers because the testimony concerns allegations against him.

In a move some commentators interpreted as an effort to protect himself, Chirac has appointed three key political allies to judicial posts. Last week he made Philippe Courroye, a judge described as being close to Chirac's Gaullist camp, the public prosecutor who oversees investigations at the Nanterre tribunal. Last year, he appointed Laurent Le Mesle, his former justice adviser, as public prosecutor for Paris, where at least one other corruption investigation is pending. Last month he named Jean-Louis Debré, the former speaker of the National Assembly, president of the powerful constitutional council.

Chirac's case will be a test for France's judicial system, which has long faced criticism for ties with the political class. Scandals, financial or otherwise, have been a regular feature in administrations of all political colors, but few of them have made it to the courtroom and even fewer resulted in high-level convictions. Judges insisting on their independence have sometimes claimed to be the victims of intimidation.

"If Chirac is pursued, as every regular citizen would be, it would create a powerful precedent," one of the judges familiar with the Nanterre case said. "For starters, it would affect the way future presidents act."

Chirac has denounced as "lies, calumny and manipulation" all allegations of wrongdoing. But during his 12- year presidency, accusations of fictional employees, forged electoral lists and suitcases filled with cash linked to his tenure as mayor have surfaced. Five corruption trials have taken place over the last decade. Some of Chirac's closest associates were convicted, including Alain Juppé, who was prime minister from 1995 to 1997. Juppé was also Chirac's No. 2 in City Hall and received a 14-month suspended prison sentence in 2004 for his involvement in the same party-funding scandal now hanging over Chirac.

That scandal, involving a kickback scheme in which the names of members of Chirac's Gaullist party appeared on the payrolls of municipal services and companies that donated money to the party in the form of salaries, remains the most dangerous one for Chirac, lawyers say.

In 1999, Philibeaux's predecessor in Nanterre, Patrick Desmure, said he had evidence that appeared to link Chirac personally to the case.

But the constitutional court upheld Chirac's immunity and the Supreme Court confirmed the decision in 2001.

One piece of evidence reported to be in Chirac's Nanterre file is a letter, dated March 13, 1993, and signed by Chirac, in which he sought the promotion of a secretary in the city government, citing the "exemplary devotion" she showed in her "delicate role" in the Gaullist party.

If Philibeaux picks up where Desmure left off, that letter — extracts of which were reprinted in Le Monde this week — could be enough to trigger a formal investigation of Chirac, lawyers say.

The letter adds weight to a videotape made in 1996 by the man who admitted to directing illegal financing at the Gaullist party headed by Chirac from 1976 to 1994.

In the tape, Jean-Claude Méry, said that he had personally handed 5 million francs in cash to Chirac in 1986. The tape surfaced only after Méry's death in 1999.

There is no certainty that Chirac's successor will be eager to see him pursued, analysts said.

"Nobody wants to investigate Chirac, but no one wants to be seen to be protecting him either," said Roland Dumas, a former foreign minister who was himself the target of a corruption investigation. "There will be a few gestures and then the whole thing will peter out and come to nothing."

Bruno Jeanbart, head of political research at the OpinionWay polling company said that even though Chirac was unpopular, French public opinion would not want to see him pursued.

"Whoever wins will not touch a former president," Jeanbart said. "Public opinion would never accept that. French voters can dislike a president but would not want to see his honor dragged through the mud."

Indeed, none of Chirac's potential successors has expressed any great appetite to see him pursued.

"I don't think it honors France to go looking for trouble with a president who is no longer in office," Dominique Strauss-Kahn, a member of the campaign team of Ségolène Royal, the Socialist candidate, recently told LCI
television.

International Herald Tribune
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28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 21:16
Je crois que je vais plutôt à l’encontre de la mode ambiante. Mais j’ai trop foi au débat politique pour qu’il soit ainsi escamoté.

La démocratie participative semble fleurer bon la démocratie tout court alors qu’avant tout, notre démocratie est représentative. C’est-à-dire que le pays est structuré de plusieurs couches qui permettent de sentir et de transmettre les besoins de la base et les décisions du sommet.

Comme dans une grande entreprise qui ne peut pas se passer de management intermédiaire.

Mais justement, avec la crise de la citoyenneté, on dit qu’il y a crise de la représentativité. Que les représentants du peuple, en premier lieu les parlementaires, ne représentent pas la société, car il n’y a pas assez de femmes, pas assez de jeunes, trop de fonctionnaires etc. Ou plus simplement, qu’ils ne représentent pas ceux qu’ils sont censés représenter, comme les syndicats.

Alors, quelle solution nous donne-t-on ?

Une certaine forme très perverse de populisme.

Je ne veux pas parler de démagogie, car en campagne électorale, la démagogie est monnaie courante et classique, et finalement, ceux qui croient aux nombreuses promesses sont un peu naïfs quand même.

Je veux parler de la tentation de court-circuiter ces corps intermédiaires pour dialoguer directement avec le peuple. Un peu à la manière du Général De Gaulle ou de Napoléon III.

Sur le principe, je ne suis évidemment pas contre. Le suffrage universel direct est un élément essentiel dans notre démocratie. Le référendum est une méthode inattaquable pour faire les grandes réformes de notre pays.

Mais ça aboutit à des comportements totalement inquiétants et ridicules.

Le sommet de la campagne, à ce jour, était le passage de Ségolène Royal dans l’émission de TF1 « J’ai une question à vous poser » le 19 février 2007.

Le principe même de l’émission est affligeant, je l’ai déjà écrit ici, car elle ne permet pas au candidat de présenter la cohérence de sa démarche politique.

Au contraire, il est question de répondre rapidement aux interrogations du « peuple », un peuple soigneusement choisi comme faisant partie d’un panel représentatif. Représentatif de quoi ? de qui ? sans doute élu par les instituts de sondage.

Et le résultat, c’est surtout de tester la spontanéité du candidat, son esprit de répartie, sa capacité à improviser, à être franc ou langue de bois.

Mais ça donne une ambiance de clientélisme généralisé.

Pourquoi ? Parce que chaque personne qui pose sa question le fait en fonction de ses propres soucis : le demandeur d’emploi, l’étudiant, l’ouvrier, l’enseignant etc. et ne songe (dans ce rôle) qu’à son intérêt particulier.

Or, un homme politique doit d’abord penser à l’intérêt général qui ne va pas forcément dans le sens de l’intérêt particulier de chacun.

Ainsi, cet ancien alcoolique qui explique qu’il est nécessaire de mener contre le vin et l’alcool en général la même bataille que contre le tabac, alors qu’à côté, un viticulteur attendait son tour pour raconter ses problèmes économiques face à la concurrence étrangère...

Le grand succès de ce type d’émission, qui est, entre parenthèses, un véritable renoncement au journalisme politique dont le but est de bien connaître les dossiers pour rectifier les erreurs des candidats, ainsi que l’affluence des forums participatifs organisés par Ségolène Royal n’ont en fait qu’une explication : le besoin des gens à être écoutés.

Mais un candidat à l’élection présidentielle n’est pas candidat à élection locale. L’élu local, maire ou parlementaire, s’est transformé depuis quelques temps en véritable assistant social dans sa permanence et doit résoudre des problèmes particuliers de logement, d’emploi, de tracasseries administratives... L’élu national a en charge le destin du pays, il doit être là pour gouverner même si les mesures nécessaires sont impopulaires.

Et le grand risque d’une pratique participative de la démocratie, c’est l’absence d’intermédiaires, c’est finalement l’arbitraire de l’interprétation des doléances du peuple. En quelques sortes, c’est revenir aux cahiers de doléances... et rapidement aboutir à une incohérence propice à un verrouillage ultérieur du régime.



(1) http://www.presidentielles.net/mllecanarde/index.php?2007/02/20/35-devoir-d-inventaire
(2) http://desmotsetdebats.blogs.liberation.fr/discours/2007/02/vraies_gens_et_.html
(3) http://www.leparisien.com/home/info/faitjour/article.htm?articleid=275998220
(4) http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/236186.FR.php
(5) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-868585@51-853571,0.html
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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 22:38
À chaque élection présidentielle, on ne cesse de parler de certains candidats, et puis, en catastrophe, on parle des autres, considérés pour quantité négligeable. Cette année, ça paraît nettement flagrant.

Mais qu’est-ce qu’un grand candidat, et qu’est-ce qu’un petit candidat ? Car ces qualificatifs sont donnés avant l’élection, et donc, ne peuvent se fier aux résultats de celle-ci. En revanche, la qualification de « grands candidats » va permettre aux heureux nominés d’avoir une audience et une couverture médiatique qui vont lui permettre d’être effectivement un grand candidat.

Je me suis donc amusé à regarder depuis l’élection présidentielle de 1965 quels étaient les grands candidats, et les petits.

Déjà, parlons des évolutions depuis quarante-deux ans.

Prenons par exemple le score du candidat arrivé en tête du premier tour.

Pour les trois premières élections, il oscille entre 43 et 45%, ce qui est un gros morceau de l’électorat, mais qui n’assure pas la victoire au candidat, puisque Mitterrand en 1974 a perdu (de peu) face à Giscard d’Estaing arrivé avec plus de dix pourcents de moins au premier tour.

Ensuite, le score tombe autour de 30% (entre 27,82 et 33,90%) pour les deux suivantes, et puis, après, c’est la catastrophe, car il s’effondre autour de 20% (entre 19,88 et 23,21%).

Or, le candidat qui est élu au second tour ne représente en fait pas plus que son score du premier tour, en terme d’adhésion réelle à sa personne et à son programme.

C’est la raison pour laquelle De Gaulle avait hésité à continuer après avoir été mis en ballottage en 1965 car il estimait que plus de la majorité des électeurs avaient voté contre sa personne.

Le cas le plus patent est celui de Chirac en 2002, élu à 82% au second tour (un record !), mais ne rassemblant même pas 20% au premier tour.

Par ailleurs, jusqu’en avril 1981, toutes les élections présidentielles étaient caractérisées par un cheptel de grands candidats qui représentaient, ensemble, au premier tour, entre 84,67 et 92,03%.

Mais déjà dans l’évolution, le cheptel passait de trois grands candidats (en 1965, 1969, et 1974) à quatre (en 1981, 1988 et 1995).

En 1981, les plus perspicaces se souviennent que Jean-Marie Le Pen, qui n’avait pu se présenter faute de signatures d’élus locaux, avait critiqué cette « bande des quatre » qui correspondaient à la fois aux quatre partis dominant le paysage politique français de l’époque : RPR, UDF, PS et PCF, et aux quatre candidats de ces partis, respectivement : Chirac, Giscard d’Estaing, Mitterrand et Marchais.

Finalement, loin d’être en dehors de l’ « établissement », Le Pen fera désormais partie de cette bande des quatre dès 1988 et pour deux décennies encore.

Jusqu’en 1995, ce qui caractérisait le résultat du premier tour, c’était un très grand fossé entre les grands candidats et les petits qui généralement sont en dessous de 5 à 6% voire de 4%. Seuls André Lajoinie en 1988, et Robert Hue en 1995, avec respectivement 6,94% et 8,71% purent monter au-dessus (comme Bayrou en 2002).

En 1995, la structure se modifiait légèrement : déjà, le total des grands candidats atteignait péniblement 77,49% et deux petits candidats avaient plus de 5%, Robert Hue (déjà cité) et Arlette Laguiller avec 5,38%.

Ce qui a abouti à l’exception de l’élection présidentielle de 2002, exception qui ne provient pas de la venue de Jean-Marie Le Pen au second tour (ce fut un évènement politique, mais pas électoral, car Lionel Jospin, à deux cents mille voix près, aurait pu très bien atteindre le second tour, et ce premier tour aurait été tout aussi exceptionnel), mais de l’exceptionnelle disparité des voix.

En effet, le total des trois grands candidats (retour à trois au lieu de quatre depuis 1981) ne faisait que 52,92%, très loin des 80% habituellement obtenus. Et le premier candidat ne dépassait même pas 20%.

L’élection de 2002 fut donc très particulière. Et cette particularité provenait du nombre très élevé de candidats, seize au lieu des neuf de moyenne pour les six précédentes élections, et surtout, du nombre élevés de candidats, ni grands ni négligeables.

En effet, après François Bayrou avec presque 7%, pas moins de sept candidats avaient obtenu entre 3 et 6% (Laguiller, Chevènement, Mamère, Besancenot, Saint-Josse, Madelin et Hue), ce qui avait engendré une dispersion de près de 40% des voix.

Et l’élection présidentielle de 2007, comment se combine-t-elle ?

Déjà, il faut attendre le 20 mars 2007 avant de connaître la liste officielle des candidats, sachant que l’un de ceux qui prétendent avoir des difficultés à récolter des parrainages a une forte probabilité de faire plus de 10%. Son absence du scrutin aurait évidemment une conséquence non négligeable sur les résultats.

Ensuite, cette élection semble très éloignée de celle de 2002 pour deux raisons : d’une part, un très faible émiettement que les sondages semblent confirmer, mais qui est aussi corroboré par un faible nombre de « candidatures de dispersion », et d’autre part, la crainte d’une reproduction (semble-t-il totalement improbable) de ce qu’il s’est passé en 2002 pour la qualification au second tour.

Et cette crainte renforce le dispositif d’un « vote utile ». Évidemment, le sens du vote utile est toujours sujet à caution et souvent, la « propagande » des grands candidats s’amuse à parler de vote utile pour simplement demander de voter pour eux.

Mais au fait, qui sont les « grands candidats » ?

Au départ, les médias ont longtemps estimé qu’il n’y en aurait que deux : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal (une fois que cette dernière a été désignée par son parti le 16 novembre 2006).

Mais c’était d’abord oublier la présence de Jean-Marie Le Pen qui était arrivé quand même en seconde place la fois précédente.

Et un quatrième candidat qui petit à petit, commence à conserver les deux chiffres dans les intentions de vote, François Bayrou (dépassant maintenant largement Le Pen et lui donnant cette semaine entre 15 et 17% derrière les deux premiers qui descendent en dessous de 30%).

En gros, cette fois-ci, on peut définir les grands candidats comme ceux dont les sondages donnent plus de 10% d’intention de voix.

Même si la Constitution donne, pendant la très courte campagne officielle (quinze jours), l’égalité de traitement pour tous les candidats (c’est la moindre des choses dans une démocratie), la réalité médiatique est que les médias favorisent les grands candidats pendant la (longue) précampagne, donnant ainsi peu de visibilité aux petits candidats.

Les sondages donnent évidemment une photographie à la fois éphémère (vu la versatilité de l’électorat) et floue (vu l’intervalle d’indétermination) de la situation, mais si on se base sur ceux actuellement en cours, il semblerait que ces quatre grands candidats rassembleraient plus de 80% de l’électorat et les autres ne dépasseraient pas les 2-3%.

Comme en 1995 ou en 2002, les arguments de « vote utile » (dans quel sens ? pour faire battre quel candidat ? pour empêcher d’accéder au second tour qui ?) et la réaction et les spéculations de l’électorat face à ces même sondages vont sans doute apporter leur lot de surprises.

On peut cependant espérer qu’in fine, les électeurs resteront maîtres de leur vote.
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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 14:19
Maurice Papon vient de mourir ce samedi 17 février 2007 à près de 97 ans, et cela ne m'a fait ni chaud, ni froid.

Quelques heures plus tard, Jean-Louis Castagnède, 61 ans, conseiller à la Cour de cassation, et président de la Cour d'assises de Gironde qui a jugé Maurice Papon, mourait d'une hémorragie cérébrale.

Maurice Papon n'a jamais émis aucun regret, aucune demande de pardon, aucune empathie pour les victimes de Vichy.

Mais il a été jugé, il a été condamné en 1998 et il a pu être libéré le 18 septembre 2002 pour raison de santé et de grand âge. Personnellement, j’approuvais la libération de Maurice Papon en 2002 car l’important était dans le symbole de sa condamnation, pas dans le sort de ce triste sire dont je me préoccupais peu.

En effet, Maurice Papon aura pu survivre le temps de son jugement et surtout de sa condamnation, c’est le premier et hélas, le SEUL responsable français à avoir été sanctionné pour fait de collaboration. Mais un responsable local, et pas national.

Hélas, comme l’a rappelé dimanche matin Arno Klarsfeld, il avait nettement moins de responsabilités pendant la guerre, et nettement moins d’influence politique et économique après la guerre que René Bousquet.

Mon regret reste donc total sur l’absence de jugement et l’absence de condamnation de René Bousquet, en raison de son assassinat en 1993 après le retard scandaleux de son procès du fait de l’amitié que lui portait François Mitterrand.

Car René Bousquet, contrairement à Maurice Papon, avait des responsabilités nationales sous Vichy (secrétaire général de la police) et avait réussi à poursuivre une carrière prospère après la guerre, dans la banque et la presse, notamment par ses réseaux politiques toujours aussi utiles dans les milieux radicaux dont il était issu avant la guerre.

Le soleil luit ce dimanche sur Paris. L’eau continue à couler sous ses ponts.





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