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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 01:29

Le rapport annuel 2011 de la Cour des Comptes a été publié en février 2011 et signé de son premier Président Didier Migaud. La date de publication des rapports thématiques est indiquée.

Cliquer sur les liens pour télécharger les fichiers .pdf.

Rapport sur la sécurité publié le 7 juillet 2011.
http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20110707/1545747_3260_rpt_securite_publique_definitif.pdf

Rapport sur la situation et perspectives des finances publiques 2010 date du 22 juin 2011.
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RSFPE/Rapport_situation_perspectives_des_finances_publiques_2010.pdf

Synthèse du rapport public.
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/Syntheses/Synthese_rapport_public_annuel_2011.pdf

Intégralité du rapport 2011 - Tome 1.
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/RapportPublicAnnuel2011Tome1.pdf

Intégralité du rapport 2011 - Tome 2.
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/RPA-2011-Tome2.pdf

Par "petits morceaux" (chapitres par chapitres), cliquer ici :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/Sommaire-25.html

Entre autres, certains sujets intéressants...

Sur les pôles de recherche et d'enseignement supérieur :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/9_poles_de_recherche_et_enseignement_superieur.pdf

Sur l'Agence nationale de la recherche :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/10_agence_nationale_de_la_recherche.pdf

Sur le CNRS :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/H-cnrs2.pdf

Sur le BRGM :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/F_bureau_recherches_geologiques_et_minieres.pdf

Sur la situation d'ensemble :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/1_finances_publiques_situation_ensemble.pdf

Sur les dépenses fiscales :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/2_finances_publiques_depenses_fiscales.pdf

Sur le Fonds de réserve des retraites :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/3_finances_publiques_fonds_de_reserve_des_retraites.pdf

Sur la campagne contre la grippe A H1NA :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/5_lutte_contre_la_grippe_A_H1N1.pdf

Sur les juridictions financières :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/V_donnees_chiffrees_juridictions_financieres.pdf

Sur la générosité publique :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/B_organismes_faisant_appel_a_generosite_publique.pdf

Sur les services publics d'eau :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/A_services_publics_eau_et_assainissement.pdf

Sur la décristallisation des pensions des anciens combattants :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/C_decristallisation_pensions_ressortissants_francais.pdf

Sur la processus budgétaire :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/I_preparation_suivi_execution_budget_etat.pdf

Sur les corps militaires européens permanents :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/U_participation_france_corps_militaires_europeens_permanents.pdf

Autre rapport (qui date de juillet 2010) sur la Gestion 2009 des services de l'Elysée :
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/GSPR/Rapport_gestion_2009_Presidence_de_la_Republique_0710.pdf

SR



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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 08:37

François Baroin et Valérie Pécresse vont occuper en binôme Bercy tandis que Bruno Le Maire voit s’échapper une nouvelle occasion de servir plus haut. 


yartiRemaniement20110601La nomination de Christine Lagarde à la direction générale du Fonds monétaire international a été saluée tant au Conseil des ministres qu’à l’Assemblée Nationale lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 29 juin 2011.

Le remaniement ministériel rendu nécessaire non seulement par cette "expatriation" mais également par la démission puis la mise en examen de Georges Tron le mois dernier a été l’objet d’âpres négociations à l’intérieur de l’UMP.

L’annonce du remaniement a été éclipsée l’après-midi de cette même journée par la libération inattendue des deux journalistes de France 3 Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier retenus en Afghanistan depuis le 30 décembre 2009 et par le résultat énigmatique de la primaire des écologistes où Eva Joly est arrivée largement en tête mais avec seulement 49,7% ; elle devra affronter Nicolas Hulot (40,3%) dans un second tour qui pourrait changer le sens du premier tour (fin des votes prévue pour le 12 juillet 2011).

Pourtant, ces dernières nominations ministérielles avant la campagne présidentielle pourraient être le point de départ de nouvelles rivalités à droite pour la décennie qui commence. Rappelons que c’est l’éviction de François Fillon du gouvernement de Dominique de Villepin le 31 mai 2005 qui décida le futur Premier Ministre à proposer ses services à Nicolas Sarkozy.

Malgré la mise en concurrence pour le poste de Premier Ministre pendant tout l’automne 2010, un petit groupe de quadras chiraquiens avait réussi à préserver leur unité et complicité autour de Jean-François Copé et Christian Jacob qui ont réussi à conquérir respectivement la tête de l’UMP et la tête de l’important groupe des députés UMP. Parmi ceux-là, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire et François Baroin.

Ces derniers jours, la querelle a fait rage entre François Baroin et Bruno Le Maire, trop à l’étroit dans son Ministère de l’Agriculture où il a su se faire apprécier tant auprès des agriculteurs qu’au niveau européen.


Bruno Le Maire

Bruno Le Maire, 42 ans, normalien et énarque, a été le directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon. Après avoir été élu député en juin 2007 (dans l’ancienne circonscription de Jean-Louis Debré), il a été appelé au gouvernement par Nicolas Sarkozy le 12 décembre 2008, d’abord aux Affaires européennes puis le 23 juin 2009 à l’Agriculture.

D’un fort potentiel, discret dans ses ambitions néanmoins réelles, Bruno Le Maire faisait partie des outsiders pour succéder à François Fillon à Matignon en automne 2010. Il a finalement conservé son portefeuille mais il s’est vu confier le rôle très important de responsable du projet présidentiel à l’UMP. En février 2011, lors de la démission inéluctable de Michèle Alliot-Marie, il était candidat au Quai d’Orsay, ministère qu’il connaît bien pour y avoir commencé sa collaboration avec Dominique de Villepin.

Mardi 28 juin 2011, Bruno Le Maire avait été choisi par François Fillon et Nicolas Sarkozy pour succéder à Christine Lagarde, sur recommandation entre autres d’Alain Juppé et d’Édouard Balladur. Son profil était très adapté à ce poste éminent dont le titulaire doit également assurer la présidence du G20 et être à l’aise dans les négociations internationales en pleine crise financière mondiale.

Hélas pour le "nominé", François Baroin a considéré qu’une telle nomination était un casus belli, se considérant comme le seul successeur possible et mettant sa démission dans la balance. Ce qui est curieux, c’est que Nicolas Sarkozy ait finalement accepté ce chantage et ait remis à plus tard la promotion de Bruno Le Maire.

Cet épisode laissera probablement des traces dans les années à venir, et notamment pour la campagne présidentielle.


François Baroin

Principal "gagnant" de ce remaniement, François Baroin, qui vient d’avoir 46 ans, est donc nommé Ministre de l’Économie, des Finances yartiRemaniement20110604et de l’Industrie. Après avoir occupé dès mai 1995 des responsabilités ministérielles, cet héritier du chiraquisme était resté en retrait de la majorité les trois premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Il était revenu au gouvernement le 22 mars 2010 pour remplacer Éric Woerth après la défaite des élections régionales, ce dernier propulsé sur le front des retraites dans l’optique d’occuper Matignon.

D’un naturel très lisse, journaliste et pas énarque, François Baroin va maintenant avoir l’occasion de montrer qu’il est capable d’être un responsable national de premier plan, qui forcément comptera dans l’avenir.

Alors qu’il était encore porte-parole du gouvernement à l’issue du Conseil des ministres du 29 juin 2011, François Baroin a surpris plus d’un observateur en quittant énervé son pupitre à la suite d’une question provocatrice en (mauvais) anglais. Pendant quelques minutes, François Baroin se tenait derrière la porte de la sortie à répondre laconiquement aux journalistes qui avaient encore des questions à lui poser.


Valérie Pécresse

Postulante aussi à la fonction, la Ministre des Universités et de la Recherche Valérie Pécresse, qui va avoir 44 ans dans quelques jours, est nommée Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État, porte-parole du gouvernement. Elle aura été une ministre aux universités particulièrement stable et brillante, réussissant à faire accepter par tous les acteurs son importante réforme sur l’autonomie des universités.

Ginette, HEC, ENA, Valérie Pécresse a intégré le Conseil d’État et a donné des cours à Science Po Paris. Comme François Baroin, elle est aussi une "enfant Chirac" et a travaillé à l’Élysée dès 1998 avant de se faire élire députée en juin 2002 et de devenir Ministre de la Recherche le 18 mai 2007.

Périodiquement donnée dans un grand ministère (elle avait postulé à la place Vendôme), Valérie Pécresse avait gagné dans une primaire contre Roger Karoutchi le leadership de l’UMP en Île-de-France mais avait échoué dans sa tentative de détrôner Jean-Paul Huchon de la présidence du Conseil régional en mars 2010.


Laurent Wauquiez

Autre "gagnant" de ce remaniement, Laurent Wauquiez, 36 ans, est nommé Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en remplacement de Valérie Pécresse.

Énarque intégré au Conseil d’État, suppléant de Jacques Barrot dans sa circonscription de Haute-Loire, alors premier président du groupe UMP à l’Assemblée Natioanle, Laurent Wauquiez a été candidat et élu député lors de l’élection partielle du 4 juillet 2004 quand Jacques Barrot a été nommé commissaire européen (il n’a alors que 29 ans).

Un peu avant son élection, il avait participé à la commission sur la laïcité dirigée par Bernard Stasi, lui donnant l’occasion de se servir de son expérience du monde arabe (il a notamment aidé Sœur Emmanuelle au Caire).

Le 19 juin 2007, Laurent Wauquiez fit son entrée au gouvernement comme porte-parole et à la suite de sa conquête de la mairie du Puy-en-Velay, fut nommé à l’Emploi le 18 mars 2008 où il a supervisé la création de Pôle Emploi, fusion de l’ANPE et de l’Assédic, puis aux Affaires européennes le 10 novembre 2010.

Le 8 mai 2011, il initia une polémique stérile en remettant en cause le principe de la solidarité nationale et en pointant du doigt les dérives de l’assistanat et du RSA. Il a par cette occasion montré qu’il est complètement déconnecté de la réalité sociale des plus défavorisés, ce qui est paradoxal avec sa volonté de mener l’aile sociale de l’UMP. Cette polémique ne lui a cependant pas nui puisqu’il accède maintenant à un grand ministère.


François Sauvadet

Journaliste, député expérimenté depuis 1993, François Sauvadet, 58 ans, était l’un des grognards de François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007. Après l’échec de ce dernier, il fonda avec les autres députés UDF sortants le Nouveau centre et fut élu président du groupe NC à l’Assemblée Nationale.

Président du Conseil général de la Côte d’Or depuis mars 2008, il était originaire du Parti républicain et de cette aile qui refusa en 1998 sa dérive en Démocratie libérale conduit par Alain Madelin, et qui suivit François Léotard, Gérard Longuet et Gilles de Robien dans le PRIL (Pôle républicain indépendant et libéral), pour fusionner ensuite dans la Nouvelle UDF de François Bayrou.

Nouvelle caution centriste du gouvernement, au même titre que Maurice Leroy ou Michel Mercier, François Sauvadet est nommé Ministre de la Fonction publique, succédant à Georges Tron. Sa nomination va entraîner la désignation de son successeur à la présidence du groupe des députés NC.


Jean Leonetti

Cardiologue, député radical depuis juin 1997 et maire d’Antibes depuis juin 1995, Jean Leonetti, 63 ans dans quelques jours, est l’un des parlementaires connus pour son travail et son expertise dans le domaine de la santé. Il est notamment à l’origine d’une loi qui porte son nom sur l’euthanasie passive (loi n°2005-370 du 22 avril 2005).

Souvent donné pour intégrer le gouvernement (en particulier en novembre 2010) mais jamais appelé, ce radical a refusé de quitter l’UMP malgré son échec face à Christian Jacob dans la désignation du président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, et il conteste a priori l’éventuelle candidature de Jean-Louis Borloo à l’élection présidentielle. Il est (enfin !) nommé Ministre délégué auprès d’Alain Juppé chargé des Affaires européennes.


Marc Laffineur

Médecin anesthésiste, député UDF-PR d’Angers depuis 1988, Marc Laffineur, 65 ans, a soutenu dès le premier tour la candidature de Jacques Chirac en 2002 malgré son appartenance à Démocratie libérale d’Alain Madelin, lui aussi candidat, dans la perspective de regrouper tous les partis du centre et de la droite modérée (le projet de la future UMP).

Soucieux des élus locaux en rapportant le budget des collectivités territoriales et en faisant un suivi de la réforme de la taxe professionnelle, fondateur du groupe d’études sur les maladies orphelines, Marc Laffineur est nommé Secrétaire d’État auprès de Gérard Longuet (qui fut président du PR) chargé des Anciens combattants. Sa nomination au gouvernement rend plus aisée la préparation des élections sénatoriales dans son département du Maine-et-Loire.


David Douillet

Célèbre champion de judoka (médaille d’or aux JO d’Atlanta en 1996 et de Sydney en 2000), homme d'affaires et consultant, David Douillet, 42 ans, a parrainé pendant une quinzaine d’années aux côtés de Bernadette Chirac l’opération des pièces jaunes visant à aider les parents des enfants hospitalisés à vivre auprès d’eux.

Très médiatique et très populaire, il jouit d’une très grande reconnaissance, avec son entrée dans le Larousse, au Musée Grévin, et dans les Guignols de l’Info.

En 2009, il quitta ses activités caritatives pour s’investir en politique au sein de l’UMP. Élu député le 18 octobre 2009 à la suite d’une élection partielle, puis conseiller régional en mars 2010, David Douillet est nommé Secrétaire d’État auprès d’Alain Juppé chargé des Français de l’étranger, une fonction très étrange (novatrice) qui rappelle que le dernier découpage électoral a attribué désormais des circonscriptions aux Français de l’étranger pour les prochaines élections législatives alors que jusqu’à maintenant, les Français de l’étranger n’étaient représentés qu’au Sénat.

David Douillet fait partie de la longue liste des sportifs de haut niveau qui ont eu des responsabilités politiques et ministérielles, dont on peut citer (sans être exhaustif) : Chantal Jouanno, Alain Calmat, Alain Bombard, Guy Drut, Jean-François Lamour, Bernard Laporte…


Claude Greff

Claude Greff, 57 ans, est sans doute la moins connue des membres du gouvernement. Née à Briey en Meurthe-et-Moselle et infirmière, elle est devenue élue locale à partir de 2001 dans l’agglomération de Tours. Élue députée UMP depuis juin 2002, elle s’est notamment impliquée dans le projet de loi relatif à la bioéthique.

Claude Greff est nommée Secrétaire d’État auprès de Roselyne Bachelot chargée de la Famille.


Plus ou moins…

À ces nominations, il faut également ajouter que Thierry Mariani, 52 ans, qui reste toujours affecté aux Transports auprès de Nathalie Kosciusko-Morizet est promu ministre délégué.

Autre déçu de ce remaniement (après Bruno Le Maire) parce qu’il était souvent question de lui (il n’hésitait pas à évoquer de sérieuses assurances), le radical Marc-Philippe Daubresse, 57 ans, secrétaire général adjoint de l’UMP depuis que Jean-François Copé est secrétaire général, n’a pas été nommé au gouvernement. Son retour au gouvernement aurait pu être interprété comme une action anti-Borloo.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 juin 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Remaniement ministériel du 29 juin 2011.
Martine, Eva, Christine et Valérie…

Les grands argentiers.



yartiRemaniement20110603


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/remaniement-ministeriel-du-29-juin-96825


 

http://fr.news.yahoo.com/remaniement-minist%C3%A9riel-29-juin-2011-col%C3%A8re-courte-raison-070403707.html

 

 

 

 

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 01:01

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 DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Zénith de Toulon – jeudi 25 septembre 2008

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire de Toulon, cher Hubert Falco,
Mes chers amis,

Si j’ai voulu m’adresser ce soir aux Français, c’est parce que la situation de notre pays l’exige. Je mesure la responsabilité qui est la mienne dans les circonstances exceptionnelles où nous nous trouvons.

Une crise de confiance sans précédent ébranle l’économie mondiale. De grandes institutions financières sont menacées, des millions de petits épargnants dans le monde qui ont placé leurs économies à la Bourse voient jour après jour fondre leur patrimoine, des millions de retraités qui ont cotisé à des fonds de pension craignent pour leurs retraites, des millions de foyers modestes sont mis en difficulté par la hausse des prix.

Comme partout dans le monde, les Français ont peur pour leurs économies, pour leur emploi,
pour leur pouvoir d’achat.

La peur est une souffrance.
La peur empêche d’entreprendre, de s’engager.
Quand on a peur, on n’a pas de rêve, on ne se projette pas dans l’avenir.
La peur est la principale menace qui pèse aujourd’hui sur l’économie.

Il faut vaincre cette peur. C’est la tâche la plus urgente. On ne la vaincra pas, on ne rétablira pas la confiance en mentant mais en disant la vérité.

La vérité, les Français la veulent, ils sont prêts à l’entendre. S’ils ont le sentiment qu’on leur cache quelque chose, le doute grandira. S’ils ont la conviction qu’on ne leur cache rien, ils puiseront en eux¬mêmes la force de surmonter la crise.

Dire la vérité aux Français, c’est leur dire que la crise n’est pas finie, que ses conséquences seront durables, que la France est trop engagée dans l’économie mondiale pour que l’on puisse penser un instant qu’elle pourrait être à l’abri des évènements qui sont en train de bouleverser le monde. Dire la vérité aux Français, c’est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le
pouvoir d’achat.

Dire la vérité aux Français, c’est leur dire d’abord la vérité sur la crise financière. Parce que cette crise, sans équivalent depuis les années 30, marque la fin d’un monde qui s’était construit sur la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide. Il avait été porté par un grand rêve de liberté et de prospérité.

La génération qui avait vaincu le communisme avait rêvé d’un monde, où la Démocratie et le marché résoudraient tous les problèmes de l’humanité. Elle avait rêvé d’une mondialisation heureuse qui vaincrait la pauvreté et la guerre.
Ce rêve a commencé à devenir réalité : les frontières se sont ouvertes, des millions d’hommes ont été arrachés à la misère, mais le rêve s’est brisé sur le retour des fondamentalismes religieux, des nationalismes, des revendications identitaires, sur le terrorisme, les dumpings, les délocalisations, les dérives de la finance globale, les risques écologiques, l’épuisement annoncé des ressources naturelles, les émeutes de la faim.

Une certaine idée de la mondialisation s’achève avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir.

L’idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle.
L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle.

Pendant plusieurs décennies on a créé les conditions dans lesquelles l’industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme.
On a caché les risques toujours plus grands qu’on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants.
On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques inconsidérés.
On a fait semblant de croire qu’en mutualisant les risques on les faisait disparaître.
On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l’épargne au profit du développement économique et d’analyser le risque du crédit.
On a financé le spéculateur plutôt que l’entrepreneur.
On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs.
On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d’assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation.
On a soumis les banques à des règles comptables qui ne fournissent aucune garantie sur la bonne gestion des risques mais qui, en cas de crise, contribuent à aggraver la situation au lieu d’amortir le choc.

C’était une folie dont le prix se paie aujourd’hui !

Ce système où celui qui est responsable d’un désastre peut partir avec un parachute doré, où un trader peut faire perdre cinq milliards d’Euro à sa banque sans que personne s’en aperçoive, où l’on exige des entreprises des rendements trois ou quatre fois plus élevés que la croissance de l’économie réelle, ce système a creusé les inégalités, il a démoralisé les classes moyennes et alimenté la spéculation sur les marchés de l’immobilier, des matières premières et des produits agricoles.

L’économie de marché c’est le marché régulé, le marché mis au service du développement, au service de la société, au service de tous. Ce n’est pas la loi de la jungle, ce n’est pas des profits exorbitants pour quelques¬uns et des sacrifices pour tous les autres. L’économie de marché c’est la concurrence qui réduit les prix, qui élimine les rentes et qui profite à tous les consommateurs.

Le capitalisme ce n’est pas le court terme, c’est la longue durée, l’accumulation du capital, la croissance à long terme.
Le capitalisme ce n’est pas la primauté donnée au spéculateur. C’est la primauté donnée à l’entrepreneur, la récompense du travail, de l’effort, de l’initiative.

Le capitalisme ce n’est pas la dilution de la propriété, l’irresponsabilité généralisée. Le capitalisme c’est la propriété privée, la responsabilité individuelle, l’engagement personnel, c’est une éthique, une morale, des institutions.
Le capitalisme c’est ce qui a permis l’essor extraordinaire de la civilisation occidentale depuis sept siècles.

La crise financière n’est pas la crise du capitalisme. C’est la crise d’un système qui s’est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme, qui a trahi l’esprit du capitalisme.

Je veux le dire aux Français : l’anticapitalisme n’offre aucune solution à la crise actuelle. Renouer avec le collectivisme qui a provoqué dans le passé tant de désastres serait une erreur historique.

Mais ne rien faire, ne rien changer, se contenter de mettre toutes les pertes à la charge du contribuable et faire comme s’il ne s’était rien passé serait aussi une erreur historique.

Nous pouvons sortir plus forts de cette crise. Si nous acceptons de changer nos manières de penser et nos comportements. Si nous faisons l’effort nécessaire pour nous adapter aux réalités nouvelles qui s’imposent à nous. Si nous agissons au lieu de subir.

La crise actuelle doit nous inciter à refonder le capitalisme sur une éthique de l’effort et du travail, à retrouver un équilibre entre la liberté et la règle, entre la responsabilité collective et la responsabilité individuelle.

Il faut un nouvel équilibre entre l’Etat et le marché, alors que partout dans le monde les pouvoirs publics sont obligés d’intervenir pour sauver le système bancaire de l’effondrement. Un nouveau rapport doit s’instaurer entre l’économie et la politique à travers la mise en chantier de nouvelles réglementations.

L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini.
Le laissez¬faire, c’est fini.
Le marché qui a toujours raison, c’est fini.

Il faut tirer les leçons de la crise pour qu’elle ne se reproduise pas. Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer.

Si l’on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier demeure la priorité.

Je n’hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d’abus, trop de scandales.
Alors ou bien les professionnels se mettent d’accord sur des pratiques acceptables, ou bien nous réglerons le problème par la loi avant la fin de l’année.

Les dirigeants ne doivent pas avoir le statut de mandataire social et bénéficier en même temps des garanties liées à un contrat de travail. Ils ne doivent pas recevoir d’actions gratuites. Leur rémunération doit être indexée sur les performances économiques réelles de l’entreprise. Ils ne doivent pas pouvoir prétendre à un parachute doré lorsqu’ils ont commis des fautes ou mis leur entreprise en difficulté. Et si les dirigeants sont intéressés au résultat, les autres salariés doivent l’être aussi. S’ils ont des stocks options, les autres salariés doivent en avoir aussi ou à
défaut bénéficier d’un système d’intéressement.

Voilà quelques principes simples qui relèvent du bon sens et de la morale élémentaire sur lesquels je ne céderai pas.

Les dirigeants perçoivent des rémunérations élevées parce qu’ils ont de lourdes responsabilités. Mais on ne peut pas vouloir être très bien payé et ne pas vouloir assumer ses responsabilités.

C’est encore plus vrai dans la finance que partout ailleurs. Comment admettre que tant d’opérateurs financiers s’en tirent à bon compte alors que pendant des années ils se sont enrichis en menant tout le système financier à la faillite ?

Les responsabilités doivent être recherchées et les responsables de ce naufrage au moins sanctionnés financièrement. L’impunité serait immorale. On ne peut pas se contenter de faire payer les actionnaires, les clients et les salariés les plus modestes en exonérant les principaux responsables. Qui pourrait accepter une telle injustice ?

Il faut ensuite réglementer les banques pour réguler le système. Car les banques sont au cœur du système.
Il faut cesser d’imposer aux banques des règles de prudence qui sont d’abord une incitation à la créativité comptable plutôt qu’à une gestion rigoureuse des risques. Ce qu’il faudra dans Il faudra imposer aux banques de financer le développement économique plutôt que la spéculation.

La crise devrait amener à une restructuration de grande ampleur de tout le secteur bancaire mondial. Compte tenu de ce qui vient de se passer et de l’importance de l’enjeu pour l’avenir de notre économie, il va de soi qu’en France l’Etat y jouera un rôle actif.

Il va falloir s’attaquer au problème de la complexité des produits d’épargne et de l’opacité des transactions de façon à ce que chacun soit en mesure d’évaluer réellement les risques qu’il prend.

Mais il faudra bien aussi se poser des questions qui fâchent comme celle des paradis fiscaux, celle des conditions dans lesquelles s’effectuent les ventes à découvert qui permettent de spéculer en vendant des titres que l’on ne possède pas ou celle de la cotation en continu qui permet d’acheter et de vendre à tout moment des actifs et dont on sait le rôle qu’elle joue dans les emballements du marché et les bulles spéculatives.

Il va falloir s’interroger sur l’obligation de comptabiliser les actifs aux prix du marché  qui se révèlent si déstabilisant en cas de crise.

Enfin, il va falloir se décider à contrôler les agences de notation qui ont été défaillantes, et faire en sorte que plus aucune institution financière, et plus aucun fonds ne soit en mesure d’échapper au contrôle d’une autorité de régulation.

Mais la remise en ordre du système financier ne serait pas complète si en même temps on ne cherchait pas à mettre un terme au désordre des monnaies.

La monnaie est au cœur de la crise financière comme elle est au cœur des distorsions qui affectent les échanges mondiaux. Et si l’on n’y prend pas garde le dumping monétaire finira par engendrer des guerres commerciales extrêmement violentes et ouvrira ainsi la voie au pire des protectionnismes. Car le producteur français peut faire tous les gains de productivité qu’il veut, il peut à la rigueur concurrencer les bas salaires des ouvriers chinois, mais il ne peut pas compenser la sous-évaluation de la monnaie chinoise. Notre industrie aéronautique peut être aussi performante que possible, elle ne peut pas lutter contre l’avantage de compétitivité que la sous¬évaluation du dollar donne aux constructeurs américains.

Je redis donc, à quel point il me paraît nécessaire que les chefs d’Etat et de gouvernement des principaux pays concernés se réunissent avant la fin de l’année pour tirer les leçons de la crise financière et coordonner leurs efforts pour rétablir la confiance. J’ai fait cette proposition en plein accord avec la chancelière allemande, Madame Merkel, avec qui je m’en suis entretenu et qui partage les mêmes préoccupations à propos de la crise financière et sur les leçons qu’il va falloir en tirer.

Je suis convaincu que le mal est profond et qu’il faut remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial, comme on le fit à Bretton¬Woods après la Seconde Guerre Mondiale, afin de créer les outils d’une régulation mondiale que la globalisation et la mondialisation des échanges rendent désormais nécessaires. On ne peut pas continuer de gérer l’économie du XXIème siècle avec les instruments de l’économie du XXème. On ne peut pas
davantage penser le monde de demain avec les idées d’hier.

Quand les banques centrales font tous les jours toute la trésorerie des banques et quand le contribuable américain s’apprête à dépenser mille milliards de dollars pour éviter la faillite généralisée, il me semble que la question de la légitimité des pouvoirs publics à intervenir dans le fonctionnement du système financier ne se pose plus !

Oui, il arrive que l’autorégulation soit insuffisante. Oui, il arrive que le marché se trompe.
Oui, il arrive que la concurrence soit inefficace ou déloyale. Alors il faut bien que l’Etat intervienne, qu’il impose des règles, qu’il investisse, qu’il prenne des participations, pourvu qu’il sache se retirer quand son intervention n’est plus nécessaire.

Rien ne serait pire qu’un Etat prisonnier de dogmes, enfermé dans une doctrine qui aurait la rigidité d’une religion. Imaginons où en serait le monde si le gouvernement américain était resté sans rien faire face à la crise financière sous prétexte de respecter je ne sais quelle orthodoxie en matière de concurrence, de budget ou de monnaie ?

En ces circonstances exceptionnelles où la nécessité d’agir s’impose à tous, j’appelle l’Europe à réfléchir sur sa capacité à faire face à l’urgence, à repenser ses règles, ses principes, en tirant les leçons de ce qui se passe dans le monde. Elle doit se donner les moyens d’agir quand la situation l’exige et non se condamner à subir.
Si l’Europe veut préserver ses intérêts.

Si elle veut avoir son mot à dire dans la réorganisation de l’économie mondiale.
Si elle veut se donner les moyens de sortir renforcée et non pas affaiblie de la crise actuelle, elle doit engager une réflexion collective sur sa doctrine de la concurrence qui n’est, à mes yeux, qu’un moyen et non une fin en soi, sur sa capacité à mobiliser des ressources pour préparer l’avenir, sur les instruments de sa politique économique, sur les objectifs assignés à la politique monétaire. Je sais que c’est difficile parce que l’Europe c’est 27 pays, mais quand le monde change, l’Europe doit changer aussi. Elle doit être capable de bousculer ses propres dogmes. Elle ne peut pas se trouver condamnée à être la variable d’ajustement de toutes les autres politiques dans le monde parce qu’elle ne se serait pas donnée les moyens d’agir. Si ce qui s’est passé aux Etats¬Unis s’était passé en Europe, avec
quelle rapidité, avec quelle force, avec quelle détermination l’Europe aurait¬elle fait face à la crise ? Pour tous les Européens il est entendu que la meilleure réponse à la crise devrait être européenne. En tant que Président de l’Union, je proposerai des initiatives en ce sens dès le prochain conseil européen.

S’agissant de notre pays, je le dis aux Français qui craignent pour leurs économies déposées dans les banques et les établissements financiers : les banques françaises paraissent en mesure de surmonter les difficultés actuelles, mais si elles devaient êtres mises en difficulté par la spéculation, je n’accepterais pas qu’un seul déposant perde un seul euro parce qu’un établissement financier se révèlerait dans l’incapacité de faire face à ses engagements. Les épargnants qui ont eu confiance dans les banques, dans les compagnies d’assurance, dans

C’est un engagement solennel que je prends ce soir : quoi qu’il arrive, l’Etat garantira la sécurité et la continuité du système bancaire et financier français.

Je le dis avec la même détermination : si les difficultés actuelles devaient entraîner une restriction du crédit qui priverait les Français et les entreprises, en particulier les PME, des moyens de financer leurs investissements ou d’assurer leur trésorerie, l’Etat interviendrait pour que ces financements puissent être assurés. Il le ferait par des cautions, par des garanties, par des apports en capital ou par une modification de la réglementation bancaire, mais il le ferait pour éviter que par un engrenage fatal l’économie privée de financements s’enfonce durablement dans la récession.

Bien que les ménages français soient en moyenne beaucoup moins endettés que dans la plupart des autres pays développés, l’accès au logement et à la propriété risquent d’être rendus plus difficile du fait de la contraction du crédit, de la hausse des taux d’intérêt et de la diminution d’une offre déjà insuffisante pour répondre aux besoins. La loi de mobilisation pour le logement sera adoptée en urgence. J’y ajouterai des mesures fortes pour que les programmes immobiliers en cours puissent être menés à bien et pour que des terrains appartenant au secteur public soient libérés pour y construire de nouveaux logements, ce qui contribuera à la baisse des prix qui avaient atteint des niveaux excessifs.

Face au ralentissement de l’activité se pose naturellement la question de la relance de notre économie. Cette relance nous l’avons engagée bien avant tous les autres avec les mesures prises il y a un an sur les heures supplémentaires, les intérêts d’emprunt immobilier, les droits de succession, le crédit d’impôt recherche, auxquels se sont ajoutées d’autres mesures importantes comme le déblocage de la participation. Ce soutien apporté à l’activité nous a permis de mieux résister à la crise.

Mais si l’activité venait à reculer fortement et durablement, je n’hésiterais pas à prendre les mesures nécessaires pour la soutenir. Aujourd’hui il faut du sang froid. Se garder de réactions précipitées mais en même temps être prêt à la réactivité.

La crise actuelle est une crise structurelle. Les changements qu’elle annonce sont profonds. A cette crise structurelle doit répondre une politique structurelle. Le monde change. Nous devons changer avec lui. Nous devons même autant que faire se peut, anticiper le changement. La crise appelle à accélérer le rythme des réformes non à le ralentir.
Je veux dire aux Français qu’il n’existe aucune solution miracle qui permettrait à notre pays de se dispenser des efforts nécessaires pour surmonter la crise.

Il faut bien sûr d’abord penser aux plus vulnérables dont la vie devient trop dure et qui souffrent. C’est dans les moments de crise que la solidarité avec ceux qui sont en difficulté doit être la plus forte. C’est la raison pour laquelle, j’ai pris la décision de créer le RSA, d’augmenter le minimum vieillesse, les pensions de réversion les plus modestes et pour les titulaires de minima sociaux, dont le pouvoir d’achat n’est pas garanti contrairement aux allocations familiales et aux retraites, d’accorder une prime exceptionnelle pour compenser le retard sur l’évolution réelle des prix.

Quand on veut dire la vérité aux Français, il faut la leur dire jusqu’au bout et la vérité c’est que l’Etat ne peut pas indéfiniment financer ses dépenses courantes et ses dépenses de solidarité par l’emprunt. Il faut bien un jour payer ses dettes.

L’argent de l’Etat c’est l’argent des Français. Ils ont travaillé trop dur pour le gagner pour que l’on ait le droit de le gaspiller.

Pour retrouver des marges de manœuvre pour préparer l’avenir, les dépenses de fonctionnement de l’Etat doivent diminuer. L’année prochaine c’est un total sans précédent de 30 600 emplois qui seront supprimés dans la fonction publique. La révision générale des politiques publiques continuera à produire ses effets. La réforme de l’hôpital permettra d’améliorer l’accès aux soins et leur qualité tout en supprimant des dépenses inutiles. Les agents hospitaliers seront intéressés à l’équilibre de leur budget et partout les fonctionnaires seront associés aux gains de productivité dans la fonction publique. C’est une véritable révolution culturelle qui se met ainsi en place et qui va modifier en profondeur les comportements.

Après la remise à plat de la carte judiciaire et les restructurations militaires, il faut aller plus loin dans la réorganisation de nos administrations et de nos services publics. Nous allons engager la deuxième étape de la réforme de l’Etat dès l’année prochaine.

Le grand chantier de la réforme de nos administrations locales sera ouvert dès le mois de janvier. Le moment est venu de poser la question des échelons de collectivités locales dont le nombre et l’enchevêtrement des compétences est une source d’inefficacité et de dépenses supplémentaires. La compétitivité de notre économie est capitale. Elle ne peut supporter un poids excessif de dépenses publiques.

Mais dans la situation où se trouve l’économie je ne conduirai pas une politique d’austérité qui aggraverait la récession. Je n’accepterai pas des hausses des impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d’achat des Français. Mon objectif est de rendre du pouvoir d’achat aux Français non de leur en prendre.

Je n’accepterai pas d’augmenter les charges qui pèsent sur les entreprises parce que ce serait affaiblir leur compétitivité quand, au contraire, il faudrait la renforcer. Faire payer les entreprises sous prétexte que ce serait indolore, ce serait commettre une lourde erreur économique du type de celle qui fut faite au milieu des années 70 lors du premier choc pétrolier, avec les résultats désastreux que l’on sait.

La France ne s’en sortira pas en investissant moins mais en investissant plus. C’est la raison pour laquelle désormais de nouveaux investissements seront exonérés de la taxe professionnelle qui les pénalise. Une grande concertation sera organisée avec les collectivités locales pour que soient trouvée une ressource de remplacement qui ait moins d’effets nocifs sur l’économie. Mais cette réforme indispensable ne sera pas différée.

La France s’en sortira non en travaillant moins mais en travaillant plus. Tout doit être fait pour encourager le travail que depuis des décennies on s’efforce par tous les moyens de décourager.

Avec la réforme des 35 heures, avec la détaxation des heures supplémentaires, le maintien des exonérations de charges sur les bas salaires, l’instauration du RSA, la relance à venir de la participation et de l’intéressement, c’est toujours le même but qui est poursuivi : faire en sorte que le travail coûte moins cher à l’entreprise, que le travail paye, que le travail soit libéré.

La crise doit nous inciter à aller plus loin et plus vite dans les réformes qui contribuent à réhabiliter la valeur travail au moment même où le modèle d’une finance spéculative s’effondre.

La loi à venir sur la participation et l’intéressement s’inscrit exactement dans cette perspective de rééquilibrage entre le capital et le travail. Ne pas donner tous les bénéfices aux dirigeants et aux actionnaires, en destiner une part plus grande à ceux qui par leur travail créent la richesse, redonner du pouvoir d’achat aux travailleurs sans alourdir les charges fixes de l’entreprise et ainsi remettre le capitalisme à l’endroit, voilà à côté du RSA l’autre révolution qu’il nous faut entreprendre.

Est-il besoin d’ajouter que dans la situation actuelle de l’économie mondiale, tout ce qui pourrait contribuer à alourdir le coût du travail serait suicidaire ?

Réduire les exonérations de charges sur les salaires ce ne serait pas reprendre un cadeau fait aux entreprises, ce serait contribuer à détruire de l’emploi au moment même où le ralentissement de la croissance fait repartir le chômage à la hausse et où la concurrence des pays à bas salaire ne cesse de s’intensifier.
Financer le RSA en taxant le travail aurait eu le même effet.

J’assume donc la décision de financer le RSA en taxant légèrement les revenus financiers qui depuis des années augmentent plus vite que les revenus du travail. C’est une décision juste et raisonnable. Elle ne remet pas en cause l’objectif de baisse globale des prélèvements, puisque les diminutions d’impôts et de charges décidées depuis 15 mois l’emportent de plus de 10 milliards sur les hausses. Et au fur et à mesure qu’un nombre croissant de ceux qui jusqu’à présent étaient piégés par l’assistance sera incité à reprendre un travail, la taxe sur les revenus de l’épargne sera diminuée.

L’autre figure du capitalisme qu’il faut réhabiliter c’est celle de l’entrepreneur. Au capitalisme financier il faut opposer le capitalisme des entrepreneurs. A côté de la valeur travail, il faut remettre l’esprit d’entreprise au cœur du système de valeur de l’économie. C’est toute la philosophie de la loi de modernisation de l’économie et ce sera l’autre priorité de la politique économique dans l’avenir.

Si nous manquons d’entrepreneurs capables d’inventer l’économie de demain, ce n’est pas parce que les Français seraient plus dépourvus que les autres d’esprit d’entreprise mais parce que tout a été fait pour empêcher les Français d’entreprendre comme tout a été fait pour les empêcher de travailler.

Opposer l’effort du travailleur à l’argent facile de la spéculation, opposer l’engagement de l’entrepreneur qui risque tout dans son entreprise à l’anonymat des marchés financiers, opposer un capitalisme de production à un capitalisme de court terme, accorder une priorité à l’industrie au moment où l’étau de la finance se desserre, voilà tout le sens de la politique économique que je veux conduire.

Dire la vérité aux Français, c’est leur dire que nous passons d’un monde d’abondance à un monde de rareté. C’est¬à¬dire d’un monde où l’on utilisait les ressources naturelles comme si elles étaient inépuisables à un monde où l’épuisement à venir des ressources naturelles sera une préoccupation de tous les jours.

Dans le monde de la rareté, il va falloir payer plus cher le pétrole, le gaz, les matières premières.

Les Français devront produire autrement, consommer différemment. Ils devront apprendre à faire constamment des efforts pour économiser les ressources rares qui ne peuvent plus être gaspillées.

La pollution et le réchauffement climatique menacent l’avenir de la planète. Chacun va devoir faire des efforts, changer de comportement pour polluer moins.

Si l’on ne veut pas que des catastrophes écologiques débouchent sur des déplacements massifs de populations et des catastrophes humaines et politiques, si l’on veut éviter la violence qu’engendrerait fatalement le manque d’eau et de terres cultivables, alors il faut que chacun assume les conséquences de ses choix, il faut que chacun supporte les coûts de ses décisions et paye le juste prix de ce qu’il consomme.

Dans le monde de demain le principe pollueur¬payeur devra s’appliquer partout si nous ne voulons pas léguer aux générations futures un monde invivable.

S’il faut moins taxer l’investissement, moins taxer le travail, moins pénaliser l’effort et la réussite, moins taxer les produits propres, il faut en revanche davantage taxer la pollution.

Utiliser la fiscalité pour relever le défi écologique, c’est indispensable si l’on veut inciter à un changement profond des comportements. Si dans la situation actuelle où tant de Français se trouvent confrontés à une baisse de leur pouvoir d’achat, il est exclu de renchérir les produits de grande consommation, je veux dire à quel point je crois que le système du bonus¬malus est un bon système. L’expérience sur l’automobile a été particulièrement concluante avec 500 000 bonus distribués en 8 mois, déplaçant massivement la demande vers des véhicules plus écologiques. Ce système extrêmement incitatif du bonus¬malus qui permet de gagner des années dans le changement des modes de consommation sera étendu à d’autres produits. Cette extension se fera dans la concertation. Elle se fera progressivement. Mais elle se fera. J’en prends l’engagement. Comme je prends l’engagement solennel que toutes les conclusions du Grenelle de l’environnement seront mises en œuvre parce qu’elles permettront à notre pays de prendre de l’avance dans la mutation inéluctable qu’imposera dans les années qui viennent à tous les pays du monde la prise de conscience du risque écologique et de l’épuisement du pétrole et des ressources non renouvelables.

Je crois à la croissance durable.
Ce que nous avons décidé de faire est très ambitieux. L’effort qui va être engagé en matière de fiscalité incitative, de règles nouvelles et d’investissement est gigantesque. C’est une véritable transformation de notre modèle économique et social et de notre cadre de vie qui va s’accomplir dans les années qui viennent.

La mise en œuvre du Grenelle de l’environnement c’est la multiplication par 4 de nos capacités de transports en commun en sites propres, la construction de 2000 kilomètres de lignes à grande vitesse supplémentaires, les autoroutes ferroviaires, les autoroutes maritimes, un milliard d’euros dans la recherche en matière de développement durable à l’horizon 2012, la rénovation de tout le parc des logements sociaux et des bâtiments publics pour les adapter aux exigences d’économie d’énergie.

Toutes ces dépenses nouvelles seront gagées sur les futures économies d’énergie et elles exerceront sur notre activité un formidable effet d’entraînement. Il ne s’agira pas cette fois¬ci de sacrifier l’avenir au présent, mais au contraire de mettre notre pays dans la meilleure situation possible pour affronter l’avenir.
Nous allons développer massivement les programmes de recherche dans les nouvelles sources d’énergie, les technologies propres, les nouveaux systèmes de transport comme la voiture électrique. Le remplacement de nos centrales nucléaires par les centrales de la nouvelle génération sera accéléré. Tout sera mis en œuvre pour que le programme des infrastructures de transport collectif soit effectivement engagé le plus rapidement possible. Je veux que soit mis à l’étude un grand plan de rénovation des infrastructures des transports collectifs dans les grandes villes où la situation est devenue souvent critique. L’Etat est prêt à y jouer son rôle à côté des collectivités locales, en prenant sa part dans le financement.

Dire la vérité aux Français, c’est leur dire que pour entrer dans l’économie de la connaissance qui sera l’économie du XXIe siècle. Nous ne pouvons plus attendre pour investir dans la formation, dans la recherche, dans l’innovation. Nous ne pouvons plus attendre pour accomplir la révolution numérique.

C’est la raison pour laquelle j’ai voulu que notre système de formation professionnelle soit entièrement repensé. Cette réforme de la formation professionnelle qui fait l’objet d’une négociation entre les partenaires sociaux, je veux qu’elle soit ambitieuse et surtout qu’elle soit rapidement mise en œuvre. Le diagnostic est connu de tous. Je veux que des décisions soient prises avant la fin de l’année.

C’est la raison pour laquelle j’ai voulu que nos universités soient autonomes et qu’une partie du capital d’EDF a été vendue pour financer la rénovation de nos campus. C’est également la raison pour laquelle nous allons donner aux universités la propriété intellectuelle de leurs découvertes et leur donner les moyens de les valoriser.

C’est la raison pour laquelle le crédit d’impôt recherche a été porté à 30%, notre appareil de recherche va être réformé et une stratégie nationale de recherche va être définie.

Les priorités budgétaires traduisent cet engagement vis¬à¬vis de l’enseignement et de la recherche : plus un milliard par an pour l’enseignement et plus de 800 millions par an pour la recherche.

Tous ces défis sont immenses. Mais notre pays peut les relever. J’ai confiance dans les Français. J’ai confiance dans les atouts de la France. J’ai la certitude que nos réformes en porteront leurs fruits. J’ai la certitude que par notre travail, nous saurons faire notre place dans le monde du XXIème siècle. J’ai confiance dans notre capacité à refonder le capitalisme.

Jamais depuis 1958 autant de changements n’ont été accomplis en si peu de temps. Quand la situation économique mondiale redeviendra meilleure nous en verrons tous les fruits sur l’équilibre de nos finances, sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat et sur le bien¬être de chacun.

Je suis déterminé à poursuivre la modernisation de notre économie et de notre société quelles que soient les difficultés parce que nous n’avons plus le choix parce que nous ne pouvons pas attendre.

Alors que les vieilles idées et les vieilles structures sont balayées, nous devons être imaginatifs et audacieux.

Nous avons le choix de subir ce changement ou d’en prendre la tête. Mon choix est fait.

Françaises, Français, au milieu des difficultés nous devons précéder la marche du monde et non la suivre.
Vive la République ! Vive la France !

Nicolas Sarkozy, Toulon le 25 septembre 2008

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 21:44

Cela fait quatre années que Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République française. L'UMP met en ligne un bilan de ces quatre années qu'il est possible de se procurer sur le site de l'UMP. Ce document est un élément intéressant d'information politique, quel que soit les opinions positives ou négatives qu'on puisse avoir de ce bilan.

 

Cliquer pour télécharger le bilan des 4 ans de Nicolas Sarkozy (fichier .pdf) :

http://statique.lemouvementpopulaire.fr/DIVERS/mag_53_supplement_bilan.pdf

 

SR

 

 

 

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 19:57

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Communiqué officiel de Nicolas Sarkozy sur la mort d'Oussama Ben Laden

Mort d’Oussama Ben Laden

02 mai 2011


L'annonce par le Président OBAMA de la mort d'Oussama Ben Laden à la suite d'une remarquable opération de commando américaine au Pakistan, est un événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme. La France salue la ténacité des États-Unis qui le recherchaient depuis 10 ans.

Principal responsable des attentats du 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden était le promoteur d'une idéologie de haine et le chef d'une organisation terroriste qui a fait des milliers de victimes dans le monde entier, notamment dans les pays musulmans.

Pour ces victimes, justice est faite. Ce matin, la France pense à elles et à leurs familles.

Le fléau du terrorisme subit un échec historique, mais ce n'est pas la fin d'Al-Qaïda. Le combat contre les criminels qui s'en réclament doit se poursuivre sans relâche et rassembler tous les Etats qui sont victimes de ces crimes.


Nicolas Sarkozy, Président de la République française.

 

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 03:57

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Le budget 2010 de l'Élysée s'est élevé à 112 533 700 €

 

Le budget de la Présidence de la République Le budget de la Présidence de la République
|
Retrouvez en vidéo les explications de M. Christian Frémont, directeur de cabinet du Président de la République sur :
- le budget de l'Elysée
- le budget des déplacements présidentiels


Comment est établi le budget de l'Elysée ?

Jusqu'en 2007, les dépenses de l'Elysée étaient éclatées entre les différents ministères, qui prenaient à leur charge une partie des dépenses de la Présidence : le Ministère des Affaires étrangères payait les frais des voyages à l'étranger, le Ministère de l'Intérieur couvrait les dépenses de sécurité du Président et les voyages (hors diplomatie) et le Ministère de la Défense les charges de transport par avion militaire. De la même manière, les fonctionnaires mis à disposition de la Présidence continuaient à être payés par leur ministère d'origine. Jusqu'en 2007, le budget affiché de l'Elysée ne représentait en fait qu'une partie des dépenses engagées par la Présidence.

En 2008, à la demande du Président Nicolas Sarkozy, le budget de la Présidence a été «consolidé», c'est-à-dire que toutes les dépenses des ministères concernés ont été intégrées au budget global de la Présidence. Le budget de l'Elysée regroupe donc maintenant l'ensemble des crédits publics qui concourent à l'action du Président, de ses collaborateurs et des services de la Présidence.
Il respecte donc les règles de transparence des comptes publics attendues par le Parlement et les Français.

Quel est le montant du budget de la Présidence ?


Pour l'année 2010, la dotation votée par le Parlement s'élève à 112 533 700 € ce qui représente une augmentation de 0,18 % par rapport au budget 2009.

Ce dernier n'avait lui-même augmenté que de 2,10 % par rapport au budget 2008.
Avec un montant de 112 533 700 €, le budget de la Présidence pour 2010 représente 0,029 % du budget de l'Etat.

Qu'y a-t-il dans le budget de la Présidence ?

Comme dans toute administration, les frais de personnel constituent le principal poste de dépenses de la Présidence de la République. Ils représentent 58 % de l'ensemble des dépenses. Il faut noter cependant qu'en 2009 la masse salariale a diminué de 3,75 % par rapport à 2008, les effectifs étant passés, du 31 décembre 2008 au 31 décembre 2009, de 1032 à 943 agents soit une diminution de 8,5 %.

Nicolas Sarkozy avait en effet demandé que la Présidence soit soumise comme toutes les autres administrations à une réduction d'effectifs et même qu'elle donne l'exemple en la matière.

Les charges liées aux déplacements, internationaux et nationaux, représentent 19,25 % des dépenses. Ce poste comprend le remboursement au Ministère de la Défense des frais de transport à bord des avions militaires utilisés pour les voyages du Président. Les déplacements ont été multipliés par trois par rapport au mandat précédent en raison de l'activité intense déployée par le Président.

Les frais de fonctionnement des services constituent 18,6 % du total des charges; les principaux postes sont les charges de gestion courante, les dépenses de téléphonie, d'informatique et d'intendance.

Ces postes de dépenses font l'objet d'une étroite surveillance et d'une analyse permanente, avec le double souci de permettre au chef de l'Etat d'accomplir sa mission dans les meilleures conditions et de réduire les coûts. Les services de l'Elysée ont aujourd'hui, l'obligation de mettre systématiquement en concurrence les fournisseurs. Enfin, un contrôle de gestion adapté à la Présidence a été mis en place.

Les dépenses personnelles du Président de la République ne sont pas comprises dans le budget de la Présidence. Elles sont entièrement à sa charge. La Cour des comptes a noté dans son rapport que cette séparation des dépenses publiques et des dépenses privées était strictement respectée.


Qui contrôle le budget de la Présidence ?

La Cour des Comptes : Conformément à son engagement sur la transparence du budget de l'Elysée, le Président de la République a décidé de soumettre les comptes de la Présidence au contrôle de la Cour des Comptes. C'est un fait historique sans précédent sous la République, puisque le dernier contrôle des opérations du chef de l'Etat par un organe indépendant remonte à la monarchie. Le 15 juillet 2009, Philippe SEGUIN Premier Président de la Cour des Comptes a publié le 1er rapport sur le contrôle des comptes de la Présidence de la République.

Le Parlement : Parallèlement, le budget de la Présidence est soumis à un examen attentif du Parlement, la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale et celle du Sénat adressant annuellement un questionnaire détaillé à la Présidence. Les personnes responsables du budget de la Présidence (le directeur de cabinet notamment) ont été auditées à plusieurs reprises par les membres de ces commissions.

Comme il s'y était engagé, le Président de la République a également remis au Parlement, l'été dernier, un rapport de gestion sur l'exercice 2008.

En résumé, la Présidence de la république présente aujourd'hui un budget sincère et transparent qui recouvre la totalité de ses dépenses. Ce budget est voté par le Parlement après qu'il ait obtenu toutes les informations qu'il souhaite. Ce budget est exécuté dans le strict respect des règles qui s'imposent à toutes les administrations de l'Etat notamment celles du code des marchés publics. Enfin les dépenses de la Présidence sont contrôlées chaque année par la Cour des Comptes, elles sont les seules à l'être ainsi de manière permanente.




 

 

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 22:47

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Discours du Président de la République au Puy-en-Velay

Le Puy-en-Velay (Haute-Loire) - Jeudi 3 mars 2011



Messieurs les Ministres,
Messieurs et mesdames les députés,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs,

En gravissant tout à l'heure les marches qui conduisent jusqu'au chœur de la Cathédrale du Puy-en-Velay, comme l'ont fait avant moi et cela depuis bientôt dix siècles des millions de personnes, j'ai été très ému et j'ai été, comme eux, saisi par la Majesté souriante de cet immense reliquaire de pierre venant à ma rencontre.

Il y a près de mille ans, des architectes inspirés qui ne disposaient pas d'autres moyens techniques que leur talent et que leur foi eurent l'idée folle de jeter dans le vide la nef de leur église pour l'affranchir des contraintes naturelles qui la bridaient et faire ainsi de ce chaos volcanique originel du mont Anis, le point d'appui d'un formidable viaduc spirituel lancé vers le Ciel. Je suis heureux d'être venu ici, j'en garderai, je vous prie de me croire, un souvenir très personnel.

J'ai visité la France dans tous ses territoires, et je dois dire que rien ne ressemble à celui que je viens de parcourir.

Il y avait bien là ici certainement et comme cela me l'a été si bien raconté, des traces plus anciennes de cultes oubliés mais ce geste architectural -- vous ne m'en voudrez pas de dire démesuré, démesuré en ce sens qu'il va au-delà de la mesure humaine, qu'il est inspiré - a achevé et transfiguré l'œuvre de la nature.

Ces paysages qui nous entourent font partie intégrante de l'identité de la France, cette idée exprimée avec tant d'intelligence par Fernand BRAUDEL, cet historien qui consacra une vie de réflexion, et ce n'est pas un hasard de l'esprit, à la France et à la Méditerranée.

Ces paysages du Velay incarnent la France au même titre que le Mont Saint-Michel, le Pont du Gard, la Cité de Carcassonne ou le Château de Versailles.

Personne ne peut parcourir notre pays sans rencontrer son Histoire. Une Histoire dense, riche, multiple, tragique parfois, sublime souvent.

Chartres, Amiens, Reims, Strasbourg, Paris, aucune de ces villes ne serait aujourd'hui ce qu'elle est aux yeux des Français et aux yeux du reste du monde sans ces cathédrales vers lesquelles convergent toujours fidèles et touristes.


Aucune de nos villes, même celles qui furent martyrisées par les deux guerres mondiales, ne seraient ce qu'elles sont sans les trésors qu'elles recèlent. Là c'est un hôtel particulier dessiné par BOFFRAND ou GABRIEL, ici un palais où l'on rend la justice depuis des siècles, ailleurs des musées qui abritent un patrimoine artistique d'une richesse foisonnante.

Aucune de nos campagnes ne serait-ce qu'elle est sans les châteaux que les rois et les princes ont semés sur leur route comme autant de témoignages de notre grandeur nationale.

Cet héritage, mes chers compatriotes, nous oblige. Cet héritage est une chance, mais c'est d'abord un devoir. Nous sommes obligés par cet héritage. Il nous oblige car non seulement nous devons le transmettre aux générations qui nous succèderont mais nous devons l'assumer, cet héritage, sans complexe et sans fausse pudeur.

Le premier devoir que cet héritage nous impose, c'est de le conserver et de le restaurer. C'est là une mission à laquelle l'État ne peut ni ne doit se dérober. La protection de notre patrimoine est un devoir politique car c'est lui, notre patrimoine architectural, artistique, qui inscrit notre pays dans le « temps long » d'une histoire multi séculaire.

Ne pas s'occuper du patrimoine, c'est trahir l'histoire d'un pays. Protéger notre patrimoine c'est protéger l'héritage de la France, c'est défendre les signes les plus tangibles de notre identité. Je rappelle souvent LEVI-STRAUSS : « l'identité n'est pas une pathologie », comme il y aurait à dire sur cette idée, et à tous ceux qui défendent, à juste titre, la diversité, je voudrais dire que sans identité, il n'y a pas de diversité, qu'à l'origine de la diversité, il y a les identités et que ce n'est pas faire preuve de fermeture que de croire en son identité pour mieux la faire partager avec les identités des autres. Mais si on ne croit pas à sa propre identité, comment peut-on partager avec celle des autres et comment même peut-on recevoir les identités des autres ? Il ne faut pas opposer identité et diversité. Il faut comprendre que pour qu'il y ait de la diversité, il faut qu'il y ait le respect de l'identité.

Donc protéger notre patrimoine, c'est protéger l'héritage de la France et c'est résister, mes chers compatriotes, à la dictature du présent, à la dictature de l'immédiat et oserais-je dire, à la dictature de l'interchangeable où tout se vaut, où rien ne se mérite plus, où tout à la même valeur. Je regrette sincèrement que cette profondeur de notre histoire et de notre culture ait été trop souvent abandonnée sur l'autel de l'immédiateté, de la facilité et de la pensée unique.

Ainsi je tiens à rappeler ici devant vous que conformément à mes engagements et alors que la crise économique la plus grave depuis la guerre nous frappait de plein fouet, le budget de restauration des monuments historiques a atteint en 2008 le montant historique de 380 millions d'Euros, et de 400 millions l'année dernière. Je ne ramène pas tout à des considérations financières, mais enfin s'il n'y avait qu'un discours sans finances, je craindrais qu'il ne suscitât parmi vous quelque ironie.

Conscient du rôle culturel mais aussi économique d'un patrimoine unique au monde, le Plan de Relance qu'a adopté le gouvernement a permis la réouverture de chantiers de restauration qui avaient été abandonnés, laissant les plus beaux fleurons de notre patrimoine architectural se détériorer inexorablement. Mais quand on laisse se détériorer notre patrimoine, c'est notre identité que nous détériorons en profondeur.

C'est ainsi qu'entre 2009 et 2010, 47 des 86 cathédrales appartenant à l'État ont bénéficié d'une opération de restauration. Dès cette année d'autres chantiers majeurs seront ouverts, comme celui de l'abbaye de Clairvaux, autre lieu exceptionnel et témoignage vivant de l'apport de la Chrétienté à notre civilisation. En disant cela je ne fais simplement que rappeler une évidence : l'apport de la chrétienté à notre civilisation. Dans un tout autre genre le familistère de Guise, rare exemple de ces utopies sociales qui ont passionné le XIXe siècle va faire l'objet d'importants travaux.

Le Puy-en-Velay a bien sûr profité de ces nouveaux crédits même si l'essentiel de la Cathédrale avait déjà fait l'objet d'une importante campagne de travaux entreprise dès 1992. Cette restauration magistrale a mobilisé les talents multiples de nos architectes et de nos artisans d'art et nécessité près de 8 millions d'euros.

La restauration intérieure de la salle basse ainsi que la salle des États sera achevée dans quelques mois. L'une pourra accueillir des manifestations culturelles en lien avec le Sanctuaire, l'autre abritera dès le printemps la plus belle collection d'habits sacerdotaux et liturgiques de France. La collection FRUMAN patiemment et passionnément constituée par un couple de collectionneurs avisés, sera enfin présentée au public grâce à une généreuse opération de mécénat mais c'est l'État qui a pris en charge la restauration des lieux pendant que le Centre des Monuments Nationaux en assurait, cher Frédéric MITTERRAND, la muséographie.

Cette opération est exemplaire à beaucoup d'égards, et je tiens à dire la gratitude de la Nation à tous ses partenaires : collectionneurs, mécènes, conservateurs, collectivités territoriales, Monsieur le président et Mesdames et Messieurs les maires, responsables de nos grandes institutions culturelles... La conjugaison de leurs efforts permet d'enrichir sans cesse ce maillage culturel, qui contribue de façon décisive au rayonnement de notre pays.

Avoir soin de notre patrimoine c'est au fond l'une des clefs de voûte du « vivre-ensemble » des Français. Les pères de notre République, notamment Renan, n'ont jamais perdu de vue, eux, ce principe : parmi les éléments essentiels qui composent l'âme d'une Nation figurent, non seulement le désir de vivre ensemble, dont on parle à juste titre si souvent, mais aussi « la volonté de continuer à faire valoir l'héritage que l'on a reçu indivis » : les deux, on ne part pas de rien. Aussi brillante soit une génération, elle va quelque part et elle vient de quelque part.

Si cet « héritage indivis » - je reprends les mots de Renan - nous assigne pour mission de conserver et de transmettre notre patrimoine, il nous demande aussi de l'assumer, ce patrimoine, de l'assumer intellectuellement, de l'assumer moralement et de l'assumer politiquement. Il n'y a aucune raison pour que nous soyons les seuls dans le monde à ne pas assumer notre patrimoine moral, politique, artistique, culturel.

Assumer notre héritage c'est tout simplement reconnaître ce que l'on est, savoir d'où l'on vient. Assumer cet héritage n'oblige personne à partager la foi des bâtisseurs de Notre Dame du Puy, n'oblige personne à partager la foi des milliers de pèlerins qui viennent chaque année jusqu'ici.

Personne n'est prisonnier de la vie et des choix de ses parents ou de ses aïeux ni même prisonnier de l'Histoire de son pays, mais je veux dire qu'il est toujours dangereux d'amputer sa mémoire. Pour un individu comme pour un peuple, une société, mes chers compatriotes l'ignorance de soi conduit rarement à l'estime de soi. Et cela vaut pour nous et cela vaut bien sûr pour ce que nous transmettons aux plus jeunes. Si on renonce à transmettre, si la seule ambition serait de ne rien transmettre, ne soyons pas étonnés du résultat. Si on a l'ambition de transmettre beaucoup, on aura que des bonnes surprises au résultat.

Et c'est bien dans cet esprit que j'ai voulu avec le ministre de la Culture la création d'une Maison de l'Histoire de France. L'appropriation intime de leur passé et de leur Histoire par les Français est l'objet même de notre projet dont j'ai confié l'élaboration à Jean-François HEBERT qui sera assisté, pour cela, d'un conseil scientifique pluraliste et indépendant présidé par un historien éminent -- le professeur Jean-Pierre RIOUX. J'ai vu les polémiques, j'aurais du mal à ne pas voir les polémiques. D'ailleurs, pourrions-nous vivre sans polémique ? Parfois, on voit la polémique, on ne voit pas la raison de la polémique.


Donc, ce projet de Maison de l'Histoire de France auquel je crois beaucoup se traduira concrètement, dès cette année, par l'ouverture au public des vastes jardins des hôtels de Rohan et Soubise, au cœur de Paris, et par une série d'événements de préfiguration, notamment autour du thème des origines de la France.

Je suis sûr que la révélation de ces jardins, aujourd'hui cachés, et la possibilité ainsi donnée aux Français de se replacer dans une chronologie, dans une continuité, dans le « temps long », rencontreront une curiosité et un succès qui auront vite raison des polémiques.

Mais souvenez-vous des manœuvres qui ont entravé pendant plusieurs années la construction du musée du Quai Branly ! Elles paraissent bien dérisoires aujourd'hui, au regard de son immense succès populaire. Pour que les Français, avant même l'ouverture de cette Maison, prennent conscience de ce qu'elle pourra leur apporter, nous avons décidé de faire exposer dans un lieu aussi emblématique que le Grand Palais une sélection des plus beaux plans-reliefs de Vauban qui dorment aujourd'hui dans des caisses aux Invalides. Cette exposition s'ouvrira en février de l'année prochaine. Je veux ainsi inviter les Français à venir découvrir le visage de leur pays et de leurs villes au XVIIème siècle. C'est à de telles découvertes que la Maison de l'Histoire de France devra contribuer.

C'est encore dans le même esprit que j'ai veillé à la réalisation du nouveau centre des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. Ce projet de plus de 120 M€ ouvrira fin 2012, comme prévu dès l'origine. Il s'agira d'un moment historique pour la restitution de la mémoire de l'État et de la Nation aux chercheurs mais également à tous les citoyens qu'ils soient généalogistes, historiens amateurs ou simples curieux. Car les Archives nationales, ce sont bien sûr les « papiers de l'État » mais ce sont les papiers de tous les Français : depuis leur état-civil, figurez-vous, le plus ancien du monde, jusqu'à leurs papiers de famille précieusement conservés, depuis le XVe siècle, dans les minutes des notaires.

Les peuples sont comme les Hommes : qu'ils occultent leur passé, qu'ils nient tout ou partie de leur identité et ils courent le risque de voir un jour ressurgir ce qu'ils ont refoulé mais sous une forme inquiétante.

La chrétienté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation et de culture : les présidents d'une République laïque. Je peux dire cela, parce que c'est la vérité. Je ne fais pas de prosélytisme, je regarde simplement l'Histoire de notre pays. Une fois dit cela, je veux dire que la France a puisé à d'autres sources : il y a quelques semaines, j'ai reconnu et salué les racines juives de la France. Grégoire de Tours, le plus ancien de nos historiens, qui dans les mêmes pages de son Histoire des Francs, parle pour la première fois non seulement du sanctuaire du Puy-en-Velay mais de la synagogue de Clermont ! C'était en Auvergne déjà et Grégoire de Tours écrivait il y a près de 15 siècles ! C'est la France. La France que nous aimons, la France dont nous sommes fiers, la France qui a des racines.

La France a toujours été à la confluence de plusieurs influences culturelles dont les traces sont clairement visibles, ici même au Puy-en-Velay.

Il est difficile de passer devant les antiques portes de cèdre de la Cathédrale et leurs inscriptions en langue soufique sans être impressionné et ému de cette rencontre entre la langue de l'Islam et l'architecture romane !

Il est difficile de rendre visite à la statue de la vierge qui, au cœur même de votre cathédrale, Monseigneur, est l'objet depuis des siècles de la plus grande dévotion, sans s'interroger comme je me suis permis de le faire, sur le symbole que représente justement une Vierge Noire. Je ne suis pas archéologue, je ne suis pas théologien, je n'ai pas l'intention de trancher - j'ai suffisamment de problèmes à gérer comme cela - un débat particulièrement savant mais, en voyant cette vierge noire, je me disais : « quelle force que cette vierge en majesté, dont la peau n'avait pas la même couleur que celle des fidèles qui venaient la vénérer au Moyen-âge ».

Il est difficile, encore, de lire les inscriptions romaines intégrées à la paroi médiévale de la Cathédrale sans penser, comme le disait si justement l'historien Claude NICOLET, « nous sommes tous des citoyens romains ». Je ne crois pas à cela depuis que je suis marié avec Carla...C'est une remarque plus générale.

Il n'est évidemment pas question non plus de passer sous silence l'héritage politique et philosophique des Lumières qui sert de socle à notre édifice républicain. Même ici, au Puy-en-Velay où les statues, cher Laurent, de la Vierge et de Saint-Joseph dominent la ville, celle de Lafayette, enfant du pays, nous rappelle ce que nous devons, aussi, aux enfants du siècle des Lumières. Mais n'opposons pas les uns aux autres. Il y a un continuum. Il y a une addition qui fait l'identité si particulière de la France.

La France tire donc son génie de toutes les influences qui l'ont traversée et qui lui ont laissé, chacune, un peu de ce que l'on pourrait appeler leurs sédiments culturels. Et l'émotion, je dois dire c'est vrai, l'émotion, on a le droit d'être ému devant le beau. Même si le beau est relatif, il convient qu'il ne disparaisse pas du débat. On ne peut pas débattre que du petit, que du laid. On ne peut pas débattre que de ce qui abaisse. Peut-être peut-on aussi débattre de ce qui est laid ? Je veux dire que cette émotion que j'ai ressentie tout à l'heure quand j'ai franchi les portes du Baptistère Saint-Jean ressemblait à celle que j'ai ressentie à Lascaux au mois de septembre dernier. C'était, ici et là-bas, l'émotion que l'on ressent lorsque l'Histoire s'incarne dans un lieu et que tout d'un coup on sent qu'on est dans une tradition, qui a connu ses ruptures mais qui nous a faits, avec sa continuité et avec sa rupture.

Bien au-delà de la beauté architecturale de ce monument, j'ai été frappé par ce qui m'a été révélé des résultats de la dernière campagne de fouille archéologique. Il apparaît donc que les fondations de l'édifice et la cuve baptismale dateraient de la fin du Vème siècle. Ce baptistère serait donc l'exact contemporain du sacre de Clovis et donc de la naissance de la France. Ce n'est pas rien !

C'est donc bien un « Lieu de Mémoire » que votre lieu, au sens où Pierre NORA l'a défini, et je peux vous assurer que je veillerai personnellement, cher Laurent, je te le dois bien, à ce que le budget nécessaire à la restauration de ce monument insigne soit rapidement trouvé. En quelques mots, s'il manque... pour faire le total... je me sens obligé, avec le soutien vibrant du ministre de la Culture. On ne peut pas dire que c'est un lieu de mémoire ici et considérer qu'il ne mérite pas l'attention y compris financière, de l'Etat.

La République, mes chers compatriotes, est laïque.

Elle appartient donc à tous les citoyens sans distinction aucune comme leur appartiennent aussi l'histoire, l'héritage, le trésor patrimonial que les siècles lui ont légué.

Cet héritage, la République doit savoir la faire partager et apprécier. Nous devons donner à nos enfants les moyens de le comprendre et de le décrypter.

Le privilège de comprendre Georges de La Tour, d'admirer Picasso ou Matisse ne doit pas être un privilège réservé à quelques-uns. Nous ne pouvons pas accepter une forme de ségrégation culturelle, qui, si elle se produisait, tuerait la signification profonde des mots Nation et République. C'est la raison pour laquelle j'ai salué l'initiative inédite et imaginative du Centre Pompidou mobile. Un musée démontable, un musée nomade qui permettra de placer sur le parking d'une grande surface, à la sortie d'un lycée de banlieue, au cœur d'une zone d'activité des œuvres majeures de l'Art contemporain. L'initiative fera date car elle ouvre un dialogue entre le patrimoine de demain et le quotidien des Français.

La France ne doit pas oublier ce qu'elle fut et ce qu'elle est au prétexte que le monde change et qu'il se mondialise. C'est tout le contraire parce que le monde change, parce qu'il se mondialise. La France doit approfondir ses valeurs, qui sont d'ailleurs des valeurs universelles, et qui nous permettront d'affronter les changements du XXIe siècle.

Construire l'Europe de demain, c'est au fond continuer à suivre le chemin tracé il y a plus de mille ans par les premiers pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. N'étaient-ils pas les premiers Européens, ces pèlerins-là ?

Oui c'est ici, au Puy-en-Velay que pour la première fois dans notre Histoire, des femmes et des hommes sont venus de toute l'Europe. Ils ne parlaient pas la même langue mais ils partageaient la même foi ou, en tout cas, la même espérance pour faire référence à des idées qui me sont chères, car je crois qu'il est des pèlerins qui font le pèlerinage sans avoir la foi mais qui ont l'espérance. Ce serait un tout autre débat, mais c'est la première fois qu'ils ont marché ensemble, ces femmes et ces hommes qui ne parlaient pas la même langue, et dans la même direction, côte à côte. Ils ont suivi ensuite, ce chemin qui conduit à cet autre Finistère européen qu'est la Galice.

Que dire de cette rue des Tables que nous avons gravie ensemble tout à l'heure et qui porte ce nom car au Moyen-âge c'est là que les changeurs dressaient leurs tables pour convertir les différentes monnaies arrivant de toute l'Europe dans les bourses des pèlerins qui, pour faire route ensemble, devaient changer de monnaie et se mettre d'accord sur une valeur commune ? Il n'y avait pas l'euro, cher Jacques BARROT !

Ce n'est pas pour rien que le chemin de Saint-Jacques a été le premier itinéraire culturel classé par l'Europe. Mais au fond l'Europe savait bien ce qu'elle lui devait, à cet itinéraire de Saint-Jacques.

Ce matin on m'a offert un bâton de pèlerin, peut-être pour que je sois à mon tour le pèlerin de cette Europe qui puise si profondément ses racines dans l'histoire.

C'est en gardant vivant ce que nous avons hérité de savoir, de sagesse et de tradition que le tracé de nos chemins, les pierres de nos monuments, les formes de notre Art garderont pour nous une signification profonde.

Voyez, la tradition d'accueil et de protection du Velay à l'égard des plus faibles et des plus vulnérables. Cette tradition vient des antiques pèlerinages qui jetaient sur les routes des femmes et des hommes à bout de force démunis souvent, dépouillés de tout.

Ce fut la raison d'être de l'Hôtel Dieu que j'ai traversé et qui a été fondé dès le Haut Moyen Age pour l'accueil des premiers pèlerins. Ce fut la raison d'être de cet ancien Hôpital Général dans lequel nous sommes aujourd'hui, monsieur le Président. C'est ici, en Velay, qu'au XVIIe siècle, fut mis en place l'un des tous premiers réseaux de solidarité « l'œuvre du Bouillon » - les restos du cœur, l'œuvre du bouillon.

Bien des siècles plus tard, c'est à quelques kilomètres du Puy, au Chambon-sur-Lignon, que l'humanisme protestant s'est levé pour protéger des enfants juifs condamnés à l'holocauste par une idéologie démente.

Cette tradition d'aide et de réconfort fait partie de notre identité, ne s'est jamais démentie dans notre pays.

A tous ceux qui dans cette salle aujourd'hui mais partout en France, forgent au quotidien cette immense chaîne de solidarité, je veux dire aujourd'hui mon admiration, ma reconnaissance. Ils contribuent par leur engagement à l'image mais aussi à l'identité de la France.

J'étais venu ici devant vous pour dire que la France a un patrimoine qu'elle entend préserver.
J'étais venu vous dire que la France a un héritage qu'elle doit partager.
J'étais venu vous dire que la France a une identité dont elle doit être fière, mais ici, au Puy-en-Velay, peut-être un peu plus qu'ailleurs, il est évident que la France a aussi une âme.

Je vous remercie. |

Nicolas Sarkozy, Le Puy-en-Velay le 3 mars 2011


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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 18:51

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Texte de la lettre de démission de Michèle Alliot-Marie le 27 février 2011

 

Source : Le Point.

Le Point.fr - Publié le 27/02/2011 à 18:28 - Modifié le 27/02/2011 à 18:29


Voici la lettre de démission de Michèle Alliot-Marie de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, remise dimanche en début d'après-midi "en mains propres" au président Nicolas Sarkozy, selon l'entourage de l'ex-chef de la diplomatie française :

"Monsieur le président de la République, cher Nicolas (ajouté à la main),

Depuis neuf ans, je sers notre pays avec fierté et bonheur, à la tête des ministères régaliens que le président Jacques Chirac puis vous-même avez bien voulu me confier. C'est un honneur. C'est une responsabilité. Je me suis efforcée d'y répondre en veillant, dans mes fonctions comme dans mon comportement personnel, à toujours respecter les exigences, non seulement de la légalité, mais aussi de la dignité, de la moralité et de la loyauté.

Depuis quelques semaines, je suis la cible d'attaques politiques puis médiatiques véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. J'y ai répondu point par point afin de rétablir la vérité. Depuis quinze jours, c'est ma famille qui subit de la part de certains médias un véritable harcèlement dans sa vie privée, pour tenter d'y chercher de quoi m'affaiblir à défaut de l'avoir trouvé chez moi. Cette campagne n'entrave en rien mes relations avec mes partenaires internationaux ni ma capacité à remplir la mission que vous m'avez confiée, comme chacun a pu le constater récemment au Brésil ou hier encore dans le Golfe. Je ne puis néanmoins accepter que certains utilisent cette cabale pour essayer de faire croire à un affaiblissement de la politique internationale de la France.

J'ai trop de considération pour les hommes et les femmes du ministère des Affaires étrangères et européennes qui servent notre pays avec dévouement et compétence, pour accepter que leur action puisse être affectée par cette manipulation. J'ai une trop haute idée de la politique au service de la France pour accepter d'être utilisée comme prétexte à une telle opération. J'ai une trop grande loyauté et amitié à votre égard pour accepter que votre action internationale puisse, en quoi que ce soit, en souffrir.

Bien qu'ayant le sentiment de n'avoir commis aucun manquement, j'ai donc décidé de quitter mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et européennes. En conséquence, je vous demande donc de bien vouloir accepter ma démission.

Je vous prie de croire, Monsieur le président de la République, à l'assurance de ma haute considération. Avec ma fidèle amitié" (ajouté à la main).

Michèle Alliot-Marie"

 

 

 

 

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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 20:04

Après avoir rencontré samedi 26 février 2011 à Versailles le Premier Ministre François Fillon, le Président de la République Nicolas Sarkozy prononcera une allocution télévisée le dimanche 27 février 2011 à 20:00 sur la situation internationale.

 

Il évoquera les révolutions arabes et sans doute la probable démission de Michèle Alliot-Marie.

 

SR

 

 

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 23:29

Manœuvre politicienne ou inquiétude corporatiste ? Une tribune qui risque bien de déclencher des polémiques contreproductives.

yartiDiplo03Avec le renversement des deux piliers de la politique méditerranéenne de la France, Zine Ben Ali et Hosni Moubarak et les autres soulèvements ou révolutions en cours, que ce soit en Libye, au Yémen, au Bahreïn, en Algérie, en Jordanie, au Maroc, et même en Iran, la politique étrangère française est sans aucun doute très secouée et devra être redéfinie clairement et si possible rapidement.

Elle est assurément plus déstabilisée que dans d’autres pays, notamment aux États-Unis de Barack Obama qui ont montré, avec la révolution égyptienne, une retenue et une prudence très efficaces.

Par ailleurs, les affaires politico-vacancières de la représentante de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, qu’elle ait commis des actes répréhensibles ou pas, polluent quotidiennement le message que la France veut délivrer dans cette période très incertaine.


Une mystérieuse officine

Dans le journal "Le Monde" daté du 23 février 2011 est publiée une tribune sous le nom de "Marly", un collectif de diplomates en activité ou à la retraite qui s’est réuni plusieurs fois pour évoquer la politique extérieure de la France.

L’objectif de la tribune est de dénoncer « certains choix du chef de l’État » en livrant « son analyse critique de la politique extérieure de la France sous Nicolas Sarkozy ».

Hélas, si le papier commence par ces mots : « La manœuvre ne trompe plus personne », j’ai l’impression que la phrase risque plutôt de se retourner contre ces soi-disant diplomates. J’écris "soi-disant" puisque rien ne prouve que ce collectif réunit réellement des diplomates, il faut juste les croire sur parole.

Et c’est là que cela cloche. Quel est le but d’une telle initiative ? Essayer d’influer sur la politique extérieure, l’améliorer, la rendre plus efficace ? Ou faire de l’antisarkozysme primaire ?

Pourtant, la politique extérieure de la France est critiquable sur bien des points, c’est certain, et sans doute sur une absence de vision claire, celle qui a permis à De Gaulle par exemple, mais pas seulement, de donner à la France une voix forte et écoutée au sein de la communauté internationale.

Ainsi, sur le principe de faire une analyse critique, on ne peut rien reprocher, au contraire, c’est un droit dans une démocratie, mais sur la méthode de ce mystérieux commando "Marly", il y a beaucoup à redire.


Représentativité d’une lettre …anonyme

La première critique que je formulerai, c’est que le texte ne cesse de mettre en exergue "les diplomates" : « Les diplomates français n’ont qu’un souhait… », « Les diplomates appellent de leurs vœux une telle réflexion… » etc. alors qu’ils ne représentent rien, ils n’ont même pas le courage de signer leur texte et on ne sait ni le nombre, ni la réelle diversité (ils revendiquent une diversité de génération et d’opinion politique), ni même si ce sont bien des diplomates. Ce qui est bien avec les tracts anonymes, c’est qu’on peut tout dire, et n’importe quoi. La lâcheté du verbe ?

Si je m’en tiens à ce que dit le texte, c’est pour le moins maladroit sinon de la désinformation de se présenter comme "les diplomates français", même pas "des" diplomates, ou "certains" diplomates. J’imagine que ce n’est pas un syndicat, ni des représentants du personnel ni rien de tel. Au nom de quoi se sentent-ils investis de parler pour tout leur corps ?


Corporatisme ?

La démarche se voudrait apolitique mais fleure bon, comme je l’ai écrit au début, l’antisarkozysme primaire. Pourquoi pas ? mais dans ce cas, la crédibilité en devient quasi-nulle. Pour preuve, dans une même phrase, le texte parvient à "casser" à la fois Claude Guéant, Henri yartiDiplo01Guaino et Michèle Alliot-Marie : « Nous sommes à l’heure où les préfets se piquent de diplomatie, où les "plumes" conçoivent de grands desseins, où les réseaux représentant des intérêts privés et les visiteurs du soir sont omniprésents et écoutés. ».

La critique contre les "préfets" et contre les "plumes" est assez intéressante d’autant plus qu’elle n’est pas nouvelle : de tout temps la diplomatie française a accueilli en son sein de nombreux écrivains, que ce soit Chateaubriand (pour le plus illustre d’entre eux) que des personnages plus récents comme Pierre-Jean Rémy (académicien récemment disparu) ou Éric Rouleau (Alain Peyrefitte ayant été un peu les deux).

Mais surtout, elle révèle avant tout une préoccupation corporatiste qui a peu à voir avec l’intérêt national même si elle est respectable. Par exemple, le collectif conteste l’organisation de la Conférence de Copenhague sur le changement climatique par le Ministère de l’Écologie de Jean-Louis Borloo plutôt que par le Quai d’Orsay, ce qui était pourtant, au contraire, bienvenu (là, on parle de "marquage de territoire" ou de "chasse gardée", cela fait un peu "cour de récréation").


Quelques simplifications et légèretés

Il y a encore beaucoup de contradictions, d’inexactitudes ou de mauvaise foi dans cette tribune et je vais essayer d’en prendre quelques autres exemples.

Ainsi, le collectif parle de « notre retour à l’OTAN » alors que tout le monde sait que la France n’est jamais sortie de l’OTAN mais avait seulement quitté son commandement intégré (qui a donc dû déménager de Paris à Bruxelles) et que l’engagement des troupes françaises notamment en Afghanistan méritait que la France puisse au moins prendre part aux décisions opérationnelles qui concernent ses propres hommes.

Tout comme parler de "ralliement" : « aujourd’hui, ralliés aux États-Unis » alors que nous avons toujours été les alliés des États-Unis, heureusement d’ailleurs, car sans eux, la Seconde guerre mondiale aurait eu un cours très différent, et cette alliance a été d’ailleurs largement célébrée par les rencontres entre François Mitterrand et Ronald Reagan dans les années 1980.

C’est également faire preuve de peu de responsabilité de peindre un tableau trop noir pour être crédible (l’excessif est insignifiant, m’avait-on appris dans mes humanités) d’autant plus quand ils en viennent même jusqu’à regretter qu’il n’y ait pas de "WikiLeaks à la française" pour tracer le travail des diplomates français.

Mauvaise foi de parler d’impulsivité pour le projet ambitieux de l’Union pour la Méditerranée, alors que cette idée était déjà dans les cent dix propositions du candidat François Mitterrand au printemps 1981, il y a trente ans ! La treizième exactement (« création d’un Conseil des peuples méditerranéens »).

Enfin, aucune solution n’est apportée, aucune thérapie après un diagnostic pourtant très sévère, si ce n’est des lieux communs très consensuels : « Ils souhaitent aussi que notre diplomatie puisse à nouveau s’appuyer sur certaines valeurs (solidarité, démocratie, respect des cultures). ».


C’est celui qui dit qui est ?

Manque de rigueur, donc, simplification à outrance, mauvaise foi, irresponsabilité, préoccupations médiatiques, manque de discrétion (par ce texte public)… c’est pourtant ce que ces diplomates reprochent au Président Nicolas Sarkozy et qu’ils appliquent eux-mêmes dans leur initiative. Ils ont beau lâcher un argument d’autorité en citant une ancienne tribune dans le même journal de deux anciens Ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé (actuel Ministre de la Défense) et Hubert Védrine (qui s’inquiétaient de la réduction des budgets), l’opération de ce jour ne trompe pas beaucoup de lecteurs.

Car s’ils voulaient être vraiment efficaces, est-ce qu’un papier publié dans l’un des grands quotidiens nationaux aurait l’impact souhaité ? une démarche plus discrète auprès de ceux qui décident n’aurait-elle pas eu plus d’influence que de braquer ainsi directement et publiquement les responsables de la politique extérieure de la France ?


Prendre date, comme assurance contreprésidentielle ?

Mais le but serait peut-être bien différent. La peur pourrait aussi avoir motivé cette tribune. Peur que leur corps de la haute administration soit stigmatisé après le ciblage présidentiel contre les juges et la police dans la tragique disparition de Laetitia Perrais ?

En écrivant très explicitement : « Cette perte d’influence n’est pas imputable aux diplomates mais aux options choisies par les politiques », ils cherchent à se dédouaner, mais dans un autre sens, il est somme toute normal que ce soit le politique, démocratiquement élu, qui ait le dernier mot.

Et comme au Quai d’Orsay, le changement est une valeur complètement inconnue voire incongrue, la moindre évolution internationale provoque souvent de réelles incompréhensions (on peut se rappeler la réunification allemande et la guerre civile en Yougoslavie), il me paraît bien nécessaire que ce soit au pouvoir politique d’impulser les indispensables inflexions d’une diplomatie très conservatrice.

C’est peut-être ce que ce mystérieux groupe "Marly" voudrait éviter, qui sait ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 février 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

Tribune du collectif Marly dans "Le Monde" du 23 février 2011.
Ben Ali.

Moubarak.


yartiDiplo02


 

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/apres-les-juges-les-diplomates-89345

 

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-258

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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