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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 09:38

Le Président de la République s’était invité sur TF1 hier soir. Réflexions sur son intervention télévisée.


yartiSarkozy2011B01Atmosphère étrange durant cette soirée du jeudi 10 février 2011 : alors que le Président de la République française Nicolas Sarkozy s’adressait aux Français pour les rassurer de la situation de leur pays, son homologue égyptien Hosni Moubarak prononçait une allocution très attendue au peuple égyptien dont trois millions de personnes étaient réunies sur la place Tahrir au Caire.

S’il a annoncé une réforme constitutionnelle et qu’il a "acté" le pouvoir de la rue, et s’il a effectivement transféré tous ses pouvoirs à son Vice-Président Omar Souleimane, Hosni Moubarak a cependant beaucoup déçu (même la CIA) car il a affirmé qu’il ne démissionnerait pas et qu’il irait jusqu’au bout de son mandat en septembre 2011. Sans doute pour refuser toute pression extérieure, notamment celle du Président américain Barack Obama qui craint l’embrasement (la foule a conspué de nouveau les autorités égyptiennes et le mouvement semble irréversible, malgré la légère incertitude du début de la semaine).

Mais revenons à Nicolas Sarkozy.


Réformer jusqu’au bout : en faveur de la dépendance

Lui aussi ira jusqu’au bout de son mandat. Quand j’écris cela, ce n’est pas pour dire que sa démission, pourtant si souvent réclamée par des opposants en mal de programme, était dans les possibilités de 2011, mais surtout pour rappeler que Nicolas Sarkozy veut continuer à "réformer" jusqu’au bout.

Je ne peux que saluer sa détermination, déjà affichée depuis l’été dernier, à vouloir instituer un cinquième socle de la sécurité sociale, après la santé, les retraites, la famille et les accidents du travail, en cherchant à financer l’un des risques majeurs pour notre fin de vie ou celle de nos proches : la dépendance.

Or, c’est une réforme qui, forcément, ne sera pas populaire, puisqu’elle consiste essentiellement à trouver un financement. Toutes les idées sont pour l’instant mises sur la table : augmentation de la CSG, assurances privées, "confiscation" d’une partie du patrimoine qui sera dans la succession, jour de travail dédié (comme le lundi de Pentecôte de Jean-Pierre Raffarin), etc.

Évidemment, il y aura des mécontents, mais ce sera vraiment un pas décisif et historique de s’occuper de la dépendance sans attendre l’élection présidentielle de 2012 (je rappelle comment le dossier des retraites a été laissé de côté par le Premier Ministre Lionel Jospin en 2000 en raison de l’élection présidentielle de 2002).

Neuf cent mille personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui, et la situation est catastrophique pour les "aidants", les personnes proches, conjoints ou enfants généralement, qui se consacrent jour et nuit à ces malades, au point de s’effondrer elles-mêmes. En effet, 70% des aidants meurent avant les malades. La fatigue physique et surtout psychologique est telle que l’épuisement est rapide.

Mais il y a en fait bien plus que neuf cent mille personnes malades et dépendantes. D’autres malades neurologiques rendent également la situation des aidants insupportable et nécessitent aussi la mise en place de nombreux hébergements médicalisés temporaires afin de leur permettre de faire de temps en temps une "pause" pour se regénérer, comme l’a très bien expliqué l’un des participants à l’émission, nonagénaire.


Émission "peuple"

Disons-le très nettement, je n’apprécie pas du tout ce genre d’émission pseudo-démocratique apparu lors de la campagne présidentielle de 2007 et qui plonge le débat politique dans une démagogie à peine assumée.

En se faisant interroger par des non-professionnels de la politique (autrement dit, par des non-journalistes), Nicolas Sarkozy pouvait faire dans la facilité oratoire. Pourtant, tous les intervenants avaient du mérite, étaient assez incisifs et directs tout en restant polis, et ne laissaient pas leurs questions sans réponse, mais leur amateurisme médiatique laissait le champ libre à la personne qui était interrogée et qui en avait l’habitude.

Nicolas Sarkozy écoutait sans doute ces Français, mais leur apportait des réponses qu’il avaient été déjà préparées, même quand les questions étaient sans rapport. Un jeu classique mais toujours dommageable pour la vie démocratique.


Même discours économique

Ainsi a-t-il reparlé des 35 heures comme cause principale d’écart de compétitivité avec l’Allemagne (ce qui n’a pas été convaincant) et également d’héritage à plusieurs reprises. Héritage des mandats de Jacques Chirac ? héritage du gouvernement de Lionel Jospin ? héritage des septennats de François Mitterrand ? On ne le saura pas.

Il a évoqué également les cinq milliards d’euros d’allégement aux entreprises avec la suppression de la taxe professionnelle, en prenant toutefois un exemple qui ne m’a pas convaincu : selon lui, les constructeurs automobiles payaient avant la suppression deux cent cinquante euros de taxe professionnelle par véhicule. Mais rapportés aux dix mille euros minimum du prix d’une automobile neuve, cela ne correspond pas à une proportion démentielle (seulement 2,5% ou moins) alors que les marges commerciales sont parfois de 30% !


Il existe pourtant une vision cohérente

Pourtant, contrairement à une idée reçue, j’ai bien perçu une vision cohérente de la politique économique de Nicolas Sarkozy qui a compris que deux priorités devaient mobiliser l’effort national : la sécurité (est-ce si sûr ?) et le chômage (personne ne contredira), parallèlement à un désendettement massif de l’État.

En misant la dépense publique sur les universités et la recherche, en notant en passant que l’autonomie des universités, malgré les mécontentements initiaux, s’initie finalement bien, et sur les apprentis (cinq cents millions d’euros seront redistribués pour permettre aux jeunes de faire de l’apprentissage, gage de meilleure employabilité, et en leur donnant le même statut que les étudiants, avec en outre un système de bonus malus pour les entreprises qui accueillent ou pas les apprentis), il a compris que l’avenir industriel et économique devait passer par la formation, quelle qu’elle soit.


Profil bas

Sur l’affaire des vacances ministérielles, Nicolas Sarkozy a eu profil bas en disant qu’il n’y avait pas de faute, qu’aucun denier public n’avait été dépensé mais qu’il comprenait qu’aujourd’hui, ça choquait et que c’était donc « une erreur de notre part ». Le "notre" est intéressant à analyser puisque lui-même était en vacances au Maroc pour la fin de l’année 2010 et il avait surtout choqué la classe politique au début de son quinquennat en mai 2007 en prenant une "retraite" sur un yacht privé au large de Malte.


Beaucoup de sujets centraux passés à la trappe

Principe conceptuel de ce genre d’émission, plusieurs problèmes de moindre importance étaient également soumis au Président de la République. Je dis "de moindre importance" au regard d’autres enjeux cruciaux qui n’ont pas été abordés, et en particulier les enjeux européens, l’euro, et les enjeux internationaux (il préside le G20) à part un commentaire de café du commerce sur le discours d’Hosni Moubarak.

Nicolas Sarkozy a ainsi voulu rassurer sur la désertification des médecins dans les zones rurales et a annoncé qu’il avait prévu quatre cents bourses aux étudiants en médecine qui s’engageraient à exercer dans des départements qui manquent de médecins. Mais lui-même a reconnu que seulement deux cent cinquante bourses ont été distribuées, si bien que cela signifie que la mesure n’est pas suffisante. Il propose également de rémunérer en partie les médecins (libéraux) qui s’installeraient en zone rurale comme étant une mission de service public. Pourquoi pas.


Rien de très nouveau

Globalement, l’émission a été beaucoup trop longue, trop touche-à-tout et avait pour but de désamorcer un climat politique qui s’est beaucoup dégradé à cause de deux polémiques, celle qui stigmatisait les juges (en pleine grève d’audience, fait sans précédent) et celle des vacances ministérielles.

Sur le principal sujet, qui est le chômage, je trouve qu’il n’a pas beaucoup convaincu. Il a bien compris qu’il fallait réindustrialiser la France mais il n’a pas donné une seule piste sur le comment. Car ce n’est pas un problème de coût du travail ou de taxation. C’est aussi un problème de stratégie d’entreprise, d’innovation.

Or, le problème n’est pas la recherche qui est excellente en France. Le problème, c’est l’incapacité française à transformer des résultats scientifiques de grande excellence en projets industriels rentables. Chose que savent très bien faire les Américains, par exemple. Je n’ai ainsi rien entendu sur le financement de l’internationalisation des brevets, ni sur le besoin en capitaux propres des entreprises qui innovent.

Le point très positif de cette intervention présidentielle est la détermination, déjà connue mais réaffirmée, de mettre en place l’assurance dépendance, une réforme urgente et essentielle qui sera, à mon sens, l’œuvre majeure du quinquennat. 20% seulement des ménages sont capables aujourd’hui de financer l’hébergement médicalisé d’un parent dépendant. La solidarité nationale doit donc entièrement s’impliquer.

Les partis d’opposition auront évidemment beau jeu de critiquer la légèreté des propose présidentiels. J’attends toujours avec impatience leur programme pour sortir la France de la crise et du chômage massif.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 février 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

Nicolas Sarkozy, Président avant tout.
Nicolas Sarkozy s’occupe de la santé de Jacques Chirac.

Valoriser le potentiel national.

Un rapport sur la dépendance.






 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/sur-tf1-nicolas-sarkozy-ira-jusqu-88689

 

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-249

 

 

 

 

 

 

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 20:20

(verbatim)

 


Voeux de M. le Président de la République


Vendredi 31 décembre 2010


Mes chers compatriotes,

L'année 2010 s'achève. Je sais qu'elle fut rude pour beaucoup d'entre vous. La crise économique et financière, commencée il y a 3 ans, a continué à faire sentir ses effets et nombreux furent ceux qui ont perdu leur emploi ce qui n'a fait qu'exacerber le sentiment d'injustice ressenti par des salariés qui n'étaient en rien responsables de la crise.

Pourtant grâce au travail des Français, à leur courage, à leur capacité d'adaptation, à la force de notre économie, aux avantages de notre modèle social, la récession fut moins sévère et d'une durée plus courte que ce que connurent nombre de nos partenaires.

Et l'année 2011 s'annonce comme porteuse d'espérance. La croissance revient. Les grandes réformes engagées commencent à porter leurs fruits. Nos universités enfin autonomes s'ouvrent et se modernisent comme jamais elles ne l'ont fait dans le passé. Nos chercheurs se sont vus dotés de moyens financiers considérables grâce au grand emprunt. Nos entreprises utilisent à plein le crédit d'impôt recherche pour innover. Plus de 5 millions de salariés ont effectué des heures supplémentaires entièrement défiscalisées, tant pour eux-mêmes que pour les entreprises qui les ont employés, ce qui a permis de soutenir le pouvoir d'achat malgré la crise. Notre système de retraite a été mis à l'abri de la faillite inéluctable qui le guettait si nous n'avions rien fait. Ce sont les pensions de nos aînés qui ont été sauvées et pour la première fois, la France a pu affronter une réforme capitale sans violence et sans blocage grâce au service minimum qui a bien fonctionné et à l'esprit de responsabilité des Français qui savaient bien que ce rendez-vous pour douloureux qu'il fut était inéluctable. Je veux rendre hommage à leur maturité et à leur intelligence collective.

L'Europe dans la tempête a su faire face certes pas assez complètement et souvent pas assez rapidement mais l'Europe a tenu et l'Europe nous a protégés.

Ne croyez pas, mes chers compatriotes ceux qui proposent que nous sortions de l'euro. L'isolement de la France serait une folie. La fin de l'euro serait la fin de l'Europe. Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60 ans de construction européenne qui ont apporté la paix et la fraternité sur notre continent. Je le dis avec d'autant plus de fermeté que j'ai toujours milité pour la préférence communautaire, et que je me suis toujours battu pour la protection de notre industrie, la réciprocité et la fin de la naïveté dans les discussions commerciales avec nos principaux partenaires. L'Europe est essentielle à notre avenir, à notre identité et à nos valeurs.

Ma conviction la plus intime pour 2011 est qu'il nous faut continuer inlassablement à renforcer nos atouts et à effacer nos points faibles en étant plus compétitifs, en formant mieux nos jeunes, en travaillant mieux, en réduisant nos dépenses publiques et nos déficits sous peine de voir notre indépendance gravement menacée. Regardons ce qui s'est passé en Europe. Les pays qui ont voulu vivre au-dessus de leurs moyens sans penser aux lendemains ont été lourdement sanctionnés. Mon premier devoir est de protéger la France de cette perspective. La France tiendra donc ses engagements en équilibrant ses comptes. Je ne transigerai pas sur cet objectif.

Je sais que 2012 sera un rendez-vous électoral de grande importance. Mais nous sommes en 2011, nous ne pouvons nous payer le luxe d'une année d'immobilisme pré-électoral alors que le monde avance à une vitesse stupéfiante. 2011 doit donc être une année utile pour les Français. La difficulté ne compte pas lorsque sont en jeu l'intérêt de la nation et le bien commun des Français.

Mon devoir est de privilégier en toutes circonstances l'intérêt général. Jusqu'à la dernière minute de mon mandat je n'aurai d'autre règle que celle-là. Nous allons donc continuer à réformer parce que c'est la seule façon de préserver notre modèle et notre identité, c'est la seule façon de protéger la France et les Français. Les protéger de la dépendance car chacun a le droit à sa dignité face aux souffrances du grand âge. Les protéger des délocalisations en harmonisant notre fiscalité avec nos voisins Allemands. Les protéger de la violence chaque jour plus brutale de la part de délinquants multi-réitérant en ouvrant nos tribunaux correctionnels aux jurés populaires. Ainsi c'est le peuple qui pourra donner son avis sur la sévérité de la réponse à apporter à des comportements qui provoquent l'exaspération du pays.

Avec le Premier Ministre François FILLON qui a toute ma confiance, avec le gouvernement, nous devons travailler sans relâche toute cette année au service d'une prospérité française retrouvée qui nous permettra de créer les emplois dont nous avons besoin. Je ferai mon devoir en écoutant, en dialoguant, mais lorsque le moment sera venu, en prenant les décisions qui s'imposent dans un esprit de vérité et de justice.

Je le ferai en respectant scrupuleusement nos principes républicains les plus chers. La laïcité et le refus du communautarisme. La loi portant interdiction de la burqa sera appliquée dans l'esprit comme dans la lettre. Le rappel à chacun qu'il ne peut exister de droit sans la contrepartie de devoirs. Ainsi l'école est obligatoire. L'absentéisme est inacceptable car il condamne à l'échec ceux qui s'y abandonnent. Le respect de la loi est intangible et on ne la bafoue pas. De même que le respect dû à la France par ceux que nous accueillons est une exigence. L'égalité des chances et la justice qui ne sont ni l'égalitarisme ni l'assistanat et qui doivent nous conduire à considérer la revalorisation du travail comme une priorité absolument intangible. La liberté enfin qui doit aller de pair avec le respect que chacun doit aux autres.

Tout au long de l'année, mes chers compatriotes, la France portera la lourde responsabilité de la double présidence du G 20 et du G 8. Elle défendra l'idée d'un monde plus régulé, moins brutal où l'interdépendance oblige chacun à davantage écouter l'autre. Elle défendra la France vigoureusement ses intérêts sans jamais renoncer à ses valeurs, quant au multilatéralisme, au respect des droits de l'Homme, au combat pour le développement et à l'impératif de la protection de notre planète.

Mes chers compatriotes, je veux vous adresser mes vœux, mes vœux de bonheur les plus sincères et les plus chaleureux pour cette année 2011.

J'ai une pensée particulière pour ceux qui sont dans la peine et le désarroi, spécialement nos otages pour qui nous continuerons à mobiliser toutes nos forces jusqu'au jour de leur libération, et pour nos soldats qui passent cette fin d'année loin de leur famille en risquant leur vie pour défendre nos valeurs et notre liberté.

Mes chers concitoyens,

Vive la République !

Et Vive la France !

Nicolas Sarkozy, 31 décembre 2010 à 20h00

 

 

 

 

 

 

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 06:55

(dépêche)

 

Les relations entre Nicolas Sarkozy et les Etats-Unis de 2005 à 2008 selon Wikileaks (retransmis par Le Monde)

 

 

A la Une > International

WikiLeaks : Nicolas Sarkozy, "l'Américain"
 | 30.11.10 | 22h32  •  Mis à jour le 01.12.10 | 09h32


MM. Bush et Sarkozy à Kennebunkport (Maine), le 11 août 2007.AP/Evan Vucci

L'homme fascine les Américains autant qu'il leur raconte être fasciné par l'Amérique. Il est le "président le plus pro-américain depuis la seconde guerre mondiale". Depuis longtemps, les diplomates de Washington ont suivi pas à pas, élogieux et enthousiastes, l'ascension de Nicolas Sarkozy "l'iconoclaste", dont ils adorent, selon un télégramme, "le libéralisme, l'atlantisme et le communautarisme".

Les câbles diplomatiques du département d'Etat obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde témoignent d'une longue fascination américaine pour le successeur de Jacques Chirac. Un homme que Washington connaît bien. On découvre dans ces mémos que Nicolas Sarkozy et ses conseillers fréquentent assidument l'ambassade américaine de Paris, ainsi que les dignitaires américains de passage en France.

Signe de cette proximité, Nicolas Sarkozy, qui n'avait certes pas fait mystère qu'il pensait à la présidentielle "pas seulement en se rasant" et qui ne masquait pas ses ambitions, annonce sa candidature aux Américains le 1er août 2005, soit seize mois avant qu'il ne l'annonce, le 29 novembre 2006, au peuple français. "Je vais être candidat en 2007", confirme M. Sarkozy à l'ambassadeur Craig Stapleton et au conseiller économique du président Bush, Allan Hubbard. Pour la France, c'est déjà à l'époque une évidence, mais encore non déclarée. Pour les Américains, cette confirmation avant l'heure est une marque de confiance.

L'"ADMIRATION POUR BUSH"

Nicolas Sarkozy fait, lors de ce rendez-vous, une véritable déclaration d'amour aux Américains. "Sarkozy a exprimé son admiration pour le président Bush, écrit l'ambassadeur. Sarkozy a dit que, comme le président [Bush], lui aussi mettait un point d'honneur à tenir sa parole et à affronter honnêtement les problèmes réels de son pays."

Le ministre de l'intérieur n'hésite pas à critiquer la position diplomatique française devant des officiels étrangers. "Sarkozy s'est lamenté de l'état troublé des relations entre les Etats-Unis et la France au cours des dernières années, écrit le diplomate. Affirmant que c'est quelque chose que lui 'ne ferait jamais', il a évoqué l'utilisation, par Chirac et Villepin, du veto de la France au Conseil de sécurité [de l'ONU] contre les Etats-Unis en février 2002 [sur l'invasion de l'Irak] comme étant une réaction injustifiable et excessive."

Ajoutant qu'il aurait "conseillé aux Etats-Unis de ne pas se lancer dans l'invasion et l'occupation de l'Irak", il déclare, selon l'ambassadeur, que cela ne l'empêche pas de "ressentir personnellement la mort de soldats américains au combat".

Nicolas Sarkozy, toujours à l'occasion du passage d'Allan Hubbard, devient plus personnel. "'Ils m'appellent 'Sarkozy l'Américain', a-t-il dit. 'Eux considèrent que c'est une insulte, mais je le prends comme un compliment'. Sarkozy a souligné à quel point il 'se reconnaît' dans les valeurs américaines", écrit le diplomate. "Il a raconté que, lorsqu'il était enfant, il a dit à son père qu'il souhaitait devenir président. Son père d'origine hongroise a rétorqué 'dans ce cas, vas en Amérique, parce qu'avec un nom comme Sarkozy, tu n'y parviendras jamais ici'. Prouver que c'était faux, a dit Sarkozy, est la pierre angulaire de ses efforts à la fois pour réussir [à devenir président] et à transformer la France."

L'ambassadeur en conclut que "Sarkozy est viscéralement pro-américain" et qu'"il voit sa propre ascension comme étant le reflet d'une saga à l'américaine".

Nicolas Sarkozy et son prédécesseur Jacques Chirac lors des obsèques de Lazare Ponticelli aux Invalides, à Paris.REUTERS/CHARLES PLATIAU

L'IRAK, " PEUT-ÊTRE "

Nicolas Sarkozy, opposé donc à la fois à la guerre américaine en Irak et au veto de la France, va plus loin l'année suivante, en 2006, lors d'un passage à Paris du ministre de la justice du président Bush, Alberto Gonzales. Il sous-entend qu'une fois élu, il pourrait envoyer l'armée française en Irak. "Sarkozy a déclaré que la France et la communauté internationale allaient devoir aider les Etats-Unis à résoudre la situation en Irak. Peut-être en remplaçant l'armée américaine par une force internationale", écrit l'ambassadeur.

A cette époque, les conseillers du ministre de l'intérieur et chef de l'UMP fréquentent beaucoup l'ambassade américaine, n'hésitant pas à critiquer vivement le président, Jacques Chirac, et le premier ministre, Dominique de Villepin, pour le plus vif plaisir de leurs interlocuteurs.

Si François Fillon indique plutôt sobrement qu'à son avis, "un gouvernement Sarkozy serait plus apte à travailler avec les Etats-Unis", d'autres promettent des changements radicaux.

Patrick Devedjian évoque ainsi "une nouvelle volonté française, sous une administration Sarkozy, de soutenir plus activement les objectifs américains en Irak", et se plaint que "les Français ne s'intéressent pas à l'OTAN", écrit l'ambassade. Lors des manifestations de rues contre le gouvernement Villepin, M. Devedjian revient à l'ambassade, triomphal, annoncer "la mort des ambitions présidentielles de Villepin". Brice Hortefeux est également souvent cité.

Quand à Hervé de Charrette, alors chargé des relations internationales à l'UMP, il prend, deux ans avant la présidentielle, "l'initiative remarquable", précise le télégramme, d'appeler l'ambassadeur Howard Leach pour parler d'"amitié" et de "coopération", dénoncer "l'embarras" causé aux relations franco-américaines par M. Chirac, et promettre que l'UMP veut que "la relation avec les Etats-Unis soit la base de la diplomatie de la France". "Le geste sans précédent de Charrette est à notre connaissance effectué au nom du président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Les opinions qu'il exprime sont clairement, s'enthousiasme le diplomate, celles de l'homme politique le mieux placé pour mettre un terme à la présidence Chirac."

Le président français Nicolas Sarkozy considère que s'il l faut "garder beaucoup de sang-froid devant les conséquences d'une crise financière qui a lieu aux Etats-unis", il y a lieu de mettre "davantage de transparence dans le système financier".AFP/ERIC FEFERBERG

"UNE PRÉSIDENCE DE DIX ANS"

Ces contacts multiples permettent à l'ambassade américaine d'écrire, peu avant la déclaration de candidature de M. Sarkozy, un long portrait dithyrambique intitulé "L'homme qui pourrait changer la France". "Il est pro-américain et acquis aux principes du libre-marché. (…) Il est associé à des mesures dures de lutte contre le crime et le terrorisme. (…) Il est vigoureux sur le besoin pour la France de dépasser ses réflexes anti-américains. (…) Sarkozy est l'homme politique français qui soutient le plus le rôle des Etats-Unis dans le monde. (…) Son sobriquet est 'Sarkozy l'Américain', et son affinité avec l'Amérique est authentique et vient du fond du cœur." L'ambassadeur se laisse alors emporter par son enthousiasme et imagine déjà "un double mandat, une présidence de dix ans".

C'est aussi le moment où Nicolas Sarkozy va, pour la première fois, brièvement rencontrer George Bush. Tout est soigneusement préparé par l'ambassade : lors d'un entretien à la Maison Blanche avec le conseiller à la sécurité nationale, Stephen Hadley, il est prévu que M. Bush "fasse un saut" dans le bureau afin de saluer M. Sarkozy. "Sarkozy a témoigné de sa gratitude envers le président pour trouver un moment dans son agenda. Sarkozy a dit qu'il se sent 'fier et honoré de rencontrer le président Bush'. Sarkozy a confié que le président Chirac a fait pression sur lui pour 'ne pas aller aux Etats-Unis', mais que lui croit qu'une rencontre avec le président est appropriée et importante. Sarkozy a expliqué qu'il estime que c'est une opportunité d''affirmer [sa] loyale amitié envers les Etats-Unis'", indique le télégramme.

" PRENDRE SARKOZY AU MOT "

Le 6 mai 2007, "à 20h05, heure de Paris, précise l'ambassade, le président Bush a appelé le président élu Sarkozy pour le féliciter" de son élection à la présidence de la France. Une nouvelle ère dans les relations franco-américaines, espère Washington, peut commencer.

Le premier télégramme émanant de l'ambassade américaine de Paris après l'élection de Nicolas Sarkozy propose à Washington d'examiner "cinq enjeux immédiats de politique étrangère" dès l'entrée en fonction du nouveau gouvernement français : l'Iran ("Sarkozy perçoit l'Iran comme la plus sérieuse menace internationale") ; l'Afghanistan (pour combattre "l'impression, partagée par Chirac, que l'Afghanistan est une cause perdue") ; l'Irak ("Il faut prendre Sarkozy au mot lorsqu'il dit 'souhaiter aider les Etats-Unis à sortir d'Irak'", écrit l'ambassade, mais "sans nourrir l'accusation d'être ‘un caniche du président Bush', qui pourrait inciter le gouvernement français à ne pas changer de politique") ; l'Union européenne et la Turquie (" Si un changement apparaît peu probable, vue l'identification politique de Sarkozy à son opposition à une adhésion de la Turquie, nous devrions le persuader de tempérer sa rhétorique, de ne pas fermer complètement la porte") ; le Kosovo et la Russie ("L'importance d'un front commun au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'indépendance du Kosovo").

Les Américains n'ont que deux problèmes avec le programme du président élu : "Sarkozy a fait glisser les désaccords franco-américains de l'Irak et d'Israël-Palestine au changement climatique et à l'adhésion de la Turquie à l'UE", écrit l'ambassadeur.

Une troisième inquiétude est une déclaration du candidat indiquant que "le rôle de la France en Afghanistan n'est plus 'décisif' et que les forces françaises, s'inquiète l'ambassade, ne resteraient pas là-bas pour toujours".

"UN NOVICE"

L'ambassade américaine ne se cantonne toutefois pas à l'enthousiasme débridé avec lequel elle a accompagné l'ascension de Nicolas Sarkozy. Certes, "Sarkozy est instinctivement pro-américain et pro-israélien" et souhaite "renouer une relation de confiance avec les Etats-Unis", mais un portrait, intitulé "Un novice", précise que "Sarkozy a très peu d'expérience en politique étrangère et parle un anglais très limité".

Les Américains suivent les premiers pas du président français au jour le jour. Et, le 6 juin à Heiligendamm, c'est la première réunion au sommet, entre George Bush et Nicolas Sarkozy. "Il est essentiel que le président [Bush] soulève deux questions pendant cette première rencontre, l'Afghanistan et l'Irak", écrivent les diplomates américains. "Le directeur politique du Quai-d'Orsay, [Gérard] Araud, nous a conseillé d'essayer d'éloigner au plus tôt Sarkozy de la vue pessimiste de Chirac sur l'Afghanistan."

Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, le 1er juin 2009.AFP/GUILLAUME BAPTISTE

L'"AFFINITÉ POUR ISRAËL"

L'autre question essentielle pour les Américains est le Proche-Orient. Après une analyse sur "le traditionnel centre de gravité pro-arabe" de la France et une critique acérée de "l'inertie bureaucratique" du ministère des affaires étrangères ("Un vétéran arabisant du Quai nous a dit que 'la France a une certaine politique arabe qui est beaucoup plus importante que M. Sarkozy et son gouvernement'"), l'ambassade, évoquant Liban, Syrie et Palestine, transmet ses recommandations à l'équipe Bush à Washington : "Notre objectif est que ce type d'arguments ne prenne pas racine dans l'équipe Sarkozy. Ce n'est pas inévitable."

Elle note que "l'héritage juif de Sarkozy et son affinité pour Israël sont célèbres", et que de surcroît il vient de nommer à la tête du Quai d'Orsay Bernard Kouchner, "le premier ministre des affaires étrangères juif de la Ve République". Sur le conflit israélo-palestinien, espère l'ambassade, "même un léger glissement dans le fondement intellectuel aura des conséquences sismiques".

L'ambassade américaine est très satisfaite du premier gouvernement Sarkozy. Celui qui bénéficie du portrait le plus flatteur est Bernard Kouchner : "L'humanitaire de renommée mondiale", "l'un des rares politiques (de gauche ou de droite) à avoir soutenu ouvertement l'invasion américaine de l'Irak", voit sa vie passée au crible : le télégramme retrace pays par pays les voyages du "champion des causes humanitaires", puis sa carrière politique, sous François Mitterrand. Elle loue sa "compétence" et son "dévouement" comme chef de l'ONU au Kosovo. L'ambassade estime que " la nomination de Kouchner pour diriger le Quai d'Orsay représente l'accomplissement du rêve d'une vie"…

Les diplomates américains se félicitent aussi de la nomination de "l'ambassadeur aux Etats-Unis" Jean-David Lévitte comme conseiller diplomatique à l'Elysée, d'Hervé Morin au ministère de la défense ("Proche de l'ambassade, amical et direct, il assume son affection pour les Etats-Unis et est parmi les plus atlantistes des députés"), ainsi que de l'entrée au gouvernement de " l'un des plus vieux amis et alliés politiques de Sarkozy ", Brice Hortefeux ("Il a maintenu des liens très étroits avec l'ambassade depuis des années, même s'il est en privé un critique sévère de la politique du président Bush en Irak").

"MAGNIFIÉ PAR KOUCHNER"

L'ambassade note très vite que celui qu'elle considérait comme "un novice" quelques semaines auparavant "a fermement placé la politique étrangère sous son contrôle personnel à l'Elysée". Si "l'engagement international de la France" est "magnifié par Kouchner", il devient clair que le président Sarkozy et ses conseillers décident de tout.

Les télégrammes diplomatiques louent "l'énergie et la détermination" du président. Au-delà de leur enthousiasme général et de leurs deux réserves sur le climat et la Turquie, les Américains notent deux variations rapides par rapport à ce qu'ils attendaient de M.Sarkozy.

Premièrement, ils sont vite rassurés sur "le maintien de l'engagement français en Afghanistan". Deuxièmement, ils constatent, un brin dépités, que même si "Sarkozy propose un impressionnant programme de réformes économiques en France, il n'est pas un libre-échangiste". Ils ont enfin une inquiétude, qui pointe en ce début de mandat présidentiel : la Syrie.

Nicolas Sarkozy et le roi Abdallah, à Riyad, en Arabie saoudite, en janvier 2008 . AFP/ERIC FEFERBERG

"UN DÉSIR DE PROVOQUER"

Au-delà des relations franco-américaines et des dossiers prioritaires, Washington suit de près les premières aventures de Nicolas Sarkozy à l'étranger. Son discours de Dakar sur l'Afrique est perçu comme "un désir de provoquer". La libération des infirmières bulgares de Libye donne lieu à des télégrammes où l'on croit percevoir un brin de moquerie : "L'Elysée considère cela comme un triomphe diplomatique, et Sarkozy est très heureux du 'succès colossal' de son initiative libyenne."

Plus tard, les Américains se délecteront des "faux pas" de M. Sarkozy en visite chez leur allié saoudien. "Le président Sarkozy a été perçu comme inélégant par les Saoudiens en affichant son ennui lors de la cérémonie d'arrivée ou en refusant de goûter un repas traditionnel arabe."

La première visite de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis, en novembre 2007, donne lieu à de longs télégrammes préparatoires. Les diplomates préviennent qu'en France, "l'image de machine bien huilée [du gouvernement] a souffert, depuis que Sarkozy a réprimandé à répétition les membres de son équipe, y compris son propre premier ministre".

Ce sont les premiers commentaires sur un Sarkozy "susceptible et autoritaire". Ils notent aussi que "l'équilibre" personnel du président pourrait être atteint par son "récent divorce" : "Sarkozy lui-même a parlé de sa dépendance envers Cécilia, 'ma force et mon talon d'Achille', comme il dit." Ils préviennent Washington que M. Sarkozy est "très irritable", mais parient sur "sa capacité à rebondir".

Plus tard, après sa rencontre avec "le supermodel" Carla Bruni, les diplomates américains noteront son style "non présidentiel" et "ses inclinations pour les paillettes".

Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, en septembre 2008 à Damas.AFP/GERARD CERLES

"UNE ALLIANCE, PAS UN ALIGNEMENT"

Pour les Américains, l'essentiel est que la lune de miel diplomatique continue. S'ils notent que Paris définit les relations avec Washington comme "une alliance, pas un alignement", ils n'ont quasiment que des motifs de satisfaction : "une approche durcie envers la Russie et l'Iran", "un possible retour dans l'OTAN", et, concernant les deux guerres américaines, "un inversement du soutien auparavant déclinant sur l'Afghanistan" et "un changement spectaculaire de politique sur l'Irak".

Car entretemps, il y a eu, pendant que les présidents Sarkozy et Bush se retrouvaient dans le Maine, le voyage de Bernard Kouchner à Bagdad. Le ministre français avait certes " emporté avec lui une copie d'une tribune écrite avant l'invasion et titrée "Ni Saddam ni la guerre", pour corriger la fausse impression qu'il avait soutenu l'invasion militaire américaine", mais pour Washington, cette visite est historique.

Elle symbolise, au même titre que "la possible réintégration complète dans l'OTAN", la "rupture" sur le plan international. Le seul interlocuteur irakien qui, devant M. Kouchner, appelle à la fin de l'occupation militaire américaine, se voit répondre par le ministre que " les Américains sont là, et devront à l'évidence faire partie de la solution " en Irak. Les diplomates de Washington exultent.

Après ce voyage à Bagdad, et même s'ils évoquent encore son activisme sur le Liban ou le Darfour, les Américains notent la fin des espoirs de Bernard Kouchner de jouer un rôle majeur. "Sarkozy a concentré à un degré sans précédent tous les pouvoirs à l'Elysée, écrit un diplomate. Le secrétaire général Claude Guéant et le conseiller diplomatique Jean-David Levitte ont acquis plus d'influence que Kouchner." L'une des preuves en est, selon un télégramme, la politique de la main tendue à Damas : pour Washington, M.Kouchner a perdu le bras de fer avec l'Elysée sur le Liban.

De même qu'ils constatent cette centralisation des décisions de politique étrangère à l'Elysée, les Américains sont impressionnés par "les pouvoirs sans partage" du président français.

" SPECTACULAIREMENT IMPOPULAIRE "

Après avoir longuement analysé le premier discours du président à la conférence des ambassadeurs en 2007, dans lequel elle avait évidemment relevé avec satisfaction la phrase sur "l'alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran", l'ambassade de Paris examine à la loupe ses vœux du Nouvel An 2008 au corps diplomatique, et se réjouit de la référence au "retour de la France au cœur de la famille occidentale". La relation franco-américaine est au beau fixe. Nicolas Sarkozy a "repositionné la France aux côtés des Etats-Unis, et non plus en alternative du leadership américain".

Même si les diplomates américains semblent abasourdis qu'en si peu de temps, en France, "une candidature si spectaculairement réussie à la présidentielle" se soit transformée en "une présidence spectaculairement impopulaire", ils insistent sur le fait que M.Sarkozy, au-delà de "son identification personnelle avec les valeurs américaines ", reste ferme, au risque de l'impopularité, sur les principaux dossiers de la coopération franco-américaine : "la ligne dure sur l'Iran", "l'intention répétée de rénover la relation de la France avec l'OTAN" et "l'engagement militaire croissant en Afghanistan".

Sur l'OTAN, les diplomates américains en savent à l'époque déjà plus que les citoyens français : "Les plus proches conseillers de Sarkozy ont été clairs sur le fait qu'il a déjà pris la décision de réintégrer la France dans le commandement militaire intégré." Ils constatent en revanche définitivement que Paris n'enverra pas de troupes en Irak.

"PERSONNE POUR LUI DIRE 'NON'"

La relation franco-américaine étant rétablie, l'ambassade constate, lorsque le président français préside l'UE, que "la priorité de Sarkozy est l'Europe". Les affaires européennes, de même que les relations avec la Russie et l'intervention diplomatique lors de la guerre en Géorgie, sont commentées au jour le jour. Washington suit également de près l'attitude de la France sur le dossier libano-syrien. Les diplomates américains pensent que "la présidence française de l'UE a été acclamée" et sont rassurés par le fait que "même opposé verbalement à une adhésion turque, Sarkozy a fait preuve de pragmatisme".

Nicolas Sarkozy et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le 7 avril.REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

A propos de la Turquie, les diplomates américains rapportent un épisode étonnant, dans un télégramme intitulé "Personne pour lui dire 'non'", consacré à des conseillers de l'Elysée "qui évitent de contredire le président ou de provoquer son mécontentement" : "Ils ont détourné l'avion du président pour éviter qu'il voit la tour Eiffel éclairée aux couleurs de la Turquie à l'occasion de la visite du premier ministre Erdogan (une décision prise par la mairie de Paris)." Le "mauvais caractère" de Nicolas Sarkozy est évoqué. D'autres télégrammes le décrivent comme "frénétique" ou "impulsif".

"LE PARTENAIRE"

Barack Obama est entré à la Maison Blanche, et doit rencontrer Nicolas Sarkozy à l'occasion du sommet de l'OTAN. "Votre visite intervient à un moment historique, écrit l'ambassadeur au président des Etats-Unis. Nicolas Sarkozy est le président français le plus pro-américain depuis la Seconde guerre mondiale, il est actuellement le dirigeant le plus influent en Europe, et votre prestige nous offre une opportunité sans précédent de cimenter les changements positifs déjà intervenus. "

Il prévient que M. Sarkozy est "un pragmatique brillant, impatient, non diplomate, imprévisible, charmant, innovant" pour lequel "le rapport personnel a un impact" sur la relation politique. Et que M. Sarkozy "espère un contact régulier intense" avec M. Obama.

C'est le contraire qui se produit. Après la relation forte avec George Bush, des "officiels français" évoquent devant les Américains la relation distante entre les présidents Sarkozy et Obama. Toutefois, l'époque demeure "l'une des meilleures périodes dans les relations franco-américaines". Et Nicolas Sarkozy reste "LE partenaire des Etats-Unis en Europe".

Rémy Ourdan
 
Article paru dans l'édition du 02.12.10
 

 

 

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 11:21

Sondage CSA sur les propositions de Nicolas Sarkozy lors de son émission du 16 novembre 2010 (à télécharger).

 

Dans un sondage réalisé le 17 novembre 2010, on lit que 68% sont favorables à la création de jurys populaires pour les tribunaux correctionnels (contre 21%), 66% sont favorables pour l'accompagnement populaire des juges d'application des peines pour les décisions de liberté conditionnelle (contre 20%), 53% sont pour la suppression du bouclier fiscal (contre 27%), 48% sont pour la création d'un nouvel impôt sur les plus-values et les revenus du partimoine (contre 34%), et 56% sont contre la suppression de l'impôt sur les grandes fortunes (ISF) et seulement 33% sont pour la suppression.

 

Notez aussi qu'il y a plus de sympathisants de gauche (34%) que de droite (29%) à être hostiles à la création d'un nouvel impôt sur le patrimoine.

 

Tout le sondage CSA publié le 18 novembre 2010 est accessible en fichier .pdf à ce lien :

http://www.csa-fr.com/dataset/data2010/opi20101117-la-reaction-des-francais-a-l-intervention-du-president-de-la-republique-nicolas-sarkozy-le-mardi-16-novembre-2010.pdf

 

Curieusement, CSA traduit ISF par "Impôt Sur la Fortune" alors qu'il s'agit de "Impôt de Solidarité sur la Fortune".

 

SR

 

 

 

 

 

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 08:54

Dans son interview télévisée du 16 novembre 2010, le Président de la République a tenu d’abord à rassurer. Exercice plutôt convaincant.


yartiSarkozyP02Le changement de gouvernement et l’intervention télévisée du chef de l’État ont donné ces derniers jours un nouvel aspect du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Malgré quelques dénégations, le style du Président de la République a évolué même si, sur le fond, aucun changement n’est vraiment perceptible.

Dans cet article, j’exprime mes commentaires et surtout mes impressions sur une prestation que j’estime globalement convaincante. Nicolas Sarkozy sait jouer de la communication et il l’a encore démontré à cette occasion en prenant souvent à témoin des journalistes qui n’ont décidément aucun sens de la répartie.


Journalistes endormis ?

Disons-le tout de suite : les trois journalistes choisis pour l’interview présidentielle, à savoir Claire Chazal, David Pujadas et Michel Denisot, ne m’ont pas paru à la hauteur de l’exercice. On ne peut pas dire qu’ils ont refusé des sujets qui fâchaient (au contraire, ils ont abordé à peu près tous les "problèmes" qui pourraient rendre l’action présidentielle "contestable") mais ils l’ont fait sans droit de suite.

D’abord, l’émission n’était pas structurée : aucun plan pour parler des grands sujets. Les questions ont fusé un peu n’importe comment, sans transition, en passant du coq à l’âne. J’ai souvenir de longues émissions avec le Président François Mitterrand qui structurait avec art et méthode son intervention.

Ensuite, et c’est le principal reproche, aucun journaliste n’est intervenu quand Nicolas Sarkozy a exprimé de nombreuses "inexactitudes" ou "approximations".

Parmi les principales erreurs, il y a celle de la parité euro/dollar à la création de l’euro (François Bayrou l’a relevée sans pour autant parler de "mensonge" comme l’a déclaré Ségolène Royal), mais aussi le fait de dire qu’un lycéen sur deux deviendrait centenaire (c’est faux) ou encore (relevé par le patron de la CFDT François Chérèque) lorsqu’il est question des chiffres de la réforme des retraites qui vient d’être promulguée, personne ne pourrait penser que les caisses de retraite vont être excédentaires en 2020. Autre approximation, Nicolas Sarkozy a cité une nouvelle fois la fameuse phrase de Michel Rocard qui, fier de réduire les flux migratoires, aurait dit : « La France ne peut pas supporter toute la misère du monde » (Michel Rocard avait estimé en 1996 que cette phrase était tronquée, mais certaines enquêtes n’auraient pas retrouvé la phrase revendiquée aujourd’hui par Michel Rocard).

Un journaliste, à mon sens, devrait avoir suffisamment de culture politique pour être capable de corriger quand des erreurs sont dites devant lui, que ce soit volontairement ou pas.

Quand Nicolas Sarkozy a pris à témoin les journalistes, ceux-ci sont restés silencieux ou ont opiné du chef au lieu de refuser ce jeu. Le Président l’a fait à plusieurs reprises et c’est là un véritable art qu’a cultivé Nicolas Sarkozy dès ses débuts en politique. Poser une question fermée à ses interlocuteurs. Par exemple : sur la réaction de la Commission européenne sur le démantèlement de camps des gens du voyage. Ou encore sur le vol des ordinateurs portables de certains journalistes : le Président de la République devrait-il s’occuper d’incident mineur de la société ? Les journalistes n’ont même pas rappelé que ces ordinateurs auraient pu contenir des informations confidentielles très importantes.

Ces réserves faites, je trouve que Nicolas Sarkozy a été convaincant et surtout, rassurant. Je vais énumérer les points positifs de cette interview, et également, certaine points négatifs, que ce soit sur le fond ou la forme.


Points positifs

1. La dépendance

Sur le fond, Nicolas Sarkozy s’estime être un Président en action. Et l’une des principales réformes qu’il voudrait mettre en place d’ici l’été 2011 est le cinquième pan d’assurance de la Sécurité sociale, la dépendance. Je crois que cette perspective est essentielle : les personnes très âgées ou très malades devenues complètement dépendantes nécessitent un environnement que ne peuvent pas toujoursyartiSarkozyP01 assumer (physiquement, psychologiquement, financièrement) la famille et les proches. Il est du devoir de l’État et de la solidarité nationale d’en assurer l’organisation.

Cela fait déjà plusieurs années, voire décennies, que cette assurance aurait été nécessaire. Les besoins, par mécanique démographique, augmenteront dans les prochaines années. Nicolas Sarkozy pourrait prudemment laisser ce dossier sous le coude jusqu’à l’élection présidentielle de 2012, exactement comme Lionel Jospin sur les retraites avant 2002.

La détermination présidentielle me paraît donc très saine : si la réforme aboutit (ce que je crois), je pense que ce sera sans doute la principale action du quinquennat au regard de l’histoire. Ce sujet n’est pas facile puisqu’il va bien falloir trouver un système pour financer la dépendance : CSG augmentée, nouvelles cotisations sociales, ponctions sur la succession etc. seront donc forcément à l’étude.

D’un point de vue méthode, Nicolas Sarkozy souhaite une grande consultation pendant six mois. En laissant comprendre qu’il a appris avec la réforme des retraites et qu’il veut mieux écouter les différents acteurs du sujet. Bonnes intentions, donc.

2. La fiscalité du patrimoine

L’idée serait de supprimer le bouclier fiscal et l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). La gauche imagine déjà le traquenard : la suppression de l’ISF ferait beaucoup plus de tort aux finances de l’État que la mise en place du bouclier fiscal. La perspective serait de taxer les revenus du patrimoine et pas le patrimoine lui-même. Cela peut paraître plus logique. Reste à en examiner les modalités pratiques (et ce sera sans doute une nouvelle usine à gaz qui va avoir du mal à concourir à la simplification de la fiscalité en général).

3. La "taxe Tobin"

Sans évoquer son nom (galvaudé), Nicolas Sarkozy a montré sa détermination à mettre en place une taxe sur les transactions boursières pour aider les pays en voie de développement, en particulier l’Afrique. Il est prêt à le faire (comme Chirac l’a fait pour les taxes aériennes) même s’il ne réussit pas à convaincre tous les autres pays. Il estime que l’effet d’entraînement sera tel que les autres pays imiteront la France et ceux qui l’auront suivie.

Cette idée, souvent proposée à gauche, est un élément intéressant surtout pour la présidence du G20. Elle est l’autre versant de la politique visant à réduire les flux migratoires en France : en aidant les pays d’origine, on réduit les rêves d’immigration. Pourtant, aujourd’hui encore, beaucoup de Français pensent que le Canada ou les États-Unis sont des eldorados économiques. Le rêve n’est pas un élément très rationnel, justement. Ce constat n’ôte rien au grand intérêt d’une telle mesure, d’autant plus que l’Afrique serait sans doute la Chine de demain.

4. Un point crucial concernant le Front national

Dernière phrase de l’interview, Nicolas Sarkozy a été très clair et très assuré lorsqu’il a indiqué qu’il ne serait jamais question d’alliance avec le Front national, que ce soit avec Jean-Marie Le Pen ou avec sa fille Marine. La réplique a été courte, sèche, immédiate, et convaincante.

Il a compris que son débat sur l’identité nationale a été incompris. Le retrait de l’appellation "Identité nationale" dans le Ministère de l’Immigration (rattaché à l’Intérieur) fait partie aussi de cette volonté de rassurer son propre électorat protestant contre les discours et les actions sécuritaires de l’été 2010.

Même s’il ne renie rien, Nicolas Sarkozy a même rejeté la responsabilité du retour estival au sécuritaire aux journaux télévisés de juillet 2010 (pointant très habilement du doigt les deux présentateurs de journaux présents) et que, pragmatique, il fallait qu’il réagisse pour faire diminuer les tensions.

Son argument, c’est qu’il ne peut pas laisser certains rester dans l’illégalité alors d’autres sont verbalisés au moindre dépassement de stationnement payant. L’image est forte pour les automobilistes, elle est sans doute exagérée mais Nicolas Sarkozy a le don, qui lui a d’ailleurs permis d’être élu, de reprendre ou de comprendre les ressentiments des gens, et il a bien compris que ce danger pourrait renforcer le Front national si les pouvoirs publics ne réagissaient pas.

5. Le style présidentiel

Nicolas Sarkozy n’était pas loin de dire qu’il a changé, ou plutôt, qu’il avait déjà changé, en rappelant qu’il ne s’était pas exprimé à la télévision depuis juillet 2010. Plus de recul, moins d’hyper-activisme, plus d’esprit d’équipe.

Ce qui est assez curieux, c’est la différence entre l’homme qui se montre finalement modeste (il n’a pas la condescendance ou l’orgueil de ses prédécesseurs), acceptant d’apprendre et d’évoluer, reconnaissant que le pouvoir change un peu sa vision des choses, et celui qui est critiqué avec beaucoup d’outrances par ses opposants, outrances qu’il préfère ignorer. Bien sûr, cette modestie n’exclut pas une part de grande habileté politique.

Chose nouvelle, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à citer ses ministres, à plusieurs reprises François Fillon mais aussi deux fois Laurent Wauquiez, et certains autres ministres comme Christine Lagarde, François Baroin ou Michel Mercier.

Il a même insisté sur le lien de proximité qui l’unit à son ancien ministre Jean-Louis Borloo, avec une phrase qui semblait reprendre les mots de De Gaulle sur Georges Pompidou après son éviction, affirmant que Jean-Louis Borloo aurait encore un rôle à jouer.

Esprit d’équipe, il l’a montré aussi en rassurant ses ministres, assurés de rester en poste jusqu’à la fin du quinquennat (sauf événement exceptionnel). C’est un réel changement présidentiel. En 2007, il était plutôt partisan de changer souvent les ministres, sans crier gare, en les notant même, un peu dans une optique de management des ressources humaines observée chez France Télécom : mettre ses collaborateurs dans un esprit d’insécurité permanente. Maintenant, il prône au contraire la stabilité des ministères. Tant mieux.


Points négatifs

1. La réforme de la justice

Le point le plus inquiétant de l’interview présidentiel concerne la justice étrangement confiée au seul ministre issu du MoDem, Michel Mercier : Nicolas Sarkozy veut en effet élargir le principe des jurys populaires aux tribunaux correctionnels et surtout aux juges d’application des peines. L’objectif est clairement défini : responsabiliser la justice pour la remise en liberté anticipée des condamnés.

Encore une fois, si l’exposé a été convaincant, il n’en reste pas moins démagogique car la récidive consécutive à une remise en liberté anticipée, si elle n’est pas absente, ne concerne qu’un très petit nombre de cas, souvent médiatisés en raison de l’émotion qu’ils peuvent naturellement susciter.

Michel Mercier aura bien du mal à garder ses valeurs tout en s’attaquant à une telle réforme.

2. Les erreurs

Au-delà des erreurs factuelles que j’ai évoquées plus haut (et qui semblent un élément récurrent dans les interventions présidentielles, voir notamment ici et ), erreurs qui auraient dû être immédiatement corrigées par les journalistes qui l’interviewaient (j’insiste), il y a des erreurs de logique.

Celle que j’ai relevée concerne la réforme de la fiscalité. La principale argumentation développée par le gouvernement depuis plusieurs jours, c’est l’harmonisation fiscale avec l’Allemagne. On place l’Allemagne à toutes les sauces.

Sans compter du danger qu’une telle argumentation peut faire naître chez les partisans de la souveraineté nationale et de l’indépendance de la France (la France suiveuse de l’Allemagne), je pense que cette idée n’est pas très logique économiquement.

Certes, l’Allemagne est notre principal partenaire économique, partenaire, concurrent, fournisseur, client. Mais le risque n’est pas la délocalisation de nos outils de production en Allemagne. Le risque, c’est la délocalisation en Roumanie, et surtout en Chine et peut-être demain, en Afrique (et tant mieux pour ce continent alors). Mais certainement pas en Allemagne.

3. "Récupération" du pape

Autre impression désagréable, lorsque Nicolas Sarkozy utilise une déclaration du pape Benoît XVI pour valoriser sa politique sur l’immigration. Surtout lorsque la déclaration est finalement assez banale : il faut accepter la venue des étrangers sur son territoire, mais il faut que les étrangers respectent les lois et l’identité de ceux qui les accueillent.


4. Les oublis

Comme l’ont signalé beaucoup de responsables de l’opposition, Nicolas Sarkozy n’a pas évoqué ni l’environnement (sinon pour dire que la nouvelle Ministre de l’Écologie gardera le contrôle des prix de l’énergie), ni l’emploi sinon en évoquant furtivement le renforcement de l’apprentissage (mais le problème vient plus des entreprises que des pouvoirs publics) et la reconduction de l’aide aux licenciés économiques.


Pas assis à attendre

Nicolas Sarkozy avait besoin de s’exprimer après l’épisode de la réforme des retraites. Sa popularité est au plus bas et il a besoin de montrer qu’il y a de nouvelles perspectives.

Malgré sans doute un problème de visibilité générale, Nicolas Sarkozy a fixé un cap pas si flou que cela pour l’année 2011, la seule yartiSarkozyP04réellement utilisable. En regardant souvent dans le vide ce mardi, il a parlé de lui, du pouvoir et de sa volonté toujours d’agir.

Le fait de maintenir son Premier Ministre François Fillon à Matignon jusqu’à la fin du quinquennat confirme le tournant présidentialiste du régime (je l’avais évoqué à propos du quinquennat).

N’hésitant pas à critiquer implicitement son prédécesseur Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a déclaré ne pas vouloir rester assis à son bureau à attendre 2012. 2012 ? Même si officiellement, il n’a pas pris la décision de se représenter, sa candidature à l’élection présidentielle de 2012 ne fait aucun doute.

Et la gauche a quand même de quoi s’inquiéter malgré l’impopularité de son concurrent. À près d’un an de l’échéance, le Parti socialiste est encore complètement divisé tant en terme de programme (le récent rapport de Benoît Hamon a été très contesté en interne pour sa gauchisation) qu’en terme d’ambitions personnelles, entre Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, Ségolène Royal et François Hollande, le jeu va être serré, sans oublier qu’il leur faudra bien rassembler ensuite les écologistes et la gauche du PS.

Dans cet épisode qui s’achève, aucun leader socialiste n’a été réellement renforcé dans sa capacité à gagner 2012. Et c’est sûrement la grande chance de Nicolas Sarkozy.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 novembre 2010)
http://www.rakotoarison.eu



Pour aller plus loin :


Composition du gouvernement Fillon III du 14 novembre 2010.
Vidéo de l’interview du 16 novembre 2010.
Nicolas Sarkozy dictateur ?
Valoriser le potentiel national.
Valeurs de la République.
Valeurs du gaullisme.
Discours du 22 juin 2009.
L’inexactitude de Nicolas Sarkozy.
La République sarkozyenne.

yartiSarkozyP03

 

 

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nicolas-sarkozy-president-de-la-84591

 

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-221

 

 

 

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 10:46

François Fillon est reconduit dans ses fonctions de Premier Ministre par Nicolas Sarkozy.

 

Comme prévu, François Fillon se succède à lui-même.

 

SR

 

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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 10:46

Sondage sur le futur Premier Ministre...

 

Le lien pour y participer :

http://www.lepost.fr/sondage/2010/08/19/2188728_qui-sera-premier-ministre-au-1er-janvier-2011.html

 

SR

 

 

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 22:11

L'intégralité du discours de Nicolas Sarkozy le 30 juillet 2010 à Grenoble

 

[Les passages en gras et rouge ont été soulignés afin d'indiquer les phrases qui ont suscité beaucoup de réactions.]

 


http://www.elysee.fr/president/les-actualites/discours/2010/prise-de-fonction-du-nouveau-prefet.9399.html

Prise de fonction du nouveau préfet Prise de fonction du nouveau préfet 

DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Grenoble - Vendredi 30 juillet 2010

Mesdames et Messieurs,

Je vous demande d'excuser mon grand retard qui est dû au fait qu'il y a un grand appétit de paroles, ce que je comprends parfaitement, et donc quand on discute c'est normal, on accumule beaucoup de retard.

Madame le Garde des Sceaux,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire de Grenoble,
Monsieur le Président du Conseil Général,

Grenoble vient de connaître une flambée de violence sans précédent, qui a profondément choqué nos concitoyens. Les actes qui ont été commis ici, je n'irai pas par quatre chemins, je les qualifierai d'une extrême gravité et ils méritent une condamnation sans réserve. Les forces de l'ordre ont été prises à partie par des assaillants qui se sont permis de leur tirer dessus à balles réelles avec l'intention de tuer. Ce sont des tentatives de meurtre, tous les moyens seront mis en œuvre pour que les auteurs soient retrouvés et châtiés. Et je le dis aux Français, nous les retrouverons tous. Des policiers de la BAC de Grenoble ont fait l'objet de menaces de mort. C'est inacceptable. Je veux les assurer de notre soutien, de ma confiance, de ma reconnaissance et leur dire que nous n'aurons aucune complaisance, aucune faiblesse vis-à-vis des délinquants et des criminels qui seront mis hors d'état de nuire et dont la seule place est en prison. Une enquête est engagée pour trouver ceux qui sont à l'origine de ces menaces, tous seront retrouvés et déférés devant la justice, je ne peux naturellement pas en dire plus mais vous verrez que les résultats ne vont pas tarder.

L'homme qui est tombé sous le tir d'un policier venait de commettre un braquage. Non content d'avoir commis un braquage, il a ouvert le feu avec une arme automatique, une arme de guerre, contre les policiers. Ceux-ci ont riposté en état de légitime défense. En tant que chef de l'État, je veux dire que les policiers n'ont fait que leur devoir. Les policiers ont fait leur devoir et j'appelle chacun à ne pas confondre les délinquants, les victimes et les forces de l'ordre. Les policiers ont bien agi, il n'y a rien à leur reprocher. Il y a à les soutenir totalement. Si on ne veut pas d'ennui avec la police, on ne tire pas à l'arme de guerre sur la police dans un pays qui est un Etat de droit comme la France.


La réponse policière et judiciaire a été ferme : 26 placements en garde à vue, 11 comparutions immédiates, 5 personnes écrouées et 10 convoquées devant un juge.

Les violences qui ont frappé la ville de Grenoble sont le fait d'une petite minorité, certes d'une minorité qui a voulu marquer son allégeance envers les truands. C'est trop facile de dire qu'il y a d'un côté la grande délinquance et de l'autre la petite délinquance. En l'occurrence la petite délinquance a été instrumentalisée par la grande délinquance. Nous ne laisserons pas des caïds s'installer dans les quartiers de Grenoble, devenus à la fois leurs proies et leurs repaires. Parce que ces deux individus, une fois le braquage commis, sont revenus à dessein dans ce quartier, espérant bénéficier de l'impunité du quartier.

C'est donc une guerre que nous avons décidé d'engager contre les trafiquants et les délinquants. Comme nous l'avons fait en Seine-Saint-Denis, nous avons décidé de nous occuper particulièrement de certains territoires qui ont besoin d'une action ciblée pour que les conditions de l'ordre républicain y soient rétablies. Tel est le cas de cette ville et de ce département, il n'y a aucune volonté de stigmatisation. Tous les élus sont concernés, ce n'est pas une affaire d'opposition, de majorité, de gauche ou de droite, c'est une affaire d'intérêt général. Qui peut bien avoir intérêt à ce qu'on tolère, qu'on tire à l'arme automatique contre des fonctionnaires de police, personne.

Avec le Ministre de l'intérieur, nous avons donc décidé la nomination d'un nouveau préfet, Eric Le Douaron.

Éric Le Douaron a une longue expérience, il a exercé les plus hautes responsabilités dans le domaine de la sécurité. Cet homme a toute ma confiance et comme à Christian Lambert, je lui demande de restaurer l'autorité de l'État, sans faiblesse, partout où elle sera mise en cause. Éric Le Douaron : aucune cité, aucune rue, aucune cage d'escalier, aucune barre d'immeubles ne doit échapper dans ce département et dans cette ville à l'ordre républicain. C'est votre devoir.

Alors il y a eu un grand débat pour savoir si un policier pouvait être préfet. Quand on est policier, on a le sens de l'État et le préfet représente l'État. Et je n'ai pas à choisir avec le Ministre de l'intérieur les préfets uniquement en fonction de leur rang de sortie dans une grande école de la République mais en fonction de leur expérience, de leur connaissance, de leur capacité humaine et de leur envie de travailler. Et je le dis aux élus, qui ont déjà eu un contact avec Éric Le Douaron, vous vous féliciterez d'avoir un préfet de cette qualité. Cela ne veut pas dire qu'il convient de condamner l'action de son prédécesseur qui est un homme de qualité. Simplement face à certaines situations, il est de mon devoir de trouver la meilleure personne à la meilleure place. Éric Le Douaron, comme Christian Lambert, sera cette personne.

Par ailleurs, je vous annonce que notre volonté de déloger les trafiquants de leurs repaires, va nous amener à créer à Grenoble et dans l'Isère un GIR départemental qui pourra porter l'effort d'investigation judiciaire au plus près des besoins du terrain. Depuis 3 jours, un inspecteur du fisc est installé dans les services de police et nous allons nous intéresser au patrimoine des délinquants à Grenoble comme dans l'Isère de façon extrêmement approfondie, extrêmement approfondie.

Alors j'entends bien le discours qui parfois est tenu et je n'en veux à personne. Mais je voudrais que vous me compreniez. Si devant des évènements de cette gravité, je n'étais pas venu, on m'aurait à juste titre, à juste titre, reproché de ne pas avoir pris la mesure de la gravité du problème. Je viens, on me dit : il ne faut pas stigmatiser. Il faut savoir. Bien sûr qu'il y a des choses formidables à Grenoble et dans l'Isère qui pourrait le contester. Et j'ai été suffisamment à Crolles, le Président Vallini le sait bien, pour dire combien je me félicite de l'imagination de la population de ce département et de cette ville qui a accueilli il y a quelques années des Jeux Olympiques qui font date et qui a tellement de chercheurs, d'étudiants, de personnes de qualité. Mais en même temps, je dois voir la réalité telle qu'elle est, ce qui s'est passé n'est pas acceptable. Je vous le dis pas un seul policier ne s'en ira. Ce sont les délinquants qui reculeront.

J'ajoute que l'on m'a proposé, je l'ai vu, un « Grenelle de la sécurité » « des états généraux de la sécurité » Pourquoi pas ? Mais réfléchissez, si j'étais venu ici pour vous dire : on a tiré à balle réelle sur des policiers, j'organise un colloque, qui m'aurait pris au sérieux. Ce n'est pas un problème social, ce qui s'est passé, c'est un problème de truands, ce sont des valeurs qui sont en train de disparaître. Il faut marquer un coup d'arrêt. Alors je sais que dans le cadre du débat républicain, il peut y avoir des échanges entre les forces politiques, ce qui est normal. Mais qui peut penser que ce sont quelques îlotiers supplémentaires qui permettront d'éradiquer les caïds, les trafiquants et les trafics. Nous avons besoin de nous rassembler pour montrer à cette minorité qu'elle n'a aucun espoir et que nous allons agir. Et il ne peut pas y avoir de naïveté et d'angélisme en la matière.

Je souhaite d'ailleurs qu'au-delà des divergences entre nous, nous nous rassemblions, la vidéosurveillance, la vidéo-protection. On en a besoin. Il n'y a pas les caméras de gauche et les caméras de droite. Il y a le fait que les délinquants grands ou petits craignent par-dessus tout d'être pris dans les images parce que ce sont des preuves judiciaires. Et par ailleurs, c'est la meilleure façon de protéger la police et la gendarmerie de toute polémique.

Je souhaite d'ailleurs qu'on tente dans ce département une expérience en dotant un certain nombre de véhicules de police et de gendarmerie de nuit, de caméras embarquées. Il ne s'agit pas du tout d'interférer dans la vie privée des habitants de Grenoble ou du département de l'Isère. Il s'agit que nous soyons le plus efficace possible. 60 000 caméras seront installées d'ici 2012. Je laisserai ceux qui le veulent crier à l'atteinte aux libertés individuelles. Moi je pense que la liberté individuelle est gravement atteinte lorsque que les voyous font régner la terreur devant des immeubles d'habitation.

La loi anti-bandes adoptée par le Parlement en mars dernier prévoit une peine d'un an de prison pour quiconque appartient à une bande violente. Des procédures sont en cours, et je demande à votre préfet d'être particulièrement attentif avec Madame le Procureur Général et Monsieur le Procureur de la République, que je remercie de leur présence, pour l'utilisation de cette nouvelle loi.

Nous allons aussi développer les « polices d'agglomération ». C'est le cas depuis l'an dernier en région parisienne. Lille, Lyon, Marseille seront bientôt concernées pour une raison simple et vous le savez bien, les délinquants ignorent les frontières administratives de nos communes, de nos départements et même de nos régions.

Depuis 2002, je suis en première ligne dans la lutte contre l'insécurité. Le nombre des crimes et délits a diminué de 17,54%. Parallèlement, le « taux d'élucidation », qui reflète l'efficacité des forces de l'ordre, a augmenté d'un tiers. En 2001, les forces de police et de gendarmerie trouvaient 25% des coupables, en 2010 ils trouvent 38% des coupables. J'ai fixé au ministre un objectif de 40%.

Par ailleurs, je vous annonce que dès le 7 septembre prochain, les peines planchers qui fonctionnent bien mais qui ne s'appliquent aux multirécidivistes, 24 000 peines planchers ont été prononcées, seront désormais étendues à toutes les formes de violences aggravées, c'est-à-dire notamment les violences sur des personnes dépositaires d'une autorité publique.

L'instauration d'une peine de prison incompressible de 30 ans pour les assassins de policiers ou de gendarmes sera également discutée au Parlement dès la rentrée. Et là je veux que les choses soient claires en tant que chef de l'État, mon devoir est de travailler avec tout le monde. Je n'ai pas à voir si Grenoble est une ville qui a choisi un maire de gauche ou un maire de droite. Je dois travailler avec les élus, comme les élus doivent travailler avec le chef de l'État. Mais chacun d'entre nous, nous serons mis face à nos responsabilités. Sur une peine incompressible de 30 ans, je demanderai au Parlement d'en débattre. Et je demanderai à chacun de faire abstraction de ses appartenances partisanes pour voter des textes non pas en fonction du ministre qui le présente mais de l'utilité de ce texte.

Les policiers nous regardent, les gendarmes nous regardent, la population nous regarde. Les postures politiciennes d'un côté comme de l'autre ne sont pas à la hauteur de la situation. Il ne s'agit pas de savoir ce que pensera tel ou tel parti, c'est son droit, il s'agit de savoir ce qu'il faut faire face à cette situation.

Je vous demanderai également, je le dis aux parlementaires, de débattre du champ d'application du bracelet électronique. Je souhaite notamment que les magistrats puissent condamner automatiquement les multirécidivistes au port du bracelet électronique pendant quelques années après l'exécution de leur peine. Je parle des multirécidivistes. Je faisais le point avec le ministre de l'Intérieur : imaginez que nous avons 19 000 délinquants en France qui sont plus de 50 fois mis en cause dans nos fichiers. Est-ce que l'on va continuer à les amener de tribunaux à tribunaux ?

De même nous allons réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. Je prends mes responsabilités. La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police ou d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique. La nationalité française se mérite et il faut pouvoir s'en montrer digne. Quand on tire sur un agent chargé des forces de l'ordre on n'est plus digne d'être français. Je souhaite également que l'acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique.

Au fond, la principale cause de la violence, Mesdames et Messieurs, c'est la permissivité et c'est la démission. J'ai demandé à Michèle Alliot-Marie de préparer une réforme profonde du droit pénal applicable aux mineurs et je souhaite que nous examinions sans tabou toutes les pistes envisageables. Je n'ai pas la vérité. Mais convenons que l'ordonnance de 1945 n'est plus adaptée aux mineurs d'aujourd'hui. Ou est-ce que l'on doit considérer que ce texte, qui a plus de 60 ans, ne peut pas être touché, ne peut pas évoluer. Là aussi, ce n'est pas une question partisane, une question de réflexion.

La délinquance actuelle ne provient pas d'un mal être comme je l'entends dire trop souvent : elle résulte d'un mépris pour les valeurs fondamentales de notre société. La question de la responsabilité des parents est clairement posée. Je souhaite que la responsabilité des parents soit mise en cause lorsque des mineurs commettent des infractions. Les parents manifestement négligents pourront voir leur responsabilité engagée sur le plan pénal. Quand je regarde les rapports de police, et je vois qu'un mineur de 12 ans ou de 13 ans, à une heure du matin, dans le quartier d'une ville lance des cocktails Molotov sur un bus qui passe, n'y a-t-il pas un problème de responsabilités des parents ? Il ne s'agit pas de sanctionner. Il s'agit de faire réagir. De même la question des allocations familiales. Quand une famille ne signale pas que son enfant ne va plus à l'école. Est-ce que cette famille peut continuer à aller au bureau de la Caisse d'Allocations Familiales pour percevoir les allocations, comme s'il ne s'était rien passé ?

Je comprends parfaitement que telle ou telle mère de famille, notamment dans les familles monoparentales, soit dépassée. C'est si difficile d'élever des enfants. Mais je ne comprends pas qu'on ne le signale pas au chef d'établissement. Et quand la famille réagira, les allocations familiales qui ne lui auront pas été versées lui seront reversées quand l'enfant ira de nouveau à l'école.

J'ajoute que nous ne pouvons pas non plus tolérer le comportement de certains jeunes qui empêchent les autres d'étudier. Nous allons donc ouvrir à la rentrée prochaine une vingtaine d'établissements que j'appelle de réinsertion scolaire, qui disposeront d'un encadrement renforcé et adapté. Je souhaite avec les élus du département en en discutant que l'on puisse en ouvrir un à Grenoble ou dans l'Isère dans les meilleurs délais.

Il s'agit, vous savez, de ces jeunes collégiens qui ont été déjà renvoyés deux ou trois fois des autres établissements, que l'on se repasse d'établissement en établissement parce que l'on ne sait plus quoi en faire. Et qui empêchent les autres d'étudier et de vivre tranquillement. Ce n'est pas non plus une question de droite ou de gauche, mais une question de bons sens. Qu'est-ce que l'on en fait et comment on réagit ? La menace de l'exclusion est une plaisanterie face à des collégiens ou des lycéens qui, de toute manière, ne vont plus à l'école.

Nous devons nous poser les questions sans tabou, sans excès c'est vrai, sans stigmatisation, sans amalgame c'est vrai. Mais sans faiblesse non plus. Ce qu'attendent de nous les Français ce n'est pas que nous nous réfugions derrière une posture : « A moi le grand cœur, ou à moi le grand bâton ». Non, il ne s'agit pas d'opposer ceux qui ont un cœur et ceux qui sont fermes. Il s'agit d'être à la hauteur des responsabilités que nous ont confiées les Français, qu'elles soient locales, départementales, régionales ou nationales. Et de nous hisser au niveau de ces responsabilités. Le monde change. Beaucoup de nos jeunes ont changé. Des valeurs ont été détruites, il nous faut proposer des réponses adaptées à la situation. Et ne pas décliner comme les autres un catéchisme qui serait frappé par la plus grande inefficacité.

J'ajoute que beaucoup de jeunes qui sortent de l'école à 16 ans n'ont aucune qualification et disparaissent totalement de la situation. Chacun d'entre eux, nous leur proposerons une formation ou un travail jusqu'à leur majorité, parce qu'on ne peut plus laisser les décrocheurs sortir de nos systèmes comme cela. On me dit « vous allez faire un fichier » ? Oui. Mais si on ne fait pas le fichier, les jeunes qui sortent de l'école à 16 ans et qui disparaissent jusqu'à 18 ans, vous croyez que ça leur fait du bien de rester comme ça pendant 2 ans ? Sans rien. Il ne peut pas y avoir un seul de ces décrocheurs sans qu'il n'y ait une réponse adaptée.

Enfin, il faut le reconnaître, je me dois de le dire, nous subissons les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration. Nous sommes si fiers de notre système d'intégration. Peut-être faut-il se réveiller ? Pour voir ce qu'il a produit. Il a marché. Il ne marche plus. Je ne me suis jamais laissé intimider par la pensée unique. Il est quand même invraisemblable que des jeunes gens de la deuxième, voire de la troisième génération, se sentent moins Français que leurs parents ou leurs grands-parents. Tous ici vous pourriez en porter témoignage. Tous. Tous vous avez des exemples. Pourquoi ne le dit-on pas ? On a peur ? Moi ce n'est pas de faire le constat qui me fait peur, c'est la réalité. Nous n'avons pas le droit à la complaisance en la matière.

Pour réussir ce processus d'intégration, il faut impérativement maîtriser le flux migratoire. Avec un taux de chômage des étrangers non communautaires qui a atteint 24% en 2009.

Je ne reprendrai pas la célèbre phrase de Michel ROCARD dans laquelle je me retrouve : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde ». Je dis simplement, c'est un constat lucide.

Nous allons donc évaluer les droits et les prestations auxquelles ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière. Je ne parle pas des étrangers en régulière qui ont naturellement le droit à des prestations, ça serait un comble qu'il en soit autrement ! Je parle des étrangers en situation irrégulière. Mesdames et Messieurs, mes chers compatriotes. Une situation irrégulière ne peut conférer plus de droits qu'une situation régulière et légale ! Là aussi, ce n'est pas une affaire de majorité, de gauche ou de droite, de président de la République ou de maire.

Je demande à Eric le Douaron, qui connaît bien le sujet en tant qu'ancien directeur de la PAF, de faire preuve d'une fermeté absolue dans la lutte contre l'immigration illégale. La règle générale est claire : les clandestins doivent être reconduits dans leur pays.

Et c'est dans cet esprit d'ailleurs que j'ai demandé au ministre de l'Intérieur de mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms. Ce sont des zones de non-droit qu'on ne peut pas tolérer en France. Il ne s'agit pas de stigmatiser les Roms, en aucun cas. Nous avons fait depuis la loi Besson de grands progrès pour les aires mises à leur disposition. Lorsque je suis devenu ministre de l'Intérieur en 2002, moins de 20% des aires de stationnement étaient prévues. J'ai fait le point avec le ministre. Aujourd'hui plus de 60% des aires de stationnement légales sont prévues. Les Roms qui viendraient en France pour s'installer sur des emplacements légaux sont les bienvenus. Mais en tant que chef de l'Etat, puis-je accepter qu'il y ait 539 campements illégaux en 2010 en France ? Qui peut l'accepter ?

J'ai vu que tel ou tel responsable politique disait : « mais pourquoi vous vous occupez de cela, le problème ne se pose pas ». Il ne se pose pas pour un responsable politique dont le domicile ne se trouve pas à côté d'un campement. Peut-être son opinion serait-elle différente s'il était lui-même concerné ?

Nous allons procéder d'ici fin septembre au démantèlement de l'ensemble des camps qui font l'objet d'une décision de justice. Là où cette décision de justice n'a pas encore été prise, nous engagerons des démarches pour qu'elle intervienne le plus rapidement possible. Dans les trois mois, la moitié de ces implantations sauvages auront disparu du territoire français.

Je souhaite également que dès l'automne prochain, nous réformions la loi applicable à ce type de situations. La décision d'évacuer les campements sera prise sous la seule responsabilité des préfets et leur destruction interviendra par référé du tribunal de grande instance, dans un délai bref. Nos compatriotes attendent que nous assumions nos responsabilités.

Parallèlement, je souhaite que nous engagions une importante réforme pour améliorer la lutte contre l'immigration irrégulière. Chaque année, une dizaine de milliers de migrants en situation irrégulière, dont des Roms, repartent volontairement avec une aide de l'Etat. Et l'année suivante, après avoir quitté le territoire avec une aide de l'Etat, ils reviennent en toute illégalité pour demander une autre aide de l'Etat pour repartir. Cela s'appelle « un abus du droit à la libre circulation ».

Enfin, la politique de la ville. Nous lui consacrons 15 milliards d'euros depuis 2005. Ce sont des moyens considérables apportés par l'Etat. Y compris en Isère. Mais nous sommes en droit d'attendre en échange le respect d'un certain nombre de règles.

Les moyens ne sont pas tout. Il faut d'ailleurs que nous posions ensemble, élus comme ministres et président, le problème de l'attribution à certains quartiers. Ces aides doivent être attribuées aux quartiers qui en ont le plus besoin. Aujourd'hui, tous les quartiers les demandent. Il faut bien reconnaître les choses, le zonage géographique n'est plus adapté à la situation.

Autre chose, il n'y a pas d'évaluation. On refait des quartiers, on refait des immeubles mais si on y met les mêmes personnes dans les mêmes conditions, qu'est-ce qu'on va changer ? Je ne remets pas en cause la politique de la ville, qui est un progrès. Et nous allons continuer. Mais nos compatriotes, qui payent pour cette politique de la ville, sont en droit d'attendre de nous autre chose. Et je le dis parce que ce qui se passe dans ces quartiers est extraordinaire. Il y a des gens qui ne demandent qu'à s'en sortir. Il y a des résultats considérables. Et tout ceci peut être mis par terre parce qu'une minorité met la pagaille sous le regard des médias qui font leur travail, attachés qu'ils sont au spectaculaire. Et c'est ainsi des années de travail de militants associatifs, d'élus locaux, de gouvernements qui se trouvent réduites à néant et on est parti pour la stigmatisation.


J'appelle à ce que nous repensions nos procédures. L'évaluation n'est pas un gros mot. Et puis par ailleurs, réfléchissons à la diversité sociale aussi. Parce que si on met toujours les mêmes dans les mêmes quartiers, ne nous plaignons pas ensuite qu'ils deviennent des ghettos. Des quartiers, y compris de la ville de Grenoble, étaient il y a quelques années des quartiers où il y avait une diversité. Diversité sociale et diversité d'origine. Il est certains collèges, j'en parlais avec le président, où malgré les efforts que vous faites tous, il n'y a plus une famille qui veut mettre ses enfants. Ca ne fait pas bien de le dire et pourtant c'est la vérité. Pourquoi ? Parce qu'on ferme les yeux. Et parce qu'on ne remet pas en cause. Alors évidemment à moi on me dit : « des policiers supplémentaires ! » On en mettra à Grenoble et dans l'Isère. Mais ce n'est pas tout. Des moyens supplémentaires bien sûr mais l'Etat ça ne peut pas être donner toujours plus et attendre toujours moins. La société ne peut pas fonctionner comme ça. Vos propres familles ne fonctionnent pas comme ça. Dans notre vie professionnelle ou personnelle, on ne fonctionne pas comme ça. Les événements que Grenoble vient de connaître et leur gravité imposent de notre part une réponse ferme mais c'est peut-être une opportunité de sortir de la pensée unique sur la politique de la ville, sur la politique de l'immigration et sur la politique de la sécurité.

Grenoble ne mérite pas l'image qui en a été donnée la semaine dernière. L'Isère pas davantage. On n'a pas le droit de gâcher nos atouts par la faute d'une poignée de délinquants. Et je voudrais vous dire en terminant que nous sommes décidés à travailler avec tous ceux qui de bonne foi et de bonne volonté veulent travailler avec nous pour résoudre ce problème.

La guerre que j'ai décidé d'engager contre les trafiquants, contre les voyous, cette guerre-là vaut pour plusieurs années. Elle dépasse de beaucoup la situation d'un gouvernement, d'une majorité ou d'un parti. Et je suis sûr que dans toutes les formations politiques, il se trouve des femmes et des hommes de bonne volonté qui sont décidés à réagir et à apporter leur soutien dans cette action au gouvernement de la République.

Je vous remercie de votre attention.

 

Nicolas Sarkozy

Président de la République

 

 

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 21:03

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Discours de François Fillon à l'inauguration de la mosquée d'Argenteuil le 28 juin 2010

 

http://www.blog-fillon.com/article-fran-ois-fillon-inaugure-la-mosquee-al-ihsan-d-argenteuil-53103690.html

François Fillon inaugure la Mosquée Al Ihsan d'Argenteuil
 


François Fillon inaugure la Mosquée Al Ihsan à Argenteuil le lundi 28 juin 2010.
Mesdames et Messieurs,

C’est un très grand honneur pour moi d’être parmi vous ce matin, pour participer à l’inauguration de la Mosquée et du Centre culturel Al Ihsan. Je suis venu naturellement pour vous témoigner la considération, le respect et l’amitié de la République envers l’ensemble des Musulmans de France. Avec le nom Ihsan vous avez dédié ce culte à une vertu éminemment sociale qui est la bienfaisance. Je sais aussi que vous avez coutume de l’appeler la Mosquée Renault, par allusion à l’histoire de ce bâtiment. Je pense qu’il y a dans cette appellation une part affective et j’y vois aussi un écho symbolique de votre contribution essentielle à l’essor industriel de notre pays.

La nouvelle Mosquée d’Argenteuil traduit la vitalité de la communauté musulmane de France. Cette communauté qui a su s’organiser depuis plusieurs années pour créer des lieux de culte adaptés à l’exercice paisible et digne de sa religion. Un exercice qui s‘inscrit dans le cadre d’une laïcité respectée et respectueuse de chacun. Je sais que c’est un projet de plus de dix ans qui aboutit aujourd’hui, un projet engagé par le Président ACHEBOUCHE et la communauté musulmane d’Argenteuil, qui a reçu le soutien de la municipalité d’Argenteuil, et je veux féliciter Georges MOTHRON et tous les élus qui lui ont succédé, pour avoir accompagné ce magnifique projet.

Depuis que l’association a acquis ce bâtiment en 1999, vous avez su le transformer en un magnifique lieu de culte, de formation et d’échanges. Et la visite que nous venons de faire m’a permis de mesurer l’ampleur du travail qui a été accompli et je veux vous dire combien vous pouvez, combien vous devez être fiers de cette réalisation, qui reflète l’inscription sereine de l’Islam dans le paysage national.

En France, vous le savez, la liberté du culte ne se résume pas à l’expression individuelle de conviction religieuse. Elle inclut aussi le droit de disposer des biens nécessaires à l’exercice du culte. J’ai toujours préféré les mosquées ouvertes aux salles de prière cachées et exiguës, qui sont peu dignes de notre conception de la pratique religieuse. Qu’il croit au ciel ou qu’il n’y croit pas, il importe que chacun dans notre République, qu’il soit chrétien, musulman, juif ou athée, se sente heureux et fier de vivre en France, de vivre en République et de vivre sa foi et ses convictions en toute liberté. Loin d’apporter des réponses aux questions existentielles les plus fondamentales, nos sociétés contemporaines les ont, pour partie, exacerbées. Et je crois que les religions ont toutes en commun d’offrir des valeurs universelles de tolérance et de fraternité qui permettent aux hommes de se reconnaître, de se comprendre et de se respecter. Sur les chemins de la paix et de la dignité humaine je respecte la quête spirituelle qui inspire la foi.

Les principes qui guident les pouvoirs publics sont clairs : la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, mais la République les connaît tous à égalité et les respecte tous. Comme les autres religions, l’Islam est soumis par la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat à l’interdiction de subventionner les cultes. Et comme les autres, l’Islam bénéficie des dispositions qui garantissent le libre exercice du culte. Les associations musulmanes, constituées sous le fondement de la loi de 1905, peuvent recevoir des dons privés pour construire des lieux de culte ; avec des communes elles peuvent signer des baux emphytéotiques pour louer des terrains destinés à accueillir leurs édifices, comme cela vient d’être fait à Marseille ; enfin elles peuvent demander aux départements et aux communes de garantir leurs emprunts, lorsqu’il s’agit de construire un lieu de culte qui répond à des besoins collectifs.

Il ne faut pas se tromper sur le sens de la laïcité. La laïcité ce n’est pas le combat contre les religions. La laïcité c’est le choix laissé à chacun de croire ou de ne pas croire. La République garantit à tous la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.

Sur notre territoire, il se trouve que l’exercice du culte musulman est plus récent que les autres. La France a hérité de son histoire, un manteau pluriséculaire d’églises et de cathédrales, enrichi par endroit de temples et de synagogues. Les cultes catholiques, protestants ou juifs ont pu s’appuyer sur ces lieux anciens, alors que le culte musulman ne disposait pas du même héritage. Mais en l’espace de quarante ans, votre mobilisation a permis de répondre au besoin des fidèles. Le nombre de lieux de culte est passé d’une centaine en 1970 à environ 2.000. Et surtout ces bâtiments correspondent de mieux en mieux à leur finalité religieuse.

Monsieur le président MOUSSAOUI, vous avez rappelé qu’un certain nombre d’édifices mériteraient d’être construits ou agrandis. Et vous avez raison de le rappeler, cela est légitime. Je sais bien qu’il reste des difficultés, et en particulier dans les zones où le prix du foncier est très élevé. Pour permettre aux fidèles de prier non plus dans la rue, mais dans des conditions dignes, des solutions ponctuelles peuvent aussi être trouvées comme l’aménagement, que vous avez évoqué vous-même, des horaires des lieux de culte.

Mais vous savez que dans les années à venir, le véritable enjeu pour l’exercice du culte musulman sera autant la construction de nouveaux édifices que l’entretien et la réfection des bâtiments existants. En 1926, l’inauguration de la Grande Mosquée de Paris, en souvenir des combattants musulmans morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale, marquait un des premiers temps forts de l’intégration de l’Islam en France. Depuis cette date, de nombreuses réalisations sont venues donner corps à l’Islam de France. Je pense en particulier à la création de trois aumôneries nationales musulmanes sur le modèle des autres confessions. Ces aumôneries militaires, hospitalières et pénitentiaires accomplissent un travail essentiel que je veux aujourd’hui, devant vous, saluer. Je pense aussi à l’accompagnement consulaire dont bénéficient aujourd’hui les pèlerins de la Mecque, en tant que ressortissants français engagés dans un grand évènement à l’étranger. Je pense enfin à la possibilité qui se développe de créer des carrés confessionnels dans les cimetières. La communauté musulmane de France, composée à l’origine de travailleurs étrangers qui ont vécu avec l’idée du retour au pays, est de plus en plus composée de citoyens français, qui sont nés en France, qui vivent en France et qui n’envisagent pas de reposer ailleurs que sur le sol de France. C’est là que vit leur famille, c’est là que vivent leurs enfants, c’est là qu’est leur patrie.

Toutes ces avancées ont été possibles parce que l’Islam de France a su offrir aux pouvoirs publics un interlocuteur représentatif et les conditions d’un dialogue constructif. C’est une tâche toujours difficile de rapprocher les points de vue entre les personnes, mais c’est la force des grandes confessions de savoir surmonter leurs divergences pour s’unir dans l’intérêt de l’ensemble de leurs fidèles et pour offrir le visage de l’union.

En 2003, sous l’impulsion de Nicolas SARKOZY, la création du Conseil français et des Conseils régionaux du culte musulman a été une étape essentielle de la consolidation de l’Islam de France. Des compromis ont été nécessaires, des équilibres ont été trouvés, et nous savons le rôle qu’ont joué en ce domaine les deux présidents successifs du Conseil Français du Culte Musulman, le docteur BOUBAKER pendant les deux premiers mandats et le professeur MOUSSAOUI pour le mandat en cours. Je voudrais les en remercier chaleureusement et je voudrais associer à ces remerciements l’ensemble des membres du bureau qui représente la diversité des composantes de l’Islam de France.

Désormais, le Conseil Français du Culte Musulman est définitivement inscrit dans notre paysage institutionnel. Il est donc du devoir de chaque responsable musulman d’œuvrer au maintien de son unité, en participant à chaque processus électoral de renouvellement de ces instances. Je veux vous dire que chacun jugerait sévèrement l’option de la division, alors que tant d’autres chantiers importants doivent encore être menés comme le renforcement de la formation des imans sur le territoire national.

Vous le savez mieux que quiconque, la réalité de l’Islam de France aujourd’hui c’est celle d’un Islam de paix et de dialogue, c’est un Islam du juste milieu, où le croyant vit sereinement sa foi dans le respect des lois et des principes de la République. C’est bien cette intégration réussie qui permet au président MOUSSAOUI d’en appeler désormais – je le cite – au droit à l’indifférence pour les Musulmans, celui de vivre leur foi dans la sérénité et dans la tranquillité. Ce droit à l’indifférence, beaucoup de vos anciens l’ont conquis chèrement par leur bravoure au service de la France, tirailleurs, spahis, tabors. Moi je n’oublie jamais tous ces soldats épiques, descendus de l’Atlas et des Aurès, pour faire le don de leur vie à la France. Dans les plaines de la Marne, sur les falaises de Monte Cassino, dans les forêts des Ardennes, quand ces hommes chargeaient sous la pluie des balles ennemies pour défendre l’honneur de la France, personne ne s’interrogeait sur leur confession ou sur leurs origines.

Aujourd’hui, les personnes de confession musulmane et leur lieu de culte sont encore trop souvent l’objet de discrimination et la cible d’agressions que nous ne pouvons pas tolérer. Oui ! Il y a en France des actes antimusulmans, cela est vrai hélas pour l’Islam comme pour d’autres religions. L’année dernière, 30% des faits de violences racistes, des menaces dans la très grande majorité des cas, ont visé des personnes de confession musulmane. Six lieux de culte musulman ont été la cible d’actes de malveillance et, au début de cette année, nous avons été émus par des profanations de tombes musulmanes et de mosquées.

Face à ces actes, où la haine le dispute à la bêtise, les pouvoirs publics affirment leur solidarité avec la communauté musulmane et leur fermeté à l’encontre des auteurs. La République est intraitable à l’égard de ceux qui bafouent ces principes. Et pour mieux lutter contre ces actes, j’avais proposé au Président MOUSSAOUI, après la profanation de la mosquée de Saint-Étienne, d’instaurer un partage régulier de l’information entre le Conseil Français du Culte Musulman, les services de police et de gendarmerie. L’objectif c’est de permettre un meilleur suivi de la prévention en amont et des suites judiciaires en aval.

Brice HORTEFEUX vient donc de signer, avec le Conseil Français du Culte Musulman, une convention-cadre qui permettra de mettre en œuvre un suivi statistique et opérationnel des actes hostiles aux Musulmans de France. Parallèlement, j’ai demandé à la Ministre de la Justice de renforcer la formation des magistrats spécialisés dans la lutte contre le racisme et la xénophobie. Répartis sur l’ensemble du territoire national, ils forment des pôles anti-discrimination aux côtés de l’autorité préfectorale, destinés à travailler avec les représentants des confessions et notamment les conseils régionaux du culte musulman.

Mesdames et Messieurs, face au racisme il faut être ferme, face au racisme il ne faut pas se laisser aller à la victimisation. Le racisme c’est un délit, mais il est d’abord imbécile. Les Musulmans, les Juifs, mais aussi qui ne le sont pas, en sont les victimes. A côté des mosquées et des tombes musulmanes, des synagogues et des cimetières juifs sont dégradés ou profanés comme des églises ou des cimetières chrétiens. Nourri parfois de l’importation sur notre territoire de conflits qui lui sont étrangers, le racisme sous toutes ses formes appelle une condamnation unanime des pouvoirs publics et des autorités morales et religieuses de tous bords.

Et en ce sens, je vais vous dire combien le dialogue interreligieux est vital. Notre cohésion nationale, c’est ce que nous avons de plus précieux, c’est ce que nous avons de plus sacré. L’unité de la Nation dépend d’abord de notre capacité à défendre les valeurs qui nous rassemblent. Et c’est notre combat à tous. Le drapeau tricolore est assez large pour rassembler et pour respecter chacun dans ses différences, il est assez large pour unir tous ceux qui, de toutes origines et de toutes confessions, sont la France d’aujourd’hui et la France de demain.

Quelles que soient nos appartenances culturelles ou religieuses, il revient à chacun d’entre nous - c’est notre devoir sacré - de défendre notre pays, de défendre ses valeurs et de défendre ses principes républicains. L’ennemi de la cohésion nationale c’est le repli clanique, c’est le communautarisme et c’est l’intégrisme religieux qui en est l’une des formes les plus dangereuses. Toute religion peut être confrontée à des dérives et toute religion peut être défigurée par des personnes qui prétendent régler l’ensemble des relations et des comportements de la société en son nom.

L’intégrisme n’a pas sa place dans une démocratie. L’intégrisme a encore moins sa place dans la République Française. Soyons clair : l’intégrisme ce n’est pas une particularité de l’Islam. L’histoire des religions nous en a assez souvent malheureusement apporté la preuve. Mais l’intégrisme est aussi une maladie qui frappe l’Islam. Et lorsque l’on combat l’intégrisme, ça n‘est pas l’Islam que l’on combat et ça n’est pas l’Islam que l’on stigmatise. Combattre l’intégrisme c’est combattre le sectarisme et c’est combattre l’intransigeance qui sont à la source du fanatisme.

Et je veux, à ce sujet, vous parler avec franchise de la question du voile intégral. C’est une question dont je sais combien elle est sensible, combien elle est complexe, combien aussi elle est ciblée sur une infime minorité et pourtant symbolique. Depuis près d’un an, elle a donné lieu à un vaste débat public, les représentants de la communauté musulmane se sont clairement exprimés, en particulier les membres du bureau du Conseil du Culte Musulman, que j’ai reçus le 26 avril dernier.

Le constat est unanime : cette pratique minoritaire, qui bafoue les règles fondamentales du vivre ensemble et qui heurte nos concitoyens, correspond à un comportement radical qui ne reflète pas la réalité de l’Islam. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a proposé au Parlement d’interdire la dissimulation du visage dans l’espace public. Il s’agit au fond pour nous, simplement de rappeler les règles fondamentales de la vie en société. Le projet de loi sera discuté à partir du 6 juillet prochain et, parallèlement, un délit sera créé, immédiatement applicable, à l’encontre des personnes qui pratiquent la dissimulation forcée du visage. L’interdiction de la dissimulation du visage s’accompagnera d’une période de pédagogie et de communication de six mois, pour permettre à l’ensemble des composantes de la société et en particulier aux responsables de la communauté musulmane, de nous aider à donner leur chance à l’explication et au dialogue.
 
Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, il ne faut pas s’y tromper, en renvoyant une image sombre et sectaire, les personnes qui dissimulent leur visage, au prétexte de leur foi, sont consciemment ou non les opposantes à l’Islam de France que vous avez contribué à construire. L’Islam de France, l’Islam que vous vivez au quotidien n’a rien à voir avec cette caricature qui abaisse les lumières de votre foi. Il n’a rien à voir cet extrémisme qui méprise votre adhésion pleine et entière aux principes laïcs et républicains de la France. Et c’est pour cela que vous devez vous dresser au premier rang contre ce détournement du message religieux. C’est à vous, les premiers, de faire gagner l’intelligence contre l’obscurantisme, de faire gagner la tolérance contre l’intransigeance.

Vous avez un héritage à défendre, il faut le défendre. Cet héritage c’est le fruit de la rencontre féconde entre les principes universels des droits de l’homme et une spiritualité et une civilisation musulmane brillante, qui a donné les plus grands maîtres de la philosophie, de la médecine, de l’histoire et des sciences. C’est ce trésor de finesse, ce trésor de pensée, ce trésor de beauté qu’il faut valoriser. Depuis quelques années, de magnifiques projets ont été lancés pour faire connaître toute la richesse des arts et des cultures nées de l’Islam. Le Musée du Louvre s’apprête à ouvrir un 8ème département exceptionnel, créé pour offrir aux arts de l’Islam la visibilité qu’ils méritent, dans l’un des plus beaux écrins architecturaux qui soient. Dédié aux plus belles réussites de l’âge d’or islamique, l’Institut des Cultures de l’Islam va poursuivre sa démarche populaire dans un nouvel espace contemporain dédié cette fois aux succès artistiques et intellectuels des Musulmans d’aujourd’hui.

Mais c’est à vous aussi, par votre dynamisme dans la société, dans l’économie, dans la création, de faire rayonner une communauté musulmane française qui est talentueuse et qui est ouverte. Je sais la force de l’engagement citoyen et républicain des membres et des représentants de la communauté musulmane de France. Je veux vous dire, au nom du Gouvernement et au nom de l’ensemble de la Nation française, combien j’ai confiance en vous et combien je suis convaincu que l’osmose réussie entre laïcité et Islam peut être une source d’inspiration pour d’autres Musulmans dans le monde.

Mesdames et Messieurs, l’honneur que vous m’avez fait en me conviant parmi vous, m’a permis de célébrer la République que nous aimons et la République que nous servons ensemble. Sur les chemins toujours escarpés de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, je veux vous dire que votre foi a toute sa place.

François Fillon

 

 

 

 

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 08:48

(dépêche)

 

La réforme des retraites selon le gouvernement

 

Mercredi 16 juin - 08:35

 

[RETRAITES]

- Le gouvernement veut reculer l'âge légal de 60 à 62 ans d'ici 2018 (officiel)

- L'âge du taux plein porté de 65 à 67 ans dans le projet de réforme

- Durée de cotisation allongée à 41 ans et trois mois pour générations 1953 et 1954

- Taux de cotisation des fonctionnaires aligné sur le privé en 10 ans

- Nouvelles recettes pour un montant de 3,7 milliards d'euros en 2011

- Prélèvement de 1% sur la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu

- Taxation accrue sur les stock-options (officiel)

 

 

 

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