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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 15:31

(verbatim)



Projet de loi relatif à l’entreprise publique La Poste et aux activités postales

29 juillet 2009

Christian Estrosi, ministre chargé de l’Industrie auprès de Christine Lagarde , a présenté ce matin en Conseil des ministres le projet de loi relatif à La Poste et aux activités postales.

Comme le souhaitaient Christine Lagarde et Christian Estrosi, ce projet de loi a pour objectif de donner à La Poste les moyens de relever les défis auxquels elle doit faire face.

La dernière étape de l’ouverture à la concurrence des activités postales en Europe au 1er janvier 2011 verra notamment l’essor d’opérateurs postaux puissants, armés d’ambitions internationales. Par ailleurs, le courrier, métier historique de La Poste, doit désormais s’adapter au développement d’Internet et aux techniques de dématérialisation.

La Poste aura dans ce cadre des besoins d’investissements importants dans les prochaines années, afin de poursuivre sa modernisation et de développer et garantir le maintien d’un haut niveau de qualité de service de l’ensemble des métiers et activités du groupe, notamment ses missions de service public.

Or, le statut actuel d’établissement public industriel et commercial (EPIC) de La Poste, qui est aujourd’hui une exception en Europe, ne lui permet pas de trouver les financements complémentaires nécessaires.

Le projet de loi modifie donc le statut de l’entreprise, qui devient une société anonyme, afin de permettre à l’Etat et à la Caisse des dépôts et consignations de souscrire à une augmentation de capital à hauteur de 2,7 milliards d’euros.

Le ministre chargé de l’industrie a déclaré : "Il faut donner à La Poste les moyens de poursuivre sa modernisation et son développement pour assurer son avenir autour d’une véritable ambition industrielle. L’objectif est de faire de La Poste un service public de référence et l’un des tout premiers opérateurs en Europe". Le ministre a également rappelé que La Poste restera une entreprise 100 % publique, à l’exception de la part du capital qui pourra éventuellement être détenue au titre de l’actionnariat des personnels.

Le ministre a également réaffirmé que le projet de loi consacre l’ensemble des missions de service public de La Poste et qu’il apporte des garanties aux personnels de La Poste – fonctionnaires et contractuels –, qui conserveront leurs statuts et l’ensemble des droits qui s’y attachent.

Mots-clés
La Poste






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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 10:29

(dépêches)



Remaniement : le récit d'une journée de négociations

LE MONDE | 24.06.09 | 11h29  •  Mis à jour le 24.06.09 | 15h05

Le remaniement du gouvernement a débuté… à Rome avec vingt-quatre heures d'avance. Frédéric Mitterrand, qui avait été reçu vendredi 19 juin à l'Elysée, n'a pas su tenir sa langue. Le directeur de la Villa Médicis à Rome annonçait lundi soir à son équipe sa nomination au ministère de la culture.

Mardi dans le journal de 13 heures de France 2, soit sept heures avant l'annonce officielle du nouveau gouvernement, M. Mitterrand accordait sa première interview ! L'entrée en fanfare du neveu de l'ancien président de la République socialiste, peu au goût de l'Elysée, constitue la première boulette du gouvernement Fillon IV.

Pour remplacer Christine Albanel, Nicolas Sarkozy avait d'abord songé à Erik Orsenna, proche de la gauche. "J'ai reçu un coup de téléphone il y a une dizaine de jours, confirme l'écrivain. Il y a deux ans on m'avait déjà proposé un secrétariat d'Etat à la coopération. J'ai refusé. Je ne veux pas être ministre." A l'UMP la "prise" de Frédéric Mitterrand réjouit. "Un F. Mitterrand au gouvernement, c'est quelque chose !", soulignait mardi un dirigeant du parti majoritaire.

Malgré la préparation du congrès de Versailles, le chef de l'Etat avait commencé à réfléchir au scénario du remaniement dès le lendemain des élections européennes dans un cercle restreint et avec un goût inhabituel du secret. Il s'en était entretenu avec ses proches Raymond Soubie, Claude Guéant et Henri Guaino, puis avec ses conseillers extérieurs Pierre Giacometti, Patrick Buisson ou encore Alain Minc. Avant d'en parler enfin à François Fillon lors du conseil européen, les 18 et 19 juin puis dimanche 21 juin à l'Elysée.

MARDI, UNE JOURNÉE CRUCIALE

Mais l'essentiel du Meccano s'est construit dans la journée de mardi. Principale difficulté : le sort de Michèle Alliot-Marie. L'Elysée ne souhaitait pas conserver cette chiraquienne au ministère de l'intérieur, jugée trop peu encline à défendre à la fois la sécurité et la réforme des collectivités territoriales. L'intéressée a résisté jusqu'au bout. Pour la dissuader de rester, l'exécutif avait envisagé de l'encadrer en nommant sur les questions de sécurité Christian Estrosi, un casus belli pour elle.

Vers 11 heures, mardi, François Fillon se rend à l'Elysée pour y retrouver Nicolas Sarkozy, et le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. A 11 h 05, Brice Hortefeux reçoit un coup de téléphone du chef de l'Etat puis du premier ministre qui lui proposent de quitter le ministère des affaires sociales pour prendre l'intérieur, ce ministère dont il a tant rêvé et qui lui avait échappé lors du précédent remaniement en janvier 2009. L'ami du président accepte sans hésiter.

L'Elysée appelle alors Michèle Alliot-Marie pour lui proposer la justice. Puis Nicolas Sarkozy contacte Xavier Darcos pour l'informer qu'il va changer d'affectation. A 12 h 15 de retour à Matignon, M. Fillon commence à recevoir ses ministres un à un : Luc Chatel à qui il annonce sa promotion à l'éducation nationale, puis Xavier Darcos. Le premier ministre évoque pour lui plusieurs grands ministères mais insiste sur le portefeuille des affaires sociales. M. Darcos, qui souhaitait ardemment quitter l'éducation, accepte de succéder à Brice Hortefeux. Reste à obtenir l'aval de Michèle Alliot-Marie. La ministre de l'intérieur ne donnera son accord qu'en fin de journée.

ULTIMES NÉGOCIATIONS

Après une courte pause déjeuner, François Fillon reçoit Henri de Raincourt, Michel Mercier, Bruno Le Maire, Christine Boutin, qui espère encore récupérer les prisons, mais le poste échoira à Jean-Marie Bockel. Nora Berra et Brice Hortefeux ferment le ballet des visiteurs. A 17 h 30, le chef du gouvernement retourne à l'Elysée. Deux heures et demi d'ultimes négociations vont être nécessaires pour ajuster le gouvernement.

Le cas de M. Estrosi est difficile à caler. Le député des Alpes-Maritimes et maire de Nice souhaitait décrocher la sécurité, question sur laquelle il ne cesse de communiquer depuis des mois. Il termine finalement à l'industrie, poste proposé dans la journée à Michel Mercier. Le sort du sénateur centriste prend aussi du temps. Claude Guéant et François Fillon lui ont successivement proposé trois ministères délégués, le logement et l'urbanisme, l'industrie, la ruralité. Las, le trésorier du MoDem exige un ministère plein. Vers 18 heures, M. Sarkozy lui offre celui de l'espace rural et de l'aménagement du territoire. Pour le chef de l'Etat, l'entrée de Michel Mercier vise à affaiblir un peu plus François Bayrou.

Dès sa nomination, M. Mercier annonce qu'il s'est mis en congé de son parti et qu'il a démissionné de ses fonctions de trésorier du MoDem. Le nouveau gouvernement est annoncé sur le perron de l'Elysée à 20 h 15. La plupart des sortants n'ont pas été informés de leur sort. La vie cruelle des ministres…

Sophie Landrin
Article paru dans l'édition du 25.06.09



La journée particulière des nouveaux ministres

Récit
LE MONDE | 25.06.09 | 14h17  •  Mis à jour le 25.06.09 | 14h17

L'image est toujours cruelle : le bonheur des promus, la tristesse et l'amertume des déchus. La première journée du nouveau gouvernement Fillon a été rythmée, mercredi 24 juin, par le ballet traditionnel des passations de pouvoir et un premier conseil des ministres où le chef de l'Etat a réclamé à ses nouvelles et anciennes recrues de "l'audace réformatrice", de la solidarité et enfin... de la prudence médiatique. "Ne parlez pas aux journalistes, possédez d'abord vos dossiers", leur a conseillé M. Sarkozy.

Dans la matinée, rue Oudinot, l'ambiance n'était pas tropicale. Yves Jego a accueilli au secrétariat de l'outre-mer Marie-Luce Penchard sans un mot. Il est reparti au volant de sa voiture, aux côtés de son épouse. Rue de Varenne, l'atmosphère était plus chaleureuse au ministère des relations avec le Parlement. Roger Karoutchi, autre fidèle déchu de Nicolas Sarkozy, a accueilli son successeur Henri de Raincourt puis les deux hommes, qui se connaissent bien et s'apprécient, ont déjeuné ensemble au ministère. Consolation ? M. Karoutchi, comme ses ex-collègues, parlementaires avant leur entrée au gouvernement devraient dans un mois retrouver leur siège de parlementaire, grâce à une loi organique de janvier qui a institué l'automaticité du droit au retour. Une disposition qui ne fait pas l'affaire de M. Lefebvre menacé par le retour d'André Santini.

Michel Mercier, lui, n'a pas eu droit à une passation de pouvoir. Son ministère de l'espace rural et de l'aménagement du territoire est une création. Vers 9 heures, mercredi, le centriste ne savait toujours pas sous quels ors il emménagerait ! L'ancien sénateur du Rhône est arrivé large sourire au conseil des ministres et ressorti "ému". C'est seulement vers midi que Matignon l'a informé qu'il pouvait s'installer à l'hôtel de Castries, l'ancien secrétariat au logement de Christine Boutin.

Pour son dernier jour à la chancellerie, Rachida Dati était inhabituellement à l'heure. Le symbole du premier gouvernement Fillon, perchée sur de hauts talons aiguilles, revêtue d'une tunique colorée, attendait patiemment à l'entrée de son ministère ses deux remplaçants, la nouvelle garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie et son secrétaire d'Etat, Jean-Marie Bockel. Embrassades et courtes déclarations sur le perron. Mme Dati a rendu hommage à une femme qu'elle "aime beaucoup" et "qui sera par avance un excellent garde des sceaux". Mme Alliot-Marie a parlé de "grand honneur" et de "challenge" d'arriver dans "un ministère essentiel pour la cohésion des Français".

Vingt minutes d'entretien, puis, Mme Dati a quitté la place Vendôme, sans faire de déclarations, sous quelques applaudissements du personnel de la chancellerie. A l'assemblée, quelques heures après, la nouvelle ministre de la justice et des libertés, assurait qu'elle veillerait "avec beaucoup d'attention et de détermination à la fermeté de l'action publique pour la protection de nos concitoyens". A une encablure, rue de Valois, l'ambiance était à l'émotion. La star du gouvernement, Frédéric Mitterrand s'est confondu d'excuses auprès de Christine Albanel, pour s'être auto-annoncé ministre de la culture.

Bernard Laporte a quitté le secrétariat aux sports, comme il était entré, en commettant une de ces gaffes dont il a le secret. "J'ai eu beaucoup de rapports privilégiés avec toi", a-t-il déclaré à Rama Yade avant de se rattraper dans une explication vaseuse.

Place Beauvau, dans la cour du ministère de l'intérieur, trois petits garçons s'entraînaient, en début de soirée, à saluer les forces de sécurité lors d'une passation de pouvoir tardive, mercredi, entre leur père, Brice Hortefeux et Michèle Alliot-Marie.

Six Marseillaises plus tard, le nouveau ministre de l'intérieur s'est rendu à 21 h 45 à Orly (Val-de-Marne) rencontrer des policiers des nouvelles unités territoriales de quartier (UTEQ). "C'est un ministère auquel j'ai beaucoup réfléchi", glissait-il avant d'égrener quelques résultats obtenus par les premières UTEQ. Comme on lui demandait s'il avait déjà appris par coeur les chiffres de la délinquance, il a gaiement répondu : "Moi, j'ai révisé mais je ne suis pas ministre d'Etat". Jeudi, M. Hortefeux, qui a prévu d'être "inlassablement sur le terrain", devait accompagner Nicolas Sarkozy aux Antilles.

A l'Assemblée nationale, salle Empire, Dominique de Villepin, n'était pas convaincu par le remaniement. "Il serait plus juste de parler de réajustement. Tout au plus s'agit-il d'un recentrage". L'ancien premier ministre a estimé que "la majorité se recentre sur elle-même, l'ouverture trouve ses limites" : "Je ne crois pas que l'on puisse classer Frédéric Mitterrand parmi les figures de gauche, sauf par le nom qu'il porte. Mais, la politique, ce n'est pas la chasse à la palombe", a-t-il ajouté, moquant "ceux qui pensent transgresser les frontières politiques en ne reprenant que le cadavre de certains hommes politiques pour les faire parler".

En définitive, M. de Villepin conteste l'idée d'un passage à l'"acte II du quinquennat" : "Nous sommes dans un exercice de suspension où on reprend son élan sans toucher terre."

Un peu plus tard Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste, demande à M. Fillon d'engager sa responsabilité. Lequel écarte l'idée. Malgré l'ampleur du remaniement, le premier ministre, qui défendait des ajustements a minima, affiche sa satisfaction. "Un gouvernement, il faut que ça respire."

Service France
Article paru dans l'édition du 26.06.09






Les dossiers chauds qui attendent le gouvernement

Article interactif
LE MONDE | 24.06.09 | 16h31  •  Mis à jour le 25.06.09 | 08h21

Les retraites, premier dossier pour Xavier Darcos

Xavier Darcos n'a pas à déménager loin. En passant de l'éducation nationale au ministère du travail, il glisse du 110 au 127, rue de Grenelle. Même si ce ministre de confiance aurait préféré la justice, cette nomination est loin d'être un désaveu. S'il n'a pas récupéré l'emploi – qui reste avec Laurent Wauquiez, de l'autre côté de la Seine, au ministère de l'économie –, ses attributions sont larges au sein d'un ministère qui regroupe le travail, les relations sociales, la famille et la solidarité.

Cet agrégé de lettres classiques, qui aime le contact des intellectuels et les débats d'idées, va découvrir là un univers assez nouveau. Xavier Darcos a passé le plus clair de sa carrière à l'éducation nationale, de l'administration centrale à l'inspection générale. Il y a appris la confrontation avec les syndicats et l'influence des manifestations de rue. Une expérience qui lui sera utile dans ses nouvelles attributions.

"Avec la rentrée sociale qui se prépare, il est clair qu'il va se retrouver en première ligne", estime Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT.
M. Darcos va devoir conduire l'importante réforme des retraites, chantier que le chef de l'Etat a déclaré, lundi 22 juin devant le Congrès, vouloir boucler à la mi-2010. Elle est à la fois à haut risque et centrale pour la deuxième moitié du quinquennat. Il devra s'y atteler sur fond de crise, d'emploi des seniors en panne et de déficit structurel du régime amplifié par une moindre rentrée de cotisations.

Problèmes de financement, report de l'âge légal de départ, allongement de la durée de cotisation sont autant de paramètres qui seront sur la table des discussions. La CFDT, unique soutien syndical à la réforme de 2003, ne cache pas cette fois son envie de prendre le temps. 2012 serait pour elle une bonne échéance.
Sans attendre, le nouveau ministre va s'attaquer dès la rentrée à la question de la pénibilité au travail. "Nous faisons du déblocage de ce dossier, un préalable à toute discussion sur les retraites", déclare M. Le Duigou, à l'unisson avec les autres syndicats.

Cette fois encore, l'ancien sénateur, et ancien maire de Périgueux, 61 ans, aura besoin d'un grand sens tactique. "Il peut être capable du meilleur comme du pire, dit de lui Gérard Aschiéri, le secrétaire général de la FSU, il a des moments de passage en force et des moments d'écoute." M. Aschiéri n'a pas oublié la phrase malheureuse du ministre : "Les enseignants n'ont pas les syndicats qu'ils méritent."

"BONNE IMAGE"

Pour le "Monsieur Retraites" de la CFDT, Jean-Louis Malys, "il avait plutôt une bonne image en arrivant à l'éducation nationale, mais il a eu beaucoup de mal à mettre en œuvre ses réformes". "J'espère qu'il en tirera les leçons et qu'il a gagné en expérience, notamment vis-à-vis des syndicats", poursuit-il.

Son passage Rue de Grenelle s'est divisé en deux périodes. Il a su, durant sa première année, s'attirer les faveurs du milieu enseignant. Il s'est bagarré avec succès contre Bercy pour limiter les suppressions de postes dans les budgets 2008 et 2009. Il a réalisé une partie de sa lettre de mission: réforme des programmes du primaire, mise en place de l'accompagnement éducatif, réforme de la formation des maîtres et suppression de la carte scolaire.

Après le tournant de sa défaite aux municipales de 2008, à Périgueux, M. Darcos était affaibli au sein du gouvernement. Pour redorer son image et faire plaisir au président de la République, il a redoublé de zèle, devenant un réformateur inflexible et parfois maladroit. Son échec sur la réforme du lycée en est une bonne illustration.

Après avoir raté sa concertation, et mis les jeunes dans la rue, il a été dépossédé du dossier par le chef de l'Etat. Pour conduire sa réforme des retraites et mener à bien l'agenda social, il n'aura pas droit à l'erreur.

Rémi Barroux et Maryline Baumard

Réforme des collectivités et rapprochement police-gendarmerie à l'agenda de Brice Hortefeux

Elu par surprise député européen, il ne voulait pas siéger, préférant rester au gouvernement. Ministre de l'intérieur, il en rêvait, mais pas tout de suite. Le calendrier joue parfois des tours à Brice Hortefeux qui a passé la journée, mardi 23 juin, dans sa région d'Auvergne, où il est apparu de méchante humeur.

L'ami de plus de trente ans de Nicolas Sarkozy n'aura passé que cinq mois au ministère du travail, une parenthèse. "Homme de mission", comme il se présente souvent, il n'a pas réussi à s'y imposer alors que les plans sociaux s'accumulent et que la courbe du chômage s'allonge. Les syndicats ne le jugeaient pas antipathique, mais ils ne le trouvaient pas très au fait de ses dossiers, bien qu'il ait tenté de remettre sur les rails le travail dominical et de relancer le débat sur les retraites. Le rôle ne lui convenait pas, l'Elysée l'a donc changé.

C'est par un appel du chef de l'Etat, mardi en fin de matinée, que M. Hortefeux, 51 ans, a appris sa nouvelle affectation, la troisième en deux ans. En 2007, dans le gouvernement Fillon I, il avait écopé du rôle ingrat de ministre de l'immigration et de l'identité nationale. Dans lequel il avait provoqué une polémique en convoquant les préfets accusés de ne pas respecter les objectifs chiffrés d'expulsions.

Depuis son passage à ce ministère, il conserve en permanence auprès de lui un policier en tenue, "pour des raisons de sécurité", ce qui n'a pas manqué d'étonner ses visiteurs au ministère du travail plus habitués à y croiser des huissiers.

Cette fois, le poste de ministre de l'intérieur et des collectivités territoriales n'est pas vraiment une surprise, plutôt une anticipation par rapport à un portefeuille qu'il espérait récupérer un jour. La place Beauvau ne lui est pas inconnue. Il l'a fréquentée lorsque simple conseiller du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy il occupait un modeste bureau au rez-de-chaussée. C'est là qu'il recevait ses visiteurs, avant d'être propulsé au stade supérieur : ministre des collectivités territoriales en 2005. Une expérience utile pour le ministre, qui va devoir gérer la réforme des collectivités territoriales. "On va avoir la grogne des élus", jauge-t-il.

"PORTE-FLINGUE"

La bataille n'est pas pour déplaire à cet élu qui a décroché son premier mandat, conseiller régional d'Auvergne, en 1992, – seize ans après avoir fait la connaissance de Nicolas Sarkozy à Neuilly-sur-Seine.

Fidèle d'entre les fidèles, parfois présenté dans le passé comme le "porte-flingue" de son ami, M. Hortefeux sera très vite aussi aux avant-postes dans le domaine de la sécurité. Il devra, dès juillet, défendre le projet de loi sur la gendarmerie, lors de la session extraordinaire à l'Assemblée nationale, puis le projet de loi de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi), qui fixe la feuille de route de la police et lui attribue ses moyens jusqu'en 2012, année de l'élection présidentielle.

Tout a été préparé par Michèle Alliot-Marie. Mais Nicolas Sarkozy n'a laissé à la nouvelle garde des sceaux aucun espace pour imprimer sa marque et accoler son nom à des textes sur la sécurité, son domaine réservé.

"MAM" a dû se contenter de mettre en musique des réformes décidées par son prédécesseur, qu'il s'agisse du renseignement intérieur ou du délicat rapprochement, qui n'avait pas ses faveurs, de la police et de la gendarmerie. L'arrivée de M. Hortefeux ne va pas manquer d'aviver l'inquiétude de ces derniers.

Isabelle Mandraud

Michèle Alliot-Marie va devoir rassurer des magistrats traumatisés

Imperturbable "MAM". En début de soirée, mardi 23 juin, Michèle Alliot-Marie a défendu au pied levé la proposition de loi sur les bandes de Christian Estrosi, nommé ministre de l'industrie et subitement absent. Volatilisée aussi, la garde des sceaux Rachida Dati, qui devait représenter le gouvernement. Commencé avec Mme Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, l'examen du texte qui créé de nouvelles incriminations sur les bandes devait donc se poursuivre, jeudi, avec Mme Alliot-Marie garde des sceaux. "Curieuse situation...", s'étonnait la députée Delphine Batho en présentant, au nom du PS, une motion d'irrecevabilité.

Jusqu'au bout "MAM " a tenté de se maintenir au ministère de l'intérieur, où elle n'a jamais eu les coudées franches, tant l'emprise de Nicolas Sarkozy – qui y a placé ses hommes-clés – y est restée forte. Il n'a jamais caché sa volonté de l'écarter de ce ministère, mais se devait de ménager une personnalité chiraquienne influente au sein de l'UMP.

Les apparences sont sauves. Michèle Alliot-Marie devient ministre d'Etat, ministre de la justice – et des libertés–, un ajout qui ne pouvait que la satisfaire. Son profil rassure les magistrats, après le passage de la tornade Dati. C'est une vraie politique, peu "bling-bling" qui a fait des études de droit et qui peut redonner une certaine hauteur au ministre de la justice, alors que Rachida Dati, dans un tout autre style, s'est souvent contentée de suivre ou d'essayer de devancer les volontés du chef de l'Etat.

Michèle Alliot-Marie va devoir reprendre en main un ministère traumatisé par la dernière année de Rachida Dati, et surtout par ces six derniers longs mois, depuis l'annonce de la candidature forcée de la ministre aux élections européennes, où la chancellerie a fonctionné sans pilote.

"UN SIGNE D'APAISEMENT"

Le président du principal syndicat de magistrat, l'Union syndicale des magistrats, Christophe Régnard, voit dans cette nomination "un signe d'apaisement" : "On a un ministre de poids, qui est juriste. On va pouvoir parler du fond, ça va changer." Le Syndicat de la magistrature est plus circonspect : "Un ministre de l'intérieur devient ministre de la justice, c'est un symbole. C'est la ministre du fichier Edvige et de l'affaire de Tarnac", explique Emmanuelle Perreux, la présidente de ce syndicat de gauche.

Le transfert de Mme Alliot-Marie de l'intérieur à la justice est un nouvel épisode des relations tumultueuses entre la place Beauvau et la place Vendôme, qui se sont exacerbées en 2002 quand Nicolas Sarkozy est devenu ministre de l'intérieur. Président, il a nommé l'une de ses conseillères comme garde des sceaux. Cette fois, c'est la ministre de l'intérieur qui est nommée à ce poste... et qui devra affronter son successeur place Beauvau, Brice Hortefeux, un fidèle du président de la République.

Tout en pansant les plaies de la chancellerie, "MAM" devra mettre en œuvre une réforme de la procédure pénale pilotée par l'Elysée. Quelles seront ses relations avec le puissant conseiller justice de l'Elysée, Patrick Ouart, en guerre ouverte avec Mme Dati, même si celui-ci devrait quitter ses fonctions à la fin de l'année ?

L'autre grand chantier du ministère de la justice concerne la question pénitentiaire. Sur ce dossier épineux, elle sera épaulée par Jean-Marie Bockel, nommé secrétaire d'Etat aux prisons,chargé de la construction de 5 000 nouvelles places de détention. Ils géreront une situation tendue au moment où Nicolas Sarkozy a qualifié l'état des prisons de "honte pour la République".

Isabelle Mandraud et Alain Salles

Emploi, formation, carte scolaire... l'éducation nationale attend Luc Chatel

A 44 ans, Luc Chatel connaît une jolie promotion. Son arrivée Rue de Grenelle et le maintien de sa mission de porte-parole font de lui un homme fort du nouveau gouvernement.

Récompensé pour son engagement sans faille au service de Nicolas Sarkozy, dont il a largement soutenu la campagne de 2007, ce diplômé en gestion de Paris-I-Sorbonne n'hérite pourtant pas d'une sinécure.

Parmi les dossiers ouverts par son prédécesseur, Xavier Darcos, Luc Chatel va trouver un cadeau empoisonné : la suppression de 16 000 postes au budget 2010. Révélée par La Tribune du 24 juin, cette annonce "est bien le signe que la réforme du recrutement des enseignants risque de sacrifier leur formation professionnelle", commente Gérard Aschiéri, le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU).

Engagée par Xavier Darcos, la formation à bac +5 de tous les nouveaux enseignants est un dossier auquel M. Sarkozy tient particulièrement, puisque c'est le moyen, à ses yeux, de revaloriser les débuts de carrière.

"Luc Chatel est attendu là dessus. Ou bien il réussira, ou bien il sera celui qui a diminué la formation professionnelle du corps enseignant", prévient d'emblée Patrick Gonthier, secrétaire général de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA).

L'ex-secrétaire d'Etat chargé de l'industrie et de la consommation – qui a géré le délicat dossier du plan automobile – devra aussi mener à bien la réforme du lycée. Un dossier sur lequel son prédécesseur avait dû capituler.

SURPRISE

Un autre sujet risque de lui revenir en boomerang. L'ouverture de la carte scolaire, autorisant les dérogations à l'établissement de secteur, avait été la première mesure lancée par Xavier Darcos à son arrivée Rue de Grenelle. Deux ans après, certains des établissements les plus difficiles ont perdu jusqu'à un quart de leur population scolaire et se sont largement "ghettoïsés".

Il faudra d'autant plus trouver une solution que le discours de Nicolas Sarkozy devant le Congrès, lundi 22 juin à Versailles, mettait l'accent sur la mission de l'école envers ces populations défavorisées.

La nomination de ce père de quatre enfants, qui s'est jusqu'alors peu exprimé sur l'éducation, a été reçue comme une surprise générale.

Marc Dupuis

Le budget et la réforme de la PAC, dossiers délicats pour Bruno Le Maire

Sa carrière express vient de faire un nouveau bond. A 40 ans, Bruno Le Maire a été nommé à la tête d'un ministère difficile, celui de l'agriculture et de la pêche, auxquelles a été ajoutée l'alimentation. Issu du clan villepiniste, il était entré au gouvernement il y a six mois, en tant que secrétaire d'Etat aux affaires européennes. Elu député (UMP) de l'Eure en 2007, il avait été, à 35 ans, directeur de cabinet du premier ministre Dominique de Villepin, qu'il avait connu au Quai d'Orsay.

Après Christine Lagarde brièvement, puis Michel Barnier, c'est de nouveau un profil de carrure internationale et européenne qui est choisi pour l'agriculture. Depuis des mois, la FNSEA, le principal syndicat agricole, militait pour cela, car l'avenir du secteur se joue à Bruxelles. L'intéressé, dont la hantise était d'être nommé à l'éducation nationale, ne peut, lui, que se réjouir d'obtenir un ministère dans la continuité de son secrétariat d'Etat, où il a œuvré au rapprochement entre Paris et Berlin.

Sa grande connaissance de l'Allemagne, l'autre grand pays agricole européen, sera bien utile à Bruno Le Maire pour les deux dossiers délicats qu'il devra gérer : le débat sur le budget européen, en 2010, qui pourrait voir réduit celui de la politique agricole commune (PAC), et la réforme de cette dernière, fixée à 2013. L'échéance est redoutée par les agriculteurs, qui s'inquiètent de la disparition d'outils de régulation comme les quotas laitiers.

M. Le Maire récupère un ministère qui, avec Michel Barnier, a pris un virage environnemental. Ce dernier a soutenu l'agriculture biologique, la réduction de l'utilisation des pesticides et décidé un rééquilibrage des subventions entre céréaliers et éleveurs, qui a mis la FNSEA sens dessus dessous.

Mais ces dernières semaines, la situation s'est tendue et le nouveau ministre pourrait vite devoir gérer la colère du terrain. Les éleveurs laitiers n'ont pas rendu les armes, certains envisagent une grève du lait. Les producteurs de porcs et de fruits et légumes, eux aussi, subissent une forte baisse des prix. "Il n'y aura pas de temps mort et pas d'état de grâce", a affirmé Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, mardi 23 juin.

Pour éviter un nouveau conflit, M. Le Maire devra vite prouver qu'il tient les engagements de son prédécesseur : faire la transparence sur les marges des industriels et des distributeurs.

Laetitia Clavreul




Illusion perdue

Edito du Monde
LE MONDE | 25.06.09 | 14h17

Le président de la République a mis fin, à l'occasion du remaniement ministériel, à une expérience inédite en Europe : le secrétariat d'Etat français aux droits de l'homme. Le premier ministre, François Fillon, s'en est expliqué sans ménagement, mercredi 24 juin, en concluant que ce poste était "très difficile" et "pas extrêmement efficace".

La création de ce portefeuille et, tout autant, le choix de le confier à Rama Yade avaient été l'un des symboles du premier gouvernement Fillon. Cette initiative traduisait la volonté de Nicolas Sarkozy de se démarquer de son prédécesseur, Jacques Chirac, notamment sur la Russie de Vladimir Poutine ou sur le Darfour. Se plaçant "du côté des opprimés", le président nouvellement élu adressait ainsi, le 7 mai 2007, un signal très fort à "tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et les dictatures : le devoir de la France est d'être à leurs côtés".

Bien sûr, les doutes n'ont pas manqué sur l'apparition d'un secrétariat d'Etat qui, faute d'homologues chez les partenaires de la France, peinerait à créer des synergies. De même, l'on s'est interrogé sur la capacité d'une novice à ce poste. Rama Yade est loin d'avoir démérité. Son succès médiatique et son choix de plusieurs thèmes-phares, comme le combat international pour la dépénalisation de l'homosexualité, lui ont permis d'exister et d'apporter un supplément d'âme à la diplomatie française.

Elle n'en a pas moins éprouvé l'étroitesse de ses marges de manoeuvre : pour une déclaration fracassante à propos du "Guide" libyen, elle a été contrainte au silence, par exemple lors du déplacement, en avril 2008, de M. Sarkozy en Tunisie, où il jugea que "l'espace des libertés progresse" dans ce pays.

Surtout, au fil des mois, la "realpolitik", les intérêts économiques et les calculs stratégiques ont effacé les élans initiaux de M. Sarkozy. Les "200 000 morts en Tchétchénie" et les assassinats politiques en Russie ont été "oubliés" lors de ses déplacements à Moscou. Le voyage à Pékin, en août 2008, malgré l'absence d'améliorations au Tibet, fut un autre tournant. Le coup de grâce a ensuite été porté par Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères, pour qui "il y a une contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un Etat".

La suppression du secrétariat met peut-être fin à une contradiction, voire une hypocrisie, de l'Elysée. Mais, en le créant, la France s'était portée en pointe dans la défense, plus urgente que jamais, de droits dont l'universalité est contestée. Le signal envoyé aujourd'hui ressemble à une illusion perdue.

Article paru dans l'édition du 26.06.09



Pierre Lellouche souhaite que l'Europe s'empare des questions stratégiques

LE MONDE | 25.06.09 | 14h17

Pierre Lellouche était bien loin de l'Europe lorsqu'il a appris sa nomination au secrétariat d'Etat aux affaires européennes. Il effectuait une visite en Ouzbékistan, et s'apprêtait à avoir un entretien avec le président Islam Karimov pour évoquer la géopolitique de l'Asie centrale. On ne saurait mieux illustrer la distance qui peut séparer cet expert des questions stratégiques et de défense du quotidien institutionnel de Bruxelles.

"Je suis moins bon sur des thèmes comme l'agriculture, mais ça s'apprend", reconnaît-il. L'Europe ne lui est pas étrangère, dit-il. Il mentionne, par exemple, son rôle de conseiller diplomatique de Jacques Chirac, alors maire de Paris, lors de l'adoption du traité de Maastricht, ou encore sa participation, en 2005, aux négociations pour l'obtention par la France du réacteur thermonucléaire ITER.

Atlantiste convaincu, ayant plaidé pour le retour de la France dans l'OTAN, Pierre Lellouche a participé à la rédaction du programme de politique étrangère du candidat Nicolas Sarkozy, en 2007.

C'est à la dimension stratégique de l'Union européenne (UE) qu'il aimerait maintenant consacrer le gros de ses efforts. "Il est indispensable qu'il y ait une vraie réflexion stratégique sur les moyens de l'UE et ses objectifs", dit-il.

Ses points forts se situent du côté de l'Europe de la défense - "C'est désormais un problème d'argent plus que d'institutions" -, l'élargissement - "Un formidable moteur de démocratie pour ces pays qu'on ne pouvait pas laisser en suspension" - et les grands enjeux avec la Turquie et la Russie.

L'Europe manque non seulement d'unité mais de "vision géopolitique", estime-t-il. Il en a fait l'expérience ces derniers mois, en tant qu'émissaire spécial de M. Sarkozy pour l'Afghanistan et le Pakistan. Il a constaté le déficit des moyens européens mis en oeuvre et l'écart entre pays membres de l'UE, dès qu'il s'agit de combattre les talibans.

"LA TURQUIE AVEC L'EUROPE"

Il a aussi ouvertement critiqué les raideurs bureaucratiques de la Commission. "Il faut injecter plus de vision stratégique, plus de politique", dit-il. "Ça fait longtemps que je m'occupe de géopolitique, j'ai cette vision géopolitique de l'Europe."

A propos de la Turquie, pour laquelle il a longtemps plaidé en faveur d'une intégration dans l'UE, ses propos sont maintenant plus dosés. Il suivra "la ligne gouvernementale". Il veut voir "la Turquie avec l'Europe", plutôt que la Turquie dans l'Europe, en sachant que l'adhésion n'est pas pour demain. Ankara a salué dès mercredi la nomination au gouvernement du député UMP, la qualifiant d'"information réjouissante". Pierre Lellouche avait souhaité en 2008 que Paris ne bloque pas l'ouverture de chapitres supplémentaires dans les négociations entre l'UE et la Turquie. Il a cependant été échaudé par l'attitude turque, en avril, à propos du renouvellement du poste de secrétaire général de l'OTAN.

Avec la Russie, ses relations ont été plus délicates. Les Izvestia avaient jugé que son éventuelle entrée au gouvernement, en mai 2007, aurait été un acte hostile de M. Sarkozy à l'égard de la Russie. Lui qui avait applaudi aux révolutions en Ukraine et en Géorgie, considère aujourd'hui qu'il y a des "pragmatiques" à Moscou. "Je l'ai perçu dans mes discussions avec les Russes sur l'Afghanistan." Un dossier régional qui lui a cependant été retiré. Un nouvel émissaire doit être désigné par l'Elysée.

Natalie Nougayrède
Article paru dans l'édition du 26.06.09



Les dossiers qui attendent Frédéric Mitterrand

LE MONDE | 25.06.09 | 14h17  •  Mis à jour le 25.06.09 | 14h17

A l'issue de la passation de pouvoirs entre Christine Albanel et Frédéric Mitterrand, dans la matinée du 24 juin au ministère de la culture et de la communication, ce dernier a été interrogé sur ses dossiers prioritaires. "Je ne les connais pas suffisamment bien. Ce serait d'une grande maladresse d'arriver comme Tarzan." M. Mitterrand devra apprendre vite. Car il va trouver une maison en pleine crise, et il devra faire face à des dossiers plus sociaux que glamour. Parce que l'argent manque, comme dans tous les ministères, et que les charges fixes bloquent en grande partie toute action culturelle.

Le premier dossier, peu visible pour le public, touche le coeur même du ministère de la culture. Jeudi 25 juin, à midi, une manifestation d'agents "maison" devait avoir lieu devant le bâtiment principal du ministère, 182, rue Saint-Honoré, à Paris. Le personnel s'inquiète depuis des mois de la réforme de leur ministère, qui vise à réduire le nombre de directions, et, de ce fait, à compresser le personnel. L'intersyndicale CGT, SUD, FSU dénonce la suppression de 249 emplois. "Le gouvernement mise sur la période estivale pour parvenir, en toute discrétion et sans obstacle, croit-il, à démanteler le ministère de la culture", écrit l'intersyndicale, qui dénonce un "manque de vision".

Le dossier le plus "grand public" concerne les deux lois visant à lutter contre le piratage sur Internet. Le volet prévention vient d'être promulgué, alors que le volet sanctions a été présenté en conseil des ministres, mercredi 24 juin, par la nouvelle ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie. Il faudra à M. Mitterrand beaucoup de conviction et d'habileté pour, au-delà du vote, faire accepter ces textes par les Français.

Le patrimoine est un autre dossier délicat. D'abord parce qu'il faudrait des sommes folles pour restaurer des bâtiments classés qui se dégradent de plus en plus. Depuis quelques semaines, il est reproché à l'Etat d'être trop laxiste dans la défense du patrimoine. Il y a d'abord cet amendement adopté dans le cadre de la loi du Grenelle de l'environnement, qui permet de se passer de l'accord des architectes des bâtiments de France pour construire dans des zones protégées.

DÉMÉNAGEMENTS CONTESTÉS

Il y a aussi le cas de l'hôtel Lambert, à Paris, joyau situé sur l'île Saint-Louis, et dont le ministère vient d'autoriser les lourds travaux, que certains contestent. Que va aussi devenir le superbe hôtel de la Marine, place de la Concorde, qui sera libéré en 2012 par l'armée ? M. Mitterrand devra trancher la question du lieu qui abritera le Musée de l'histoire de France, mais peut-être Nicolas Sarkozy, qui a voulu ce musée, décidera-t-il lui-même.

Le ministre aura aussi à gérer assez vite le déménagement des Archives nationales, du centre de Paris pour Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), d'ici à 2011, alors que nombre de voix dénoncent ce processus. Autre délocalisation très contestée, celle du siège de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), de Paris à Reims, d'ici à 2011. Les archéologues redoutent aussi une précarisation massive de leur métier, en raison d'une loi qui vient d'être votée.

Sans doute M. Mitterrand prendra-t-il le temps d'affronter la nécessaire réorganisation du théâtre en France : lieux mal identifiés, aux statuts confus, et qui sont mal répartis sur le territoire, spectacles qui tournent trop ou pas assez, etc.

Restent les professionnels du cinéma, qui devraient être satisfaits d'avoir comme ministre un cinéphile et ancien président de l'avance sur recettes (2001-2003), système qui aide à la réalisation de films. "On attend de voir avant de juger", vient de faire savoir la Société des réalisateurs de films, sans mot de bienvenue.

Service Culture
Article paru dans l'édition du 26.06.09

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 22:02

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David PUJADAS : On en vient à l’actualité politique évidemment très riche ce soir, la France a un nouveau gouvernement (…) Quel sens donner à ces changements ? Quelle politique pour demain ? Le Premier ministre, François FILLON, est notre invité ce soir. Merci d’avoir choisi FRANCE 2 pour cette première intervention. D’abord, quelques réactions à l’annonce de ce gouvernement (…) On entendait, François FILLON, Jean-Marc AYRAULT dire : « C’est plutôt un gouvernement de fermeture. » C’est vrai qu’il n’y a aucun ministre de gauche nommé. L’ouverture, elle a fait son temps, c’est terminé ?

François FILLON : Non, l’ouverture, ça dure et ça marche. Je veux dire par là que les ministres qui incarnent l’ouverture dans mon gouvernement, qui pour l’essentiel viennent de la gauche, ils ne sont pas partis du gouvernement, donc il n’y avait pas lieu de les remplacer. Bernard KOUCHNER est toujours là, Eric BESSON est toujours là. Ce que nous avons cherché à faire avec le président de la République, c’est à poursuivre l’effort au fond de représentation de la diversité de la société française en allant chercher une compétence comme celle de Frédéric MITTERRAND, qui est reconnu comme un grand professionnel de la culture, ou Nora BERRA ou Marie-Luce PENCHARD, que vous avez montrée à l’instant, ou des jeunes, il y a trois, quatre quadragénaires qui accèdent à des responsabilités nouvelles, je pense à Luc CHATEL, à Bruno LE MAIRE ou à Benoist APPARU. Donc, on poursuit cet effort d’ouverture, l’ouverture n’est pas seulement une ouverture vers la gauche, c’est aussi une ouverture vers la société française.

Frédéric MITTERRAND, qu’est-ce que c’est ? C’est la touche de surprise ou d’exotisme qu’il faut à tout gouvernement pour être un peu médiatique ?


Non, c’est un grand professionnel qui va apporter son regard, son expérience, son talent au gouvernement. Il n’y a aucune raison de constituer des gouvernements homogènes, avec des hommes et des femmes qui pensent tous la même chose, qui viennent tous des mêmes horizons. C’est comme…


C’était votre choix ?


… C’est comme ça qu’on se ferme. Le gouvernement de fermeture, ce serait celui-là. Donc, avec le président de la République, on a cherché en permanence, depuis deux ans d’ailleurs, à recruter aux bons postes les bonnes personnes. Je pense qu’on a réussi de ce point de vue-là à trouver les bons équilibres.


Il y a des éléments qui retiennent l’attention, le secrétariat d’Etat aux Droits de l’homme est supprimé. Ça veut dire quoi ? Ça ne marchait pas ? C’était inutile ? C’était un artifice ?

Non, en réalité, il n’est pas supprimé, c’est le ministre des Affaires étrangères, Bernard KOUCHNER, qui a en responsabilité désormais la fonction qui était celle de Rama YADE…


On aurait pu avoir ce raisonnement avant alors !

C’est vrai qu’on fait des essais, on peut parfois se tromper. On est arrivé, avec Bernard KOUCHNER et avec Rama YADE, à la conclusion que c’était difficile pour une personne d’occuper seulement cette fonction-là. C’était très compliqué, ce n’était pas au fond extrêmement efficace. Donc, on a préféré remettre cette fonction dans le portefeuille de Bernard KOUCHNER qui le défendra avec beaucoup de talent.

Alors, ce n’est pas un secret, vous, vous étiez pour un réajustement technique très limité. Finalement, le changement est plus grand, plus profond. Pourquoi ?

D’abord, je voudrais vous faire remarquer que ce n’est pas un remaniement aussi considérable que je l’entends dire. Il y a huit nouveaux entrants et huit sortants sur un gouvernement de trente-neuf personnes…

Neuf changements d’affectation.

Il y a beaucoup de stabilité, en particulier il y a beaucoup de stabilité sur des sujets qui, pour moi, étaient absolument fondamentaux, notamment face à la crise économique. Vous constaterez que tous les ministres en charge de l’économie, des finances sont les mêmes. C’est un vrai changement dans notre pays qui avait pris l’habitude de modifier, de changer les ministres des finances quasiment tous les six mois. Alors, c’est vrai qu’on a changé quelques titulaires de poste, d’abord, parce qu’un gouvernement, il faut que ça respire, c’est un métier très, très difficile, surtout à des responsabilités comme l’intérieur ou comme la justice ou comme l’éducation. Et puis, il y a de nouvelles pages qui vont s’écrire avec de nouvelles réformes. On a estimé, avec le président de la République, que pour la réforme de la justice, après le travail remarquable et très difficile qu’avait fait Rachida DATI, il fallait quelqu’un qui incarne cette réforme. Pour la réforme des collectivités locales, qui va être conduite par Brice HORTEFEUX à l’Intérieur, il nous a semblé que c’était l’homme le plus apte à convaincre la majorité parlementaire de conduire cette réforme. Voilà, donc on cherche en permanence à trouver la bonne personne à la bonne place.

Alors, quelle sera la politique suivie ? Avant de vous entendre sur le sujet, deux chiffres et un commentaire. Les chiffres, les voici, c’est le ministère du Budget qui les donne et ils montrent le plongeon des comptes publics ; déficit prévu cette année : 140 milliards d’euros tout compris, soit 7 à 7,5 % du PIB, c’est un record absolu ; la dette fait un bond à près de 1 500 milliards d’euros et 77 % du PIB, là aussi, on bat tous les records. Le commentaire, c’est celui de Philippe SEGUIN, le président de la Cour des comptes, qui a rendu son rapport annuel, qui était l’un de vos proches, François FILLON, il parle de « fuite en avant, plus on attend, plus il faudra payer », dit-il. On l’écoute.

(Déclaration Philippe SEGUIN)

Soixante-dix milliards d’économie, dit Philippe SEGUIN. Monsieur le Premier ministre, est-ce qu’il honnête de dire qu’on n’augmentera pas les impôts ?

Oui, parce qu’il faut distinguer deux choses. Philippe SEGUIN a raison, il est dans son rôle en alertant sur l’importance du déficit. Il faut ajouter que tous les pays développés sont aujourd’hui dans la même situation. Il y a deux…

Sauf l’Allemagne, qui est un peu moins…

Enfin, qui est en train de voir son déficit augmenter, même si elle part effectivement d’une situation meilleure. Il y a deux déficits, il y a le déficit structurel, c’est-à-dire les dépenses courantes, quotidiennes, sur lesquelles…

La moitié du déficit, dit Philippe SEGUIN.

… Qui représentent la moitié du déficit et sur lesquelles nous avons, depuis trois ans, porté un effort considérable. Depuis trois ans, pour la première fois depuis très longtemps, les dépenses de l’Etat ont été gelées à zéro et elles le seront encore en 2010. On a engagé un effort de réduction des emplois publics, qui est d’ailleurs difficile parfois à accepter par nos concitoyens, qui va se poursuivre en 2010. On a surtout engagé des réformes structurelles qui permettront de réduire ce déficit. La réforme des collectivités territoriales, elle vise à réduire le nombre d’échelons, à enlever de la complexité dans le système pour réduire les coûts…

Elle n’est pas encore engagée…

Non, mais il faut, justement, c’est bien pour ça qu’on veut accélérer les choses. La réforme des retraites, qui a connu déjà trois étapes, la fonction publique, les régimes spéciaux, l’ensemble des régimes de retraite, le président de la République a fixé un rendez-vous en 2010 qui va nous conduire à prendre des décisions qui seront forcément des décisions fortes, soit sur l’allongement de la durée de cotisation, c’était la proposition que la majorité avait acceptée dans la réforme que je portais, soit…

C’est inévitable ?

C’est absolument inévitable, parce que la vie s’allonge. Soit, sur l’allongement de la durée légale, enfin sur l’allongement de la durée légale de départ à la retraite. Aujourd’hui même, a été votée, après bien des débats, une réforme fondamentale de l’hôpital qu’a portée Roselyne BACHELOT, qui va conduire à réduire les déficits. Donc, il y a d’abord cet effort de réduction des déficits structurels sur lequel je suis parfaitement d’accord avec Philippe SEGUIN et j’ai toujours dit que, moi, je ne céderai jamais sur cette question parce que, pour moi, elle est fondamentale. A côté, vous avez les déficits qui sont liés à la crise, c’est-à-dire les dépenses de relance, les recettes qui sont en chute libre. C’est là où le président de la République a fait une proposition que nous allons mettre en œuvre, qui consiste à investir massivement – je sais que ça peut paraître paradoxal – dans des secteurs porteurs d’avenir en termes de création de richesse et de création d’emploi. Parce que pour nous, la seule façon de réduire ce déficit, c’est d’aller chercher de la croissance. Si on augmente les impôts aujourd’hui, on va accroître la récession dans notre pays. Si on augmente les impôts, demain, au moment où on sortira de la crise, on cassera la reprise. Donc, la seule solution, c’est de faire ce qu’on a fait dans les années 60 quand on a financé massivement le nucléaire, l’aéronautique, le spatial…

Alors, Nicolas SARKOZY dit : Un grand emprunt sera lancé. Est-ce qu’on peut en savoir davantage ? Combien ? A quel taux ? Qui sera sollicité pour le souscrire ?

Avant de lancer l’emprunt, on va d’abord définir les vraies priorités stratégiques. Pour moi, il est absolument essentiel que pas un euro de cet emprunt ne soit utilisé à des dépenses qui seraient des dépenses non prioritaires, qui ne seraient pas des dépenses utiles, qui ne seraient pas des dépenses qui génèreraient de la richesse. Je réunis le gouvernement dès dimanche prochain pour fixer ces priorités, en tout cas du point de vue gouvernemental. Le 1er juillet, avec le président de la République, on va recevoir les syndicats, les partenaires sociaux, pour débattre avec eux de cette question. Et puis, ensuite, le Parlement, dans les semaines suivantes, sera amené à prendre des décisions sur les priorités…

Est-ce qu’on a une idée des grands thèmes qui seront concernés ?

On peut imaginer naturellement que les biotechnologies, que l’énergie du futur, les voitures électriques, un certain nombre de secteurs dans le domaine alimentaire ou dans le domaine de la santé, l’éducation en général, parce qu’on a évidemment besoin d’investir, notamment dans l’enseignement supérieur et dans la recherche. A partir de la définition de ces priorités, on fixera le montant de cet emprunt…

Ce sera quoi, une vingtaine de milliards, l’ordre de grandeur ?

Je n’en ai, aujourd’hui, pas du tout idée et je n’ai, en plus, pas du tout envie d’en parler, parce qu’il faut d’abord commencer par parler des priorités…

Mais c’est les Français qui seront sollicités en tout cas…

… Notre idée, c’est de solliciter les Français, en tout cas pour une part. Parce que, au fond, derrière cet emprunt, il y a l’idée d’associer la Nation à cet effort. Je pense que face à la crise qu’on rencontre…

Il y a un côté psychologique…

… Le maître mot, c’est l’unité nationale. On a besoin d’unité au sein de l’exécutif, on a besoin d’unité au sein de la majorité. Mais on a surtout besoin d’unité avec les Français pour faire face à une crise qui est une crise comme on n’en a jamais connue et pour laquelle aucune des solutions précédentes ne peut être appliquée.

Un mot encore, François FILLON, on a le sentiment que sur ce remaniement gouvernemental, la quasi-totalité des décisions ont été prises à l’Elysée. On l’a vu au Congrès de Versailles, finalement, vous n’aviez pas votre mot à dire, pour des raisons constitutionnelles, mais le fait est là ! Alors, est-ce que les textes et la pratique ne conduisent pas à un effacement du Premier ministre qui est de plus en plus difficile à supporter ?

Je vais vous dire, je pense que c’est un débat qui intéresse 300 personnes à Paris. Est-ce que vous pensez un seul instant que les Français attendent que le Premier ministre s’oppose au président de la République ?

S’oppose, pas forcément, mais décide autant que lui…

… Pour le reste, vous ne savez pas naturellement ce qui, dans les décisions qui sont prises, revient au président de la République et au Premier ministre. Je peux vous dire que la Constitution est parfaitement respectée. Moi, j’ai en charge, c’est l’article 21 de la Constitution, la conduite du gouvernement. Ce gouvernement, il met en œuvre une politique qui est celle que le président de la République a présentée aux Français. C’est lui qui a été candidat devant les Français, c’est son projet politique que je mets en œuvre.

Vous ne rongez pas votre frein ?

Je ne ronge pas mon frein, pour la bonne raison que je mets en œuvre un projet politique auquel j’adhère. Si je n’adhérais pas au projet politique du président de la République, je m’en irais. Parce qu’il n’y a pas de place dans notre système institutionnel pour un Premier ministre qui aurait la volonté de conduire une politique différente ou même si c’est à la marge de la politique du président de la République.

Merci, Monsieur le Premier ministre, d’avoir accepté notre invitation ce soir.

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 21:17

(dépêche)


Un gouvernement, il faut que ça respire, dit François Fillon

24 juin 2009 - il y a 11 heures 19 min

François Fillon a justifié l'ampleur du remaniement gouvernemental intervenu mardi par la nécessité de faire "respirer" son équipe face aux nouvelles réformes qui l'attendent.

Invité du journal de 20 heures de France 2, le Premier ministre a nié que l'ouverture ait trouvé ses limites, expliquant qu'au-delà des ralliements politiques de gauche ou du centre, le président Nicolas Sarkozy entendait ouvrir le gouvernement à "la diversité de la société française".

"L'ouverture ça dure et ça marche", a-t-il affirmé, faisant valoir le maintien au gouvernement des ex-socialistes Bernard Kouchner ou Eric Besson.

"Ce que nous avons cherché à faire avec le président de la République, c'est à poursuivre l'effort de représentation de la diversité de la société française en allant chercher une compétence comme celle de Frédéric Mitterrand (...) ou Nora Berra ou Marie-Luce Penchard", a-t-il précisé.

Le neveu du président socialiste défunt a été nommé à la Culture, Nora Berra, ex-député européen d'origine algérienne, sera chargée du troisième âge et la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard, ex-conseillère à l'Elysée, est secrétaire d'Etat à l'Outre-mer.

"L'ouverture n'est pas seulement une ouverture vers la gauche, c'est aussi une ouverture vers la société française", a insisté François Fillon face aux critiques des socialistes qui décrivent "un gouvernement de fermeture" recroquevillé sur l'UMP.

"Il n'y a aucune raison de constituer des gouvernements homogènes avec des hommes et des femmes qui pensent tous la même chose, qui viennent tous des mêmes horizons. C'est comme ça qu'on se ferme", a estimé le Premier ministre, saluant en Frédéric Mitterrand "un grand professionnel qui va apporter son regard, son expérience, son talent au gouvernement".

S'attardant sur l'exégèse du nouveau gouvernement, il a assuré que le président et lui-même étaient associés dans la recherche permanente de "la bonne personne à la bonne place".

"ON PEUT PARFOIS SE TROMPER"

Ainsi Michèle Alliot-Marie a-t-elle été mutée à la Justice pour "incarner" la réforme en cours, ainsi son successeur Brice Hortefeux à l'Intérieur a-t-il été choisi car il est "l'homme le plus apte à convaincre la majorité parlementaire" de la nécessité de la réforme territoriale.

"Ce n'est pas un remaniement aussi considérable que je l'entends dire. (...) C'est vrai qu'on a changé quelques titulaires de poste, un gouvernement il faut que ça respire", a dit François Fillon. "Il y a des nouvelles pages qui vont s'écrire avec des nouvelles réformes".

Dans cette quête des "bons équilibres", François Fillon a néanmoins concédé une erreur : la création d'un secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme qui disparaît avec le transfert de Rama Yade aux Sports.

"On fait des essais, on peut parfois se tromper. On est arrivé avec Bernard Kouchner et avec Rama Yade à la conclusion que c'était difficile pour une personne d'occuper seulement cette fonction-là. C'était très compliqué, ça n'était pas au fond extrêmement efficace", a expliqué le Premier ministre.

Il a nié que le portefeuille des droits de l'Homme ait disparu, précisant que le ministre des Affaires étrangères en aurait désormais "la responsabilité".

Quant à sa place dans l'organigramme institutionnel, de nouveau remise en question après l'intervention inédite du chef de l'Etat devant le Parlement réuni en Congrès le 22 juin, François Fillon a déclaré que la Constitution était "parfaitement respectée".

Il a une énième fois démenti son effacement supposé face à l'"hyperprésidence" de Nicolas Sarkozy.

"Je pense que c'est un débat qui intéresse 300 personnes à Paris. Est-ce que vous pensez un seul instant que les Français attendent que le Premier ministre s'oppose au président de la République ?"

Sophie Louet

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 16:53

(verbatim)


Monsieur le président,
Monsieur le député Ayrault,
Mesdames et Messieurs les députés,


Permettez-moi d'abord, Monsieur Ayrault, de vous féliciter pour votre réélection à la tête du groupe socialiste.

Depuis deux ans, le Gouvernement a conduit une soixantaine de réformes, et depuis quelques mois, dans un contexte international extrêmement difficile. Je voudrais d'abord rendre hommage à tous les ministres qui ont cherché à faire de leur mieux dans le sens de l'intérêt général.

Nous avons, après deux ans, avec le président de la République, procédé à un certain nombre de changements de personnes. Ces changements de personnes, monsieur Ayrault, ne signifient pas un changement de politique et il n'est pas question d'ailleurs de changer de politique au milieu d'une crise aussi grave que celle que nous rencontrons.

Les priorités du Gouvernement sont connues : c'est d'abord l'amplification de l'effort de relance, avec en particulier la définition d'un certain nombre de priorités stratégiques nationales, pour lesquelles le Parlement va être largement sollicité dans les prochaines semaines. C'est ensuite la mise en œuvre intégrale des engagements du Grenelle de l'Environnement pour réorienter notre modèle économique vers une croissance verte. C'est ensuite le renforcement de notre contrat social, avec la réforme de la formation professionnelle et l'extension du contrat de transition professionnelle afin de permettre d'atteindre l'objectif que nous a fixé le président de la République à Versailles, c'est-à-dire de faire en sorte que toute personne qui perd son emploi puisse bénéficier d'un an de salaire avec les formations qui lui permettront de retrouver un travail. C'est enfin la poursuite des réformes de structures sans lesquelles notre pays ne pourra pas se moderniser, et je voudrais citer prioritairement celles de l'organisation du territoire et de la fiscalité locale dont vous allez avoir à débattre dans les prochaines semaines.*

Enfin, mesdames et messieurs les députés, nous continuerons à lutter contre les déficits structurels. Le budget de 2010, qui vous sera proposé, sera pour la troisième fois un budget de stricte reconduction des dépenses, et nous continuerons à réduire le nombre des emplois publics. La lutte contre les déficits, c'est un objectif auquel je ne renoncerai jamais.

Alors, monsieur Ayrault, vous pouvez choisir d'accompagner de façon critique cette politique ; vous pouvez choisir de vous y opposer ; vous pouvez même déposer une motion de censure - ce sera la troisième en deux ans. Ce sera d'ailleurs l'occasion d'éclairer les Français sur les propositions alternatives du Parti socialiste que, pour le moment, ils n'ont pas complètement discernées.

Mais, je ne peux pas mieux faire, monsieur Ayrault, pour répondre à votre question, que de reprendre exactement les mots qui étaient ici ceux de Lionel Jospin en mars 2000, quand l'opposition d'alors lui posait une question identique à celle que vous venez de me poser. Lionel  Jospin disait : "J'ai indiqué clairement : il y n'a pas de changement de Gouvernement mais un changement dans le Gouvernement, pour continuer, approfondir la politique que j'ai présentée aux Français et que la majorité soutient. C'est dans ce cadre que nous agissons et que vous vous opposez. Quant à vos rêveries, gardez-les, mesdames et messieurs les députés, pour vous". C'est Lionel Jospin qui parle. On ne peut pas dire mieux !

François Fillon





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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 17:38

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Histoire et patrimoine > Messages et déclarations du Président de la République au Parlement > Nicolas Sarkozy (22 juin 2009)
 
Nicolas Sarkozy

Déclaration du Président de la République devant le Parlement réuni en Congrès

22 juin 2009

________________________________

Congrès du Parlement du 22 juin 2009
________________________________


Deuxième séance du lundi 22 juin 2009


M. le président. L’ordre du jour appelle, en application de l’article 18, alinéa 2, de la Constitution, la déclaration de M. le Président de la République. Le Bureau du Congrès a décidé, conformément à ce même article, que cette déclaration sera suivie d’un débat. Après la déclaration de M. le Président de la République, la séance sera suspendue.

J’informe le Congrès que le Conseil constitutionnel, saisi de la résolution modifiant le Règlement qui a été adoptée ce matin m’a fait parvenir le texte de sa décision, rendue en application de l’article 61 de la Constitution, déclarant cette résolution conforme à la Constitution. Cette décision sera annexée au compte rendu de la présente session du Congrès.

J’invite Mmes et MM. les membres du Congrès à accueillir M. le Président de la République.

(M. le Président de la République entre dans la salle des séances – Applaudissements.)

Monsieur le Président de la République, au nom du Congrès du Parlement, je vous souhaite la bienvenue. Vous avez la parole.


M. Nicolas Sarkozy, Président de la République. Monsieur le président du Congrès, Monsieur le président du Sénat, Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les parlementaires, mesdames et messieurs les ministres, en m’adressant à vous aujourd’hui, j’ai conscience d’inaugurer un changement profond dans notre tradition républicaine. Depuis 1875, le Chef de l’État n’avait pas le droit de venir parler devant les assemblées. Il ne pouvait communiquer avec elles que par des messages écrits qu’on lisait à sa place. Cette règle avait été posée dans un climat de méfiance, où la République se sentait fragile et menacée. Cette époque est révolue depuis longtemps. La République est solidement ancrée dans notre pays. Le temps était donc venu que s’établissent entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif des rapports plus conformes à l’esprit d’une démocratie apaisée.

Une démocratie apaisée, ce n’est pas une démocratie où tout le monde est d’accord, mais une démocratie où tout le monde s’écoute et où tout le monde se respecte.

Si j’ai voulu m’exprimer devant vous aujourd’hui, c’est pour montrer l’importance que j’attache au Parlement, à son rôle, à son travail.

C’est un moment important, je le sais. Je l’aborde avec gravité, avec humilité, tant la situation que nous vivons est sans précédent. Nul, dans ces circonstances, n’est assuré de détenir la vérité.

J’ai voulu venir vous dire les conséquences que je tire de la crise. J’ai déjà eu l’occasion de parler de la politique européenne de la France et de ce que celle-ci souhaitait pour réguler la mondialisation. Aujourd’hui, c’est de notre pays, de l’avenir qu’il peut se construire, que je suis venu vous parler.

La crise n’est pas finie. Nous ne savons pas quand elle se terminera. Nous devons tout faire pour que ce soit le plus rapidement possible. En attendant, nous devons continuer à soutenir l’activité, nous devons continuer à garantir la stabilité de notre système bancaire, nous devons protéger nos concitoyens les plus fragiles, ceux qui souffrent le plus – et il y a beaucoup de souffrance dans notre pays.

Nous devons tout faire pour éviter que les victimes de la crise ne deviennent des exclus que nous ne pourrions plus, ensuite, réinsérer dans l’économie et dans la société.

L’exclusion, c’est sans doute ce que la crise peut engendrer de plus grave.

Relâcher notre vigilance, nos efforts pour conjurer ce danger au prétexte que la crise serait finie, ce serait irresponsable. Ce ne serait pas seulement compromettre la reprise, ce serait surtout hypothéquer lourdement notre avenir.

L’idée selon laquelle nous pourrions nous en sortir en laissant une partie des Français sur le bord du chemin, c’est une idée injuste et par-dessus tout une idée fausse.

L’idée selon laquelle nous pourrions nous en sortir en abandonnant une partie de nos territoires et de nos quartiers, c’est une idée fausse.

L’idée selon laquelle, parce que la crise serait prétendument terminée, nous ne devrions plus nous préoccuper de ses conséquences sociales, de ses conséquences humaines, c’est une idée dangereuse.

Je vais aller plus loin.

Considérer la crise comme une parenthèse qui sera bientôt refermée, faire comme si tout devait recommencer comme avant, comme si nous allions pouvoir penser comme avant, nous comporter comme avant, avec les mêmes critères, les mêmes méthodes, serait une erreur fatale.

Rien ne sera plus comme avant.

Une crise d’une telle ampleur appelle nécessairement une remise en cause profonde. On ne peut pas assister à une telle catastrophe sans remettre en cause les idées, les valeurs, les décisions qui ont conduit à un tel résultat.

En nous obligeant à tout remettre à plat, en ébranlant les dogmes et les certitudes, la crise nous rend plus libres d’imaginer un autre avenir.

Depuis la fin de la guerre froide, la mondialisation semblait imposer à tous l’idée qu’il n’y avait qu’une seule voie à suivre, qu’il n’y avait qu’un seul modèle possible, qu’il n’y avait qu’une seule logique. La crise ayant fait la démonstration que cette voie était une impasse, nous voici désormais tous ensemble contraints de trouver d’autres chemins.

Je l’ai dit il y a quelques jours à la tribune de l’Organisation internationale du travail, il y a en définitive deux types de mondialisation : celle qui privilégie la croissance externe, chacun cherchant par tous les moyens à prendre les emplois et les marchés des autres, et celle qui privilégie la croissance interne, c’est-à-dire un modèle de développement dans lequel chacun, produisant plus et consommant davantage, contribue au développement de tous.

La première mondialisation pousse à l’extrême la logique de la compétitivité à tout prix en recourant à toutes les formes de dumping, à des politiques commerciales agressives, à l’écrasement du pouvoir d’achat et du niveau de vie.

La deuxième s’appuie sur l’augmentation de la productivité, l’élévation du niveau de vie, l’amélioration du bien-être.

La première est conflictuelle, la deuxième est coopérative.

La première oppose le progrès économique et le progrès social. La deuxième, au contraire, lie l’un à l’autre.

Tout l’enjeu aujourd’hui est de faire passer la mondialisation de la première logique à la seconde.

La crise va y contribuer parce qu’elle annonce un monde où la demande de justice, de régulation et de protection sera plus forte. Qui peut croire que les peuples subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise, qu'ils ne réclameront pas plus de protection, plus de justice, qu'ils supporteront de nouveau, comme si de rien n'était, les parachutes dorés et les gains mirobolants des spéculateurs ?

Le monde d'après la crise sera un monde où le message de la France sera mieux entendu et mieux compris.

Ce sera un monde dans lequel, compte tenu de sa culture, de ses valeurs, la France sera mieux armée que beaucoup d'autres pour réussir.

Le modèle de la croissance interne dans lequel le progrès social, le progrès humain vont de pair avec le progrès économique, c'est celui qui a toujours permis à la France de remporter ses plus beaux succès.

Fonder sa compétitivité, non sur des politiques sacrificielles qui dégradent le niveau de vie, mais sur la recherche d'une productivité globale par la qualité de son éducation, de sa santé, de sa recherche, de ses services publics, de sa protection sociale, de ses infrastructures, par sa qualité de vie, par la mobilisation de toutes ses ressources matérielles et humaines, par une complémentarité réussie entre l'initiative privée et l'action publique, c'est au fond ce que la France a toujours voulu faire.

C'est ce qui correspond le mieux à son génie.

C'est ce qui correspond le mieux à son idéal.

C'est ce qu'au fond nous voulons tous, au-delà des divergences que nous avons sur les moyens à mettre en œuvre, sur les réformes nécessaires pour y parvenir, sur l'importance de la responsabilité individuelle ou sur la définition de l’égalité.

Nous aimons tous notre pays.

Nous partageons les mêmes valeurs fondamentales.

Nous voulons que chacun ait les mêmes droits et les mêmes devoirs, que chacun se sente respecté, que chacun ait sa place dans la société.

Le modèle républicain reste notre référence commune. Et nous rêvons tous de faire coïncider la logique économique avec cette exigence républicaine.

Ce rêve nous vient, pourquoi ne pas le dire, du Conseil National de la Résistance qui, dans les heures les plus sombres de notre histoire, a su rassembler toutes les forces politiques pour forger le pacte social qui allait permettre la renaissance française.

Cet héritage, j’en ai conscience, est notre héritage commun.

Nous devons même nous souvenir des Trente Glorieuses, non avec nostalgie, mais pour nous rappeler que ce miracle d'un idéal républicain en prise avec les réalités de son temps et tirant de la France ce qu'elle a de meilleur est toujours possible quand nous sommes rassemblés.

Ce que nos pères ont fait avant nous, il ne tient qu’à nous de savoir le faire à notre façon et à notre époque.

Bien sûr, le monde a changé et nous ne reviendrons pas au monde des Trente Glorieuses.

Bien sûr, pendant trente ans les valeurs françaises ont été à contre-courant de celles qui dominaient 1’économie et la politique mondiales.

Mais qui ne voit que la crise mondiale crée de nouveau des circonstances favorables à cette aspiration française à mettre l'économie au service de l'Homme, et non l'inverse ?

Tout nous y ramène : la crise économique, la crise sociale, la crise écologique.

Au moment même où il redevient évident pour tout le monde que le développement économique ne peut être durable que s'il respecte l'Homme et s'il respecte la nature, au moment même où le monde redécouvre les limites d'une logique exclusivement marchande, au moment même où s'impose à tous la nécessité de réguler la mondialisation et les marchés, le modèle français a de nouveau sa chance.

Le modèle de croissance de demain ne sera pas celui des Trente Glorieuses – la révolution écologique et la révolution numérique vont transformer radicalement les modes de consommation et les modes de production – mais il aura des ressorts semblables.

Sans même nous en rendre compte, responsables politiques de droite et de gauche, nous avons laissé faire la part trop belle au capital financier et sans doute trop écouté les leçons de ceux qui, en même temps qu'ils se scandalisaient de l'endettement public, mettaient de gigantesques leviers d'endettement au service d'une spéculation effrénée. (Applaudissements.)

Dans le nouveau modèle de croissance que la France appelle de ses vœux, qu'elle cherche à construire, une place plus grande doit être faite au travail, aux entrepreneurs, aux inventeurs, aux créateurs, à la production.

Dans le monde qui vient, nos ingénieurs, nos savants, nos artistes, notre culture du service public, notre savoir-faire dans l'articulation entre le secteur privé et le secteur public qui s'inscrivent dans une longue tradition vont redevenir des atouts considérables.

Raison de plus pour ne pas éluder quelques questions cruciales.

Pourquoi le fossé est-il si grand entre nos idéaux et la réalité sociale ? Pourquoi ce fossé n'a-t-il cessé de se creuser depuis plusieurs décennies ?

Pourquoi – et personne, quelle que soit son appartenance politique, ne peut s’abstenir de se poser la question – l'avenir est-il à ce point vécu comme une menace et si peu comme une promesse ?

Pourquoi les parents ont-ils si peur pour l'avenir de leurs enfants ?

Pourquoi un tel malaise ? Car il y a bel et bien un malaise, et ce malaise est profond.

Ces questions, il nous faut avoir le courage de nous les poser et d'y répondre.

La crise a remis le modèle français à la mode. Hier décrié, il se trouve aujourd'hui reconnu pour son rôle d'amortisseur social. Mais la crise est aussi un puissant révélateur de nos défaillances et de nos faiblesses. Faire le dos rond en attendant que ça passe serait une faute.

Rien n'était moins propice aux grands changements que l'inertie des temps ordinaires. Ce que nous ne ferons pas maintenant, nous ne le ferons pas plus tard. Nous manquerions une chance historique.

La crise ne peut pas déboucher seulement sur la remise en cause des autres. C'est aussi le moment ou jamais de nous remettre en cause nous-mêmes.

Notre avenir se décide maintenant.

Comment l’affronter si nous ne sommes pas assurés de nos valeurs ?

Où en sommes-nous avec le principe d'égalité ?

Ne sommes-nous pas progressivement passés sans toujours nous en rendre compte de l'égalité républicaine à l'égalitarisme ?

La République, c'est la promotion sociale fondée sur le mérite et le talent. L'égalitarisme, c'est donner la même chose à tout le monde.

La République tire tout le monde vers le haut. L'égalitarisme, c'est le nivellement par le bas.

Qui ne voit que notre modèle d'intégration ne fonctionne plus ?

Au lieu de produire de l'égalité, il produit de l'inégalité.

Au lieu de produire de la cohésion, il produit du ressentiment.

Je ne veux pas rouvrir le débat sur le terme de discrimination positive dont j'ai conscience qu'il renvoie à des histoires, à des traditions différentes des nôtres. Mais je veux dire que pour atteindre l'égalité, il faudra savoir donner plus à ceux qui ont moins, il faudra savoir compenser les handicaps de ceux auxquels la vie a donné d'emblée moins de chances de réussir qu'à tous les autres.

Il ne faut pas le faire sur des critères ethniques : ce serait contraire à nos principes les plus fondamentaux. (Applaudissements.) Il faut le faire sur des critères sociaux. Mais il faut le faire : ce sera la priorité du prochain Gouvernement.

Nous avons fini par prendre à bras-le-corps le problème de la rénovation urbaine. Nous nous sommes occupés des bâtiments : c’était absolument nécessaire. Maintenant, nous devons nous occuper des personnes. Je sais bien qu’il y a des réticences, qu’il y a des inerties. Sachez que ma détermination est totale. Nous ne pouvons pas continuer à proclamer des valeurs et à tolérer qu’elles soient à ce point contredites par les faits. Cette contradiction est destructrice : elle est destructrice moralement, elle est destructrice socialement. Je ne peux d’ailleurs pas parler de l’égalité sans penser à nos compatriotes d’outre-mer. Comment pourraient-ils se sentir pleinement citoyens de notre République si notre République tient si peu à leur égard la promesse d’égalité qu’elle fait à tous les citoyens ? Je parlerai avec eux des moyens par lesquels la République pourra tenir ses engagements. Je parlerai avec eux des moyens juridiques et des moyens matériels qui sont nécessaires pour y parvenir. Nous ne pouvons pas, là non plus, au nom d’une conception exclusivement formelle de l’égalité, laisser perdurer une situation aussi contraire à nos principes. Je ne m’y résignerai pas.

Où en sommes-nous avec la laïcité ? Je ne réemploierai pas l’expression de laïcité positive pour ne pas alimenter une polémique inutile.

Un parlementaire. Tant mieux.

M. Nicolas Sarkozy, Président de la République. Mais je reste ferme sur l’idée que la laïcité, ce n’est pas le refus de toutes les religions. Ce n’est pas le rejet du sentiment religieux. La laïcité, c’est un principe de neutralité et un principe de respect. La laïcité, c’est le respect de toutes les opinions et de toutes les croyances. Quand Jules Ferry a écrit aux instituteurs, il leur a dit : « Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s'il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un seul père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu'il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire. »

Qui peut oublier que la séparation de l'Église et de l'État s'est faite dans la douleur ? Mais sommes-nous obligés de continuer cette guerre qui n'a plus lieu d'être ? Nous ne sommes pas menacés par le cléricalisme. Nous le sommes davantage par une forme d'intolérance qui stigmatiserait toute appartenance religieuse. Je le dis en pensant en particulier aux Français de confession musulmane : nous ne devons pas nous tromper de combat. Dans la République, la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions.

Le problème de la burka n'est pas un problème religieux, c'est un problème de liberté, c’est un problème de dignité de la femme. (Applaudissements.) La burka n'est pas un signe religieux, c'est un signe d'asservissement, c'est un signe d'abaissement. (Applaudissements.)

Plusieurs parlementaires. Très bien !

M. Nicolas Sarkozy, Président de la République. Je veux le dire solennellement : la burka ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République française. Nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n'est pas l'idée que la République française se fait de la dignité de la femme. (Applaudissements.) Le Parlement a souhaité se saisir de cette question. C'est la meilleure façon de procéder. Il faut qu'il y ait un débat et que tous les points de vue s'expriment. Où ailleurs qu'au Parlement pourraient-ils mieux le faire ? Mais je vous le dis, nous ne devons pas avoir honte de nos valeurs. Nous ne devons pas avoir peur de les défendre.

Où en sommes-nous avec la liberté ? Qu'en avons-nous fait ?

La liberté, ce n'est pas le droit pour chacun de faire ce qu'il veut. Être libre, ce n'est pas vivre sans contrainte et sans règle. Quand il n'y a pas de règles, quand tous les coups sont permis, ce n'est pas la liberté qui triomphe, c'est la loi de la jungle, la loi du plus fort ou celle du plus malin.

C'est le débat que nous avons sur l'école : rendre service à nos enfants, c'est leur enseigner qu'il n'y a pas de liberté sans règle.

C'est le débat que nous avons sur l'économie, sur la finance, sur le capitalisme. Nous voyons bien que le capitalisme devient fou quand il n'y a plus de règles.

C'est le débat aussi que nous avons sur le droit d'auteur. Car enfin, comment pourrait-il y avoir dans notre société de zones de non-droit ? Comment peut-on réclamer en même temps que l'économie soit régulée et qu'Internet ne le soit pas ? Comment peut-on accepter que les règles qui s'imposent à toute la société ne s'imposent pas sur Internet ? En défendant le droit d'auteur, je ne défends pas seulement la création artistique, je défends aussi l'idée que je me fais d'une société de liberté, où la liberté de chacun est fondée sur le respect du droit des autres. C'est aussi l'avenir de notre culture que je défends. C'est l'avenir de la création. Voilà pourquoi j'irai jusqu'au bout. (Applaudissements.)

Le débat sur la liberté, c'est aussi le débat sur la sécurité et sur les prisons. Quelle est la liberté de celui qui a peur de sortir de chez lui ? Quelle est la liberté pour les victimes si leurs agresseurs ne sont pas punis ? Comment peut-on parler de justice quand 82 000 peines ne sont pas exécutées parce qu'il n'y a pas assez de places dans les prisons ?

Comment accepter à l'inverse que la situation dans nos prisons soit aussi contraire à nos valeurs de respect de la personne humaine ? La détention est une épreuve dure, elle ne doit pas être dégradante. Comment espérer réinsérer dans la société ceux qu'on aura privés pendant des années de toute dignité ?

L'état de nos prisons, nous le savons tous, est une honte pour notre République, quel que soit, par ailleurs, le dévouement du personnel pénitentiaire. (Applaudissements.) Nous construirons donc d’autres prisons, nous construirons des places dans les hôpitaux pour les détenus souffrant de troubles psychiatriques. C'est une nécessité pour la liberté de tous. C'est une nécessité morale. Ce sera un impératif du prochain Gouvernement.

Mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs les sénateurs, comment pouvons-nous espérer redonner à notre modèle social toutes ses chances de réussite si nous ne sommes pas au rendez-vous des décisions difficiles ?

Ces décisions, nous les connaissons tous : le lycée, l'université, la formation professionnelle, les retraites, la dépendance, les services publics, l'organisation de nos structures territoriales et, bien sûr, les déficits.

Beaucoup a été fait depuis deux ans : le RSA, l'autonomie des universités, la réforme des régimes spéciaux, le service minimum, la carte judiciaire, la réforme hospitalière, la restructuration de notre appareil militaire, la réduction des effectifs de la fonction publique, la fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC, la fusion des impôts et de la comptabilité publique, la réforme de la représentativité syndicale.

C'étaient des décisions difficiles à prendre. Nous les avons prises. Je ne critique personne de ne pas les avoir prises auparavant. Je me pose simplement la question de savoir pourquoi, oui, pourquoi il est si difficile de réformer notre pays.

Pourquoi est-il si difficile de résoudre les problèmes structurels que, par ailleurs, chacun d’entre nous connaît parfaitement ?

La fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC attendait depuis vingt ans, celle de la comptabilité publique et des impôts depuis dix ans. Quant au Livre Blanc sur les retraites de Michel Rocard, qui fait autorité, il a aujourd'hui dix-huit ans.

Comment se fait-il que, malgré les efforts de tous – je ne fais pas de ce point de vue de différence entre la droite et la gauche car ce serait trop réducteur –, comment se fait-il que l'on ait obtenu si peu de résultats structurels en matière de chômage ? Comment se fait-il qu'il y ait autant d'exclus ? Comment se fait-il que le malaise des jeunes soit si persistant ? Comment se fait-il que le malaise des classes moyennes soit si grand ? Comment se fait-il que nous ne soyons pas arrivés depuis vingt ans à mieux nous préparer au vieillissement de la population, qui n’est quand même pas une nouvelle que nous avons apprise il y a quelques semaines ?

Comment se fait-il que nous ayons autant tardé à entreprendre la révolution verte du Grenelle de l'environnement, dont nous savions pourtant depuis longtemps qu'elle était absolument inéluctable ? Comment se fait-il que nous ayons autant de mal dans notre pays à préparer l'avenir ? Au fond, comment se fait-il que, tous ensemble, nous ayons pris autant de retard ?

Quand on regarde tout ce que la société civile a fait, quand on voit comment la société française s'est transformée, quand on voit la capacité d'innovation dont elle fait preuve, quand on voit ce que le courage, l'énergie, l'intelligence des Français sont capables d'accomplir, on se dit que si l'État avait joué son rôle de force d'entraînement, de force de progrès, comme il l'a fait si souvent dans notre histoire, s'il avait été davantage du côté des entrepreneurs, des créateurs, des inventeurs, la France aurait résolu beaucoup de ses problèmes et les Français regarderaient de nouveau l'avenir avec confiance.

La France, en vérité, a fait dans la durée un double mauvais choix. Nous aurions dû faire beaucoup d'économies de gestion : nous ne l’avons pas fait. Nous aurions dû concentrer beaucoup de moyens sur les dépenses d'avenir : nous ne l’avons pas fait.

Je ne mets pas en cause telle ou telle famille politique, tel ou tel gouvernement : c'est une responsabilité incontestablement partagée.

J'y ai beaucoup réfléchi. Je crois que, la crise aidant, le moment est venu de remettre en cause les principes d'une politique qui nous a enfermés dans des contradictions de moins en moins soutenables. Je ne fuirai pas mes responsabilités devant la grave question des déficits de nos finances publiques, mais je ne ferai pas la politique de la rigueur, parce que la politique de la rigueur a toujours échoué. Je n'augmenterai pas les impôts, parce que l'augmentation des impôts retarderait longtemps la sortie de crise et parce qu'en augmentant les impôts quand on est au niveau de prélèvements où nous nous trouvons, on ne réduit pas les déficits, on les augmente. (Applaudissements.)

Je ne sacrifierai pas l'investissement, parce que sans investissement il n'y a plus d'avenir et que la politique du rationnement aveugle de la dépense est une politique qui conduit à ne pas choisir et qui, au bout du compte, ne permet pas de maîtriser la dépense. Cette politique a trop souvent conduit à couper dans les bonnes dépenses tout en laissant parallèlement filer les mauvaises.

Chaque fois que l'on a fait la politique de la rigueur, on s'est retrouvé à la sortie avec moins de croissance, plus d'impôts, plus de déficits et plus de dépenses.

Oui, nous avons un problème de finances publiques. Oui, nous avons un problème de déficits. Mais nous ne le résoudrons pas de cette manière. Nous devons, me semble-t-il, changer radicalement notre façon de poser le problème.

Il y a le mauvais déficit : c’est celui qui finance les mauvaises dépenses, les gaspillages, l'excès de bureaucratie, les frais de fonctionnement trop élevés. Ce déficit structurel doit être ramené à zéro par des réformes courageuses que nous mettrons en priorité du calendrier d’action du prochain Gouvernement. (Applaudissements.)

Il y a un deuxième déficit : le déficit qui est imputable à la crise, à la diminution des recettes, à l'augmentation des dépenses sociales. C'est un amortisseur social. Il a bien fonctionné. Il a permis à la France de limiter les effets de la crise. Après celle-ci, il faudra résorber ce déficit imputable à la crise en y consacrant l’intégralité des recettes de la croissance.

Il y a enfin le déficit qui finance les dépenses d'avenir. Il n'est pas anormal de financer l'investissement par l'emprunt. Ce peut être un bon déficit, à la condition expresse qu'il permette de financer de bons investissements.

La question centrale est donc celle de la qualité de la dépense publique. La logique de la rigueur l'occulte parce qu'elle conduit à ne plus s'interroger que sur les conséquences budgétaires à court terme des décisions que l’on prend. Mais quand on ne met pas de moyens suffisants dans la lutte contre l'exclusion, quand on ne veut pas investir dans les internats d'excellence, quand on ne veut pas investir dans les écoles de la deuxième chance, quand on n'a rien à proposer aux jeunes entre seize et dix-huit ans qui sortent de l'école sans diplôme, sans formation, sans perspectives, quand on perd la trace des enfants en difficulté, qui se trouvent de facto exclus du système scolaire avant d'avoir achevé leur scolarité obligatoire, parce que l’on n'a pas de structures adaptées pour eux, on ne fait pas d’économies. On prépare une augmentation considérable des dépenses futures, parce que l'on paiera très cher le coût de cette désocialisation. (Applaudissements.)

Je proposerai donc aux partenaires sociaux de prendre des mesures massives en faveur de l’activité partielle, et d’étendre encore le contrat de transition professionnelle.

J’affirme que tout licencié économique – je dis bien : tout licencié économique – doit pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an. Je dis qu’au lieu de se résigner à ce que la crise produise de l’exclusion, du désespoir, de la souffrance, il vaut mieux en profiter pour investir dans les hommes, dans leurs compétences, pour que demain ils travaillent mieux, qu’ils aient de meilleures perspectives de promotion. C’est l’intérêt de tous. C’est un investissement.

Je veux dire à ceux qui s’étonnent que l’on puisse s’endetter pour doter le Fonds stratégique français d’investissement que ce fonds nous aide à créer des emplois, à préserver des avancées technologiques et que, de surcroît, il rapportera de l’argent à l’État, parce que les actifs qu’il achète vont se valoriser. C’est un investissement.

Le choix de ne pas le faire, qui coûterait moins cher aujourd’hui, nous coûterait infiniment plus cher demain.

Je veux dire à ceux qui trouvaient que le Grenelle de l’environnement coûtait trop cher que c’est la dépense la plus rentable que l’on puisse imaginer. Elle va créer 600 000 emplois. Elle va donner à la France une avance considérable dans ce qui est appelé à être au cœur du nouveau modèle de la croissance mondiale. Nos finances publiques ne s’en porteront que mieux. C’est un investissement.

Quand je m’engage sur le projet du Grand Paris, sur la métropole de l’après-Kyoto, qui sera le laboratoire du Grenelle et une vitrine mondiale pour le savoir-faire et pour les technologies françaises, c’est un investissement.

Nous mobiliserons des moyens nouveaux pour la réindustrialisation des bassins d’emploi en difficulté. Je dis que cela vaut mieux que de subventionner l’inactivité en condamnant les chômeurs à l’assistanat. (Applaudissements.) La réindustrialisationest un investissement.

Je souhaite que l’on propose une solution à tous les adolescents qui sortent du système scolaire à seize ans sans rien. Je dis que cela nous fait dépenser davantage aujourd’hui, mais que cela nous permettra de dépenser beaucoup moins demain, parce que ces jeunes seront alors capables de trouver un emploi, de fonder une famille, d’élever leurs enfants, plutôt que de rester en marge de la société. C’est un investissement incontournable pour la société française.

Je souhaite que l’État prenne à sa charge, dans des internats d’excellence, les enfants de milieu modeste qui ont le goût de l’étude, pour leur fournir de bonnes conditions de vie et de travail. Je dis que c’est mieux pour nos finances publiques de valoriser toutes les intelligences, tous les talents plutôt que d’en laisser perdre une partie. Le gaspillage des intelligences et des talents, c’est le pire des gaspillages pour un pays. (Applaudissements.)

Je souhaite que soient créées les conditions d’une vie meilleure dans les lycées, parce que des lycéens heureux, responsables – responsabilisés –, considérés, feront de meilleurs élèves et donc de meilleurs citoyens. La réforme du lycée sera l’un des meilleurs investissements que l’on puisse faire pour l’avenir.

Je veux revaloriser l’apprentissage, la filière professionnelle, la filière technologique, la filière littéraire. Je veux que l’on mette les moyens nécessaires pour en faire des filières d’excellence, au même titre que la filière scientifique, avec des passerelles, avec des diplômes de haut niveau. J’affirme que c’est une bonne dépense et que ce qui nous coûte cher, c’est d’avoir trop tardé à le faire.

Il faut poursuivre dans la voie de l’autonomie des universités. Il faut investir dans les campus pour mettre nos universités à un niveau mondial. Il faut investir dans les logements pour les étudiants. Je veux que l’on mette les moyens pour que, dans notre pays, les jeunes puissent conquérir leur autonomie par leur travail, par leur mérite. Ainsi, nous pensons à la croissance de demain.

Au fond, nous sommes placés devant une alternative.

Ou bien on continue à prendre des décisions qui ont pour effet que le nombre de ceux qui sont à charge ne cesse de croître, et nous serons rapidement dans une impasse.

Ou bien nous changeons notre manière de voir les choses en nous efforçant de faire en sorte que ceux qui contribuent, d’une manière ou d’une autre, à la création de richesses soient de plus en plus nombreux. Alors nous pourrons d’autant mieux être solidaires avec les plus fragiles, et avoir la protection sociale et le système de santé que nous souhaitons.

Nous serons donc au rendez-vous des réformes, au rendez-vous de la réforme de l’État. Nous irons jusqu’au bout de la réforme de la carte administrative, parce que la proximité du service public ne saurait justifier la déperdition de nos moyens.

Nous ne reculerons pas sur la règle du non-remplacement d’un départ en retraite sur deux dans la fonction publique. Non pour des raisons idéologiques, mais parce que c’est une condition de l’efficacité de notre administration et de l’amélioration des conditions de vie et de carrière de nos fonctionnaires.

Nous irons plus loin dans la maîtrise des dépenses de santé, parce que j’ai parfaitement conscience de l’immensité des besoins financiers, et qu’à ce titre, nous n’avons pas le droit de laisser gaspiller un seul euro.

Nous irons jusqu’au bout de la réforme des collectivités locales. (Applaudissements.)

Nous ne nous déroberons pas devant la réduction du nombre des élus régionaux et départementaux. Nous ne nous déroberons pas devant le problème de la répartition des compétences. Nous ne nous déroberons pas devant l’effort qui sera demandé à toutes les collectivités. On ne peut pas exiger de l’État d’être seul face au défi gigantesque qui consiste à faire de l’économie française à nouveau une économie de production. Ce qui est en cause, c’est la même nation, c’est le même citoyen, c’est le même contribuable. L’effort doit être partagé.

Nous n’éluderons pas la question des niches sociales, qui font perdre à la sécurité sociale des recettes dont elle a tant besoin. (Applaudissements.)

Nous serons au rendez-vous de la réforme des retraites. 2010 sera un rendez-vous capital. Il faudra que tout soit mis sur la table : l’âge de la retraite, la durée de cotisation et, bien sûr, la pénibilité. Toutes les options seront examinées. Les partenaires sociaux feront des propositions. Je n’ai nullement l’intention de fermer le débat au moment même où je l’ouvre. Mais quand viendra le temps de la décision, à la mi-2010, que nul ne doute que le Gouvernement prendra ses responsabilités. C’est une question d’honneur, c’est une question de morale à l’endroit des générations qui vont nous suivre. (Applaudissements.)

Nous ne laisserons pas un euro d’argent public gaspillé. Je demande au Parlement de se mobiliser pour identifier tous les dispositifs inutiles, toutes les aides dont l’efficacité n’est pas démontrée, tous les organismes qui ne servent à rien. Prenez le temps d’en débattre avec le Gouvernement à la rentrée, afin que des décisions fortes puissent être prises avant la fin de cette année.

Mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs les sénateurs, nous ne pouvons plus nous fixer des priorités et ne pas mettre les moyens financiers nécessaires pour les atteindre. C’est un problème de crédibilité de la parole publique.

Cette crise doit être pour nous l’opportunité de rattraper nos retards d’investissements, et même de prendre de l’avance. Il est beaucoup de domaines très importants pour notre avenir – aménagement du territoire, avenir de la ruralité, éducation, formation professionnelle, recherche, santé, innovation – qui vont demander des moyens considérables. Nous ne pourrons pas les satisfaire dans le strict cadre budgétaire annuel. Si nous ne changeons pas nos pratiques, nous continuerons alors à scander des priorités sans pouvoir les réaliser.

Mercredi, avec le Premier ministre, nous procéderons à un remaniement du Gouvernement. Son premier travail sera de réfléchir à nos priorités nationales et à la mise en place d’un emprunt pour les financer.

Ces priorités nationales, nous n’avons nullement l’intention de les fixer tout seuls. Ces priorités nationales, c’est-à-dire les secteurs qui vont préparer l’avenir de la France, elles concernent le pays tout entier. Le Parlement doit être associé à leur définition. Les partenaires sociaux y seront associés. Nous en parlerons avec eux dès le 1er juillet. Les responsables économiques, les acteurs du monde de la culture, de la recherche, de l’éducation seront également consultés.

Pendant trois mois, nous en discuterons tous ensemble. Quels sont les quelques secteurs stratégiques et prioritaires pour préparer l’avenir de la France une fois la crise refermée ?

Les décisions ne seront prises qu’au terme de ce débat. Ce à quoi j’appelle, c’est à une révolution de nos mentalités, à un changement radical dans notre rapport à l’avenir.

Quant à l’emprunt, son montant et ses modalités seront arrêtés une fois que nous aurons fixé ensemble les priorités. Nous le ferons soit auprès des Français, soit sur les marchés financiers, et je prendrai les dispositions nécessaires pour que cet emprunt soit affecté exclusivement à ces priorités stratégiques pour l’avenir. Je dis bien exclusivement, car j’entends, dans le même temps, porter le fer dans les dépenses de fonctionnement, dans celles qui s’avéreront inutiles ou non prioritaires. (Applaudissements.)

Notre avenir va se jouer sur l’investissement. Notre avenir va se jouer sur la place que nous allons donner à la production et au travail dans notre nouveau modèle de croissance.

Je veux bien sûr poser la question de la fiscalité : allons-nous continuer à taxer la production et à taxer le travail alors que nous savons bien qu’en faisant peser des charges fixes trop lourdes sur le travail et sur la production, nous détruisons nos emplois et nos industries ? Les délocalisations systématiques sont devenues insupportables aux Français. Notre fiscalité entièrement ciblée sur la production et sur le travail en est responsable.

Le but est-il donc que toutes nos usines s’en aillent ? Le but est-il qu’il n’y ait plus d’ouvriers dans notre pays ? Je ne veux pas m’y résigner, parce que ce serait absolument suicidaire. Ce serait gâcher nos meilleurs atouts. L’idée d’une France sans usines et sans ouvriers est une idée folle. C’est un choix stratégique que je vous propose. (Applaudissements.)

Et c’est au nom de ce choix stratégique en faveur du travail et de la production que la taxe professionnelle doit être supprimée. Cette réforme sera l’occasion de repenser notre système de fiscalité locale, qui en a bien besoin.

C’est avec la même détermination que je souhaite que nous allions le plus loin possible sur la taxe carbone. Plus nous taxerons la pollution et plus nous pourrons alléger les charges qui pèsent sur le travail. C’est un enjeu immense. C’est un enjeu écologique. C’est un enjeu pour l’emploi.

Enfin, comment revaloriser le travail si la valeur, si le profit ne sont pas équitablement partagés ? Comment espérer que le travail soit productif, que le travailleur se sente impliqué dans son travail, se sente responsable, concerné par la performance de son entreprise, s’il ne se sent pas récompensé pour ses efforts ? L’actionnaire doit être justement rémunéré, mais le travail doit être justement considéré. (Applaudissements.) C’est un débat que j’ai ouvert. Je le conduirai jusqu’au bout. Et là aussi, je prendrai mes responsabilités, parce que c’est un problème de justice.

C’est aussi un problème d’efficacité. Tout le monde a quelque chose à gagner dans un nouveau partage, plus équitable, plus valorisant, plus motivant. C’est aussi cela, le nouveau modèle de croissance. Il n’y aurait rien de pire, dans la situation actuelle, alors que dans le monde tout change, que de pécher par manque d’ambition, par manque d’audace, et finalement par manque d’imagination.

Je le dis à nos amis et à nos partenaires européens, la France change. Mais je leur dis également : l’Europe doit changer aussi. L’Europe ne pourra plus fonctionner après la crise comme elle fonctionnait avant. Ce n’est pas le moment de parler du projet européen de la France, mais l’Europe doit se donner les moyens de participer à la transformation du monde. Le changement de l’Europe et le changement de la France doivent aller de pair.

Vous l’avez compris, mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs les sénateurs, ce que je vous propose, c’est le mouvement. Ayons le courage de changer.

Nous sommes un vieux pays, sur un vieux continent, avec une vieille civilisation. L’histoire nous a beaucoup appris. Retournons-nous un instant. C’est quand la France s’est convaincue que tout était possible qu’elle a été la plus grande. C’est quand la France a épousé l’avenir qu’elle a été la plus forte.

Mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs les sénateurs, cet avenir, les Français nous ont confié la responsabilité de le construire ensemble. Eh bien, c’est ce que nous allons faire.

Vive la République, et vive la France ! (Applaudissements prolongés.)





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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 08:56

Richard Descoings a remis le 2 juin 2009 au Président de la République Nicolas Sarkozy, en présence de Xavier Darcos, Ministre de l'Education nationale, son rapport sur la réforme du lycée.

Pour le télécharger dans son intégralité au format .pdf :

http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/Rapport_Descoings-Reforme_du_lycee_02-06-09.pdf


SR (5 juin 2009)

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23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 07:52

(dépêches)


François Fillon, l'homme qui ne s'use pas

Par Bruno Jeudy
09/04/2009 | Mise à jour : 21:43 | Commentaires  83 | Ajouter à ma sélection

François Fillon, jeudi, dans le parc de Matignon. Le chef du gouvernement se voit très bien garder son poste jusqu'en 2010... voire au-delà.

Donné partant il y a un an, le premier ministre, qui a resserré ses liens avec le président, ne devrait pas être touché par le remaniement attendu en juin.
 
En septembre, il a failli jeter l'éponge. Au retour d'un voyage de trois jours à Rome et à Sotchi, du 18 au 20 septembre, François Fillon a bien cru qu'il ne pourrait pas poursuivre sa mission à Matignon. «Oui, à ce moment-là, j'ai eu très peur. J'ai eu une rechute de ma sciatique. Je n'ai rien dit, mais j'ai souffert jusqu'en novembre», confie-t-il au Figaro. De longues heures d'avion d'affilée ajoutées à un interminable dîner dans la datcha des bords de la mer Noire avec Vladimir Poutine ont réveillé cette «sciatique assez rude» qu'il croyait avoir guérie pendant ses vacances. Mais cette fois, la douleur est encore plus violente que le 14 juillet. Alors cloué au lit, Fillon n'est pas près d'oublier cette fête nationale : «Je me revois en train de ramper dans mon escalier à Solesmes.»

Pendant quelques semaines, sa famille et son cabinet vont croiser les doigts pour que cette rechute ne tourne pas au problème politique. «J'ai vraiment eu peur qu'il soit contraint de se faire opérer», confirme son amie Roselyne Bachelot, une des rares ministres dans la confidence. Finalement, c'est le Dr Bernard Kouchner qui lui conseillera le bon spécialiste.

Aujourd'hui, Fillon va mieux. À le voir et à l'entendre, il a retrouvé la forme. À Washington, il a retrouvé les joies de la course à pied, deux fois cinquante minutes, et assure faire cinq heures de sport par semaine. «C'est indispensable pour combattre le stress», jure le chef du gouvernement qui aura vécu un drôle de second semestre 2008. Un chemin de croix parcouru en silence et dans une certaine indifférence. On aura finalement peu entendu le président et ses ministres s'inquiéter de son sort.

«Je n'aime pas trop les médias»

Deux ans après sa nomination à Matignon, Fillon reste une énigme. Une première sans doute pour un homme politique qui occupe une des fonctions les plus importantes dans la Ve République. Jamais un premier ministre n'a semblé aussi secret, aussi peu ouvert sur l'extérieur, et recevant aussi peu les journalistes. «Je n'aime pas trop les médias. S'il n'y a rien à dire, je ne vois pas de raison de faire des interviews», avoue-t-il. Ce qui ne l'a pas empêché de réunir 9 millions de téléspectateurs, le 19 mars, sur TF1.

Dans un mois, Fillon devrait franchir le cap des deux ans. C'est quatorze mois de plus que l'éphémère Édith Cresson, deux mois de plus que son prédécesseur Dominique de Villepin, autant qu'Alain Juppé mais un an de moins que Jean-Pierre Raffarin ou trois ans que Raymond Barre. Et ce n'est pas fini. Car ce premier ministre veut durer. «Pour s'en débarrasser, ça va être bonbon. Je ne sais pas s'il restera jusqu'en 2012, mais ce ne sera pas facile de le virer», prévient un de ses amis. «François n'est pas du tout usé. Il est peut-être là pour longtemps», estime Éric Woerth, son ministre du Budget.

Au printemps 2008, au moment des municipales, ses jours à Matignon semblaient pourtant comptés à entendre les conseillers de l'Élysée et les ministres en cour auprès de Nicolas Sarkozy. Le président ne ratait pas une occasion de se plaindre de la «mine triste» de celui qu'il appelait alors son «collaborateur». Plus grave, il regrettait son manque de soutien au moment de ses déboires conjugaux. «Tout ça fut pénible», soupire Fillon. S'il a failli perdre la confiance du chef de l'État, il a gardé celle des députés UMP. Un bien précieux. Tout comme sa bonne cote dans les sondages.

«Il n'y a plus de problème de frontière»

Progressivement, les liens entre les deux hommes vont se resserrer. Certes, on ne les reverra plus courir ensemble. On ne verra pas non plus les couples Sarkozy et Fillon sur la même photo. À défaut de sympathiser, ils ont décidé de se respecter. «Dans l'immensité des problèmes que j'ai à gérer, Fillon n'en est pas un», confiait il y a un mois le président en revenant de Rome. C'est un peu sec mais c'est dit. «On a appris à se comprendre et à fonctionner ensemble», complète le premier ministre. La crise économique a fait le reste.

«Les difficultés économiques ont gommé les scories. Aujourd'hui, on sait ce qu'on a à faire. Il n'y a plus de problème de frontière», renchérit Fillon plus vraiment inquiet pour son futur immédiat. Au début du mois dernier, Sarkozy lui a même offert une petite victoire en décidant de ne plus réunir son fameux G7. Ce cercle de ministres chouchous qui agaçait tant Fillon. «J'ai commis l'erreur de taper publiquement sur le G7. Je crois que cela a encouragé Nicolas à continuer», regrette-t-il. «À la différence de mes prédécesseurs, j'ai connu le plus dur au début. Maintenant, je suis dans une phase d'amélioration avec le président», se félicite-t-il.

Reste qu'il doit toujours composer avec l'hyperprésident qui délègue peu et absorbe tout l'espace médiatique. Si la plupart des décisions s'élaborent à l'Élysée, Matignon demeure mécaniquement un centre de décisions. Certains ministres l'ont appris à leurs dépens : Yves Jégo et Laurent Wauquiez, Rachida Dati. Le premier ministre s'est révélé redoutable avec la concurrence. Cités comme éventuels successeurs, Xavier Bertrand et Jean-Louis Borloo en savent tous quelque chose. Fillon a taclé l'un et l'autre. Du coup, les ministres s'en méfient.

Dans le gouvernement, ses amis se comptent sur les doigts d'une main : la fidèle Roselyne Bachelot bien sûr, l'ami Xavier Darcos, Christine Lagarde qu'il estime beaucoup, le copain Michel Barnier et le voisin tourangeau Hervé Novelli. Et puis c'est tout. Car Fillon ne reçoit pas ses ministres à dîner avec leurs épouses. Il décroche rarement son téléphone et n'est pas du genre à copiner. «La calinothérapie, ce n'est pas son truc», s'étonne un ministre qui a connu plusieurs chefs de gouvernement.

Ravalé à un rôle de second plan, Fillon avance quand même ses pions. Lui trouver un successeur ne sera pas si simple. Plus on avance dans le quinquennat et plus Sarkozy semble avoir un problème de casting. Respecté par les parlementaires, Fillon dispose d'une carte majeure pour consolider sa place à Matignon. La majorité apprécie sa rigueur.

Ami de longue date, son conseiller Jean de Boishue avoue sa surprise : «Je le savais habile, je le découvre résistant. Cet homme est immarcescible mais il ne le sait pas encore. Ses ressources morales et physiques sont insoupçonnées. Il est indestructible.»

Fillon à Matignon jusqu'en 2012 ? Sa meilleure avocate, Roselyne Bachelot, le souhaite : «La période impose stabilité et repères. On n'est plus à l'ère du jetable.» D'autres sont plus sceptiques. «Il ne viendrait à l'idée d'aucun ministre de téléphoner à Matignon sur quelque sujet que ce soit. Dans ces conditions, il peut cultiver sa sérénité. C'est vraiment jours tranquilles à Matignon», grince un poids lourd du gouvernement. «Si l'Élysée veut continuer à contourner Matignon, ça ne sert à rien de le changer», ironise un autre.

La mairie de Paris en 2014 ?

Pas concerné par le prochain remaniement, Fillon a de bonnes chances de rester jusqu'aux régionales de 2010. Une date qui semble lui convenir. Comme si l'intéressé cherchait à préparer lui-même sa sortie. Flatté que Jacques Delors cite son nom pour présider la Commission de Bruxelles, François Fillon n'a pas dit non. Ironie de l'histoire, c'est l'Élysée qui a tiqué. On a même entendu un conseiller s'exclamer : «On en a encore besoin !»

De la même manière, Fillon laisse ses amis parisiens organiser son parachutage dans la capitale en vue des municipales de 2014. Sans rien démentir. «Je ne pense pas trop à l'avenir. Le jour où je partirai, je veux avoir le choix entre deux ou trois nouveaux défis à relever.»

En attendant la suite, Fillon a révisé son jugement sur Georges Pompidou, qui resta six ans à Matignon, et dont il vient de lire une biographie. Un Pompidou qui devient, jour après jour, un modèle pour Fillon. «De Gaulle faisait des coups à Pompidou que Nicolas ne me fait pas ! Et pourtant c'est un premier ministre qui a marqué l'histoire. Il aimait l'art moderne et rouler en Porsche. Ce qui, à mes yeux, est exceptionnel.»

 

L'UMP et le Parti socialiste disputent au MoDem les suffrages centristes du Grand Ouest

LE MONDE | 05.03.08 | 12h43  •  Mis à jour le 05.03.08 | 17h06

Où va l'électorat centriste de ce Grand Ouest qui, du Finistère à la Mayenne, des Côtes-d'Armor à la Loire-Atlantique, en passant par le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine, a donné entre 21 % et 24 % des voix à François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle en 2007 ? L'UMP ne cesse de s'interroger sur les résultats des élections législatives qui ont suivi.

L'Ille-et-Vilaine constitue un cas d'école. Ses principales figures centristes, à l'image de Pierre Méhaignerie, ont rejoint l'UMP en 2002. Elle compte alors cinq députés, le PS deux. Au premier tour des élections législatives de juin 2007, l'UMP obtient près de 170 000 voix sur les sept circonscriptions du département, le PS un peu plus de 130 000 et le MoDem 52 000. Résultat, à l'issue du second tour : deux élus pour l'UMP, quatre pour le PS et un pour le MoDem. La perte est sèche. Et les élections municipales à venir ont toutes les chances de confirmer la tendance : l'UMP ne parvient pas à gagner le coeur de cet électorat.

"L'Ouest est plus adapté à ce centrisme qui va de Jacques Delors à Raymond Barre, analyse M. Méhaignerie. Si j'ai été élu au premier tour des législatives, ce n'est pas seulement sur les thèmes de Sarkozy : c'est sur ses thèmes, plus le centrisme." "Il reste ici un fond démocrate-chrétien important, poursuit le président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée. La façon d'aborder la question de l'immigration, par exemple, avec ces objectifs chiffrés de reconduite à la frontière, passe très mal. Cela ne cadre pas avec les traditions d'humanisme de ce courant de pensée."

Problème : le parti présidentiel peut-il durablement passer par pertes et profits une partie de son électorat ? La tenue, en novembre 2007, d'un conseil national de l'UMP à Pornic (Loire-Atlantique), a marqué l'amorce d'une réflexion destinée à "redonner à sa composante "centre" toute sa place". Tout récemment, autour de M. Méhaignerie, le premier vice-président de l'UMP, Jean-Pierre Raffarin, et Ambroise Guellec, député européen et conseiller régional de Bretagne, s'est tenue une "réunion stratégique". "Il y a une UMP centriste de l'Ouest à créer, confie M. Méhaignerie. Nous réfléchissons pour le Grand Ouest à une sorte de CSU (la branche bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate allemande). Cet électorat centriste peut revenir vers l'UMP si elle montre qu'elle est capable d'héberger en son sein une véritable aile centriste." L'ambition du député d'Ille-et-Vilaine est de parvenir à fédérer les forces centristes "libres" et celles de l'intérieur de l'UMP.

"Méhaignerie est toujours orphelin de l'Union en mouvement. Il s'imaginait alors que l'union de la droite et du centre serait un mariage entre égaux. Il pense maintenant que, en raison de la désillusion sarkozyenne, il va réussir à rétablir l'équilibre", constate Philippe Nogrix, sénateur (Union centriste-UDF) d'Ille-et-Vilaine, qui organise dans ce département les premiers pas du MoDem.

S'il ne croit guère dans les chances de voir aboutir une "fédération centriste" de l'Ouest, M. Nogrix n'en mesure pas moins le chemin à parcourir pour que cet électorat, dont il concède qu'il a été "déstabilisé", puisse s'identifier au MoDem. "Avant, la tendance dominante de l'UDF était l'alliance avec la droite, analyse-t-il. Les nouveaux arrivants, ceux qui se sont enthousiasmés pour la campagne de François Bayrou, porteurs d'une sensibilité différente, sont aujourd'hui devenus majoritaires. La difficulté consiste à marier ces deux cultures." Toutefois, tient-il à préciser, "ici, on est attaché aux racines de l'UDF, sa disparition trop rapide serait néfaste".

"Ce qui se passe à Rennes peut préfigurer ce qui se passera au niveau national", se félicite Caroline Ollivro, tête de liste du MoDem dans la capitale bretonne, persuadée de pouvoir "créer la surprise". Le MoDem est cependant loin de présenter dans chaque département, de manière uniforme, des listes aux élections municipales, préférant ailleurs ménager des alliances avec l'UMP, comme en Mayenne, département présidé par le sénateur (UC-UDF) Jean Arthuis.

Patrick Roger
Article paru dans l'édition du 06.03.08


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23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 00:49

(dépêches)



Sarkozy, président de la grasse mat'

On connaissait les week-ends à rallonge du président, il va maintenant falloir s'habituer à ses grasses matinées en pleine semaine.

Dans le Nouvel Obs cette semaine, dès les premières lignes d’un article consacré à « Sarko le flingueur », on peut lire : « Depuis son mariage avec Carla Bruni, Nicolas Sarkozy n’est plus présent chaque matin à l’Elysée, à la réunion de ses principaux conseillers ». Ah bon ? Mais où est-il, alors ?

Réponse sur le site de Gala :

« Il est 7 heures, Paris s’éveille, Nicolas Sarkozy n’a plus sommeil. Porte d’Auteuil, le Président s’extirpe des limbes. Sa nymphe reste au lit et déplore qu’il ne prenne «pas plus de repos». La chanteuse suit son propre tempo. Après un levé tardif, la première dame s’octroie deux heures de sport quotidiennes », raconte le journal people, qui précise que «le couple présidentiel vit de folles soirées parisiennes». En clair : Nicolas sort tous les soirs et sèche sa réunion de 8 heures 30 parce qu’il reste au lit avec Carla. La France qui se lève tôt, Sarkozy l’aime peut-être mais pas au point de dormir avec.

Jeudi 23 Avril 2009 - 08:00
Bénédicte Charles
Lu 9512 fois



On ne parle que de ça | Carla et Nicolas Sarkozy: l’éducation sentimentale

Le soir, la brune emmène son mari dans les lieux branchés de la capitale

Eclairé de lune, le couple présidentiel vit de folles soirées parisiennes. Entre le blues de Bob Dylan, le swing de Julien Doré, et un bon DVD de Woody Allen, Carla met de la folie dans le quotidien de Nicolas Sarkozy…

Deux concerts rock en deux jours, une lettre signée Lenny Kravitz, et plus un seul cliché de Nicolas sans un classique de la littérature sous le bras, Carlita a mis son grain de sel dans la «culture» présidentielle.

Jusque-là, Carla Bruni-Sarkozy gardait sa fantaisie pour la musique et la poésie

Ex-mannequin croqueuse d’hommes devenue chanteuse folk, de gauche, la belle Méditerranéenne épousé le destin présidentiel de son «mari» et se range immédiatement des (pubs de) voiture Lancia. Un tour de manège chez Mickey et une excursion en Jordanie plus tard, et voici Miss Bruni unie «à l’homme de sa vie», deux mois après l’avoir rencontré.

Parfaite hôtesse de l’Elysée, meilleur atout d’un chef d’Etat souvent en mal de popularité, Carla enchante par ses bonnes manières dès qu’elle pose la pointe de sa ballerine et ne commet jamais d'impair. Partout on loue sa grâce et son look très «Jackie O».

Musicienne toujours, elle enregistre un disque, Comme Si De Rien N'était, dont elle reverse bien entendu les droits d'auteur à des oeuvres caritatives, avant d'annoncer qu'elle tire un trait sur sa carrière. Bien décidée à se consacrer à des occupations dignes d'une première dame, l'ex-top model s'engage et devient ambassadrice mondiale pour la protection des mères et des enfants contre le sida, auprès du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Voilà pour ce qui est de l’officiel. Dans l’intimité, la métamorphose s’opère plutôt comme cela:

Lit et ratures comparés

Il est 7 heures, Paris s’éveille, Nicolas Sarkozy n’a plus sommeil. Porte d’Auteuil, le Président s’extirpe des limbes. Sa nymphe reste au lit et déplore qu’il ne prenne «pas plus de repos». La chanteuse suit son propre tempo. Après un levé tardif, la première dame s’octroie deux heures de sport quotidiennes. Soucieuse de sa silhouette, elle veille aussi aux courbes du chef de l’Etat, limite sa consommation de chocolat et lui impose une «coach sportive». Entre une émission grand public allemande et un Taratata de Nagui, portée par sa vie d’artiste, Carla ne compte pas s’impliquer dans le cénacle masculin du pouvoir. Ce qu’elle veut? «Jouer de la musique et chanter tous les jours.» Ouf! Marisa, mamie-gâteau, récupère Aurélien à l’école chaque jour à 16 h 30. Le soir, pas de dîner en ville, pour le couple qui convole, mais des plateaux-repas (équilibrés) devant un bon film, un Fellini ou un Woody Allen. «Lorsque je les vois dans la cuisine, le soir, je comprends que le Président est un homme simple, un mari quelconque qui, à la fin de sa journée de travail, recherche la compagnie de sa femme», raconte Marisa Bruni-Tedeschi, la belle-mère du chef de l’Etat, au magazine italien Oggi. Sa fille confirme: «On n’a pas envie de sortir, on vient de se rencontrer, susurre-t-elle en septembre sur le plateau de Michel Drucker. On a envie de poursuivre nos conversations.»

Mais voilà, il faut bien les alimenter ces discussions! Nicolas Sarkozy a une dent contre l’amour précieux et la prose éthérée? Carla la séductrice commence par louer des DVD: Shining et 2001, Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. Le Président adore et clame haut et fort ses deux «merveilleuses découvertes». Il est temps de le faire bouquiner. Pied-de-nez à sa marotte de critiquer publiquement l’œuvre de Madame de La Fayette, sa princesse commence à glisser ses ouvrages préférés sur la table de chevet de son bien-aimé. Nico se dit «envoûté par Belle du Seigneur et Voyage Au Bout de La Nuit».

Lui qui se vantait jadis de ne jamais lire, assure à la presse que «malgré un emploi du temps très chargé», il «apprécie un roman pour se divertir». Dans l’avion présidentiel, Sarko dévore donc La Révolution Française de Max Gallo, Désert de Jean-Marie Le Clézio et La Reine Margot d' Alexandre Dumas. Dernièrement, Nicolas Sarkozy prend soin de s’afficher avec Voyages en Orient de Gérard de Nerval, opportunément placé sur ses dossiers quand il passe devant les photographes. La révolution est en marche.

Le changement avec Obama

Puis, la semaine dernière la très fashion Michelle Obama offre une guitare à Carla. Fière de sa Gibson de la Maison Blanche (et de sa nouvelle amie), notre féline se remet à gratter le cordes. Et ça ne fait pas bling-bling mais plutôt Blowin’ In The Wind. Cela tombe bien, Bob Dylan est en tournée en Europe. Ni une, ni deux notre beautiful woman emmène son Tambourine Man écouter l’original au Palais des Congrès. D’après le Figaro, notre inconditionnel de Johnny Hallyday et Didier Barbelivien est séduit par le songwriter de légende. Et de son côté Carla fait encore des ravages, puisque, sous le charme, la star mythique lui offre son harmonica. Rebelote mercredi. Deux spectacles en deux jours. Le couple le plus branché du gotha présidentiel va applaudir le très en vogue Julien Doré à l’Olympia.

La première dame connaît le dandy échevelé pour avoir interprété en duo avec lui Any One Else But You du groupe The Moldy Peaches.

Ravie de faire découvrir en live le répertoire de l’hyper trendy Doré à son mari, Carla n’a pas pu résister non plus au plaisir de faire écouter le CD de Lenny Kravitz à son cher et tendre. Et pour montrer toute l’attention et l’affection qu’il porte à son épouse, Nicolas Sarkozy a pris sa plus belle plume pour donner ses impressions sur la musique métissée de la vedette américaine. Cette semaine, lors de sa conférence de presse, Lenny Kravitz a déclaré que le président de la République lui a envoyé une missive passionnée. «La lettre disait qu'il avait écouté mon album quand il est sorti et qu'il avait beaucoup aimé», a exliqué le chanteur.

Emerveillé par sa dulcinée, le maître de l’Elysée s’ouvre au monde de l’Art avec les yeux de l’amour. Espérons que, sensible aux créations, il entende aussi d’une oreille nouvelle les revendications des Français.

Justine Boivin
Vendredi 10 avril 2009

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23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 00:02

(dépêche)


Nicolas Sarkozy relance le débat sur l'identité nationale

LE MONDE | 21.04.09 | 14h16  •  Mis à jour le 21.04.09 | 14h16 

L'identité nationale : Nicolas Sarkozy en avait fait un thème central de sa campagne présidentielle, y voyant le moyen de récupérer l'électorat du Front national. A l'approche des élections européennes du 7 juin, le sujet revient, occupant une place de choix dans la récente lettre de mission que le chef de l'Etat a adressée à son nouveau ministre de l'immigration et de l'intégration nationale Eric Besson, transfuge de la gauche. "Nous devons être fiers d'avoir restauré en France un discours assumé sur l'identité nationale et républicaine", écrit Nicolas Sarkozy à son ministre, l'invitant à "poursuivre ce travail, ouvert et sans tabou, de réaffirmation de ce que signifie d'"être français"".

Les recommandations du HCI

Souligner l'universalisme de la République dans les formations civiques données aux migrants, insister sur les notions de droit à la sûreté et à la sécurité, mieux distinguer la laïcité de la sécularisation de la société française.

Prévoir des évaluations ou des autoévaluations au cours ou à l'issue de chaque formation.

Favoriser l'implantation de classes d'accueil dans les lycées, évaluer les acquis relatifs à la compréhension des valeurs et symboles de la République lors de la Journée d'appel et de préparation à la défense.

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"COHÉSION SOCIALE"

Une tâche pleinement assumée par Eric Besson. "Liberté, égalité fraternité, laïcité démocratie : nul ne peut en République se soustraire au respect de ces valeurs", a déclaré le ministre mardi 21 avril en recevant le rapport du Haut Conseil à l'intégration sur les valeurs de la République, que son prédécesseur Brice Hortefeux avait commandé. Eric Besson a ajouté qu'il souhaitait faire de "l'intégration l'une des voies privilégiées de la cohésion sociale". Une précision qui n'a rien d'anodine : le thème de l'identité nationale a été durant toute la campagne de Nicolas Sarkozy accolé à l'immigration et associé à une politique migratoire restrictive.

Ses détracteurs y ont vu une façon d'inscrire l'immigration comme un problème, de suggérer que les immigrés étaient une menace pour l'identité nationale. Une dérive contre laquelle le Haut Conseil à l'intégration met implicitement en garde. Dans son rapport, il appelle le gouvernement à ne pas faire de la connaissance des valeurs de la République un simple outil de gestion des flux migratoires. Et l'invite au contraire à intégrer cette question dans une véritable politique d'intégration et au-delà de promotion du civisme.

La transmission des valeurs, précise-t-il ne concerne pas les seuls nouveaux migrants. Les personnes qui ont sifflé la Marseillaise lors du match France-Tunisie en octobre 2008, n'étaient pas des immigrés mais de jeunes, et moins jeunes, Français.

Dès lors, il ne s'agit pas seulement de préconiser des actions pour s'assurer que les étrangers s'installant en France reçoivent bien, aux différentes étapes de leur parcours d'intégration, la bonne connaissance "et compréhension" des valeurs et symboles de la République. Il faut aussi renforcer l'apprentissage civique des jeunes, tout au long de leur scolarité et dans le cadre de la journée d'appel et de préparation à la défense. Et mettre en valeur les emblèmes et symboles de la République dans les écoles, les lieux et documents publics comme dans les manifestations officielles.

Depuis deux ans, le gouvernement a pris peu de mesures pour promouvoir l'identité nationale ; les seuls dispositifs mis en place concernent les nouveaux arrivants sur le territoire. Une des dispositions phare de la loi sur l'immigration de novembre 2007, a été de soumettre tout candidat, dans son pays d'origine, à un test d'évaluation de sa connaissance du français et des valeurs de la République, avant de venir en France. Mais le dispositif non précédé d'une formation se révèle souvent discriminant, comme le souligne le HCI qui fait toute une série de propositions pour mieux faire connaître et comprendre les valeurs et symboles de la République.

"Les recommandations du rapport verront très bientôt une réalisation tangible", a promis Eric Besson en déclarant qu'il fallait "exiger de notre jeunesse qu'elle connaisse et qu'elle respecte autant que nous ces valeurs". Reste à savoir s'il suffit d'une injonction de l'Etat pour décréter le "bien vivre ensemble."

Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l'édition du 22.04.09.


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