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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 00:53

(verbatim-dépêches)



Pour couper court

22 avril 2009 09:11

En présentant mon dernier livre, “Je ne mangerai plus de cerises en hiver”, j’ai souvent dit qu’il ne constituait pas une petite annonce de recherche d’emploi. Je lis pourtant, ici ou là, que je préparerais mon retour au gouvernement. Alors, soyons clair: ce n’est pas mon intention.

D’abord, j’ai toujours trouvé qu’il était un peu indécent de se porter candidat à de telles fonctions. L’initiative de choisir ses ministres appartient au seul Président de la République.

Ensuite, je me suis engagé, vis à vis des Bordelais, à exercer pleinement la fonction de maire qu’ils m’ont confiée. Or, il y a, à mes yeux, incompatibilité entre cette fonction et un poste ministériel. On ne peut pas tout faire à la fois.

Mais, me dira-t-on, vous avez affirmé que vous étiez disponible pour servir. Je le confirme. Il y a bien des façons de servir ses concitoyens et son pays.

J’ai conscience de le faire en proposant aux Bordelais de continuer à construire ensemble une ville belle à vivre. C’est l’objectif  de l’agenda 21, du projet social et du projet urbain que nous sommes en train de mettre en oeuvre pour qu’à l’horizon 2030 Bordeaux soit une métropole européenne à part entière, et une métropole à taille humaine où le “vivre ensemble” soit une réalité pour tous. La tâche est exaltante.

Je suis plus que jamais passionné par les grands enjeux nationaux et internationaux. Comment agir à ce niveau?

En premier lieu, par la parole, qui est souvent une arme en politique. Quand j’en sens le besoin, j’exprime et continuerai à exprimer mon point de vue, en espérant qu’il peut contribuer au débat public.

Ensuite par le travail. Tout gouvernement, par la force des choses, a peu ou prou le nez dans le guidon. Les urgences du court terme l’y contraignent, j’en ai fait moi-même l’expérience. Il a besoin d’être accompagné dans la préparation de l’avenir. Ce devrait être le rôle des partis politiques. C’est aussi celui des clubs ou cercles de réflexion dont la liberté d’esprit peut être plus grande. J’ai l’intention de ré-activer, dans les mois qui viennent, mon cercle de travail en lui proposant deux thèmes de recherche prioritaires:

-  Première question: comment faire aimer l’Europe aux Français et plus généralement aux Européens? Nous vivons une situation paradoxale: d’un côté, nous avons conscience que, dans un monde évidemment multipolaire, la meilleure façon de défendre nos intérêts et notre modèle de civilisation, c’est de le faire ensemble plutôt qu’isolément. Et pourtant, l’Union Européenne est mal aimée ou laisse indifférent. La difficulté à lancer la campagne européenne à moins de deux mois du jour du scrutin en apporte une nouvelle démonstration. La raison n’en est-elle pas que les Français, plus encore que nos voisins, ne voient pas clairement le chemin que leur trace l’Union? Il est nécessaire, me semble-t-il, de leur proposer un nouveau rêve européen. Premier chantier.

- Deuxième question: après la crise , car nous sortirons de la crise, allons-nous recommencer comme avant? Ou serons-nous capable d’inventer un nouveau modèle de développement, d’accomplir la révolution écologique sans laquelle la poursuite du réchauffement climatique nous conduirait au pire? Comment nous déplacer autrement? Comment construire et habiter autrement? Comment consommer autrement et gaspiller moins? Comment produire autrement en économisant les ressources rares? Comment mettre les technologies numériques de l’information et de la communication au service du développement durable et d’un nouveau “projet de civilisation”? Bref comment vivre autrement, plus sobrement, ce qui ne veut pas dire moins joyeusement? Immense chantier, passionnant chantier qui nous invite à penser et agir du local au global, des agenda 21 locaux jusqu’à la prochaine grande négociation mondiale à Copenhague en décembre de cette année, en passant par la mise en oeuvre effective des bonnes intentions de notre Grenelle de l’environnement et l’implication accrue de l’Union européenne, par exemple dans une politique commune de l’énergie.

Nous avons besoin d’hommes et de femmes d’expérience, de savoir et surtout d’enthousiasme pour approfondir ces questions et proposer des plans d’action. Beaucoup y travaillent déjà. Mais il y a du boulot pour tout le monde…


Les réactions (11)

1 34130sinonrien 22 avril 2009 à 18:47

Je suis en train de terminer la lecture de votre livre consacré à la non consommation de cerises en hiver. Son contenu se situe dans le droit fil de ce que je savais déjà de vous, pour vous avoir beaucoup vu , lu mais surtout observé. Les pages consacrées à votre relation paternelle m’ont particlièrement émues. Elles m’ont renvoyé , par moment , à mon propre vécu.
 
2 Jean 22 avril 2009 à 19:58

Un homme se lève.
 
3 siv 22 avril 2009 à 22:49

salut, c’est interressant.

quels sont les grands chantiers européens?
conquete spatiale,urbanisme,medecine,technologies etc…? en réalité le lambda que je suis n’en sait rien sinon que l’on entend Europe = subventions.

a la deuxieme question cela passe par la certification et la mise aux normes, mais cela coute tres cher, et des entreprises responsables socialement parlant.
@+
 
4 Pierre-Paul Fourcade 23 avril 2009 à 0:23

“En espérant qu’il peut” ou “en espérant qu’il puisse” ? J’ai un doute.

Sur le fond, ce texte me paraît témoigner d’un peu trop de dépit, je dois dire. Sans doute justifié, hélas.
 
5 Dominique 23 avril 2009 à 6:47

la présence d’un homme d’expérience comme vous au gouvernement aurait été très utile en cette période de crise. Mais je pense, que vous serez en effet plus utile à l’extérieur de ce gouvernement ou votre parole aura plus de sens!
 
6 J C Soriano 23 avril 2009 à 8:48

Bravo et Merci, Monsieur Juppé pour votre décision de rester un homme libre au service de votre ville…et de la France.

Pour un retour à la politique nationale, votre place devrait être ,le cas échéant,la plus haute.

Donc rendez vous peut être en 2012…

Un de vos fidéle supporter.
 
7 Blavia 23 avril 2009 à 9:24

Merci, M. Juppé, continuez dans cette voie, même si,parfois,la “tentation de Matignon” succède dans votre esprit à celle de Venise.
Nous avons besoin de vous, non seulement pour Bordeaux mais aussi et surtout pour toute l’Aquitaine.
 
8 Mathieu V 23 avril 2009 à 10:51

Mr Juppé
Même si je fais partie de ceux qui souhaitent votre retour au 1er plan, je ne peux qu’approuver votre discours. En effet, comme l’a dit votre célèbre directeur de cabinet durant votre période au quai d’Orsay, ” changer d’équipe pour changer de politique”. On peut donc aisément penser, compte tenu du focntionnement actuel de l’éxécutif, que votre présence au gouvernement ne modifierait en rien ,hélàs, la concentration des pouvoirs à l’Elysée. A quoi bon redevenir ministre si c’est pour être pris en étau entre Claude Guéant, Raymond Soubie et autres Bernard Squarcini et Patrick Ouart?
Ce serait faire insulte à votre statut d’homme d’état.
Par contre, votre retour serait vivement souhaitable dans le cadre d’un rassemblement républicain qui pourrait aller des socio-démocrates aux gaullistes modérés en passant par les démocrates chrétiens. Je pense sincèrement qu’entre un parti socialiste, qui malgré certains talents individuels ne fait rêver décidément plus personne, et une droite idéologue, désordonnée et sub-autoritaire, il y a la place pour un mouvement tel que je viens de le décrire. Le plus difficile serait bien entendu de rassembler tout ce “petit monde” derrière votre bannière, ce qui peut être difficile compte tenu de certaines personnes non dénuées de caractère et de charisme qui pourraient rejoindre un tel mouvement. Mais n’est-ce pas là le grand défi de la politique?
Dans l’espoir de vous lire, veuillez agréer Mr Juppé, l’expression de ma plus haute considération républicaine.

PS : En finissant votre livre que j’ai lu avec passion en 2 jours, je me dit qu’il existe encore des hommes d’état qui n’écrivent pas comme ils parlent et qui “ne mangent pas” les négations (sic). Ce qui constitue un espoir.
 
9 joyeux patrick 23 avril 2009 à 11:31

nous sommes heureux ma femme et moi que vous ne répondier pas aux sirénes nationale, et vous consacrier uniquement à bordeaux, merci pour tout le travail déja accomplie pour cette ville
 
10 malika 23 avril 2009 à 13:34

bonjour a tous,
je viens de lire à l’instant l’article ci-dessus. Bravo à monsieur Juppé qui a décidé de s’investir d’abord en tant que Maire. les bordelais ont bien de la chance d’avoir un maire aussi engagé. J’ai cru aussi que M. Juppé allait rejoindre le giuvernement, qui soit dit en passant serait une bonne chose compte tenu notamment de la crise économique. Le gouvernement aurait besoin des talents politiques de ce monsieur. Donc dommage quand même, je salue la posture politique dans ce choix. Alors que d’autres ministres ne cachent pas leur ambition, lui décide d’agir dans l’intéret collectif, en taisant des ambitions, qui peuvent être légitimes. En tout cas, nous espérons effectivement que M. Juppé interviendra en tant qu’homme politique pour prendre part au débat national et encourager le gouvernement à prendre des décisions justes et équitables pour notre douce France
 
11 CHANTAL 23 avril 2009 à 14:07

Merci Monsieur Juppé de mettre un terme à toutes ces rumeurs concernant votre probable entrée au prochain gouvernement .Je fais partie de ces personnes, très nombreuses, qui souhaitent vous garder à Bordeaux ,cette ville que nous aimons tant et que votre équipe et vous-même avez tant développée .Restez donc avec nous le plus longtemps possible .



UMP - Alain Juppé droit dans ses bottes : il ne reviendra pas au gouvernement

Par Cyriel Martin (avec agence)

Publié le 22/04/2009 à 16:16 - Modifié le 22/04/2009 à 20:03 Le Point.fr

L'ancien Premier ministre Alain Juppé a exclu, mercredi, tout retour dans un gouvernement © SAURA PASCAL/SIPA

Depuis quelque temps, il semblait laisser planer le doute. Mais mercredi, Alain Juppé a clairement "coupé court" aux rumeurs le disant candidat à un portefeuille ministériel à la faveur d'un prochain remaniement. "Soyons clair, ce n'est pas mon intention", souligne l'ancien Premier ministre sur son blog, précisant que son dernier livre "ne constituait pas une petite annonce de recherche d'emploi". Alain Juppé en profite d'ailleurs pour tacler les actuels ministres prétendant à de nouvelles fonctions . "J'ai toujours trouvé qu'il était un peu indécent de se porter candidat à de telles fonctions. L'initiative de choisir ses ministres appartient au seul président de la République." "Ensuite, je me suis engagé, vis-à-vis des Bordelais, à exercer pleinement la fonction de maire qu'ils m'ont confiée. Or, il y a, à mes yeux, incompatibilité entre cette fonction et un poste ministériel. On ne peut pas tout faire à la fois", explique Alain Juppé.

La publication en mars par Alain Juppé d'un livre dans lequel il revient sur son passé politique a été interprétée par de nombreux observateurs comme une manière de préparer son entrée au gouvernement. Il a en revanche souligné qu'il avait "gardé le goût des débats nationaux et internationaux". S'il avait indiqué qu'il était "prêt à servir", c'est d'abord "à Bordeaux" et ensuite en réactivant "après l'été" un "cercle de travail avec des parlementaires, des gens de bonne volonté, des intellectuels et des entrepreneurs", a-t-il indiqué à la presse mercredi. Ce groupe de travail se penchera, selon lui, sur deux questions : "Comment faire aimer l'Europe aux Français et plus généralement aux Européens ?" et "après la crise, allons-nous recommencer comme avant ou serons-nous capables d'inventer un nouveau modèle de développement ?"
 


MAUVAIS ESPRIT - Remaniement : quand les ministres font acte de candidature...

Par Michel Richard

Publié le 14/04/2009 à 15:15 - Modifié le 14/04/2009 à 15:40 Le Point.fr

Nadine Morano, Jean-Louis Borloo et Christine Boutin ne cachent pas leurs vastes ambitions.

Avertissement : ironique, partiale et souvent injuste, cette chronique du directeur adjoint de la rédaction du Point est à consommer avec modération...

La transparence avance à grands pas. Depuis toujours, bien entendu, les ministres en place nourrissaient pour eux-mêmes de plus vastes ambitions lors d'un prochain remaniement. Ils valaient mieux que ce que leur portefeuille leur permettait de montrer. Leurs capacités étaient fâcheusement bridées par leur périmètre ministériel. Il y avait du gâchis gouvernemental dans l'air. Vieux refrain dans un milieu où l'on recule si l'on n'avance pas.

Mais aujourd'hui - voilà le progrès -, nos excellences font quasiment savoir par voie de presse leurs espérances ministérielles afin que nul n'ignore leurs tropismes et qualifications, et surtout pas le président de la République, qui pourrait, sans cela, par distraction, passer à côté d'une occasion en or.

Dans ce genre inédit de demande d'emploi sur la place publique, Nadine Morano est assurément la plus gonflée : secrétaire d'État à la Famille, elle vise rien de moins que l'Intérieur, la Défense ou l'Éducation, à condition toutefois qu'on ajoute la Famille au mammouth. Rayez la mention inutile... Christine Boutin, elle, se verrait bien troquer son Logement contre l'Agriculture ou la Justice, preuve de son éclectisme. La Justice, c'est aussi ce que guigne Xavier Darcos, qui n'en peut plus de l'Éducation et s'impatiente d'être délivré de troupes enseignantes, lycéennes ou estudiantines trop remuantes pour être honnêtes. Il laisse dire qu'il s'y prépare, ce qui ne peut nuire à ses chances sans pour autant les augmenter, tant la compétence compte peu à l'heure du choix. Mais Jean-Louis Borloo, ex-avocat d'affaires, lorgne de son côté sur la Place Vendôme, comme lassé du Développement durable depuis qu'il a réussi à en éjecter sa secrétaire d'État Nathalie Kosciusko-Morizet, dont la compétence reconnue semblait l'exaspérer.

Une fois de plus, c'est Alain Juppé qui se distingue de cette troupe impatiente. Lui n'aspire qu'à servir l'intérêt général. Il le dit et le répète en protestant ne viser aucun poste gouvernemental particulier. À dire vrai, seul le meilleur peut lui être proposé. Un homme qui, en guise de lettre de motivation, n'a pas peur de dire qu'il n'est pas de tout repos de travailler avec Nicolas Sarkozy, ne peut qu'être respecté à hauteur de son audace (ou ignoré pour prix de son insolence).




Juppé : les réformes de Sarkozy, "ça part un peu dans tous les sens"

Publié le 22/11/2008 à 12:48 - Modifié le 22/11/2008 à 18:38 Le Point.fr
AFP

Alain Juppé s'est félicité que le président Nicolas Sarkozy "engage des réformes, beaucoup de réformes, mais ça part un peu dans tous les sens". 

Le maire UMP de Bordeaux et ancien Premier ministre, Alain Juppé, s'est félicité samedi sur le plateau de France 3 Aquitaine que le président Nicolas Sarkozy "engage des réformes, beaucoup de réformes" mais "ça part un peu dans tous les sens", a-t-il ajouté. Le président de la République "fait bouger les lignes, il engage des réformes, beaucoup de réformes", a jugé M. Juppé. Toutefois, "ça part un peu dans tous les sens, parfois ça donne un peu le vertige. Mais ça va se structurer", a poursuivi le maire de Bordeaux. "Les réformes c'est bien, mais il faut en donner le sens" et le sens "c'est que nous avons perdu au fil des années de la compétitivité", a-t-il estimé.

Interrogé sur son avenir politique national ou international, Alain Juppé, qui a toujours affirmé qu'il souhaitait désormais s'occuper de sa ville "à plein temps", a indiqué que "les circonstances peuvent changer toujours les choses". Mais "je ne m'ennuie pas du tout" à Bordeaux, a-t-il ajouté. Il a en revanche écarté l'idée de reprendre des responsabilités de premier plan au sein de l'UMP.

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 21:05

(dépêche)


Nicolas Sarkozy et l'OTAN : gaulliste ou gaullien ?, par Patrick Jarreau

LE MONDE | 20.06.08 | 13h55  •  Mis à jour le 16.04.09 | 14h24
Chronique

Un des paradoxes de ce président, à tant d'égards étrange et si décalé par rapport à l'idée que les Français ont de sa fonction, est qu'il a, pour sa présidence, les plus hautes ambitions. Il n'est pas seulement gaulliste, il l'est absolument. C'est-à-dire qu'il est gaullien. Nicolas Sarkozy n'a rien de ce que le chef de la France libre devait à sa culture, au métier militaire, à son caractère et, par-dessus tout, à sa rencontre avec l'Histoire. Mais il ne s'en juge pas moins capable d'une audace égale à celle dont fit preuve le général quand il revint au pouvoir, en 1958, et entreprit de transformer le pays pour lui faire épouser son siècle.

De cette audace, la décision de retirer les forces françaises de l'organisation militaire de l'OTAN, en 1966, a été un des accomplissements les plus extraordinaires. Il faut se représenter le bouleversement causé en France, en Europe et aux Etats-Unis par l'expulsion du territoire français des unités américaines et des structures de l'Alliance atlantique qui y étaient installées. Que la France se sépare ainsi des Américains, qui lui avaient rendu la liberté et qui, depuis vingt ans, la protégeaient contre la menace soviétique, c'était inimaginable. Mais, justement, toute la force du geste de De Gaulle était dans le défi qu'il lançait - comme toujours, c'était sa marque - aux idées reçues, à la résignation et même au bon sens.

Ce qui paraissait insensé à beaucoup s'est imposé. La décision du général de Gaulle a été reconnue comme fondatrice de la politique internationale de la France. Toute remise en question de cette position singulière, dans l'Alliance atlantique, est devenue synonyme de renoncement à l'indépendance. Les successeurs du général ont été soupçonnés d'être prêts à brader l'héritage. A tort, car ils l'ont tous conservé. Seul un gaulliste, Jacques Chirac, trente ans après, a osé écorner le tabou en autorisant, en 1996, la présence d'un représentant de la France au comité militaire de l'Organisation. Mais la réintégration pleine et entière échoua en raison des conditions mises du côté français et du côté américain.

Nicolas Sarkozy semble décidé, aujourd'hui, à égaler de Gaulle en parcourant le chemin inverse de celui de 1966. Il estime que les proclamations françaises en faveur d'une défense européenne ne convaincront personne tant que Paris restera à l'écart des états-majors où les militaires de tous les pays membres de l'OTAN réfléchissent, discutent, s'organisent ensemble. Les Etats-Unis ayant admis le principe d'un "pilier européen", permettant que les pays de l'Union européenne se coordonnent, politiquement et opérationnellement, sans avoir à passer par Washington, la France pourrait partager sa défense avec ses alliés dans les organes de commandement des forces de l'Alliance.

La remémoration de 1966 aide à comprendre l'importance que revêtirait, aux yeux des dirigeants américains, ce retour de la France dans l'organisation militaire formée autour des Etats-Unis. Ce serait, après la crise irakienne et malgré elle, une relégitimation de leur vision du monde, dans laquelle l'Amérique rassemble autour d'elle des pays qui partagent ses valeurs et ses intérêts. Si elle reprenait sa place dans l'OTAN, la France rendrait la sienne à l'Amérique, en reconstituant le club du "monde libre". Parce que les Etats-Unis sont en peine d'une quasi-réhabilitation, la leur accorder serait peut-être aussi porteur d'avenir que le fut, il y a quarante ans, la répudiation gaullienne.

La gauche s'y refuse. La droite gaulliste y rechigne, Alain Juppé ouvertement, François Fillon à demi-mot. On va voir jusqu'où Nicolas Sarkozy peut être gaullien.

Courriel : jarreau@lemonde.fr.

Patrick Jarreau
Article paru dans l'édition du 21.06.08.

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 09:15

(dépêches)




Sarkozy se voit en maître du monde

Politiques 16/04/2009 à 06h51

Le Président déjeunait hier avec des parlementaires de toutes tendances.

386 réactions
MATTHIEU ÉCOIFFIER et FRANÇOIS WENZ-DUMAS

Nicolas Sarkozy lors de son discours de clôture du G20 à Londres le 2 avril.

Festival de «moi je» hier à l’Elysée. De l’entrée au dessert, des tomates mozzarella à la mousse aux éclats de fruits et de chocolat, la vingtaine de parlementaires de tous bords conviés à déjeuner par le chef de l’Etat pour discuter régulation du capitalisme et paradis fiscaux ont eu droit, selon un convive, à «du Nicolas Sarkozy à 200 %, c’est-à-dire étrangement proche de sa propre caricature. On était en petit comité mais il parlait comme à la télé ou à un meeting de l’UMP !»

Ces députés et sénateurs que recevait le président de la République font partie d’un groupe de travail original constitué en novembre pour réfléchir sur la crise financière internationale. Ce club composé de 12 députés et 12 sénateurs, a donc décidé à l’issue du déjeuner de se baptiser «G24». «Le G24 est bicaméral et multipartis», résume Hervé Mariton (UMP), qui est avec Jean-Pierre Brard (apparenté communiste), Jean-Pierre Chevènement (MRC), Henri Emmanuelli (PS) ou Nicolas Perruchot (Nouveau Centre) un des piliers de cet aréopage placé sous la double responsabilité des deux présidents des commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, le socialiste Didier Migaud et le centriste Jean Arthuis.

Obama. Arrivé un peu en retard dans la petite salle à manger, le Président «a tenu sa promesse de nous informer du contenu du G20. Il nous reverra avant le prochain conseil européen de juin», raconte un participant. Et s’il «a été plus bavard que d’habitude», il a mené son débriefing tambour battant, tutoyant les uns, charriant les autres, tout en tapotant ses SMS, ravi de se mirer dans la vitrine de cette mini-union sacrée face à la crise.

En plat de résistance, les premiers pas de Barack Obama sur la scène internationale. «Obama est un esprit subtil, très intelligent et très charismatique. Mais il est élu depuis deux mois et n’a jamais géré un ministère de sa vie. Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n’a pas de position», assure Nicolas Sarkozy. Et il «n’est pas toujours au niveau de décision et d’efficience», dont lui-même ferait preuve. Exemple : la taxe carbone. Compte rendu, version Sarkozy, de son échange avec Obama sur le sujet : «Je lui ai dit : "Je crois que tu n’as pas bien compris ce qu’on a fait sur le CO2. Tu as fait un discours, il va falloir des actes." Le pack énergie-climat que j’ai fait adopter sous la présidence française [de l’Union européenne, ndlr] prévoit en 2020 une baisse de 20 % des rejets de 1990. Nous, en Europe, il y a des sanctions contre les Etats et les entreprises. Lui, il s’engage seulement à revenir au niveau de 1990 et il n’y a pas de sanction.»

Nicolas Sarkozy tape aussi sur José Manuel Barroso, le président de la commission européenne, «totalement absent du G20». Angela Merkel ? «Quand elle s’est rendu compte de l’état de ses banques et de son industrie automobile, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rallier à ma position», s’autocongratule le Président.

Après ce compte rendu très personnel du G20, on passe aux choses sérieuses : la régulation du système bancaire et les paradis fiscaux. Nicolas Sarkozy propose de «créer un véhicule pour mutualiser les actifs pourris des établissements bancaires», afin de ne pas refaire comme naguère avec le Crédit lyonnais une bad bank chargée d’écouler les actifs douteux. En même temps, il fait l’éloge de la titrisation, pourtant à l’origine de la crise américaine. «Il y a eu des excès, mais il faut la faire repartir», lâche Sarkozy. Henri Emmanuelli objecte un «ça se discute». «Henri, toi qui as été banquier, tu le sais très bien. La titrisation a permis le développement du monde depuis vingt ans», réplique le chef de l’Etat. «Je vais exiger de la Commission européenne que les banques aidées ou nationalisées cèdent des actifs, comme j’ai été obligé de le faire quand j’ai acheté 22 % du capital d’Alstom», poursuit-il, évoquant l’opération qu’il avait réalisée en 2004 lors de son passage au ministère de l’Economie.

Le centriste Jean Arthuis s’inquiète du coût pour le contribuable ? «S’il y avait une solution plus simple, je pense qu’on me l’aurait dite», appuie Sarkozy. Quand Jean-Pierre Brard tente une percée sur le terrain du pouvoir d’achat, il se fait aussitôt rembarrer : «On ne va pas parler de ça. On ne va pas retomber dans la politique politicienne !»

Au moment du dessert, Nicolas Sarkozy se fait servir «une compote de pomme comme un enfant», s’étonne le député (Verts) François de Rugy. En guise de douceur, le président de la République ne résiste pas à informer ses convives que «le gouvernement espagnol vient d’annoncer la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Et vous savez qui ils ont cité en exemple ?» «On peut dire beaucoup de choses sur Zapatero», remarque Emmanuelli. «Il n’est peut-être pas très intelligent. Moi j’en connais qui étaient très intelligents et qui n’ont pas été au second tour de la présidentielle», s’amuse Sarkozy en allusion à Lionel Jospin. Avant de revenir à son sujet de prédilection : «D’ailleurs, dans ma carrière politique, j’ai souvent battu des gens dont on disait qu’ils étaient plus intelligents et avaient fait plus d’études que moi.»«On a pensé à Villepin», lâche un convive. Conclusion du Président : «L’important dans la démocratie, c’est d’être réélu. Regardez Berlusconi, il a été réélu trois fois.»

«Bolchevik».Avant de se séparer, le locataire de l’Elysée a promis aux élus du «G24» de les inviter pour un quatrième déjeuner en juin. Les deux premiers ont eu lieu début novembre 2008 et le 30 mars dernier. Incorrigible provocateur, Jean-Pierre Brard n’a pas pu s’empêcher de faire remarquer au rapporteur (UMP) du budget au Sénat, Philippe Marini, qui prônait la régulation qu’il allait «lui aussi devenir bolchevik». «J’ai toujours été antibolchevik !» s’est défendu le sénateur de l’Oise. «Et cette cravate rouge ?» lui a répliqué le député de Seine-Saint-Denis.



 
Le «sniper» Sarkozy irrite la presse anglophone

Politiques 17/04/2009 à 16h04

REVUE DE PRESSELes médias étrillent le Président, suite aux propos – révélés par «Libération» – qu'il a tenus à l'encontre de plusieurs leaders étrangers, Obama en tête.

720 réactions
NICOLAS CHAPUIS et LAURE EQUY

Barack Obama, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi à Prague le 5 avril 2009.

Rapportées par Libération, les petites phrases prononcées mercredi par Nicolas Sarkozy, lors d’un déjeuner avec des parlementaires, continuent de rebondir dans la presse étrangère. Les médias espagnols ne sont pas les seuls à relayer les propos du chef de l’Etat – évoquant le manque d'intelligence de José Luis Zapatero. Les commentaires présidentiels sur Angela Merkel et les débuts de Barack Obama sur la scène internationale ont aussi fait tilter la presse anglophone.

Selon les convives, Sarkozy avait jugé que le président américain «est un esprit subtil, très intelligent et très charismatique. Mais il est élu depuis deux mois et n’a jamais géré un ministère de sa vie. Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n’a pas de position».

Une déclaration reprise par The Guardian, qui a interviewé le député (apparenté PCF) Jean-Pierre Brard, invité au fameux déjeuner. Le quotidien britannique rappelle au passage les habituelles «vantardises» du chef de l’Etat, son «hyperactivité». Pour le coup, celui-ci s’est «surpassé», estime le quotidien : «Saisissant sa chance de se dépeindre en héros» anti-récession, «il s’est enfoncé par ses commentaires».

Un «humour peu amène» avant même d’attaquer les petits fours qui, conclut The Guardian, ne va «pas faire remonter sa cote» auprès de Merkel, peu cliente du style sarkozyste. «Quand elle s’est rendu compte de l’état de ses banques et de son industrie automobile, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rallier à ma position», avait fait remarquer Sarkozy à propos de la chancelière allemande, lors de la réception.

Pour le New York Times, qui moque la vision du «monde selon Sarko», ce dernier, connu pour «son amour de l’action», aime aussi «rabaisser» ses homologues «dans des réunions pas si privées que ça».

The Times voit, de son côté, dans les tacles du «sniper» Sarkozy, la «fin soudaine de l’éphémère lune de miel entre la France et les Etats-Unis». Ironisant sur les propos flatteurs du chef de l’Etat pour Silvio Berlusconi – «L’important dans la démocratie, c’est d’être réélu. Regardez Berlusconi, il a été réélu trois fois» –, le journal britannique ajoute: «Il semble avoir adopté le tact» de l’Italien, «son homologue préféré». Idem pour le quotidien anglais The Daily Telegraph qui titre «Sarkozy insulte les chefs d’Etat lors d’un déjeuner» et rappelle que celui-ci est «peu connu pour sa délicatesse».

Malgré sa réputation, visiblement sans frontières, quelle mouche a donc piqué le président de la République ? Certains titres croient avoir un début de réponse, qui se souviennent du courrier adressé par Obama à Jacques Chirac, le mois dernier. «Comme cela a dû être irritant pour Nicolas Sarkozy...» fait mine de compatir l’hebdomadaire américain Time.


 
Le repas élyséen agite l’Espagne

Politiques 17/04/2009 à 06h51
Indigestion . Vives réactions après les propos peu amènes de Sarkozy sur Zapatero.

609 réactions
MATTHIEU ÉCOIFFIER et FRANÇOIS MUSSEAU (à Madrid)

A la une d'El Mundo: «Sarkozy dit qu'il “est possible que Zapatero ne soit pas très intelligent”, mais il gagne les élections».

Les propos de Nicolas Sarkozy sur José Luis Zapatero, le Premier ministre espagnol rapportés hier dans Libération, ne sont pas passés inaperçus de l’autre côté des Pyrénées. Mardi, à la fin d’un déjeuner à l’Elysée avec une vingtaine de parlementaires de tous bords le chef de l’Etat se félicite que le gouvernement espagnol prenne exemple sur la France pour réduire la publicité sur les chaînes publiques. A un député de gauche qui met en doute le pedigree de Zapatero, Sarkozy réplique : «Zapatero n’est peut être pas très intelligent. Moi, j’en connais qui étaient très intelligents et n’ont pas été au second tour de la présidentielle.»

L’Elysée assailli. Hier, les sites Internet des grands quotidiens espagnols titraient sur «Sarkozy : Zapatero peut-être pas très intelligent…»obligeant l’Elysée à jouer les pompiers pour éteindre la polémique avant la visite d’Etat de Nicolas Sarkozy en Espagne les 27 et 28 avril. Assailli de coups de fil des correspondants ibériques, le palais présidentiel a démenti de façon officieuse ces propos, hier encore confirmés à Libération par plusieurs convives (voir, par exemple le blog du député vert François de Rugysur Liberation.fr). Trop tard.

«Indocumentado». Ainsi, El Mundo, qui déteste cordialement Zapatero, s’en est-il donné à cœur joie en faisant ses gros titres. Un chroniqueur y souligne avec malice le parallélisme entre la formule de Sarkozy sur «Zétapé» et le fait que ce dernier est qualifié par les conservateurs de «indocumentado», ce qui veut dire qu’il n’est pas cultivé, pas documenté et pas très intelligent. ABC, le quotidien conservateur s’est appuyé sur les propos du président français pour se livrer à un réquisitoire contre Zapatero, «stupide, borné, sectaire, têtu, n’en faisant qu’à sa tête et divisant l’Espagne».

Quant au Parti populaire (droite), il a eu une réaction en deux temps. «Sarkozy pourrait bien avoir raison», a lancé son leader, Mariano Rajoy. Puis, Gonzalez-Pons numéro 3 du parti, a quelque peu rectifié : «Dans le fond, je ne me réjouis pas que Sarkozy dise cela. Il n’a pas complètement tort, mais Zapatero est notre Président et, quoi qu’il arrive, s’il est attaqué de l’étranger, nous serons amené à le défendre.»



Propos de Sarkozy: Royal présente des «excuses» à Zapatero

Politiques 18/04/2009 à 17h29

Elle a adressé une lettre au président du gouvernement espagnol après que Sarkozy a dit mercredi que Zapatero «n'était peut-être pas intelligent» mais avait «gagné deux fois les élections». L'UMP dénonce son attitude.

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(REUTERS)

Ségolène Royal a annoncé ce samedi avoir, par lettre, présenté des «excuses» à Jose Luis Zapatero, président du gouvernement espagnol, pour ce qu'elle qualifie de «propos injurieux» le concernant, imputés à Nicolas Sarkozy et démentis par l'Elysée.

Libération avait rapporté les propos tenus par Nicolas Sarkozy lors d'un déjeuner mercredi avec des parlementaires. Ce dernier avait déclaré que Zapatero «n'était peut-être pas intelligent» mais avait «gagné deux fois les élections».

Dans sa missive, l'ancienne candidate PS à la présidentielle, «a assuré que ces propos n'engageaient ni la France, ni les Français».

Elle a également assuré Jose Luis Zapatero, un socialiste qui était venu lui apporter son soutien pendant sa campagne élyséenne en avril 2007 à Toulouse, «de toute sa considération, en partie pour les réformes courageuses conduites en Espagne et surtout pour son attachement à réaliser ses promesses de campagne électorale, avec un comportement éthique qui devrait servir de modèle».

Ségolène Royal estime «qu'exercer le mandat de Président de la République impose un devoir de maîtrise de son langage et de son comportement afin de ne pas porter aux intérêts de la France».

A Dakar le 6 avril, Royal avait déjà demandé «pardon» pour le discours controversé prononcé en 2007 au Sénégal par Sarkozy, assurant que «ces paroles humiliantes et qui n'auraient jamais dû être prononcées» n'engageaient «ni la France, ni les Français». Ses déclarations avaient été soutenues par le PS, notamment sa première secrétaire Martine Aubry, mais elles avaient suscité de vives critiques à droite.

A peine rendue publique la lettre de la présidente de Poitou-Charentes, la machine UMP s'est mise en mouvement : numéro un du parti majoritaire, Xavier Bertrand l'a qualifiée de "spécialiste de la manipulation" ne cherchant qu'à "faire parler d'elle". "Elle se ridiculise et déshonore notre pays", a tonné Yves Jégo. "Elle révèle sa vraie nature: une femme dévorée d'ambition qui n'admet pas le choix populaire de 2007", selon le porte-parole adjoint Dominique Paillé. Elle a besoin "d'une aide psychologique", a réaffirmé le porte-parole Frédéric Lefebvre.

(Source AFP)



Propos de Sarkozy: «Libération» répond aux attaques de Lefebvre

Politiques 18/04/2009 à 23h05 (mise à jour à 23h21)

Le porte-parole de l'UMP accuse notre journal de «ressembler de plus en plus à un tract» qui contribue à «abîmer l'image de notre pays». Laurent Joffrin, directeur du quotidien, estime qu'«il occupe un poste de roquet à l'UMP».

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Liberation.fr

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, s'exprime lors d'une conférence de presse, le 5 décembre 2008.

L'UMP, par la voix de Frédéric Lefebvre, son porte-parole, accuse ce samedi Libération de «ressembler de plus en plus à un tract» qui contribue à «abîmer l'image de notre pays», à la suite de la publication de propos de Nicolas Sarkozy mercredi et démentis par l'Elysée.

«Ce quotidien, après avoir perdu ses lecteurs, perd sa crédibilité», affirme dans un communiqué Frédéric Lefebvre.

Selon le porte-parole de l'UMP, notre journal «se vante d'avoir suscité des réactions de la presse européenne sur la soi-disant remarque du président de la République française sur M. Zapatero. Cette attitude est tout simplement scandaleuse de la part d'un quotidien français qui, en colportant une fausse information, contribue à abîmer l'image de notre pays».

«Roquet»

Notre quotidien, citant des participants, avait rapporté des propos du chef de l'Etat notamment sur le président du gouvernement espagnol, qui ont été tenus lors d'un déjeuner avec des parlementaires: «Zapatero n'est peut-être pas très intelligent, mais il a été réélu.»

«M. Lefebvre, qui occupe un poste de roquet à l'UMP, a du mal à accepter l'existence d'une presse indépendante en France, a réagi le directeur de Libération, Laurent Joffrin, interrogé par l'AFP. «Il se contente d'aboyer un démenti de commande et d'insulter le principal journal d'opposition en France ainsi que ses 800.000 lecteurs.»

«Propos présidentiels confirmés»
Laurent Joffrin indique que le journal maintient «l'intégralité de ses informations», soulignant que Frédéric Lefebvre «n'était pas au déjeuner où les propos incriminés ont été prononcés».

«Les propos présidentiels sont confirmés de plusieurs sources, la presse étrangère a jugé bon de s'en faire l'écho», insiste le directeur de Libération.

Pour Laurent Joffrin, «ce qui porte atteinte à l'image de la France c'est l'irresponsabilité des propos tenus par le président de la République à l'égard de ses homologues».


Sarkozy et les glands de ce monde

Politiques 18/04/2009 à 06h51

Elysée. La presse étrangère critique les dires peu confraternels du Président, révélés par «Libé».

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MATTHIEU ÉCOIFFIER et ANTOINE GUIRAL

L’étoile de Nicolas Sarkozy a singulièrement pali vendredi dans la presse européenne et américaine. «Stupide, immature, hors de propos : le jugement de Sarkozy sur ses homologues», titre, par exemple, en une le quotidien britannique The Guardian, à propos de ses commentaires, révélés jeudi par Libération, sur le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, «peut-être pas très intelligent», la chancelière allemande, Angela Merkel, «ralliée à [sa] position», le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, «réélu trois fois» ou le président américain, Barack Obama, «esprit subtil […] qui n’a jamais géré un ministère de sa vie».

Aux Etats-Unis, où les chaînes d’information en continu ont largement relayé les frasques du président français lors du déjeuner de mercredi à l’Elysée avec des parlementaires, le New York Times consacre lui aussi un article à l’affaire titré «Un repas avec Sarkozy : brochettes de dirigeants au menu». «Le président Nicolas Sarkozy est connu pour son amour de l’action, écrit le quotidien. Mais il aime également se vanter et se moquer de ses collègues dirigeants du monde.» Et toute la presse ibérique se déchaîne, même le quotidien de droite ABC fulmine contre «le complexe de supériorité» du président français.

Harcelé de coups de fil de journalistes et de correspondants étrangers, l’Elysée a bien entendu démenti les propos «totalement faux» du chef de l’Etat (que Libération maintient mot pour mot). Un démenti qui n’a guère impressionné la presse étrangère, ni ne l’a empêchée de faire son travail en recoupant auprès de plusieurs convives les paroles rapportées par notre journal (lire par exemple sur leur site l’article parfaitement sourcé du Guardian).

Représailles. Soumis à de perpétuelles pressions de l’Elysée, nombre de médias français s’en sont en revanche tenus à la version officielle. Certains hésitent parfois à pousser trop loin les recherches, pratiquent l’autocensure partielle - quand ils ne préfèrent pas carrément faire l’impasse - sur les sujets qui vont déclencher les foudres du Château. Un exemple parmi d’autres : la direction de l’AFP a «retenu» plusieurs heures, par crainte de représailles, une dépêche pourtant rédigée depuis Mexico sur le séjour offert par un homme d’affaires mexicain au couple présidentiel, lors de son voyage au Mexique début mars.

Plusieurs parlementaires de gauche comme de droite présents à ce déjeuner sont, eux aussi, soucieux d’entretenir de bonnes relations avec le chef de l’Etat ou de garder leurs entrées à l’Elysée. Ils ont donc hésité à confirmer (et même démenti, toute honte bue, pour certains auprès de l’AFP) ce qu’ils avaient entendu mercredi midi. Mais d’autres, qui ne sont d’ailleurs pas forcément hostiles au Président, avaient pris scrupuleusement des notes au cours du déjeuner.

Gimmicks. Parmi les convives, certains comme Henri Emmanuelli (PS, Landes) tutoient le chef de l’Etat, d’autres jouent la connivence avec lui. Ils ont parfois le souci de le protéger malgré lui, car ils connaissent par cœur son style qui consiste à dévaloriser les autres, voire à s’autodévaloriser pour le besoin de ses démonstrations et apparaître toujours comme le meilleur à la fin. D’estrades en tables rondes, Nicolas Sarkozy utilise en permanence ces figures rhétoriques où il déclare, par exemple, «je ne suis peut-être pas malin mais ça, je l’ai compris»… Ou encore, «il y a des gens très intelligents qui ont toujours tout bon sur tout et pourtant, c’est pas eux qui ont été élus».

C’est là tout le paradoxe de ce déjeuner où Nicolas Sarkozy, tel qu’en lui-même, a jaugé ses homologues étrangers pour mieux tirer la couverture à lui sans forcément vouloir les dénigrer.

Les Français ont fini par s’habituer aux gimmicks, dont Sarkozy use et abuse pour se célébrer. Pas les Européens et les Américains, qui y voient une forme d’arrogance détestable et n’ont pas digéré les coups de mentons du chef de l’Etat français lors du G20 de Londres. De quoi pimenter la visite d’Etat de Carla et Nicolas Sarkozy en Espagne, les 27 et 28 avril.




"Affaire" Zapatero-Royal-Sarkozy: la querelle du PS et de l'UMP s'envenime

à la une
PARIS (AFP) - 19/04/09 23:37

L'onde de choc provoquée par Ségolène Royal en présentant des "excuses" à l'Espagnol Jose Luis Zapatero s'est prolongée dimanche, les socialistes déplaçant la querelle vers une dénonciation du style Sarkozy, tandis que l'UMP accusait Mme Royal de "trouble de la parole".

Photographe : Pascal Pavani AFP/Archives :: Ségolène Royal et le Premier ministre espagnol José-Luis Zapatero le 19 avril 2007 à Toulouseagrandirphoto 1/2photo : Pascal Pavani , AFP
 
Photographe : Boris Horvat AFP/Archives :: Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner à Paris le 30 mars 2009agrandirphoto 2/2photo : Boris Horvat , AFP
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Brice Hortefeux, ministre du travail et vice-président du conseil national de l'UMP, a déclaré que Mme Royal devrait demander "pardon" pour toutes ses "bêtises", dans une interview au Figaro daté de lundi.

"Ségolène Royal est atteinte de palilalie, trouble de la parole dont souffrent les personnes répétant systématiquement le même mot. Nous venons donc de découvrir la +royalalie+, nouvelle forme de palilalie, qui consiste à demander pardon à tout le monde et à tout bout de champ", a-t-il affirmé.

Le PS était resté silencieux samedi - hormis l'eurodéputé Vincent Peillon - face à la charge de responsables du parti présidentiel, Xavier Bertrand en tête, courant sabre au clair défendre Nicolas Sarkozy et pourfendre son ex-rivale Ségolène Royal.

Sollicitée, la première secrétaire Martine Aubry n'avait pas commenté l'épisode.

Dimanche toutefois, Jean-Marc Ayrault, président des députés socialistes, a reconnu que "ce n'est pas le président du gouvernement espagnol qui a été mis en cause" par M. Sarkozy et que "c'était plutôt", de la part de ce dernier, "une prise à revers pour tacler les socialistes français".

Plusieurs autres socialistes sont venus à la rescousse de la présidente de Poitou-Charentes, un temps surnommée "la zapatera".

Elle avait soulevé la colère de l'UMP pour avoir écrit à M. Zapatero que des propos "injurieux" de Nicolas Sarkozy - rapportés par Libération citant des parlementaires présents, démentis par l'Elysée et d'autres parlementaires notamment socialistes - n'engageaient "ni la France, ni les Français".

Les avocats de Mme Royal n'ont cependant pas insisté sur ces "excuses", survenues après sa demande de "pardon" à l'Afrique présentée à Dakar.

Ils se sont concentrés sur la réaction de l'UMP, jugée "disproportionnée".

"On a des commentaires machistes, extrêmement désobligeants", s'est insurgé le porte-parole du PS Benoît Hamon, faisant allusion au porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, qui avait conseillé une "aide psychologique" à Mme Royal.

"Le PS insulte le président de la République, colporte des mensonges et, au prétexte que c'est une femme qui le fait dans un nouveau délire, nous devrions rester sans réagir! Ce qui est machiste, c'est la réaction de Benoît Hamon", a répliqué M. Lefebvre.

Autre angle de contre-attaque au PS: le style Sarkozy.

Il se comporte "de manière parfois grossière" et "très vantarde dans les sommets internationaux", a accusé M. Hamon.

Le président "doit avoir un comportement exemplaire", l'UMP devrait "lui demander de maîtriser son langage", a renchéri le sénateur-maire PS de Dijon François Rebsamen.

Un style élyséen défendu avec fougue par Bernard Kouchner: "il est vivant, il est jeune et vivant !", a-t-il lancé sur Canal +.

Pour le ministre (ex-PS) des Affaires étrangères, M. Sarkozy s'entend "merveilleusement" avec M. Zapatero et la polémique ne devrait pas entacher la visite du président français à Madrid les 27 et 28 avril.

Pour le politologue Gérard Grumberg, l'initiative contribue à installer Mme Royal comme "l'opposante la plus déterminée à Sarkozy" mais en s'appuyant "sur des on-dit", elle "affaiblit son image de présidentiable".

Chercheur au CNRS, Dominique Wolton salue un "acte courageux" de la socialiste et estime que "Sarkozy ne s'interdit rien. Et Royal, consciemment ou inconsciemment, en fait autant".




Faut-il avoir honte de Sarkozy ?

17.04.2009 - par Jean-Michel Bouchereau

Panique hier à l'Elysée. C'est que Nicolas Sarkozy faisait les manchettes d'une bonne partie de la presse internationale ou de leurs sites internet : le New York Times, le Times, The Economist jusqu'à l'Indian Express et le Sidney Morning Herald et surtout de plusieurs quotidiens espagnols, El Païs et la Vanguardia où toute l'affaire a commencé après que Libération ait rapporté les propos insultants tenus par notre Président sur le Premier ministre Zapatero. Ne mettait-il pas en doute son intelligence. Et cela devant une vingtaine de parlementaires de tous bords, dont plusieurs ont confirmé ces propos. Sur Zapatero, il aurait répondu à une remarque: "il se peut qu'il ne soit pas très intelligent. Moi j'en connais qui étaient très intelligents et qui n'ont pas été au second tour de la présidentielle", en référence à l'échec de Lionel Jospin en 2002.

El Pais reste sceptique quant aux démentis de l'Elysée

Côté espagnol, la polémique a rapidement pris de l'ampleur. El Pais reste sceptique quant aux démentis de l'Elysée et cite la réaction de responsables politiques nationaux qui prennent la défense de leur premier ministre. Même Esteban González Pons, vice-secrétaire de la communication du Parti populaire (opposition), a exprimé sa "gêne". "Je ne me réjouis pas de ces déclarations, même s'il a parfois raison. Zapatero est notre chef d'Etat, c'est comme ça, s'il est attaqué, nous devons le défendre" a-t-il déclaré. Le Diario de Noticias titre que "Sarkozy ridiculise les autres leaders". Et ABC (de droite) insiste sur "le complexe de supériorité" du dirigeant français.

Barroso, «  totalement absent du G20 », Merkel obligée de suivre Sarko

Mais l'Espagnol n'était pas seul à la fête. Barroso, « totalement absent du G20 », Angela Merkel (« qui n'a pas eu d'autre choix que de se rallier à ma position», s'auto congratule le Président) et, évidemment, Obama, certes loué pour son "esprit subtil" mais critiqué pour « son manque d'expérience » ! Pour le Times de Londres (conservateur), "M. Sarkozy est irrité par l'adulation dont jouit un dirigeant américain sans expérience, dont la popularité a éclipsé (sa) réputation de sauveur du monde". Alors que la presse allemande abordait l'épisode de manière factuelle, celle d'Italie s'amusait de la "gaffe de Sarkozy" (La Republicca).

Le New York Times ironise sur Sarkozy

De son côté le New York Times titrait : "Un repas avec Sarkozy : brochettes de dirigeants au menu", avec ce commentaire ironique : "Le président Nicolas Sarkozy est connu pour son amour de l'action (...) mais il aime également se vanter et se moquer de ses collègues dirigeants du monde", observant que le démenti de l'Elysée ne semblait pas concerner les propos qui auraient été tenus sur M. Obama.

«Du Nicolas Sarkozy à 200 %, c'est-à-dire étrangement proche de sa propre caricature »

D'autres sources, jamais démenties, et publiées dans le JDD, généralement bien informé sur Sarkozy indiquent que « quand on lui parle de Barack Obama, de son impact auprès des jeunes Européens, de sa capacité à toucher directement les opinions publiques, Sarkozy ironise: ce beau moment de communication comptera moins que la réalité des faits. Par exemple, ce que fera l'Amérique concrètement, en matière de lutte contre le réchauffement climatique: "Tes objectifs sont inférieurs à ceux de l'Europe, et tu n'as même pas prévu de sanction financières contre les émission de gaz à effet de serre", aurait dit Sarkozy à Obama. Selon un convive, c'était «du Nicolas Sarkozy à 200 %, c'est-à-dire étrangement proche de sa propre caricature ».A tel point qu'on peut se demander si la caricature ne se confond pas avec la vérité du personnage.

20:08 Publié dans étranger | Lien permanent | Commentaires (78) | Envoyer cette note

Commentaires


Je n'ai pas honte puisque c'est faux

Ecrit par : Marie | 17.04.2009

Je n'ai pas honte puisque c'est faux - je reprends la formule.
Pourquoi ne dites vous pas que les participants ont démenti ces propos. Dont Monsieur Migaud, socialiste, président de la commission des finances.
Avec votre haine de Monsieur Sarkozy, vous ne faites pas honneur à la presse Monsieur Bouguereau. Ne soyez pas étonnés que bon nombre de Français n'ont plus confiance dans la presse.

Ecrit par : Caroline | 17.04.2009
ce qu'il dit d'Obama d'après le NOBS est vrai
ce qu'il dit de Merkel est vrai
ce qu'il dit de Barroso est vrai
tout le monde l'a dit bien avant lui,en France,en Allemagne,aux Usa.
Ce qu'il dit de Zapatero maintenant ?
Sa réponse à Emmanuelli est une antiphrase.En fait,il dit,Zapatero et moi que vous prenez pour des couillons gagnons les élections alors que les INTELLIGENTS genre Jospin les perdent.
ll n'a donc pas dit que Zapatero n'était pas intelligent.
Notre Président a tort de trop parler par antiphrases qu'il veut humoristiques,les adversaires malhonnêtes genre LIBE et socialistes en profitent.Parlez sans humour,Monsieur le Président sinon des Français ne peuvent pas suivre faute de bases en français.
..
Donc Marie a raison.
..
Comme elle je n'ai pas honte.Votre bêtise haineuse,Monsieur Bouguereau me montre qu'il va falloir que je me bouge oralement autour de moi pour les prochaines élections en faveur de l'UMP bien que venant du vote Jospin en 2002 et jusque là réticent à parler pour le parti de droite ,quand même.Car cette haine ,votre haine,cette obsession quotidienne,je finis par la trouver dangereuse pour mon pays.S'appuyer comme vous le faites aujourd'hui sur la presse étrangère pour dénigrer notre Président est une mauvaise chose pour la France.Il devient temps de vous rabattre le caquet dans les urnes.Je vais donc parler patriotisme à ma famille.
Sarkozy est notre chef d'Etat, c'est comme ça, s'il est attaqué, nous devons le défendre" ai-je déclaré.
Ugh,j'ai dit !

Ecrit par : bernard | 17.04.2009

bravo bouguereau !! on va bientôt accuser les journalites d'avoir inventer les propos deshonorants de notre grand chef d'état !! quoique !! petit par la taille , mais quelle classe !! quelle intélligence ! par rapport à tous les autres , grands par la taille , et très peu intélligents,dernière nouvelle , à cap canavéral , obama a préparé un vaisseau spatial ,pour envoyer son grand ami sarko sur mars !! rire objectif ,,,, suprviser tous les chefs d"état ! pas beau ca !!

Ecrit par : artine | 17.04.2009

Article 68 : Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour.
La proposition de réunion de la Haute Cour adoptée par une des assemblées du Parlement est aussitôt transmise à l'autre qui se prononce dans les quinze jours.
La Haute Cour est présidée par le président de l'Assemblée nationale. Elle statue dans un délai d'un mois, à bulletins secrets, sur la destitution. Sa décision est d'effet immédiat.

Ecrit par : dortmunder | 17.04.2009

Marie , Caroline et Bernard , les encartés de l'UMP en vadrouille sont de service ce soir pour soutenir leur président qui raconte des blagues de potache au détriment de ses homologues et la presse étrangère en parle ce dont nous fait part Mr Bouguereau , il me semble que ce n'est pas lui qui a sorti ces infos de son chapeau puisqu'il ne fait que retranscrire les faits en bon journaliste qu'il est , mais je peux comprendre que ça fasse mal à ceux qui ont porte cet homme jusqu'au pouvoir , pour ma part , je ne suis pas surprise , mon cousin m'avait prévenu avant les élections : si il est élu on n'a pas fini d'avoir honte

Ecrit par : kulturam | 17.04.2009

d'accord avec Caroline ^^
ce qu'il dit et vrai et sur Zapatero c'est de lironie contre les socialistes français . y'en a qui ont du mal à déchiffrerle français apparemment . et pas quà l'étranger.

Ecrit par : tony | 17.04.2009

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 08:58

(dépêche)



Réforme controversée pour la naturalisation des étrangers

20 avr 2009 - il y a 4 heures 57 min

Eric Besson a présenté la nouvelle procédure de naturalisation par décret des étrangers, une réforme contestée par les syndicats de la Sous-direction nationale de l'accès à la nationalité française (SDANF), à laquelle l'instruction des dossiers est actuellement dévolue.

Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale a expliqué à Nantes, en marge d'une cérémonie de remise des décrets de naturalisation à trente nouveaux Français, que l'instruction serait dorénavant confiée aux préfectures, tandis que "l'harmonisation" au niveau national reviendra à la SDANF.

Actuellement, les candidats à l'octroi de la nationalité française par décret déposent leur dossier en préfecture, qui émet alors un "avis" à l'attention de l'administration centrale, basée à Rezé (Loire-Atlantique). Celle-ci instruit ensuite le dossier et donne la décision.

"La procédure actuelle créé des doublons entre les préfectures et l'administration centrale", estime le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. "Il y a encombrement de demandes dans certaines préfectures. Cela pénalise les étrangers candidats à l'octroi de la nationalité française, et induit un délai de réponse trop lourd (20 mois en moyenne)."

"C'est un faux prétexte, qui cache des motivations idéologiques et politiques", est convaincu Laurent Poiraud, délégué syndical CFDT de la SDANF, qui a perturbé lundi matin le discours du ministre dans les locaux de l'administration centrale avec son homologue de la CGT.

Cette réforme va poser, selon le syndicaliste, des "problèmes d'équité" entre les candidats.

"Il y a 101 préfectures, avec 101 points de vue qui risquent d'être différents", redoute-t-il. "Cela risque de se faire à la tête du client."

L'administration centrale, qui emploie 160 agents administratifs à Rezé, craint également d'être "démantelée" à terme. Une vingtaine de postes vont être supprimés d'ici 2012 "en raison de la disparition de doublons", a dit Eric Besson.

"Dans quelques mois, les syndicats seront rationnels, ils verront qu'il n'y a pas d'intention maligne ou cachée dans cette réforme", a-t-il ajouté.

La France a naturalisé plus de 117.000 étrangers en 2008, selon le ministère de l'Immigration. Près de 87.000 naturalisations se font faites par décret, et 29.000 par déclaration (mariage, mineurs, etc.).

Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse



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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 14:56

(verbatim)



Priority 1: World Growth

The Practical Steps the G-20 Summit Must Take

By Nicolas Sarkozy
Wednesday, April 1, 2009; A21

PARIS -- Tomorrow, for the second time in only five months, the leaders of the world's top 20 economies will meet to seek a joint response to the unprecedented global economic crisis.

Since this crisis began, I have argued that when we are faced by a challenge of this magnitude, cooperation is a necessity, not an option. In September, I called upon the world to rally together with a response based on coordination and cooperation. Brought forward in concert by the European nations, that initiative led to November's Group of 20 meeting in Washington, where we laid the foundations for far-reaching reform of the international financial system. Tomorrow's summit must enable us to put into practice the principles we established.

The world expects that we will speed up the reform of the international financial system and rebuild, together, a better-regulated form of capitalism with a greater sense of morality and solidarity. This is a precondition for mobilizing the global economy and achieving sustainable growth. This crisis is not a crisis of capitalism but the breakdown of a system that drifted away from capitalism's most fundamental values.

In November, we agreed on four principles that would guide our response: enhanced coordination and cooperation; the rejection of protectionist measures; the strengthening of regulatory systems in financial markets; and a new global governance.

On the first two points, we have made a good deal of progress. We have managed to hold off the specter of protectionism, and many nations have injected massive support for their economies, undertaking ambitious stimulus programs. Countries that offer their citizens a high level of social protection, such as France, have also significantly increased their levels of crisis-related welfare spending. Overall, the world's leading economies have made comparably gigantic efforts to combat the crisis.

These measures are beginning to take effect and produce tangible benefits, but we must be ready to do even more if circumstances require it. I plan to defend this principle in London: We must do everything necessary for world growth.

This week we must attach the same sense of urgency to the regulation of financial markets. World growth will be all the stronger for being sustained by a stable, efficient financial system and by the kind of renewed confidence in the markets that would enable resources to be better allocated, encourage lending to pick up again and foster the return of private investment capital to developing countries.

We agreed in November that not one financial player, institution or product could be beyond the control of a regulatory authority. This rule must be applied to credit rating agencies, speculative investment funds and tax havens. On the latter point, I want us to go far indeed, adopting a resolution that identifies tax havens and that details the changes we expect from them and the consequences should they fail to respond. The debate on tax havens initiated by the Washington summit has begun to bear fruit, particularly in Europe.

We must reform the required disclosure standards and levels of prudential oversight for financial firms. Sadly, in many countries, this issue has not been getting the attention it deserves.

As we make progress toward reforming global economic governance, we must offer much more space to emerging nations, in keeping with their real weight and the responsibilities they should take on. This holds true for all international bodies, especially international financial institutions. While I am particularly pleased by the expanded membership of the Financial Stability Forum, we must go even further.

Over the coming months, we must pursue a process of renewal throughout the entire multilateral system. In the short term, we must help those who have been hit hardest by the crisis. A good start would be raising the level of funding we make available to the International Monetary Fund. At the European Union level, I have taken up the question of our contribution to the IMF and have found the member states ready and willing. I have also taken up at the E.U. level the question of our contribution to the risks to which certain countries in Central and Eastern Europe are exposed; again, the E.U. member states have been ready and willing.

It is necessary to offer support to the poorer nations falling victim to this crisis. If we do not show solidarity, some risk seeing their considerable efforts toward achieving the millennium development goals nullified. While in Africa last month, I stated my belief that the destinies of Europe and Africa are inextricably linked. We must be ready and willing to stand by Africa and all developing nations that are in difficulty, on every continent.

I remain convinced that the world can emerge from these troubled times stronger, more united and with a greater sense of solidarity, provided we have the will to do so. We cannot achieve radical change overnight, and much remains to be done. We may need future meetings to implement the reforms undertaken in London. I am certain of two additional things: We must achieve practical results beginning with tomorrow's summit. And failure is not an option.

The writer is president of France.


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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 17:12

(dépêches)



http://www.lefigaro.fr/politique/2009/03/21/01002-20090321ARTFIG00209-l-elysee-n-exclut-pas-un-retour-des-poids-lourds-.php
L'Élysée n'exclut pas un retour des «poids lourds» 

Bruno Jeudy
20/03/2009 | Mise à jour : 20:15 | Commentaires  157 | Ajouter à ma sélection

Philippe Séguin (à gauche) et Alain Juppé (à droite) ont tous deux été reçus en tête à tête par Nicolas Sarkozy. Crédits photo : Le Figaro
Le chef de l'État n'écarte pas l'idée de muscler son équipe en faisant appel, après les européennes, à Philippe Séguin ou Alain Juppé.
 
NICOLAS SARKOZY a-t-il vraiment envie d'appeler en renfort dans son gouvernement Alain Juppé, Philippe Séguin ou encore Jean-Pierre Raffarin ? Veut-il, comme on le répète ces temps-ci, rebâtir une équipe autour de trois ou quatre poids lourds de sa majorité pour relancer un gouvernement au bout du rouleau ? À dix semaines des élections européennes, le président laisse la rumeur enfler et se garde, bien sûr, d'évoquer publiquement ce remaniement. Lequel ne devrait pas intervenir avant les élections européennes du 7 juin.

Nicolas Sarkozy, qui s'efforce à chaque Conseil des ministres de remotiver sa petite troupe, sait pourtant qu'il va devoir « muscler » son équipe. À l'Élysée, on n'a pas attendu la une du Point de cette semaine, qui compare plusieurs ministres (Rachida Dati, Yves Jégo, Christine Boutin…) à des « zombies », pour reconnaître que certains ministres sont « fatigués ». « Le gouvernement manque de ministres qui ont du charisme et un vrai poids politique », estime un des conseillers les plus écoutés du chef de l'État.


« Nicolas n'est vraiment pas aidé ! »

Du coup, Nicolas Sarkozy consulte et reçoit à déjeuner à la recherche de ses fameux poids lourds. Ne vient-il pas de voir en tête à tête Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, avec qui il entretient de longue date une relation amicale ? Il a aussi déjeuné avec Alain Juppé juste avant la sortie de son livre Je ne mangerai plus de cerises en hiver (Plon). Livre qui permet à l'ancien premier ministre de multiplier les apparitions dans les médias pour faire des offres de service… à Sarkozy. Car le maire de Bordeaux, éphémère ministre de l'Écologie dans le premier gouvernement Fillon, a clairement envie de revenir.

Le président voit aussi régulièrement Jean-Pierre Raffarin, qui semble avoir moins envie de revenir au gouvernement. L'ex-premier ministre de Jacques Chirac affiche son scepticisme à l'idée que des poids lourds puissent garder leur influence dans un gouvernement… de Nicolas Sarkozy.

Séguin, jure un de ses amis, ne serait pas fermé à un come-back gouvernemental. On l'a même entendu dire : « Nicolas n'est vraiment pas aidé ! » Même l'hypothèse de travailler sous les ordres de François Fillon (qui fut longtemps son premier lieutenant) ne semble pas poser de problème à l'ex-président de l'Assemblée nationale. De là à l'imaginer à la tête d'un ministère de la Réforme des collectivités territoriales et de l'Aménagement du territoire, il reste encore un grand pas à franchir. « Séguin est trop difficile à gérer », confie un des rares poids lourds de l'actuel gouvernement, qui craint sans doute la concurrence. Le même homme juge l'hypothèse Juppé encore plus incongrue : « Ça m'étonnerait, vu l'état de leurs relations. »

Bâtir un gouvernement autour de quelques poids lourds ou bien persister dans le rafistolage jusqu'à la sortie de crise ? Sarkozy hésite encore entre ces deux options. En attendant, il se prépare à remplacer - sans doute début mai - Michel Barnier, qui quittera le ministère de l'Agriculture pour le Parlement européen. « Cinq ou six personnalités », dont plusieurs ministres en place, auraient fait acte de candidature directement auprès de Claude Guéant.




http://www.marianne2.fr/Tchao-Darcos-et-bien-le-bonjour-au-ministre-mystere_a177459.html?preaction=nl&id=5910542&idnl=25636&
Tchao Darcos et bien le bonjour au ministre mystère
Ce matin, sur Europe 1 comme dans La Tribune, le départ de Xavier Darcos de la rue Grenelle a été clairement évoqué. Pour aller où? Pour être remplacé par qui? Les paris sont ouverts.



 
(photo : MEDEF - Flickr - cc)

Xavier Darcos est sur le point de quitter le ministère de l’Education. Il ne fallait pas être d’une grande perspicacité pour sentir venir l’heure de son départ de la rue de Grenelle. Sa façon de se tenir à bonne distance de la réforme du lycée et de celle de l’université pour laisser monter seuls au front Valérie Pécresse et Richard Descoings était déjà un signe. Et ce matin, au micro d’Europe 1, c’est donc le très médiatique patron de Sciences po qui a officialisé les choses, à sa manière. Quand en toute fin d’émission Jean-Pierre Elkabbach lui a demandé qui portera la réforme du lycée puisque, en septembre, Xavier Darcos pourrait bien être « ministre d’autre chose », Descoings n’a même pas tiqué : « Il faut un grand politique qui a un poids électoral très fort parce que tout va se décider sur les arbitrages budgétaires comme souvent. » Non content de confirmer le départ imminent de Darcos, le patron de la petite entreprise Sciences po en a profité pour faire taire les rumeurs sur ses propres velléités…





Cependant, dans l'interview qu'il a accordée à La tribune, publiée ce matin, ledit Darcos se montre beaucoup moins direct. Le message n’en est pourtant pas moins clair : « Si le Président de la République veut que je poursuive ma tâche au ministère de l’Education nationale, je le ferai avec enthousiasme. Dans le cas contraire, je laisserai à mon successeur une réforme déjà très avancée. » Quitter la rue de Grenelle mais pour aller où ? Xavier Darcos se verrait bien poser ses valises place Vendôme et succéder ainsi à Rachida Dati appelée à quitter son poste pour cause d’élections européennes. D’après L’Express, l'Elysée serait plutôt pour.

Reste une autre question : qui le remplacerait ? Pressenti pendant un moment, Richard Descoings a, on l'a vu, décliné l’offre ce matin. C’est peut-être donc du côté des « poids lourds » de la droite, dont Le Figaro croit voir venir le retour au gouvernement, qu’il faut regarder. Jean-Pierre Raffarin, en fin spécialiste du rugby, ne se verrait pas replonger dans la mêlée. Philippe Séguin, lui, ne serait pas contre l’idée de redevenir ministre. Il a d’ailleurs rencontré Nicolas Sarkozy récemment. Mais à l’Education nationale, ça paraît improbable. Quant à Alain Juppé, son retour aux affaires est quasiment acquis, mais il devrait se faire à la Défense… Morano ? Allègre ? Sarkozy osera-t-il ?


Va, lis et reviens :
50% des Français jugent nécessaire un remaniement gouvernemental (AFP).
Le procès de Sarkozy, Pécresse et Darcos (TéléSorbonne).




Lundi 23 Mars 2009 - 14:57
Gérald Andrieu
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http://www.lexpress.fr/actualite/indiscret/darcos-a-la-place-de-dati_746070.html
Darcos à la place de Dati?
Par Ludovic Vigogne, publié le 11/03/2009 13:15 - mis à jour le 11/03/2009 13:25

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Conseiller à l'Elysée pour les questions de justice, Patrick Ouart est allé, dans la plus grande discrétion, rendre visite à Xavier Darcos à la fin de novembre 2008. Très écouté par le chef de l'Etat, cet ancien magistrat souhaitait confier au ministre de l'Education nationale qu'il était son candidat pour remplacer, au poste de garde des Sceaux, Rachida Dati, avec qui il a des relations houleuses. Depuis cette visite, le départ de l'actuelle locataire de la Place Vendôme est devenu une certitude: elle quittera ses fonctions à l'occasion des élections européennes du 7 juin. Xavier Darcos ne fait pas mystère, depuis longtemps, de son désir d'abandonner ses fonctions Rue de Grenelle, à l'occasion d'un prochain remaniement...

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/l-oeil-de-l-elysee-place-vendome_699817.html
http://www.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=699817
L'oeil de l'Elysée Place Vendôme
Par Gilles Gaetner, publié le 12/11/2008 13:05 - mis à jour le 12/11/2008 15:10

Depuis plusieurs mois, la présidence pèse de tout son poids dans les affaires de justice. La garde des Sceaux est souvent mise à l'écart. Autant d'avertissements ?
"Elle a perdu la main. L'Elysée l'a mise sous tutelle ; elle a commis trop de gaffes." Ce constat d'un haut magistrat résume assez bien la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Rachida Dati.

Jeudi 13 novembre à 11h30: chat avec Christophe Régnard, nouveau président de l'Union syndicale des magistrats. Posez-lui dès maintenant vos questions!"Tu as l'obligation de réussir", lui lançait Nicolas Sarkozy, le 13 juillet 2007, lors de la célébration de la fête nationale, au ministère de la Justice. Seize mois plus tard, l'heure des comptes est venue pour Rachida Dati. Plus tôt que prévu. Elle a déçu. Semble à bout de souffle. Aussi Nicolas Sarkozy supplée-t-il quasi officiellement la garde des Sceaux, tandis que son conseiller pour la justice, Patrick Ouart, avec lequel il partage une authentique complicité, est devenu, au fil des mois, une sorte de vice-ministre de la Justice... Ce qui n'arrange guère ses relations avec Rachida Dati.

Les dossiers sensibles, comme Clearstream ou les frégates de Taïwan? C'est le placide Ouart qui les supervise. Les nominations importantes ? C'est encore lui qui a le dernier mot. Ainsi, pour la succession de Marc Moinard au secrétariat général du ministère, il impose le nom de Gilbert Azibert, directeur de l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), alors que la ministre avait un favori.

Pour le poste prestigieux de procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence, la deuxième de France, c'est Patrick Ouart encore qui choisit François Falletti, directeur des affaires criminelles et des grâces quand Ouart était conseiller pour la justice d'Edouard Balladur, de 1993 à 1995.

A l'automne, la succession de gaffes et de faux pas s'accélère. Ainsi, le 6 octobre, à la suite du suicide d'un adolescent de 16 ans à la prison de Metz-Queuleu, la ministre de la Justice envoie immédiatement l'inspecteur général des services judiciaires, André Ride, pour savoir si les trois magistrats qui ont eu à connaître de l'incarcération du mineur n'ont pas commis d'erreur. Ces derniers sont interrogés, d'une manière qui n'est pas des plus urbaines, jusqu'à 1 h 30 du matin. La visite de Ride et sa façon de faire sont très mal vécues par les intéressés, qui ont le sentiment d'avoir servi de boucs émissaires. Etait-il bien nécessaire de diligenter une enquête avec une telle précipitation ? Etait-il habile de mener nuitamment des interrogatoires ? Soucieux d'en avoir le coeur net, les syndicats de magistrats ont saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour qu'il enquête sur... l'enquête.

Nouvel accès de fièvre, le 11 octobre. Pour cause d'agenda chargé, Rachida Dati décide de "sécher" le congrès de l'Union syndicale des magistrats (USM) à Clermont-Ferrand, alors que tous les gardes des Sceaux ont coutume d'y assister. Elle préfère déléguer le secrétaire général du ministère, Gilbert Azibert, afin qu'il lise son discours. L'initiative, maladroite, ne plaît guère aux congressistes...


J.-C. VERHAEGEN/AFP

Le 20 octobre, à Metz, les magistrats manifestent leur opposition à Rachida Dati.
Le 20 octobre, la ministre se rend à la cour d'appel de Metz pour rencontrer les magistrats et dialoguer avec eux sur les "problèmes posés après les récents suicides de détenus mineurs". Rachida Dati, dans un geste de bonne volonté, tente donc de jouer la carte de l'apaisement. Las ! pour toute réponse, elle n'a droit qu'à un mot: boycott.

A l'Elysée, on s'inquiète de l'agitation persistante des juges et de l'incapacité de la garde des Sceaux à l'éradiquer. Aussi le chef de l'Etat décide-t-il d'intervenir, quitte à désavouer sa ministre. La première occasion lui est fournie par une bavure qui a eu lieu le 17 octobre. Ce jour-là, Jorge Montes, 48 ans, mis en examen pour viol et séquestration, est libéré par erreur par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.

Pendant plusieurs jours, silence radio sur cette histoire. Jusqu'à ce que, le 21 octobre, les avocats des parties civiles s'agitent, promettant de porter plainte contre l'Etat pour "dysfonctionnement grave de la justice". Nicolas Sarkozy, en voyage à Pékin, apprend cette bourde énorme. Furieux, il appelle illico le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et non pas Rachida Dati - à charge pour lui de demander à Patrick Ouart de trouver une solution à cette histoire qui scandalise l'opinion publique. Quarante-huit heures après le coup de gueule du président, tout est réglé. Le 31 octobre, la cour d'appel rectifie l'"erreur matérielle" ayant permis la libération de Montes, et ordonne sa réincarcération.

Le 27 octobre, le président se substitue une nouvelle fois à la garde des Sceaux en recevant une délégation de l'USM. A ses côtés, Patrick Ouart. Rachida Dati ne rejoindra la réunion qu'au bout d'une demi-heure.

Le nouveau président de l'USM, Christophe Régnard, se déclare satisfait de cette rencontre. Ainsi, le chef de l'Etat, qui il y a peu encore comparait les juges à des petits pois et ne se privait pas de dénoncer leur conservatisme, vient de réaliser un joli coup. D'abord, parce que c'est la première fois, semble-t-il, qu'un président reçoit l'USM. Ensuite, et surtout, parce qu'il vient de détendre une atmosphère de plus en plus pesante avec la plus importante organisation professionnelle. Une leçon pour le soldat Dati, qui s'échine à imiter son mentor, mais qui, depuis la contestation de sa refonte de la carte judiciaire, éprouve toutes les peines du monde à retrouver des relations pacifiées avec les juges. Témoin son refus de communiquer le texte du projet de loi sur les criminels dangereux au Syndicat de la magistrature (plutôt de gauche) et à l'USM. Résultat : les deux organisations forment un front commun contre la ministre...

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20090323trib000358151/nous-allons-experimenter-un-bilan-personnel-dorientation-pour-chaque-elevee-de-3eme.html
Xavier Darcos, ministre de l'Education Nationale
«Nous allons expérimenter un bilan personnel d'orientation pour chaque élévèe de 3ème»
La Tribune.fr - 23/03/2009 à 06:41 - 1487 mots

Boite à outils de l'article :

       Boite à outils de l'article :

 
Soucieux d'éviter les sujets polémiques, Xavier Darcos s'attaque à l'amélioration des conditions dans lesquelles s'exerce l'orientation des élèves avant leur entrée au lycée.
Les raisons de la crise que nous vivons sont-elles comprises par les jeunes Français ?

Ils sont inquiets pour leur avenir. En analysent-ils totalement les causes réelles, je n’en suis pas certain. Ils considèrent surtout qu’il s’agit d’une défaillance du capitalisme international.

L’enseignement de l’économie ne devrait-il pas être une priorité ? Le rapport Guesnerie qui vous a été remis en juillet montrait qu’il était catastrophique en France. Qu’en avez-vous fait ?

Le rapport Guesnerie constitue désormais un travail sur lequel toute évolution des programmes de sciences économiques et sociales devra s’appuyer. Il rappelle qu’il faut apporter aux élèves une vision macro-économique, qui donne les bases dont tout citoyen a besoin: qu’est ce que l’échange? le marché, l’équilibre de la base des paiements? etc.. Mais que l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée doit aussi accorder une place plus grande à la micro-économie: qu’est-ce qu’un bilan? des bénéfices? Comment fonctionne une entreprise?

Vous avez lancé la réforme du lycée. Le jugez-vous trop élitiste ?

Rappelons d’abord un fait: la quasi-totalité des lycéens de l’enseignement général et technologique poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur après le baccalauréat. Ce n’était pas le cas il y a trente ans. Par conséquent, toute l'évolution du lycée reposera désormais sur cette question: quelles compétences attend-on d'un élève qui va entrer à l'université et comment l'acquisition de ses compétences peut s'inscrire dans un système aujourd'hui organisé en juxtaposition de disciplines. C'est évidemment une question complexe et parfois dérangeante lorsqu’il faut la traduire en maquettes d’enseignement pour les filières du lycée. Mais c’est le travail que j’ai demandé à Richard Descoings de conduire lorsqu'il aura fini sa tournée des établissements.

Accepteriez-vous de changer de ministère sans être allé au bout de la réforme ?

Voilà une curieuse question! Il n’appartient pas certainement pas aux ministres de juger de l’opportunité et de la forme d’un remaniement ministériel. Si le Président de la République veut que je poursuive ma tâche au ministère de l’Education nationale, je le ferai avec enthousiasme. Dans le cas contraire, je laisserai à mon successeur une réforme déjà très avancée. Quand on est ministre, on est au service d’un projet global, pas de sa propre ambition ou de son propre bilan.

Etes-vous pour plus d'autonomie des établissements ?

Oui. Tout en conservant Ie caractère national de l'éducation, les lycées et leurs équipes pédagogiques doivent avoir de plus grandes marges de manœuvre pour mettre en œuvre les stratégies les plus adaptées à leurs élèves. La rénovation de la voie professionnelle, engagée à la rentrée 2008 et généralisée à la prochaine rentrée a ainsi été l'occasion de leur donner des moyens pour innover. Les lycées professionnels ont été, comme souvent, à Ia pointe de la modernité pédagogique. Peut-être parce qu'ils sont plus proches du monde professionnel.

 

Le manque de relation entre lycée, enseignement supérieur et monde professionnel est souvent pointé du doigt. Vous avez entamé un chantier sur l'orientation en début d'année. Ou en êtes-vous ?

Une bonne orientation c’est d'abord une bonne information pour tous. Tout Ie monde sait que, dans Ie système éducatif français, il existe une sorte de «délit d'initié» en matière d’orientation: ceux qui sont bien informés (enseignants, milieux professionnels aisés...) connaissent les filières, les établissements, les options rares qu'il faut choisir pour réussir... J’estime que l'information ainsi masquée est une atteinte au principe même de I' école de la République.. Je veux que nous améliorons notre disponibilité pour apporter aux élèves mais également aux parents, la meilleure information possible en matière d’orientation, car prendre un rendez vous, un milieu d’après-midi en semaine, n’est pas évident pour tous. C’est la raison pour laquelle nous allons créer un véritable service aux familles grâce à nouvelle plate-forme téléphonique, le 0810 012 025, ouverte du lundi au vendredi de 9 heures a 20 heures. Les intervenants de cette plateforme seront ceux que l’on peut rencontrer dans les CIO (conseillers d’orientation, personnels de I'Onisep,...). Dès aujourd’hui, ce nouveau service est ouvert pour toute la région Picardie. Il sera généralisé en septembre. Parallèlement nous allons expérimenter un bilan personnel d'orientation pour chaque élève de troisième, appelé «Portrait d'avenir». II s'agit de construire avec l’élève son avenir grâce aux intervenants de I'Education nationale et du secteur de l’emploi... Il est en effet intéressant, pour certains, d'avancer dans la scolarité Ie moment où on fait Ie lien entre un choix d'orientation et un profil de métier. Ce dispositif, qui s'ajoutera au stage de découverte professionnelle, est expérimenté dans l'académie de Limoges.

Cela nécessitera des moyens supplémentaires ?

Les services nouveaux que nous offrons depuis deux ans, nous les finançons grâce à une bonne gestion et une bonne maîtrise de l’emploi public dans ce ministère. Je me refuse donc à tomber dans le débat byzantin, mais néanmoins traditionnel dans ce ministère, de savoir s’il faut ou pas empiler en permanence des moyens supplémentaires pour avancer….

Mais en même temps vous supprimez plus de 10.000 postes par an…

Il est souhaitable que le déficit structurel de l’Etat s’allège, précisément pour qu’il ait la capacité de programmer des investissements au moment où il faut soutenir l’économie. En matière d’emploi et de crédits publics, notre raisonnement n’est pas comptable. J’accorde d’abord la priorité au service rendu. Depuis deux ans nous offrons de nouveaux services: à l’école primaire avec l’aide individualisée; au collège avec l’accompagnement éducatif (chaque jour, un million d’élèves bénéficient après les cours de deux heures d’aides au devoir ou d’activités éducatives); au lycée avec les stages d’anglais oral pendant les vacances ou les remises à niveau l’été. Depuis deux ans, rappelons également que nous accueillons et accompagnons 10.000 élèves handicapés de plus chaque année,... En 2008, 11.200 emplois n’ont pas été renouvelés et, pour autant, l’encadrement a été aussi bon que l’année précédente en raison, d’une part, de la baisse démographique du nombre des élèves dans le secondaire mais également parce que l’utilisation des heures supplémentaires a connu un vrai développement. De même, en 2009, une meilleure utilisation des moyens très importants que nous confie le contribuable permet de ne pas renouveler 13.500 départs à la retraite, sans pour autant diminuer le nombre professeurs qui sont en présence devant une classe. Je rappelle, par exemple, que ce ministère emploie l’équivalent de 50.000 professeurs pour le remplacement et ne mobilise effectivement que 80% de ce potentiel. Ce qui veut dire que l’équivalent de 10.000 emplois ne sont pas utilisés de manière efficace.

Quels sont les nouveaux aménagements de la réforme de la formation des enseignants, dite « mastérisation », que vous proposez à l’issue de plusieurs jours de négociations avec les syndicats ?

Je crois que nous nous acheminons vers un accord sur les objectifs et les modalités de la mastérisation. Les objectifs d’abord : des professeurs plus qualifiés, qui seront désormais recrutés à bac +5 comme dans la plupart des pays européens, qui auront une première expérience du métier avant de passer les concours – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et qui seront mieux accompagnés dans leurs débuts de carrière. Naturellement, cela s’accompagnera d’une revalorisation des débuts de carrière tenant compte des nouvelles exigences des concours. Les modalités, ensuite. Il était essentiel que nous ayons une période de transition pour passer progressivement du recrutement à bac+3 au recrutement à bac+5 sans porter préjudice aux étudiants qui s’apprêtent à passer les concours ou qui ne l’auront pas réussi en 2009. A terme, d’ailleurs, ces derniers seront les grands gagnants de cette réforme puisque les 100 000 d’entre eux qui échouent au concours pourront désormais valoriser leur deux années de formation par un master. J’ai indiqué que la forme des concours resterait la même pour l’année prochaine et que leur forme définitive ne serait adoptée que pour la session 2011. Il reste bien sûr des chantiers à conduire et notamment sur la bonne articulation de la formation universitaire en master avec les concours. Mais les éléments clés de progrès pour améliorer la formation et l’entrée dans le métier des jeunes enseignants seront en place dès l’année prochaine : une meilleure entrée dans le métier, la place prééminente de l’université dans la formation, la possibilité de se mettre en situation au travers de stages avant de passer le concours

 

Cela va-t-il suffire à calmer la crise ?

Je crois que l’ensemble des acteurs du monde scolaire et universitaire que nous avons beaucoup rencontrés, ces derniers temps, en lien avec Valérie Pécresse sont convaincus de l’intérêt de la masterisation pour les enseignants et pour leurs élèves.

Quel est l’avenir des instituts universitaires de formation des maîtres ?

Ils sont intégrés dans les universités depuis la loi de 2005. Il faut donc aller jusqu’au bout de la logique et donner une réalité à cette loi en faisant des universités des acteurs pleins et entiers de la formation initiale - y compris la préparation aux concours - mais aussi de la formation continue. Nous invitons également les enseignants à diversifier leurs parcours professionnels. Nous lançons, dans 3 semaines un «Erasmus» des professeurs, baptisé programme « Jules Verne », pour les inciter à aller exercer dans des établissements à l’étranger

 


 

Propos recueillis par Clarisse Jay et Pierre Kupferman

http://www.europe1.fr/Radio/ecoute-podcasts/info/L-interview-de-Jean-Pierre-Elkabbach/L-interview-de-Jean-Pierre-Elkabbach-23-03
http://europe1.proxycast.org/m/media/europe1pod_v.mp3?S=Interview-JPE&R=2009-03-23_08:39:00&media_url=http%3A%2F%2Fviphttp.yacast.net%2Flgdf%2Feurope1podcast%2Fmedia%2Fson%2Fvideo%2F0000211%2F211784_BD.mp3

http://www.marianne2.fr/Allegre-va-t-il-enfin-entrer-au-gouvernement_a94235.html
Allègre va-t-il (enfin) entrer au gouvernement ?
Une caméra du « Petit journal » de Yann Barthes a surpris une savoureuse conversation entre Bernard Kouchner et Claude Allègre laissant entendre que l'ancien ministre de l'Education pourrait rejoindre Nicolas Sarkozy dans son prochain gouvernement.






Bernard Kouchner est très actif en ce moment. Après avoir taclé sévèrement sa secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme dans les colonnes du Parisien style="font-style: normal;">, voilà qu’il est surpris par une caméra du « Petit journal » de Yann Barthes (Canal+) en train de murmurer des mots doux à Claude Allègre. La scène se passe lors des Assises européennes de l'innovation, mardi dernier, à la Cité des sciences de la Villette. « Mais tu es de gauche toi alors, il paraît, dis donc. », plaisante le chef du Quay d'Orsay avant de demander à Allègre : « Est-ce qu’il va te filer quelque chose ou pas ? » Et de poursuivre sur sa lancée : « Toi tu ne demandes rien d’autant plus qu’il va te le donner… »





A vrai dire, Bernard Kouchner a peu de chances de se tromper : Claude Allègre est en bonne voie pour faire partie des nouveaux ministres d’ouverture du prochain gouvernement. D'autant que lors de ces fameuses Assises, Nicolas Sarkozy aussi y est allé de son couplet. Mais au vu et au su de tout le monde, à la tribune : « J'ai demandé à Claude Allègre, un homme pour qui j'ai de l'admiration, un homme en qui j'ai confiance, de travailler, dans le cadre de la présidence française, au renouvellement de la politique européenne de l'innovation. »  







Ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy fait des avances à l'ex-ministre socialiste. Ce n'est pas non plus la première fois que d'indiscrètes caméras surprennent un rapprochement entre les deux hommes. France 2 avait cueilli Claude Allègre quittant le QG du candidat de l'UMP par une porte dérobée. C'était entre les deux tours de l'élection présidentielle...






Vendredi 12 Décembre 2008 - 11:23
Gérald Andrieu
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Tags : allègre, kouchner, ouverture, remaniement, sarkozy, yade

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20080226.OBS2316/sarkozy__claude_allegre_est_un_homme_avec_qui_jaimerais.html?idfx=RSS_politique
"OUVERTURE"
Sarkozy : "Claude Allègre est un homme avec qui j'aimerais un jour travailler"
NOUVELOBS.COM | 22.06.2008 | 19:59
 61 réactions
L'ancien ministre socialiste "est un grand scientifique. Il veut changer les choses", déclare le président, qui confirme son intention de "faire venir d'autres personnalités" au gouvernement.


Claude Allègre (Sipa)
Nicolas Sarkozy aimerait "un jour travailler" avec l'ancien ministre socialiste Claude Allègre, dans le cadre de sa politique d'ouverture, indique-t-il mardi 26 février.
"L'ouverture, je vais la continuer", promet-il dans un entretien au Parisien/ Aujourd'hui en France, ajoutant qu'il ne regrette pas "d'avoir choisi pour le gouvernement, Kouchner, Fadela Amara, Besson, Bockel, Hirsch", malgré les grincements de dent que ces transfuges provoquent parfois au sein de la majorité présidentielle.

"Faire venir d'autres personnalités"

"Il y en a d'autres avec qui j'ai envie de travailler (...). J'ai des idées pour faire venir d'autres personnalités", déclare le président de la République.
Invité à citer des noms, le chef de l'Etat répond: "Claude Allègre est un homme avec qui j'aimerais un jour travailler. C'est un grand scientifique. Il veut changer les choses." (avec AP)

http://www.lesindiscrets.com/article-1164-indiscret-morano-je-ne-demande-pas-je-propose.html
12/03    INDISCRET-Morano: "Je ne demande pas, je propose."
 
La secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano a suggéré il y a quelques jours au président de la République de fusionner les ministères de l'Education Nationale et de la Famille et d'en prendre elle-même la tête lors du prochain remaniement ministériel.

Selon Le Figaro, lors d'un déjeuner avec elle, Brice Hortefeux a conseillé la ministre.

"Il ne faut pas demander, car c'est le meilleur moyen de ne pas obtenir ce que l'on veut." déclare-t-il.

"Je ne demande pas, je propose" a répondu Nadine Morano
   12 commentaires



http://www.lefigaro.fr/politique/2009/03/18/01002-20090318ARTFIG00079-sarkozy-rappelle-a-l-ordre-ses-lieutenants-.php
Sarkozy rappelle à l'ordre
ses lieutenants

Judith Waintraub
18/03/2009 | Mise à jour : 17:51 | Commentaires  240 | Ajouter à ma sélection

La colère de Nicolas Sarkozy s'est notamment abattue sur Pierre Méhaignerie, qui a proposé de mettre les plus hauts revenus à contribution pour lutter contre la crise. Crédits photo : Le Figaro
Jean-François Copé reconnaît avoir eu «une vraie engueulade» avec le chef de l'État.
 
Le ton est monté fort et longtemps, mardi matin, à l'Élysée, lors de la réunion des dirigeants de la majorité autour de Nicolas Sarkozy. Objet de la colère présidentielle : le temps de parole accordé aux adversaires UMP du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, lors du débat qui allait se dérouler l'après-midi à l'Assemblée. Le président a vertement reproché à Jean-François Copé, patron des députés UMP, d'avoir fait la part belle aux contestataires de la majorité, et notamment au chiraquien François Baroin. Il a souligné le ­risque que la droite affiche ses divisions face à une gauche dont tous les orateurs devaient s'exprimer contre le gouvernement.

Dopés par l'irritation de Nicolas Sarkozy, plusieurs participants ont renchéri en citant l'exemple du PS, qui s'est bien gardé de laisser Jack Lang dire dans l'Hémicycle tout le bien qu'il pense de la décision du chef de l'État. «C'est monté pendant près de vingt minutes», raconte un participant, en précisant que le président de l'Assemblée Bernard Accoyer avait été «le seul à défendre Copé».

Lequel Copé confirme avoir eu «une vraie engueulade» avec Sarkozy. «J'assume la liberté d'expression au sein du groupe, c'est l'apanage d'une majorité moderne», explique-t-il. Jean-François Copé estime «normal qu'un orateur UMP sur huit puisse disposer de cinq minutes pour exprimer une opinion qui correspond à une sensibilité réelle dans la majorité» et l'a dit à l'Élysée. Une fois de plus, il a fait valoir au président qu'il était «toujours à ses côtés dans les coups durs», en citant pêle-mêle les accrocs au sein de l'UMP sur l'ouverture des magasins le dimanche, l'audiovisuel, le téléchargement ou, récemment, la fiscalité.


«Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts !»

Du coup, Nicolas Sarkozy a clos la discussion en soupirant qu'il n'avait plus qu'à revendiquer son «ouverture» d'esprit, et sa colère s'est abattue sur Pierre Méhaignerie, coupable d'avoir proposé de se donner des moyens supplémentaires de lutter contre la crise en mettant les plus hauts revenus à contribution.

Les participants à la réunion de mardi ont eu droit à un rappel des engagements de campagne du candidat. «Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts !», leur a-t-il lancé. Une phrase qu'il a répétée et agrémentée de commentaires ironiques sur le manque de «colonne vertébrale» de ses «amis politiques», l'après-midi lors de sa visite dans le Doubs. Pierre Méhaignerie a tenté de détourner l'orage sur le président du Sénat Gérard Larcher, qui s'était montré favorable à la proposition dimanche. Larcher s'est aussitôt défendu en affirmant que ses déclarations visaient seulement à désamorcer la fronde au sein de la majorité sénatoriale. Il s'est même vanté d'avoir «tout réglé en 48 heures» au Sénat. «Visiblement exaspéré», selon un témoin, le chef de l'État a rappelé à ses lieutenants les victoires qu'il considère avoir remportées sur le front des grèves «qui ne paralysent plus le pays, à part les grands mouvements», sur celui des 35 heures qui «ne bloquent plus» la croissance, et sur la fiscalité galopante. Autant de sujets sur lesquels il a fermement invité ses «amis politiques» à tenir bon.

http://www.lefigaro.fr/politique/2009/02/13/01002-20090213ARTFIG00086-les-difficultes-des-ministres-inquietent-sarkozy-.php
Les difficultés des ministres inquiètent Sarkozy

Bruno Jeudy
18/02/2009 | Mise à jour : 11:35 | Commentaires  319 | Ajouter à ma sélection

Le président et le premier ministre doivent gérer les problèmes rencontrés par plusieurs membresdu gouvernement. Crédits photo : Le Figaro
Confronté à la tourmente sociale et à l'impopularité, le président manque de poids lourds dans son équipe.
 
Il y a les ministres pour qui «ça roule» et ceux qui sont «sur le toboggan». C'est un ami du président qui divise les membres du gouvernement en deux. Mais les mots sont ceux du «chef». Un chef préoccupé quand il se penche sur les performances de ses ministres.

Il est bien loin le temps du «formidable casting» gouvernemental de 2007. Vingt et un mois plus tard, la distribution des rôles établie de Nicolas Sarkozy - qui a peu changé hormis quelques ajustements - semble comme essoufflée. En quête de poids lourds pour passer la crise, le président paraît démuni.

Cela a commencé avec Xavier Darcos avant la trêve de Noël. Décrit comme un «bon pro» par l'Élysée, Darcos n'a pas résisté à la crise lycéenne. Le voilà cornaqué par deux spécialistes de la jeunesse : Martin Hirsch et le médiatique directeur de Sciences Po, Richard Descoings. Mais la tempête a décoiffé d'autres ministres. Valérie Pécresse, qui s'était jusqu'à présent plutôt bien acquittée de sa mission au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, va retravailler son décret sur les enseignants-chercheurs. Pour calmer le jeu, l'Élysée a nommé une médiatrice. Le secrétaire d'État à l'Outre-Mer, Yves Jégo, est retourné en Guadeloupe flanqué de deux médiateurs pour négocier avec les syndicats.


«Remaniement perlé»

À cette liste de ministres en difficulté, il convient d'ajouter le nom de Bernard Kouchner. Malgré l'appui du président, le french doctor a perdu de sa superbe dans les sondages. Et il n'est pas le seul. Dans le dernier baromètre Ifop/Paris Match, seuls trois ministres figurent dans les dix premiers. Dans celui publié par Le Point, seule Rama Yade échappe vraiment à l'impopularité. Un paradoxe quand on sait que la secrétaire d'État aux Droits de l'homme est de loin celle dont Sarkozy a dit le plus de mal en privé et en public depuis trois mois !

Tombée en disgrâce, Rachida Dati a dû accepter l'offre du président d'aller siéger en juin au Parlement européen. Il faudra donc la remplacer. Tout comme le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, tête de liste en Ile-de-France. De quoi relancer les spéculations sur l'étendue du futur remaniement.

Pour franchir la tempête sociale, Nicolas Sarkozy peut compter toutefois sur plusieurs piliers : son ami Brice Hortefeux qu'il a placé aux Affaires sociales ; les expérimentés Jean-Louis Borloo et Michèle Alliot-Marie ; l'expertise d'Éric Woerth et même sur Christine Lagarde dont la franchise est devenue un atout. François Fillon, lui, apporte plus de conseils qu'on ne le dit. Mais les qualités de manager de Fillon ne sont pas toujours à la hauteur des attentes des ministres : «Matignon, ce n'est pas le bureau des pleurs. La calinothérapie, ce n'est pas trop le truc de Fillon», se plaint un ministre.

À l'Élysée, certains se demandent si la stratégie du «remaniement perlé» appliquée en décembre et janvier était la bonne. «Nous sommes dans une très mauvaise phase. Il va falloir faire quelque chose », estime un conseiller. Le président serait-il tenté par un électrochoc ? Un remaniement surprise est-il possible ? À ce jour, cela paraît peu probable. «On ne répond pas à la crise par une réponse politique», dément-on à l'Élysée. En déplacement à Oman, le président a défendu ses ministres et justifié la nomination de médiateurs. «C'est plus difficile de gérer la France avec une croissance négative que positive», a-t-il lâché, fataliste.



http://www.lefigaro.fr/economie/2009/03/11/04001-20090311ARTFIG00632-seguin-la-dette-est-plus-inquietante-que-le-deficit-.php
Séguin : «La dette est plus inquiétante que le déficit»

Propos recueillis par Cécile Crouzel et Marie Visot
11/03/2009 | Mise à jour : 19:22 | Commentaires  53 | Ajouter à ma sélection

Crédits photo : Le Figaro
En plein débat sur la réforme de la fiscalité locale, le premier président de la Cour des comptes, estime que les collectivités locales doivent davantage être financées en direct par l'État et par des transferts d'impôts nationaux.
 
LE FIGARO - Le gouvernement vient d'admettre un fort dérapage de la dette pour cette année, et l'année prochaine. Un dérapage que la Cour des Comptes avait anticipé et sur lequel elle avait alerté. Pensez-vous que la ligne rouge est franchie ?

Philippe SÉGUIN - C'est fait ! Notre niveau de dette, s'approche des 80 %. C'est plus inquiétant encore que le déficit, car si nous nous donnons les moyens de donner un caractère provisoire aux mesures de relance, nous aurons, lors de la sortie de crise, une chance de tenir les objectifs que nous nous sommes fixés. Même si le calendrier -qui prévoit un retour du déficit public sous la barre des 3 % dès 2012- est sans doute optimiste. L'endettement, en revanche, nous aurons beaucoup plus de mal à le résorber. Les charges d'intérêts de la dette représentent aujourd'hui quasiment le produit de l'impôt sur le revenu ! Un effort considérable va donc être nécessaire.

Que faire, aujourd'hui, pour limiter les dégâts ?

Il faut évidemment réduire au maximum le déficit budgétaire, poursuivre l'objectif de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, et être d'autant plus exigeant sur les autres économies à réaliser. La revue générale des politiques publiques (RGPP), vaste chantier de réforme de l'État lancée il y a près de deux ans, est méritoire mais il faut aller plus loin. La France vit avec un déficit chronique depuis 30 ans, et une dette qui ne cesse d'augmenter. Nous avons vécu largement au dessus de nos moyens !

Vous êtes aussi très critique sur la fiscalité locale. Pourquoi ?

Parce qu'il y a un problème d'équité. Trouvez-vous normal qu'il y ait des territoires désavantagés financièrement et des citoyens pénalisés ? Le rapport public de la Cour des Comptes a souligné à quel point le caractère obsolète des bases cadastrales -pour le calcul des impôts locaux-, était source d'iniquité. Notre rapport sur l'école a démontré que les inégalités se sont accrues entre élèves du primaire de communes différentes, plus ou moins riches. De la même façon, les communes qui sont en première ligne pour l'immigration sont celles qui ont le moins de moyens. La suppression de la part investissement de la taxe professionnelle (TP) est une opportunité à ne pas négliger pour remettre à plat l'ensemble des ressources des collectivités territoriales.

Que préconisez-vous ?

Le Conseil des prélèvements obligatoires vient d'esquisser quelques pistes... D'ores et déjà, la majorité des recettes des collectivités provient des dotations de l'État et des transferts d'impôt nationaux, et non de la fiscalité locale. On pourrait imaginer que les régions, départements et communes soient encore davantage financés directement par l'Etat et par des transferts d'impôts nationaux. L'impôt sur les sociétés (IS), la TVA, la CSG ou l'impôt sur le revenu (IR) peuvent être de bons candidats. Mais la principale ressource de remplacement à la TP devra être acquittée par les entreprises. L'État pourrait déjà rendre aux collectivités l'IS qu'il va récupérer grâce à la hausse des bénéfices que provoquera la quasi-suppression de la TP. Une chose est sûre : la taxe carbone ne pourra à elle seule combler le manque à gagner. Et en relevant les taxes foncières, on retomberait sur le problème des bases cadastrales. Je me demande toutefois s'il sera possible de trouver une solution dès le projet de Budget 2010… Il faut quand même un délai minimal de réflexion.

Les élus locaux risquent de ne pas voir d'un bon œil votre proposition de hausses des dotations et des transferts d'impôts…

Il faudrait pourtant à l'État les moyens de renforcer son effort de péréquation, pour assurer un meilleur partage entre les collectivités favorisées et défavorisées. Il faut aussi mettre fin à la course à l'implantation, à coup de dumping fiscal sur la TP, entre communes. D'accord pour que les collectivités soient libres de décider de leurs dépenses. Mais il n'est pas nécessaire qu'elles aient des ressources assises sur des bases d'impôt obsolètes, inéquitables et aux effets pervers.

La réforme des Chambres Régionales des Comptes (CRC) que vous avez initiez suscite des remous. Les comprenez-vous ?

En arrivant, j'ai été sidéré par l'état des relations entre la Cour des comptes et les CRC. Un vrai divorce. Rien n'a été prévu pour favoriser leur travail en commun. Or cette collaboration est devenue indispensable, vu l'enchevêtrement des compétences entre l'État et les collectivités locales. Comment faire un rapport sur la formation professionnelle sans étudier le cas des régions ? Ou sur le RMI en ignorant les départements ? C'est pourquoi nous souhaiterions aller vers l'unité organique et des chambres interrégionales viendraient couronner la présence en région. Nous aurons alors les moyens de remplir les nouvelles missions qui nous ont été confiées, comme l'évaluation des politiques publiques. Nous pourrons en profiter pour améliorer l'efficacité de nos contrôles organiques : organiser, par exemple, une campagne d'audit sur les rapports entre collectivités et prestataires de service privés (eau par exemple) et en tirer des bonnes (et mauvaises) pratiques dont tout le monde profiterait. J'ajoute que la réforme sera progressive. Personne ne sera forcé de déménager !. J'espère que d'ici la fin de l'année, nous aurons un projet de loi sur le sujet.



http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/03/14/01006-20090314ARTFIG00209--juppe-ses-emmerdes-ses-amours-.php

Juppé, ses emmerdes, ses amours...

PAR ANNE FULDA
13/03/2009 | Mise à jour : 15:14 | Commentaires  1 | Ajouter à ma sélection
 
Ses amours, ses tourments... Ses humiliations. Les honneurs, son honneur. Sa fidélité et sa confiance envers Jacques Chirac. Malgré tout. Malgré la «relation confuse avec la vérité et la contrevérité» de ce dernier. Malgré aussi sa relation «irréelle» avec l'argent. Il y a un peu de tout cela dans le livre * d'Alain Juppé. Il y a de la chair et du sang. De la raison aussi, de l'autojustification. L'obsession, toujours, de montrer qu'il a tenté de bien faire. Ou le moins mal possible. L'incompréhension encore. Plus de dix ans plus tard, l'ancien Premier ministre se demande encore pourquoi et comment il s'est « planté » à Matignon. L'occasion de jeter sur le papier quelques travers personnels, comme autant de concessions à cette société de communication si envahissante et impudique. Alors, oui, puisqu'il le faut, Juppé courbe l'échine. Ebauche un mea- culpa. Pas si courant que ça chez les hommes politiques. Il évoque ainsi pêle-mêle sa «rigidité naturelle», sa «congénitale arrogance», «ses doutes» et sa «volonté de puissance». Son «intransigeance» ou sa «brutalité», révélées à travers ces petites phrases à l'emporte-pièce - la «mauvaise graisse» de la fonction publique, Thomson qui ne vaut «rien» - qui lui ont fait tant de mal. Juppé joue le jeu de l'introspection. Ce livre est un exercice de catharsis, dit-il, lui le normalien. Il s'y met parfois à nu. Surtout lorsqu'il raconte par le menu son chemin de croix judiciaire. Cette condamnation en janvier 2004 à un an d'inéligibilité. Comme une mise à mort politique. L'impression d'être enterré vivant. D'entendre sa nécrologie alors que l'on respire encore. Touché dans la part la plus intime de sa personnalité, l'estime de soi. Le passé. De mauvais souvenirs. Qui ont permis à l'homme blessé, désormais sorti du labyrinthe, de revenir à l'essentiel. De tenir son fil d'Ariane : «Celui de l'amour partagé, le seul qui donne un goût à la vie.» Un grand sentimental, finalement, Juppé. Peut-être la révélation de ce livre.

*Je ne mangerai plus de cerises en hiver..., Plon, 250p., 18,90€.


http://www.lefigaro.fr/politique/2009/03/10/01002-20090310ARTFIG00098-la-liberte-de-ton-du-professeur-raffarin-.php
La liberté de ton
du professeur Raffarin

Bruno Jeudy
10/03/2009 | Mise à jour : 09:22 | Commentaires  8 | Ajouter à ma sélection

Pour Jean-Pierre Raffarin, «tous ceux qui ont été élus à la présidence de la République avaient la politique chevillée au corps». Crédits photo : Le Figaro
L'ancien premier ministre, qui donne des cours de politique à l'École supérieure de commerce de Paris, a planché lundi sur le leadership de Nicolas Sarkozy.
 
«Le leadership de Nicolas Sarkozy est-il fragilisé par sa majorité ?» Posée par un de ses étudiants de l'École de commerce de Paris, la question amuse Jean-Pierre Raffarin. «J'invite tout le monde à ne pas court-circuiter les corps intermédiaires. Mais c'est vrai que sa majorité veut être plus associée.» Le ton est donné. Le professeur Raffarin, qui dispense chaque lundi un cours intitulé «Pensées, pouvoir et action», parle en toute liberté devant une quarantaine de futurs cadres et dirigeants d'entreprises de son ancienne école.

Le sujet du jour, consacré au leadership en politique, inspire bien évidemment l'ancien premier ministre, qui a connu personnellement les quatre derniers présidents de la République. Lunettes posées sur le front, le conférencier attaque son cours, qu'il a préparé minutieusement, avec, à la clé, citations et formules toutes prêtes. Ses célèbres «raffarinades» sont désormais puisées dans la sagesse chinoise. «La montagne haute craint l'homme lent», assène-t-il.

L'ancien premier ministre a compilé aussi quelques citations à destination de ses étudiants : «Les mœurs du prince contribuent autant à la liberté que les lois» (Montesquieu) ou encore : «C'est une grande folie de vouloir être sage tout seul» (La Rochefoucauld).

À la fois observateur et acteur de la Ve République, Raffarin en tire la conclusion que «le modèle du leadership est dans l'air du temps, car les idéologies et les expertises n'ont pas apporté les solutions espérées». À condition, avertit-il, de le corriger avec des «contre-pouvoirs». « Le leader ne doit pas avoir peur de partager le pouvoir dans son camp», conseille-t-il, tout en concédant, en aparté être d'accord avec Alain Juppé, pour qui la notion de « rupture » n'existe pas vraiment.


«Personne pour lui dire non»

Pour faire sa démonstration, le sénateur de la Vienne compare les modes de gouvernance depuis le général de Gaulle jusqu'à Nicolas Sarkozy. « Tous ceux qui ont été élus à la présidence de la République avaient la politique chevillée à un degré pathologique. L'élection présidentielle française est probablement la plus dure des élections dans les pays démocratiques », explique-t-il, avant de donner des qualificatifs à chacun des « chefs » de la Ve. De Gaulle ? « Un héros devenu sage. » Pompidou ? « Un savant déguisé en sage. » Giscard ? « Un expert à horizon politique. » Mitterrand ? « Une conquête de héros et une action sage. » Chirac ? « Une aventure devenue sagesse.» Sarkozy ? «Un héros de la rupture et une sagesse a minima.» Il élargit la comparaison avec les leaders étrangers. S'il fait de Tony Blair le «champion de la proximité», Raffarin perçoit chez Obama une «présidence par la distance».

Passé la partie générale, le vice-président de l'UMP décrit avec minutie le leadership Sarkozy. Interrogé par un étudiant sur la ­quasi-disparition de la fonction de premier ministre, l'ex-locataire de Matignon cite de Gaulle s'adressant à Michel Debré : « Le gouvernement n'a pas de substance en dehors de moi. » Preuve, selon Raffarin, que Sarkozy n'a rien inventé. Cela ne l'empêche pas de glisser une pique à l'endroit de François Fillon : «Il est quand même le seul dans l'histoire de la Ve à avoir eu le temps de se préparer pour Matignon. Moi, j'ai eu trois heures pour le faire !»

Le professeur Raffarin passe aussi au crible l'entourage des «leaders». S'il reconnaît que le staff de Mitterrand était d'un meilleur niveau que celui de Chirac, Raffarin ne tarit pas d'éloges sur celui de Sarkozy. Mais il s'inquiète de l'existence d'un certain «esprit de cour». «Sous Giscard, on parlait de la cour de Louis XV», rappelle-t-il. Et sous Sarkozy ? «Ce n'est pas à l'Élysée qu'on rencontre le plus de rebelles, griffe-t-il. Sous Sarkozy, il n'y a personne pour lui dire non. Ou alors, on se met à l'extérieur du système, comme Dominique de Villepin, qui parle fort.» Un Villepin que Raffarin n'a pas cité un peu plus tôt alors qu'il décrivait l'entourage de Chirac à l'Élysée. «Ah, je l'ai oublié !» répond-il à un étudiant qui le lui faisait remarquer. «C'est vrai que l'idée s'était installée que Chirac était devenu l'entourage de Villepin», grince Raffarin. Le meilleur conteur de l'histoire de la Ve repart alors sous les applaudissements.


http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/02/28/01006-20090228ARTFIG00076--barnier-courtise-.php
Barnier courtisé

PAR CARL MEEUS ET GHISLAIN DE MONTALEMBERT
27/02/2009 | Mise à jour : 14:26 | Ajouter à ma sélection
 
Pas moins de neuf ministres ont téléphoné à Michel Barnier pour lui dire qu'ils étaient intéressés par son poste! Candidat aux européennes en Ile-de-France, le ministre de l'Agriculture quittera le gouvernement début mai.

http://www.lefigaro.fr/politique/2008/12/16/01002-20081216ARTFIG00568-la-cote-de-bernard-kouchner-en-forte-chute-.php
La cote de Bernard Kouchner en forte chute

S.L. (lefigaro.fr) avec AFP
17/12/2008 | Mise à jour : 17:57 | Commentaires  180 | Ajouter à ma sélection

Crédits photo : AFP
S'il reste la personnalité politique préférée des Français, le ministre des Affaires étrangères paye au prix fort sa charge contre Rama Yade. Il chute de 10 points au tableau de bord Ifop-Paris Match des personnalités.
 
Bernard Kouchner aurait-il perdu l'image de sympathie qui le caractérisait auprès des Français ?

Le ministre des Affaires étrangères enregistre une chute spectaculaire de 10 points au tableau de bord mensuel des personnalités réalisés pour Paris-Match par l'institut Ifop. Il passe de 79% d'opinions favorables à 69%. Certes, Bernard Kouchner reste la personnalité politique préférée des Français. Mais il fait désormais jeu égal avec Bertrand Delanoë, qui perd quant à lui 4 points.

En cause, sans nul doute, la polémique qu'il a déclenché en qualifiant d'«erreur» la création du secrétariat d'Etat aux Droits de l'Homme occupé par Rama Yade. Cette dernière bénéficie d'une hausse de 3 points dans le tableau de bord. Parmi les 66% de Français qui ont une opinion positive de la jeune secrétaire d'Etat, 61% affirment que c'est du fait de ses prises de position courageuses sur la question des Droits de l'Homme.


Aubry en hausse

Autre point notable de ce sondage, la forte hausse de la nouvelle première secrétaire du PS. Martine Aubry fait un bond de 9 points à 67% d'opinions favorables, ce qui la classe en cinquième position. Lorsqu'elle est opposée à Ségolène Royal, la maire de Lille l'emporte largement, à 60% contre 33%. Chez les sympathisants socialistes, le score est plus serré mais reste à l'avantage de Martine Aubry, à 52% contre 44%.

Le baromètre montre par ailleurs un recul de la cote de Nicolas Sarkozy, qui chute de 2 points à 46%, de même que François Fillon, en baisse d'un point à 58%.

Sondage réalisé par téléphone les 11 et 12 décembre auprès de 957 personnes. Méthode des quotas.



http://www.lefigaro.fr/politique/2009/03/06/01002-20090306ARTFIG00391-sarkozy-ne-reunira-plus-son-g7-.php
Sarkozy ne réunira plus
son «G7»

Bruno Jeudy
06/03/2009 | Mise à jour : 17:09 | Commentaires  52 | Ajouter à ma sélection
Le président avait déjà espacé ces réunions informelles avec les «chouchous» de son gouvernement. Elles n'auront plus lieu : «il y avait trop de fuites», justifie-t-on à l'Elysée.
 
Exit le «G7». Nicolas Sarkozy ne réunira plus son cercle des ministres préférés (composés de Xavier Darcos, Xavier Bertrand, Eric Woerth, Laurent Wauquiez, Luc Chatel et Nadine Morano) avec qui il faisait, à intervalles plus ou moins réguliers, «de la politique» selon sa propre formule. «Le G7 n'est plus vraiment utile. De toute façon, il y avait trop de fuites», justifie-t-on à l'Elysée.

Le président avait déjà espacé ces réunions informelles avec les «chouchous» de son gouvernement. La dernière remonte au 16 janvier. Avant le sommet social, Claude Guéant avait lui-même réuni les ministres pour leur donner la primeur des… propositions présidentielles. «Le président ne veut pas figer les choses. Il trouve que les réunions se superposent trop et préfèrent emmener ses ministres dans les avions», dit-on encore à l'Elysée.

L'abandon du «G7», neuf mois après sa création, ne va sûrement pas faire de peine à François Fillon qui avait publiquement désapprouvé cette initiative. Il faut dire que cela contribuait à l'affaiblir un peu plus et à entamer encore son autorité auprès de ses ministres.





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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 22:22
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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 21:30

(verbatim)



(suite et fin)

Séance (1).

ance (2).

Séance (3).

ance (4).


M. le président. La parole est à M. Lionnel Luca.

M. Lionnel Luca. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, on ne peut que se réjouir du débat que nous avons aujourd’hui. Il permet en effet à chacun d’exprimer son avis y compris au sein de la majorité, même si la question de confiance, telle qu’elle est posée, oblige à assumer une décision qui peut susciter des doutes et des incertitudes.

Des doutes parce qu’elle dérange un consensus national qui s’est établi dans notre pays sur tout l’échiquier politique. Le silence assourdissant des anciens Présidents de la République, les remarques de trois des quatre derniers Premiers ministres en sont des exemples parmi d’autres. L’opposition elle-même, désormais pendue aux branches de la croix de Lorraine, et qui donne beaucoup de leçons de gaullisme, à remords, sans doute, serait plus crédible si elle s’engageait à revenir sur cette décision, ce qu’elle se garde bien de faire.

Des incertitudes parce que notre influence au sein de l’OTAN se mesure, non pas à un statut dans un commandement militaire intégré, mais d’abord à nos capacités militaires.

Quels que soient les postes attribués, ce sont les États-Unis, et eux seuls, qui détiennent l’essentiel de l’expertise et du pouvoir de décision en matière de réorganisation des forces et d’actualisation des doctrines militaires. Espérer influencer le processus de planification de défense est hardi parce que celle-ci est dictée par la doctrine d’emploi de l’armée américaine.

C’est Michel Barnier qui expliquait à Hubert Védrine qu’un jour, Condoleezza Rice lui avait dit que l’OTAN était l’instrument de l’influence des États-Unis en Europe, et qu’il n’était pas question de changer cet état de chose.

L’Européanisation de l’OTAN est donc un vrai défi quand on considère l’exemple britannique qui n’y a jamais réussi.

Des incertitudes parce que cette question risque de compromettre la volonté française de promouvoir une Europe de la défense dont la presque totalité des États de l’Union ne veut pas, puisqu’ils n’y consacrent guère de moyens du fait que l’OTAN, selon eux, y pourvoit.

La France n’a pu, pour le moment, obtenir la création d’un état-major de commandement permanent pour la politique européenne de sécurité et de défense, à laquelle se sont opposés les Britanniques. Sans cet état-major, la défense européenne n’a pas d’autonomie et dépend de la planification et des moyens collectifs de l’OTAN.

Rien n’indique que la nouvelle administration américaine – même si elle est plus aimable – ait décidé de renoncer aux privilèges de son leadership. Tout en promettant les plus larges consultations, le vice-président Joe Biden, vient de déclarer à Munich que « les USA agiraient en partenariat chaque fois qu’ils le pourraient mais seuls quand ils le devraient ».

L'OTAN suscite donc bien des interrogations chez les Européens : Avec qui et contre qui ? Jusqu'où et pour quel objectif ? La réponse, les Américains l'ont donnée dès le 12 décembre 1989, un mois après la chute du mur de Berlin, par la bouche de leur secrétaire d'État James Baker, qui affirmait que l'OTAN devait évoluer vers un rôle politique de plus en plus important et évoquait « une nouvelle Europe sur la base d'un nouvel Atlantisme ».

Après Ronald Reagan à l'ONU, le 7 décembre 1988, qui parlait de la « maison commune », c'est George Bush junior qui évoquait à Ljubljana, le 16 janvier 2001, « la grande alliance euroatlantique de San Francisco à Vladivostok », dont l'objectif inavoué était d'isoler la Chine. Cela peut expliquer l'expansionnisme de l'OTAN vers l'Est, au-delà de la Turquie, Turquie dont on voit mal dans ce contexte comment on pourrait lui interdire d'entrer dans l'Union européenne, au nom précisément de la nouvelle Europe de la défense.

En reprenant place dans la famille occidentale dont nous avons toujours fait partie, le risque est réel de recréer un nouveau bloc, une « Sainte Alliance » qui, depuis le 11 septembre 2001, a un nouvel adversaire : l'Islam radical utilisé trop abusivement par les États-Unis et face auquel l'administration Bush a été tentée de se comporter en « super GIGN », pour reprendre la formule d'Hubert Védrine.

C'est dire si la normalisation de la place de la France au sein de l'OTAN interpellera bon nombre d'États et surtout de peuples dans le monde, pour qui la France incarne toujours le refus de tous les hégémonismes.

Cependant, le vote sur lequel nous devons nous prononcer ne concerne pas que la réintégration de la France dans les commandements de l'OTAN,…

M. Maxime Gremetz. Il aurait dû !

M. Lionnel Luca. …dont l'arme nucléaire est heureusement exclue (Exclamations sur les bancs du groupe GDR)…

M. Roland Muzeau. Pour combien de temps ?

M. Lionnel Luca. …et qui, seule, fonde de fait l'indépendance nationale. Le vote concerne d'abord et surtout l'ensemble de la politique étrangère de notre pays menée par le Président de la République, lequel a su s’imposer avec brio dans le concert international des chefs d'États qui pèsent sur le cours des événements.

Je n'aurais vraisemblablement pas accepté d’approuver la seule réintégration mais, puisque la France conserve la maîtrise de l'arme nucléaire, qui est l'assurance de notre indépendance, et parce que dans votre intervention, monsieur le Premier ministre, vous avez réaffirmé la continuité de notre politique étrangère, je voterai la confiance. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. Jean-Paul Bacquet. Comme d’habitude, il la ramène et il se dégonfle !

M. Maxime Gremetz. Il a mangé son chapeau !

M. le président. La parole est à M. Yves Fromion, dernier orateur inscrit.

M. Yves Fromion. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, arrivé à ce point du débat et ayant apprécié l'intervention remarquable du Premier ministre, qui a rappelé les fondements de la politique extérieure de la France et la foi que nous avons dans l'avenir et dans le rôle de l'Europe, je souhaite centrer mon propos sur les critiques exprimées par quelques-uns des orateurs qui m'ont précédé.

Certains ont tenté de nous expliquer que la normalisation de la position française à l'égard du commandement militaire intégré de l'OTAN allait faire obstacle à la construction si attendue de l'Europe de la défense. Comment professer une telle contrevérité, alors même que notre pays a ratifié le traité de Lisbonne dont on sait – à condition de l’avoir lu – qu'il contient des dispositions affirmant que la politique de sécurité et de défense commune de l'Union est compatible avec la politique de sécurité et de défense arrêtée dans le cadre de l'OTAN ?

Si, comme beaucoup le souhaitent ici, le traité de Lisbonne vient à être adopté, l'Union européenne se trouvera immédiatement confrontée à la mise en œuvre de la coopération structurée permanente prévue à l'article 27. Il s'agit d'une opportunité historique pour faire sortir la défense européenne de ses limbes. La France, et l'Europe avec la France, ont un rendez-vous qu'elles ne peuvent pas rater.

Toutefois comment contester qu'il faudra alors être capable de susciter l’élan de tous les Européens, élan qui ne peut être fondé que sur la confiance ? Or qui ignore que, depuis des années, notre pays est soupçonné, du fait de sa position originale par rapport à l’OTAN, d’inciter les Européens à distendre leurs alliances traditionnelles ? On connaît la controverse sur l'agenda caché, eh bien, il est indispensable d’en sortir ! Il faut que la France puisse montrer à ses partenaires européens que l'énergie, les convictions, qu'elle s'efforce de leur faire partager sur la nécessité de créer une défense européenne pour peser sur les affaires du monde n'a d'autre finalité que de donner à l'Europe la place qui doit être la sienne.

On nous dit aussi que le choix qui nous est proposé est un pari hasardeux. Dois-je rappeler que l'action politique n'est pas exempte de paris ? N'était-ce pas en effet un pari que de vouloir convaincre nos partenaires européens que, nonobstant notre positionnement par rapport à l'OTAN, ils devaient nous faire confiance et construire avec nous une défense européenne ? Ce pari, l'avons-nous gagné ? Ce n'est pas vraiment le cas. Alors pourquoi refuser de nous remettre en question ?

Enfin, avant de conclure, il me paraît nécessaire de répondre à M. Fabius, qui exhortait la France à la volonté pour tenir son rang. Il a raison, et le général de Gaulle n'a pas manqué de volonté lorsqu'il a pris la décision que l'on sait, car il a porté le budget de la défense à plus de 5 % du PIB de notre pays. Ce n'est pas lui qui a cherché à toucher les dividendes de la paix, au point de mettre en péril nos forces armées, comme ce fut le cas entre 1997 et 2002. (Murmures sur les bancs du groupe SRC.)

M. Pierre Lellouche. Très bien !

M. Yves Fromion. Une chose est de discourir ici sur la place de la France dans le monde ; une autre est de lui donner les moyens de tenir cette place en prenant ses responsabilités politiques.

Comme l’a rappelé M. le Premier ministre, la France regarde le monde en face, tel qu'il est. Elle se détermine selon ses intérêts, mais également en considération des intérêts de la construction européenne. Nos intérêts et ceux de l'Europe nous commandent de conforter le pacte de confiance avec nos partenaires européens, comme ils nous commandent de normaliser nos relations avec nos alliés de l'OTAN. Nous accompagnerons donc le Président de la République dans la démarche lucide et responsable qu’il nous propose. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et NC.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je répondrai brièvement aux deux contradictions apparentes que M. Fabius a relevé dans mon intervention.

La première tiendrait au fait que le Président de la République a déjà pris sa décision, rendant inutile notre débat d’aujourd’hui.

Qui peut penser un seul instant qu’un vote négatif de la majorité ne conduirait pas naturellement le Président de la République à renoncer à la décision qu’il a prise ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. – Rires et vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Jérôme Cahuzac. Chiche !

M. François Fillon, Premier ministre. C’est en effet à la majorité d’en décider. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

La nouveauté, c’est que l’on puisse débattre de cette question, car jamais par le passé aucune décision concernant l’OTAN n’avait fait l’objet d’un débat à l'Assemblée nationale. Jamais ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

Lorsque François Mitterrand a décidé que la France participerait à la renégociation du concept de l’OTAN en 1990, y a-t-il eu un débat à l'Assemblée nationale ? Non !

Lorsque, en 1993, il a décidé que le chef d’état-major des armées participerait pour la première fois au comité miliaire de l’OTAN, y a-t-il eu un débat à l'Assemblée nationale ou une question d’un parlementaire ? Non !

Lorsque Jacques Chirac a voulu entamer le processus de réintégration au commandement de l’OTAN, y a-t-il eu un débat à l’Assemblée nationale ? Non !

Son initiative a échoué mais cela n’a pas empêché nos militaires d’intégrer plus nombreux les comités de l’OTAN, puisque cent officiers français sont entrés en 2004 dans l’organisation, à Mons et à Norfolk, ce qui, d’ailleurs, peut nous amener à nous interroger sur le paradoxe qui consiste à envoyer sans cesse davantage de monde dans les comités de l’OTAN, sans jamais prendre la responsabilité d’un de ces comités pour y assumer notre rang et notre place.

La deuxième contradiction que vous souleviez, monsieur Fabius, concerne la procédure.

Vous prétendez qu’il ne fallait pas engager la responsabilité du Gouvernement, mais simplement faire une déclaration suivie d’un vote. Pourtant c’est le président du groupe socialiste qui en a fait la demande par écrit ! Il est donc difficile de vous contenter. (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC. – Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. Jérôme Cahuzac. Menteur !

M. François Fillon, Premier ministre. Comment osez-vous dire cela ? Voulez-vous voir la lettre ? Vous l’aurez ! Je vais la faire publier dans le quart d’heure ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

Il y a des limites à ne pas franchir, monsieur Fabius !

J’ajoute que je suis d’accord avec M. Ayrault, car nous ne sommes plus sous la IVe République. Je considère que la politique étrangère est conduite par le chef de l’État, élu au suffrage universel, et qu’elle ne doit pas être négociée avec le Parlement. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.) C’est la raison pour laquelle je vous demande de l’approuver. Je le répète : la politique étrangère de notre pays ne se négocie pas, ni à l'Assemblée nationale ni au Sénat !

M. Fabius a parlé ensuite de contreparties. Or il n’a jamais été question de contreparties ! Ce n’est pas ma conception de notre politique de défense, de notre indépendance ou de notre liberté.

Notre retour au comité des plans militaires, monsieur Fabius, ne se fera que dans la mesure où la place de la France sera pleinement reconnue dans l’organisation militaire de l’OTAN. Nous voulons prendre toute notre place là où l’on discute de l’avenir de l’OTAN. Nous ne prétendons nullement à des commandements qui nous conduiraient à contrôler des forces militaires américaines, en Europe ou ailleurs.

M. Pierre Gosnat. Ce serait étonnant !

M. François Fillon, Premier ministre. Là résidait sans doute la faiblesse de la proposition de Jacques Chirac, qui souhaitait que nous prenions le commandement de Naples, ce qui aurait conduit un officier français à commander des forces américaines.

M. Pierre Gosnat. Restons sérieux !

M. François Fillon, Premier ministre. Ce n’est pas souhaitable et cela ne sera pas. Ce que nous demandons aujourd’hui c’est de prendre le contrôle d’un commandement qui n’existait pas à l’époque où Jacques Chirac avait entamé ses démarches, celui de Norfolk, où se décide la transformation de l’Alliance.

Quant aux contreparties industrielles, j’ignore à quoi vous faites allusion. Que nous participions ou non au commandement militaire intégré, il n’y guère de conséquences industrielles, car la règle, c’est la compétition.

M. Laurent Fabius. On verra !

M. Maxime Gremetz. Et la standardisation des armements ?

M. François Fillon, Premier ministre. Nous somme en compétition avec l’industrie américaine ; elle ne nous fait pas de cadeaux et ne nous en fera pas plus demain. C’est à nous d’être les meilleurs. Vous verrez d’ailleurs, dans les prochains jours, que les contrats passés par la France dans le domaine militaire en 2008 et en 2009 sont en forte progression.

Vous m’avez ensuite interrogé sur l’élargissement, la réforme et la compétence géographique de l’OTAN.

L’OTAN est, à mes yeux, une alliance de défense. Ce n’est pas un glaive occidental agissant partout et pour tout. C’est la France d’aujourd’hui et le Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger sous l’autorité du Président de la République française qui, pour la première fois, s’est opposé à l’élargissement de l’Alliance, rompant avec l’unanimité qui était jusqu’alors la règle et sans laquelle rien ne peut se décider en la matière.

En 1999, c’est avec l’accord du Gouvernement français que l’OTAN a été élargie à la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ; en 2004, c'est toujours avec son accord que l’Alliance a accueilli la Bulgarie, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie.

M. Hervé Morin, ministre de la défense. Sans débat parlementaire !

M. François Fillon, Premier ministre. Comment pouvez-vous aujourd’hui prétendre que la position que nous prenons va réduire l’indépendance de notre pays, alors même que, l’année dernière, avec le Gouvernement de Mme Merkel, nous nous sommes, pour la première fois, opposés à l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie ?

Enfin, monsieur Fabius, reconnaissez qu’il est assez difficile – pour vous-même et pour les autres socialistes – de critiquer l’intervention de l’OTAN en Afghanistan.

Nous parlions de l’extension géographique de la zone dans laquelle l’OTAN intervient ; on peut effectivement s’interroger, et j’ai moi-même précisé tout à l’heure les limites que j’entendais apporter à cette action de l’OTAN, qui doit s’intégrer dans le droit international et respecter les décisions prises par les Nations unies.

S’agissant de l’Afghanistan, il se trouve que c’est une décision que nous avons prise ensemble et qui a fait, comme vous l’avez rappelé vous-même, l’objet d’un vote presque consensuel de l’Assemblée nationale.

M. Pierre Gosnat. Presque !

M. François Fillon, Premier ministre. Tous les arguments sont respectables, sauf lorsqu’ils sont faux. Ainsi il en est un auquel je ne peux pas ne pas répondre : celui qui consiste à dire que si nous avions appartenu au comité des plans militaires, nous aurions été obligés d’aller en Irak lors de la seconde guerre. C’est une contre-vérité absolue ! (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Jean-Paul Lecoq. Vous nous auriez expliqué qu’il y avait là-bas des armes de destruction massive !

M. François Fillon, Premier ministre. D’ailleurs M. Fabius a lui-même reconnu que, juridiquement, cela n’avait aucun sens ; mais c’est surtout une véritable insulte au Gouvernement de M. Schröder, qui a pris le premier, avant celui de la France, la responsabilité de dire non à cette intervention américaine en Irak, sans même évoquer la Turquie, dont chacun sait qu’elle est un allié très proche des États-Unis et qui n’a pas accepté que son territoire soit utilisé comme base arrière pour l’intervention en Irak ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

S’agissant de la défense européenne, enfin, chacun a reconnu qu’elle avançait lentement, trop lentement.

Chacun sait bien que les raisons en sont d’abord liées à nos institutions européennes, à la difficulté d’avoir une vraie politique étrangère et un véritable leadership politique en Europe. Cependant c’est aussi, il faut le reconnaître, parce que, les uns comme les autres, depuis vingt ans, nous n’avons jamais réussi à convaincre les autres Européens que nous pouvions proposer une alternative crédible à la protection que leur apportait l’OTAN.

Soit nous poursuivons comme cela, et nous continuons à accepter l’idée que la défense européenne est un sujet de colloque, de discours, de vœux, sur lequel on avance par tout petits pas. Soit nous débloquons la situation en démontrant aux Européens qu’à côté de la solidarité atlantique en construction, nous pouvons inventer une défense européenne.

M. Yves Fromion. Très bien !

M. François Fillon, Premier ministre. Vingt-trois pays membres de l’Union européenne le sont aussi de l’OTAN et aucun d’entre eux n’entend substituer la défense européenne à l’OTAN. Vous devriez d’ailleurs – je suppose que vous le faites – évoquer ces sujets avec vos camarades socialistes en Europe : dans tous les pays européens où les socialistes sont au pouvoir, la participation de la France au commandement intégrée est saluée. Je ne prendrai que les exemples de la tribune signée, il y a quelques jours, par Felipe González, et du soutien de José Luis Zapatero.

Le principal blocage venait en réalité des États-Unis, qui, comme plusieurs d’entre vous l’ont rappelé, se sont toujours opposés à la construction d’une véritable défense européenne indépendante.

M. Loïc Bouvard. Très juste !

M. François Fillon, Premier ministre. Le premier Président américain qui ait, dans un discours, indiqué que la défense européenne était nécessaire et qu’elle n’était pas un obstacle à la solidarité atlantique – pardon de le dire – n’est pas le Président Clinton, mais le Président Bush lors du sommet de l’OTAN à Bucarest.

M. Pierre Gosnat. Un vieux copain de Sarko !

M. François Fillon, Premier ministre. Nous serons attentifs aux engagements que prendra le Président Obama sur ce sujet. Ils conditionneront le mouvement de la France, qui ne sera pas décidé en un jour ; ce sera un mouvement proportionnel qui tiendra compte des décisions prises par nos alliés.

Oui, monsieur Fabius, le général de Gaulle hissa les couleurs en 1958 ! Vous avez combattu chacune de ses initiatives, comme vous combattez aujourd’hui celles que nous prenons. C’est un fait : si la gauche avait été entendue, nous n’aurions jamais quitté le commandement intégré de l’Alliance ; si la gauche avait été entendue, nous n’aurions pas d’armes de dissuasion nucléaire (Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Maxime Gremetz. C’est faux, vous êtes un menteur, monsieur le Premier ministre !

M. François Fillon, Premier ministre. Si la gauche avait été entendue, nous n’aurions pas les institutions politiques qui donnent à la voix de la France aujourd’hui dans le monde la force qui est la sienne ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

Le Gouvernement ne craint pas que le Parlement évalue chaque année, comme c’est d’ailleurs son devoir, les conséquences de la décision que nous allons prendre. En attendant, monsieur Fabius, la France continuera à hisser les couleurs sur tous les continents pour défendre notre message universel de liberté, d’égalité et de fraternité. (Applaudissements prolongés sur les bancs des groupes UMP et NC dont de nombreux membres se lèvent.)

M. Roland Muzeau. Vous n’avez pas répondu à tous les groupes, monsieur le Premier ministre !

Explications de vote
M. le président. Dans les explications de vote, la parole est à M. Pierre Lellouche.

M. Pierre Lellouche. Il n’est pas très facile, monsieur le Premier Ministre, de m’exprimer après vous, tant votre fougue et la force de vos arguments ont naturellement déjà convaincu l’ensemble du groupe que j’ai l’honneur de représenter aujourd’hui.

M. Jean-Paul Bacquet. C’est sûr !

M. Pierre Lellouche. À l’issue de ce bon et grand débat – dans les commissions depuis plusieurs semaines, et au sein du groupe UMP, grâce à notre président Jean-François Copé – je crois que nous avons tous maintenant compris les enjeux de cette affaire.

Je n’ai qu’un seul regret : certains orateurs – dans la tradition du débat sur l’OTAN, depuis ses débuts – ont choisi de s’inscrire dans la gestuelle, le symbolisme, voire dans l’invective et le procès d’intentions, plutôt que dans la raison et dans les faits. (Protestations sur les bancs des groupes SRC et GDR. – Applaudissements sur divers bancs du groupe UMP.)

S’il est ainsi légitime, comme l’a fait tout à l’heure François Baroin, avec beaucoup d’honnêteté,…

M. Roland Muzeau. Il est bien le seul !

M. Pierre Lellouche. …de se poser la question de savoir si l’on a effectivement plus de chances de faire avancer l’Europe de la défense à l’intérieur de l’Alliance plutôt qu’à l’extérieur, cette interrogation pose problème lorsqu’elle vient de M. Fabius.

L’auteur du plan B, celui qui a fossoyé le référendum en France, celui qui a fait du mal à la France en Europe, est bien mal placé pour nous parler ici de défense européenne ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP. — Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

Mme Jacqueline Fraysse. Il y a eu un référendum !

M. Maxime Gremetz. Que faites-vous de tous les Français qui ont voté contre ?

M. Pierre Lellouche. De même, monsieur Fabius, au lendemain de la guerre froide, il était possible de s’interroger sur la politique de défense et sur l’avenir de l’Alliance atlantique. Mais il y a eu un seul homme politique pour tenter d’engranger les dividendes de la paix, c’est-à-dire pour tenter de faire du désarmement unilatéral : c’est vous, monsieur Fabius ! Vous avez eu faux sur tout. Pourquoi, aujourd’hui, venez-vous nous donner des leçons en vous plaçant sous le drapeau du général de Gaulle alors que comme vient de le rappeler M. le Premier Ministre, vous n’avez cessé de le combattre ?

Mme Catherine Vautrin. Eh oui, monsieur Fabius !

M. Pierre Lellouche. Je vous renvoie à la lecture, que j’ai faite, des débats d’avril 1966, mais je n’aurai pas la cruauté de rappeler les énormités qu’ont dites les grands chefs socialistes de l’époque.

S’agissant de l’UMP, j’ai l’honneur de vous dire que oui, quatre fois oui, nous soutiendrons le Gouvernement.

Oui, d’abord, au nom du bon sens et de l’intérêt national.

Voilà quarante ans que, au-delà de la gestuelle et des discours politiques, la France s’est rapprochée de l’OTAN, tous gouvernements confondus. Nous sommes aujourd’hui parmi les tout premiers contributeurs de l’Alliance ; nous nous sommes battus en Bosnie, nous nous sommes battus au Kosovo ; nous sommes aujourd’hui, sous mandat de l’ONU et de l’OTAN, en Afghanistan.

Combien de temps allons-nous continuer à être contributeurs sans être codécisionnaires ? Reprendre pleinement notre place et peser sur les décisions qui engagent la vie de nos soldats et la stratégie de la France est donc une affaire de bon sens et d’intérêt national.

Oui, ensuite, pour l’Europe.

Il s’agit en effet de faire, pour l’intérieur de l’Alliance, ce qu’il a toujours été impossible à la diplomatie française de faire de l’extérieur tout simplement parce que, comme l’a rappelé le Premier Ministre, chaque fois que nous avons essayé de mettre nos partenaires européens devant le choix entre l’union de l’Europe de la défense et l’Alliance atlantique, ils ont refusé de choisir. Mes chers collègues, c’est en prenant pleinement notre place dans l’Alliance que nous construirons l’Europe de la défense.

J’ajoute, car c’est important, que si cette Europe ne progresse pas, c’est d’abord pour des raisons budgétaires. Aujourd’hui, les 500 millions d’Européens des vingt-sept nations de l’Union dépensent 40 % du budget de défense américain, et ne disposent que de 10 % des forces américaines. La vraie question est là.

Quant aux compensations industrielles, monsieur Fabius, regardez donc non pas l’OTAN mais l’article 296 du Traité européen : le domaine de l’armement n’est pas compris dans le marché unique. Le jour où nous ferons le marché unique pour l’armement, nous lutterons à armes égales avec les États-Unis !

M. Jean-Jacques Candelier. Les marchands de canons seront demain des marchands de béton !

M. Pierre Lellouche. Le troisième oui est celui de la démocratie.

Assez d’hypocrisie ! Depuis quarante-trois ans, la France – tous gouvernements confondus – s’est rapprochée de l’Alliance sans le dire aux Français. Voici enfin un Président de la République et un Premier Ministre qui traitent les Français en adultes : au nom de la démocratie, permettez-moi de m’en réjouir ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. Merci de conclure.

M. Pierre Lellouche. Oui, enfin, car ce retour plein et entier de la France dans l’OTAN se fait par la grande porte.

Nous obtiendrons une forte européanisation de l’Alliance à travers le commandement suprême de Norfolk et le commandement régional de Lisbonne. (Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

Alors, oui, pour toutes ces raisons, monsieur le Premier Ministre, c’est avec beaucoup de plaisir et de fierté que l’ensemble du groupe UMP vous accorde sa confiance. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Bianco.

M. Jean-Louis Bianco. Monsieur le Premier ministre, vous annoncez, avec le Président de la République, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Au terme de ce débat, je ne vois pas clairement ce que nous allons gagner ; je vois en revanche ce que nous allons perdre.

Contrairement à ce que vous affirmez, la France n’y gagnera pas de codiriger l’Alliance ou, selon l’étonnante formule du ministre de la défense, d’en être à la fois la tête et les jambes. Cette intégration se fera en effet sans préalable et sans négociation ni sur les objectifs, ni sur les méthodes de l’Alliance, ni sur la place de la France. Cela a été dit : c’est le contraire de la démarche suivie par le général de Gaulle.

Il est vrai qu’à cette époque, cette position n’avait pas fait l’unanimité ; mais regardez la réalité : aujourd’hui – cela a été dit et répété, y compris par vos propres amis – c’est un élément du consensus sur notre politique étrangère et de sécurité. On nous dit ici ou là – vous ne l’avez pas déclaré aussi nettement, monsieur le Premier Ministre – que François Mitterrand voulait rentrer dans l’OTAN. La vérité est qu’il n’acceptait pas les extensions permanentes de sujets, de zones et d’interventions de l’OTAN, et qu’il a fait le contraire de ce que vous faites : il a voulu négocier pour changer l’OTAN ; mais comme l’OTAN n’a pas changé, la France n’est pas rentrée dans l’Alliance ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Vous nous expliquez que nous pèserons plus lourd dans les décisions de l’OTAN. Or, en 1999, au Kosovo, nous n’étions pas membres du commandement intégré de l’OTAN ; pourtant la France, grâce à sa volonté politique, a pu peser pour accepter ou refuser les missions proposées à nos forces aériennes : nous avons notamment pu refuser un certain nombre de frappes qui auraient pu être dangereuses pour les populations civiles. Pour cela, nous n’avons pas eu besoin d’appartenir au commandement intégré de l’OTAN.

Vous nous dites, ainsi que les orateurs qui vous soutiennent, que cette décision va renforcer la défense européenne. Où avez-vous vu une chose pareille ? Je ne trouve aucune trace d’aucune déclaration de personne en Europe nous disant que le retour de la France permettra que, dès demain, nous nous mettions au travail sur la défense européenne ! Certains, c’est vrai, ont salué cette décision, mais la vérité, c’est que l’Europe de la défense est en panne, je crois que nous sommes tous d’accord sur ce point. Et la France n’en porte pas la seule, ni même la principale responsabilité.

Enfin, pendant la présidence française de l’Union européenne, quelles avancées significatives avons-nous faites sur l’Europe de la défense ? Où en sommes-nous sur l’Agence européenne, sur la création d’une force d’intervention rapide de 50 000 hommes, sur la constitution d’un état-major européen ? (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC.)

M. Yves Fromion. Justement !

M. Jean-Paul Anciaux. Quelle mauvaise foi !

M. Jean-Louis Bianco. Monsieur le Premier Ministre, vous ou votre ministre de la défense l’avez dit : ce sont au total 900 officiers, sous-officiers et hommes du rang qui iront dans les états-majors de l’OTAN. Ceux-là ne seront pas disponibles pour constituer le noyau d’une future force européenne.

À vrai dire, l’Europe de la défense n’a avancé significativement que pendant trois ans, de 1999 à 2002, en particulier lors du sommet de Saint-Malo entre la France et l’Angleterre. Pourtant, nous n’étions pas membre du commandement intégré de l’OTAN.

Vous nous dites que l’Europe de la défense va être plus facile parce que les préjugés qu’auraient contre nous un certain nombre de pays européens vont disparaître. Je ne le crois pas. Au contraire, si la France rentre dans le rang, je pense que ce sera une raison supplémentaire pour ces pays de ne pas bouger. L’histoire nous départagera, monsieur le Premier ministre.

M. François Fillon, Premier ministre. Oui !

M. Jean-Louis Bianco. Sur aucun plan, je le répète, je ne vois de gain pour nous. En revanche, je vois bien ce que nous avons à perdre.

Quelle urgence y avait-il – cela a été dit, y compris dans votre propre majorité – à ouvrir ce débat en pleine crise financière, économique et sociale, qui préoccupe tant les Français ?

M. Pierre Gosnat. Justement pour ne pas en parler !

M. Jean-Louis Bianco. Monsieur le Premier ministre, le consensus national, même daté et reposant sur des évolutions diverses, est capital. La force de la France, dans les politiques étrangère et de défense, c’est d’avoir un certain nombre d’axes de consensus. Or, aujourd’hui, ce consensus, vous le brisez, y compris dans votre majorité. C’est pour cela que vous n’avez pas voulu de vote au Sénat, parce que vous saviez que vous n’auriez pas la majorité au sein de la Haute assemblée. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) C’est pour cela que vous avez choisi une procédure qui contraint vos députés, certains l’ont dit, à voter oui parce qu’ils veulent vous soutenir.

Monsieur le Premier ministre, vous avez parlé de vérité. Permettez-moi de vous en rappeler une : avant le 1er mars, l’article 50-1 de la Constitution n’était pas applicable ; on ne pouvait pas obtenir un débat par référence à cet article. Dès qu’il a été applicable, nous en avons la preuve, le président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, a demandé à la conférence des présidents l’application de cet article 50-1. Cela lui a été refusé. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Jean-Marc Ayrault. C’est vrai.

M. François Fillon, Premier ministre. Non !

M. le président. Il va falloir conclure, monsieur Bianco.

M. Jean-Louis Bianco. Monsieur le Premier ministre, ce que vous allez décider aujourd’hui n’est pas un détail, un simple ajustement ; c’est une décision très grave. L’histoire jugera. Je crains qu’elle ne vous juge très sévèrement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. François Asensi.

M. François Asensi. Monsieur le Premier ministre, permettez-moi d’abord de formuler une remarque : vous avez répondu à l’excellent Laurent Fabius mais vous n’avez pas daigné répondre aux autres orateurs, notamment des autres sensibilités, faisant ainsi montre de peu de respect pour le Parlement.

M. Roland Muzeau. Absolument !

M. François Asensi. Par ailleurs, je tiens à préciser que, en 1966, nous avons soutenu, au moins dans les rangs communistes, à la fois le discours de Phnom Penh du général de Gaulle et le retrait de la France du gouvernement intégré de l’OTAN. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

La participation de notre pays au commandement intégré de l’OTAN marque un tournant aussi radical que dangereux dans la politique extérieure de la France. En aucun cas, ce revirement atlantiste ne permettra de relancer une politique européenne de défense autonome, pas plus qu’il ne renforcera l’influence de la France au sein de l’OTAN ou son indépendance sur la scène internationale. Le retour dans le commandement intégré de l’OTAN est en réalité un blanc-seing accordé aux États-Unis, les contreparties évoquées avec force par le chef de l’État ayant fait long feu.

Faut-il rappeler, monsieur le Premier ministre, que l’OTAN a trouvé sa justification dans un contexte d’affrontement de bloc à bloc qui n’est heureusement plus d’actualité ? Comment pourrions-nous soutenir le maintien de cette organisation anachronique et apporter notre caution à une géopolitique fondée sur l’épreuve de force et le conflit ? On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre, comme l’affirmait Jaurès.

La doctrine de l’OTAN, sans aucune légitimité depuis la destruction du mur de Berlin, tente de se réinventer, mais ne nous méprenons pas : les nouvelles orientations de l’OTAN visant à prévenir les conflits et à lutter contre le terrorisme ont toujours pour objectif la mainmise des États-Unis sur les ressources stratégiques de la planète ; c’est une politique de type impérialiste qui se pérennise.

Réfugiés climatiques, immigration massive, voilà les nouvelles menaces imaginées par les stratèges de l’OTAN. Cela signifie-t-il que les populations pauvres sont devenues les ennemis du monde développé ?

Le Président de la République évoque à l’envi une famille occidentale qui doit convaincre les autres pays d’adopter ses valeurs. Je vous le demande : le retour dans l’OTAN marque-t-il de nouvelles croisades manichéennes et bellicistes de nature à nourrir le choc des civilisations ?

Quant à la cogestion de l’OTAN, soyons clair : l’administration états-unienne continuera à défendre ses intérêts de superpuissance. Pour cette raison, le Président Chirac avait justement abandonné le projet de réintégrer l’OTAN.

Peut-on engager l’indépendance et la sécurité de la France sur des bases d’un pari perdu d’avance ? L’opposition unanime des anciens dirigeants de notre pays, au-delà des divergences partisanes, est une réponse forte à l’atlantisme unilatéral du chef de l’État.

En revanche, le rôle accru de la France dans l’OTAN impliquera inévitablement des responsabilités alourdies. Monsieur le Premier ministre, comment la France pourra-t-elle refuser au président Obama les troupes supplémentaires qu’il réclame en Afghanistan ? Pourtant, cette guerre, aux buts inavouables, fédère aujourd’hui les courants les plus larges de la société afghane dans un mouvement de libération nationale. C’est désormais d’une guerre coloniale qu’il s’agit. Va-t-on engager nos troupes dans un nouveau Vietnam ?

La gravité des enjeux interpelle les consciences. Chers collègues, le consensus national forgé au cœur de la crise irakienne préservant l’indépendance de la France et son message de paix dans le concert des nations ne doit pas être brisé.

Selon le Président de la République, la défense européenne aurait piétiné en raison des ambitions françaises. La solution choisie est donc d’enterrer toute ambition d’une politique européenne autonome de sécurité. En 2007, le Président de la République a évoqué devant le Congrès américain une Europe de la défense crédible et forte au sein d’une alliance rénovée. Voilà une bien curieuse conception de l’Europe, vassale des États-Unis, une conception inscrite au cœur même du traité de Lisbonne que nous avons dénoncé vigoureusement.

Le Président de la République avait promis aux Français un débat dans un esprit de franchise et de droiture. Que reste-t-il de ce débat, dont l’issue est déjà tranchée ? Votre Gouvernement opère un véritable déni démocratique par crainte de la souveraineté populaire. Nous réclamions et continuons à réclamer avec force que, sur une décision qui engage la sécurité de notre pays et l’équilibre du monde, les Français soient consultés par voie référendaire. Le ministre de la défense a écarté l’idée de cette consultation au motif que le peuple ne répondrait pas à la question. Cependant c’est vous, monsieur le Premier ministre, qui avez décidé d’engager aujourd’hui la responsabilité de votre Gouvernement pour éviter un vote sur la réintégration et pour faire taire les oppositions, y compris celles de votre majorité.

M. Jean-Claude Sandrier. Très bien !

M. François Asensi. Monsieur le Premier ministre, nous assistons sous nos yeux à l’émergence d’un monde nouveau, déstabilisé par la crise mondiale du capitalisme. Votre déclaration, loin de promouvoir ce monde multipolaire qui s’impose pour assurer le dialogue entre les nations, soumet la France et l’Europe à l’hégémonie américaine.

Le groupe GDR et ses composantes, communiste, républicaine, verte, ultra-marine et le Parti de gauche, sanctionneront donc votre gouvernement par un vote négatif. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. François Rochebloine.

M. François Rochebloine. Monsieur le Premier ministre, mes premiers mots seront pour vous remercier d'avoir provoqué, sur la question, ô combien importante, du retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, ce vote de confiance. (Murmures sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Les députés du groupe Nouveau Centre vous l’accorderont avec enthousiasme. En cela, ils se veulent pleinement fidèles à leur engagement européen.

M. Jean Dionis du Séjour. Eh oui ! Cela fait soixante ans que nous disons la même chose !

M. François Rochebloine. Quand, en 1966, le général de Gaulle a quitté le commandement militaire intégré, il n'a pas pour autant quitté l'OTAN. Dans un monde marqué par la division entre les blocs, il a voulu, à l’époque, préserver la capacité de la France à défendre une ligne politique autonome. Il a voulu marquer sa volonté d'entretenir le dialogue avec les pays d'Europe de l'Est, soumis à l'influence soviétique, sans être pour autant retenu par les liens d'un dispositif militaire.

Aujourd'hui, les circonstances ont complètement changé. Le bloc soviétique n'est plus. Les pays européens qui en faisaient partie se sont tous portés candidats à l'Union européenne et, dans le même mouvement, ils ont souhaité leur adhésion à l'OTAN.

Ce lien quasi-organique a pu surprendre certains d'entre nous, mais c'est un fait, un fait qui s'impose d'autant plus que nous avons fait de l'entrée de ces pays dans l'Union européenne un objectif politique prioritaire. Nous avons décidé de ne pas tenir compte des handicaps et des différences de structures qui pouvaient plaider contre telle ou telle candidature et nous avons bien fait. Ces pays sont membres de l'Union européenne.

Ces pays, que nous avons bien fait d'accueillir, ont exprimé une attente que les Européens convaincus que nous sommes ne peuvent ignorer. L'Europe de la défense, que nous souhaitons dans le cadre de l'Union européenne, ne se construira ni contre ni sans l'OTAN.

En rejoignant la structure militaire d'une organisation dont elle n'a jamais cessé d'être membre, la France répond au vœu de ces pays. Elle sera d'autant plus forte à promouvoir auprès d'eux, et de ses autres partenaires, l'idée d'une politique de défense concertée dans l'espace européen.

Nous sommes nombreux à souhaiter, dans cette assemblée, un rééquilibrage entre l'Europe et les États-Unis, notamment pour la prise des décisions stratégiques. Nous appuyons ainsi une préoccupation légitime du Président de la République. En rejoignant le commandement militaire intégré, nous supprimons un obstacle à la prise en compte de cet objectif, sans porter atteinte au cœur de notre souveraineté. Faut-il rappeler, à cet égard, que chaque pays membre reste libre de participer ou de ne pas participer à une opération militaire ?

M. Maxime Gremetz. Arrêtez !

M. François Rochebloine. Que le retour dans le commandement militaire intégré n'affecte pas l'emploi de la dissuasion nucléaire ?

Faisant confiance au Président de la République et à votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, pour donner corps à notre préoccupation européenne, le groupe Nouveau Centre répondra positivement et avec enthousiasme à l'appel à la confiance que vous lui adressez. (Applaudissements sur les bancs du groupe NC et sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. le président. Mes chers collègues, le Premier ministre ayant engagé la responsabilité du Gouvernement, je vais donc mettre aux voix l’approbation de sa déclaration sur la politique étrangère.

Le vote se déroulera dans les salles voisines de l’hémicycle.

Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Il est ouvert pour une durée de quarante-cinq minutes. Il sera donc clos à vingt et une heure.

Je vais maintenant suspendre la séance. Elle sera reprise, pour la proclamation des résultats, vers vingt et une heures.

Suspension et reprise de la séance

M. le président. La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à vingt heures dix, est reprise à vingt et une heures, sous la présidence de M. Bernard Accoyer.)

Présidence de M. Bernard Accoyer
M. le président. La séance est reprise.

Voici le résultat du scrutin :

Nombre de votants 567

Nombre de suffrages exprimés 567

Majorité absolue 284

Pour l’approbation 329

Contre 238

L'Assemblée nationale a approuvé la déclaration du Gouvernement sur la politique étrangère. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)



(fin)

Séance (1).

ance (2).

Séance (3).

ance (4).



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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 20:25

(verbatim)


(suite)


M. le président. La parole est à M. François Baroin.

M. Pierre Gosnat. Il y a un héritage à défendre !

M. François Baroin. Monsieur le président, monsieur le ministre des affaires étrangères, monsieur le ministre de la défense, mes chers collègues, permettez-moi tout d’abord de remercier Jean-François Copé, et l’équipe qui l’entoure au sein du groupe, de favoriser l’expression publique de différentes sensibilités sur un débat qui n’est ni neutre ni médiocre.

M. Roland Muzeau. Vous n’avez pas le droit !

M. François Baroin. C’est l’honneur du groupe UMP que de permettre à chacun de prendre position et d’exprimer non sa part de vérité, mais sa conviction, son intuition, sa sensibilité et une certaine vision de l’avenir.

Car, sur ce débat d’une grande importance, qui concerne en particulier la place de la France au sein de l’OTAN, et sur lequel vous, monsieur le Premier ministre, avec les membres de votre gouvernement ici présents, engagez votre responsabilité, il n’y a pas une seule ligne, une seule pensée, une seule vision, une seule vérité. Il y a un débat : un débat sur l’objectif – il faut le dire –, un débat sur le calendrier – qui peut le taire ? –, un débat sur la méthode – comment l’ignorer ?

Sur la méthode, tout d’abord, je ne fais pas partie de ceux qui pensent que l’initiative présidentielle est solitaire. Le chef de l’État est aussi le chef des armées. Les prérogatives que lui confère la loi fondamentale incluent le pouvoir d’imprimer des impulsions en la matière.

M. Roland Muzeau. C’est bien le problème !

M. François Baroin. La question de confiance que vous posez est en revanche un peu plus éloignée de l’esprit de nos institutions, et un peu plus surprenante ; mais elle est conforme à la volonté des parlementaires d’être désormais plus associés à toutes les grandes décisions qui engagent l’avenir de notre nation.

On peut s’interroger plus sérieusement sur le calendrier. Quelle urgence y avait-il, en pleine crise financière, économique et sociale, alors que tout le monde s’interroge non sur l’avenir, mais sur le lendemain, à provoquer un tel débat,…

M. Henri Emmanuelli. Aucune !

M. François Baroin. …en prenant le risque de briser un consensus de plusieurs décennies – et ils ne sont pas si nombreux –entre la droite et la gauche ?

M. Maxime Gremetz. C’est clair !

M. Jean-Paul Bacquet. Bravo !

M. François Baroin. Sur l’objectif, enfin – et c’est de loin le plus important –, vous avez développé l’argumentation en faveur de la réintégration pleine et entière de la France dans le dispositif de l’Alliance.

Les partisans de cette décision se font l’écho d’arguments désormais bien connus : notre pays a déjà fait 90 % du chemin qui mène à la réintégration ; nous participons à la force de réaction rapide de l’Alliance ; nous siégeons à nouveau dans toutes les instances de l’OTAN, à l’exception de deux comités ; nous sommes devenus l’un des premiers contributeurs de cette même organisation ; nous avons déjà placé plusieurs dizaines d’officiers dans la structure intégrée ; et nous avons participé, sous le commandement de l’OTAN, à plusieurs opérations sur le terrain.

On nous dit aussi, à juste titre, que l’unanimité de la décision est le meilleur garant des intérêts particuliers, que nous pourrons toujours dire non, et que cela ne changera donc pas grand-chose, si ce n’est que nous pourrons modifier de l’intérieur le fonctionnement de l’organisation.

Cette démonstration n’est pas dépourvue de force ; c’est incontestable. Mais elle peut aussi se retourner facilement. Puisque nous sommes déjà si forts, si actifs, si présents, puisque nous disposons d’un tel pouvoir de décision, quel avantage tirerons-nous de cette perte d’originalité et de singularité ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Puisque nous pesons déjà si lourd et que toutes les décisions se prennent à l’unanimité, de quelle influence supplémentaire allons-nous disposer ?

M. Jean-Pierre Grand et plusieurs députés du groupe SRC. Aucune !

M. François Baroin. Une fois à l’intérieur de l’Alliance, pourrons-nous effectivement relancer avec nos amis européens la politique européenne de sécurité et de défense ? C’est évidemment l’une des questions essentielles de ce débat.

Si les avancées et l’évolution de l’Europe de la défense sont aussi timides, cela est dû à une raison profonde, structurelle, intime même : beaucoup de nos voisins n'en veulent pas. La protection militaire américaine, dans le cadre de l’OTAN, suffit largement à bon nombre d'entre eux.

Il suffit de mesurer l’effort de défense des pays européens – dans une certaine mesure, on peut sans doute faire une exception pour la Grande-Bretagne – pour se convaincre que, pour beaucoup d’entre eux, le pilier européen de la défense se résume à l'OTAN. Là se situe bien l’une des pierres d'achoppement qui a bloqué les tentatives françaises précédentes de rapprochement avec l'OTAN. L'Europe de la défense était une condition préalable à une possible évolution, au même titre que l’attribution à la France de commandements régionaux essentiels ou majeurs.

La relation singulière et particulière que nous entretenons avec les États-Unis constitue évidemment l’autre élément de blocage. Quelle que soit la sympathie naturelle que l'on peut éprouver à l'égard de Barack Obama et de la nouvelle administration américaine, chacun le sait, l'Amérique restera toujours l'Amérique. Le point important à conserver à l'esprit est que le syndrome unilatéraliste fait partie de la culture politique américaine. Il est le pendant du credo isolationniste de Georges Washington, le refus des alliances permanentes d'un côté, des interventions unilatérales de l'autre, lorsque les intérêts américains les commandent.

M. Pierre Lellouche. Merci de me citer !

M. François Baroin. Effectivement, monsieur Lellouche, on trouve les meilleures sources auprès des bons auteurs. J’allais vous rendre justice, d’autant que vous n’êtes pas suspect d'anti-américanisme primaire !

M. Maxime Gremetz. Ah non !

M. François Baroin. Il y a une grande part d'utopie dans le fait d'imaginer qu'en réintégrant le commandement militaire de l'OTAN, on pourra modifier en profondeur plus qu'un état d'esprit, plus qu'un mode de fonctionnement, en fait, une véritable culture qui vient de loin et qui ne s'arrêtera pas demain. Je pourrais naturellement développer bien d'autres arguments, mais le temps est compté et les dés ont déjà roulé.

Vous me direz que l’utopie d’aujourd’hui peut être la réalité de demain. On a envie d’y croire, un peu comme un pari de Pascal.

Monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre des affaires étrangères, c'est bien sur des fondements d'actualités, et non sur l'attachement à une décision prise il y a plus de quarante ans, que s'organise ce débat. C'est bien à la lumière de l'évolution dangereuse, chaotique et incertaine du monde dans lequel nous vivons et de notre organisation mondiale que l'on mesure le mieux la singularité et la puissance du « non » exprimé par le président Jacques Chirac lors de la gestion de la question irakienne. C’est ainsi que les positions des uns et des autres peuvent se comprendre.

Quatre de vos prédécesseurs, monsieur le Premier ministre, ont exprimé des réserves et des oppositions. Je suis convaincu de la sincérité de leur démarche. Sur des sujets comme ceux-là, l'expérience, la conviction et l'intuition l'emportent très largement sur les postures : cela doit nous interpeller. Hubert Védrine, ancien ministre socialiste des affaires étrangères, dont la parole est écoutée, s'interroge aussi. Il s’est exprimé publiquement en défaveur de cette évolution. Tout cela compte et permet d'éclairer notre débat.

M. le président. Monsieur Baroin, merci de bien vouloir conclure !

M. François Baroin. Monsieur le Premier ministre, vous posez la question de confiance, mais vous la posez plus largement. Cette extension m'amène naturellement à vous réaffirmer mon soutien et ma confiance. Toutefois, chacun le sait, la confiance n'exclut pas le contrôle et il faudra des clauses de rendez-vous devant la représentation nationale pour faire un point précis sur l’évolution de cette décision majeure.

Et puis la confiance, même ressourcée, n'efface pas les regrets, et vous l'avez compris, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre – je le dis avec toute l’estime et l’amitié que j’ai pour François Fillon, et le respect que je porte à son sens de l’État – : je regrette cette décision. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR et sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. Jean-Pierre Grand. Bravo !

M. le président. La parole est à Mme Patricia Adam.

Mme Patricia Adam. Face au discours officiel qui tente de justifier la réintégration de la France dans l'OTAN, je veux essayer, dans le temps qui m’est imparti, de donner à nos concitoyens un éclairage différent.

Que s'est-il passé depuis l’élection présidentielle de 2007 ? Que pourrions-nous retenir de cette « chronique d'une réintégration annoncée » ? Celle-ci a été voulue unilatéralement par le Président de la République sans que jamais cette intention ne soit annoncée lorsqu’il était candidat. Placée sous le signe de la rénovation du lien transatlantique, la décision de réintégrer l’OTAN ne date pas des dernières élections américaines. Elle a été prise très tôt, en septembre 2007. George Bush était alors aux commandes, et nous nous situions donc au pire moment d'une administration américaine qui menait une politique internationale contestable et contestée aujourd’hui par le président Obama. Son prédécesseur avait choisi de mentir devant les instances de l'ONU pour justifier la guerre en Irak, ce qui a conduit une grande démocratie à se perdre dans le scandale de Guantanamo.

D’ailleurs, en 2008, la commission du Livre blanc n'a pas eu d'autre choix que de légitimer une décision prise par avance par l'Élysée, selon un agenda déjà programmé pour nous mener au débat qui nous réunit cet après-midi. Or cette décision posait de nombreux problèmes et ne faisait pas l'unanimité au sein de cette commission. Ce facteur, parmi d’autres, a motivé mon départ et celui du sénateur Didier Boulaud.

D’entrée, le Président de la République avait pourtant conditionné cette réintégration à des progrès significatifs dans le domaine de l'Europe de la défense lors de la présidence française de l'Union européenne. Or, si il y a eu quelques avancées, les résultats restent bien loin des annonces tonitruantes du discours présidentiel. Lors de son allocution du 11 mars, le Président de la République ne s’est d'ailleurs que très peu attardé sur ce bilan. Ces vœux ont-ils été oubliés ou sont-ils abandonnés ?

Le Président de la République fait aujourd'hui un pari risqué en liant à une nouvelle dynamique de l'Europe de la défense notre réintégration dans une organisation qui ne connaît plus ses missions.

À ce propos, je tiens à souligner que les socialistes sont particulièrement favorables à une Europe de la défense, autant qu'ils sont favorables à une coopération au sein d'une alliance atlantique aux conditions de fonctionnement revisitées et équilibrées entre l’Europe et les États-Unis.

Par ailleurs, il est aujourd'hui certain que la crise nous obligera, comme nos partenaires, à réviser à la baisse nos ambitions en matière de défense – ce que nous avons démontré dans un rapport récent sur l’exécution de la loi de programmation militaire. De plus, à ce jour, aucun débat n'a été ouvert avec le Président Obama sur les missions de l'OTAN, même si la réorientation de la politique des États-Unis ne peut que susciter une écoute attentive de notre part. Un tel débat aurait pourtant été nécessaire pour permettre à la France de prendre position en toute connaissance de cause sur l’évolution de l'Alliance.

Le consensus prévalait jusqu’alors sur la politique de défense et sur la position particulière de la France vis-à-vis de l'OTAN. Celui-ci constituait l’un des piliers de notre démocratie, il a d'ores et déjà volé en éclat. En France des voix se sont exprimées, de droite comme de gauche, et non des moindres, comme celles des anciens Premiers ministres, Alain Juppé, Dominique de Villepin, Lionel Jospin et Laurent Fabius. Je citerai M. Juppé, selon lequel « Un débat de fond est nécessaire sur un choix qui engage l'avenir du pays. » Il s’est aussi interrogé sur les bénéfices à retirer de ce changement de cap ; nous ne pensons pas autre chose. M. Jospin rappelle pour sa part que, sous son gouvernement, la France demeurée hors du commandement intégré a su relancer la défense européenne, a pu empêcher certaines frappes de l'OTAN trop lourdes pour les populations civiles au Kosovo, et se démarquer de l'Irak. Demain, nous doutons que cette marge de manœuvre perdure.

Face à ces difficultés, le Président et le Gouvernement ont tenté de banaliser un choix qui posait des questions fondamentales, en le ramenant – voire en le rabaissant – au niveau d’une simple décision d'ordre technique. Aujourd'hui, il s'agirait, pour reprendre une expression du Président, d'une « simple pierre » dans un processus plus vaste, tellement vaste que les contours en restent particulièrement flous.

Nous en sommes arrivés au point où un double discours est tenu qui consiste à présenter la réintégration aux Français comme la conclusion presque banale d'un processus continu et, dans le même temps, à annoncer que la même réintégration marque un moment historique plein de promesses sur le plan international et européen. Mais qui peut comprendre cela ?

D’ailleurs, vous n’avez pas cherché à reconstruire un consensus, ni devant la représentation nationale, avec un débat digne de ce nom, ni devant les Français. En effet, ce qui compte pour le Président de la République, c’est d’entériner une décision déjà arrêtée et de respecter son propre agenda.

Monsieur le Premier ministre, aujourd'hui, faute d'avoir pu convaincre, votre gouvernement est contraint d'utiliser l'arme procédurale, dont chacun sait ici qu'elle n'est pas tant dirigée contre l'opposition que contre les voix discordantes de la majorité. Évidemment, vous refusez qu’un vote ait lieu au Sénat, car cela serait visiblement trop dangereux pour votre gouvernement.

De ce point de vue, le choix de la réintégration est déjà marqué par l'échec. Mais il s’agit aussi de l’échec de la construction de la défense européenne tant voulue par nous tous : elle reçoit ainsi un signal d’arrêt.

Monsieur le Premier ministre, j’espère que vous accéderez à la demande de Laurent Fabius – partagée par l’orateur qui m’a précédée – qui souhaitait que chaque année soit présenté au Parlement un rapport circonstancié sur l’application de cette décision et les conséquences qu’elle aura, tant sur notre politique européenne de défense que sur l’engagement de nos forces. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.

M. Jean-Paul Lecoq. En pleine crise économique et sociale, le chef de l'État cède à l'un de ses fantasmes politiques : la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.

Ce passage à l'acte a lieu dans des conditions pour le moins contestables sur le plan démocratique. Cette décision qui engage l'avenir de notre pays est prise loin du peuple, à l'abri de la sanction populaire. L'hypothèse d'un référendum fut balayée par l'exécutif d'un revers de mains méprisant. La Ve République est décidément le régime où le fait du prince prime sur la volonté du peuple, comme si ce dernier était incapable de se prononcer directement sur le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.

Même l'expression de la représentation nationale se trouve corsetée. Le Gouvernement a en effet décidé de verrouiller le débat parlementaire en ayant recours à l'article 49, alinéa 1, de la Constitution. La méthode est déplorable : il s'agit d'un débat-caution, organisé pour mieux ignorer les critiques et l'opposition forte qui s'expriment, y compris dans les rangs de la majorité.

Monsieur le Premier ministre, la preuve est faite que non seulement vous avez peur du peuple, mais que vous avez aussi peur de votre propre majorité.

Le moment est historique et grave. Il s'agit d'un retour en arrière, d'un reniement du temps où la France, par la voix du général de Gaulle, en 1966, avait clairement affiché sa volonté d'indépendance à l'égard des États-Unis.

M. Jean-Luc Reitzer. Les communistes avaient soutenu de Gaulle !

M. Jean-Paul Lecoq. Merci de le rappeler : effectivement, cette décision avait été soutenue, à l'époque, par les communistes. Et aujourd'hui, nous continuons à soutenir la particularité de la France sur la scène internationale.

Le moment est grave car, contrairement à ce que vous clamez, la réintégration dans le commandement intégré de l'OTAN ne constitue en aucun cas une simple formalité ou une décision technique.

Il s'agit d'une décision politique dont la charge symbolique est extrêmement forte. Il s'agit d'une rupture fondamentale dans la politique de la France, puisqu'elle signe la fin de plus de quatre décennies d'une « exception française » au sein de l'Alliance atlantique.

Cette rupture est à la fois injustifiée et dangereuse. Elle est injustifiée, tout d'abord, car les arguments avancés par l'exécutif ne convainquent pas. La prétendue influence que la France y gagnerait pour « européaniser » l'Alliance est un argument fallacieux. En fait, vous le savez, la capacité militaire de chacun des États détermine son poids au sein de l'Alliance. Son statut par rapport au commandement militaire intégré ne rentre guère en ligne de compte.

Ensuite, les deux futurs postes de commandements – l'un basé à Norfolk en Virginie, et l'autre à Lisbonne – attribués par les États-Unis à des généraux français en contrepartie de ce retour ne permettront pas non plus à la France d'accroître son influence. Il s'agit de deux postes de moyenne importance qui ne seront pas suffisants pour compenser la suprématie des Américains dans la chaîne opérationnelle de l'OTAN.

M. Pierre Gosnat. Des postes d’opérette !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Vous vouliez donc des postes plus importants !

M. Jean-Paul Lecoq. Il en sera ainsi tant que le processus décisionnel de l'Alliance n'aura pas été modifié en profondeur.

Or, jusqu’à aujourd'hui, le nouveau président américain n'a donné aucun signe concret d'une volonté inédite de partager les responsabilités de l'Alliance avec des partenaires dont le poids en matière de défense est loin d'être analogue à celui des États-Unis. On a donc peine à imaginer qu'en réintégrant pleinement l'Alliance, la France pourra influencer les décisions prises à Washington.

Outre cette chimère relative à la prétendue nouvelle influence que la France obtiendrait par son « retour », le second argument principal invoqué par l'exécutif consiste à lier le retour dans le commandement intégré de l'OTAN au progrès de l'Europe de la défense. Cet argument relève également du fantasme. En effet, non seulement la défense européenne est une idée « franco-française », mais la réintégration dans le commandement intégré de l'OTAN affecte toute raison d'être d'un tel projet.

Il apparaît que la perspective du retour de la France dans l’OTAN, loin de renforcer la Politique européenne de sécurité et de défense, participe, au contraire, à son affaiblissement. Ainsi, on a pu constater que la présidence française de l’Union a échoué à obtenir la création d’un état-major de commandement permanent pour la PESD. Or on sait que sans cet état-major, la défense européenne n’a pas d’autonomie et dépend de la planification et des moyens collectifs de l’OTAN pour les opérations lourdes.

Par ailleurs, le retour complet dans l’OTAN n’empêchera-t-il pas l’Union européenne de sauvegarder un pôle européen indépendant dans le domaine de l’armement ? Il semble en effet que l’indépendance technologique de l’industrie française et européenne soit remise en cause par cette décision.

La réalité est qu’il n’y a pas de volonté des États membres de l’Union européenne d’avoir une défense européenne autonome. Ils ne veulent pas « concurrencer » l’OTAN et préfèrent s’abriter sous le « parapluie » américain pour leur sécurité. Les traités européens spécifient que la politique de défense européenne doit être « compatible » avec les positions adoptées par l’OTAN. Or, selon le secrétaire général de l’OTAN, il est « important que l’OTAN et l’Union européenne collaborent. Nous ne voulons pas de concurrence ou de doubles emplois inutiles ».

Nous considérons que la place que nous désirons pour l’Europe dans le monde ne peut être assumée ni en construisant une défense européenne dépendante de l’OTAN, ni en créant un clone européen du modèle américain. Nous considérons que la décision de Nicolas Sarkozy d’intégrer le commandement et d’envoyer des renforts en Afghanistan prend le contre-pied des évolutions qu’implique l’autonomisation européenne.

Le rapprochement atlantique tétanise ou affaiblit la capacité de penser des dynamiques de sécurité autres que militaires. Nous sommes favorables à une organisation européenne de sécurité collective fondée tout à la fois sur la prévention des crises, la résolution politique et multilatérale des conflits, le respect du droit international et des résolutions de l’ONU. L’Union européenne ne doit pas devenir une puissance militariste de plus, qu’elle soit inféodée à la superpuissance américaine ou même qu’elle cherche à s’en distancier. La France et l’Union européenne doivent œuvrer à la solution politique et négociée des conflits régionaux.

Enfin, le ministre de la défense, Hervé Morin, nous a indiqué, lors de son audition devant la commission de la défense, que le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN « ne changeait rien, concrètement », car la France est déjà à 90 % dans l’Alliance, que les Français participent à toutes les opérations de l’OTAN depuis 1995, que nous commandons des opérations de l’OTAN, dont nous avons réintégré trente-huit comités sur quarante.

Aussi une question s’impose-t-elle : pourquoi revenir sur le statut de la France au sein de l’OTAN ? Votre décision n’est pas justifiée. Or, elle marque, je le répète, une rupture fondamentale dangereuse dans la politique de la France. L’annonce du retour de la France au sein de l’OTAN est l’expression de la nouvelle conception diplomatique « occidentalo-atlantiste », fondée sur l’alliance avec les États-Unis et sur la perception que les transformations du monde menacent la « famille occidentale ».

Comment définir les États et les peuples n’ayant pas le privilège de faire partie de ce cercle sélectif ? S’ils ne sont pas nos alliés, faut-il les considérer comme des ennemis potentiels, par définition ? Cette logique binaire qui marque votre conception du monde est dangereuse et n’est pas sans rappeler le penchant bushiste du Président Sarkozy, dont le maître à penser concevait le monde à travers les catégories du Bien et du Mal.

Le Président Sarkozy a clairement exposé son positionnement, dans son discours devant le corps diplomatique, le 18 janvier 2008 : « J’ai d’abord voulu situer, nettement et franchement, la France au sein de sa famille occidentale [...] En se plaçant clairement dans sa famille occidentale, la France, et c’était mon objectif, accroît sa crédibilité, sa marge d’action, sa capacité d’influence à l’intérieur comme à l’extérieur de sa famille. »

Ces propos relèvent de l’incantation, mais ni de la vérité, ni même d’un espoir. Comme le fait remarquer très justement Bertrand Badie, la décision de réintégrer le commandement de l’OTAN témoigne de la volonté du Président Sarkozy de renouer avec le courant, dominant sous la IVe République, qui rappelle que la France appartient d’abord au monde occidental et que son rôle est de contribuer à le promouvoir et à le protéger. Le chercheur précise que le thème de l’Occident a accompli son grand retour autour des années 2005-2006, avec la crise des Balkans – qui a à nouveau fait apparaître un clivage Est-Ouest en Europe –, avec l’évolution de la scène moyen-orientale – qui a contribué à faire renaître les thèmes culturalistes les plus extrémistes et a opposé jusqu’aux fantasmes Islam et Occident – et, surtout, avec la crise financière, qui conduit les États issus de cet ancien monde occidental à se sentir solidaires d’une même menace, dans la mesure où leurs économies se ressemblent, leurs inquiétudes sont les mêmes et leur interdépendance s’en est trouvée renforcée.

Ce qu’il faut bien comprendre aujourd’hui, c’est que la France ne rejoint pas l’Alliance de 1949, celle d’un monde bipolaire, qui n’a plus de justification historique. En cela, la décision présidentielle a quelque chose de profondément anachronique.

M. Henri Emmanuelli. De surréaliste !

M. Jean-Paul Lecoq. Il s’agit d’une vision tournée vers le passé, non vers un avenir pacifié.

La France rejoint une organisation qui s’élargit géographiquement, qui multiplie ses missions, sans qu’une réflexion globale ait été menée, et ce dans le but de préserver les intérêts du monde occidental.

La France rejoint non pas une alliance qui a vocation à faire face à un ennemi communément craint – que vous ne parvenez d’ailleurs pas à nommer –, mais un club dont l’ambition est de dicter les règles du monde. À ce jeu-là, la France risque de perdre sa crédibilité, son rayonnement et sa singularité politique aux yeux du monde. Par cette décision, elle affirmera sa banalisation dans le camp occidental.

Ce qui est dangereux, c’est la logique véhiculée selon laquelle l’union de tous les peuples du monde étant irréaliste, il suffit d’en déléguer les droits à un club d’États qui se ressemblent dans leur puissance, leur richesse et leur culture. Dans cette configuration, les États-Unis renouvellent plus que jamais une volonté d’hégémonie qu’il leur est indispensable de maintenir tant qu’une organisation de ce type entendra ainsi prendre une place qui devrait revenir aux Nations unies.

C’est au regard de ce qu’est devenue cette nouvelle alliance, une arme de consolidation de la domination occidentale et de ses intérêts, que les députés communistes, républicains et du parti de gauche s’opposent au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.

Les députés communistes, républicains et du parti de gauche défendent le concept d’une politique étrangère fondée sur le maintien de la paix et le développement de la coopération.

Nous considérons que la recherche de sécurité doit essentiellement se fonder sur des voies politiques de réduction des menaces militaires. Le combat pour la paix, le désarmement et la sécurité doit être réactivé.

Nous considérons que la France et l’Europe doivent être des acteurs indépendants d’un type nouveau. Cela suppose de s’émanciper de l’OTAN – il ne s’agit pas donc pas de défendre le statu quo, monsieur le Premier ministre – et d’avancer vers sa dissolution, de prendre des initiatives significatives en faveur de la sécurité internationale pour éliminer les armes nucléaires et toutes les armes de destruction massive, pour créer une dynamique de désarmement général, pour faire appliquer le traité de non-prolifération, pour instaurer un contrôle public national et international sur la vente d’armes, pour proscrire tout recours à la guerre comme moyen de régler les problèmes du monde – ce qui implique notamment de reconquérir une maîtrise publique des industries d’armement –, pour promouvoir un multilatéralisme authentique et pour faire appliquer point par point tous les engagements pris par la communauté internationale, notamment les « objectifs du millénaire » fixés par l’ONU.

Une souveraineté égale entre les États, le devoir de coopération lié à la résolution des problèmes et conflits, le respect du droit international et les Nations unies constituent les piliers fondamentaux de la politique étrangère que nous prônons.

Cette politique s’engage pour la paix, considérée comme une valeur fondamentale, et pour le refus de recourir à la guerre comme moyen de règlement des différends internationaux. Dès lors, les priorités en termes de budget, d’orientation et de réflexion stratégique doivent être dirigées vers les dimensions non militaires de la sécurité.

Pour conclure, les députés communistes, républicains et du parti de gauche voteront contre le choix particulièrement dangereux de réintégrer la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN. Nous dénonçons avec force la décision du Président de la République de contourner le peuple pour entériner ce choix historique. Il s’agit là d’une méthode affligeante, qui n’est malheureusement pas inédite. On se souvient en effet que le Président de la République avait déjà écarté le peuple en décidant de recourir à la voie parlementaire pour obtenir l’autorisation de ratification du traité de Lisbonne, lequel n’était qu’une copie de la défunte « Constitution européenne », que le peuple avait rejetée en 2005.

Mépriser le peuple, le laisser sciemment à l’écart de décisions fondamentales, bafouer le droit des citoyens de manifester contre le sommet de l’OTAN des 3 et 4 avril prochains en rendant inaccessible le centre-ville de Strasbourg,…

M. Roland Muzeau. Nous irons quand même !

M. Jean-Paul Lecoq. …voilà le genre de décisions qui amènera nos concitoyens à se mobiliser lors des prochaines élections européennes pour exprimer la sanction populaire que vos choix méritent. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

(M. Marc Laffineur remplace M. Bernard Accoyer au fauteuil de la présidence.)

Présidence de M. Marc Laffineur,
vice-président
M. le président. La parole est à M. Hervé Mariton.

M. Hervé Mariton. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre, les arguments échangés pour justifier la rénovation de la relation entre la France et l’OTAN sont souvent réversibles. Cela changerait peu de choses, et c’est essentiel. Le progrès de la politique européenne de sécurité et de défense est-il la cause ou la conséquence de cette rénovation ? Décide-t-on de la continuité ou s’agit-il d’une rupture ? Le débat doit aujourd’hui être tranché, et je soutiens cette rénovation parce que nous sommes prêts et parce que ce choix est, pour moi, l’expression d’une triple conviction : atlantique, européenne, patriotique.

M. Maxime Gremetz. C’est le marais atlantiste !

M. Hervé Mariton. L’exécutif a démontré, sur cette question, un réel savoir-faire : une orientation énoncée en 2007, un diagnostic proposé dans un Livre blanc sur la défense en 2008, une décision prise en 2009. Il s’agit de marquer la continuité d’une orientation. Le temps a été donné à l’explication et au débat. En bonne conclusion, l’Assemblée nationale vote.

M. Roland Muzeau. C’est la chute de Mariton !

M. Henri Emmanuelli. In memoriam Mariton !

M. le président. S’il vous plaît, seul M. Mariton a la parole !

M. Hervé Mariton. Puisse cette méthode inspirer davantage. Elle est en tout cas bienvenue ici, tant une politique de défense efficace exige un soutien démocratique fort. Le débat permet de mieux justifier le soutien à la rénovation de notre relation à l’OTAN. Il se joue bien au-delà du mot, traditionnel, de réintégration.

Certaines critiques posent tout simplement la question de notre appartenance à l’OTAN. Oui, il existe une communauté de nations euro-atlantiques unies par des valeurs. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Roland Muzeau. C’est un aveu !

M. Hervé Mariton. L’Europe n’est pas simplement la péninsule occidentale de l’Eurasie. Aussi puissantes soient la Russie et la Chine, l’Europe existe et aime à regarder au-delà de l’Atlantique.

Cela ne dispense pas l’OTAN d’une rénovation politique. Elle ne survivra qu’en faisant évoluer l’affirmation impériale américaine. L’avenir de la solidarité atlantique exige plus que jamais, comme le demandait Jacques Chirac au Congrès américain en 1996, « un partage des rôles et des responsabilités ». Ce doit être le message de la commémoration des soixante ans de l’OTAN.

L’affirmation européenne nous ôtera tout complexe. Il y a aujourd’hui davantage de soldats européens que de soldats américains. Dans l’Océan indien, les Balkans ou au Tchad, nous menons des opérations réelles et utiles. Nos alliés américains reconnaissent la légitimité de la PESD et son importance pour l’Alliance, et même les Anglais comprennent l’intérêt de la faire avancer.

Il nous revient maintenant d’accomplir d’indispensables progrès politiques, militaires et industriels. Une politique industrielle européenne est plus que jamais nécessaire, notamment dans le contexte de crise actuel. Il est de l’intérêt de tous que le « fardeau » des dépenses militaires soit mieux partagé. Peut-il y avoir une affirmation européenne, une convergence budgétaire, financière et économique sans compréhension de cette nécessité ?

La rénovation trouve toute sa cohérence dans le Livre blanc. Au moment où nous affirmons notre solidarité atlantique et où nous voulons lancer une nouvelle dynamique européenne, il serait bienvenu d’accélérer le calendrier de certains choix d’équipements. Je pense en particulier à la construction du deuxième porte-avions, en coopération avec les Britanniques. L’affirmation patriotique doit nous conduire à sanctuariser les dépenses militaires,…

M. Pierre Gosnat. Et les dépenses sociales ?

M. Hervé Mariton. …comme la loi de programmation le prévoit, tout en étant conscients des tensions budgétaires extrêmes de l’après crise.

Enfin, retrouver pleinement l’OTAN, construire l’Europe de la défense, ce ne doit pas être moins de France, mais cela doit être plus de France. Affirmons nos valeurs,…

M. Roland Muzeau. Lesquelles ?

M. Hervé Mariton. …nos différences.

M. Henri Emmanuelli. Relaps !

M. Hervé Mariton. Soyons nous-mêmes, par la force de nos projets, l’originalité de nos propositions. L’universalisme est au cœur du message de la France.

Certains de nos amis, et des meilleurs, considèrent que notre indépendance est menacée. Leur analyse est forte et sincère. Je crois assez en mon pays pour penser que, si nous le voulons vraiment, nous saurons changer l’OTAN, pour le meilleur du monde et pour la grandeur de la France (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR – Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)

M. Roland Muzeau. Bien sûr, on peut marcher l’eau !

M. Henri Emmanuelli. Le discours du relaps ! C’était lamentable !

M. le président. La parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan.

M. Nicolas Dupont-Aignan. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, permettez-moi d’associer à mon propos François-Xavier Villain, député maire de Cambrai.

Ce retour dans le commandement militaire intégré de l’OTAN nous paraît incongru et dangereux. Incongru, d’abord, car personne ne le demandait, pas même les États-Unis.

M. Maxime Gremetz. Ils n’osaient pas même l’espérer !

M. Nicolas Dupont-Aignan. Le Président de la République s’y était-il engagé devant les Français pendant la campagne présidentielle ? Non !

Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Pas du tout !

M. Nicolas Dupont-Aignan. La France se trouvait-elle jusqu’à présent empêchée d’agir sur les différents théâtres d’opérations ? Non, les faits le prouvent !

Le président Obama a-t-il donné des assurances sur la mise en œuvre de la « codécision » dont a rêvé à voix haute le Président de la République dans son discours de l’École militaire ? Non !

M. Henri Emmanuelli. Il est toujours en train de rêver !

M. Nicolas Dupont-Aignan. Et ce ne sont pas les deux commandements secondaires de Norfolk et Lisbonne qui changeront la nature de l’organisation militaire. Ce ne sont là – pardonnez-moi de le dire sans fard, mes chers collègues – que des hochets.

M. Henri Emmanuelli. Des hochets qui ont un prix !

M. Nicolas Dupont-Aignan. On nous dit que nous aurons plus de poids à l’intérieur pour réformer l’Alliance, mais pourquoi signer un chèque en blanc, plutôt que d’obtenir d’abord une réforme et de décider ensuite en pleine connaissance de cause ?

Vous avez parlé d’une participation qui nous permettrait d’être enfin associés. Associés comme spectateurs, peut-être, mais pas comme acteurs est le véritable enjeu : revenir pour quoi faire et dans quelle position ?

Le général de Gaulle avait déclaré en 1966 : « la volonté qu’a la France de disposer d’elle-même est incompatible avec une organisation de défense où elle se trouve subordonnée ».

M. Maxime Gremetz. Eh oui !

M. Nicolas Dupont-Aignan. Rien n’a changé en ce domaine : nous ne serons, dans ce commandement intégré, qu’un subordonné de plus.

M. Henri Emmanuelli. Exactement !

M. Nicolas Dupont-Aignan. En quoi l’addition d’un subordonné, parmi d’autres subordonnés, fera-t-elle progresser Europe de la défense ? Tout au contraire, cette décision de la France tue l’idée même d’une Europe indépendante, puisque le seul pays – le nôtre – qui pouvait être le levain de la pâte, s’enferme dans un rôle de sous-traitant et de supplétif des États-Unis.

M. Henri Emmanuelli. Sarkozy le petit !

M. Nicolas Dupont-Aignan. J’en veux pour preuve que avant même que cette décision soit formellement prise, le Gouvernement a annoncé de nouveaux renforts français en Afghanistan. Dans ces conditions, comment accepter de voir notre pays, sans aucune contrepartie réelle, se priver d’une telle carte, c’est-à-dire renoncer à sa singularité, l’un de ses atouts majeurs dans le monde avec son siège à l’ONU ?

En définitive, en abandonnant notre différence pour des chimères, vous lâchez la proie pour l’ombre. Mais cette fameuse différence, cette certaine idée de la France que tous les Présidents de la République successifs ont su, à leur façon, incarner, Nicolas Sarkozy y tient-il vraiment ? L’évolution de notre politique étrangère au cours des deux dernières années permet d’en douter.

La jachère aggravée de la francophonie, l’engagement dans le bourbier afghan, ce retour précipité dans l’OTAN, forment un tout. D’ailleurs, le Président ne s’en cache pas, en ne cessant d’affirmer son « appartenance au camp occidental ». Pourtant la France pourrait parfaitement être solidaire des États-Unis sans épouser obligatoirement en toutes circonstances leur lecture du monde. Le retour dans le commandement militaire intégré est, à cet égard, un contresens historique majeur.

Loin de moi l’idée, contrairement à ce que veut parfois faire croire le Premier ministre, de demander le statu quo. Mais de grâce, monsieur le Premier ministre, ne faites pas passer pour une avancée un retour en arrière. La question est simple : veut-on définitivement faire de l’OTAN le bras armé de l’Occident ou, au contraire, imaginer une nouvelle organisation de défense, partenaire des Etats-Unis, mais non plus placée sous leur contrôle, une organisation qui parlerait au monde avec sa voix propre ?

M. Maxime Gremetz. Absolument !

M. Nicolas Dupont-Aignan. Au moment où la vision d’un monde multipolaire imaginé par le général de Gaulle en pleine guerre froide se fait jour – car la situation a évidemment changé – la France met un peu plus le doigt dans un engrenage de guerres qui ne sont pas les siennes, la France abîme son image, renonce à sa part de liberté. Oui, la France renonce un peu plus à constituer le trait d’union entre l’Est et l’Ouest, entre le Nord et le Sud, prisonnière d’une vision occidentaliste de son président ! Quel gâchis ! Comme le disait encore le général de Gaulle « la politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit ».

M. Henri Emmanuelli. Bravo !

M. Pierre Gosnat. Même avec des talonnettes !

M. Nicolas Dupont-Aignan. Toutefois la faute n’est pas seulement géopolitique, elle est aussi politique, car cette rupture va fragiliser un peu plus notre cohésion nationale.

M. le président. Il va falloir conclure, cher collègue.

M. Nicolas Dupont-Aignan. Je conclus, monsieur le président.

C’est bien parce que la France menait une politique indépendante des États-Unis qu’un exceptionnel consensus s’était, au fil du temps, forgé dans notre pays autour de nos armées, en faveur de l’effort de défense. Or, sans effort de défense, il n’y a pas de pays libre, maître de son destin. À cet égard, il n’est pas étonnant de voir le Gouvernement adopter, en même temps que s’effectue cette réintégration, un livre blanc réduisant sensiblement notre effort de défense.

Mes chers collègues de la majorité, vous ne servez pas le gouvernement que vous soutenez en le laissant commettre une telle erreur. Voilà pourquoi, monsieur le Premier ministre, en mettant en jeu la responsabilité du Gouvernement, vous m’obligez, sur la politique étrangère et de défense, à vous retirer, à regret, ma confiance. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. Francis Hillmeyer.

M. Francis Hillmeyer. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous vivons aujourd’hui une journée historique, comme l’ont été celle du 4 avril 1949 – avec la signature du traité de l’Atlantique Nord, dont l’article 5 prévoit la solidarité entre ses membres en cas d’agression – et, dix-sept années plus tard, celle du 7 mars 1966, lorsque le général de Gaulle a annoncé officiellement l’intention de la France de se retirer de la structure militaire de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord. À ce moment de l’histoire, le général de Gaulle voulait, pour notre nation, un État militairement fort, un État souverain, un État placé sous aucune domination quelle qu’elle soit, concernant le devenir de sa stratégie politique en matière de défense nationale, en particulier avec le développement de la dissuasion nucléaire.

Ce même 7 mars 1966, Charles de Gaulle, Président de la République a demandé aux États-Unis de quitter leurs bases situées sur le territoire français.

Depuis lors, la défense de notre nation et celle de l’Europe vivent en parallèle. En 1952, avec la crainte d’une possible troisième guerre mondiale, dans le contexte de la guerre froide entre les deux grands blocs de l’Est et de l’Ouest, quelques États signent le traité de paix de Paris instituant la Communauté européenne de défense. Deux années plus tard, la France rejette cette communauté européenne de défense que nous réclamons avec force aujourd’hui, sous la forme d’une armée européenne.

M. Roland Muzeau. Une défense européenne !

M. Francis Hillmeyer. À l’époque, ceux qui siégeaient dans cet hémicycle craignaient le réarmement de l’Allemagne et les conséquences qui pourraient en découler, forts d’une histoire récente. Cela eut pour conséquence l’intégration de l’Allemagne dans l’OTAN.

La fin de la guerre froide aurait dû signifier la fin de l’intérêt même de l’existence de l’OTAN. Bien au contraire, l’OTAN n’a cessé de se renforcer ; en 2004, entre autres, avec l’accueil de l’Estonie, de la Lettonie, de la Bulgarie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie. Voilà un symbole fort, douze ans après l’écroulement du bloc communiste.

Lors de la conférence internationale sur la sécurité à Munich, le Président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé que la France allait réintégrer pleinement l’OTAN, toutes les conditions étant réunies. Ce n’est pas trahir l’esprit du général de Gaule, qui avait posé l’objectif de rendre à nos armées leur caractère complètement national.

M. Maxime Gremetz. Oh !

M. Francis Hillmeyer. En effet, nos forces armées sont et resteront nationales, la souveraineté de la France ne sera absolument pas mise en défaut. Il est inexact de dire que nous perdrons notre autonomie de décision.

M. Roland Muzeau. A peine !

M. Henri Emmanuelli. C’est vous qui le dites !

M. Francis Hillmeyer. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale précise que la liberté d’appréciation totale sur l’emploi de nos troupes en opération doit être l’usage et qu’aucun de nos contingents ne doit, en temps de paix, être placé sous commandement de l’OTAN en permanence.

M. Roland Muzeau. C’est fini depuis la semaine dernière !

M. Francis Hillmeyer. Par ailleurs, la dissuasion nucléaire reste sous l’autorité du chef de l’État. Rien, dans le traité de l’Atlantique Nord ne s’oppose à ces principes.

M. Maxime Gremetz. On verra !

M. Francis Hillmeyer. Le retour de la France dans le commandement intégré est conditionné par deux piliers : celui du renforcement de la défense européenne, et celui de la maîtrise de la décision de mener nos troupes au combat.

Aujourd’hui, l’Europe devient une réalité et une puissance mondialement reconnue. Sur 27 pays européens, 21 sont membres de l’OTAN et ils ne comprennent pas pourquoi, nous, Français, restons à l’écart.

M. Roland Muzeau. On peut leur expliquer !

M. Francis Hillmeyer. Il suffit de tourner nos regards vers les autres nations européennes pour constater que l’annonce du Président de la République, évoquée depuis août 2007, a renforcé notre influence en Europe et dans le monde (Rires et vives exclamations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Maxime Gremetz. Vous n’avez pas lu les dépêches cet après-midi !

M. Francis Hillmeyer. Il est clair que le retour plein et entier de la France dans l’OTAN, c’est avant tout instituer plus d’Europe dans l’OTAN.

M. Maxime Gremetz. La politique de réarmement en Europe !

M. le président. Allons, seul M. Hillmeyer a la parole !

M. Maxime Gremetz. Difficile de ne pas réagir quand on entend de telles bêtises !

M. Francis Hillmeyer. Il est temps de mettre fin à l’hypocrisie qui règne, monsieur Gremetz. En effet, depuis fort longtemps, nous participons aux opérations militaires de l’OTAN, en y envoyant nos troupes sans être dans le commandement au niveau stratégique où s’élaborent les décisions. Ainsi, 5 500 militaires français sont engagés dans les opérations conduites par l’OTAN.

En outre, la France, précédemment exclue des programmes d’équipement de l’OTAN, voit les regards se tourner vers notre industrie de défense qui revient dans le giron des industries mondiales les plus performantes. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Roland Muzeau. Vous rêvez !

M. Francis Hillmeyer. La sophistication technologique des outils de défense exige, pour plusieurs raisons, la mutualisation des moyens.

Il est faux de penser que l’Europe de la défense risque d’être reléguée au second plan face à l’OTAN. Bien au contraire, nombreux sont les pays européens aujourd’hui membres de l’OTAN qui pensaient que la France voulait opposer l’organisation européenne de la défense face aux forces de l’OTAN et créer ainsi un bloc anti-américain. Demain, la réintégration entière de la France dans l’OTAN marquera le début d’une nouvelle ère pour l’Europe de la défense.

Nous sommes aujourd’hui, mes chers collègues, le quatrième contributeur des forces dans l’Alliance. Arrêtons d’être des observateurs au bras armé, mais participons pleinement aux décisions qui impactent les opérations dont nos militaires sont les acteurs !

M. François Rochebloine. Très bien !

M. Maxime Gremetz. Vous vous souvenez du cabri dont parlait le général de Gaulle en disant « L’Europe ! L’Europe ! » ? Il se moquait déjà de vous !

M. Francis Hillmeyer. Les USA, qui semblent être le point d’achoppement de celles et ceux qui s’opposent au retour total de la France dans le commandement intégré, ont au contraire compris que l’Amérique a besoin d’alliés forts, de vrais partenaires. Cette réorganisation de l’Alliance apportera plus d’autonomie et plus de poids aux Européens. C’est une opportunité nouvelle pour notre défense européenne et pour les moyens que nous sommes prêts à y consacrer.

Faut-il se souvenir, mes chers collègues, que le monde de 1966 n’est pas celui de 2009 ?

M. Maxime Gremetz. Justement !

M. Francis Hillmeyer. À cette époque, la guerre froide des deux blocs plaçait la France au centre géographique et le général de Gaulle estimait que l’OTAN était un outil au service de Washington. Entre-temps, le communisme s’est effondré, le mur de Berlin a disparu et les menaces se sont déplacées, devant plus diffuses et transnationales.

M. Maxime Gremetz. Il faudrait désarmer et pas faire un nouveau bloc ! C’est absurde !

M. Francis Hillmeyer. En 1966, Charles de Gaulle avait raison. Sa décision était de bon sens et elle a permis à notre nation de développer son outil de défense et d’accéder à l’arme de dissuasion.

M. Roland Muzeau. À l’époque, vos amis étaient contre !

M. Francis Hillmeyer. Nous ne sommes plus dans le contexte de 1966 et, dès 1991, sous la présidence de François Mitterrand, des négociations ont été menées avec les USA, sans toutefois aboutir. C’est en 1996 que la France a réintégré le comité militaire : en plein conflit balkanique, le Président Jacques Chirac tentait un retour de la France dans l’organisation militaire intégrée, sans succès.

Le sommet de Prague de 2002 a donné un nouveau visage à l’OTAN, avec une procédure de modernisation pour répondre aux défis de sécurité du XXIe siècle.

L’engagement capacitaire de Prague donne naissance à la force de réaction rapide de l’OTAN.

L’OTAN élargit ainsi sa coopération avec des pays partenaires, tels la Russie, l’Ukraine et tous les pays qui participent au dialogue méditerranéen.

Comment la France pourrait-elle avoir, aujourd’hui, un pied dedans, un pied dehors, alors même qu’au fil des années, tous les acteurs politiques, les Présidents de la République successifs se sont progressivement tournés vers une réintégration pleine et entière de la France dans le commandement de l’OTAN ?

M. Roland Muzeau. Où est l’ennemi ?

M. Francis Hillmeyer. Ce n’est pas trahir le général de Gaulle, c’est aller vers une modernisation de la défense de nos nations, c’est aller vers une Europe nouvelle.

On observe curieusement que certains chantres de l’Europe, que certaines forces politiques qui voulaient le retour de la France dans le commandement intégré, il n’y a pas si longtemps que cela, combattent aujourd’hui cette démarche.

Ce qui unit les États-Unis et les pays d’Europe est plus important que ce qui les sépare. Les risques et menaces ont changé de nature et le poids des Occidentaux décroît. L’intérêt stratégique des Européens est multipolaire : être les alliés des États-Unis tout en devenant pour la Russie un lien indispensable. Une récente publication de l’IHEDN constate : « L’heure est donc à la refondation du lien transatlantique pour faire entrer l’Alliance dans le XXIe siècle ; il faut pour cela que les États-Unis et leurs principaux alliés d’Europe harmonisent leurs projets politiques respectifs en prenant mieux en compte leurs visions et priorités. »

Le groupe Nouveau Centre plaide pour la réintégration totale de la France dans l’OTAN.

M. Maxime Gremetz. C’est normal vous avez toujours été de cet avis ! Cela est moins compréhensible pour les gaullistes !

M. Francis Hillmeyer. Cela mettra fin à un affichage hypocrite : avoir sa famille à l’intérieur et rester devant la porte. Plus de France dans l’OTAN, c’est plus d’Europe dans l’OTAN. Notre contribution en hommes, en matériel et financière, impose ce choix. Il est naturel de prendre part aux décisions lorsqu’on est l’un des principaux contributeurs.

Fêtons dignement le 60e anniversaire de l’OTAN ! (Applaudissements sur les bancs du groupe NC et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. Gérard Charasse.

M. Gérard Charasse. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, j’ai peu de temps pour dire beaucoup. Je vais donc exprimer trois choses simples, évoquer les trois dangers qui nous guettent si la France devait se fondre, demain, dans l’OTAN.

Le premier danger, c’est de briser le consensus.

Depuis Suez et les gerboises, la France a choisi une stratégie, celle du général de Gaulle, entérinée par les Assemblées, les Gouvernements et les Présidents de la République qui ont suivi. Cette stratégie du faible au fort, cette stratégie d’union nationale autour du concept de défense a été la bonne. Son résultat en atteste : nous avons, depuis, vécu dans la paix. Faites le compte : combien de pays dans le monde l’auront connue aussi longtemps ? Quel pays a été à ce point hermétique aux tentatives de déstabilisation ?

Si nous entérinons ce choix, vous n’aurez plus de consensus et comment pourriez-vous en trouver un s’il s’agit, à l’avenir, non pas de forger une analyse, une action de la France devant un obstacle, mais de savoir si l’on suit, un peu ou beaucoup, les Américains. (Approbations sur les bancs du groupe SRC.) Projetons-nous cinq ans en arrière : intégration voulait dire, alors, aller en Irak !

Deuxième danger, l’OTAN est un outil diplomatique, militaire et politique qui a toujours été l’outil de la dispersion des Européens.

Chacun a en tête la façon dont il a servi, systématiquement, à briser le moindre rapprochement, le moindre nouveau pas vers une défense européenne. Chacun a en tête des séquences illustrant ce que je dis. J’ai gardé en mémoire, pour ma part, Saint-Malo, les rencontres Sharping-Richard, les échanges entre notre commission et nos collègues allemands et britanniques, bref l’élaboration d’un processus nouveau, vite entravé par la demande d’assistance et de survol américaine pour aller bombarder les Balkans, demande qui créait, en Europe, entre nous, de nouveau, une divergence.

Sauf à ignorer cette histoire sans cesse répétée, personne ne peut valablement soutenir que notre arrivée dans le commandement intégré va aider la construction d’une défense européenne.

Troisième danger : nous allons perdre la maîtrise de l’emploi de nos forces.

La France s’est forgée, je l’ai déjà souligné, une position diplomatique et militaire originale qui nous a permis de jouer notre partition dans le concert des nations – nous l’avons vu avec l’Irak – et de conserver une sphère d'influence, une capacité de relation avec les autres pays du monde. Au moment où l’économie se fragilise au point de nous faire entrer dans une période d’instabilité politique, voilà que nous allons choisir l’alignement, l’alignement sans contrepartie si ce n’est un strapontin à l’ACT à Norfolk aux États-Unis, lorsque les choix se font à Mons ou à Naples, en Europe.

Voilà, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, les trois dangers que je souhaitais évoquer : perte du consensus, perte de la défense européenne, perte de notre liberté.

Vous avez pris le parti de ne pas affronter le défi que la France relève depuis cinquante ans, et de nous proposer une voie moyenne qui demeure, pour les Radicaux et pour la plupart de mes collègues, infréquentable. Vous avez pris le parti de ne rien faire, de laisser faire, alors qu’au moindre chien écrasé on réclame des rapports, des sanctions, des

lois ou des démissions. Là, c’est la démission de la France que vous nous demandez. Les Radicaux ne vous la donneront pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. Dominique Souchet.

M. Dominique Souchet. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’OTAN est une curiosité historique : la seule alliance à avoir survécu à la dissolution de son objet. Elle aurait dû disparaître en même temps que le Pacte de Varsovie.

M. Maxime Gremetz. Eh oui !

M. Dominique Souchet. Si elle a perduré, c’est parce qu’elle offrait aux États-Unis l’instrument d’un protectorat sans équivalent et qu’elle dispensait la plupart des Européens d’un effort national de défense. Cette OTAN maintenue est devenue un ensemble protéiforme au service de stratégies américaines tous azimuts : refouler la Russie, bombarder une capitale européenne, traiter la menace terroriste...

La France aurait pu tenter d’être l’agent d’une transformation substantielle de l’OTAN en une alliance partenariale, avec des missions actualisées, un périmètre clarifié, des membres européens prenant leur part des dépenses militaires, mais le Président de la République n’a pas attendu de poser cette question de confiance à la nouvelle administration américaine. Il avait en main un atout précieux. Il l’a sacrifié, sans obtenir de contreparties significatives.

M. Gilbert Le Bris. Très juste !

M. Dominique Souchet. Or les conséquences diplomatiques de la décision de Nicolas Sarkozy sont particulièrement lourdes. Notre position spécifique au sein de l’Alliance signifiait que la France était porteuse d’une ambition stratégique propre à l’Europe. En y renonçant, nous nous enfermons dans l’euro-atlantisme et nous y enfermons nos partenaires européens avec nous.

La dérive était déjà inscrite dans le traité de Lisbonne, à l’article 42. Il y a donc une vraie cohérence entre la défense du traité de Lisbonne et la réintégration complète dans l’OTAN, mais c’est une cohérence qui ne mène pas au renforcement de l’Europe. C’est la volonté française d’indépendance qui constituait le principal et peut-être l’unique aiguillon en faveur d’une défense vraiment européenne.

Si la sécurité de « la famille occidentale » est, comme l’affirme le Président de la République, indivisible, qu’est-ce qui justifie alors de donner à l’Europe les instruments de son autonomie stratégique ? Pourquoi y consacrer des moyens ?

La question de la défense européenne risque de ne plus être appréhendée que dans un cadre atlantique, c’est-à-dire sous leadership américain. Et même si celui-ci se fait plus aimable, cela ne change rien au fond. Le pilier européen, tel que l’envisage Washington, se réduira – on le voit déjà s’esquisser à propos de l’Afghanistan – à une sorte d’agence civile. Ce n’est pas cela qui renforcera le rôle politique propre de l’Europe dans la gestion des crises internationales. Au contraire, cette logique nous expose au syndrome du suivisme. Elle risque un jour de nous emporter sur la pente de la réduction de nos propres dépenses militaires et du délaissement de nos industries de défense.

Philippe de Villiers déclarait récemment : « Si nous n’incarnons plus un certain non-alignement, qui intéresserons-nous ? »

Hubert Védrine, dans ses recommandations au Président de la République, a souligné que le statut particulier de notre pays dans l’OTAN n’était pas un problème à régler, mais un atout à valoriser. Le retour de la France au bercail atlantique donnera à notre pays, disait-il, « une influence comparable à celle des autres alliés, c’est-à-dire quasi nulle ». « Et le prix politique à payer sera très élevé : la France sera considérée comme réalignée sur les États-Unis et traitée comme telle », avait-il ajouté.

La rupture n’a d’intérêt que si elle apporte une réelle valeur ajoutée. Or quelle valeur ajoutée donne à notre pays et à l’Europe le renoncement au statut spécifique de la France dans l’OTAN ? Aucune. Pire, il nous fait perdre sur tous les tableaux, car notre marge de liberté avait fini par être acceptée et même appréciée par les États-Unis.

Notre statut particulier apportait une contribution originale et stimulante à la relation transatlantique. Il était le symbole positif et attirant d’une indépendance de la France aux yeux du monde. Il incarnait la volonté et préservait les chances d’une politique européenne de défense autonome. Il était l’objet d’un précieux consensus national dont aucun motif solide ne justifie la rupture.

Telles sont les raisons, majeures, pour lesquelles, monsieur le Premier ministre, sans vouloir aucunement la chute de votre gouvernement, nous voterons sur la seule question qui aurait dû nous être posée : nous voterons contre la réintégration de la France dans les organes militaires intégrés de l’OTAN. Nous ne voterons sur rien d’autre que sur cette question essentielle. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes UMP et SRC.)




à suivre...

Séance (1).

ance (2).

Séance (3).

ance (4).




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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 19:27

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(suite)

M. le président. La parole est à M. Noël Mamère.

M. Noël Mamère. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, à peine le Congrès a-t-il adopté la réforme de notre Constitution, censée donner plus de pouvoir au Parlement, que vous vous empressez de la détourner, par crainte de vous retrouver en minorité dans votre propre camp. Ce qui se passe ici, cet après-midi, ressemble plus à une arnaque politique qu'à un débat sur le sujet de portée hautement symbolique qu’est le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.

C'est le choix d'un homme, le Président de la République, qui vous impose cette mascarade, monsieur le Premier ministre, et qui vous rabaisse au rang de « collaborateur » (Murmures de désapprobation sur les bancs du groupe NC), obligé d'exécuter les basses œuvres et de trahir vos engagements devant le Congrès de Versailles, où vous nous aviez dit, la main sur le cœur : « Nous allons donner au Parlement un véritable pouvoir démocratique ». Tout cela, nous nous en rendons compte aujourd’hui, n'était que cynisme. La vérité apparaît brutale, humiliante pour la représentation nationale, prise au piège d'une manœuvre vulgaire qui en dit long sur l'état de votre majorité mais qui ne trompe personne. La potion que vous voulez nous faire avaler risque d'être amère pour votre gouvernement.

Ceux qui, tout à l'heure, approuveront votre politique étrangère, accepteront non seulement le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN sous domination des États-Unis, mais aussi tout ce qui va avec, comme s’ils achetaient un lot de marchandises en vrac : la rupture avec la politique arabe de la France, le renforcement continu de l'intervention militaire en Afghanistan, la construction d'une base militaire dans les Émirats, sous-traitants de la politique américaine, la continuation de la Françafrique et le soutien aux dictateurs, l'abandon de ce qui n'a été qu'une posture de campagne électorale sur la question des droits de l'homme – souvenons-nous de l'accueil triomphal réservé au dictateur libyen, du soutien à Ben Ali, du cafouillage sur le Tibet et, notre collègue Laurent Fabius l’a rappelé, du honteux discours de Dakar. La liste est si longue qu'elle prendrait à elle seule tout le temps de parole qui nous a été accordé.

La cohérence entre le retour dans l'OTAN et cette politique, c’est tout simplement la mort symbolique du gaullisme. Pour ce qui concerne les Verts, nous sommes très à l'aise puisque, nés, entre autres, des luttes pour le désarmement et contre les programmes nucléaires civils et militaires, nous n’avons jamais participé à cette controverse franco-française sur la capacité réelle ou supposée de notre pays à sauvegarder les moyens de son indépendance.

Depuis les années 1980, nous sommes entrés dans l'ère de la mondialisation, où la France ne pèsera que si elle met son intelligence collective, sa culture, ses capacités économiques, financières, humaines et donc militaires, au service d'une ambition qui la dépasse et dont le seul niveau pertinent est l'Europe, une Europe politique, axe d'un monde multipolaire. Ainsi, sommes-nous d'autant plus fondés à considérer la défense européenne sous commandement de l'OTAN comme une dangereuse illusion, basée sur une sorte de troc diplomatique : la France reprend toute sa place au sein de l'OTAN, à condition qu'elle occupe des postes de responsabilité à la mesure de sa contribution militaire et que l'Alliance atlantique prenne davantage en compte le poids et l'influence de l'Union européenne. Sauf que le déséquilibre est si important que ce troc est mort-né. Ce qui creuse concrètement un fossé, ce sont les moyens militaires des États-Unis et ceux du reste du monde : ils représentent 45 % des dépenses mondiales, soit 596 milliards de dollars, contre 296 milliards de dollars pour l’Europe occidentale. À lui seul, le budget militaire des États-Unis cumule le total des budgets de vingt-trois pays !

Tant que l'Europe ne se décidera pas à prendre en main ses propres capacités de défense et son autonomie stratégique, elle ne sera qu'un nain politique dépendant des choix de l'administration américaine. Nos atlantistes ingénus – mais beaucoup ont quitté l’hémicycle – devraient se poser trois questions : quelle est aujourd'hui la légitimité de l'OTAN, quand cette organisation politico-militaire est née de la guerre froide et avait vocation à la mener ? Quel est aujourd'hui notre ennemi ? Qui peut identifier clairement les missions, les zones d'intervention et même les pays membres de l'Alliance atlantique ?

De ce point de vue, le Président de la République a une certaine cohérence : en prônant à outrance le rapprochement avec les Etats-Unis, et cela dès le début de son quinquennat, il est en train de donner un nouveau cours à la politique internationale française pour l'adapter à la mondialisation libérale. Il le fait, il l’a dit, au nom du « camp occidental » et d'une vision de la gouvernance mondiale, qui se réduirait à un G 8 éventuellement élargi, fonctionnant comme un directoire du monde, à côté de l'OMC conçue comme un ministère du commerce, du FMI qui serait le ministère des finances, de la Banque mondiale qui serait le ministère de l'économie et des politiques sociales, et de l'OTAN, doté des compétences des ministères de la défense et de l'intérieur. Ce système a sa logique, mais elle n'est pas la nôtre.

Face à cet unilatéralisme modernisé, nous opposons une conception d'un monde multipolaire, où les ensembles régionaux construisent entre eux des coopérations renforcées. Pour nous, l’ONU a encore un sens, elle doit devenir un Parlement contrôlant la gouvernance mondiale et donc l'usage de la force. Nous ne voulons pas d’un monde où les riches dominent les pauvres au moyen d’une puissance globale militaire et, disons-le mot, coloniale. L’ordre global que nous défendons est pluriel. Le retour dans le giron de l’OTAN, c’est l’exact contraire de cette vision.

Nicolas Sarkozy, Président de la République, a choisi le camp de l’occidentalisation du monde. Il se trompe et il fait prendre de gros risques à notre pays et à l’Europe.

Mme Françoise Olivier-Coupeau. Vous avez raison !

M. Noël Mamère. Un tel choix ne permettra plus à la France de jouer son rôle historique de passerelle avec le reste du monde.

M. Roland Muzeau. Voilà la vérité !

M. Noël Mamère. La deuxième question liée à l'OTAN est celle de l'adaptation au nouvel aspect de la guerre. Nous vivons une époque de guerres asymétriques, prenant la forme d'actions violentes des mafias, du terrorisme, de crises internes, souvent ethniques ou liées au contrôle des ressources. La question de la sécurité collective ne se pose donc pas comme en 1966 ou comme à l’époque du déploiement des missiles SS 20. Nous ne gagnerons aucune victoire avec la force seule. La guerre a toujours été une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls militaires : aujourd'hui, cette formule est plus vraie que jamais.

Le renforcement du lien transatlantique et la coopération avec les États-Unis seront d'autant plus fructueux qu'ils seront fondés sur le respect, non sur la vassalisation que nous propose de manière déguisée le Président de la République.

M. Jean Michel. Très bien !

M. Noël Mamère. Tant que l'Europe ne disposera pas d'un état-major interarmes indépendant, d'une force intégrée capable de défendre ses frontières et d'établir des accords de défense, d'une agence européenne de la défense, elle ne sera pas respectée par les Américains, non plus que par le reste du monde, qui attend beaucoup de cette Europe.

Les Américains, sous quelque administration que ce soit, ne connaissent qu'une seule doctrine, synthétisée en son temps par Madeleine Albright, secrétaire d’État du Président Clinton : « No decoupling, no duplication, no discrimination». En fait, elle expliquait qu’il n’y avait pas d’avenir pour une entité militaire découplée des États-Unis, disant tout haut la vérité de cette politique d'alignement. Sous le Président Obama, quelles que soient ses vertus, la doctrine américaine n'a pas changé,…

M. François Fillon, Premier ministre. Justement, si !

M. Noël Mamère. …et le Président français semble l’avoir fait sienne au nom d'un atlantisme dépassé.

C'est en ce sens que le troc auquel il nous convie ressemble à un marché de dupes. Dans ce cadre, la prétendue autonomie de l'Europe restera toujours lettre morte. Comme l'a très bien dit, un ancien ministre des affaires étrangères d’un gouvernement de gauche, Hubert Védrine : « La réintégration donnerait à la France une influence comparable à celle des autres alliés, c'est-à-dire quasi nulle ». Les États qui ont rejoint cette organisation commencent d'ailleurs à le comprendre. L'OTAN n'agit qu'en fonction des intérêts tactiques et stratégiques de Washington. Elle a fait croire qu'elle pourrait être le bouclier de la Géorgie : on a vu ce qu'il en était. L'Ukraine a compris la leçon, et les malheureux Tchétchènes, sous la botte depuis des décennies, l’ont assimilée depuis bien longtemps.

Les autres objectifs proclamés de l'OTAN revisitée sont, paraît-il, la guerre contre le terrorisme, contre la prolifération nucléaire et pour le contrôle de la sécurité énergétique. Voyons un peu le bilan :

La théorie de la guerre préventive contre le terrorisme a été un échec sur toute la ligne, du Pakistan jusqu’à l'Irak. Quant à la prolifération nucléaire, la France y participe activement. Nous avons un Président qui s'est mué en commissionnaire d'AREVA, d'EDF et du CEA, et qui, de la Chine à la Libye, partout où il passe, dissémine le nucléaire civil,…

M. François Sauvadet. C’est de l’emploi !

M. Noël Mamère. …première phase du développement du nucléaire militaire. La sécurisation énergétique du monde occidental ressemble à celle de la politique coloniale des canonnières.

Considérer le mode de vie du monde riche comme un îlot à protéger par la force relève d'une cécité mentale qui sera balayée par la crise. Au lieu d'aligner la France sur les valeurs de la famille atlantiste, vous seriez plus inspiré, monsieur le Premier ministre, d’en finir avec les paradis fiscaux, d’annuler la dette odieuse qui fait crever de faim des millions d'humains dans le monde, ou encore de réaliser les objectifs du millénaire sur la santé, l'éducation et le développement, adoptés à l'unanimité des pays membres de l'ONU en 2000.

En juin 2007, peut-être vous en souvenez-vous, Nicolas Sarkozy a lancé l'opération « Livre blanc ». En fait, il poussait à contretemps la doctrine d’emploi des forces françaises dans le sens d’un alignement sur les normes du système stratégique, sécuritaire et expéditionnaire du Pentagone.

Or, en quelques mois, la crise a modifié tous les paramètres des menaces et des décisions en matière de défense et de sécurité. Cette nouvelle donne exigerait au contraire un Livre blanc européen de la défense.

Mes chers collègues, si la question de la guerre redevient une question essentielle, c’est que la crise s’approfondit. On ne peut sans cesse comparer 2009 à 1929, sans voir que 1929 a précédé 1933 et 1940. Aujourd’hui ce qui est en jeu, ce n’est pas le nombre de missiles balistiques. Nous savons que les guerres ne seront pas conduites pour conquérir des territoires, comme par le passé, mais pour garantir la sécurité énergétique, pour piller les ressources en eau, pour maîtriser les matières premières nécessaires au fonctionnement des pays riches. Ces guerres, nous le savons, excluront les pauvres et organiseront ce qui a commencé d’être à l’œuvre : l’apartheid planétaire.

Dans ces conditions, l’OTAN sera un instrument de cette guerre militaire, un gendarme du monde, qui sera prêt à l’emploi, pour organiser l’apartheid planétaire.

Nous ne voulons pas de cet OTAN-là. Nous allons même plus loin, nous sommes pour sa dissolution. La France et l’Europe ne sont pas solubles dans l’OTAN. Elles valent mieux que ce triste destin auquel vous nous préparez. Ces questions méritaient vraiment un débat sanctionné par un vote Mais vous avez eu peur de votre majorité. Vous avez eu peur des Français, monsieur le Premier ministre, et vous vous êtes malheureusement transformé en exécuteur des volontés d’un Président de la République qui a pris les décisions avant même que de nous faire débattre.

Franchement, nous avons le sentiment d’être ici une armée des ombres et d’avoir été trahis depuis le Congrès de Versailles, lorsque vous nous avez promis que vous renforceriez les pouvoirs du Parlement. Aujourd’hui, le Parlement n’est considéré par le Président de la République que comme une serpillière sur laquelle il essuie ses mocassins bouclés. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. François Sauvadet.

M. François Sauvadet. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, vous imaginez bien que la tonalité de mon intervention ne sera pas de même nature que celle de M. Mamère, dont j’ai trouvé les derniers propos déplacés.

M. Roland Muzeau. Elle sera atlantiste comme d’habitude !

M. François Sauvadet. Nous avons à débattre et à nous exprimer au Parlement sur des sujets considérés jusqu'à présent comme des domaines réservés du Président de la République.

M. Pierre Gosnat. Il faut faire le discours en anglais !

M. François Sauvadet. Une grande chance est offerte au Parlement : débattre sur son avenir, sur l’avenir du pays et sur des sujets qui touchent à l'essentiel – la politique de défense, la politique étrangère, l’engagement de nos forces armées.

Je regrette d’ailleurs que nous ayons pris dans le débat des habitudes tirées du passé et que lorsque chacun des présidents de groupe s’est exprimé, les bancs se vident, car on considère que le débat est achevé. Cela me choque profondément. (Applaudissements sur les bancs du groupe NC.)

Le Nouveau Centre a demandé un débat sur la politique étrangère de la France, un débat sur le retour dans le commandement intégré de l’OTAN. Je suis choqué que l’on se retrouve pratiquement à s’exprimer entre soi, alors qu’il s’agit d’un débat utile pour le pays, un débat qu’attendent les Français, un débat que nous souhaitions au Parlement.

Monsieur le Premier ministre, vous avez souhaité engager la responsabilité du Gouvernement sur la politique extérieure conduite depuis dix-huit mois et sur l’engagement de réintégrer le commandement militaire intégré de l'OTAN.

Nous souhaitions que chaque parlementaire, chaque groupe politique puisse s’exprimer sur la politique conduite depuis dix-huit mois. Il relève de la responsabilité de chacun des parlementaires qu’il combatte ou qu’il soutienne le Gouvernement de dire si, oui ou non, il a été engagé aux côtés du Gouvernement et du Président de la République, ces dernières années.

Monsieur le Premier ministre, lorsque nous avons eu pour la première fois à nous exprimer sur l’engagement de nos troupes et la poursuite de cet engagement en Afghanistan, j’avoue, à cette tribune, avoir senti plus qu’auparavant la responsabilité de chaque parlementaire et du Parlement devant les Français, devant nos soldats.

M. François Rochebloine. Très bien !

M. François Sauvadet. J’ai eu le sentiment – et je l’ai regretté – que sur le sujet sur lequel nous devrions rechercher les voies de convergence, pour porter la voix de la France aux côtés du Président de la République, certains utilisaient ces moments pour en faire des moments de politique politicienne, alors qu’il s’agit simplement du rôle et de la place de la France dans le monde.

Ces débats démocratiques – je le dis à la gauche – sont utiles, nécessaires, pas simplement pour contrôler l’action du Gouvernement, mais aussi pour éclairer les Français sur les enjeux de ces opérations, clarifier les positions de chacun.

Monsieur Fabius, je voudrais vous dire que j’ai apprécié la tonalité que vous avez donnée à votre intervention, même si je ne la partage pas. Partout ce débat s’est ouvert. Faut-il que la France continue d’être présente sur les théâtres d’opération extérieure ? Nous avons eu ce débat ici même sur l’Afghanistan et sur d’autres sujets. Oui, je pense profondément qu’il ressortit au rôle et à la grandeur de la France d’exercer sa mission pour la paix.

Monsieur le Premier ministre, au cours de ces dix-huit mois, le monde a été confronté à de sérieux soubresauts. J’étais fier d’entendre la voix de la France, qui s’est exprimée chaque fois avec force et avec engagement. Il y a eu la relance du processus européen, la relance du Traité de Lisbonne. Nous le souhaitions au Nouveau Centre. Vous l’avez engagé.

Il y a eu les premiers effets de la crise financière, pour laquelle le Président de la République était en première ligne en Europe et dans la relation avec les États-Unis, d’où venait cette crise.

Il y a eu la crise géorgienne. Et on a bien vu à travers la résolution de cette seule crise que la France a un rôle particulier, un rôle fort à jouer pour ne pas laisser face à face à la Russie et aux États-Unis.

Il y a eu l'engagement du Président de la République dans le drame israélo-palestinien. J’ai accompagné le Président de l’Assemblée avec les autres présidents de groupe, lors d’une visite sur place. Lorsque l’on voit la guerre en face, on mesure mieux la responsabilité qui est la nôtre, pour parvenir à la paix là où existe cette guerre. Les images des événements que j’ai vécus avec mes collègues sont inscrites au fond de moi et je mesure encore mieux notre responsabilité, la responsabilité de la France. Je tiens à saluer l’action décisive du Président de la République française.

Puis, il y a eu la relance, cher Hervé Morin, de la défense européenne et les initiatives que vous avez prises avec le Gouvernement dans ce domaine. Je tiens à saluer votre engagement.

Je le dis comme je le pense, il faut que chacun assume la responsabilité qui est la sienne. Nous, les centristes, avons toujours souhaité, de manière constante, depuis 1966 pouvoir réintégrer et assumer pleinement notre mission au sein de l’OTAN.

Dans le bilan, dont je viens de tracer les grandes lignes et qui est clairement positif pour nous, nous devons dire au Parlement si oui ou non nous avons confiance dans la politique extérieure conduite depuis dix-huit mois et si nous souhaitons la soutenir pour l'avenir.

Monsieur le Premier ministre, je le dis, au nom du groupe Nouveau Centre, nous avons confiance. Je dirai même que les événements dans le monde et l'intervention de la France ces derniers mois dans le monde ont renforcé cette confiance.

Je ne comprends pas que sur des sujets aussi lourds que notre place dans le monde, l’on ne puisse pas sortir des argumentations politiciennes et dogmatiques comme celles de l'opposition socialiste. J’ai vu, au fur et à mesure des années, une sorte de conversion par rapport à des engagements antérieurs. L’opposition n'est pas de mise sur des sujets qui doivent nous rassembler, comme celui de la politique extérieure, comme celui de la voix de la France, qui méritent une lecture partagée et un engagement partagé.

Au moins, dans le débat de cet après-midi, que le groupe Nouveau Centre avait souhaité, chacun sera amené à prendre ses responsabilités et à les assumer devant les Français.

Monsieur le Premier ministre, vous avez choisi – je le répète – d'engager la responsabilité du Gouvernement sur la politique extérieure. Cela montre clairement que la réintégration dans le commandement de l'OTAN, présentée par les uns comme une rupture ou un renoncement est, en fait, comme l'écrivait un grand journal du soir, davantage « l'aboutissement d'un processus qu'une ère véritablement nouvelle ». Puis elle s'inscrit, vous l’avez rappelé, dans un monde qui a profondément changé.

Et quand je parle de processus, je souhaiterais simplement rappeler les mots qui ont ponctué ce long chemin. Pierre Joxe parlait d'inévitable retour à propos de l'OTAN. François Mitterrand, lui-même l'un des plus sévères à l'idée du retrait de l'OTAN, disait que cela « trahissait une volonté d'isolement fondée sur l'idée que le nationalisme est la vérité de notre temps ». Cette phrase prend aujourd’hui tout son sens.

Jacques Chirac aussi estimait qu'une identité proprement européenne de défense ne pouvait se construire que dans l'OTAN. D'où sa décision, en 1995, en pleine crise bosniaque, je le rappelle, de faire siéger la France au Conseil des ministres de la Défense et au Comité militaire de l'organisation, et la décision, prise plus tard, de participer à plusieurs opérations sous l'égide de l'OTAN, le Kosovo, monsieur le ministre des affaires étrangères, en 1999, et l'Afghanistan, en 2001.

Monsieur le Premier ministre, j'évoquais les dix-huit mois passés, mais nous avons devant nous des étapes qui restent difficiles et qui nécessitent un minimum d'unité nationale. J'ai déjà eu l'occasion de l'exprimer à cette tribune lors du débat sur l'Afghanistan. Lorsque nos troupes sont engagées, lorsque la paix du monde est en jeu, il faut s’éloigner des postures.

La politique extérieure, comme la politique intérieure, est marquée en 2009 par une crise d’une extraordinaire profondeur. Cette crise ne restera pas sans conséquences sur l’équilibre du monde. Elle va incontestablement participer à la redistribution des cartes au niveau international. Elle va sans doute précipiter encore le mouvement – vous l’avez évoqué, monsieur Fabius – d'émergence d'un monde multipolaire dans lequel nous aurons, plus que jamais, un rôle à jouer.

Nous avons, nous, la responsabilité, comme cela a été dit et fait, de porter l'idée de moralisation du capitalisme financier et d'équilibre au niveau du monde. Cette moralisation doit se traduire dans des faits. Elle passe par une remise à plat de l'architecture internationale des grandes organisations. Je pense évidemment au FMI, à la Banque mondiale. Toutes ces institutions ont montré leurs limites. Elles n'ont pas su anticiper une crise qu'elles ont été incapables de prévenir et de juguler. Il faut revoir le fonctionnement, les outils et les objectifs de ces institutions. Je pense que la France, qui a pris, en cette matière, l’initiative, doit continuer de jouer pleinement son rôle.

Cette moralisation passe également par le renforcement d’une idée, celle que l’entreprise ne peut pas se faire sans les hommes, que l'emploi doit être la priorité. Surtout en ces temps de crises et partout dans le monde, les entreprises doivent remettre l’homme et le salarié au cœur de nos préoccupations.

Il faut aussi intégrer encore davantage l'impact environnemental. La France doit porter ce message partout dans le monde, car cette crise nous offre des opportunités nouvelles en matière d’économie et nous ne devons pas reproduire les mêmes erreurs.

Il faut aussi agir dans le domaine du climat. Il faudra faire entendre notre voix, fortement, lors de la conférence de Copenhague. Sur tous ces sujets, la France a une responsabilité particulière ; elle doit faire entendre sa voix dans tous les domaines.

Dans le Livre Blanc sur la Défense, le Gouvernement et le ministre de la défense ont esquissé un tableau des nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés – elles ont évolué, les menaces terroristes en particulier – et des nouvelles orientations que nous devons prendre pour nous en protéger.

La défense française a été réorganisée sur notre territoire même – j’aurais aimé que l’opposition s’exprime aussi sur ce sujet – avec la réforme de la carte militaire, pour mieux faire face à ces nouvelles exigences.

Vous avez  également avancé dans la construction d'une Europe de la Défense, et cela doit être une priorité pour peser dans l'ordre du monde. L'élan que vous avez donné, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre de la défense, est utile. Il créera, je le souhaite, une dynamique salutaire. Cette construction européenne ne peut se faire contre nos partenaires et en dehors de l’histoire qui a été celle de notre Europe.

Nous avons quelques questions simples à poser au moment où nous allons ou non accorder notre confiance au Gouvernement.

Est-ce que le fait que la France reprenne toute sa place dans l'OTAN est un risque pour la défense européenne ? Cette question a été abordée. À l'évidence, non ! Au contraire, je crois que c'est une nouvelle chance donnée à cette défense européenne. D'ailleurs, les Européens, faut-il le rappeler, représentent vingt-trois des vingt-six membres de l'OTAN.

Y a-t-il ou non, en intégrant le commandement militaire de l’OTAN, un risque d’alignement sur les Américains ? Je tiens à rappeler que ce n’est pas un risque. L'Allemagne l’a montré : elle n'a pas hésité à s'opposer, elle aussi, à Washington lors de la guerre en Irak.

Nous devons dire aux Français que beaucoup de nos nouveaux voisins européens, parmi l'ancien bloc de l'Est, ont un lien particulier avec l'Alliance. Cette organisation mise en place en 1949 pour protéger l'Europe de l'Ouest de la menace soviétique a été perçue, après l'effondrement de l'URSS, par les anciens pays satellites comme la meilleure des protections. Ces pays ne se sont alors pas privés de nous faire comprendre qu'il n'y aurait pas de défense européenne avec eux sans une clarification de la position française à l'égard de l'OTAN.

Ces jeunes démocraties, plus récentes dans l'Europe, portent un regard neuf sur ces deux entités. Elles ont le sentiment que l’OTAN et l’Europe sont les deux piliers d'une politique de défense efficace. Il faut les entendre.

Le renouveau de nos relations avec l'Alliance est une garantie pour faire avancer les programmes d'armement et participer à la construction de l'Europe de la défense. À cet égard, vous avez tenu des propos honteux, monsieur Mamère, à l’égard du Président de la République, qui est allé promouvoir l’emploi en France à travers les exportations, et notamment AREVA. (Applaudissements sur les bancs des groupes NC et UMP.) Ce secteur est porteur d’emplois en France, je peux en témoigner. Dans ma circonscription, à Montbard, Valinox Nucléaire, qui fabrique des tubes pour générateurs de vapeur, va créer 150 emplois. C’est une bonne nouvelle pour la France et l’emploi de nos compatriotes, monsieur Mamère ! (Mêmes mouvements.)

Comme vous l’avez rappelé, monsieur le Premier ministre, nous n'avons jamais quitté l’Alliance, loin s'en faut, et nous nous en sommes toujours progressivement rapprochés. Nous participons déjà à trente-huit des quarante comités civils ou militaires. Depuis 1995, nous avons envoyé des troupes dans toutes les opérations menées par l'OTAN. Un général français a même assuré le commandement de l'opération menée au Kosovo. Nous sommes parmi les premiers contributeurs tant en termes d'hommes qu'en termes de financement. Chaque année, nous versons 170 millions d'euros à l'Alliance, soit la quatrième contribution, et nos effectifs représentent 7 % du total. La France est donc bel et bien un membre de l'organisation et, on peut même ajouter, un membre important.

Pourtant, en dépit de tout ce que nous apportons, nous avions une position en quelque sorte passive en ne participant pas aux instances décisionnelles, ce qui n’était pas logique.

Réintégrer le commandement militaire, c'est ainsi redevenir membre du comité des plans de défense, l’une des trois plus hautes instances décisionnelles de l’Alliance, dont l’objet est de fixer les orientations militaires, de définir les besoins capacitaires ainsi que les objectifs à atteindre par chacun des alliés. Nous aurons donc voix au chapitre et il était difficile d'imaginer qu’il en soit autrement durablement. Telle est la position du groupe Nouveau Centre.

Réintégrer l’Alliance suppose de nouvelles responsabilités pour nous et c'est loin d'être anecdotique. En effet, non seulement nous participerons aux décisions, mais nous aurons également des postes de commandement importants. C'était d’ailleurs ce sur quoi s’était battu Jacques Chirac.

Réintégrer l'Alliance, est-ce perdre notre indépendance ?

M. Jean Michel. Oui !

M. François Sauvadet. Je dis non ! Bien au contraire. Réintégrer l’Alliance, c'est la possibilité de faire davantage valoir auprès des Américains notre ambition pour l’Europe de la défense.

M. Jean-Paul Lecoq. Écoutez-nous un peu !

M. François Sauvadet. C’est là que se situe l'enjeu de la décision que nous devons prendre. En rentrant dans le commandement intégré, nous offrons une voix plus grande encore en faveur de cette construction. On le voit bien, l'enjeu est tel que nous devrions tous faire preuve d'unité nationale sur ces sujets.

À une époque François Mitterrand, Guy Mollet et René Pleven dénonçaient l'attitude du Général qu'ils jugeaient trop « cocardière ». Eh bien aujourd'hui, à front renversé, leurs successeurs dénoncent l'attitude du Président de la République qu'ils qualifient de « retournement stratégique » pour les uns et d’« amputation » pour les autres.

M. Jean Michel. Sarkozy n’est pas de Gaulle !

M. François Sauvadet. Je le dis comme je le pense au nom du groupe Nouveau Centre, le choix d’une plus grande influence de l'OTAN ne remet pas en cause l'indépendance. C’est une logique d'alliance et une volonté de peser dans l’ordre du monde.

C'est le bon moment, aujourd'hui, pour prendre cette décision – vous l’avez précisé, monsieur le Premier ministre –,une décision qui sera un pas supplémentaire et décisif sur le chemin de la construction d’une Europe de la défense cohérente et efficace. Tous ici, nous devons partager cette même ambition, ce même espoir d'une Europe forte et protectrice.

Participer de manière décisionnaire à l’OTAN ne constitue ni un affaiblissement ni un renoncement pour la France. C’est, au contraire, lui permettre d’assumer, pleinement et d’une voix forte, son influence tout en conservant son indépendance. Monsieur le Premier ministre, nous vous faisons confiance pour poursuivre cette mission. (Applaudissements sur les bancs du groupe NC et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

(M. Bernard Accoyer remplace M. Marc Laffineur au fauteuil de la présidence.)

Présidence de M. Bernard Accoyer
M. le président. La parole est à M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères.

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, le long débat portant sur le retour complet de la France dans l'OTAN que nous avons initié dans nos commissions, Guy Teissier et moi-même, depuis maintenant plus de trois mois, s'achève aujourd'hui, ponctué par la confiance que nous allons apporter au gouvernement de François Fillon.

Nous avons beaucoup auditionné, beaucoup écouté, beaucoup réfléchi à cette question importante pour notre pays. Pour ma part, plus je suis entré dans le sujet, plus j'ai été convaincu du bien-fondé de la décision du Président de la République et de l'aspect inéluctable de cet aboutissement.

M. Alain Néri. Rien n’est jamais inéluctable !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Les raisons de la rupture voulue par le Général en 1966 ne sont plus d'actualité aujourd'hui, nous le savons bien. La France ne participera pas au groupe des plans nucléaires ; il n'est pas question d'envisager la réouverture de bases américaines en France ni de tolérer la remise en question de notre souveraineté dans notre espace aérien. Par ailleurs, les forces européennes ne sont plus intégrées sous commandement américain depuis longtemps.

Le retour complet de la France dans l'OTAN est donc le résultat logique d'un long processus. En 1983, le président Mitterrand se prononce courageusement en faveur de l'accueil des missiles Pershing américains en Allemagne, en précisant : « Les régions entières de l'Europe ne doivent pas être dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. Je constate que les pacifistes sont à l'Ouest et les euromissiles à l'Est ». En 1989, le mur de Berlin s’effondre et, avec lui, c’est la menace soviétique qui disparaît. Le monde a changé, le monde d'aujourd'hui n’est plus celui de 1966, notre relation à l'OTAN a évolué en quarante-trois ans, et l'OTAN elle-même a profondément changé.

L’OTAN n’est plus dirigée par un duopole américano-britannique. Quant aux opérations militaires de l’OTAN, il n'est pas inutile de rappeler qu’elles sont toutes postérieures à 1989 et qu’elles ont toutes été réalisées, à une exception près, sous mandat de l’ONU.

Cela a été successivement l'Adriatique en 1992, pour contrôler l'embargo sur les armes imposé par l’ONU à la Yougoslavie ; la Bosnie-Herzégovine, de 1995 à 2004, pour faire cesser le conflit ; l'Albanie, en 1999, pour une opération humanitaire au profit des réfugiés kosovars ; le Kosovo, à partir de 1999, pour mettre fin à ces crimes contre l'humanité perpétrés par le pouvoir serbe et certains de ses généraux ; puis, la Macédoine en 2001 pour stabiliser et sécuriser le pays. Enfin, l'Afghanistan a, à partir de 2003, constitué la première intervention de l'OTAN hors du cadre euro-atlantique avec une participation de trente-sept pays et avec la mission d’étendre l'autorité du pouvoir central afghan et de faciliter la reconstruction du pays, ce qui reste une tâche difficile.

Depuis 1995, la France s’est sérieusement rapprochée de l'OTAN puisqu'elle a participé à chacune de ses opérations militaires. Elle a aussi réintégré trente-huit des quarante agences ou comités dédiés au soutien du commandement politique et militaire de l'OTAN. Elle est également un acteur à part entière de la Force de réaction rapide avec les états-majors de Lille, Toulon et Taverny, pour chacune de ses composantes.

En fait, il convient de distinguer la réalité de nos intérêts et le symbole qu'ils suscitent. La réalité, c’est que nous avons aujourd'hui toutes les charges et responsabilités d'un pays membre à part entière sans peser de toute notre influence, sans faire valoir nos idées et nos conceptions, puisque nous sommes absents du comité des plans et du commandement intégré.

Mais surtout, le fait marquant de cette réintégration complète sera la confiance rétablie avec l'ensemble de nos partenaires européens qui nous soupçonnent continuellement d'un « agenda caché », à savoir de vouloir créer une structure concurrente à celle de l'OTAN. (Exclamations sur quelques bancs du groupe SRC.)

M. Pierre Gosnat. C’est Tintin chez les Soviets !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Or le sommet de Prague de novembre 2002 et les arrangements dits « Berlin plus », ont ouvert la voie à une collaboration politique et militaire étroite entre l’Union européenne et l’OTAN en termes de moyens et de capacités compatibles et complémentaires.

Mes chers collègues, que cela nous plaise ou non, il faut être bien conscient que pour la plupart de nos partenaires européens, l’OTAN reste l'organisation de sécurité et de défense de référence. En continuant à nous prévaloir d’un statut à part, justifié en 1966, mais incompris aujourd’hui, nous entretenons le doute quant à nos intentions réelles, qui rend illusoire toute avancée significative de l'Europe de la défense.

La réalité est donc que nous sommes, d'ores et déjà, très présents dans l’OTAN, mais que nous en avons tous les inconvénients et pas tous les avantages. Notre intérêt est donc de peser davantage politiquement et opérationnellement.

Reste alors la valeur symbole de ce complet retour. D’aucuns prétendent que la France perdrait de sa spécificité, de son originalité, de son statut à part. Pour vous dire la vérité, cet argument, on ne l'entend qu'en France. Nulle part ailleurs.

M. Jean Michel. Eh oui, les autres se couchent !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. J’en viens à penser qu'en fait de symbole, on est plus dans la posture.

M. Henri Emmanuelli. Dans la continuité !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Et ce n'est pas grandir notre liberté de choix et d’appréciation que de s’enfermer dans un prisme aussi dépassé.

Pourquoi la France perdrait-elle de sa liberté, voire de son indépendance ? Pourquoi deviendrait-elle plus alignée sur l'Amérique ? C'est avoir bien peu confiance dans notre disposition à peser sur les affaires du monde. Je ne pense pas une seconde qu’elle se tairait lorsque les droits de l'homme sont en cause ou lorsqu’un impérialisme, quel qu'il soit, se manifeste. Et surtout, nous continuerons à affirmer nos convictions : que nous sommes admiratifs de la démocratie américaine tout en condamnant son protectionnisme ; que nous souhaitons développer nos échanges avec la Chine, mais restons préoccupés par le sort du Tibet ; que nous voulons le gaz de la Russie, mais sommes soucieux de ses visées nationalistes ; que nous protégeons Israël dans ses frontières, mais dénonçons sa politique des colonies.

M. Roland Muzeau. Quand on massacre des Palestiniens ça va toujours !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. L'Union pour la Méditerranée ne doit son envergure qu'aux efforts déployés par le Président de la République. Et qui peut croire que la Syrie, le Liban ou Cuba ne nous accordent leur confiance que parce que nous sommes absents des commandements intégrés de l'OTAN ? Ce n'est évidemment pas crédible.

Mes chers collègues, la sécurité et la défense de la France et des Français reposent aujourd’hui sur trois piliers.

M. Pierre Gosnat. Sarkozy, Sarkozy, Sarkozy !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. D’abord, le pilier que constitue l'ensemble des forces armées françaises.

Ensuite, le pilier européen qu'est la PESD pour les opérations de maintien de la paix de vaste ampleur que nous menons avec nos partenaires européens.

Enfin, le pilier OTAN pour les opérations de crises extérieures qui justifient la participation de nos alliés américains.

Le monde est devenu global. La menace n'est plus à nos frontières ou proche de nos frontières. Elle est lointaine et nécessite un renforcement de nos alliances et de nos partenariats les plus stratégiques.

M. Jean Michel. Raison de plus !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Il est de notre intérêt d'être le plus influent possible dans chacun de ces partenariats, d’en être les acteurs afin de complètement faire valoir nos vues et nos objectifs, en particulier au moment où un nouveau concept stratégique de l’OTAN doit être élaboré. À l’évidence, il est préférable d’y contribuer de l'intérieur que d’en être témoin de l'extérieur.

Mes chers collègues, nous savons bien tous qu’une fois cette décision acquise, aucun gouvernement futur ne reviendra en arrière.

M. Jean Michel. Si !

M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. C’est bien quelque part que cette décision est justifiée. C’est bien quelque part que cette décision fera consensus, dans le futur, en matière de politique étrangère pour la France. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

M. le président. La parole est à M. Guy Teissier, président de la commission de la défense nationale et des forces armées.

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense nationale et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, monsieur le président de la commission des affaires étrangères, mes chers collègues, le Président de la République a souhaité que la France reprenne toute sa place dans l'Alliance atlantique.

Après m'être interrogé comme beaucoup sur ces bancs, tant l’OTAN fait partie d’un « marqueur identitaire de la Ve République » selon l'expression de notre collègue Pierre Lellouche, je considère qu'il s'agit de la meilleure position pour que la France puisse prendre, au regard de l'évolution du contexte géostratégique, toute sa place dans le monde.

Beaucoup de choses ont été dites sur les conséquences de cette décision, sur notre indépendance, sur notre identité, sur le poids du symbole que cette démarche revêt. Et ce, à mon sens, pas toujours avec la clairvoyance et la sincérité que ce type de débat suppose.

En préambule, il me semble important de rappeler que notre retour dans les instances de l'OTAN est aujourd'hui devenu pour la France non seulement une nécessité politique et militaire, mais surtout la suite logique d'une politique de rapprochement initiée par la quasi-majorité des Présidents de la République qui ont succédé au général de Gaulle. Il s’agit donc tout simplement d’une normalisation.

Le fait que la France reprenne toute sa place au sein de l’Alliance est une nécessité politique dans la mesure où nos alliés et partenaires européens, à commencer par les douze derniers adhérents à l’Union européenne, ne s’associeront pas à un projet de défense européenne en dehors de l’Alliance, pour des raisons stratégiques et budgétaires que nous connaissons.

M. Henri Emmanuelli. Non !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Bien sûr que si !

Depuis les années 90, la France a essayé de développer son projet d’Europe de la défense en dehors de l’OTAN, se heurtant aux écueils que l’on sait. Aujourd’hui, le projet que la France nourrit pour l’Europe garde tout son sens, mais nous ne convaincrons nos partenaires que si nous renouons la confiance et parvenons à mettre sur pied un dispositif européen qui garantisse notre autonomie tout en montrant la complémentarité entre une défense européenne et l’OTAN.

Je suis d’ailleurs convaincu que l’évolution de notre position vis-à-vis de l’OTAN a, par exemple, favorisé la participation des Britanniques à l’opération européenne contre la piraterie et les a incités à en prendre le commandement.

Ce projet est aussi une nécessité militaire, contrairement à ce que disait Laurent Fabius tout à l’heure. Depuis la crise des Balkans, nous avons plusieurs fois participé aux opérations de l’OTAN visant à assurer la sécurité de notre continent. Force est de constater que notre absence du commandement intégré ne nous a pas permis de peser sur les choix stratégiques et les opérations militaires, alors que nous en avons été et que nous en restons les principaux contributeurs.

M. Jean Michel. Parce que les Anglais ont pesé, eux ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Monsieur Michel, savez-vous qu’il aura fallu attendre cinq ans pour qu’un général français prenne le commandement de l’opération menée dans les Balkans, au seul prétexte que nous ne faisions pas partie de la force intégrée ? (« Et alors ? » sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Et alors, vous trouveriez normal que l’on envoie nos soldats s’y faire tuer (Protestations sur les bancs du groupe GDR)…

M. Roland Muzeau. Mais non ! Nous avons voté contre !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …sans faire partie du commandement ? Je reconnais bien là le raisonnement des postmarxistes ! (Approbation sur plusieurs bancs du groupe UMP. – Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

Voilà pourquoi la stratégie du Président de la République me paraît juste et doit aboutir…

M. Pierre Gosnat. Même Obama veut partir !

M. Roland Muzeau. Vous avez vingt-six morts sur la conscience !

M. Jean-Paul Lecoq. Il n’y a que vous qui voulez rester dans le bourbier !

M. le président. Je vous en prie !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Mieux vaut être dans le bourbier qu’au goulag ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP. –Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Jean-Paul Lecoq. Vous êtes nostalgique ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Je voudrais maintenant souligner combien les risques que cette décision ferait peser sur la France relèvent du fantasme ou, pire, de l’ignorance. L’opposition nous dit qu’en reprenant toute sa place au sein de l’Alliance, la France hypothéquerait son indépendance.

M. Roland Muzeau. C’est une évidence !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. L’opposition feindrait-elle d’ignorer que la France conserve une armée capable d’agir partout dans le monde, une diplomatie reconnue partout et, surtout, une capacité de dissuasion totalement indépendante ? (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Pierre Gosnat. En Afrique ?

M. Roland Muzeau. Et un porte-avions qui n’arrive pas à avancer !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Aurait-elle oublié que l’OTAN n’a jamais été et ne sera jamais une organisation supranationale ? Le processus décisionnel reposant sur l’unanimité de ses membres, la France pourra toujours s’opposer à l’engagement de ses moyens, voire au déclenchement d’une opération de l’OTAN. Notre excellent collègue socialiste Jean Michel Boucheron l’a reconnu lui-même il y a peu : la France pourra toujours dire non.

Sur ce point, la gauche fait preuve d’une incohérence surprenante en affirmant aujourd’hui que l’appartenance au commandement militaire intégré impliquerait une présomption de disponibilité des forces françaises au service de l’OTAN,…

M. Roland Muzeau. C’est évident ! C’est un aveu !

M. Pierre Gosnat. C’est le moins que l’on puisse dire !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …ce qui aurait été vrai du temps de la guerre froide, mais n’a plus aujourd’hui aucun sens.

Sur ce point, l’opposition a une vision dépassée de l’Alliance ; et cela, ce n’est pas une simple présomption ! Mais, connaissant votre archaïsme, cela ne m’étonne pas ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

M. Henri Emmanuelli. Répondez à Fabius ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Le repli sur soi, la frilosité, les procès d’intention qui caractérisent les propos de Laurent Fabius (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) sont à l’image de ceux d’un grand ministre de l’intérieur…

M. Henri Emmanuelli. Lamentable ! Vous, vous n’êtes pas un grand député !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …qui fut aussi un illustre maire de Marseille. (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.) Gaston Defferre (Exclamations sur les bancs du groupe SRC)…

M. Henri Emmanuelli. Et Léon Blum ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …n’avait-il pas dit dans cet hémicycle, à propos de la décision du général de Gaulle, qu’elle relevait d’un nationalisme maurassien ? M. Fabius s’inscrirait-il aujourd’hui dans cette lignée ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP. – Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

M. Henri Emmanuelli. Répondez-lui, sur Juppé !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. En revanche, mes chers collègues, nous sommes en droit de nous demander pourquoi la France, qui dispose d’une voix pleine et entière au conseil de sécurité de l’ONU, n’aurait pas la même au sein du commandement intégré de l’OTAN,…

M. Roland Muzeau. Parce que c’est Sarkozy, et que Sarkozy est en ligne directe avec le Pentagone !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …dont le siège se trouve en Europe et dont les membres sont pour l’essentiel des pays européens.

Après avoir mis en doute notre indépendance, l’opposition nous dit aussi qu’en reprenant toute sa place au sein de l’Alliance, la France affaiblirait son identité et sa singularité. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Mme Marylise Lebranchu. Elle n’est pas la seule à le dire !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Soyons sérieux, chère madame ! Tout d’abord, l’actualité de ces derniers mois, en particulier la crise en Géorgie, a montré la capacité de la France à se mobiliser, à agir et à afficher ainsi son identité propre. (Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Pierre Gosnat. Pas du tout !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Ensuite, les pays du Proche et du Moyen-Orient, ou ceux d’Asie, ne se demandent pas si la France appartient ou non à l’organisation militaire intégrée de l’OTAN. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Jean-Paul Lecoq. On en reparlera !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Ils observent sa politique, en se félicitant de son autonomie et de son sens des responsabilités comme membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies.

M. Pierre Gosnat. Cela n’a rien à voir !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. C’est vous qui le dites !

Ils savent aussi que l’Alliance est intervenue hier en Bosnie, et intervient encore aujourd’hui au Kosovo et en Afghanistan. Permettez-moi de rappeler qu’il s’agit pour l’essentiel de pays musulmans.

M. Roland Muzeau. Et ce sont des succès ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Ils savent – mais pas vous, semble-t-il – que des pays comme le Maroc,…

M. Pierre Gosnat. Grande démocratie !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …la Jordanie ou les Émirats arabes unis sont engagés dans les opérations de l’Alliance. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

M. Henri Emmanuelli. D’où sortez-vous ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Ils savent aussi que la Turquie, État laïque, certes, mais à majorité musulmane, est membre de l’OTAN.

M. Pierre Lellouche. Depuis cinquante-trois ans !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Absolument, mon cher collègue. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Henri Emmanuelli. Lellouche était pour la guerre en Irak !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Dans ce domaine, rien n’est binaire. Nous n’insisterons jamais assez sur ce point : la décision du Président de la République ne comporte aucun risque pour notre identité, nationale et européenne, car intégration n’est pas synonyme d’assimilation.

Je voudrais enfin aborder une dimension supplémentaire, peu évoquée : la dimension militaire de ce choix. Aujourd’hui, nos soldats risquent leur vie en Afghanistan – les événements de ce week-end en témoignent – aux côtés de leurs camarades de l’Alliance. Pour eux, la distinction entre Alliance atlantique et OTAN a-t-elle un sens ? En a-t-elle encore un pour nous, du reste ?

La vérité, la voici : l’OTAN est devenu un outil indispensable qui a permis de développer une véritable communauté militaire fondée sur l’expérience des opérations. Notre réintégration au sein du commandement intégré de l’Alliance ne peut que renforcer ce sentiment et relégitimer l’action sur le terrain.

Le présent débat m’amène à vous proposer, chers collègues, une relecture du traité de Washington, et notamment de son article 3. Cet article nous engage à accroître nos capacités individuelles et collectives de résistance à une attaque armée. Il légitime, me semble-t-il, les efforts consentis par la France pour développer l’Europe de la défense. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Pierre Gosnat. Où est l’ennemi ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. C’est pourquoi je plaide pour une européanisation des forces multinationales créées par les Européens.

« Où est l’ennemi ? », me demande-t-on à l’extrême gauche. Je vais vous répondre : quand on n’a pas sa propre armée, on a toujours celle des autres dans son pays. Je préfère donc avoir la mienne.

M. Dino Cinieri. Bravo !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Il me paraît aujourd’hui particulièrement important de rendre l’existence d’une défense européenne visible pour l’opinion publique, en regroupant toutes les unités multinationales existantes en une force européenne de maintien de la paix. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Pierre Gosnat. Avec quelle stratégie ?

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Ensuite, notre rapprochement vis-à-vis de l’OTAN doit s’accompagner d’une amélioration de l’efficacité de l’Union, donc de sa réactivité, qui passe par la création d’un état-major militaire européen apte à planifier et à commander des opérations européennes. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

Bien entendu, il ne s’agit pas de dupliquer ce qui se fait déjà dans le cadre de l’OTAN. Les Européens pourront se déclarer prêts à mettre le futur état-major européen à disposition de l’OTAN en cas de nécessité.

M. Roland Muzeau. Et du Pentagone !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Je suis bien conscient du fait que notre retour ne va pas lever tous les obstacles comme par enchantement,…

M. Roland Muzeau. Ah bon ? Quelle déception !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. …mais gouverner, c’est aussi savoir faire preuve d’audace. Et quand l’audace rencontre le sens de l’histoire, nous contribuons à forger le destin des nations et des continents.

En conclusion, je tiens à vous faire part de ma conviction : le rapprochement voulu par le Président de la République n’affaiblira en rien la voix de la France, ni celle de l’Europe.

M. Roland Muzeau. Nous voilà rassurés !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Vous, mesdames, messieurs de l’opposition, ne donnez pas l’image d’une gauche à contretemps de l’histoire, comme en 1966.

M. Henri Emmanuelli. Va te faire voir !

M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Et nous, mes chers collègues de la majorité, montrons que la France reste la France, volontaire et ambitieuse ! Nous vous faisons confiance pour cela, monsieur le Premier ministre. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP. – Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Pierre Gosnat. Lellouche n’a pas applaudi !




à suivre...

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