« Ma priorité est claire : favoriser le travail pour que ceux qui en sont éloignés s’en rapprochent, en soutenant ceux qui n’ont que le fruit de leur travail pour vivre, et qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités. Mon cap est clair : c’est celui de la souveraineté et de l’indépendance, à l’échelle individuelle, nationale et européenne. Ma méthode est claire, elle reste la même : dire la vérité, même quand ça fait mal, même quand cela nous conduit à remettre en cause nos propres décisions. Dire la vérité, donc, et agir. Agir vraiment, agir maintenant ! » (Gabriel Attal, le 30 janvier 2024 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale).
Excellent communicateur (certaines langues de vipères diront qu'il n'est que cela), le Premier Ministre Gabriel Attal n'a pas déçu pour son grand oral, exercice souvent laborieux des nouveaux Premiers Ministres, la déclaration de politique générale qu'il a prononcée devant les députés ce mardi 30 janvier 2024 à 15 heures (dont on pourra lire le texte intégral ici), lu par le numéro deux du gouvernement, Bruno Le Maire, devant les sénateurs au même moment.
Gabriel Attal a été excellent car il a une méthode qui fonctionne : il écoute, il émet un diagnostic et enfin, il propose des thérapies, sans a priori. Il a beaucoup de choses à faire, dit-il (« humble face à l’ampleur de la tâche à accomplir »), et tout cela serait très cohérent s'il s'agissait du premier discours de politique générale d'un premier quinquennat. C'est là le point faible du discours : Gabriel Attal représentait une majorité qui est au pouvoir depuis six ans et demi, et il parlait comme s'il venait juste de prendre le pouvoir (même s'il a préalablement indiqué tout ce qui a changé en bien depuis 2017, le chômage en baisse, la réindustrialisation, les budget de la santé, de l'armée, de l'école en hausse : « En deux quinquennats, nous aurons doublé le budget du ministère des Armées. », etc.). À sa décharge, les événements et les crises n'ont cessé de se surajouter, si bien que la situation en 2024 est très différente de 2017. Pas sur les tendances de fond, mais sur le fait que ces tendances sont maintenant très fortes, impossibles à ne pas voir.
Le macronisme, c'est une sorte de pragmatisme de la culture du résultat. En France, nous sommes un pays de culture des moyens. C'est dire la révolution culturelle qu'il faut faire pour atteindre les horizons de Gabriel Attal qui est devenu, à petite échelle, ou plutôt, à échelle parlementaire, un Emmanuel Macron bis.
L'autre gêne, qui révolte l'opposition de gauche, c'est que Gabriel Attal est issu du parti socialiste. On voit que ce parti mène à tout. C'est Gabriel Attal qui va donc amener les Français dans une structure beaucoup plus "conservatrice libérale", une expression que je n'aime pas trop employer mais qui représente cette double tendance : tout faire pour produire et travailler, le travail crée de la richesse nationale (et de la redistribution, donc), mais aussi crée de la richesse personnelle (pas seulement pécuniaire), et c'est le défi de la modernité ; tout faire pour retrouver l'autorité, le respect des institutions, des bonnes manières, du vivre ensemble, et c'est le défit de l'identité. Ces deux tendances, ces deux attentes, c'est la souveraineté (personnelle, nationale, européenne).
En somme, Gabriel Attal, après six ans et demi de macronisme, réussit une improbable synthèse de philosophie politique entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Le PS, le socialisme, la gauche, en France, c'est totalement disparu : au contraire, l'aile progressiste, elle est représentée par Gabriel Attal, car le clivage, maintenant, et depuis 2017, c'est le macronisme versus le lepénisme. Ce n'est pas Olivier Faure qui présente une option d'alternance (encore moins Jean-Luc Mélenchon), mais c'est Marine Le Pen et Jordan Bardella. C'est ainsi, c'est la voix du peuple qui veut cela. Le macronisme, c'était le train du progressisme qui a compris qu'il fallait aussi s'occuper de l'autorité, du régalien. En clair, l'attalisme, si je puis m'exprimer ainsi (je préférais même écrire le gabriel-attalisme), c'est Emmanuel Macron version autorité nationale. Cela fait longtemps que sont oubliées les maladresses de sa campagne présidentielle de 2017, celles de dire qu'il n'y avait pas de culture française, ou que la laïcité n'était pas un problème.
Gabriel Attal, bien plus clairement qu'Emmanuel Macron, est donc devenu un homme d'État, le même processus qui a fait que Clemenceau est passé de l'opposant radical (à l'époque, vraiment radical) à l'homme d'État prêt à tout pour l'intérêt de la Nation, au point de l'incarner en pleine guerre (mais aussi face aux manifestants). Emmanuel Macron a eu ce procès de jeunisme, fait évidemment par des plus vieux que lui, motivés par une certaine jalousie. Gabriel Attal n'aura pas le temps d'être jalousé pour son jeune âge. Il n'en aura pas le temps car on l'attend sur tous les sujets, il a déjà été auprès des sinistrés des inondations, auprès des agriculteurs en colère (parfois pour des raisons inverses), auprès de la communauté éducative, etc. Bref, la jeunesse, loin d'être un handicap, est un atout de dynamisme, de redynamisation de l'État, de rapprochement aussi des Français, du peuple français. Et de toute façon, à Matignon, il va vieillir très vite. C'est un piège d'espace-temps.
Dans son très long discours (de quatre-vingts minutes), dit avec une voix forte à cause des cris et vociférations quasi-permanentes de l'opposition, Gabriel Attal a énoncé certaines idées générales (sa philosophie d'épanouissement personnel, de la souveraineté nationale, sa défense de la construction européenne, etc.), et de nombreuses mesures dans divers domaines. Certaines mesures semblent des gadgets, d'autres sont des véritables révolutions culturelles, etc.
Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il a énoncé, en particulier, je suis fermement opposé à toute nouvelle loi sur la fin de vie, considérant que la loi Claeys-Leonetti est arrivée à un point d'équilibre qu'il conviendrait au moins d'évaluer avant de faire exploser un consensus national (Gabriel Attal a annoncé qu'un projet de loi sur l'aide active à mourir serait déposé avant cet été), c'est aussi le cas à propos de la suppression de l'ASS (voir plus loin), mais beaucoup de mesures proposées semblent toutefois de bon sens, surtout dans le domaine économique et social, même s'il y a un risque d'accroître une fracture sociale. L'idée est de débrider l'humain, lui retirer sa coque bureaucratique pour qu'il s'épanouisse le mieux possible.
Avant même le début du discours de Gabriel Attal, la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet a informé la représentation nationale que les groupes de la Nupes avait déposé une motion de censure qui, ne se basant sur rien de précis puisque rédigée avant le discours de politique générale du gouvernement, n'est qu'une nouvelle posture politicienne qui, involontairement, aide le gouvernement à gagner sa légitimité parlementaire. En effet, comme ce fut le cas de tous les gouvernements de la Cinquième République quand ceux-ci ne sont soutenus que par une majorité relative, Gabriel Attal n'a pas pris le risque de demander un vote de confiance à l'issue de son discours, mais le rejet de la motion de censure lui permettrait d'annoncer qu'il a finalement la légitimité des parlementaires puisque ceux-ci ne l'auraient pas renversé.
Je propose ici de prendre quelques éléments (vingt-trois éléments) du discours de Gabriel Attal qui m'ont paru intéressants, importants ou simplement anecdotiques.
1. Profession de foi : « Parce que notre génération, partout dans le monde, voit son monde chamboulé plus fortement encore que toute autre avant elle. Elle est en proie au doute. Doute sur l’avenir de sa planète. Doute sur son identité. Doute, ici, en France, sur qui nous sommes, comme peuple et comme Nation. Doute sur notre modèle social, sur nos services publics, sur notre démocratie. Notre responsabilité, celle de chacune et chacun d’entre nous, c’est de puiser en nous la force d’identifier tous les ressorts pour les surpasser. Si nous sommes là, ici réunis, si nous nous engageons, par-delà nos divergences et nos désaccords, c’est que nous avons un point commun, partagé par des dizaines de millions de nos concitoyens : nous voyons davantage de raisons d’espérer que de douter. C’est parce que nous sommes prêts à affronter pour avancer. Affronter pour avancer. ».
2. La fierté d'être Français : « Nous ne sommes pas n’importe quel pays. La France n’a jamais été, n’est pas, ne sera jamais une Nation qui subit : ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. Dans les pires moments de doute, de désarroi, de désunion, elle a montré sa solidité, son supplément d’âme qui fait d’elle une Nation à nulle autre pareille. (…) La France rime avec puissance. La France, c’est un repère, un idéal. C’est un patrimoine, témoin d’une Histoire millénaire. C’est un héritage moral, celui de la patrie où sont nés les Droits de l’Homme. Celui d’un modèle social, protecteur et envié dans le monde entier. (…) J’ai confiance parce que je connais les Français, leur énergie, leur volonté, leur créativité. J’ai confiance, parce que face aux épreuves, aux inquiétudes et aux crises, notre pays s’est toujours relevé. ».
3. Majorité relative : « Cette majorité est relative et les Français attendent que nous cessions les querelles de principes pour échanger et pour agir ensemble. Depuis 2022, depuis dix-huit mois, sur bien des textes, nous y sommes parvenus. Et aujourd’hui, je le dis à la majorité comme aux oppositions : nous avons la France en partage. Nous avons, je le crois, un devoir commun de transcender les clivages, les désaccords et les divisions pour œuvrer au service des Français. ».
4. Désmicariser la France (le verbe fera date) : « Aujourd’hui, pour augmenter de 100 euros le revenu d’un employé au SMIC, l’employeur doit débourser 238 euros de plus. Quant au salarié, il perdra 39 euros de prime d’activité, il voit sa CSG, ses cotisations sociales augmenter de 26 euros et il entre dans l’impôt sur le revenu. En bref, autant le dire, notre système, fruit de réformes successives pétries de bonnes intentions ces dernières décennies, a placé notre monde économique dans une situation où il n’y a quasiment plus aucun intérêt pour quiconque à augmenter un salarié au SMIC. On ne peut accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du SMIC toute leur carrière. La progression salariale doit, toujours, permettre de récompenser l’effort et le mérite. Alors oui, j’assume de le dire, il faut désmicardiser la France. ».
5. Travail obligatoire pour les personnes assujetties au RSA : « Dans dix-huit départements, nous avons lancé une expérimentation qui conditionne le RSA à quinze heures d’activité pour l’insertion. Je vous annonce que nous généraliserons ce dispositif à tous les départements de France, d’ici le 1er janvier 2025. ».
6. Solidarité à la source : « Nous avons été capables de faire le prélèvement à la source. Nous serons capables de mener à bien la solidarité à la source, pour éviter les démarches inutiles et garantir la pleine justice sociale : que chacun touche l’intégralité de ce à quoi il a droit. ».
7. Suppression de l'ASS : « Combattre les trappes à inactivité, c’est aussi assumer de réinterroger notre modèle. Je pense notamment à l’allocation de solidarité spécifique, qui prolonge l’indemnisation du chômage et qui permet, sans travailler, de valider des trimestres de retraite. Nous avons une conviction et une cohérence forte. Nous considérons que la retraite doit toujours rester le fruit du travail et donc nous proposerons la bascule de l’allocation de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation. ».
8. Simplifier les normes pour le logement : « Nous allons simplifier massivement les normes : revoir les DPE, simplifier l’accès à MaPrimeRénov, faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage, accélérer les procédures. ».
9. Transfert aux maires de l'attribution des logements sociaux : « Je vous annonce que nous allons donner aux maires la main pour la première attribution dans les nouveaux logements sociaux construits sur leur commune. C’était une mesure très attendue par les élus locaux. ».
10. Assouplissement très attendu de la loi SRU : « Nous allons aussi engager un chantier, une réflexion pour faire évoluer le logement social, pour qu'il réponde davantage aux classes moyennes. Vous le savez, d’ici 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU doivent posséder au moins un quart de logements sociaux sur leur territoire. Nous proposerons d’ajouter pour une part les logements intermédiaires, accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul des 25%. ».
11. Débureaucratiser la France (un autre verbe attalien) : « Je veux alléger le fardeau des règles et des normes qui pèse sur ceux qui créent nos TPE et nos PME, sur tous ces Français qui travaillent sans compter et créent de l’activité et de l’emploi. Il a été évalué que chaque année, ce sont 60 milliards d’euros que nous perdons à cause des démarches et des complexités de notre quotidien. Aussi, nous engagerons après l’été une nouvelle étape de la réforme du droit du travail. Avec un objectif clair : libérer les énergies de nos TPE et PME, simplifier considérablement leur quotidien et leur permettre de négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise. (…) À date, le nombre de mots pour dire des normes, sur légifrance, s’élève à 44,1 millions de mots. C’est pratiquement deux fois plus qu’il y a 20 ans. À tous les échelons, je veux débureaucratiser la France. Nous évaluerons les normes qui peuvent être supprimées ou simplifiées, avec les Français, avec les professionnels, avec les élus. Nous regarderons les démarches qui peuvent être améliorées. Tous les sujets sont sur la table. Mon seul objectif, c’est de libérer les Français ! C’est de les laisser vivre et respirer ! (…) La bureaucratie qui recule, c’est la liberté qui avance ! Je veux libérer les Français des contraintes qui les freinent et sont autant de boulets pour notre économie. ».
12. En finir avec les comités Théodule inactifs mais coûteux : « Simplifier pour éviter la gabegie, c’est possible, et je vous annonce une règle générale simple : tous les organes, organismes, comités ou autres, qui ne se sont pas réunis ces douze derniers mois, seront supprimés automatiquement. ».
13. Réformer l'AME sans passer par la loi : « Je tiendrai l’engagement de ma prédécesseure de réformer l’aide médicale d’État. Nous le ferons avant l’été par voie réglementaire, avec une base qui est connue : le rapport Évin-Stefanini. ».
14. Avoir plus de médecins pour soigner les Français : « Les effets de la suppression du numerus clausus ne se feront pas sentir immédiatement, alors nous allons mettre en œuvre des solutions fortes, tout de suite. C’est pourquoi, comme l’a annoncé le Président de la République, nous procéderons à la régularisation des médecins étrangers sur notre territoire. C’est pourquoi aussi, je vous l’annonce, je nommerai un émissaire, chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient venir exercer en France. Nous devons trouver les moyens de faire revenir nos jeunes français, qui sont partis étudier à l’étranger. ».
15. Des peines aux mineurs qui le mériteraient : « Ce respect de l’autorité passe aussi par les familles. Les violences de juillet dernier ont profondément marqué notre pays. Parmi les émeutiers, des jeunes, très jeunes parfois, qui semblaient avoir déjà coupé les ponts avec notre société. Qui ne respectent plus leurs parents ou pour qui la violence semble un moyen comme un autre de tromper l’ennui. Je ne me résoudrai jamais à ce qu’on préfère attendre avant de donner une lourde peine, alors que bien souvent, c’est très tôt qu’il aurait fallu agir. Nous devons disposer de sanctions adaptées pour les mineurs de moins de 16 ans. Pour eux, on ne peut pas aujourd’hui prononcer de peine de travaux d’intérêt général. Je vous annonce que nous créerons des travaux d’intérêt éducatif, qui seront leurs équivalents et seront données plus facilement que les peines d’intérêt général. Cela fera partie d’une revue de l’échelle des sanctions dans nos établissements scolaires. Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : "tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ; tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter". Nous responsabiliserons aussi davantage les parents. Dans le cadre du projet de loi sur la justice des mineurs, nous soutiendrons la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants, qui se sont totalement et volontairement soustraits à leurs obligations et responsabilités parentales. Mais je le dis : il est hors de question d’accabler certaines familles. Quand on est une mère seule, de plusieurs enfants dans un quartier, on peut être totalement dépassée par les événements, et on n’est pas toujours responsable de la dérive de ses enfants. Pour elles, au contraire, cette dérive est un échec et une douleur terrible. Nous devons les aider. Je ne me résous pas à ce que nous ayons une situation, où nous avons des familles dépassées par les événements, avec des enfants qui ne respectent pas nos règles et qui sont violents d’un côté et 50 000 places d’internat disponibles, de l’autre. Aussi, désormais, quand un jeune sera sur la mauvaise pente, plutôt que de le laisser plonger dans la délinquance, nous proposerons aux parents de le placer en internat, en y facilitant l’accès, y compris financier. Nous allons le couper de ses mauvaises fréquentations. Nous allons lui offrir un cadre, un enseignement et une chance ! ».
16. La lutte contre les trafiquants de drogues : « Nous devons aussi taper les dealers au porte-monnaie et leur couper les vivres. C’est pourquoi, je vous annonce que nous allons désormais geler les avoirs des trafiquants de drogue identifiés. Notre réarmement civique passe par une justice plus rapide et plus efficace. Ensemble, nous allons envoyer un message clair : l’impunité, c’est fini ! ».
17. Combattre résolument l'écologie punitive : « Certains voudraient une écologie de la brutalité. Pour eux, l’écologie doit être punitive, douloureuse, passer par la désignation de boucs émissaires et par la décroissance. La décroissance, c’est la fin de notre modèle social. C’est la pauvreté de masse. Jamais, je ne l’accepterai. Je crois, au contraire, qu’on ne fera pas l’écologie contre le peuple. Je crois, au contraire, qu’il faut entendre les inquiétudes des Français, de tous les Français. Il faut entendre les agriculteurs, qui s’inquiètent de l’avenir de leur métier. Il faut entendre les élus locaux, qui veulent développer leurs communes. Il faut entendre les millions de Français, des villes moyennes, des petites communes et de la ruralité, pour qui la voiture est gage de travail et de liberté. L’écologie sans le peuple, c’est paver le chemin aux crises sociales et aux renoncements. Au contraire, nous allons continuer à bâtir ensemble, une écologie populaire. Une écologie à la Française, avec les Français et pour les Français. C’est tout le sens de la planification écologique qui protégera la biodiversité et permettra une baisse radicale de nos gaz à effet de serre : une baisse de 55% d’ici 2030 ! Une écologie populaire, c’est une écologie où chacun agit à la hauteur de ses moyens. C’est pourquoi l’État sera exemplaire. C’est pourquoi nous continuerons d’aider les entreprises à participer activement à l’effort. ».
18. Promotion sans ambiguïté de l'énergie nucléaire : « Grâce à la sobriété, aux énergies renouvelables et au nucléaire, nous allons assurer notre indépendance énergétique. Je veux le dire sans ambiguïté : le nucléaire est une fierté française. Le nucléaire est un atout majeur pour notre pays. J’assume pleinement d’être à la tête d’un gouvernement pro-énergie nucléaire, avec une majorité pro-énergie nucléaire. Nous allons continuer la montée en puissance de notre parc nucléaire, investir massivement dans les programmes, et cette année, l’EPR de Flamanville sera opérationnel. C’est aussi grâce au nucléaire que nous pouvons garantir les meilleurs prix aux Français. Nous protégerons mieux les consommateurs et régulerons les prix de l’électricité afin qu’ils se rapprochent des coûts de production. ».
19.L'euthanasie et la culture de la mort à l'horizon : « Conquérir de nouveaux droits, enfin, c’est être aux côtés de nos concitoyens jusqu’au bout de la vie. La fin de vie est sans doute l’une des questions les plus intimes et les plus délicates qui soit. C’est se pencher sur son histoire. C’est repenser aux souffrances endurées par certains. C’est s’interroger sur soi-même, sur ce que l’on voudrait face à l’insupportable et l’irréversible, face à l’irréparable. On ne peut légiférer sur la fin de vie qu’avec la plus grande prudence, la plus grande retenue et le plus grand respect. Aujourd’hui, nos compatriotes appellent à revoir notre droit. C’est une demande des familles. C’est une demande des malades. C’est un appel grave, auquel nous devons répondre. Nous y répondrons. Nous renforcerons considérablement les unités de soins palliatifs dans notre pays, avec une unité par département. Avant l’été, nous examinerons un projet de loi sur l’aide active à mourir dans notre pays. Ce débat animera notre société, je le sais. Je souhaite qu’il puisse se tenir dans une volonté d’équilibre et dans le respect des convictions de chacun. ».
20. La souveraineté partout : « Je propose aux Français d’avoir pleinement le contrôle de leurs vies. Je souhaite que la France retrouve pleinement la maîtrise de son destin. Qu’elle soit pleinement souveraine. Une souveraineté industrielle, technologique et numérique, créatrice d’innovations et d’emplois. Une souveraineté énergétique, qui nous protégera des crises, protégera l’environnement et garantira des prix plus bas aux Français. Une souveraineté agricole, qui nous permettra de nourrir notre pays avec les meilleurs produits et d’assurer l’avenir de notre agriculture. Une souveraineté culturelle, où notre création et notre patrimoine sont soutenus. Où notre exception culturelle est protégée. Où la culture est accessible à tous. ».
21. Promotion enthousiaste de la construction européenne : « Depuis 2017 et le discours de la Sorbonne du Président de la République, l’Europe a changé. Elle a surmonté les crises et pris ses responsabilités. C’est grâce à l’Europe, que nous avons pu avoir des vaccins face à l’épidémie. Grâce à l’Europe, que nous avons bénéficié d’un plan de relance massif. Grâce à l’Europe, que nous soutenons l’Ukraine depuis le premier jour de la guerre, face à l’agression russe. Grâce à l’Europe, que nous avons imposé des normes aux géants du numérique. Grâce à l’Europe, que nous avons instauré un impôt minimal sur les sociétés pour lutter contre l’optimisation fiscale. Grâce à l’Europe, que nous contrôlons mieux nos frontières, grâce au Pacte sur la migration et l’asile. Un pacte que je peux résumer en une phrase : nous contrôlons enfin qui peut entrer dans l’Espace Schengen et qui ne le peut pas. Grâce à l’Europe, aussi, que nous investissons massivement dans des secteurs stratégiques et pour notre industrie. ».
22. Et démonstration anti-RN : « Ceux qui prônent la fin de l’application des traités sont les partisans d’un Frexit déguisé, qui affaiblirait la France. Moins d’Europe, c’est moins de puissance pour la France. Je ne prendrai qu’un exemple : le Brexit ! Ses partisans promettaient des jours heureux à l’économie britannique et au peuple anglais. La semaine dernière, à cause du Brexit, les derniers hauts-fourneaux de Grande-Bretagne ont fermé et on ne produit plus d’acier au Royaume-Uni ! Nous, en France, au contraire, notamment grâce aux investissements de l’Europe, l’industrie revient ! Qui étaient les premiers soutiens du Brexit ? Qui, a baptisé dans les villes qu’il dirige, des rues "Rue du Brexit" ? Qui s’est affiché ouvertement avec le leader du camp du Brexit ? C’est le Rassemblement national ! L’Europe. Éternel bouc émissaire de ceux qui, faute de pouvoir diriger un pays, veulent toujours détruire un continent. Pas un Français ne pense que nous pouvons nous passer d’Europe. Pas un Français, non plus, ne pense que l’Europe a su pleinement trouver la place juste dans sa vie. Ils ont raison. Tout n’est pas parfait, et il reste des chantiers à mener. Mais les faits sont là : avec l’Europe, notre puissance est démultipliée. Et ces dernières années, nous avons commencé à la changer. Et je le dis solennellement, à l’heure où il est minuit moins une dans le siècle, face aux impérialismes, les masques devront tomber. On peut vouloir changer l’Europe pour l’intérêt du pays, et nous le faisons. Mais on ne peut pas vouloir sortir de l’Europe, sauf à avoir d’autres intérêts, sauf à servir un autre pays, une autre puissance. ».
23. Homosexualité : « Être Français en 2024, c’est, dans un pays qui, il y a dix ans seulement, se déchirait autour du mariage pour tous, pouvoir être Premier Ministre en assumant son homosexualité. ».
DISCOURS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DU PREMIER MINISTRE GABRIEL ATTAL LE 30 JANVIER 2024 À 15 HEURES À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Déclaration de politique générale du Gouvernement
30/01/2024
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Le propre de toute société humaine, c’est de regarder en face l’avenir qui se dessine devant elle. Interroger son modèle, puiser en soi les ressources suffisantes pour avancer, corriger ce qui doit l’être, construire les bonnes solutions.
Une société ne se perd jamais quand elle cherche à avancer.
Une société ne se perd jamais quand elle doute. Elle se perd quand le doute l’emporte sur tout le reste. Quand le doute glace, quand il fige, quand il conduit à douter non-pas de l’avenir qui se dessine, mais à douter de soi-même, de ses forces et de ses capacités.
Je suis né en 1989, l’année du bicentenaire de la Révolution.
Une année, 89, où l’on a cru que la démocratie libérale et le progrès universel triompheraient par eux-mêmes.
Ma génération a vu l’inverse se produire. Parce que notre génération, partout dans le monde, voit son monde chamboulé plus fortement encore que toute autre avant elle. Elle est en proie au doute.
Doute sur l’avenir de sa planète.
Doute sur son identité.
Doute, ici, en France, sur qui nous sommes, comme peuple et comme Nation.
Doute sur notre modèle social, sur nos services publics, sur notre démocratie.
Notre responsabilité, celle de chacune et chacun d’entre nous, c’est de puiser en nous la force d’identifier tous les ressorts pour les surpasser.
Si nous sommes là, ici réunis, si nous nous engageons, par-delà nos divergences et nos désaccords, c’est que nous avons un point commun, partagé par des dizaines de millions de nos concitoyens : nous voyons davantage de raisons d’espérer que de douter.
C’est parce que nous sommes prêts à affronter pour avancer. Affronter pour avancer.
Mesdames et Messieurs les députés,
En m’exprimant face à vous, c’est en réalité à chaque citoyen de notre pays que je m’adresse.
Et à travers vous, c’est à chacun de nos concitoyens que je veux le dire : nous ne sommes pas n’importe quel pays.
La France n’a jamais été, n’est pas, ne sera jamais une Nation qui subit : ni hier, ni aujourd’hui, ni demain.
Dans les pires moments de doute, de désarroi, de désunion, elle a montré sa solidité, son supplément d’âme qui fait d’elle une Nation à nulle autre pareille.
En cette année 2024, nous commémorerons les 80 ans du débarquement, moment de libération d’une France, de soutien à des Français qui pour la plupart n’avaient jamais cessé de croire en elle.
En cette année 2024, nous rouvrirons les portes de Notre-Dame de Paris, alors que l’image rétinienne des flammes reste si vive dans l’esprit des Français.
En cette année 2024, nous accueillerons le monde, un monde bouleversé, divisé, oui nous accueillerons le monde à l’occasion des jeux olympiques et paralympiques.
La France rime avec puissance.
La France, c’est un repère, un idéal.
C’est un patrimoine, témoin d’une Histoire millénaire.
C’est un héritage moral, celui de la patrie où sont nés les Droits de l’Homme. Celui d’un modèle social, protecteur et envié dans le monde entier.
La France, c’est le pays de la création – que nous soutenons et qui nous fait rayonner.
C’est la patrie de la recherche – à laquelle nous donnons des moyens sans précédent.
C’est la Nation de l’innovation – qui construit le monde de demain, de 2030.
La France, ce sont nos jeunes, qui osent et se lancent.
La France, ce sont nos familles, et toutes ces mères célibataires qui se battent, qui ne lâchent rien, jamais rien.
Ce sont nos soignants, nos professeurs, nos forces de l’ordre, tous nos agents publics, nos militaires qui s’engagent pour que quelque chose qui les dépasse.
Ce sont nos artisans qui font rayonner nos savoir-faire.
Nos agriculteurs, nos pêcheurs, qui travaillent matin, midi et soir pour nous nourrir.
Ce sont nos élus locaux, et je suis l’un des leurs depuis 10 ans, qui s’engagent et se donnent corps et âme pour leurs territoires.
Ce sont nos associations, nos bénévoles.
La France, c’est 68 millions de Français de l’Hexagone, des Outre-mer et de l’étranger, qui n’ont pas fini de nous surprendre.
Dans un monde où tout s’accélère et se transforme, je refuse, avec eux, que notre identité puisse se diluer ou se dissoudre.
La France a son rang à tenir, sa voix à faire entendre, sa singularité à imposer.
Nous avons une fierté française à maintenir. Une fierté européenne à consolider.
Affronter pour avancer.
Les difficultés économiques, les bouleversements climatiques, démographiques, géopolitiques, ne nous figeront jamais, ne nous conduiront jamais à nous perdre.
Ils ne signifient pas la fin de tout, mais le passage d’un monde à un autre.
Un passage difficile, douloureux, inquiétant à bien des égards.
Mais un passage que nous réussirons. J’en suis intimement convaincu.
À ceux qui veulent y voir notre disparition, j’y vois notre renaissance, parce que nous avons une identité et des valeurs. À ceux qui veulent y voir un triangle des Bermudes, j’y vois notre Cap Horn, parce que nous savons où nous voulons aller. À ceux qui veulent y voir une perte de boussole, j’y vois une détermination, parce que j’ai confiance.
Confiance, parce que je connais le chemin que nous avons parcouru depuis 2017, les tabous que nous avons levés, les obstacles que nous avons franchis.
J’ai confiance parce que je connais les Français, leur énergie, leur volonté, leur créativité.
J’ai confiance, parce que face aux épreuves, aux inquiétudes et aux crises, notre pays s’est toujours relevé.
L’épidémie de Covid a mis à jour bon nombre des fractures de notre société. Elle a poussé notre modèle social dans ses retranchements. Mais notre pays a tenu, et nous avons protégé nos concitoyens mieux que beaucoup d’autres ne l’ont fait.
Le dérèglement climatique nous frappe, plus dur, plus fort, plus souvent. L’exceptionnel devient la norme. Les catastrophes se multiplient. Mais notre pays agit avec force, et jamais dans son Histoire, les émissions de gaz à effet de serre n’ont baissé aussi rapidement que l’an dernier !
La guerre en Ukraine a ébranlé l’Europe. Elle a détruit le rêve d’une paix éternelle sur notre continent. Elle nous a rappelé durement, que la démocratie était fragile, et la liberté un idéal toujours à défendre. Mais notre pays, notre Europe, ont montré le visage de la détermination face à l’agresseur et sa solidarité pour le peuple ukrainien !
L’attaque terroriste monstrueuse en Israël et la guerre au Proche-Orient ont ravivé des plaies et des maux, jusque dans notre société. Mais notre pays a su se dresser, répondre par le refus de la haine et par l’unité !
La crise énergétique, l’inflation, la menace terroriste : les crises se superposent, s’enchevêtrent et s’additionnent. Elles n’offrent aucune solution miraculeuse. Mais méthodiquement, avec les Français, nous y répondrons !
Bien sûr, face à ces crises, pour beaucoup de Français, l’avenir est davantage une crainte et qu’une promesse.
Et encore trop de Français ont le sentiment de perdre le contrôle de leur propre vie.
Avec le Président de la République, avec mon Gouvernement, je ne m’y résous pas. Je ne m’y résoudrai jamais.
Pour tous ces Français, nous allons continuer à affronter pour avancer.
Pas par des belles paroles, des grandes tirades ou de beaux discours.
Mais par des actes. Rapides et concrets. De nouveaux changements dans leur vie et sur le terrain.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Sous l’égide du Président de la République, l’identité même de cette majorité, de ce Gouvernement, c’est de reconquérir notre souveraineté française et européenne !
Notre promesse aux Français est claire : oui, nous voulons reprendre notre destin en main !
En ouvrant une nouvelle page de cette conquête, nous pouvons nous appuyer sur un bilan concret, solide, tangible.
En 2017, ma génération n’avait connu que la désindustrialisation qui semblait inéluctable, le chômage de masse qui s’ancrait, l’Europe qui se désunissait, la transition écologique qui rimait avec nécessité plus qu’avec réalité.
Au fond, en 2017, la souveraineté de la France et de l’Europe était pour beaucoup un impensé. Pour certains même, c’était un gros mot.
Nous avons assumé de parler de souveraineté, et plus important encore : nous avons assumé d’en faire la matrice de notre action. Et nous avons agi.
Nous avons engagé une action résolue pour la souveraineté économique avec, pour la première fois, le retour de l’industrie sur notre sol – n’en déplaise aux Cassandre, il y a désormais plus d’usines qui ouvrent que d’usines qui ferment en France, plus d’emplois industriels qui y sont créés que détruits, ça n’était pas arrivé depuis 30 ans. Notre taux de chômage est descendu jusqu’à un niveau jamais atteint depuis 25 ans, et pour la 5ème année consécutive, notre pays est le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers.
Nous avons engagé une action résolue pour lutter contre le réchauffement climatique et conquérir notre indépendance énergétique, avec une planification écologique inédite dans le monde, et une stratégie énergétique pour une énergie plus souveraine et plus durable.
Nous avons engagé une action résolue pour la souveraineté de nos frontières, avec une loi immigration et un pacte asile-immigration au niveau européen enfin réellement protecteurs pour notre pays.
Nous avons engagé une action résolue, et elle prendra du temps, pour que chaque Française et chaque Français puisse garder le contrôle de sa propre vie. Qu’ils ne soient jamais entravés, jamais assignés à résidence, jamais résignés.
Et, évidemment, nous avons engagé une action résolue pour la souveraineté agricole de notre pays.
Mesdames et Messieurs les députés, je le dis ici dès le début de mon intervention : notre agriculture est notre force. Pas simplement parce qu’elle nous alimente au sens propre du terme. Mais parce qu’elle constitue l’un des fondements de notre identité, de nos traditions. Parce que nos agriculteurs incarnent des valeurs fondamentales et qui lorsqu’elles sont bridées, fragilisent l’ensemble de la société. Je pense à la valeur du travail, à l’effort, à la liberté d’entreprendre.
Notre agriculture est notre force, et notre fierté aussi. Alors je le dis ici solennellement : il doit y avoir une exception agricole française.
Je suis lucide, face à l’empilement des normes, face aux décisions qui tombent d’en haut et qui parfois tombent d’on ne sait où, elle doute, elle aussi, et attend des réponses et des solutions.
Nous serons au rendez-vous. Sans ambiguïté.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Devant vous, je prends la parole, humble face à l’ampleur de la tâche à accomplir.
Je veux m’adresser à tous les Français : ceux qui doutent et ceux qui espèrent. Ceux qui écoutent et ceux qui n’y croient plus.
Je veux m’adresser à tous ces Français, souvent de la classe moyenne, toujours au rendez-vous de leurs responsabilités, qui ne se plaignent pas alors qu’ils ont si souvent le sentiment de subir. À ces Français qui ont le sentiment d’avoir tous les devoirs, quand d’autres ont tous les droits.
À ces Français qui ont parfois le sentiment que leur propre pays s’éloigne, qu’ils n’y ont plus vraiment leur place, alors qu’ils en sont le cœur battant.
À ces Français de l’entre deux, trop riches pour bénéficier des aides, mais pas assez pour ne pas compter, qui ont le sentiment que les décisions se prennent sans eux et qu’elles bénéficient toujours aux mêmes.
À ces Français qui ont parfois l’impression de vivre dans une France archipel, dont les ponts seraient sur le point de se rompre. Mais ces Français qui espèrent au fond d’eux qu’on parviendra à les réunir.
À ces Français qui ne demandent pas la lune, mais simplement à pouvoir vivre de leur travail, éduquer leurs enfants, se soigner, et vivre en sécurité.
Je les entends. Je les comprends. Et comme la majorité y œuvre depuis 2017, je veux leur répondre.
Je le veux avec d’autant plus de détermination, que je sais le risque, pour eux, de les laisser céder à des sirènes qui ne conduiraient qu’au chaos, à la division et à l’effondrement.
Car je suis lucide, pendant que nous agissons : certains guettent, entretiennent les colères et espèrent en récolter les fruits.
Mesdames et Messieurs les députés,
Le défi est immense et j’ai bien conscience que nous ne pourrons pas le relever seuls, avec mes ministres, que je remercie pour leur engagement sans faille.
J’ai bien conscience, aussi, du message très clair exprimé par les Français en 2022.
Nous avons une majorité, que je salue et à qui je veux dire ma confiance et ma fidélité. Mais cette majorité est relative et les Français attendent que nous cessions les querelles de principes pour échanger et pour agir ensemble.
Depuis 2022, depuis 18 mois, sur bien des textes, nous y sommes parvenus. Et aujourd’hui, je le dis à la majorité comme aux oppositions : nous avons la France en partage.
Nous avons, je le crois, un devoir commun de transcender les clivages, les désaccords et les divisions pour œuvrer au service des Français.
Évidemment, nous ne serons pas d’accord sur tout.
Évidemment, nous nous opposerons, dans cet hémicycle et ailleurs.
Mais je vous le dis : je ne renoncerai jamais à dialoguer. Ma porte sera toujours ouverte. Parce qu’à travers vous, Mesdames et Messieurs les députés de oppositions, ce sont les voix de millions de Français qui s’expriment.
Même si je ne suis pas convaincu que ces millions de Français attendent qu’on cherche à couvrir son interlocuteur par des cris pendant qu’il intervient dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale !
C’est aussi cela, la méthode que je veux pour mon Gouvernement : respecter les Français, respecter les oppositions, respecter notre Parlement. Je m’y engage, et j’en serai le garant.
Ma méthode a toujours été la même.
Chaque Français porte une vérité sur notre pays. Nous devons l’écouter et y répondre.
Forces politiques, organisations syndicales, élus locaux, Français : depuis ma nomination, j’ai entamé des échanges, toujours avec franchise et lucidité.
Alors, avec vous, je veux faire résonner les mots de nos concitoyens, répondre à leurs inquiétudes et porter leurs espoirs.
Alors Mesdames et Messieurs les députés,
Ma priorité est claire : favoriser le travail pour que ceux qui en sont éloignés s’en rapprochent, en soutenant ceux qui n’ont que le fruit de leur travail pour vivre, et qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités.
Mon cap est clair : c’est celui de la souveraineté et de l’indépendance, à l’échelle individuelle, nationale et européenne.
Ma méthode est claire, elle reste la même : dire la vérité, même quand ça fait mal, même quand cela nous conduit à remettre en cause nos propres décisions. Dire la vérité, donc, et agir.
Agir vraiment, agir maintenant !
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Parler aux Français, c’est entendre quatre appels à l’action.
Pour le travail, pour qu’il paie mieux et toujours plus que l’inactivité – partout et pour tous.
Pour nos services publics, pour qu’ils soient accessibles et de qualité – partout et pour tous.
Pour l’autorité, le civisme et le respect des droits et devoirs – partout et pour tous.
Pour un environnement plus respirable – partout et pour tous.
Et je veux l’affirmer : nous n’avons pas renoncé aux grandes conquêtes et à la création de droits nouveaux.
Mesdames et Messieurs les députés,
Pour le travail,
Pour nos services publics et le rétablissement de l’autorité dans notre société,
Pour la transition écologique, nous partons aujourd’hui d’un bilan solide !
Derrière le cap fixé par le Président de la République, nous avons multiplié les actions et les réformes.
Et je veux ici rendre hommage à l’action déterminante d’Édouard PHILIPPE, de Jean CASTEX et d’Élisabeth BORNE, dont le sens de l’État et la détermination à faire sont des exemples.
Je veux rendre hommage à la majorité, toujours mobilisée pour améliorer le quotidien des Français.
Je veux saluer tous les parlementaires, qui ont accepté de sortir des logiques partisanes pour permettre l’adoption de nombreux textes.
Aujourd’hui, de premiers résultats sont là.
Depuis 2017, nous avons montré que le chômage de masse n’était pas une fatalité.
Nous avons engagé des réformes fortes, qui avaient trop longtemps été repoussées.
Nous avons pris les ordonnances travail, dès le début du premier quinquennat.
Nous avons mené une réforme de l’assurance-chômage, une réforme de l’apprentissage, une réforme des retraites.
Nous avons lancé le contrat d’engagement jeune, baissé les impôts et les charges et engagé une réforme majeure du lycée professionnel.
Aujourd’hui, le chômage a baissé de plus de 2 points !
2 millions d’emplois ont été créés !
Notre industrie revient avec 100 000 emplois industriels créés et la réouverture de 300 usines !
Le nombre d’apprentis a plus que triplé. Ils sont désormais plus de 850 000 en France et nous avons le cap du million en vue !
Depuis 2017, nous avons agi massivement pour nos services publics.
Pour notre santé, avec les 19 milliards du Ségur de la santé, avec une revalorisation historique des soignants, avec l’augmentation du nombre de places dans les études de médecine, d’infirmier et d’aide-soignant !
Pour notre école, nous avons engagé des transformations majeures et agi pour l’égalité des chances. Je pense au dédoublement des classes ou encore à l’augmentation du salaire des enseignants, la plus forte depuis 30 ans.
Pour notre sécurité, nous avons investi comme jamais par le passé : 10 000 postes de policiers et gendarmes ont été créés lors du premier quinquennat. 8500 de plus le seront lors de celui-ci et nous avons lancé la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie. La sécurité, ça doit être pour tous, y compris dans la ruralité et dans les petites villes.
Depuis 2017, pour la planète, nous avons préféré aux grands mots les vrais actes ! Nous agissons ! Et nous agissons plus qu’aucune majorité avant nous !
Avant 2017, les émissions de gaz à effet de serre diminuaient de 1% en moyenne par an. Dans le premier quinquennat, elles ont baissé de 2% en moyenne par an. L’an dernier, sur les 9 premiers mois de l’année, elles ont baissé de près de 5%. C'est le crédit de notre action sur la transition écologique !
Conformément à l’engagement du Président de la République, nous avons désormais une stratégie complète, secteur par secteur, territoire par territoire : la planification écologique.
Nous nous donnons les moyens de réussir et nous investissons cette année 40 milliards d’euros pour la transition écologique !
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Nous avons beaucoup fait, mais il reste encore du chemin.
Alors avec mon Gouvernement, je suis prêt. Je suis déterminé.
Nous devons répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et faire en sorte que ceux qui vont travailler puissent vivre de leur travail, et gagnent toujours plus que ceux qui ne travaillent pas.
Nous devons répondre aux défis des emplois non-pourvus, car il est incompréhensible que le chômage reste autour de 7%, alors qu’il y a tant d’entreprises et de filières qui cherchent à recruter partout sur le territoire national.
Nous avons en France un paradoxe. Nous avons un salaire minimum, un SMIC, nettement supérieur à celui de nos voisins, et nous en sommes fiers. Mais nous avons une part de nos travailleurs proches du SMIC beaucoup plus importante que nos voisins. C’est un problème.
D’abord, nous agirons résolument pour que les branches professionnelles qui continuent à rémunérer en dessous du SMIC remontent ces rémunérations. C’était le cas d’une soixantaine d’entre elles l’été dernier. Grâce à la mobilisation engagée alors, nous étions descendus à une trentaine à la fin de l’année 2023. La revalorisation du SMIC au 1er janvier en a fait redescendre une partie en dessous. Je souhaite poursuivre et amplifier la mobilisation pour des résultats rapides, et je n’exclus aucune mesure pour y parvenir.
Ensuite, nous devons faire évoluer un système qui nous a conduits, depuis des décennies, à concentrer nos aides, nos exonérations, au niveau du SMIC.
Aujourd’hui, pour augmenter de 100€ le revenu d’un employé au SMIC, l’employeur doit débourser 238 euros de plus.
Quant au salarié, il perdra 39€ de prime d’activité, il voit sa CSG ses cotisations sociales augmenter de 26€ et il entre dans l’impôt sur le revenu.
En bref, autant le dire, notre système, fruit de réformes successives pétries de bonnes intentions ces dernières décennies, a placé notre monde économique dans une situation où il n’y a quasiment plus aucun intérêt pour quiconque à augmenter un salarié au SMIC.
On ne peut accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du SMIC toute leur carrière. La progression salariale doit, toujours, permettre de récompenser l’effort et le mérite.
Alors oui, j’assume de le dire, il faut désmicardiser la France. Dès le prochain projet de loi de finance, en nous appuyant sur les propositions des parlementaires, des partenaires sociaux et sur un certain nombre de travaux d’experts qui sont actuellement conduits, nous commencerons à réformer ce système.
Dans le même temps, nous devons continuer à baisser les charges qui pèsent sur la classe moyenne. Après la suppression de la taxe d’habitation, de la redevance télé, après la baisse de 5 milliards d’euros des premières tranches de l’impôt sur le revenu, nous tiendrons l’engagement du Président de la République d’une nouvelle baisse d’impôts de 2 milliards d’euros. Cette baisse d’impôt sera financée et la solidarité nationale devra s’exercer pour nos classes moyennes.
Valoriser le travail, ce n’est pas seulement pour les salariés.
Nous agirons aussi pour nos fonctionnaires, qui permettent à l’État d’avancer et s’engagent au service de l’intérêt général, en intégrant leur mérite et leurs efforts à leur rémunération. Un projet de loi sera déposé dès le second semestre de cette année.
Nous agirons pour nos indépendants, tous nos commerçants, nos artisans, nos agriculteurs qui sont indépendants. En 2026, nous aurons réformé l’assiette sociale des indépendants. Cela veut dire plus de droits, notamment plus de droits à la retraite, sans payer davantage de cotisations. C'est l'engagement de cette majorité.
Deuxième objectif : pour réussir, je veux déverrouiller l’accès au travail, déverrouiller notre société.
Je veux permettre à tous ceux qui le peuvent de travailler, avec en tête les droits et les devoirs de chacun.
Le droit d’être mieux accompagné, grâce à la réforme de France Travail. Mais aussi le devoir de chercher un emploi.
Dans 18 départements, nous avons lancé une expérimentation qui conditionne le RSA à 15 heures d’activité pour l’insertion. Je vous annonce que nous généraliserons ce dispositif à tous les départements de France, d’ici le 1er janvier 2025.
De plus, nous devons aller plus loin dans la réforme de l’assurance chômage.
Une négociation a été lancée en faveur de l’emploi des seniors, de la prévention de l’usure professionnelle, des parcours et des reconversions, et nous souhaitons qu’elles aboutissent à un résultat ambitieux.
Mais la situation économique évolue. Parce que nous gardons notre objectif de plein-emploi et que nous devons inciter toujours plus à la reprise du travail, je serai extrêmement attentif à l’évolution de la trajectoire financière de l’assurance-chômage.
Si cette dernière dévie, je n’hésiterai pas, comme la loi le permet, à demander aux partenaires sociaux de remettre l’ouvrage sur le métier, sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage autour d’une ambition très claire : inciter toujours plus à la reprise du travail. Sans tabou.
Nous combattrons également toutes les trappes à inactivité. D’un côté en rendant les droits effectifs. Nous avons été capables de faire le prélèvement à la source. Nous serons capables de mener à bien la solidarité à la source, pour éviter les démarches inutiles et garantir la pleine justice sociale : que chacun touche l’intégralité de ce à quoi il a droit.
Combattre les trappes à inactivité, c’est aussi assumer de réinterroger notre modèle. Je pense notamment à l’allocation de solidarité spécifique, qui prolonge l’indemnisation du chômage et qui permet, sans travailler, de valider des trimestres de retraite. Nous avons une conviction et une cohérence forte. Nous considérons que la retraite doit toujours rester le fruit du travail et donc nous proposerons la bascule de l’allocation de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation.
Chercher un modèle social plus efficace et moins coûteux, ce n’est pas un gros mot, c’est un impératif.
Déverrouiller le travail, c’est aussi l’adapter aux nouvelles aspirations de nos concitoyens.
C’est un fait : le rapport au travail a changé. Je mesure, dans ma génération comme dans les autres, les changements de mentalité, les attentes nouvelles, sur les horaires, sur la disponibilité, sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Ces aspirations ne doivent pas être niées. Elles ne doivent pas être caricaturées non plus. Au risque de décevoir certains ici, personne ne demande de « droit à la paresse ».
Non, ces aspirations, elles doivent être regardées pour ce qu’elles sont : notre rapport au travail, c’est notre rapport au temps. À l’équilibre personnel.
On ne peut pas appliquer les mêmes calques, générations après générations.
Les attentes changent, les technologies évoluent et font apparaître de nouvelles fractures – notamment entre ceux qui peuvent télétravailler et ceux qui ne le peuvent pas-, alors les conditions de travail doivent évoluer aussi. Et l’État doit donner l’exemple.
Comme ministre des Comptes publics, j’avais décidé, contre vents et marées, d’expérimenter dans mon administration non pas la semaine de 4 jours, mais la semaine en 4 jours, sans réduction du temps de travail.
À certains endroits, il y a eu peu de candidats, à d’autres, ils sont nombreux à avoir choisi d’arriver plus tôt le matin et de partir plus tard le soir pour travailler un jour de moins. Comme Premier Ministre, je demande à l’ensemble de mes ministres d’expérimenter cette solution dans leurs administrations centrales et déconcentrées.
Oui, l’État doit donner l’exemple s’agissant de l’organisation du travail, notamment pour toutes ces personnes qui travaillent dur et se sentent invisibles. Je pense, notamment, aux personnes du ménage, parfois forcées à faire des heures de transports en commun au milieu de la nuit, tout ça pour éviter qu’elles ne travaillent en même temps que les salariés. Là aussi, je veux que l’État montre l’exemple et que, désormais, dans l’État, les personnels d’entretien de l’administration qui le souhaitent puissent travaillent aux mêmes horaires que tout le monde : aux horaires de bureau.
Oui, nous devons mieux prendre en compte notre rapport au temps, et nous continuerons à avancer dans le chantier du compte épargne-temps universel, véritable « sac à dos social » qui doit permettre à ceux qui le souhaitent de travailler beaucoup plus à certains moments de leur vie où ils le peuvent, notamment quand ils sont jeunes et n’ont pas encore de responsabilité familiale, pour pouvoir, ensuite, travailler moins à d’autres moments de leur vie, pour développer un projet, s’occuper de leur famille ou d’un proche qui en a besoin.
Déverrouiller notre économie, c’est aussi conquérir de nouvelles libertés, refuser le principe de rente, être capable, de continuer à transformer et libérer. Un projet de loi en ce sens sera examiné au printemps.
Il permettra notamment de déverrouiller certaines professions comme les syndics ou encore les ventes en ligne de médicaments par les pharmacies.
Mesdames et messieurs les députés, beaucoup d’entre vous me l’ont dit, s’il est un secteur qu’il faut déverrouiller, c’est bien le logement.
Le problème du logement est clair : il tient à la fois à l’offre et à la demande. Or pouvoir se loger, acquérir son logement, c’est pour tant de Français le projet d’une vie, l’assurance d’une retraite sereine.
En lien avec les élus locaux, nous répondrons à cette crise du logement, en créant un choc d’offres, avec plusieurs solutions immédiates :
- Nous allons simplifier massivement les normes : revoir les DPE, simplifier l’accès à MaPrimeRénov, faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage, accélérer les procédures.
- Ensuite, nous désignerons dans deux semaines, 20 territoires engagés pour le logement, où nous accélèrerons toutes les procédures, comme nous avons su le faire pour l’organisation des Jeux Olympiques et paralympiques, avec comme objectif d’y créer 30 000 nouveaux logements d’ici 3 ans.
- Nous n’hésiterons à procéder à des réquisitions pour des bâtiments vides, notamment des bâtiments de bureaux. Nous l’avons déjà fait et nous continuerons à le faire.
- Nous continuerons à soutenir le monde du logement social. Nous avons agi pour lui en maintenant le taux du livret A, avec 1,2 milliard d’euros pour leur rénovation énergétique, avec des plans de rachat massif. Nous voulons également répondre aux causes structurelles de la crise : le coût élevé du foncier, grâce un nouveau prêt de très long terme : 2 milliards d’euros, distribués par la Banque des Territoires. Et nous allons aussi le faire évoluer.
- Le faire évoluer pour inciter les élus à développer de nouveaux programmes. Aussi, je vous annonce que nous allons donner aux maires la main pour la première attribution dans les nouveaux logements sociaux construits sur leur commune. C’était une mesure très attendue par les élus locaux.
Nous allons aussi engager un chantier, une réflexion pour faire évoluer le logement social, pour qu'il réponde davantage aux classes moyennes. Vous le savez, d’ici 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU doivent posséder au moins un quart de logements sociaux sur leur territoire. Nous proposerons d’ajouter pour une part les logements intermédiaires, accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul des 25%.
Mesdames et Messieurs les députés,
Désmicardiser pour promouvoir le travail, déverrouiller pour libérer l’initiative et la croissance, je veux aussi débureaucratiser la France.
Je veux alléger le fardeau des règles et des normes qui pèse sur ceux qui créent nos TPE et nos PME, sur tous ces Français qui travaillent sans compter et créent de l’activité et de l’emploi.
Il a été évalué que chaque année, ce sont 60 milliards d’euros que nous perdons à cause des démarches et des complexités de notre quotidien.
Aussi, nous engagerons après l’été une nouvelle étape de la réforme du droit du travail. Avec un objectif clair : libérer les énergies de nos TPE et PME, simplifier considérablement leur quotidien et leur permettre de négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise.
Mais cet élan de simplification ne doit pas se limiter au travail.
Partout dans notre pays, les Français me racontent combien les normes les oppressent, les brident, les empêchent de faire et d’avancer.
Je pense à nos agriculteurs. Je pense à tous les petits patrons. Je pense à nos élus locaux, qui croulent sous les règles et les procédures administratives.
À date, le nombre de mots pour dire des normes, sur légifrance, s’élève à 44,1 millions de mots. C’est pratiquement deux fois plus qu’il y a 20 ans.
À tous les échelons, je veux débureaucratiser la France.
Nous évaluerons les normes qui peuvent être supprimées ou simplifiées, avec les Français, avec les professionnels, avec les élus. Nous regarderons les démarches qui peuvent être améliorées. Tous les sujets sont sur la table.
Mon seul objectif, c’est de libérer les Français ! C’est de les laisser vivre et respirer !
Supprimer des normes, c’est possible : vendredi dernier, j’ai annoncé la suppression de 10 normes nationales pour nos agriculteurs – et beaucoup d’autres suivront ! Au niveau local, en Haute-Garonne, en quelques réunions sur une semaine, le préfet et les agriculteurs se sont accordés sur l’abrogation de 4 arrêtés préfectoraux. Cette logique est étendue dès cette semaine à l’ensemble des départements français.
Simplifier des démarches, c’est possible, et je vous annonce que dès cette année, chacun pourra enfin porter plainte en ligne, partout sur le territoire.
Simplifier pour éviter la gabegie, c’est possible, et je vous annonce une règle générale simple : tous les organes, organismes, comités ou autres, qui ne se sont pas réunis ces 12 derniers mois, seront supprimés automatiquement.
Enfin, des pans entiers de notre économie demandent des simplifications encore drastiques, notamment pour accélérer le retour de notre industrie.
Pourquoi ? Parce que trop de délais, c’est moins de projets. Et donc moins d’emplois et moins de croissance.
Quand un investisseur veut implanter un projet en Europe, quelque chose lui saute aux yeux : en France, il faut 17 mois en moyenne pour implanter un projet industriel, en Allemagne, c’est deux fois moins. Ça ne peut pas continuer !
Avec le projet de loi industrie verte, nous avons marqué une première étape. Je vous annonce que nous déposerons un deuxième projet de loi industrie verte. Il proposera notamment de concentrer les travaux de la CNDP, uniquement sur les projets d’envergure nationale. C’est 6 mois de gagnés dans les procédures sur les autres projets.
La bureaucratie qui recule, c’est la liberté qui avance !
Je veux libérer les Français des contraintes qui les freinent et sont autant de boulets pour notre économie.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser. Oui, mais dans un seul objectif : réarmer notre pays.
Je veux le dire d’emblée, le préalable au réarmement de la France, c’est la responsabilité budgétaire.
Nous devons faire preuve d’une responsabilité exemplaire dans nos finances publiques.
Il en va de notre souveraineté.
Il en va de la survie de notre modèle social.
Il en va de la protection des plus fragiles et des classes moyennes, qui seraient les premières victimes des coupes massives et des hausses d’impôts drastiques, auxquels nous serions contraints si nous ne tenons pas notre trajectoire de réduction de nos déficits et de notre dette.
Et je le dis : pour nous, le meilleur moyen de réduire nos déficits, c’est le travail et la croissance.
Pour certains, la croissance est un gros mot et ils n’ont que le mot « taxer » à la bouche. Tout y est passé dans les propositions parlementaires ces deux dernières années ! J’étais aux premières loges en tant que ministre des Comptes publics : les heures supplémentaires des ouvriers, le patrimoine des retraités, et même les successions des petits agriculteurs ! À ceux-là je leur réaffirme : quand on taxe tout, très vite, il n’y a plus rien à taxer, et on ne taxe plus rien du tout !
Je vous confirme que nous tiendrons le même cap : repasser sous les 3% de déficit public d’ici 2027, grâce à plus de croissance, plus d’activité et à la maîtrise de nos dépenses ; pas grâce à trop d’impôts. Grâce à des économies de structure, aussi.
Nous mettrons toutes nos forces dans la bataille. Nous allons poursuivre et renforcer les revues de dépenses, auxquelles tous les ministères et tous les secteurs de l’action publique seront associés. Les premières propositions d’économies pour le prochain PLF issues de ce travail seront annoncées dès le mois de mars, et je souhaite qu’elles donnent lieu, très vite, à des échanges avec la représentation nationale.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Ce réarmement que nous construisons avec le Président de la République, il a un objectif prioritaire : assurer notre souveraineté.
Alors oui, nous continuerons à renforcer notre souveraineté nationale, où nos frontières sont respectées. La lutte contre l’immigration illégale doit continuer à s’intensifier. Il faut assumer d’accueillir moins pour accueillir mieux.
Nous continuerons à déployer la Border force, lancée dans les Alpes-Maritimes, qui a déjà permis plusieurs dizaines de milliers d’interpellations à la frontière italienne.
Je tiendrai l’engagement de ma prédécesseure de réformer l’aide médicale d’État. Nous le ferons avant l’été par voie réglementaire, avec une base qui est connue : le rapport Évin – Stefanini.
Défendre notre souveraineté nationale, c’est aussi donner les moyens nécessaires à nos Armées pour protéger notre territoire et nos valeurs.
Nos militaires se battent, au péril de leur vie, pour défendre notre pays et notre République. Et dans le cadre de la loi de programmation militaire, nous tiendrons nos engagements vis-à-vis d’eux. En deux quinquennats, nous aurons doublé le budget du ministère des Armées.
Avec vous toutes et tous, je veux rendre hommage aux femmes et aux hommes de nos Armées. Rendre hommage à ceux qui sont tombés pour nous défendre. Leur sacrifice nous oblige. Notre reconnaissance est infinie.
Notre souveraineté, c’est aussi notre capacité à répondre aux besoins de nos concitoyens. Et donc, sur ces fondements, nous allons réarmer nos services publics. Ils ont toujours été une fierté. Ils doivent le rester et pour certains d’entre eux le redevenir !
Nous allons continuer à réarmer notre système de santé !
Et, avec vous, je veux rendre hommage à tous les soignants de France ! Chacun à leur poste, chacun dans leur spécialité, ils sont les visages de l’engagement et de l’accompagnement ! De l’attention et de l’humanité !
Aujourd’hui, quel est le problème ? Malgré le travail de nos soignants, le temps médical manque. Nos compatriotes ne trouvent pas de médecins et les délais aux urgences se rallongent. Cela se traduit par la désertification de notre pays, et par la saturation de nos hôpitaux, en particulier des urgences.
L’objectif est clair : plus de temps médical.
Premier pilier : agir pour qu’il y ait plus de médecins devant les Français.
Les effets de la suppression du numerus clausus ne se feront pas sentir immédiatement, alors nous allons mettre en œuvre des solutions fortes, tout de suite.
C’est pourquoi, comme l’a annoncé le Président de la République, nous procéderons à la régularisation des médecins étrangers sur notre territoire.
C’est pourquoi aussi, je vous l’annonce, je nommerai un émissaire, chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient venir exercer en France. Nous devons trouver les moyens de faire revenir nos jeunes français, qui sont partis étudier à l’étranger.
Nous devons aussi, et c’est ce qu’a proposé le député NEUDER, mieux reconnaitre l’expertise et de la volonté de soignants, qui ont fait beaucoup d’études et ont une vraie expérience. Une infirmière anesthésiste, qui a un bac+5, plusieurs années de carrière et d’expérience, elle doit pouvoir si elle le souhaite entrer directement au moins en 3ème année de médecine.
Deuxième pilier : agir pour qu’il n’y ait aucun territoire oublié.
Nous avons depuis 2017 déployé le service d’accès aux soins – le SAS. Il permet un progrès notable dans l’accès aux soins non programmés. Je l’ai vu encore récemment à Dijon.
Dès cet été, chaque département devra être doté d’un service d’accès aux soins, avec des professionnels organisés pour assurer la permanence des soins.
Dans les départements où il n’y aurait toujours pas de service d’accès aux soins et de réponse satisfaisante, je suis prêt à aller plus loin, en restaurant des obligations de garde pour les médecins libéraux, en soirée ou le week-end, dans leurs cabinets, à l’hôpital ou en maisons de santé.
Troisième pilier : libérer les médecins pour qu’ils se concentrent sur le soin.
Nous poursuivrons les chantiers que nous avons engagés, notamment pour l’attractivité de tous les métiers du soin.
Nous allons accélérer le passage de 6 000 à 10 000 assistants médicaux, qui permettront aux médecins de pouvoir se consacrer davantage aux patients et moins aux formalités administratives. Cela représentera 2,5 millions de consultations libérées tous les ans pour les patients !
Ensuite, nous allons poursuivre notre action en faveur de l’hôpital. Les moyens du Ségur de la santé ne sont pas encore arrivés partout. Ces lourdeurs et ces lenteurs sont insupportables. Cela changera rapidement !
Enfin, il y a encore aujourd’hui trop de rendez-vous médicaux qui ne sont pas honorés.
Pour les médecins, il est insupportable d’avoir chaque jour, des patients qui ont un rendez-vous et ne se présentent pas.
Pour les Français, il est insupportable de savoir que des millions d’heures sont perdues alors qu’ils attendent parfois des mois pour un rendez-vous.
Je souhaite un principe simple, qui se traduise par des mesures claires dès cette année : quand on a un rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye.
Protéger nos concitoyens, c’est aussi les accompagner à tous les âges de la vie et toutes les étapes de la vie.
Nous continuerons à agir pour l’enfance, notamment l’enfance en danger.
Nous continuerons à bâtir une société où chacun peut vieillir dignement et comme il l’entend, en facilitant le maintien à domicile de ceux qui le souhaitent et en améliorant le quotidien en EHPAD. Le défi humain et financier est immense. Nous avancerons ensemble.
Mesdames et Messieurs les députés,
Parler de santé, c’est trop souvent oublier la santé mentale.
Le mal-être, les dépressions, les pensées suicidaires ont beaucoup progressé chez nos jeunes. Je veux faire de la santé mentale de notre jeunesse une grande cause de notre action gouvernementale. Avec, là aussi, des mesures claires et immédiates.
D’abord, réformer le dispositif MonSoutienPsy. Il faut être lucide : ce dispositif partait d’une bonne intention, mais il n’a pas donné les résultats escomptés. Il faut avoir le courage de le reconnaître, même si c’est nous qui l’avons mis en place. Je vous annonce donc que nous allons le rénover de fond en comble. Nous allons augmenter le tarif de la consultation remboursée pour limiter au maximum le reste à charge pour les jeunes patients et leurs familles.
Pour lever tous les verrous, nous permettrons aussi aux jeunes d’avoir accès directement à un psychologue pris en charge, sans nécessairement passer par un médecin.
De plus, nous devons mailler notre territoire de maisons départementales des adolescents. Il y en a 50 aujourd’hui, je souhaite qu’il y en ait une par département.
Pour la santé et notamment la santé psychologique, les infirmières scolaires sont des relais essentiels auprès des élèves. Elles accomplissent un travail remarquable. Elles accompagnent les jeunes avec disponibilité, écoute et soin. Nous devons recruter davantage d’infirmières scolaires et mieux reconnaître leur engagement.
Aussi, je vous annonce que grâce à un budget supplémentaire issu d’un amendement porté par les groupes de la majorité dans le dernier PLF, j’ai décidé de leur verser en mai prochain une prime exceptionnelle de 800€ et de revaloriser leur salaire de 200 euros nets par mois en moyenne à compter de cette date.
Je demande également au Gouvernement de travailler à des revalorisations pour les autres personnes sociaux et sanitaire en milieu scolaire.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Renforcer nos services publics, c’est aussi agir pour notre école.
Je veux ici rendre hommage à nos professeurs.
Ils s’investissent tous les jours au service de notre école, de nos élèves, et donc de notre pays.
J’ai souvent dit ma fierté d’être leur ministre, et aujourd’hui, comme Premier Ministre, je n’oublie rien de ce que nous leur devons. Je serai toujours à leurs côtés.
Je l’ai dit sur le perron de l’hôtel de Matignon, dès mes premières minutes comme Premier Ministre : l’école est la mère des batailles.
Sur l’école, là aussi il faut partir de la réalité des faits. Pas besoin des études internationales pour cela, il suffit d’écouter les Français !
Que nous disent les parents, les grands-parents d’élèves ? Que ces dernières décennies, le niveau a baissé. Que si le nombre d’heures d’absence remplacées a triplé ces derniers mois, le compte n’y est toujours pas !
Que nous disent les professeurs ? Qu’ils croient en leur métier, mais qu’il est de plus en plus difficile à exercer ! Qu’ils ont parfois peur d’enseigner des pans entiers de notre Histoire ou de notre littérature !
Que nous disent les jeunes qui envisagent de devenir enseignants ? Quel la formation initiale telle qu’elle est organisée ne correspond pas à leurs attentes et freine leur vocation.
Nous allons continuer à leur répondre !
Pour élever le niveau des élèves, j’ai lancé le « choc des savoirs », il doit maintenant se déployer.
Le choc des savoirs, c’est assumer que tout le monde ne progresse pas au même rythme, que tout le monde n’a pas les mêmes facilités ou les mêmes difficultés.
La décision du redoublement sera désormais à la main de l’équipe pédagogique, et les groupes de niveaux commenceront à se mettre en place, dès cette année, dans nos collèges.
Une école du passage automatique, où l’on glisse de classe en classe sans vérifier si on a le niveau pour passer dans la classe supérieure, c’est une école où tout le monde stagne et le niveau baisse. Nous assumons de porter une école des savoirs et de l’excellence, où chacun apprend à son rythme.
Améliorer les savoirs, c’est aussi agir sur la question des remplacements. Nous évaluerons le Pacte enseignant et si de nouvelles mesures s’imposent, nous les prendrons.
Veiller au niveau des élèves, c’est réagir face aux nouveaux défis qui le menace. Les écrans sont une catastrophe éducative et sanitaire en puissance. Nous avons d’ores et déjà interdit le portable au collège. Et comme l’a annoncé le Président de la République, nous travaillerons à mieux réguler l’usage des écrans dans et en dehors de l’École pour nos enfants.
J’ajoute qu’une école des savoirs, c’est aussi une école qui permet de se projeter dans l’avenir. Désormais, tous les élèves de seconde devront faire un stage de deux semaines. Nous continuerons à rapprocher l’école et les métiers, des administrations, des associations.
Une école qui fonctionne, c’est une école où les professeurs sont mieux formés. Nous réformerons la formation des enseignants, pour construire les écoles normales du XXIe siècle. Cette réforme sera présentée d’ici au mois de mars.
Une école qui marche, c’est aussi une école où les élèves sont heureux.
Trop longtemps, le bien-être des élèves est resté un impensé.
Le résultat, nous le connaissons : ce sont notamment les drames du harcèlement. Notre stratégie contre le harcèlement, qui a permis de briser des tabous majeurs, est très concrète : désormais, c’est l’élève harceleur qui doit quitter l’école, plus l’élève victime qui subissait une double-peine. Je suis fier que nous ayons décidé de ce changement.
Le bien-être à l’école, c’est aussi donner toute leur place aux élèves en situation de handicap. Bâtir une société inclusive est au cœur des priorités de mon Gouvernement.
Cela vaut dans tous les domaines, j’y serai très attentif.
Nous accompagnerons nos concitoyens en situation de handicap en toutes circonstances. Nous leur simplifierons la vie. Nous prendrons intégralement en charge le remboursement des fauteuils roulants de ceux qui en ont besoin !
Nous agirons partout – et particulièrement à l’école.
Depuis des années, l’État et les collectivités se renvoient la balle sur la prise en charge des AESH sur la pause du midi. Résultat, dans beaucoup d’endroits, personne ne le finance. Et la conséquence, c’est une double défaite : des élèves pas suffisamment bien accompagnés au moment du repas, et des AESH qui ne peuvent faire un temps complet pour améliorer leur rémunération.
Il faut sortir de cette situation et je prends une décision claire : l’État prend ses responsabilités et financera désormais l’accompagnement des enfants en situation de handicap sur leur pause déjeuner. C’est un enjeu de solidarité, de dignité, de reconnaissance.
Réarmer notre école, c’est réaffirmer nos valeurs.
Car je crois que la transmission du savoir est impossible sans respect de l’autorité. Sans respect de nos valeurs républicaines – au premier rang desquelles, la laïcité.
On ne négocie pas avec la République. On l’accepte et on la respecte, en entier, sans mais, sans la moindre exception !
C’est pourquoi nous soutenons l’expérimentation de l’uniforme à l’école, symbole d’égalité républicaine. Et comme l’a annoncé le Président de la République, si cette expérimentation est concluante, nous généraliserons l’uniforme en France à la rentrée 2026.
Je veux le dire également : je ne peux pas me résoudre à ce que certains professeurs craignent d’aborder certains chapitres du programme.
À la moindre entorse à notre pacte républicain, il y doit y avoir des décisions fortes et des sanctions fermes. Cela doit nous conduire à revoir l'échelle des sanctions dans nos établissements scolaires pour ne rien laisser passer.
L’école sera le fer de lance du réarmement civique demandé par le Président de la République. Comme il s’y est engagé, le nombre d’heures d’instruction civique sera doublé au collège.
Mesdames et Messieurs les députés,
Réussir le réarmement civique, c’est au cœur des priorités de mon Gouvernement.
Nous devons faire respecter l’autorité partout : dans les classes, dans les familles, dans les rues.
Ce respect s’apprend à l’école, je le disais.
Ce respect de l’autorité passe aussi par les familles.
Les violences de juillet dernier ont profondément marqué notre pays. Parmi les émeutiers, des jeunes, très jeunes parfois, qui semblaient avoir déjà coupé les ponts avec notre société.
Qui ne respectent plus leurs parents ou pour qui la violence semble un moyen comme un autre de tromper l’ennui.
Je ne me résoudrai jamais à ce qu’on préfère attendre avant de donner une lourde peine, alors que bien souvent, c’est très tôt qu’il aurait fallu agir.
Nous devons disposer de sanctions adaptées pour les mineurs de moins de 16 ans. Pour eux, on ne peut pas aujourd’hui prononcer de peine de travaux d’intérêt général. Je vous annonce que nous créerons des travaux d’intérêt éducatif, qui seront leurs équivalents et seront données plus facilement que les peines d’intérêt général.
Cela fera partie d’une revue de l’échelle des sanctions dans nos établissements scolaires. Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : « tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter ».
Nous responsabiliserons aussi davantage les parents. Dans le cadre du projet de loi sur la justice des mineurs, nous soutiendrons la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants, qui se sont totalement et volontairement soustraits à leurs obligations et responsabilités parentales.
Mais je le dis : il est hors de question d’accabler certaines familles. Quand on est une mère seule, de plusieurs enfants dans un quartier, on peut être totalement dépassée par les événements, et on n’est pas toujours responsable de la dérive de ses enfants. Pour elles, au contraire, cette dérive est un échec et une douleur terrible. Nous devons les aider.
Je ne me résous pas à ce que nous ayons une situation, où nous avons des familles dépassées par les événements, avec des enfants qui ne respectent pas nos règles et qui sont violents d’un côté et 50 000 places d’internat disponibles, de l’autre.
Aussi, désormais, quand un jeune sera sur la mauvaise pente, plutôt que de le laisser plonger dans la délinquance, nous proposerons aux parents de le placer en internat, en y facilitant l’accès, y compris financier. Nous allons le couper de ses mauvaises fréquentations. Nous allons lui offrir un cadre, un enseignement et une chance !
Le réarmement civique, c’est bien entendu le respect de la loi.
Nos concitoyens attendent de nous que nous agissions encore et toujours contre les violences, les trafics, les cambriolages.
Contre l’insécurité du quotidien et la délinquance.
Ils demandent de l’ordre dans nos rues.
Tout n’est pas une question de moyens. Il faut les mettre au service d’une stratégie plus offensive encore.
Comme l’a dit le Président de la République, nous allons doubler la présence policière dans les rues d’ici 2030.
Nous allons mener des actions coordonnées de tous les services de l’État, forces de l’ordre, éducation, services sociaux, dans certains quartiers. C’est le sens des Forces d’Actions Républicaines. Nous les déploierons fin février dans trois premiers territoires : à Maubeuge, Valence et Besançon.
Contre l’insécurité, nous nous sommes fixé deux priorités : la lutte contre les stupéfiants et la lutte contre la délinquance du quotidien, en particulier les cambriolages.
Nous allons encore monter d’un cran dans notre combat contre la drogue, en mettant en œuvre un nouveau plan de lutte contre les stupéfiants.
Notre stratégie de harcèlement et de pilonnage contre les dealers porte ses fruits. Nous avons réussi à faire disparaître un quart des points de deal ! Alors, nous allons poursuivre avec 10 opérations place nette par semaine.
Nous devons aussi taper les dealers au porte-monnaie et leur couper les vivres. C’est pourquoi, je vous annonce que nous allons désormais geler les avoirs des trafiquants de drogue identifiés.
Notre réarmement civique passe par une justice plus rapide et plus efficace.
Ensemble, nous allons envoyer un message clair : l’impunité, c’est fini !
Nous avons décidé de moyens exceptionnels pour notre Justice. Ils seront au rendez-vous.
Nous allons améliorer le fonctionnement de la Justice, avec plus de magistrats et de greffiers. Avec une organisation plus respectueuse de nos concitoyens, et une nouveauté : désormais, les Français ne seront plus convoqués sur des créneaux pouvant courir sur une demi-journée entière, mais sur un créneau horaire bien défini. C’est aussi par ce type de mesures et de preuves de respect que l’on renoue le lien entre la justice et les justiciables.
Enfin, notre réarmement civique, c’est renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse. C’est permettre à tous les jeunes de France de faire Nation. C’est le rôle même du Service national universel. Je lance les travaux en vue de sa généralisation à la rentrée scolaire 2026.
Mesdames et Messieurs les députés,
Parler de nos services publics, c’est aussi parler de nos territoires. Chacun n’a pas les mêmes défis, les mêmes attentes, les mêmes besoins.
J’évoquerai demain longuement, devant le Sénat, ma stratégie pour nos territoires.
Je veux d’ores et déjà, ici, puisque vous êtes aussi élus de circonscriptions et pour un bon nombre d’entre vous, élus locaux comme moi, vous dire quelles sont nos engagements. Mon Gouvernement sera toujours à l'écoute des territoires et des élus locaux. Toutes les solutions se construiront avec eux.
Je peux vous assurer, aussi, que nous chercherons toujours des solutions adaptées aux réalités du terrain, en ayant recours à la différenciation, à l’adaptation des normes.
Nous continuerons à avancer. C’est le sens de la mission confiée à Eric WOERTH, qui nous remettra ses propositions dans les prochains mois.
Nous chercherons, ensemble, un chemin pour une autonomie de la Corse dans la République, comme s’y est engagé le Président de la République.
Mais alors que je parle de différenciation, j’ai une pensée pour les territoires d’Outre-mer – où elle s’impose tout particulièrement.
Y réarmer nos services publics y est peut-être encore plus crucial, plus vital qu’ailleurs.
Les Outre-mer sont un atout déterminant pour notre pays. Il y a dans chaque territoire d’Outre-mer, l’enthousiasme de notre jeunesse et la détermination à réussir l’avenir.
Mais nos Outre-mer concentrent aussi tous les défis : contre la vie chère, pour l’emploi, pour la sécurité, pour la santé, l’école, la lutte contre l’immigration illégale et la transition écologique.
Chacune de nos politiques publiques doit tenir compte des spécificités des Outre-mer. J’y tiens.
Et pour faire face aux enjeux exceptionnels auxquels son territoire est confronté, nous déposerons une loi sur Mayotte.
Je veux ici avoir un mot particulier pour la Nouvelle-Calédonie. Je souhaite que le processus politique en cours aboutisse. J’y veillerai et vous examinerez dans quelques semaines un projet de loi constitutionnel sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Ensemble, je vous propose d’accélérer encore notre transition écologique.
Le dérèglement climatique, ce ne sont pas seulement quelques degrés de plus.
Ce sont des vies détruites par les intempéries.
Ce sont des exploitations agricoles menacées – et avec elles, toute notre capacité à nous nourrir.
Ce sont des maisons et des immeubles menacés par la montée des eaux, fissurés par les mouvements des sols.
Face à ces constats, certains voudraient une écologie de la brutalité.
Pour eux, l’écologie doit être punitive, douloureuse, passer par la désignation de boucs émissaires et par la décroissance.
La décroissance, c’est la fin de notre modèle social. C’est la pauvreté de masse. Jamais, je ne l’accepterai.
Je crois, au contraire, qu’on ne fera pas l’écologie contre le peuple.
Je crois, au contraire, qu’il faut entendre les inquiétudes des Français – de tous les Français.
Il faut entendre les agriculteurs, qui s’inquiètent de l’avenir de leur métier.
Il faut entendre les élus locaux, qui veulent développer leurs communes.
Il faut entendre les millions de Français, des villes moyennes, des petites communes et de la ruralité, pour qui la voiture est gage de travail et de liberté.
L’écologie sans le peuple, c’est paver le chemin aux crises sociales et aux renoncements.
Au contraire, nous allons continuer à bâtir ensemble, une écologie populaire.
Une écologie à la Française, avec les Français et pour les Français.
C’est tout le sens de la planification écologique qui protégera la biodiversité et permettra une baisse radicale de nos gaz à effet de serre : une baisse de 55% d’ici 2030 !
Une écologie populaire, c’est une écologie où chacun agit à la hauteur de ses moyens.
C’est pourquoi l’État sera exemplaire.
C’est pourquoi nous continuerons d’aider les entreprises à participer activement à l’effort.
Je suis fier que les 50 sites industriels les plus émetteurs, 50 sites qui représentent à eux-seuls 10% des émissions de gaz à effet de serre en France, se soient tous engagés à réduire leurs émissions de près de moitié d’ici 2030.
Je vous annonce que nous lancerons une initiative similaire, contre la pollution plastique, pour les 50 sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché.
Une écologie populaire, c’est une écologie des solutions.
Le Président de la République s’était engagé à lancer une offre de véhicule électrique pour moins de 100 euros par mois. Cet engagement est tenu et le succès est déjà au rendez-vous.
Le Président de la République s’était engagé à développer les RER métropolitains et à investir massivement dans le ferroviaire. Cet engagement, lui aussi, nous le tiendrons.
Une écologie populaire, c’est une écologie de la croissance et de l’emploi.
Le retour de l’industrie, les investissements en faveur de la décarbonation grâce à France 2030, les métiers de la rénovation thermique ou le secteur de l’économie circulaire… : oui, la transition écologique regorge d’opportunités, de secteurs en croissance et de filières nouvelles. Oui, nous ferons rimer climat avec croissance.
Une écologie populaire, c’est une écologie qui se construit au plus près des réalités des Français et des territoires.
Des concertations sont en cours, partout en France, aux côtés des élus locaux. Nous donnerons à chacun les moyens de faire, et je souhaite que le financement de leurs plans locaux de transition écologique soit établi partout, d’ici l’été.
Une écologie populaire, c’est une écologie qui protège et assure notre souveraineté.
Grâce à la sobriété, aux énergies renouvelables et au nucléaire, nous allons assurer notre indépendance énergétique.
Je veux le dire sans ambiguïté : le nucléaire est une fierté française. Le nucléaire est un atout majeur pour notre pays. J’assume pleinement d’être à la tête d’un Gouvernement pro-énergie nucléaire, avec une majorité pro-énergie nucléaire.
Nous allons continuer la montée en puissance de notre parc nucléaire, investir massivement dans les programmes – et cette année, l’EPR de Flamanville sera opérationnel.
C’est aussi grâce au nucléaire que nous pouvons garantir les meilleurs prix aux Français. Nous protégerons mieux les consommateurs et régulerons les prix de l’électricité afin qu’ils se rapprochent des coûts de production.
Nous continuerons à développer les énergies renouvelables, comme nous agissons pour le nucléaire dans notre pays.
Enfin, Mesdames et Messieurs les députés, bâtir une écologie populaire, c’est répondre aux aspirations de notre jeunesse.
Réussir la transition écologique est le défi de notre génération. Notre jeunesse veut s’engager, participer, aider. Elle se demande comment être utile pour la planète. C’est pourquoi nous lancerons un Service civique écologique, qui rassemblera d’ici la fin du quinquennat 50 000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat.
J’ajoute que si nous devons réduire nos émissions et protéger notre biodiversité, nous devons aussi nous adapter au dérèglement climatique.
Nous adapter, c’est nous préparer. C’est veiller à ce que chacun, même les plus fragiles soit prêts face aux ravages du dérèglement climatique.
Nous présenterons dès ce trimestre un nouveau plan d’adaptation au changement climatique. Il proposera des solutions adaptées à chaque territoire, notamment dans les Outre-mer.
Enfin, je vous annonce nous ferons évoluer le régime de catastrophe naturelle pour le moderniser et éviter que certains assureurs n’abandonnent les territoires les plus à risques.
Enfin, je l’ai déjà évoqué et je tenais à y revenir, nous devons mener notre réarmement agricole.
Produire et protéger pour notre souveraineté, voilà mon approche.
Depuis 2017, nous avons engagé ce combat de la souveraineté et du revenu. C’est le sens des plans de filière, des différentes lois EGALIM, du Varenne de l’eau.
Nous avons débloqué 250 millions d’euros pour trouver des alternatives aux pesticides, c’est un effort inédit.
Sur l’Union Européenne, nous avons toujours été moteurs sur la réciprocité et les clauses-miroirs, et nous les ferons respecter.
Produire, c’est d’abord donner du temps à nos agriculteurs pour passer plus de temps dans leurs champs et moins devant leurs écrans.
Produire, c’est être souverains : je souhaite que cet objectif de souveraineté alimentaire soit clairement inscrit dans la loi.
Protéger, aussi.
Protéger face aux crises climatiques et sanitaires. Le Gouvernement l’a toujours fait, lors du gel, des sécheresses, de la grippe aviaire. Nous avons adopté une réforme de l’assurance récolte sans précédent avec un budget historique. Nous continuerons à le faire.
Protéger face à la concurrence déloyale. C’est le combat pour la réciprocité et les mesures miroirs que je vais continuer à mener avec détermination. Ce combat il doit se mener en Europe, comme nous l’avons fait sur les médicaments vétérinaires.
Mais nous devons aller plus loin. Changer de logique.
J’assume de dire que tout ne sera pas réglé en quelques semaines, j’assume de dire que les chantiers sont complexes et que pour certains il faudra y travailler encore et encore.
J’assume aussi d’apporter des réponses rapides partout là où c’est possible.
Très concrètement :
- Sur Egalim : dès la semaine dernière, 100 inspecteurs de la DGCCRF supplémentaires ont commencé leurs contrôles sur le terrain, qui seront deux fois plus nombreux qu’auparavant. C’est une vague de contrôles sans précédent.
- Sur la trésorerie des exploitants, nous avançons dès la semaine prochaine.
o Dès février, 50% du remboursement TICPE sera versé aux exploitants, soit 733€ par exemple pour une exploitation utilisant 7000 litres de GNR.
o Dès la semaine prochaine, le 5 février précisément, un guichet pour la prise en charge des frais vétérinaires concernant la MHE sera ouvert. Il permettra de verser les premières indemnisations dès la fin du mois de février. Le taux de prises en charge des frais vétérinaires a été réévalué à 90%.
o D’ici le 15 mars, toutes les aides PAC seront versées sur les comptes bancaires des exploitants. Et nous travaillerons avec les régions pour que les aides à l’installation des jeunes agriculteurs puissent être versées dans les prochaines semaines.
o Et la semaine dernière, le fonds d’urgence Bretagne a été doublé.
- Sur la simplification. J’en parlais tout à l’heure, 10 premières normes sont simplifiées. Nous allons continuer le travail au niveau local. Et tout ce que nous pouvons faire dès maintenant, nous le ferons.
D’ores et déjà, je peux vous dire que nous avons avancé ces tout derniers jours avec les agriculteurs et leurs représentants, et ce, sur 5 sujets.
- Sur l’élevage : nous avons mis en œuvre un dispositif fiscal qui leur permette de faire face à l’inflation, notamment sur le prix de leurs bêtes. Et bien nous le renforcerons, pour protéger toujours davantage nos éleveurs.
- Sur Egalim, là, c’est très clair. J’ai déjà parlé des amendes et des contrôles, mais je peux vous dire que toutes les amendes qui seront infligées à l’industrie et à la grande distribution, elles seront réutilisées pour soutenir financièrement les agriculteurs.
- Sur la viticulture : oui, nos viticulteurs souffrent. Mais notre filière viticole est notre fierté, elle fait rayonner la France. Et donc je vous annonce que nous allons débloquer dans les prochains jours des moyens nouveaux avec un fonds d’urgence avant la fin de la semaine pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie.
- Sur les contrôles : je lance aujourd’hui un grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits. L’objectif est clair : garantir une concurrence équitable ! Notamment pour que les normes qu’on applique aux agriculteurs français soient aussi respectées pour les marchandises étrangères.
- Au niveau européen, nos 3 priorités immédiates sont claires : les jachères, les importations ukrainiennes, notamment de volailles, et le MERCOSUR. Ces sujets sont portés très fortement par le Gouvernement et le Président de la République lui-même. Nous nous sommes engagés. Nous avons engagé une coalition de 22 pays sur la question des jachères et nous sommes proches d’aboutir à une nouvelle prolongation de la dérogation. Nous ne nous laisserons pas faire. Nous prendrons également des mesures pour éviter toutes surtransposition, d’où qu’elles viennent.
Je le sais, nous ne sommes pas au bout du chemin. Il y aura de nouvelles conquêtes dans les jours qui viennent, je pense notamment aux jeunes agriculteurs et à la transmission des exploitations.
Mais nous agissons vite, fort, avec détermination et respect pour nos agriculteurs.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Réarmer la France, c’est continuer à conquérir de nouveaux droits.
Le Président de la République a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes, la grande cause de ses quinquennats.
Elle sera au cœur des engagements de mon Gouvernement.
C’est le sens de la réforme du congé parental, annoncée par le Président de la République.
Aujourd’hui, le congé parental ne laisse pas assez de revenus aux familles.
Bien souvent, il est inégalement réparti dans le couple, et éloigne durablement les femmes de l’emploi.
Alors, comme toutes les inégalités, nous devons la combattre.
Aussi, le congé parental sera transformé en congé de naissance de 6 mois au total, mieux rémunéré, et que les parents se répartiront entre eux.
Conquérir de nouveaux droits, c’est reconnaître et défendre sans relâche le droit des femmes à disposer de leur corps. Nous inscrirons le droit à l’interruption volontaire de grossesse, au sein de notre texte fondamental, au sein de la Constitution.
Conquérir de nouveaux droits, enfin, c’est être aux côtés de nos concitoyens jusqu’au bout de la vie.
La fin de vie est sans doute l’une des questions les plus intimes et les plus délicates qui soit.
C’est se pencher sur son histoire. C’est repenser aux souffrances endurées par certains. C’est s’interroger sur soi-même, sur ce que l’on voudrait face à l’insupportable et l’irréversible, face à l’irréparable.
On ne peut légiférer sur la fin de vie qu’avec la plus grande prudence, la plus grande retenue et le plus grand respect.
Aujourd’hui, nos compatriotes appellent à revoir notre droit.
C’est une demande des familles. C’est une demande des malades. C’est un appel grave, auquel nous devons répondre.
Nous y répondrons.
Nous renforcerons considérablement les unités de soins palliatifs dans notre pays, avec une unité par département. Avant l’été, nous examinerons, un projet de loi sur l’aide active à mourir dans notre pays.
Ce débat animera notre société, je le sais. Je souhaite qu’il puisse se tenir dans une volonté d’équilibre et dans le respect des convictions de chacun.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Je viens de tracer les grandes orientations que suivra mon Gouvernement.
En suivant ce chemin, je propose aux Français d’avoir pleinement le contrôle de leurs vies.
Je souhaite que la France retrouve pleinement la maîtrise de son destin. Qu’elle soit pleinement souveraine.
Une souveraineté industrielle, technologique et numérique, créatrice d’innovations et d’emplois.
Une souveraineté énergétique, qui nous protégera des crises, protégera l’environnement et garantira des prix plus bas aux Français.
Une souveraineté agricole, qui nous permettra de nourrir notre pays avec les meilleurs produits et d’assurer l’avenir de notre agriculture.
Une souveraineté culturelle, où notre création et notre patrimoine sont soutenus. Où notre exception culturelle est protégée. Où la culture est accessible à tous.
Mesdames et Messieurs les députés,
Je parle de souveraineté nationale, mais c’est aussi par l’Europe que nous parviendrons à la consolider.
Depuis 2017 et le discours de la Sorbonne du Président de la République, l’Europe a changé. Elle a surmonté les crises et pris ses responsabilités.
C’est grâce à l’Europe, que nous avons pu avoir des vaccins face à l’épidémie.
Grâce à l’Europe, que nous avons bénéficié d’un plan de relance massif.
Grâce à l’Europe, que nous soutenons l’Ukraine depuis le premier jour de la guerre, face à l’agression russe.
Grâce à l’Europe, que nous avons imposé des normes aux géants du numérique.
Grâce à l’Europe, que nous avons instauré un impôt minimal sur les sociétés pour lutter contre l’optimisation fiscale.
Grâce à l’Europe, que nous contrôlons mieux nos frontières, grâce au Pacte sur la migration et l’asile. Un pacte que je peux résumer en une phrase : nous contrôlons enfin qui peut entrer dans l’Espace Schengen et qui ne le peut pas.
Grâce à l’Europe, aussi, que nous investissons massivement dans des secteurs stratégiques et pour notre industrie.
Ceux qui prônent la fin de l’application des traités sont les partisans d’un Frexit déguisé, qui affaiblirait la France.
Moins d’Europe, c’est moins de puissance pour la France.
Je ne prendrai qu’un exemple : le Brexit !
Ses partisans promettaient des jours heureux à l’économie britannique et au peuple anglais. La semaine dernière, à cause du Brexit, les derniers hauts-fourneaux de Grande-Bretagne ont fermé et on ne produit plus d’acier au Royaume-Uni !
Nous, en France, au contraire, notamment grâce aux investissements de l’Europe, l’industrie revient !
Qui étaient les premiers soutiens du Brexit ?
Qui, a baptisé dans les villes qu’il dirige, des rues « Rue du Brexit » ?
Qui s’est affiché ouvertement avec le leader du camp du Brexit ?
C’est le Rassemblement national !
L’Europe. Éternel bouc émissaire de ceux qui, faute de pouvoir diriger un pays, veulent toujours détruire un continent. Pas un Français ne pense que nous pouvons nous passer d’Europe. Pas un Français, non plus, ne pense que l’Europe a su pleinement trouver la place juste dans sa vie. Ils ont raison. Tout n’est pas parfait, et il reste des chantiers à mener.
Mais les faits sont là : avec l’Europe, notre puissance est démultipliée. Et ces dernières années, nous avons commencé à la changer.
Et je le dis solennellement, à l’heure où il est minuit moins une dans le siècle, face aux impérialismes, les masques devront tomber. On peut vouloir changer l’Europe pour l’intérêt du pays, et nous le faisons. Mais on ne peut pas vouloir sortir de l’Europe, sauf à avoir d’autres intérêts, sauf à servir un autre pays, une autre puissance.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Voilà les grands principes qui guideront mon action, celle de mon Gouvernement, pour la France et pour les Français.
Pour notre France qui n’a jamais perdu son ambition de grandeur.
Pour ces Français qui n’ont jamais manqué à leurs devoirs.
Ces axes que je vous ai présentés, ils sont une réponse aux enjeux de la Nation.
Probablement pas la seule. Mais le reflet de l’ambition que nous portons avec le Président de la République.
Ils correspondent aussi aux rêves qu’une génération avait appris à ne plus porter.
Trouver un emploi stable.
Acheter un logement.
Fonder une famille.
Faire des sacrifices mais acceptables s’ils servent à l’ascension de leurs enfants.
Aimer les paysages, une culture commune, une société libre et tenue.
Dans une époque si difficile, il n’y a pas de réponse simple. Mais il y a des espoirs tranquilles à raviver.
J’assumerai toujours de débattre avec vous. Je respecterai toujours vos opinions, vos propositions.
Je ne rejetterai jamais la critique, tant qu’elle est constructive.
Ces mots, je les adresse à vous, et je les adresse aux Français. Je sais leurs attentes, je sais qu’ils ne me pardonneront rien.
Les temps sont troublés, les doutes sont nombreux, mais l’espoir est là.
La France est puissante.
Parce que ce qui nous réunit est toujours plus fort que ce qui nous divise.
Parce que la France, notre pays, notre Nation, notre terre, demeureront notre fierté.
Parce-que oui, être Français, en 2024, oui, c’est une fierté. Notre société est plus ouverte, plus audacieuse, plus pionnière que l’image que nous nous renvoyons parfois à nous-mêmes.
Être Français en 2024, c’est vivre dans un pays où l’histoire s’écrit.
Être Français en 2024, c’est vivre dans un pays qui n’a pas renoncé au progrès social, à protéger les droits de tous et surtout de toutes, et à en conquérir de nouveaux.
Être Français en 2024, c’est vivre dans un pays dont l’honneur est de se battre pour la stabilité du monde, pour la justice et pour la paix.
Être Français en 2024, c’est – dans un pays qui, il y a 10 ans seulement, se déchirait autour du mariage pour tous – pouvoir être Premier Ministre en assumant son homosexualité.
De tout cela, je vois la preuve que notre pays bouge. La preuve que les mentalités évoluent. La preuve que nous n’avons aucune raison de céder à la fatalité.
Alors, je n’ai qu’une chose à dire à nos concitoyens, quelle que soit leur couleur de peau, leur origine, leur adresse ou leurs croyances : la France est votre pays ; et, en France, tout est possible !
Madame la Présidente,
Mesdames et messieurs les députés,
Oui, nous sommes fiers d’être français et, avec vous, je veux faire briller cette fierté française !
Je viens de vous présenter le cap de mon Gouvernement.
Le cap pris sous l’autorité du Président de la République, pour reprendre pleinement notre destin en main et restaurer notre souveraineté.
Et aujourd’hui, nous sommes prêts.
Prêts à voir la vérité en face.
Prêts à écouter et prêts à entendre la voix de tous les Français.
Prêts à agir.
Prêts à œuvrer sans relâche, fidèles à notre devise républicaine.
Prêts à garantir la Liberté.
À œuvrer pour plus d’Égalité.
À toujours choisir la Fraternité.
Parce que, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, nous ne sommes pas n’importe quel pays.
Nous ne serons jamais une puissance moyenne, qui se résignerait au déclin avec fatalité.
Nous ne sommes pas condamnés à subir, mais déterminés à agir.
Déterminés à prendre notre destin en main.
Déterminés, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, parce que sommes la France et que rien ne résiste au peuple français !
Je vous remercie.
Gabriel Attal, le 30 janvier 2024 à 15 heures dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale.
« Je suis convaincu que nous avons tous les atouts pour réussir. (…) Cette époque de crise (…) suppose avant tout audace, action et efficacité. (…) Au fond, avec une ligne simple : pour que la France reste la France ! Pour que la France demeure cette Nation du bon sens, de résistance et des Lumières. (…) Rendre au fond la France plus forte et plus juste. C'est ça le combat des prochaines années (…). La France sera plus forte dans ce monde de bouleversements si nous sommes d'abord plus unis, si nous réapprenons à partager les valeurs, une culture commune, le sens du respect (…). Nous engagerons un réarmement civique. Chaque génération de Français doit apprendre ce que la République veut dire : une histoire, des devoirs, des droits, une langue, un imaginaire, le sens profond du respect et de l'engagement. » (Emmanuel Macron, le 16 janvier 2024 à Paris).
Je reviens sur la (grande) conférence de presse que le Président Emmanuel Macron a tenue dans la salle des fêtes de l'Élysée ce mardi 16 janvier 2024 à 20 heures 15. C'est seulement la seconde conférence de presse depuis 2017, cette forme est très rare, très solennelle, la précédente a eu lieu le 25 avril 2019 pour clore la crise des gilets jaunes et les grands débats. Contrairement à son habitude, le chef de l'État est arrivé à l'heure, et il a commencé par vingt-sept minutes d'exposé liminaire (qu'on peut lire ici), puis les questions réponses des journalistes. En tout, elle a duré près de deux heures vingt (qu'on peut écouter ici), ce qui, pour Emmanuel Macron, est assez court !
Fallait-il cette communication assez grandiloquente pour cette deuxième partie du second quinquennat ? Sans doute Emmanuel Macron voulait tourner définitivement la page difficile avec l'année 2023 et ses deux lois, la réforme des retraites et la loi Immigration, et s'ouvrir sur du plus long terme. Alors, évidemment, Emmanuel Macron fait du Macron, jonglant avec les analyses, les grandes phrases et les perspectives. Mais pas seulement : il a annoncé de très nombreuses mesures très concrètes au point qu'il serait difficile de les énumérer toutes sans faire un catalogue.
En gros, Emmanuel Macron a proposé trois types de mesures : l'autorité et tout ce qui a trait au civisme, à l'éducation ; la simplification des procédures dans l'économie pour libérer les énergies, thème souvent mis en avant depuis des décennies mais souvent en rajoutant en complexité ; enfin, la transition écologique. Ces deux dernières parties, je ne les aborde pas ici, elles restent importantes mais c'est la première qui a été surtout mise en lumière par les journalistes.
Pour Emmanuel Macron, c'est ce grand rendez-vous avec les Français qu'il a annoncé depuis le 20 décembre 2023. Au contraire de l'intervention à cette dernière date, relativement confidentielle (sur France 5 à 19 heures), le chef de l'État s'est imposé à la télévision pour le début de soirée sur beaucoup de chaînes, les chaînes d'information continue (LCP, BFM-TV, CNews, LCI, franceinfo, France 24), et quelques grandes chaînes généralistes, TF1 et France 2 (j'en ai peut-être oublié), si bien que c'était presque programme unique pour le téléspectateur. Résultat, selon Médiamétrie, 8,7 millions de Français ont écouté Emmanuel Macron ce soir-là.
Un premier sondage indiquait : 60% des sondés n'ont pas été convaincus. Mais le titre pourrait être trompeur car inversement, 40% des sondés ont été convaincus par Emmanuel Macron, et ma foi, c'est déjà élevé, bien supérieur au score du Président de la République au premier tour de l'élection présidentielle. De plus, la plupart des mesures énoncées ont été plébiscitées par les sondés (de l'ordre des quatre cinquièmes). Cela montre surtout qu'Emmanuel Macron peut être impopulaire, comme tous ses prédécesseurs quand il est dans l'action, mais qu'il sait rebondir et sortir du trou de l'impopularité, au contraire de ses prédécesseurs qui, une fois tombés dans le puits, n'en sortaient jamais (c'est valable depuis François Mitterrand).
Contrairement à ce qui est communément admis par les commentateurs patentés, je ne pense pas que la seule composition du gouvernement de Gabriel Attal soit symbole d'un virage à droite. Ce n'est pas le débauchage de deux ministres LR, dont une, Catherine Vautrin, était déjà macroniste et même première-ministrable dès 2022, qui pourrait faire penser à cela. L'autre, Rachida Dati, a été exclue immédiatement de LR (ce qui est logique). Le gouvernement reste soutenu toujours par la même coalition, Renaissance, le MoDem et Horizons, ainsi que les Indépendants du Sénat (le groupe de Claude Malhuret issu de LR), et LR a encore une fois confirmé qu'il se plaçait dans l'opposition (le contraire eût été étonnant).
Le virage à droite, c'est plutôt dans les mots et expressions choisis par Emmanuel Macron dans cette conférence de presse, et même, auparavant, dans ses vœux aux Français pour 2024. L'expression qui a dominé cette conférence de presse présidentielle, c'était effectivement : « Pour que la France reste la France ! ». Un slogan imaginé par Laurent Wauquiez et repompé par Éric Zemmour. Cela donne l'ambiance de l'inspiration.
En fait, ce n'est pas un virage à droite mais un virage vintage. On revient... pas il y a cinquante ans, mais dans les années 50. La Marseillaise à l'école ? Il me semblait qu'on l'apprenait déjà. L'éducation civique ? Oui, bien sûr. Le théâtre ? Très bien ! L'histoire de l'art ? Oui, mille fois oui ! Mais quand va-t-on faire du français et des maths ? Parce que c'est ça l'essentiel, à l'origine. Des enfants qui sachent parler, écrire et calculer. On ne demande pas la lune, juste des bases solides pour pouvoir être autonome dans la vie future.
Chaque mesure constitue une sorte de buzz, si bien que cette conférence de presse fait office de feu d'artifice, d'aucuns diraient seulement artifice, ça peut créer des débats, souvent pour des conséquences très limitées, parfois plus importantes. Ces mesures peuvent être polémiques ou évidentes, elles peuvent toucher le sensible, la vie quotidienne, les habitudes.
Ainsi : « Je souhaite que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine parce que cela donne confiance, cela apprend l'oralité, le contact aux grands textes. (…) L'histoire de l'art retrouvera sa place à la rentrée prochaine au collège et au lycée. La tenue unique, qui a donné lieu à tant de débats ces derniers mois dans notre pays, et qui efface les inégalités entre les familles en même temps qu'elle crée les conditions du respect, sera expérimentée dès cette année dans une centaine d'établissements, tous volontaires. (…) Nous instituerons dans chaque collège et dans chaque lycée, dès la fin de cette année, une cérémonie de remise des diplômes, rite républicain d'unité, de fierté et de reconnaissance. ».
La « tenue unique » aussi semble plaire. Elle est pourtant une chimère. Il n'y a jamais eu d'uniforme à l'école. Veut-on avoir des enfants comme en Corée du Nord ? La tenue unique ferait-elle apprendre mieux ? Apporterait-elle plus d'autorité, de respect de l'autorité ?
Oui, la généralisation du service national universel est une bonne chose. Il permet une mixité sociale, un don de l'engagement, une appropriation des valeurs républicaines, une identification de la communauté nationale. La Nation vécue comme une grande famille. Ce que le service militaire d'antan apportait... seulement aux jeunes hommes. L'aspect social était important dans le service militaire, alors que son intérêt de défense nationale était très limité (je me souviens avoir reçu ce papier, à la fin de mon service : j'avais défendu vaillamment le territoire national, je n'allais pas contredire mon autorité militaire, mais je trouvais qu'elle exagérait un peu).
Pour Emmanuel Macron, l'autorité est indissociable du progrès : « Vous retrouverez une forme de "en même temps" qui est familier, mais qui n'est pas une faiblesse, qui est une double radicalité, qui n'est pas une ambiguïté, qui est une double ambition. Car, et c'est vrai depuis le début de notre Troisième République, l'ordre va avec le progrès, l'autorité va avec l'émancipation. Indissociables. Et donc oui, la réponse à cela, c'est l'école, l'école, l'école. ».
L'une des idées les plus novatrices énoncée dans cette conférence de presse est sans doute l'idée de vouloir limiter l'utilisation des écrans (du smartphone, de l'ordinateur) des enfants, mais sans indiquer de piste sur le comment, car à l'école, c'est facile, il suffit de les interdire, mais à la maison, comment limiter l'utilisation des écrans des jeunes sans atteinte de la liberté individuelle ? En tout cas, cette idée est plébiscitée par les parents qui se rendent bien compte que leurs enfants n'ont pas une vie saine à pianoter en permanence sur leur petit clavier au lieu de jouer ou de courir.
Parlons du « réarmement démographique », autrement dit, de la relance de la natalité. Oui, il y a un vrai problème avec la baisse de la natalité. Là encore, ce n'est pas une idée d'extrême droite mais un simple constat : tout notre modèle social est basé sur la croissance non seulement économique mais aussi démographique. La décroissance est une catastrophe sociale pour tout le monde. Il est faux de croire qu'il y a trop de population sur Terre : on le disait déjà il y a un siècle. Il faut "seulement" organiser une meilleure répartition des richesses. Sur le plan national, on est loin de la surpopulation. Oui, le choix du mot, réarmement, utilisé à toutes les sauces, est maladroit sinon contre-productif. Il fut un sursaut démographique surtout, considérer que nos enfants et nos petits-enfants vivront dans un monde meilleur malgré toutes les peurs qu'on leur transmet, notamment avec la transition écologique.
Mauvais procès fait au Président de la République et même aux ministres (en tout cas, au Premier Ministre) de penser qu'on ne pourrait promouvoir la natalité qu'en ayant fait soi-même des enfants. Intégrer la vie privée dans les engagements politiques est bête et méchant : qui vous dit que certains auraient bien voulu mais n'ont pas pu ? C'est le même manque de respect qui a prévalu lorsqu'on a voulu lyncher médiatiquement Amélie Oudéa-Castéra ; le choix de l'école de ses enfants est personnel, intime, privé, ne regarde qu'elle-même et le père de ses enfants, et personne d'autre. Qui veut s'arroger le droit d'être l'inquisiteur des vies privées ? Et après, on râle car l'État voudrait faire Big Brother : Big Brother est en chacun de nous, méfions-nous !
Sous François Hollande, les mesures sociales ont sans arrêt porté des coups contre la natalité, en réduisant l'universalité des allocations familiales qui ont pour seul but d'accompagner ceux qui ont fait des enfants. Inverser la tendance ne signifie pas non plus taxer ceux qui n'auraient pas fait d'enfant, car ils sont déjà plus taxés que les autres puisqu'ils paient tous les services à l'enfant (en particulier l'école) alors qu'ils n'en sont pas les usagers.
Comment réarmer la natalité ? Avec le congé de naissance qui pourrait aller jusqu'à six mois pour les deux parents, mieux payé que le congé de paternité et maternité mais plus court. Cette mesure suffira-t-elle ? J'en doute. Quant à un plan contre l'infertilité, qui progresse avec toute la nourriture transformée que l'industrie agro-alimentaire nous fait avaler, il ne s'agit pas d'une mesure pour la natalité, mais une mesure de santé.
Parlons de la santé justement. Emmanuel Macron a annoncé que le forfait non remboursé par boîte de médicament passerait de 0,50 à 1 euro (avec le maintien du plafond pour les affections de longue durée à 50 euros par an). Sa motivation est que les patients peuvent consacrer ces euros à leur santé alors qu'ils consacrent des sommes bien plus importantes pour les loisirs, le smartphone, etc. Cela rapporterait 800 millions d'euros à la Sécurité sociale.
Mais cela ne résoudra pas les déserts médicaux. Emmanuel Macron a une vision évolutive de la société. Il en comprend les subtilités et donc aussi, les risques des pièges pour résoudre trop simplement les choses. L'exemple des déserts médicaux est là pour le prouver. Que dit-il ? Qu'il faut obliger les jeunes médecins à s'établir dans les campagnes ? Non ! Le Président affirme au contraire que les déserts médicaux sont partout, même à Paris : cherchez un médecin généraliste à Paris si vous n'en avez pas !
En fait, beaucoup de médecins vont bientôt avoir 60 ans et vont partir à la retraite dans les dix prochaines années. La situation ne peut donc qu'empirer. D'autant plus que la population vieillit et sera amenée à être de plus en plus malade. Il rejette la responsabilité du manque d'anticipation sur des gouvernements d'il y a quinze et vingt ans qui n'ont pas pris la mesure de l'enjeu. Dès 2017, il a augmenté énormément le budget de la santé, et en particulier des hôpitaux.
Parmi les pistes, en plus de la formation (numerus clausus à réformer), il y a aussi le besoin de retenir en France les médecins étrangers, notamment en les titularisant (à l'hôpital) et en les payant mieux. Je reste succinct sur ce sujet ainsi que les nombreux autres sujets abordés que je ne cite pas et qui ont donné beaucoup de grain à moudre aux journalistes et éditorialistes.
Beaucoup de choses ont donc été dites, beaucoup trop pour que ce soit immédiatement digérable par ceux qui les ont entendues. Cette conférence de presse aura en tout cas marqué ce quinquennat et sans doute Emmanuel Macron y fera référence dans les mois à venir. Quant au Premier Ministre Gabriel Attal, il fera sa déclaration de politique générale le 30 janvier 2024, suffisamment loin de cette conférence de presse pour que celle-ci n'apparaisse pas comme l'ossature de la déclaration de politique générale.
« François Baroin est un héritier qui n’a rien fait d’autre dans sa vie que de profiter des protections qu’il a reçues. Et qui aux moments décisifs s’est défilé, tant pour notre famille politique que pour le pays. Ses propos sont indignes. Je n’ai pas de leçons à recevoir. » (Rachida Dati le 15 janvier 2024 sur Twitter).
Ambiance. La nouvelle ministre, qui n'a pas sa langue dans sa poche, répondait sur le même ton à son ancien collègue François Baroin qui avait lâché, lors de ses vœux municipaux à Troyes, le 11 janvier 2024 : « C'est toujours surprenant de voir des gens qui montent à bord du Titanic avec le sourire. On se dit que Rachida Dati manque de lucidité. La Macronie va exploser. ». On se demande d'ailleurs si le Titanic, ce n'est pas plutôt LR.
La nomination de Rachida Dati au Ministère de la Culture le 11 janvier 2024 a été la grande surprise du changement de gouvernement. Mais les surprises se succèdent : quelques heures après la conférence de presse d'Emmanuel Macron (sur laquelle je reviendrai), Rachida Dati a annoncé, ce mercredi 17 janvier 2024 sur RTL dans la matinée, ou plutôt, a confirmé sa candidature à la mairie de Paris pour les élections de mars 2026.
Il est impossible d'imaginer que Rachida Dati ait pu faire une telle annonce sans en avoir averti préalablement le Président de la République et recevoir son accord voire son soutien. Son objectif est très logique et transparent : clarifier sa situation et son ambition, en toute franchise. En déclarant sa candidature aussi tôt, elle permet de couper toutes les ambitions autres, celles de l'ancien député (battu par Aymeric Caron en 2022) Pierre-Yves Bournazel (ex-LR et Horizons depuis 2021), celles de Gabriel Attal dont la nomination à Matignon occupera suffisamment ses journées (!), celles aussi de Clément Beaune dont on ne sait pas encore s'il fera partie ou pas du nouveau gouvernement et qui avait aussi des vues sur la mairie de Paris.
Cela clarifie en tout cas l'objectif de la majorité présidentielle : en juin 2017, un raz-de-marée macroniste avait envahi les circonscriptions, mais les conditions de la campagne municipale de 2020 avaient été déplorables pour la majorité (désignation de Benjamin Griveaux puis scandale, dissidence de Cédric Villani, manque de motivation de l'ancienne ministre Agnès Buzyn, etc.), ce qui a conduit à la réélection de la maire socialiste sortante, Anne Hidalgo (malgré son impopularité, avant son échec monumental de l'élection présidentielle de 2022), et à la consécration de chef de l'opposition de Rachida Dati, alors candidate LR. De plus, les élections législatives de juin 2022 ont profondément transformé les données électorales avec l'élection de députés FI au détriment de la majorité présidentielle.
Ainsi, Rachida Dati deviendrait la candidate de la majorité macroniste à la mairie de Paris, à charge pour les autres élus parisiens LR de se positionner également en faveur de Rachida Dati, leur ancienne chef de file, afin qu'une alliance LR-Renaissance puisse détrôner une maire démonétisée (mais encore forte dans les arrondissements de l'Est parisien). L'intérêt d'une telle stratégie est que LR n'a pas de candidat de remplacement pour affronter sérieusement Rachida Dati, seulement deux ans avant l'échéance.
Mais revenons d'abord à sa nomination Place de Valois, siège du Ministère de la Culture. Ces derniers jours, Rachida Dati a été victime, à l'instar de nombreuses femmes politiques, en particulier Amélie Oudéa-Castéra, d'un procès en incompétence. Depuis quand faut-il être spécialiste du domaine dont on serait le ministre ? C'est ne rien comprendre à la vie politique et généralement, les mêmes critiqueront aussi un gouvernement de technocrates ou de bureaucrates. Il faut savoir ce qu'on veut : ou un conseil d'administration, une sorte de gouvernement d'experts sans prise directe sur la réalité populaire, ou un gouvernement politique avec des poids lourds politiques, qui ont déjà été élus, des ministres qui ont justement suffisamment de poids personnel pour imposer leurs décisions à leur administration, au lieu d'être leur simple porte-parole.
Le gouvernement de Gabriel Attal est un gouvernement composé uniquement de ministres politiques et je m'en réjouis. La nécessité de faire ce retour politique était importante, ne serait-ce que pour affronter les oppositions de plus en plus extrémistes, et aussi pour le faire-savoir ignoré de beaucoup de ministres dits "société civile". À l'école de Nicolas Sarkozy, on n'imagine pas que Rachida Dati ne communique pas sur ses réalisations comme nouvelle ministre !
C'était l'erreur (à mon sens) d'Emmanuel Macron lorsqu'il est arrivé au pouvoir en 2017, celle de nommer beaucoup de ministres experts dans leur domaine ministériel mais nains politiques, souvent totalement novice tant de l'expression au grand public que des choses électorales. Il ne faut pas le blâmer, De Gaulle a fait souvent cela quand il était Président de la République, nommant des polytechniciens et des énarques pour changer profondément la classe politique et oublier les ambitieux et les manœuvriers de la défunte Quatrième République. Mais lorsque le politique est si défié par le peuple, lorsque le fossé est si large et si profond entre les élites politiques et le peuple, la nomination d'experts renforce ce fossé au lieu de le réduire. Car il faut mettre des politiques, des ministres qui aillent devant le peuple, qui rencontrent le peuple, quitte à se faire huer, c'est toujours mieux que de ne pas vouloir l'écouter, ou ne pas oser l'écouter. Bref, des ministres qui rendent des comptes à la nation elle-même.
Rachida Dati est ainsi, sans doute, la caricature d'une femme politique. Elle n'hésite pas exprimer ses ambitions, quitte à passer pour une arriviste, elle n'hésite pas à communiquer, peut-être à tort et à travers, quitte à se créer de nombreuses inimitiés, mais au moins, elle existe, et dans ce que reste cet ancien grand parti qu'est LR, quelle personnalité était encore connue à part elle ? Pas grand monde, puisque tout le monde est parti ou se tait.
C'est pour cela que la nomination de Rachida Dati est un coup dur pour LR, pas parce qu'Emmanuel Macron a semblé faire une OPA sur ce parti, mais parce que cela réaffirme que LR n'a pas d'autre voie qu'une alliance, exigeante certes, avec la majorité présidentielle (ce que prône Nicolas Sarkozy depuis 2022). L'isolement de LR conduirait à sa mort certaine, du moins comme grand parti national, car ce parti est encore très puissant localement, mais il ne serait plus qu'une sorte de syndic des élus locaux, sans envergure nationale.
Les déclarations municipales de Rachida Dati sont très suivies sur Internet, ses vidéos font souvent un million de vues, ce qui est beaucoup. Elle compte à Paris mais aussi en France. Maire du septième arrondissement depuis 2008, donc des beaux quartiers, Rachida Dati, paradoxalement, peut représenter un courant populaire, et c'est son premier souci : permettre à tout le monde, même les moins aisés, de participer à la culture, rendre accessible la culture à tous les Français, même les moins aisés, même ceux qui se pensent les moins "cultivés", qui pensent que la musique classique, l'opéra, le théâtre ne sont pas faits pour eux.
Il y a déjà de nombreuses initiatives pour donner des accès parfois ludiques à la culture, la plupart des musées ont des parcours pour les enfants pour leur faire découvrir et apprécier la culture, mais sans doute que la mission de Rachida Dati sera encore plus dense dans ce domaine, de manière plus générale.
Toute la Cinquième République a vu cette hésitation à nommer à la Culture soit un politique soit un cultureux, comme je les appelle, c'est-à-dire un écrivain (comme l'était Maurice Druon), un technocrate du domaine culturel (comme l'étaient Rima Abdul-Malak, ou encore Françoise Nyssen, Audrey Azoulay, Jean-Jacques Aillagon, etc.), d'autres acteurs culturels (comme Frédéric Mitterrand), etc. Bien sûr, quand on parle de Ministre de la Culture, on pense avant tout à André Malraux et un peu à Jack Lang, qui, lui, était aussi un animal politique (qui, parce qu'il était doyen d'une faculté de droite, souhaitait surtout devenir Ministre de la Justice, voire candidat à l'élection présidentielle en 1995).
L'ancienne Ministre de la Justice est donc dans son rôle et ses compétences à occuper le Ministère de la Culture. Son rôle ne sera pas de faire des grands travaux mégalomaniaques comme à l'époque ultradépensière de François Mitterrand, mais plus humblement, de faire accéder tout le monde à la culture. C'est une ambition beaucoup plus raisonnable mais beaucoup plus exigeante, et Rachida Dati, qui ne se laissera pas impressionner par divers groupes de pression, aura à cœur de défendre un budget souvent sacrifié lorsqu'il s'agit de resserrer les finances publiques. Même si son arrivée inquiète aujourd'hui les différents acteurs culturels, Rachida Dati pourra être, paradoxalement, leur meilleure ambassadrice. Pas étonnant donc qu'elle leur dise : n'ayez pas peur !
CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EMMANUEL MACRON LE 16 JANVIER 2024 À 20 HEURES 15 À L'ÉLYSÉE
Source : France 24
16 janvier 2024
Conférence de presse
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs,
Bienvenue dans cette maison.
Permettez-moi, avant toute chose, de vous souhaiter, à nouveau, une belle et heureuse année et de la souhaiter à nouveau à nos compatriotes qui nous suivent ce soir.
Je ne reviendrai pas, dans mon propos introductif, sur ce que j'ai pu évoquer des fiertés et des grands événements de l'année qui s'ouvre pour, donc, 2024 et que j'ai déjà détaillés le 31 décembre dernier ; ni sur les grands sujets de politique internationale ou les sujets les plus institutionnels. Nous pourrons y revenir dans le cadre des questions qui seront les vôtres.
Mais, après six ans et demi d'action au service des Français, j'ai tenu à vous retrouver en ce moment décisif pour dire au pays d'où nous venons et où nous allons.
Alors, d'où nous venons. Parce que ces dernières années, nous avons évidemment subi des crises, pandémies, retour de la guerre – j'y reviendrai – etc., mais nous avons collectivement cherché à suivre une ligne claire : libérer les énergies, protéger les Français, unir la nation. Et nous pouvons compter sur des forces retrouvées.
Des forces économiques et sociales. Nous avons créé plus de deux millions d'emplois, ouvert plus de 300 usines, réussi un chemin à la fois de création d'activité et de décarbonation de notre économie.
Force républicaine, aussi, de l'État, à retrouver, et de ceux qui les servent. Nous avons massivement réinvesti dans nos armées, pour nos policiers, nos gendarmes, pour notre justice, mais aussi pour notre école et notre santé, pour ne citer que quelques exemples. Ce qui fait qu'au moment où je vous parle, oui, nous sommes mieux armés qu'il y a six ans et demi.
Mais où allons-nous ? Et nous le vivons tous. Au fond, le monde d'hier est en train de s'effacer. L'ordre international, que nous connaissions, est bousculé. La guerre est revenue sur le sol européen avec l'agression russe en Ukraine, il y a près de deux ans maintenant. La guerre revient au Proche-Orient, avec les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre dernier, qui a plongé toute la région dans la guerre.
Nous vivons, nous le savons aussi, la crise du modèle démocratique en France, en Europe et dans beaucoup d'autres pays. La crise climatique provoque les inquiétudes et pousse à des transitions qui divisent, parfois, nos pays, on le voit partout, là aussi, en Europe. Et l'irruption de nouvelles technologies bouleverse beaucoup de nos repères.
Pourtant, au moment où notre pays est à la fois menacé par les tensions du monde et ses divisions de l'intérieur que nous avons encore vécues ces derniers mois et sur lesquelles nous reviendrons peut-être, je suis convaincu que nous avons tous les atouts pour réussir. Convaincu que nous n'en avons pas fini avec notre histoire de progrès et que nos enfants vivront mieux demain que nous ne vivons aujourd'hui.
Et c'est pour faire face à ces défis et à ce moment très précis du mandat, que m'ont confié les Français, que j'ai voulu nommer un nouveau Gouvernement. Pourquoi ce Gouvernement le plus resserré et le plus jeune de l'Histoire de la Cinquième République ? Parce que cette époque de crise que je décris rapidement suppose avant tout audace, action et efficacité.
Dans les mois, dans les années à venir, se décidera le destin des prochaines générations. C'est tout l'enjeu. C'est tout notre défi. Voilà pourquoi nous sommes là. Voilà pourquoi démocrates, écologistes et républicains se rassemblent autour d'un même projet pour agir au service des Français, et, au fond, avec une ligne simple pour que la France reste la France, pour que la France demeure cette Nation de bon sens, de résistance et des Lumières.
Le Premier Ministre aura à détailler, dans les jours qui viennent, un travail avec les ministres de son Gouvernement, les forces politiques et tout particulièrement sa majorité au Parlement et les groupes aussi au Sénat, le calendrier de l'action qui est la sienne et il l’exposera lors de sa déclaration de politique générale.
Je veux ici essayer de dire le sens profond de cette action, rendre au fond la France plus forte et plus juste. C'est ça le combat des prochaines années, et au-delà, dans lequel nous devons conduire la France pour les décennies qui viennent.
La France sera plus forte dans ce monde de bouleversements si nous sommes d'abord plus unis si nous réapprenons à partager des valeurs, une culture commune, le sens du respect dans les salles de classe, dans la rue, dans les transports comme dans les commerces.
C'est pourquoi, comme je l'ai indiqué le 31 décembre dernier lors de mes vœux, nous engagerons un réarmement civique. Chaque génération de Français doit apprendre ce que la République veut dire : une histoire, des devoirs, des droits, une langue, un imaginaire, le sens profond du respect et de l'engagement, et cela dès l'enfance, en renforçant le soutien et l'exigence vis-à-vis des parents, en reprenant aussi le contrôle de nos écrans qui, trop souvent, enferment là où ils devraient libérer. Sur la base de recommandations que feront les experts que j'ai réunis la semaine dernière, nous déterminerons le bon usage des écrans pour nos enfants dans les familles, à la maison comme en classe, parce qu'il en va de l'avenir de nos sociétés et de nos démocraties.
À l'école ensuite. Depuis 2017, nous avons entamé un choc des savoirs, le retour des fondamentaux, l'enseignement, le dédoublement des classes. Et nous allons le poursuivre avec des maîtres mieux formés, mieux payés, une rénovation des programmes, des évaluations dans chaque niveau dès la rentrée 2024. L'instruction civique sera refondée, son volume horaire sera doublé, une heure par semaine dès la cinquième, avec en appui, les grands textes fondateurs de la Nation.
Et l'école, dans laquelle la confiance aussi se déploie, où on forge pleinement et on exprime les talents de chacun, doit donner une place à la culture et au sport. C'est pourquoi nous avons instauré la demi-heure de sport quotidienne en primaire et deux heures supplémentaires par semaine au collège.
Au-delà de cela, l'éducation artistique et culturelle, que nous avons déployée dans nos écoles depuis maintenant un peu plus de six ans, va se renforcer. Comme pour la musique et les arts plastiques, je souhaite que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine parce que cela donne confiance, cela apprend l'oralité, le contact aux grands textes. Et parce que la France est aussi une histoire, un patrimoine qui se transmet et qui unit, l'histoire de l'art retrouvera sa place à la rentrée prochaine au collège et au lycée.
La tenue unique, qui a donné lieu à tant de débats ces derniers mois dans notre pays, et qui efface les inégalités entre les familles en même temps qu'elle crée les conditions du respect, sera expérimentée dès cette année dans une centaine d'établissements, tous volontaires. Cette expérimentation sera évaluée méthodiquement et sur la base des résultats, s'ils sont concluants, nous la généraliserons en 2026. Nous instituerons dans chaque collège et dans chaque lycée, dès la fin de cette année, une cérémonie de remise des diplômes, rite républicain d'unité, de fierté et de reconnaissance.
La famille et l'école, au fond, pour faire des républicains en même temps que pour transmettre des savoirs.
Mais avoir une France plus forte, c'est aussi assurer l'ordre. L'ordre, en contrôlant mieux nos frontières, grâce aux textes que nous avons pu voter en France, comme ceux que nous avons votés au niveau européen et la poursuite aussi de ce que nous avons renforcé ces dernières années.
L'ordre en luttant contre les incivilités grâce à un doublement de la présence policière dans nos rues. C'est le cœur de la stratégie annoncée il y a quelques années à Roubaix par les emplois créés et les réformes conduites.
L'ordre en luttant contre la drogue qui, ces dernières années, ne se déploie pas simplement dans les grandes villes, mais dans des villes moyennes, qui la connaissaient moins. Parfois même dans des villages. Grâce à la multiplication des opérations « place nette » frappant les narcotrafiquants qui se conduiront dans toutes les catégories de ville et nous allons accroître le rythme. À partir de la semaine prochaine, dix opérations de ce type seront conduites chaque semaine.
L’ordre, en luttant aussi contre l’islam radical, en appliquant méthodiquement la loi que nous avons votée il y a maintenant un peu plus de deux ans qui nous a permis de fermer des associations, des établissements qui ne respectaient pas les règles de la République, qui nous a permis aussi de mettre fin depuis le 1ᵉʳ janvier au système des imams détachés. Nous tiendrons cette ligne de fermeté républicaine.
La France sera plus forte aussi si elle produit davantage.
La pandémie a montré que, pour nombre de biens essentiels, les médicaments par exemple, nous défendions trop souvent de l'étranger et les solutions technologiques de demain, en particulier pour la croissance verte ou le numérique, risquent d'être produites dans d'autres continents que le nôtre.
C'est pourquoi nous devons accélérer dans le réarmement académique, scientifique, technologique, industriel et agricole, déjà largement engagé grâce aux réformes conduites depuis six ans, grâce au Plan de relance, puis au programme France 2030. Là encore, c'est un choix d'indépendance : ne plus compter sur les autres puissances pour réécrire notre histoire, produire l'intelligence dans nos universités, notre énergie dans nos centrales nucléaires et dans nos installations de renouvelables, notre alimentation dans nos fermes, nos biens de consommation décarbonée dans nos usines en Français et en Européens. Et c'est possible.
Nous avons déjà beaucoup fait et nous ferons beaucoup plus.
D'abord, nous poursuivons les investissements commencés, les réformes engagées. Mais je souhaite que nous puissions accélérer car le monde est en train d'accélérer.
Regardez la Chine ou les États-Unis d'Amérique. Sur ces technologies, ils vont beaucoup plus vite que nous, Européens et Français. Pour cela, nous mettrons fin aux normes inutiles. Il y a encore trop de complexités qui découragent les entrepreneurs, les industriels, les commerçants, les agriculteurs, les artisans, les maires. Ceux qui font ces complexités, bien souvent, protègent des rentes, des statuts, des situations établies et nous ne pouvons plus nous le permettre.
C'est pourquoi je demande au Gouvernement de supprimer des normes, réduire les délais, faciliter encore les embauches, augmenter tous les seuils de déclenchement d'obligation. C'est au fond la France du bon sens, plutôt que la France des tracas, vieilles antiennes, diront certains ! Je crois effectivement qu'en la matière, nous avons eu trop de tabous.
C'est pourquoi je demande au Gouvernement de porter un acte II d'une loi pour la croissance, l'activité et les opportunités économiques pour permettre de libérer davantage encore ceux qui font, qui innovent, qui osent, qui travaillent. Produire plus, innover davantage, aller plus vite.
Ceci et cette indépendance par le travail et la production, nous pourrons le faire aussi parce que plus de Français travailleront.
C'est le sens d'ailleurs de beaucoup de réformes conduites l'année dernière, même quand elles étaient impopulaires. Mais nous le savons tous, notre pays, encore aujourd'hui, manque de travailleurs dans les fermes, dans nos restaurants, chez nos artisans pour aider les personnes âgées ou les personnes handicapées chez eux. C'est une réalité. Et il risque de manquer demain de travailleurs dans les métiers que nous sommes en train de créer, du nucléaire jusqu'au numérique et à beaucoup d'autres.
Pour mettre fin à cette anomalie, nous devons former davantage selon les besoins de la Nation. Nous avons commencé ce travail avec la réforme du lycée professionnel, de nos universités. Cet effort, nous accélérons cette année et jusqu'à la rentrée prochaine.
Le Gouvernement incitera aussi à la création et la reprise d'un emploi avec, dès le printemps prochain, un acte II de la réforme du marché du travail lancée en 2017, c'est-à-dire des règles plus sévères quand des offres d'emploi sont refusées et un meilleur accompagnement de nos chômeurs par la formation, mais aussi l'accompagnement à l'emploi sur des choses très concrètes comme le logement ou les transports, ceci pour atteindre le plein emploi.
La France sera plus forte si elle retrouve son indépendance financière. Nous avons beaucoup dépensé pendant la crise Covid, nous le savons tous. Et j'assume ces dépenses parce qu'elles ont surtout protégé nos capacités de production, et une reprise très rapide, et les chiffres sont là pour le montrer.
Mais retrouver notre indépendance financière, c'est d'abord et avant tout créer plus de richesse. Je vais vous donner un chiffre très simple : si la France avait le taux d'activité, le taux d'emploi de l'Allemagne, nous n'aurions pas de problème de finances publiques. Et donc, le cœur de la bataille budgétaire, c'est une bataille pour l'activité et la création d'emplois et de richesses. Et à côté de cela, le Gouvernement réussit à bâtir une ambitieuse revue des dépenses pendant ce semestre, une vraie réforme de l'État pour dégager aussi de l'efficacité dans nos dépenses publiques.
La France sera plus forte car elle dépendra encore moins de l'étranger pour son énergie grâce à davantage de nucléaire et d'énergies renouvelables — le programme que nous allons accélérer, j'y reviendrai, au mois de juin — et sera armée face aux aléas du changement climatique.
Nos compatriotes à La Réunion, dans le Pas-de-Calais, mais il y a quelques mois en Bretagne ou en Normandie, l'ont encore vécu. On sait bien que nous devons réduire nos fragilités face aux tempêtes, aux incendies, aussi aux canicules et aux sécheresses, et ceci avec un plan d'adaptation et de résilience sur notre territoire, bâti avec nos maires, nos élus locaux, en métropole comme dans nos outre-mer.
Notre France sera aussi plus forte par la relance de sa natalité.
Nous étions, jusqu'à récemment, un pays dont c'était la force, sans doute la singularité en Europe quand on se comparait aux voisins, et c'est moins vrai depuis quelques années. Alors il y a derrière cela des angoisses qui vont avec la société, peut-être des choix pris jadis sur certains sujets financiers. Il appartiendra au Gouvernement de poursuivre ce travail, mais je voudrais insister sur deux points pour essayer d'améliorer les choses.
Après l'allongement du congé paternité, je crois profondément que la mise en place d'un nouveau congé de naissance sera un élément utile dans une telle stratégie, congé de naissance qui viendra remplacer le congé parental actuel. D'abord, il sera mieux rémunéré et permettra aux deux parents d'être auprès de leur enfant pendant six mois s'ils le souhaitent. Mais surtout, il sera plus court que le congé parental actuel qui peut parfois aller jusqu'à trois ans et qui éloigne beaucoup de femmes du marché du travail, mais qui aussi crée beaucoup d'angoisse parce qu'il est extrêmement peu et mal rémunéré et donc crée des situations parfois impossibles.
La natalité baisse aussi parce que l'infertilité progresse.
Et je parle là d'une forme de tabou du siècle, mais les mœurs changent, on fait des enfants de plus en plus tard. L'infertilité masculine, comme féminine, a beaucoup progressé ces dernières années et fait souffrir beaucoup de couples. Un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre justement ce réarmement démographique.
Enfin, la France sera plus forte parce que l'Europe sera plus puissante. Je n'ai jamais opposé ces deux notions. Je les défends même comme des complémentarités. Nous avons beaucoup fait ces dernières années pour une Europe de la santé, une Europe de la défense, une Europe des technologies et des grands programmes, avec des vrais résultats. Et on pourra y revenir si vous le souhaitez. Nous devons encore aller plus loin sur ce sujet. Les élections européennes seront un rendez-vous et un moment de vérité. Mais, je crois profondément que, dans ce dérèglement que j'évoquais, une Europe plus puissante, plus unie, plus souveraine est un élément de réponse indispensable pour notre pays.
La France sera plus forte grâce à ces objectifs et quelques-unes des actions que je viens ici d'esquisser. Et c'est grâce à cela qu'elle pourra aussi être plus juste.
La première des injustices, je l'ai à plusieurs reprises évoquée, c'est, et cela reste, malheureusement, celle du déterminisme social et familial.
Nous n'avons pas les mêmes chances, et je dois reconnaître avec honnêteté, qu'après six ans et demi à l'endroit où les Français m'ont mis, nous avons amélioré des choses, mais nous ne les avons pas radicalement changées. C'est-à-dire que l'avenir des enfants de la République reste encore par trop déterminé par le nom de famille, l'endroit où l'on est né, le milieu auquel on appartient. C'est la pire des injustices, l'inégalité de départ.
La promesse républicaine, c'est celle de l'égalité des chances. Et au fond, je veux qu'on mette fin à cette France du « ceci n'est pas pour moi » ou « ceci n'est pas pour toi », de ces enfants qui continuent à se dire que, parce qu'ils viennent de ce quartier, qu'ils ont ce nom, l'accès à telle formation ou tel diplôme, l'accès à la culture, ne leur est pas dû, n'est pas un droit pour eux. Ça existe, c'est une réalité.
Et aussi longtemps que ça existe, ça vient éroder l'adhésion à la promesse républicaine, et tout ce que je viens de vous dire sur l'ordre ne sera pas possible. Tout ce que je viens de vous dire sur la force sera aussi affaibli. Vous retrouverez une forme de « en même temps » qui est familier, mais qui n'est pas une faiblesse, qui est une double radicalité, qui n'est pas une ambiguïté, qui est une double ambition.
Car, et c'est vrai depuis le début de notre Troisième République, l'ordre va avec le progrès, l'autorité va avec l'émancipation. Indissociables. Et donc oui, la réponse à cela, c'est l'école, l'école, l'école. Là aussi. Continuer le travail commencé avec encore plus de force auprès des enfants les plus en difficulté, systématiser les devoirs faits au collège, en particulier dans les endroits les plus en difficulté, c'est indispensable. Travailler sur les vacances et le temps scolaire. Le Premier Ministre, naguère ministre de l'Éducation nationale, avait commencé ce travail pour décaler les examens, parce que les vacances longues sont un élément d'injustice sociale. Et commencer aussi, dès la cinquième, à l'accompagnement à l'orientation, qui est un élément absolument décisif d'une plus grande égalité. Et c'est tout ce que nous allons conduire au collège, au lycée et au premier cycle universitaire avec les ministres qui sont maintenant en charge de ces sujets.
C’est aussi ce travail que je veux continuer par un meilleur accès à la culture et qui sera au cœur du mandat de la ministre, faire en sorte que, d’où qu’on vienne, des quartiers populaires, urbains, à notre ruralité, on puisse avoir accès à la culture dès l’école et après.
La deuxième injustice fondamentale, c’est que l’effort et le mérite ne sont pas suffisamment reconnus. Je crois dans cette France, en effet, du travail et du mérite. Et si nous avons déjà beaucoup fait pour que le travail paie mieux que l'inactivité, on pourra y revenir, on a substantiellement fait. Et nous sommes sans doute le pays d'Europe où le pouvoir d'achat des travailleurs et des travailleurs les plus modestes a le plus progressé ces cinq dernières années, malgré l'inflation. Ce n'est pas assez. Et au fond, il y a ce que j'appellerai une France de l'angle mort. C’est tous nos compatriotes qui gagnent déjà trop pour être aidés et pas assez pour bien vivre. C'est la France populaire, la France des classes moyennes, la France qui dit « quand vous proposez quelque chose, ce n'est jamais pour moi ». Et pourtant c'est celle qui tient le pays.
Et donc, au cœur du mandat du Gouvernement, je souhaite qu'il y ait justement un travail ardent pour aller plus loin, pour reconnaître cela, pour donner plus de dynamique aux carrières, pour permettre de mieux gagner sa vie par le travail, avec l'adaptation de nos dispositifs fiscaux et sociaux, mais aussi avec des négociations dans certaines branches pour que la dynamique salariale soit au rendez-vous des efforts.
Il en va de même pour nos fonctionnaires pour lesquels le principal critère d'avancement et de rémunération devra être, à côté de l'ancienneté, également le mérite, en tout cas bien davantage qu'aujourd'hui. Ce sera au cœur d'une réforme qui va commencer dans les prochaines semaines.
Une France plus juste, c'est aussi une France qui sait accompagner les transitions qui sont à l'œuvre. Je le disais, beaucoup des changements qui sont en cours et on le voit partout en Europe, nourrissent de l'inquiétude. Parce que si nous ne prenons pas garde, et la France l'a vécu avec la crise que nous avons traversée ensemble des gilets jaunes, ces transitions sont injustes. Elles frappent encore plus ceux qui sont dans la difficulté, ceux qui ont déjà à peine les moyens de vivre de leur travail, qui sont souvent dans les logements les moins bien isolés, qui, par nécessité, sont obligés de rouler dans des véhicules individuels qui sont parfois encore les plus polluants. Il ne s'agit pas de stigmatiser cette France-là, au contraire, il faut l'aider à la transition.
C’est ça, l'écologie à la française. C'est une écologie de justice et de souveraineté. Et donc, nous allons accroître dans les prochains mois d'abord l'accompagnement de nos agriculteurs pour les aider justement à améliorer leurs pratiques, jamais en les laissant sans solution : simplification, accompagnement et investissement.
Accompagner les Français en investissant dans les transports en commun, en les aidant par le bonus écologique, mais aussi le leasing social pour la voiture à 100 euros, à changer de véhicule et à les accompagner encore davantage et de manière plus simple pour rénover leur logement. Faire de la transition écologique une transition juste.
La France plus juste, enfin, c'est celle qui accompagne chacun grâce à nos services publics. En la matière, beaucoup de Français ont le sentiment légitime de ne pas en avoir pour leur argent, si je puis dire. Pas de médecins disponibles lorsqu’ils sont malades, pas d'agents au bout du fil quand ils font une démarche, des délais trop longs dans les papiers d'identité et parfois même le sentiment que ça fonctionne, surtout pour ceux qui ont des passe-droits.
Lors de mon premier quinquennat, nous avons beaucoup fait sur ce sujet. On a réinvesti, on a déconcentré beaucoup de services publics, on a recréé des sous-préfectures. Ce n'était pas arrivé depuis des décennies. On a rouvert des trésoreries sur le terrain, on a rouvert des brigades de gendarmerie. On vient encore d'enclencher un mouvement pour en rouvrir 200. J'avais fait une promesse ici-même, à la fin du grand débat, que dans chaque canton, il y ait une Maison France Services. Promesse tenue même dépassée : 2 700 maisons France Services existent aujourd'hui partout sur le terrain, ce qui place chacun d'entre nous à vingt minutes de l'une d'entre elles, quand on habite un quartier populaire en ruralité, dans les grandes villes.
Mais soyons lucides, nous n'y sommes pas encore parce qu'on est encore prisonnier sans doute de trop de tabous, de prêt à penser.
Je demande donc au Gouvernement de sortir, si je puis dire, des codes et des cases, d'envisager des solutions plus radicales, pour mettre fin à ce qui alimente ce sentiment de déclassement.
Solutions radicales pour mettre fin au scandale des déserts médicaux en simplifiant les règles venues d'en haut, en permettant d'adapter ces règles au terrain pour permettre des coordinations plus simples, en dégageant du temps aux médecins pour mieux travailler entre médecine de ville et hôpital avec aussi ce qu'on appelle les professions paramédicales. Ce sera au cœur du mandat de la ministre afin que chaque médecin, mais aussi paramédicaux, puisse voir plus de patients, mais aussi en assumant sur le terrain de régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins et que nous laissons dans une précarité administrative qui est complètement inefficace.
Solutions radicales en taillant, enfin, dans le vif des dépenses inutiles, des doublons administratifs, du millefeuille comme on l'appelle, pour permettre un service plus efficace auprès des Français et des règles beaucoup plus simples et rapides par les simplifications que j'évoquais tout à l'heure.
Au fond, nous devons avoir la force, l'énergie dans ce moment, d'envisager ce que nous n'envisagions plus, d'oser ce que nous n'osons même plus penser, mais retrouver de l'audace.
Vous l'avez compris, il s'agit de faire preuve d'efficacité, de briser même certains tabous, de ne pas avoir peur de soulever certains mécontentements au service des Français. C'est bien sûr au gouvernement d'insuffler ce mouvement, et je sais qu'il ne ménagera ni son énergie ni son talent.
Mais chacun doit prendre sa part. L'État, bien sûr, doit être là pour accompagner, pour impulser, jamais pour entraver.
La force du mouvement réside aussi en chacun de nous. Nous avons besoin d'une France de l'engagement et de la mobilisation civile. Parce qu'être Français, c'est avant tout avoir des droits et des devoirs. C'est porter une certaine idée de notre Nation, de son histoire, de son ambition. C'est pourquoi je compte aussi sur l'engagement et la mobilisation de nos compatriotes en hexagone et dans nos outre-mer pour prendre leur part de cette mobilisation afin de rendre notre pays plus fort et plus juste et de relever les défis du temps.
Vous l'avez compris, je pense que beaucoup de choses sont possibles et je ne cède pas à l'esprit de résignation que je vois quand même à l'œuvre. Il y a beaucoup de choses qui nous inquiètent légitimement, parce que beaucoup de changements sont en cours, parce qu'on a vécu tant de crises.
Mais je crois que si nous savons travailler ardemment avec beaucoup de bon sens, d'efficacité, sans doute moins de lois, mais plus d'actions concrètes, avec une détermination sans faille, nous aurons des résultats au service à la fois du quotidien des Français, mais aussi pour préparer l'avenir de la Nation et cette France plus forte et plus juste : de l'audace, de l'efficacité, de l'action. C'est ce qui est demandé à ce nouveau gouvernement, ce à quoi je m'emploierai.
Maintenant, je vais répondre à toutes vos questions.
« Cela a été dit, ces dernières heures, j'ai pu le lire ou l'entendre : "le plus jeune Président de la République de l'histoire nomme le plus jeune Premier Ministre de l'histoire". Je ne veux y voir qu'un seul symbole : celui de l'audace et du mouvement. Le symbole aussi, et peut-être surtout de la confiance, celle accordée à la jeunesse, cette génération qui mérite que l'on se batte pour elle sans relâche. (…) Avec le Président de la République, j'aurai donc un objectif : garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français. » (Gabriel Attal, le 9 janvier 2024 à Matignon).
En prenant ce titre court, synthétique, sobre, épuré, je voulais évoquer le nouveau couple au sommet de l'État, qui sort de l'ordinaire assurément. Et puis, j'ai eu un peu d'inquiétude, quelques scrupules, et, oui, j'avoue, j'ai googlisé et j'ai découvert plusieurs Gabriel Macron, un né en 1974, apparemment, dont je ne dirai rien car c'est sa vie et elle ne me regarde pas, et un autre, né en 2005, dont j'évoque juste un élément important (quand même), c'est le demi-frère du Président de la République. Alors, bien entendu, il ne s'agit pas d'eux, pas d'autres qui m'auraient échappé (je n'ai pas googlisé très longtemps), mais du tandem Gabriel Attal-Emmanuel Macron, bien sûr.
En 2017, on avait parlé, à tort finalement, du personnage Édouard Macron, parce que la nomination du député-maire LR du Havre, Édouard Philippe, proche de l'ancien Premier Ministre Alain Juppé et encore peu connu des Français, avait surpris le petit monde politique avec un début un peu maladroit : Emmanuel Macron avait prononcé un discours devant le Congrès de Versailles quelques heures avant le discours de la politique générale d'Édouard Philippe, de quoi rabaisser le Premier Ministre au rang de sous-collaborateur (j'avais évoqué Édouard Macron le 18 mai 2017 et même Édouard Macron II le 22 juin 2017).
On a bien compris par la suite qu'Édouard Philippe avait une existence politique "propre", indépendante d'Emmanuel Macron, au point que ce dernier l'a remercié alors qu'il prenait un peu trop de place dans le paysage politico-médiatico-sondagier. Un Premier Ministre est un fusible, pas un point de lumière.
Aujourd'hui, on parle de "bébé Macron" pour évoquer Gabriel Attal, mais c'est une erreur, ou alors, un leurre : si, dans la Macronie, depuis 2017, il y a une personnalité qui est un politique, un vrai politique, c'est bien Gabriel Attal et il n'a pas attendu Emmanuel Macron pour faire de la politique (au sein du PS). Certains commentateurs le "rangent" comme un héritier de Nicolas Sarkozy. Oui, pourquoi pas ? Je dirais aussi de Manuel Valls ou de Jean-François Copé : des hommes volontaires, dynamiques, jeunes, ambitieux... et pressés. Mais un conseil des Grecs anciens, c'est : hâte-toi lentement !
Gabriel Attal est un talent, il est très doué pour la communication politique, et pour l'instant, il a fait un parcours sans faute : ses rares mois de Ministre de l'Éducation nationale l'ont rendu très populaire alors qu'il n'a prononcé que quelques mots, mais les bons : abaya, autorité, redoublement, uniforme, etc. Quand j'écris "les bons", les bons pour se rendre populaire car être populaire, ce n'est jamais que faire du populisme raisonnable.
Mais sa quasi-perfection dans la communication politique ne s'adresse pas qu'à des électeurs potentiels, elle s'adresse aussi au Président de la République (il est resté pour l'instant toujours très loyal et respectueux, et le jeu consiste aujourd'hui à compter le nombre de fois qu'il l'a cité dans chacune de ses déclarations) ainsi qu'aux membres de la majorité présidentielle à l'Assemblée Nationale, ménageant toujours la chèvre (aile droite) et le chou (aile gauche).
Aujourd'hui, Gabriel Attal devra bien sûr faire ses preuves comme chef du gouvernement. Premier Ministre, il l'est sur le papier mais son autorité va devoir être respectée, notamment par les deux grands barons de la Macronie que sont Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, qui, tous les deux, auraient rêvé de Matignon, et paradoxalement, ce respect s'imposera à eux dès lors que Gabriel Attal s'écartera lui-même des chemins proposés par Emmanuel Macron en esquissant le sien propre. Car de vision, il en manque encore, il jette quelques mots (autorité, lutte contre la pauvreté, défense des classes moyennes, etc.) mais cela n'en fait pas une vision pour la Nation.
La vision, pour l'instant, est définie à l'Élysée. On distingue ainsi Gabriel Attal, capable de parler aux gens du peuple, avec des mots simples, d'Emmanuel Macron qui s'exprime avec une pensée beaucoup plus complexe, voire trop complexe, avec des mots difficiles dont les concepts sont rarement définis. Alors, Gabriel Attal, traducteur du Président ? Après tout, il a déjà été porte-parole. Ce qui semble se dessiner pour la semaine prochaine, en début de semaine, c'est une intervention du chef de l'État suivie du discours de politique générale du Premier Ministre, le même schéma qu'au début du mois de juillet 2017 avec Édouard Philippe.
Pour l'heure, j'écrivais, la vision est définie à l'Élysée. Emmanuel Macron avait justement écrit une tribune intéressante dans "Le Monde" du 29 décembre 2023 pour exprimer ses priorités nationales et internationales. Elle est passée quasi-inaperçue, mais la forme un peu ardue d'un texte assez long, qui plus est entre Noël et le Nouvel An avec en plus ses propres vœux adressés à la Nation deux jours plus tard, était faite pour que ce texte passât inaperçu.
Cette tribune, qui reprend le fameux "en même temps, commençait ainsi : « La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche-Orient après l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de dioxyde de carbone (CO2), viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités. C’est cette doctrine que nous déclinons à l’international, à travers le Pacte de Paris pour les peuples et la planète et les sommets One Planet. La clé de voûte de cette stratégie, c’est que nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et sur celui de la lutte contre la pauvreté, car aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète. ».
Ainsi, il proposait sept lignes d'horizon pour atteindre cet objectif ambitieux à la fois écologique et social, dont la principale pour les pays riches serait la sortie définitive du charbon en 2030, du pétrole en 2045 et du gaz en 2050. Sera-t-il à la hauteur de tels défis ? C'est toute la question qui se pose pour Gabriel Attal dont la mission serait avant tout de faire exploser en plein vol la fusée RN d'ici à 2027...
« La France c’est une culture, une Histoire, une langue, des valeurs universelles qui s’apprennent dès le plus jeune âge. À chaque génération. » (Emmanuel Macron, le 31 décembre 2023).
Comme à chaque veille de Nouvel An, le Président de la République, au cours d'une courte allocution télévisée, adresse ses vœux et sa vision pour l'année nouvelle. Cela dure au moins depuis De Gaulle, et Emmanuel Macron, ce dimanche 31 décembre 2023 à 20 heures, n'a pas dérogé à la tradition (qu'aurait-on dit s'il ne l'avait pas fait ?).
Bien sûr, les Français sont peu attentifs au message présidentiel alors qu'ils s'apprêtent, du moins pour certains d'entre eux, à réveillonner, et donc, comme toujours, il ne s'agit pas d'un message d'annonces et de nouveautés, mais plutôt des rappels sur l'année 2023 et l'année 2024.
L'exercice des vœux est ardu car beaucoup de Français considèrent que leurs conditions sont insatisfaisantes et attendent beaucoup du pouvoir en place. Montrer alors que tout va bien et que l'année suivante sera encore meilleure est aussi caricaturale que de dénigrer sans arrêt son pays comme le font en sport national beaucoup de nos compatriotes, et pas des plus bienveillants.
Ainsi, Emmanuel Macron a déclaré : « Il y eut bien sûr des moments heureux, des moments de fierté, mais je sais combien la peur du retour de la guerre, du déclassement, de la perte de contrôle sont bien là. Pourtant, je suis convaincu, et ce n’est pas un faux optimisme, que dans ce contexte de crises peut naître le meilleur. (…) L’année 2024 doit avant tout être une année de détermination. Agir, agir encore, dans l’intérêt de la Nation. (…) L’action est notre devoir pour les générations futures. Voilà pourquoi je serai inlassablement du côté de ceux qui agissent au service du pays et jamais de ceux qui, refusant de vous dire la réalité pour justifier de ne rien faire, à la fin nous affaiblissent. Jamais du côté de ceux qui privilégient les calculs électoraux les petits arrangements ou leurs intérêts personnels. (…) À nous de faire ensemble. À nous de choisir plutôt que de subir, à nous de tracer la route plutôt que de suivre. ».
De là à faire un bilan teinté d'un tantinet d'autosatisfaction qui se focalise pourtant sur les faits. Pourquoi ne pas parader à propos de la réforme des retraites : « Certaines, comme la réforme des retraites, étaient, je le sais, impopulaires. Je les assume car je m’y étais engagé et elles étaient nécessaires au pays. Tous ces mois passés ont donc été bien loin de l’impuissance qu’on nous prédisait, et c’est heureux. Et je veux ici tout particulièrement en remercier la Première Ministre et son gouvernement. » ?
Ces remerciements à Élisabeth Borne ont aussi leur utilité, reconnaître son mérite et couper court aux nombreuses rumeurs, récurrentes, de son éviction dans les jours prochains (le verdict dans le procès du ministre Olivier Dussopt pourrait précipiter la décision).
Du reste, l'énumération de son bilan de l'année 2023 a une vocation, celle de marteler qu'il n'est pas inactif et qu'il fera de son deuxième mandat un mandat utile à la France : « C’est pourquoi, je n’ai cessé de suivre la même logique : agir avec détermination et constance pour aujourd’hui et pour demain. Depuis sept ans, là où vous m’avez placé, je tâche de rendre la France plus forte et plus juste, de libérer, protéger, unir. Tel est le cap et nous le tenons. (…) En 2023, nous avons agi, agi au service de l’objectif de réindustrialisation et de plein-emploi, dont les premiers résultats sont là. Les retraites, l’assurance chômage, la relance de nos industries vertes, l’accélération de France 2030, la refondation du lycée professionnel, la réforme de Pôle emploi et du revenu de solidarité active, la réforme du marché européen de l’électricité : toutes ces grandes transformations ont été décidées, votées, et ont commencé à entrer en vigueur cette année. Et nous avons continué cette année de créer des emplois, tout en réduisant encore plus rapidement nos émissions de gaz à effet de serre, conformément à nos engagements. Ceci prouve que vous êtes au rendez-vous de la mobilisation. Grâce à ce réarmement économique, nous continuons d’être en mesure de financer notre modèle social, de nous protéger contre les crises ou l’inflation mais aussi d’investir pour réarmer nos services publics. Et c’est ce que nous avons fait. ».
Parmi les chantiers de 2024, l'éducation et le civisme, la lutte contre la délinquance, la transition écologique, l'investissement dans les technologies de l'avenir avec cette formule pour la dernière phrase : « Nous devrons tout faire pour atteindre notre ambition de plein-emploi, continuer d’innover, mais aussi d’attirer les talents comme les entreprises et produire davantage en France. Ainsi, nous nous engagerons l’année prochaine dans des grands chantiers de pointe, du nucléaire à l’intelligence artificielle ou aux transports. Pour qu’en 2027 nous ayons dix ans d’avance là où en 2017, nous avions dix ans de retard. ».
Emmanuel Macron a aussi donné les perspectives de 2024 : les élections européennes (en citant le regretté Jacques Delors), véritable choix de société ; la réouverture de Notre-Dame de Paris le 8 décembre 2024 ; les Jeux Olympiques et Paralympiques, le 80e anniversaire de la Libération (ayons une pensée pour Claude Bloch), le Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts, etc.
Il a résumé ainsi les manifestations qui feront de la France un acteur important de cette année : « Oui, 2024 sera vous l’avez compris un millésime français. Parce que c’est une fois par décennie que l’on commémore avec cette ampleur notre Libération. C’est une fois par siècle que l’on accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques. Et c’est une fois par millénaire que l’on rebâtit une cathédrale. C’est une fois par génération que le destin de la suivante se joue comme sans doute il se joue maintenant. ».
Rien de nouveau donc dans cette allocution des vœux, mais l'annonce surtout d'une "surprise du chef" déjà évoquée de l'émission du 20 décembre 2023 sur France 5 : « 2024, année de la détermination, de l’efficacité des résultats. Et j’aurai l’occasion dans les semaines qui viennent de vous dire comment notre Nation relèvera ces défis. ». Pour l'instant, le secret est bien gardé...
31 décembre 2023
VŒUX DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AUX FRANÇAIS
Françaises, Français, de métropole, de nos outre-mer et de l’étranger,
En vous présentant mes vœux, je veux commencer par exprimer notre gratitude à tous pour nos compatriotes qui, ce soir encore, protègent, soignent, aident, assurent la continuité de la vie de la Nation. Grâce à eux, nous pouvons passer ces moments d’une année à l’autre en famille et avec nos proches. Et en ces instants, je veux aussi dire particulièrement mon affection à ceux qui sont malades ou resteront seuls.
2023 aura été marquée par la poursuite de la guerre en Ukraine, la guerre aujourd’hui au Proche-Orient et les bombardements sur Gaza ; par les attaques terroristes du 7 octobre en Israël où 41 Français ont été assassinés, et je pense ce soir à leurs familles comme je pense aux familles de nos compatriotes encore retenus en otage.
Marquée encore par la tension géopolitique croissante, les conséquences des dérèglements climatiques sur notre territoire, des actes terroristes sur notre sol. Par des divisions, des gestes de haine, parfois, des violences, à plusieurs occasions, qui fragilisent la cohésion de la Nation. Enfin, l’inflation a sévi qui rend tout plus difficile : se loger, se déplacer, faire ses courses.
Il y eut bien sûr des moments heureux, des moments de fierté, mais je sais combien la peur du retour de la guerre, du déclassement, de la perte de contrôle sont bien là.
Pourtant, je suis convaincu, et ce n’est pas un faux optimisme, que dans ce contexte de crises peut naître le meilleur.
C’est pourquoi, je n’ai cessé de suivre la même logique : agir avec détermination et constance pour aujourd’hui et pour demain. Depuis sept ans, là où vous m’avez placé, je tâche de rendre la France plus forte et plus juste, de libérer, protéger, unir. Tel est le cap et nous le tenons. Et il en fut de même en 2023.
En 2023, la France est sans doute l’un des pays occidentaux qui, en dépit du contexte, a pris le plus de décisions, conduit le plus de transformations. Certaines, comme la réforme des retraites, étaient, je le sais, impopulaires. Je les assume car je m’y étais engagé et elles étaient nécessaires au pays.
Tous ces mois passés ont donc été bien loin de l’impuissance qu’on nous prédisait, et c’est heureux. Et je veux ici tout particulièrement en remercier la Première Ministre et son gouvernement.
En 2023, nous avons agi, agi au service de l’objectif de réindustrialisation et de plein-emploi, dont les premiers résultats sont là. Les retraites, l’assurance chômage, la relance de nos industries vertes, l’accélération de France 2030, la refondation du lycée professionnel, la réforme de Pôle emploi et du revenu de solidarité active, la réforme du marché européen de l’électricité : toutes ces grandes transformations ont été décidées, votées, et ont commencé à entrer en vigueur cette année.
Et nous avons continué cette année de créer des emplois, tout en réduisant encore plus rapidement nos émissions de gaz à effet de serre, conformément à nos engagements. Ceci prouve que vous êtes au rendez-vous de la mobilisation.
Grâce à ce réarmement économique, nous continuons d’être en mesure de financer notre modèle social, de nous protéger contre les crises ou l’inflation mais aussi d’investir pour réarmer nos services publics. Et c’est ce que nous avons fait.
Nous avons investi dans notre école, notre santé afin de mieux accompagner et de mieux corriger les inégalités de destin. Nous avons posé les fondations d’une planification écologique inédite et dégagé des moyens massifs pour accompagner chacun de vous dans cette transition.
Nous avons aussi en 2023, voté pour les années à venir des lois historiques pour nous protéger. Loi historique pour nos militaires : en une décennie, le budget de nos armées aura ainsi été doublé. Loi historique pour nos policiers, nos gendarmes, nos magistrats, nos greffiers, afin d’assurer l’ordre et l’unité républicaines en assumant de créer des milliers de postes pour mieux vous protéger. Nous continuerons de rétablir l’autorité partout où elle manque face aux incivilités et à la délinquance.
En matière d’immigration, la loi votée en décembre, comme l’accord conclu au niveau européen, nous donnent les instruments nécessaires pour faire mieux respecter les principes de la République c’est-à-dire à la fois lutter contre les passeurs et l’immigration clandestine et mieux intégrer ceux qui ont vocation à demeurer sur notre sol : réfugiés, étudiants, chercheurs, travailleurs.
Alors je sais bien sûr les impatiences, oserais-je dire que je le partage, même si les premiers changements sont visibles. Je sais que vous voudriez que nous fassions plus et plus vite. Et c’est pour atteindre cet objectif que l’année 2024 doit avant tout être une année de détermination. Agir, agir encore, dans l’intérêt de la Nation.
Nous serons déterminés à agir pour l’école, l’enfance et l’éducation, afin de rétablir le niveau de nos élèves, l’autorité de nos professeurs, la force de notre enseignement laïc et républicain. Après le réarmement économique, le réarmement de l’État et de nos services publics, il nous faudra ainsi engager notre réarmement civique. La France c’est une culture, une Histoire, une langue, des valeurs universelles qui s’apprennent dès le plus jeune âge. À chaque génération.
Nous serons déterminés, aussi, à rendre notre République plus forte en luttant contre la délinquance, en nous attaquant plus fermement aux discriminations, en permettant des progrès concrets pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour la petite enfance, pour nos compatriotes en situation de handicap. Déterminés, nous le serons à agir pour amplifier notre réarmement industriel, technologique et scientifique. Nous devrons tout faire pour atteindre notre ambition de plein-emploi, continuer d’innover, mais aussi d’attirer les talents comme les entreprises et produire davantage en France. Ainsi, nous nous engagerons l’année prochaine dans des grands chantiers de pointe, du nucléaire à l’intelligence artificielle ou aux transports. Pour qu’en 2027 nous ayons dix ans d’avance là où en 2017, nous avions dix ans de retard.
En 2024, nous aurons à accélérer encore nos efforts et simplifier drastiquement la vie de nos entrepreneurs, de nos agriculteurs, de nos commerçants, nos artisans, nos élus et en particulier nos maires, et pour de nombreux secteurs, dont celui du logement.
Enfin, nous serons déterminés à agir pour qu’en 2024, notre écologie, cette écologie à la française, notre planification continuent de se déployer comme un modèle et un chemin singulier, qui nous permettront de sortir des énergies fossiles et de gagner en indépendance et en progrès. La France, qui produit déjà l’électricité parmi les plus décarbonées d’Europe, sortira totalement du charbon d’ici 2027. Et c’est ce même combat que nous porterons à l’international avec entre autres notre Pacte pour les peuples et la planète.
2024, année de la détermination, de l’efficacité des résultats. Et j’aurai l’occasion dans les semaines qui viennent de vous dire comment notre Nation relèvera ces défis.
Mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option. L’action est notre devoir pour les générations futures. Voilà pourquoi je serai inlassablement du côté de ceux qui agissent au service du pays et jamais de ceux qui, refusant de vous dire la réalité pour justifier de ne rien faire, à la fin nous affaiblissent. Jamais du côté de ceux qui privilégient les calculs électoraux les petits arrangements ou leurs intérêts personnels.
Nous devons donc continuer ce réarmement de la Nation face au dérèglement du monde. Car la force de caractère est la vertu des temps difficiles.
2024 sera aussi une année de choix décisifs.
Nous aurons à faire le choix d’une Europe plus forte plus souveraine, à la lumière de l’héritage de Jacques Delors. Une Europe qui œuvre à la paix au Proche-Orient et sur notre propre continent, en continuant à soutenir le peuple ukrainien et avec lui, notre sécurité, notre liberté, nos valeurs. Vous aurez au mois de juin prochain à vous prononcer sur la poursuite de ce réarmement de notre souveraineté européenne face aux périls : arrêter la Russie et soutenir les Ukrainiens ou céder aux puissances autoritaires en Ukraine ; continuer l’Europe ou la bloquer ; poursuivre la transition écologique et productive ou revenir en arrière ; affirmer la force des démocraties libérales ou céder aux mensonges qui sèment le chaos.
2024 sera enfin l’année de nos fiertés françaises. Fierté pour ces milliers de compagnons, d’artisans, d’entrepreneurs qui ont pris part au magnifique chantier pour rebâtir Notre-Dame-de-Paris dont la flèche, s’élance à nouveau vers le ciel et coiffe une cathédrale qui rouvrira le 8 décembre prochain.
Nous sommes une Nation de compagnons de bâtisseurs, capable, quand elle s’unit, de résister, de se relever. Oui, en cinq années, comme promis, nous aurons rebâti la cathédrale et accompli l’impossible. Nous sommes cette Nation qui, lorsqu’elle est fière d’elle-même, porte toujours un espoir universel.
2024, nous célèbrerons aussi notre Histoire. 80 ans après 1944, nous serons fiers de notre passé, de nos héros aux destins mêlés. Soldats des armées alliées, mais aussi Français de naissance ou de préférence, Français et étrangers de la Résistance. Tous en lutte pour que soit libérée une France fidèle à l’esprit des Lumières, et à l’esprit de notre Révolution.
2024 sera une année de fierté de la langue française. Après avoir restauré le château de Villers-Cotterêts et y avoir créé la Cité internationale de la langue française, nous y accueillerons dans quelques mois le monde de la Francophonie.
2024, sera aussi une année de fierté française, sportive, puisque les Jeux Olympiques et Paralympiques seront, chez nous, en France, et ainsi comme chez eux, en métropole comme dans nos outre-mer.
Nous serons fiers de nos athlètes, de nos artistes, de nos paysages, de cette fête populaire, permise par des milliers de bénévoles, bâtissant aussi pour notre Nation un héritage sportif. Par notre engagement à tous qui commencera dès demain.
Oui, 2024 sera vous l’avez compris un millésime français. Parce que c’est une fois par décennie que l’on commémore avec cette ampleur notre Libération. C’est une fois par siècle que l’on accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques. Et c’est une fois par millénaire que l’on rebâtit une cathédrale. C’est une fois par génération que le destin de la suivante se joue comme sans doute il se joue maintenant.
2024, année de détermination, de choix, de régénération, de fierté. Au fond, une année d’espérance. Oui, cette année, beaucoup de notre avenir se détermine. Alors, à nous de faire ensemble. À nous de choisir plutôt que de subir, à nous de tracer la route plutôt que de suivre.
Et notre Histoire toute entière nous enseigne que la volonté de quelques-uns peut abattre toutes les fatalités. Alors à nous de faire, oui, d’agir ensemble, de continuer de dépasser les clivages, les corporatismes, car il y a en notre peuple les ressorts profonds pour relever ces défis.
Mes chers compatriotes, je vous souhaite une très belle et une très heureuse année 2024.
Pour que la France puisse s’unir, agir et resplendir. Qu’elle soit digne de l’« indéfinissable splendeur de ceux qui sont destinés aux grandes entreprises », parce que c’est nous. Vive la République. Vive la France.
Emmanuel Macron, le 31 décembre 2023 à 20 heures au Palais de l'Élysée, à Paris.
« On a compris mercredi que pour se refaire une santé, le Président mise davantage sur l’opinion que sur les parlementaires, sur les électeurs plutôt que sur les bonnes âmes de la gauche. » (Renaud Dély, France Info le 21 décembre 2023).
L'adoption définitive du projet de loi Immigration dans la soirée du 19 décembre 2023 a agité la classe politique. Cette agitation sera de courte durée. Alors qu'on parlait de six ministres démissionnaires, seul Aurélien Rousseau, furtif Ministre de la Santé et de la Prévention, haut fonctionnaire et non élu, a claqué la porte, pourtant proche de l'Élysée. Le Président de la République Emmanuel Macron est venu faire le service après-vente, ou plutôt, car il ne s'est pas déplacé, a reçu l'équipe de "C à vous" pour une émission en direct de la salle des fêtes de l'Élysée ce mercredi 20 décembre 2023, veille de son 46e anniversaire. 2,9 millions de Français l'ont écouté, soit 14,7% de part d'audience selon Médiamétrie, un record pour "C à vous".
Interrogé notamment par Patrick Cohen et Anne-Élisabeth Lemoine, Emmanuel Macron a parlé beaucoup trop longtemps de beaucoup trop de choses. Près de deux heures et quart d'une émission qui a fini par de l'humour ricaneur sans aucun intérêt pour l'avenir des Français (par exemple, l'émission envisageait la reconversion d'Emmanuel Macron après 2027 en animateur de plateau de télévision). Il y a un contraste entre le cadre (le Palais de l'Élysée) et l'atmosphère décontractée de l'émission.
Bien entendu, Emmanuel Macron est revenu sur la loi Immigration en rappelant que la France avait besoin de ce bouclier et en rappelant ses trois maîtres mots de Président : « libérer, protéger, unir » et en ajoutant : « Je n'ai pas fini le travail. », parce qu'il a encore trois ans et demi de mandat.
Il a rejeté l'idée que la loi Immigration serait un texte du RN (il a parlé d'une « manœuvre de garçon de bain » !), alors qu'il n'a été négocié qu'entre la majorité et LR, en profitant pour affirmer que les Français ont élu une majorité relative et qu'il était nécessaire de faire des compromis pour faire adopter ce projet de loi. De même, il a rejeté l'idée que la préférence nationale est intégrée dans ce texte, il n'y a que des changements des conditions d'attribution d'allocations sociales, pas un refus pour les étrangers et cela s'appliquera d'ailleurs aussi à des nationaux qui reviendraient sur le territoire national.
Toutefois, Emmanuel Macron, tout en assumant la loi Immigration, a pointé quelques mesures regrettables de ce compromis imparfait, comme la caution exigée pour les étudiants étrangers (ce qui va faire très mal), comprenant ainsi la colère des présidents d'université qui ont protesté contre cette disposition. D'ailleurs, il a lui-même saisi le Conseil Constitutionnel (comme la Constitution lui en donne le droit) pour, le cas échéant, faire invalider certaines des mesures qui ne correspondraient pas aux principes constitutionnels. C'est notable d'imaginer le Président de la République espérer la censure de certains articles d'un projet de loi dont il est à l'origine. On se rappelle le Président Jacques Chirac qui, après une forte contestation dans la rue, dès l'adoption définitive de la loi sur le CPE (contrat premier emploi), avait annoncé le 31 mars 2006 sa promulgation mais sa suspension immédiate avant une modification.
Le message présidentiel aurait été plus percutant si son interview avait duré une vingtaine de minutes uniquement sur la loi Immigration. Au lieu de cela, il y a eu une multitude de réflexions, remarques, plus ou moins importantes sur l'actualité.
Parmi ses projets, une loi sur la fin de vie. Il a reconnu que le sujet était plus compliqué que prévu et il ne veut surtout pas aller trop vite, tout en confirmant que le projet serait présenté en février 2024. Deux piliers, le premier sur les soins palliatifs qu'il s'agit de renforcer et dont l'absence ne doit pas être une raison d'euthanasie, et le second sur l'euthanasie qui ne devrait pas s'appliquer ni aux mineurs ni aux déficients mentaux, en souhaitant un "modèle à la française". Il a rappelé les précédentes lois dont la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016 qui a beaucoup fait avancer les choses. Nous verrons le texte, mais je récuse personnellement l'idée que la précédente loi a fait une "avancée" car il ne s'agit pas de progression jusqu'à l'euthanasie. Justement, le "modèle à la français", c'est la loi Claeys-Leonetti ! Au lieu de vouloir légiférer (sur les soins palliatifs, il n'y a pas besoin de légiférer, il suffit de mettre plus d'argent consacré aux soins palliatifs, c'est un problème budgétaire, pas législatif), il faudrait déjà d'une part, appliquer la loi Claeys-Leonetti, d'autre part, faire un bilan de cette loi, par exemple au bout de dix ans. Il n'y a jamais d'évaluation des lois, on légifère sans cesse et on n'évalue pas les lois précédentes (c'est le cas aussi pour les lois sur l'immigration).
Emmanuel Macron a aussi beaucoup parlé d'éducation en rendant hommage à Gabriel Attal, et de laïcité en rejetant les critiques à propos de l'allumage d'une bougie à l'Élysée, qui n'était pas prévu (Fallait-il que je plaque le grand-rabbin parce qu'il le faisait ?). Il a également évoqué la polémique avec Gérard Depardieu en prenant à rebrousse-poils le politiquement correct : le Président de la République a confié qu'il admirait beaucoup Gérard Depardieu (c'est une "fierté" de la France) et a repoussé toute initiative de sa part pour lui retirer la Légion d'honneur (désapprouvant la Ministre de la Culture Rima Abdul-Malak), d'autant plus qu'il n'y a pas à vouloir juger le comportement ultérieurs des médaillés. Il s'est fixé simplement la loi et la justice, et il a refusé d'être soumis à des tribunaux médiatiques et a dénoncé la "chasse à l'homme".
Sur le plan international, Emmanuel Macron a insisté sur l'Ukraine, qu'il ne fallait pas que la Russie gagnât la guerre en Ukraine, il en est non seulement de nos valeurs (entre autres, les conflits doivent se résoudre sans violence), mais aussi de la protection de l'Europe. Il a confirmé que l'aide à l'Ukraine devrait se poursuivre même si les États-Unis l'arrêtaient et a salué le gouvernement Biden d'avoir suivi les Européens. Il a considéré que l'année 2024 serait cruciale pour commencer les négociations entre l'Ukraine et la Russie. Sur le conflit entre Israël et le Hamas, Emmanuel Macron a affirmé que la France est parmi les pays qui font le plus pour aider les victimes palestiniennes.
2024 sera aussi l'année des jeux olympiques en France. Emmanuel Macron a rejeté les hypothèses pessimistes où la sécurité aurait dû mal à être assurée, notamment lors de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024. Un plan B serait toutefois prévu si la cérémonie sur la Seine ne pouvait pas se faire dans de bonnes conditions.
Sur un plan plus philosophique, Emmanuel Macron a disserté aussi sur la "décivilisation", mot qu'il a utilisé pour évoquer la violence dans les rapports humains, confortés par les réseaux sociaux où l'anonymat permet tout. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas d'accord qu'il ne faut pas être courtois, poli et pacifique. Quand la violence investit les débats et la rue, il y a un danger pour le vivre-ensemble et pour la démocratie.
Cette émission, qui n'a pas les audiences des journaux télévisés de TF1 ou France 2 à la même heure, avait pour but de déminer le terrain présidentiel avant les vœux pour la nouvelle année. Emmanuel Macron pourra être content de son année 2023, puisqu'il a déjà réussi à ne pas être un Président immobiliste pour son second mandat, avec l'adoption de la réforme des retraites et celle de la loi Immigration. Sauf nouvelle crise, les années qui s'ouvrent seront un peu plus douces et un peu moins problématiques pour lui dans ses relations avec les Français.
ALLOCUTION DU PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON LE 12 OCTOBRE 2023 SUR L'HORREUR EN ISRAËL
12 octobre 2023
Adresse aux Français
Françaises,
Français,
Mes chers compatriotes,
Israël a connu, samedi, l’attaque terroriste la plus tragique de son Histoire. Le Hamas a exécuté un plan qui, par son ampleur, sa barbarie, son bilan, n’a pas de précédent.
Tout un pays surpris à l’aube par des tirs et une invasion aussi soudaine que sanguinaire. Des centaines de nourrissons, d’enfants, de femmes et d’hommes pourchassés, enlevés, assassinés, pris en otage. Des massacres de kibboutz, des villages entiers décimés. Une haine meurtrière aveugle. Un déchaînement de cruauté absolue.
Depuis dix-huit mois, le monde avait déjà connu le retour de la guerre en Europe, que ce soit en Ukraine ou contre l’Arménie, mais cette violence a sidéré une Nation et le monde entier.
Je parle en notre nom à tous quand je dis que nous partageons le chagrin d’Israël. Que nous pensons à la terreur éprouvée par les Israéliens. Que nous pensons à ces familles qui savent qu’elles ont perdu un des leurs et à celles qui attendent des nouvelles d’un proche. Que nous pensons à ce peuple encore dans l’épreuve et le deuil. Que nous nous tenons à ses côtés.
Nous Français nous savons, dans notre chair, ce qu’est cette douleur. Nous avons, nous aussi, pleuré des victimes fauchées dans une fête, dans l’insouciance de la jeunesse, dans l’ordinaire d’une vie de famille. Nous savons, dans notre chair, que rien ne peut justifier le terrorisme. Il ne peut jamais y avoir de « oui mais ».
La France condamne de la manière la plus ferme ces actes atroces. Disons-le clairement. Le Hamas est un mouvement terroriste. Le Hamas cherche avant tout la destruction et la mort du peuple d’Israël. Agissant comme il le fait, il sait par ailleurs à quoi il expose de manière criminelle et cynique la population de Gaza. Ce n’est pas une guerre entre les Israéliens et les Palestiniens. C’est une guerre menée par des terroristes contre une Nation, un pays, une société, des valeurs démocratiques.
Nous avons assuré Israël et son peuple de notre solidarité sans faille et de notre soutien dans sa réponse légitime aux attaques terroristes. Israël a le droit de se défendre, en éliminant les groupes terroristes dont le Hamas par des actions ciblées, mais en préservant les populations civiles car c’est le devoir des démocraties.
Nous savons que la seule réponse au terrorisme, la seule possible, est toujours une réponse forte et juste, forte parce que juste.
Nous sommes aussi liés à Israël par la douleur du deuil. A cette heure, 13 de nos compatriotes sont morts lors de ces attaques. Jamais, depuis l’attentat de Nice en 2016 autant de Français n’ont été assassinés par des terroristes. Et ce sont tous les Français, qui ce soir les pleurent. Comme nous nous inquiétons pour le sort de nos 17 compatriotes, enfants et adultes, portés disparus, et sans doute, pour certains d’entre eux, retenus en otage.
Je pense ce soir aux familles. Je veux leur dire que la France met d’ores et déjà tout en œuvre, aux côtés des autorités israéliennes et de nos partenaires, pour les faire revenir sains et saufs dans leur foyer. Car la France n’abandonne jamais aucun de ses enfants. Nous ferons tout pour que ces otages, quelle que soit leur nationalité, soient libérés.
Plus largement, nous sommes pleinement mobilisés pour assurer l’information des familles sans nouvelles de leurs proches, pour garantir un rapatriement, pour informer et secourir. Un premier vol affrété arrive ce soir à Paris. D’autres vols sont prévus dans les prochaines heures et les prochains jours. Et nous avons renforcé nos moyens pour épauler sur place les près de 200 000 Français qui vivent aujourd’hui en Israël. Nous sommes à vos côtés et continuerons de l’être.
Je sais aussi que nombre d’entre vous s’inquiètent d’un engrenage tragique pour la région. Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec le Président israélien Isaac Herzog, avec son Premier ministre Benyamin Netanyahou. J’ai également longuement échangé avec les principaux dirigeants des pays de la région, ceux de l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Égypte, le Liban, l’Arabie saoudite, les Émirats Arabes unis, comme du Qatar. Avec nos principaux alliés européens et américains nous partageons les mêmes priorités : apporter un soutien ferme et complet à Israël, éviter toute extension du conflit aux pays voisins, notamment au Liban, et coordonner l’action humanitaire internationale.
Nous ne pouvons pas nous résoudre à une guerre sans fin dans cette région. La lutte contre le terrorisme ne peut remplacer la recherche de la paix. Les conditions d’une paix durable sont connues : ce sont des garanties indispensables pour la sécurité d’Israël et un État pour les Palestiniens. C’est la ligne que la France défend avec constance, qu’elle continue à défendre sans varier et continuera de porter.
Je le redis : la sécurité de l’État d’Israël, la lutte résolue pour l’éradication du terrorisme dans la région, et le respect des aspirations légitimes de chacun forment pour nous un ensemble indissociable. Ceux qui confondent la cause palestinienne et la justification du terrorisme commettent une triple faute : morale, politique et stratégique. Forte de sa clarté et de sa constance, la France a la responsabilité d’agir, toujours, pour la paix et le dialogue. Elle le fera.
Mes chers compatriotes,
Cet évènement est un séisme en Israël, au Proche-Orient et bien au-delà.
Cette barbarie heurte profondément la conscience humaine universelle.
Elle touche plus particulièrement nos compatriotes de confession juive.
Notre premier devoir est d’assurer leur sécurité et celle de tous nos concitoyens sur le sol national et de ne laisser prospérer aucune parole, aucun acte antisémite, aucune stigmatisation. Je sais l’inquiétude, parfois la peur qu’il y a en ce moment-même chez beaucoup d’entre vous. Je veux le dire ce soir, la République sera là pour vous protéger et elle sera impitoyable avec tous les porteurs de haine.
Dès samedi, j’ai demandé au gouvernement de renforcer nos mesures de protection des écoles, des lieux de culte et de culture. 582 d’entre eux ont vu leur sécurisation accrue. 10 000 policiers et gendarmes sont mobilisés. Nos armées sont engagées dans le cadre de l’opération Sentinelle. Les procureurs ont reçu l’instruction de poursuivre avec la plus grande sévérité les actes antisémites et les apologies du terrorisme. Les manifestations qui pourraient donner lieu à des débordements seront interdites. Nous sommes d’une vigilance absolue, aussi, face aux expressions de haines sur les réseaux sociaux et à la menace terroriste.
Mais notre devoir est aussi, dans ce moment, de rester unis comme Nation et comme République. C’est ce bouclier de l’unité qui nous protégera de tous les débordements, de toutes les dérives, de toutes les haines.
Souvenons-nous de toutes les graves crises que nous avons traversées ensemble. Souvenons-nous de la façon dont nous avons fait bloc, chaque fois, face au terrorisme.
Je sais, je le disais, la peur de nos compatriotes de confession juive, que cette résurgence, là-bas, de la violence antisémite, soit le prétexte, ici, de paroles, d’injures, d’actes qui les viseraient. Et je mesure aussi l’inquiétude de nos compatriotes de confession musulmane que les amalgames l’emportent sur la raison. Nous combattons et combattrons toujours pour que nul sur notre sol n’ait peur.
Ni suspicions, ni divisions entre nous ne doivent exister au sein de la Nation. Gardons à l’esprit que l’antisémitisme a toujours été le prélude à d’autres formes de haine : un jour envers les Juifs, le lendemain envers les chrétiens, puis les musulmans, puis toutes celles et ceux qui sont encore l’objet de haine, en raison de leur culture, leur origine, leur genre.
Ne menons pas chez nous des aventures idéologiques par imitation, par projection. N’ajoutons pas, par illusion ou par calcul, des fractures nationales aux fractures internationales. Et ne cédons rien face à toute forme de haine. Dans ce moment que nous vivons mes chers compatriotes, nous devons condamner le terrorisme et défendre nos valeurs fraternelles.
C'est le sens même de la rencontre que j'ai initiée tout à l'heure avec l'ensemble des responsables de partis politiques représentés au Parlement et les présidents des 3 chambres constitutionnelles. Ce fut un échange de respect, du pluralisme, de la diversité des opinions, mais surtout de concorde et d'unité. Cette unité républicaine est une force pour nous-mêmes, pour notre cohésion et pour pouvoir porter la voix singulière et universelle qu'est celle de la France.
Je vous le demande ce soir, restons unis. Unis pour nous-mêmes, unis pour porter ensemble un message de paix et de sécurité pour le Proche-Orient. C'est ainsi que nous serons à la hauteur de notre propre histoire, celle d'une République qui protège chacun et d'une nation qui défend l'idéal de paix. Je nous fais confiance pour cela.
Vive la République ! Vive la France !
Emmanuel Macron, le jeudi 12 octobre 2023 à 20 heures à Paris.