Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 05:24

« Le gouvernement va prendre ce texte qui passe au conseil des ministres dès mercredi. On va remettre les soixante plus gros industriels de l'agro-alimentaire derrière. Et surtout, on va mettre en place, et je vais y veiller personnellement, un accord sur la modération des marges dans tout le secteur. » (Emmanuel Macron, le 24 septembre 2023).




_yartiMacron2023092401

Le Président de la République Emmanuel Macron s'est invité aux journaux télévisés de 20 heures ce dimanche 24 septembre 2023 sur TF1 et France 2. Répondant pendant 35 minutes depuis l'Élysée aux questions de Laurent Delahousse (France 2) et de Anne-Claire Coudray (TF1), le chef de l'État a voulu conclure une semaine internationale très dense (visite d'État du roi Charles III et venue du pape François à Marseille) avant d'entrer dans une "séquence" beaucoup plus hexagonale.

En effet, c'est la "semaine de la rentrée", celle qui vient, celle de la présentation de la loi de finances de 2024, celle aussi de la planification écologique. Et, comme l'a dit un commentateur, en faisant cette interview, il a "enjambé" les élections sénatoriales du même jour (j'y reviendrai), qui a confirmé la majorité sénatoriale actuelle, et qui a confirmé aussi l'absence d'implantation territoriale du parti présidentiel Renaissance (sans surprise puisque c'est la conséquence de l'échec de la majorité présidentielle aux élections municipales de 2020). Le Président semblait d'ailleurs tellement peu intéressé par les élections sénatoriales qu'il s'est trompé en affirmant que le tiers des sénateurs était renouvelé alors qu'il s'agit plutôt de la moitié (170 sur 348 sièges). Le renouvellement tous les trois ans par tiers était à l'époque, lointaine (il y a près de vingt maintenant), où le mandat sénatorial était encore de neuf ans au lieu de six ans maintenant.

S'il fallait résumer l'intervention présidentielle par un seul élément, ce serait la seule réelle information du jour : la France rappelle son ambassadeur du Niger et ses troupes quitteront le pays afin de ne pas être l'otage des putschistes au pouvoir.

L'une des premières questions portait évidemment sur le message du pape François à Marseille (j'y reviendrai aussi), qui n'est pas nouveau et qui s'en prend aux politiques européennes. Emmanuel Macron a répondu un peu légèrement par, toujours, son "en même temps".

D'une part, donner raison à son interlocuteur :
« Le pape a raison d'appeler à ce sursaut contre l'indifférence, parce qu'à chaque fois qu'on parle du sujet d'immigration, on parle de femmes et d'hommes, il ne faut jamais l'oublier. ». Mais d'autre part, rappeler que l'Europe et la France ont pris leur part : « L'Europe est le continent qui fait le plus. (…) Nous, Français, nous faisons notre part. (…) Mais on doit être aussi rigoureux, parce qu'on a un modèle social qui est généreux et on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. ». Et ainsi de reprendre la fameuse phrase de Michel Rocard (sans y faire référence).

Et plus particulièrement, il a insisté pour dire que la réponse ne pouvait être qu'européenne : « Qu'es-ce qui se passe, d'abord, à Lampedusa (…) ? C'est la réalité du phénomène migratoire ; il est européen. Et donc, le cœur de la réponse n'existe pas en franco-français. (…) Nous, nous devons jouer notre rôle en Européens, et aider les Italiens. On ne peut pas laisser les Italiens seuls. Et donc, la réponse, elle est ensemble, elle est européenne. ».

Parmi les mesures proposées, Emmanuel Macron a suggéré celle-ci : « On accepte d'avoir des experts britanniques à Calais pour nous aider à démanteler ces réseaux de passeurs, et on a de très bons résultats. Bah, on va proposer la même chose aux États de transit dans la rive sud de la Méditerranée. (…) Il y a quelques années, nous avons su le faire en formant des garde-côtes libyens, en les équipant mieux. Et donc, je veux proposer à la Présidente du Conseil italien, et convaincre les autres Européens et la Commission, de mettre plus de moyens dans ces pays de transit, de leur proposer des partenariats pour éviter les départs, parce que c'est là que les gens prennent tous les risques en Méditerranée (…), c'est ce que dénonçait le pape. ».

Sur le pouvoir d'achat, Emmanuel Macron a rappelé que depuis qu'il est à l'Élysée, il y a eu la création de 2 millions d'emplois et que le SMIC a augmenté de 11% depuis le début de 2022.

Pour la conférence sociale sur le pouvoir d'achat, l'une des propositions d'Emmanuel Macron n'a pas beaucoup de sens socialement : « On va travailler avec toutes les branches qui ont encore un salaire minimum en dessous du SMIC légal. ». Cette phrase laisse entendre que des salariés en France seraient rémunérés légalement en dessous du SMIC : mais ce n'est pas vrai du tout, à moins du travail au noir (donc illégal). C'est un oxymore de dire que des gens sont payés légalement en dessous du salaire minimal légal ! En fait, certaines conventions collectives, dans certaines branches, ont posé un salaire minimal en dessous du SMIC actuel parce qu'elles n'ont pas été mises à jour par rapport aux augmentations récentes du SMIC, mais, conformément à la loi, aucuns salariés de ces branches ne sont évidemment payés en dessous du SMIC puisque la loi l'interdit. Donc, c'est juste un jeu d'écriture qui n'a rien à voir avec la réalité concrète des bas salaires. On remarque à l'occasion que les deux journalistes interviewers n'ont pas beaucoup de connaissance en la matière.

À propos des prix à la consommation, Emmanuel Macron a redit son idée de réduire les marges des plus gros industriels de l'agro-alimentaire qui, selon lui (et selon aussi Michel-Édouard Leclerc), n'auraient pas joué le jeu, augmentant beaucoup plus que les matières premières pour faire exploser leurs marges. En revanche, il a réaffirmé son refus de blocage des prix car les prix ne sont plus administrés, pas plus qu'il souhaite que les salaires suivent les prix à la consommation, ce qui amorcerait une boucle inflationniste. Pour le prix des carburants, il refuse toute baisse de la fiscalité, considérant qu'elle finance les 33 milliards d'euros de la transition écologique. Il veut rester dans le cadre d'une aide à la consommation pour ceux qui en ont le plus besoin et pas pour tout le monde, ce que ferait une baisse de la fiscalité : « La raison de l'augmentation, ce ne sont pas les taxes, c'est la géopolitique internationale. ». Une situation qu'il a confirmée durable. Emmanuel Macron a également refermé la polémique sur la vente à perte du carburant en demandant une vente à prix coûtant.

_yartiMacron2023092402

J'évoquais les élections sénatoriales, et il y a ce besoin pour la majorité présidentielle de coopérer avec la majorité sénatoriale (en d'autres termes, avec LR et l'UDI). Mais après cette prestation télévisée, Emmanuel Macron ne va pas beaucoup de se faire d'amis parmi les élus locaux. Au moins à deux reprises, il les a fustigés.

La première fois pour dire qu'une partie des taxes sur les carburants revenait aux régions : « Quand j'entends des présidents de région dire qu'il faut baisser les taxes sur le carburant, faites-moi une proposition pour baisser votre budget, mais je n'ai pas le sentiment qu'ils me fassent une proposition là-dessus. ».

Cette première fois est plutôt justifiée en pointant du doigt la démagogie de ses adversaires [il était surtout question de Xavier Bertrand], mais pour la seconde fois, Emmanuel Macron a utilisé lui-même la démagogie et de manière très grossière, à propos de la taxe foncière : « Quand vous avez votre taxe foncière qui augmente, ce n'est pas le gouvernement. Ce n'est pas le gouvernement. C'est votre commune qui le décide. Et c'est un scandale quand j'entends des élus qui osent dire que c'est la faute du gouvernement. Ces six dernières années, on a baissé les impôts de plus de 60 milliards d'euros pour nos compatriotes. On a supprimé la taxe d'habitation et la redevance télé pour nos compatriotes. C'est plusieurs centaines d'euros de gain de pouvoir d'achat. Et je le dis car on a beaucoup de maires qui ont décidé de ne pas augmenter la taxe foncière. Et c'est dur parfois pour leurs finances. À côté de ça, nous n'avons pas baissé les dotations des collectivités territoriales. Et donc, quand je vois des communes comme Tourcoing, comme Angers, comme d'autres, qui n'ont pas augmenté d'un centime leur taxe foncière, et Paris l'a augmentée de plus de 60%, c'est la responsabilité des élus, pas du gouvernement. » [Tourcoing et Angers sont des villes dont des ministres étaient les maires, Gérald Darmanin et Christophe Béchu ; quant à Paris, la maire Anne Hidalgo était une concurrente à l'élection présidentielle, plutôt pitoyable].

Cette tirade a eu de quoi mettre en colère quasiment tous les élus locaux qui doivent faire face depuis deux ans à l'inflation et en particulier, au prix de l'énergie qui n'a cessé de monter sans compensation par l'État. La suppression de la taxe d'habitation s'est faite sur le dos des collectivités territoriales car la dotation compensatoire n'évolue pas. La dotation globale de fonctionnement est en baisse continue depuis le quinquennat de François Hollande. Et surtout, les augmentations des dépenses décidées par l'État sont supportées par les collectivités territoriales sans compensation, ainsi de l'augmentation du point d'indice de 4% en 2022 et 1,5% en 2023. Cette augmentation est justifiée avec l'inflation, mais cette mesure pour la fonction territoriale n'est pas payée par l'État, mais par les collectivités territoriales, ce qui nécessite des augmentations de recettes puisqu'il y a une obligation, au contraire de l'État, d'avoir un budget à l'équilibre. Et aujourd'hui, l'État ayant supprimé le levier de la taxe d'habitation, le seul levier notable pour financer ces budgets de fonctionnement en pleine augmentation sans la volonté des élus (à cause du point d'indice et de l'énergie), c'est d'augmenter la taxe foncière, faute d'aide compensatoire de l'État.

De plus, Emmanuel Macron a pris un exemple très caricatural en évoquant la gestion désastreuse de la ville de Paris (quasiment en faillite par des dépenses folles) et son augmentation de 60% de la taxe foncière, alors que beaucoup de communes à la gestion très rigoureuse ont dû, elles aussi, et indépendamment de la mégalomanie éventuelle de ses édiles, augmenter leur taxe foncière, pour continuer à assurer le service public.

Je doute donc qu'au lendemain de cette interview, ainsi que du renouvellement sénatorial, les sénateurs, représentants justement de tous ces élus locaux, soient bienveillants à l'égard du Président de la République lorsqu'ils vont avoir à se pencher sur le texte sur l'immigration et sur le projet de loi de finances. À moins que l'Élysée n'ait tablé sur un échec des discussions, et donc, de prendre date pour en rejeter la responsabilité sur la haute assemblée.

Dans tous les cas, ce ne serait pas une communication présidentielle très performante si l'objectif était de montrer aux Français que le gouvernement allait répondre à leurs problèmes de manière efficace et ...consensuelle.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (24 septembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
J'y veillerai personnellement !
Interview du Président Emmanuel Macron le 24 septembre 2023 à 20 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).
Charles III accueilli par Emmanuel Macron.
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
Les Rencontres de Saint-Denis : une innovation institutionnelle d'Emmanuel Macron.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Décalage.
Interview du Président Emmanuel Macron le 24 juillet 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

Emmanuel Macron : le choix de l'efficacité.
Intervention filmée du Président Emmanuel Macron au conseil des ministres du vendredi 21 juillet 2023 (vidéo).
Composition complète du gouvernement d'Élisabeth Borne au 20 juillet 2023.

Le 4e remaniement ministériel du premier gouvernement d'Élisabeth Borne du 20 juillet 2023.
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Interview du Président Emmanuel Macron le 15 mai 2023 à 20 heures sur TF1 (vidéo).
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".

_yartiMacron2023092404





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230924-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/j-y-veillerai-personnellement-250580

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/09/24/40052291.html











 

Partager cet article
Repost0
24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 21:53

(vidéo)


Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230924-macron.html




Emmanuel Macron est interrogé le dimanche 24 septembre 2023 dans le journal de 20 heures sur TF1 et France 2.







https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230924-interview-macron.html

 

Partager cet article
Repost0
25 juillet 2023 2 25 /07 /juillet /2023 05:44

« La leçon que j'en tire, c'est l'ordre, l'ordre, l'ordre. » (Emmanuel Macron, le 24 juillet 2023).




_yartiMacron2023072401

Tout sur la forme comme sur le fond a laissé apparaître le Président de la République Emmanuel Macron en décalage. Un Président décalé. En d'autres termes, un médiocre calage de communication.

Déjà sur la forme : Emmanuel Macron a répondu depuis un studio à Nouméa aux questions des deux officiants des deux journaux de 13 heures... à Paris. Au-delà d'un léger différé (mais l'interview a été diffusée dans les conditions du direct), la longue distance (de l'autre côté de la planète) laissait un temps de plusieurs secondes entre l'émission et la réception d'une question ou d'une réponse, ce qui empêchait la contradiction ou donnait quelques étrangetés comme celle-ci, à une question sur le maintien, par défaut ou pas, de la Première Ministre Élisabeth Borne, les trois secondes d'attente avant la réponse laissaient croire à une hésitation dans la réponse alors qu'il s'agissait d'un décalage à distance.

On pouvait avoir l'impression qu'Emmanuel Macron a pris cette communication aux Français comme une corvée, une double, triple corvée : il fallait bien conclure la période totalement artificielle des cent jours (l'idée était du 17 avril 2023, une façon de procrastiner en attendant des jours meilleurs après la contestation sociale sur les retraites), mais aussi, il fallait bien s'exprimer sur les émeutes urbaines (il n'y avait pas eu encore de communication présidentielle formelle), et enfin, les Français avaient l'habitude d'écouter leur Président de la République les 14 juillet, Emmanuel Macron, par prudence, avait préféré différer, décaler la date pour éviter tout télescopage avec une éventuelle reprise des émeutes (qui, heureusement, ne s'est pas produite).

C'est même plus que cela : en s'exprimant en milieu de journée un 24 juillet, qui voulait-il cibler ? Les gens qui bossaient encore ne regardaient pas la télévision à 13 heures et les gens qui étaient déjà en vacances avaient sans doute bien d'autre chose à faire qu'écouter le Président de la République à midi.

Du reste, pour que cela fût encore plus confidentiel, l'entretien n'a pas mobilisé les journalistes vedettes des deux grandes chaînes nationales (qu'on aurait sortis de leurs torpeurs estivales), mais "seulement" (qu'ils m'excusent pour cet adverbe) Jacques Legros (72 ans) pour TF1 et Nathanaël de Rincquesen (51 ans) pour France 2, dont la notoriété reste assez faible et qui présentent cet été les journaux télévisés à cette heure-là.

Et sur le fond, l'observateur remarquera qu'Emmanuel Macron n'a rien dit de nouveau, aucune nouvelle mesure, nouvelle initiative, rien de plus que son préambule télévisé du conseil des ministres du 21 juillet 2023.

Alors, bien sûr, on comprend que la présentation de sa politique, bilan et perspective, soit positive, enthousiaste, optimiste et encourageante. S'il ne la défend pas, qui la défendrait ? C'est d'ailleurs la raison du remaniement : ceux des ministres incapables de défendre leur action sont partis. Agir et faire-savoir. Face à des oppositions qui ne font que dénigrer, le faire-savoir est essentiel dans la vie politique, même hors campagne électorale. L'impression l'emporte souvent sur la réalité.

On se rappelle le décalage de Lionel Jospin avec les Français sur les questions de sécurité en 2002. Emmanuel Macron ne voudrait pas répéter cette erreur, ni l'impression que son second mandat serait celui de l'immobilisme. En d'autres termes, son volontarisme se poursuit, mais peut-être avec un décalage avec les préoccupations des Français.

Oui, la France va mieux sur le front du chômage, mais un demandeur d'emploi d'aujourd'hui ne sera pas convaincu que tout va bien, ni un salarié précaire qui recherche un meilleur emploi.

Alors, la question sur le remaniement, sur la Première Ministre, il faut dire ce qui est : elle n'intéresse pas du tout les Français sinon de manière anecdotique. La phrase d'Emmanuel Macron est une répétition du 21 juillet 2023 : « C'est le choix de la confiance, de la continuité et de l'efficacité. ».

Parlons-en, de l'efficacité, il l'a répété une bonne dizaine de fois (
« Il y a eu des jours avec, des jours sans, mais le gouvernement a avancé avec efficacité. »), c'est sûrement ce qu'il voudrait qui reste de sa Présidence, une Présidence efficace. Dans quel but ? C'est là le cap depuis 2017 : indépendance pour plus de justice. Deux mots qui couronnent le "en même temps" macronien, l'un à droite (souverainisme national), l'autre à gauche (justice sociale).

_yartiMacron2023072402

Si le chef de l'État a bien compris que la mission d'élargir la majorité était impossible (c'est-à-dire, de demander au groupe LR d'intégrer la majorité), il a joué sur les mots pour évoquer les nuances : avec les échecs des motions de censure, il est certain qu'il n'y a pas de
"majorité de rechange", mais il a rendu hommage aux "majorités d'échanges" pour différentes lois : « Textes par textes, nous avons réussi à bâtir des majorités. ». Et il a insisté (comme le 21 juillet 2023) sur le fait que la première année de son second quinquennat, il y a eu plus de textes adoptés à l'Assemblée Nationale que la première année de son premier quinquennat.

Bien entendu, il ne pouvait pas rester silencieux sur les émeutes urbaines et son avis ressemblait à s'y méprendre à un avis de droite musclée. Louis de Funès proposait dans
"La Zizanie" (film rediffusé sur la chaîne C8 le dimanche soir) son programme électoral : « Mon programme se résume en trois points : premièrement, le plein emploi ; deuxièmement, le plein emploi ; troisièmement, le plein emploi ! ». Emmanuel Macron, ce sera donc : « l'ordre, l'ordre, l'ordre » !...

Emmanuel Macron est, en cela, très en phase avec une majorité de sondés : pas question, comme après les émeutes de 2005, d'investir des milliards supplémentaires dans les banlieues alors que les sauvageons détruisent tout ce que l'État y construit :« Ces violences sont inqualifiables. ». La répression comme seule attente, donc comme seule réponse, et c'est efficace (toujours ce mot) : « Le retour à l'ordre a prévalu, ce qui a permis un retour au calme en quatre jours. ».

En insistant sur les quatre jours d'émeutes, Emmanuel Macron a rappelé que celles de 2005 avaient duré trois semaines avec la mise en état d'urgence. La solution apportée par le gouvernement, en particulier par le Ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, a été la répression : les 45 000 forces de l'ordre ont eu raison des quelques milliers de sauvageons. Gérald Darmanin, qui accompagnait Emmanuel Macron dans son voyage en Nouvelle-Calédonie, a reçu, exclusivement, les félicitations élyséennes, sorte de lot de consolation de ne pas avoir été nommé à Matignon.

Emmanuel Macron a apporté deux réponses aux émeutes : la première, c'est l'ordre ; la seconde, c'est restaurer l'autorité, et avant tout, l'autorité parentale. Il veut cadrer la jeunesse, restructurer le noyau familial (observant qu'il y a des
« familles en détresse ») : « Nous allons ouvrir le chantier de l'autorité au sein de la famille. ». Que signifie cette idée ? Réduire voire supprimer des aides sociales ? (auquel cas, ce serait double peine pour ces familles). Et aussi : « Il faut mieux protéger nos enfants et mieux modérer les réseaux sociaux. ».

En trente-cinq minutes, Emmanuel Macron a dit beaucoup de choses, mais rien de nouveau. Oui, il faut payer plus les enseignants, tous les profs, et encore plus ceux qui travaillent plus (font du soutien, aident aux devoirs, acceptent de faire des remplacements). Le Président de la République s'est engagé, un peu imprudemment, à ce qu'à la prochaine rentrée, aucun élève ne subisse l'absence de prof, et que l'école puisse accueillir les élèves de 8 heures à 18 heures... et dès l'âge de 2 ans. Cela pour rétablir l'égalité entre ceux qui vivent dans un milieu familial qui leur permette de faire des études et les autres au milieu défavorable.

Le Président a rappelé qu'il y a trois mois, on disait qu'il ne se déplacerait plus sans son concert de casseroles. La contestation sur les retraites est bel et bien terminée, avec la dernière motion de censure, avec l'année scolaire, et surtout, avec les émeutes urbaines. Emmanuel Macron, gestionnaire de crise patenté, est capable de remettre les pages en blanc. La seule crise qu'il a provoquée par son volontarisme, celle de la réforme des retraites, il l'a éteinte avec ce stratagème inattendu des cent jours. On dira ce qu'on veut de sa pertinence ; la réalité, c'est qu'il a fonctionné à plein, on ne parle plus de retraites, on parle des "cent jours", sorte d'OVNI de communication politique, on parle de projets à venir du gouvernement. Exit les retraites.

S'il fallait retenir une seule chose, c'est sur le projet de loi sur l'immigration. Il faut comprendre que si le premier semestre a été monopolisé par le débat sur les retraites, le second semestre le sera sur le thème de l'immigration. Emmanuel Macron sait que ce sujet est très dangereux pour son quinquennat. C'est peut-être le seul sujet qui pourrait faire adopter une motion de censure. Il a ainsi mis dos au mur ceux qu'il appelle l'opposition constructive mais en pensant exclusivement au groupe LR, leur demandant de prendre leurs responsabilités.

L'objectif d'Emmanuel Macron sur l'immigration, c'est que son projet soit le moins en décalage possible avec les Français. Dans une autre vie, il était magicien. Beaucoup l'attendent donc sur ce terrain miné. Sans illusion, bien sûr.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (24 juillet 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Décalage.
Interview du Président Emmanuel Macron le 24 juillet 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

Emmanuel Macron : le choix de l'efficacité.
Intervention filmée du Président Emmanuel Macron au conseil des ministres du vendredi 21 juillet 2023 (vidéo).
Composition complète du gouvernement d'Élisabeth Borne au 20 juillet 2023.

Le 4e remaniement ministériel du premier gouvernement d'Élisabeth Borne du 20 juillet 2023.
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Interview du Président Emmanuel Macron le 15 mai 2023 à 20 heures sur TF1 (vidéo).
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".

_yartiMacron2023072403





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230724-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/decalage-249533

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/07/23/39983843.html







 

Partager cet article
Repost0
24 juillet 2023 1 24 /07 /juillet /2023 14:00

(vidéo)


Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230724-macron.html


Emmanuel Macron est interrogé le lundi 24 juillet 2023 dans le journal de 13 heures sur TF1 et France 2, depuis Nouméa.







https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230724-interview-macron.html



 

Partager cet article
Repost0
22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 05:07

« Le cap est clair et simple : c'est celui de l'indépendance du pays pour pouvoir consolider un modèle plus juste. L'indépendance de la France, c'est son indépendance économique, industrielle, énergétique, militaire, géopolitique. Il n'y a pas de politique qui tienne si nous ne sommes pas indépendants. » (Emmanuel Macron, le 21 juillet 2023 à l'Élysée).




_yartiMacron2023072101

Le Président de la République Emmanuel Macron s'est livré à un très étrange exercice de communication politique ce vendredi 21 juillet 2023. Il s'est en effet laissé filmer en train de prononcer ses propos introductifs au début du conseil des ministres qui a réuni la première fois l'ensemble du gouvernement remanié la veille.

Certes, Emmanuel Macron s'était déjà livré une fois à ce petit exercice le 24 août 2022, lors de la première rentrée du gouvernement Borne l'année dernière (il avait évoqué un peu maladroitement la « fin de l'abondance », la « fin de l'insouciance », comme si on venait de sortir d'une période de prospérité pour tous), mais cette méthode reste encore un OVNI dans la communication présidentielle.

En principe, les conseils des ministres sont feutrés, confidentiels, avec interdiction formelle de prendre des photos, des films ou du son (le ministre Alain Lambert s'était fait blâmer pour avoir pris quelques photos volées à l'époque du Président Jacques Chirac). On ne retrouve des traces de ces conseils des ministres seulement dans les mémoires des différents ministres, ce qu'ils ont bien voulu révéler (ou se souvenir), et aussi dans la masse documentaire du ministre Alain Peyrefitte dans "C'était De Gaulle".

En regardant cette (pas si courte) intervention présidentielle (il a parlé 25 minutes), j'imaginais ce qui aurait pu se passer à l'époque du Président Valéry Giscard d'Estaing, un Président jeune et volontaire, soucieux de modeler la réalité à sa vision, voulant tirer la France vers un horizon idéalisé, mais peut-être plus pompeux. Lorsqu'il était Premier Ministre, Dominique de Villepin avait annoncé que s'il était Président, il rendrait publiques les séances du conseil des ministres, ce qui aurait sans doute des effets pervers (chacun parlant en posture et pas en sincérité, sous le regard du peuple et des médias : depuis Heisenberg, on sait bien que l'observation change la réalité).

C'est un peu cela qui s'est passé ce 21 juillet 2023 alors que les Français étaient déjà en vacances ou s'apprêtaient à l'être : on ne savait pas très bien à qui s'adresser le Président de la République, à la Première Ministre ? à ses ministres ? ou encore, à la caméra qui le filmait et, par ricochet, à l'ensemble des Français ? Un exercice étrange car si Emmanuel Macron ne lisait pas son texte (qu'il a densément préparé), il regardait rarement ses interlocuteurs, à savoir ses ministres placés tout autour de lui. Il n'était pas dans la séduction mais dans le régalien.

_yartiMacron2023072102

S'il fallait retenir deux mots de son message aux ministres, ce seraient exigence et exemplarité, car c'est ainsi que ce message a été nommé par Emmanuel Macron sur son site Internet. Cela reprend très peu l'ensemble du discours qui voulait conclure la période de 100 jours qu'il s'était fixée le lundi 17 avril 2023 dans une allocution télévisée :
« Nous avons devant nous cent jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France. C'est notre devoir. Et je vous fais confiance, je nous fais confiance pour y arriver. ». Pour l'apaisement, il devra repasser, mais il ne pouvait pas prévoir les émeutes urbaines.

C'est d'ailleurs l'un des contenus du discours, répondre à ce qui s'est déroulé en fin juin 2023 avec les violences urbaines, en proposant trois directions : plus d'autorité (force est à la loi), plus de respect (certains ne se sentent pas respectés, pas reconnus), et insuffler plus d'espérance en l'avenir pour éviter la fracturation de la société.


Sa formulation exacte était celle-ci : « Nous aurons à apporter des réponses profondes aux émeutes que le pays a vécues (…), car au-delà des réponses d'urgence, nous voyons bien à travers les crises que le risque de fragmentation, de division profonde de la nation est là. Et il y a un besoin tout à la fois d'autorité, de respect, d'espérance légitime, et c'est une réponse complète et profonde qui se joue à l'échelle de la nation qu'il nous faut (…). C'est notre capacité collective à apporter une réponse française aux inquiétudes et aux défis du moment. Et cette réponse, elle doit être humaniste, elle passe par de l'exigence, de l'autorité, de l'ordre, elle passe aussi par une volonté d'émanciper, de continuer à forger des citoyennes et des citoyens, à l'éducation, à la culture. ».

Il y avait une nécessité urgente à s'exprimer publiquement sur le cap présidentiel car dès dimanche 23 juillet 2023, Emmanuel Macron sera en visite en Nouvelle-Calédonie où il devra négocier les conditions de son maintien dans la République française comme les trois référendums prévus et organisés l'ont souhaité.

Emmanuel Macron a d'abord tenu à renouveler de manière appuyée sa confiance (« avec clarté ») à la Première Ministre Élisabeth Borne. Il a déclaré : « J'ai choisi la continuité et l'efficacité pour les temps qui viennent et qui s'ouvrent devant nous. ». Il a souhaité la bienvenue aux nouveaux ministres et a rendu hommage à ceux qui sont partis (« Je veux exprimer des remerciements chaleureux. »).

_yartiMacron2023072103

Il a également justifié l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, avec un certain agacement : « Et quand j'entends tous les commentaires qui expliqueraient que le gouvernement ne pouvait plus passer des lois... Dans l'année qui vient de s'écouler, plus de lois ont été passées qu'il y a six ans. Plus. Plus ont abouti par des CMP conclusives et donc par des accords. Et lorsqu'il a fallu simplement utiliser la Constitution pour passer des lois nécessaires au pays, comme la réforme des retraites, malgré les engagements des oppositions constructives qui, à la fin, ont hésité à la voter, nous l'avons fait parce que nous utilisons la Constitution avec exigence, respect, mais détermination. » [CMP signifie commission mixte paritaire pour élaborer un texte commun aux deux assemblées].

Quatre axes de sa politique nationale ont été posés depuis 2017 : la réindustrialisation et l'emploi (« Nous croyons au travail et au mérite. »), les progrès (en particulier l'éducation, la formation et la santé), la planification écologique et l'ordre républicain. Cela a justifié le renvoi des ministres pas assez politiques dans ces deux grands ministères que sont l'éducation et la santé.

Le Président a notamment confirmé qu'il entendait défendre un projet de loi sur l'immigration : « Nous aurons la question de l'immigration qui va structurer nos travaux de rentrée et sur laquelle nous aurons à travailler avec toutes les oppositions constructives et républicaines. Le gouvernement a engagé une réforme importante avec un texte solide qui répond de manière pragmatique au sujet. ».

Le plus intéressant est évidemment le message qu'il a adressé aux ministres : il attend d'eux dignité (les ministres doivent être exigeants et exemplaires et ne pas tenir de propos outranciers, ne pas avoir de comportement inapproprié, ne pas susciter des polémiques inutiles), collégialité, efficacité et beaucoup de relations avec les parlementaires mais aussi avec les élus sur le terrain, en particulier les maires (Emmanuel Macron a souhaité travailler avec le Conseil national de la refondation). Il a aussi demandé à ses ministres de ne pas seulement participer à des émissions dans les médias mais d'abord de diriger leur administration afin que leurs consignes soient appliquées : « être ministre, ce n'est pas parler dans le poste ! ».

On a souvent reproché à Emmanuel Macron d'être un beau parleur. Pourtant, depuis six ans, il a des résultats concrets, notamment sur l'emploi. Mais c'est à lui et à ses ministres d'en convaincre les Français. Et ça aussi, c'est un grand chantier...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (21 juillet 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron : le choix de l'efficacité.
Intervention filmée du Président Emmanuel Macron au conseil des ministres du vendredi 21 juillet 2023 (vidéo).
Composition complète du gouvernement d'Élisabeth Borne au 20 juillet 2023.

Le 4e remaniement ministériel du premier gouvernement d'Élisabeth Borne du 20 juillet 2023.
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Interview du Président Emmanuel Macron le 15 mai 2023 à 20 heures sur TF1 (vidéo).
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".








https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230721-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-le-choix-de-l-249503

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/07/21/39981271.html





 

Partager cet article
Repost0
20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 19:42

« Les ministres (…) doivent avoir la vision, la capacité à diriger leur administration, à porter des textes au Parlement. » (Élisabeth Borne, juillet 2023).




_yartiAttalGabrielB03

Le non-événement politique de cette semaine a eu lieu ce jeudi 20 juillet 2023, le fameux remaniement ministériel, tant attendu par les journalistes, les journalistes seuls car les Français s'en moquaient un peu. Attendu aussi avec beaucoup de stress par les ministres et les ministrables. Après avoir confirmé Élisabeth Borne à Matignon le 17 juillet 2023 par un simple tweet, le Président Emmanuel Macron a réuni l'ensemble du gouvernement à dîner à l'Élysée le 18 juillet 2023, une occasion de dire à son équipe gouvernementale : « Dans une vie antérieure, j'ai été à votre place et je sais que ces moments ne sont jamais agréables. Il faut prendre beaucoup de distance. » (selon "Politico"). Et il l'a félicitée : « On peut collectivement être très fiers de ce qui a été fait ces derniers mois. L'année a été très chargée. ».

On ne pouvait pas faire plus discret pour ce quatrième remaniement ministériel du premier gouvernement d'Élisabeth Borne : aucune déclaration officielle du Secrétaire Général de l'Élysée, quelques communiqués éparses pour expliquer les va-et-viens des ministères, parfois, c'était même une ministre qui a annoncé son propre limogeage (c'était le cas de Marlène Schiappa)... On ne pouvait pas plus désacraliser la nomination des nouveaux ministres, au risque de passer inaperçus en pleine période estivale.

Élisabeth Borne aurait préféré un remaniement beaucoup plus important afin de donner un nouvel élan politique. La nouvelle équipe gouvernementale se réunit ce vendredi 21 juillet 2023 en fin de matinée à l'Élysée pour un premier conseil des ministres et, en principe, le Président de la République s'exprimera aux Français sous une forme encore non déterminée, avant de repartir en déplacement. L'objectif est de clore cette période de cent jours amorcée le 17 avril 2023 (elle court jusqu'au 26 juillet 2023) afin de donner un sens à la politique du gouvernement.

Mais la principale tâche du gouvernement est connue depuis longtemps, elle sera l'examen des projets de loi de finances 2024, épreuve toujours ardue lorsqu'on ne dispose pas de majorité absolue. La loi sur l'immigration sera aussi un élément critique, puisque le président du groupe LR (charnière) Olivier Marleix a menacé de déposer une motion de censure sur le sujet si le gouvernement ne l'écoute pas (motion de censure qui risque d'être adoptée par toutes les oppositions). Pour l'heure, les deux ministères qui préparent la rentrée, l'Éducation nationale et le Budget, ont changé de titulaire.

Mais ce qui en ressort politiquement est principalement (et presque exclusivement) la brillante promotion de Gabriel Attal, bombardé à 34 ans Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, le plus jeune ministre à ce ministère depuis au moins soixante-cinq ans. Même Éric Coquerel, député FI et président de la commission des finances de l'Assemblée Nationale, a expliqué que Gabriel Attal serait probablement un bon ministre, car, selon lui, il était déjà très bon à Bercy, comme Ministre délégué chargé des Comptes publics (en d'autres termes, chargé du Budget, poste stratégique dans une carrière politique pour les grandes ambitions : Valéry Giscard d'Estaing, Robert Boulin, Jacques Chirac, Christian Poncelet, Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Alain Juppé, Michel Charasse, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Éric Woerth, François Baroin, Valérie Pécresse, Jérôme Cahuzac, Bernard Cazeneuve, Gérald Darmanin, Olivier Dussopt, etc., mais aussi Maurice Rouvier, Pierre Tirard, Raymond Poincaré, Alexandre Ribot, Paul Doumer, Joseph Caillaux, Frédéric François-Marsal, Edgar Faure).

Gabriel Attal, à Bercy, a su exister malgré la prééminence du Ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, mais sans lui faire de l'ombre. Il a été le meilleur ministre qui a défendu la réforme des retraites dans l'hémicycle, qui a bataillé contre les nombreux députés de l'opposition sur ces textes stratégiques (finances et retraites).

Conseiller municipal de Vanves depuis 2014, Gabriel Attal a commencé sa carrière politique en militant au PS. Conseiller technique dans la cabinet de Marisol Touraine, Ministre de la Santé, de 2012 à 2017, il a rejoint le staff de campagne d'Emmanuel Macron en 2016. Élu député de Paris en juin 2017 (réélu en juin 2022), Gabriel Attal a été nommé Secrétaire d'État auprès de Jean-Michel Blanquer chargé de la jeunesse du 16 octobre 2018 au 6 juillet 2020 (il connaît donc bien ce ministère), porte-parole du gouvernement du 6 juillet 2020 au 20 mai 2022, pendant la pandémie de covid-19, enfin Ministre délégué chargé des Comptes publics du 20 mai 2022 au 20 juillet 2023.

Très politique, il est une révélation du premier quinquennat d'Emmanuel Macron et son accession à un ministère important, septième dans l'ordre protocolaire, le place parmi les ministres essentiels de la Macronie, et l'un des très rares, avec Olivier Véran et Olivier Dussopt, à être d'origine de gauche (socialiste). Gabriel Attal nourrirait l'ambition d'être candidat à la mairie de Paris pour 2026, avant une ambition... disons plus élyséenne.

_yartiAttalGabrielB02

Dans un article publié dans l'hebdomadaire "Le Point" le 18 juillet 2023 (avant le remaniement), la journaliste Nathalie Schuck évoquait l'ambition dévorante du nouveau ministre : « Gabriel Attal a intégré une donnée majeure, qu'il met en application depuis quelques mois : pour durer en politique, il faut avoir une colonne vertébrale, un corpus idéologique, bref des idées, pas seulement être un sniper de plateaux télévisés. Depuis le débat sur la réforme des retraites, où on l'a beaucoup vu monter au créneau, il a commencé à opérer une discrète mue politique dans l'objectif non avoué de s'affranchir petit à petit de la Macronie et de monter sa propre boutique pour la suite. Le jeune ministre a ainsi surpris en proposant de faire la chasse aux fraudeurs fiscaux chez les plus riches et la chasse aux fraudeurs sociaux qui abusent de la carte vitale. Ce faisant, il a pris le risque, assumé, d'égratigner une image beaucoup trop lisse avec des propositions au canon, "populistes", qui éreintent ses détracteurs. Son objectif, dit-il : parler aux classes moyennes tentées par le vote Rassemblement national. (…) Lorsqu'il était au lycée, ses copains de classe le surnommaient déjà "le président", parce qu'il était intarissable sur la politique. En classe de Terminale, ses camarades avaient même réalisé un photomontage de lui inspiré de la photo officielle de Georges Pompidou dans la bibliothèque de l'Élysée. Déjà, tout était dit. ».

Si le remaniement était si long, c'était aussi parce que le renouvellement de certains ministères clefs a été très difficile. En particulier pour l'Éducation nationale : l'ancien Premier Ministre Édouard Philippe a été sollicité, également l'ancien Président de l'Assemblée Nationale Richard Ferrand, mais aucun n'a accepté cette mission rude qui a souvent été impopulaire. Quant à François Bayrou, son affaire judiciaire (sur l'emploi de permanents du MoDem) le paralyse (son procès aura lieu cet automne).

En arrivant à ce ministère, Gabriel Attal jouit d'une excellente image auprès des Français (deuxième ministre le plus populaire), et il n'a jamais manqué de courage pour affronter les combats difficiles. Volontariste, il est un protégé du Président de la République. Il a remplacé Pap Ndiaye qui n'a pas démérité mais qui a eu ce reproche d'invisibilité médiatique (trop intellectuel, il n'a pas su rentrer dans l'arène médiatique).

Les autres nominations (et départs) confortent la professionnalisation des ministres : exit les "candides" de la "société civile" qui n'ont pas été capable de défendre leur action ministérielle auprès des parlementaires et auprès des médias, et arrivée de responsables politiques chevronnés, même si certains sont encore jeunes, mais très à l'aise dans la communication politique, dans le combat contradictoire et dans la défense de la politique du gouvernement.

Ainsi, François Braun, médecin égaré au Ministère de la Santé et de la Prévention, n'a jamais su se familiariser avec les coutumes de la vie politique. Pour lui succéder, ce n'est pas un homme politique pourtant, mais un technocrate, qui connaît bien la vie politique : Aurélien Rousseau, qui venait de démissionner de son poste de directeur de cabinet d'Élisabeth Borne pour, en principe, diriger la Caisse des dépôts, et qui s'est vu, lui aussi, bombarder ministre plein à la Santé et à la Prévention. Cet ancien professeur d'histoire géo communiste passé par l'ENA et le Conseil d'État connaît bien le domaine de la santé puisqu'il a été trois ans directeur de l'ARS d'Île-de-France pendant la période du covid-19 (entre juillet 2018 et août 2021).

Autre consécration pour une députée qui n'a jamais cessé de se rêver ministre, Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée Nationale, a été nommée à 36 ans Ministre des Solidarités et des Familles en remplacement de Jean-Christophe Combe, elle est donc arrivée par la grande porte au gouvernement, et sera probablement chargée, si c'est une priorité du gouvernement, de la grande loi sur la dépendance. Par ailleurs, cela permet de la remplacer à la présidence du groupe par une personnalité plus consensuelle au sein de la majorité, sans doute par Sylvain Maillard.

Un proche d'Emmanuel Macron, le député de Bordeaux Thomas Cazeneuve, a pris la succession de Gabriel Attal comme Ministre délégué chargé des Comptes publics. Le député très expérimenté du MoDem Philippe Vigier est nommé Ministre délégué chargé des Outre-mer en remplacement de Jean-François Carenco.

Olivier Klein, Isabelle Lonvis-Rome, Marlène Schiappa et Geneviève Darrieussecq ont quitté le gouvernement, tandis que le maire de Dunkerque Pierre Vergriete a été nommé Ministre délégué chargé du Logement et la députée de Marseille Sabrina Agresti-Roubache a été nommée Secrétaire d'État chargée de la Ville, tous les deux pour remplacer l'ancien maire PS de Clichy-sous-Bois évincé Olivier Klein qui n'avait pourtant pas démérité pendent les émeutes urbaines.

La très médiatique députée Prisca Thevenot a fait son entrée au gouvernement comme Secrétaire d'État à la Jeunesse et au Service national universel. Elle a succédé à Sarah El Haïry qui est devenue Secrétaire d'État chargée de la Biodiversité. Autre arrivée, celle la présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale, très appréciée, Fadila Khattabi, qui a été nommée Ministre déléguée chargée des Personnes handicapées. Quant à elle, en charge de l'Écologie, Bérangère Couillard a changé de ministère et a rejoint Matignon comme Ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations (remplaçant Isabelle Lonvis-Rome).


Globalement, ce remaniement a donc remplacé des non-politiques par des politiques. Il devrait donc être plus combatif dans les débats parlementaires de la rentrée. Les nombreux changements de sous-ministres entrants et sortants sans notoriété ne confortent cependant pas le message politique du Président de la République. Il restera seulement l'arrivée de Gabriel Attal dans un ministère très exposé, qui bénéficie d'un préjugé favorable, et aussi de combattantes médiatiques comme le sont, entre autres, Aurore Bergé et Prisca Thevenot.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (20 juillet 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le 4e remaniement ministériel du premier gouvernement d'Élisabeth Borne du 20 juillet 2023.
Gabriel Attal.
Pap Ndiaye.

Élisabeth Borne.
Emmanuel Macron.
Un Président réélu.
La réforme des retraites.
Brigitte Macron.
Rima Abdul-Malak.
Claude Malhuret.
Robert Badinter.
Olivier Véran.
Aurore Bergé.

Olivier Dussopt.
Bruno Le Maire.
François Bayrou.
Caroline Cayeux.
Sacha Houlié.
Christophe Béchu.
Agnès Pannier-Runacher.
François Braun.
Jean-Louis Bourlanges.
Jean-Yves Le Drian.

_yartiAttalGabrielB01






https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230720-remaniement.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/07/21/39981019.html





 

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 05:43

« Je constate que la plupart des chantiers sont au vert. Nous avons "délivré". » (Élisabeth Borne, "Le Parisien" le 9 juillet 2023).





_yartiBorneElisabethHA01

Désormais, il n'y a plus beaucoup de doute : la Première Ministre Élisabeth Borne restera certainement à Matignon cet été. Quand j'écris cela, je m'avance beaucoup (au risque d'être démenti dans quelques jours), mais quel serait l'intérêt du Président de la République Emmanuel Macron, de sa majorité présidentielle et, plus généralement (l'essentiel !), quel serait l'intérêt du pays de changer de Premier Ministre ? Aucun.

Depuis le milieu du mois d'avril 2023, et l'adoption définitive (la promulgation) de la réforme des retraites, Élisabeth Borne était pourtant considérée comme en instance de départ. Pour quelle raison alors qu'elle a "fait le job", comme on dit vulgairement ? Dans "Le Parisien" du dimanche 9 juillet 2023 (à défaut de JDD ?), Élisabeth Borne le dit avec une forme d'anglicisme : elle a "délivré" (qui, dans une grande boîte international, n'a pas dit cela lorsqu'il a des comptes à rendre à sa hiérarchie ?).

Il est déjà important de rappeler que si Élisabeth Borne n'est pas la première femme à Matignon (Édith Cresson l'a été il y a trente ans), elle est la première à ne pas l'avoir été de manière intérimaire (Édith Cresson était coincée entre Michel Rocard et Pierre Bérégovoy, et les éléphants du PS ne lui ont pas facilité la tâche en la court-circuitant systématiquement).

Élisabeth Borne a franchi allègrement l'étape de la première année à Matignon. Généralement, le seuil est six mois à partir duquel le chef du gouvernement reçoit les insignes de grand-croix de l'ordre national du Mérite (de tous les Premiers Ministres de la Cinquième République, seul l'intérimaire Bernard Cazeneuve ne les a pas reçus). Un an et dix-sept motions de censure, toutes qui ont échoué, malgré l'absence de majorité absolue à l'Assemblée Nationale. Il y aurait d'ailleurs à réfléchir, même si deux nominations ne forment pas une règle, sur le fait que les rares et seuls cas où une femme a été nommée à Matignon, le gouvernement ne bénéficiait pas d'une majorité absolue à l'Assemblée.

Pourtant, on ne pourrait pas forcément dire qu'Élisabeth Borne soit conciliante et puisse être rassembleuse au-delà de son camp. On se moque même du côté sec et austère de la femme, ce qui fait penser à un lointain prédécesseur pour lequel elle a travaillé à Matignon, Lionel Jospin : le numéro du 22 juin 2022 du "Gorafi" a en effet donné cette "information" décevante : « L'homme qui prétendait avoir vu Élisabeth Borne rire en 1986 avoue sur son lit de mort qu'il avait tout inventé. (…) Il est parti en paix après avoir révélé son secret. » !

L'un de ses échecs en un an, c'est bien d'avoir été dans l'incapacité d'élargir sa majorité parlementaire, et, disons-le clairement car il s'agit de cela, d'emmener le groupe LR de l'Assemblée (j'insiste, le groupe LR plus que le parti Les Républicains lui-même) dans l'aventure gouvernementale (malgré la seule "prise de guerre" qui s'est avérée contre-productive, Damien Abad, le président du groupe LR à l'Assemblée, dont elle a demandé très vite la démission).

L'impossibilité de réunir tout le groupe LR de l'Assemblée sur la réforme des retraites pourtant réglée par les sénateurs LR alors que LR a prôné un rallongement de l'âge de la retraite aux deux dernières élections présidentielles, a montré qu'il n'y avait aucune possibilité de convenir d'une alliance, même provisoire, entre Emmanuel Macron et LR, et l'identité du Premier Ministre importe peu, car ce sont les députés LR qui le refuseraient systématiquement, eux qui doivent souvent leur élection (ou réélection) dans leur circonscription par leur opposition forte à Emmanuel Macron. D'ailleurs, les LR macron-compatibles ne sont plus LR mais Renaissance, et depuis 2017 et plus encore depuis 2022, ils sont nombreux, mais eux sont déjà inclus dans la majorité et ne peuvent pas contribuer à l'élargir pour atteindre la majorité absolue.

_yartiBorneElisabethHA02

D'ailleurs, même si le gouvernement copiait les propositions de LR en matière d'immigration, le groupe LR de l'Assemblée resterait en retrait pour ne pas être critiqué sur leur potentielle allégeance à Emmanuel Macron (c'était déjà le cas pour la réforme des retraites). L'horizon de LR est évidemment l'élection présidentielle de 2027 : l'impossibilité de se représenter pour Emmanuel Macron donne une opportunité à LR de retrouver les vieilles habitudes d'alternance. Le problème, c'est qu'à 5% en 2022, les électeurs, même proches de son électorat, ont zappé ce parti qui devait pourtant à l'origine rassembler un Français sur deux. Héritier du macronisme ou héritier de la vieille UMP ? Tout se fera naturellement (et c'est malheureux) dans la personnalité des candidats qui se présenteront. Seul Édouard Philippe (plus en tout cas que Bruno Le Maire) pourrait envisager de revendiquer sérieusement ce double héritage.

Les événements consécutifs à la mort de Nahel (faut-il les nommer émeutes ?), s'ils ont remis en première ligne la sécurité dans les sujets de préoccupation des Français (alors que pendant ces quelques dernières années, le pouvoir d'achat était plus préoccupant), ce qui ne facilite pas l'agenda du gouvernement. Au moins, si on avait un doute, la page de la réforme des retraites est définitivement tournée. Elle l'était déjà avant ces émeutes, mais là, le climat politique est passé clairement à autre chose.

En revanche, cela ne se passe pas comme l'aurait souhaité l'Élysée. Le 17 avril 2023, Emmanuel Macron avait en effet présenté un programme de cent jours pour retrouver ce qu'il appelait l'apaisement. Ce sera difficile de dire que l'apaisement est au rendez-vous et il n'est même pas certain que le Président de la République intervienne publiquement à l'occasion de la fête nationale ce vendredi 14 juillet 2023 : quel serait l'effet de la parole présidentielle si elle était suivie par de nouvelles émeutes ? Dévastateur. On peut se rappeler l'interview de François Hollande le 14 juillet 2016 quelques heures avant l'attentat de Nice.

Pourtant, il y a un besoin de cette parole présidentielle, un besoin que le Président ne soit pas dans le commentaire (Élisabeth Borne a bien compris puisqu'elle a insisté dimanche dans "Le Parisien" sur ce thème : « Je ne suis pas dans le commentaire, mais dans l'action. »), il y a une nécessité que le pouvoir apporte des solutions concrètes aux problèmes qui se posent et notamment à la suite des émeutes.

_yartiBorneElisabethHA03

Élisabeth Borne est une très bonne élève et, dit-on, étudie impeccablement les sujets auxquels elle se consacre. Elle sécurise tous les dossiers qu'elle instruit en cherchant les contre-arguments et en y apportant des réponses. Ce côté très scolaire peut cependant lui faire faire des erreurs, la principale a été de ne pas avoir compris qu'elle ne pourrait pas convaincre certains députés LR de voter pour la réforme des retraites. Sur le papier, en théorie, il ne devait y avoir aucun problème puisque la version de cette réforme a été proposée par le groupe LR du Sénat. Mais elle n'avait pas pris en compte un élément totalement irrationnel : que le président du groupe LR à l'Assemblée, Olivier Marleix, fût dans l'incapacité d'imposer la discipline de vote dans son propre groupe.

Malgré cette erreur, elle continue à adopter un ton volontiers propre à amadouer le groupe LR. Dans "Le Parisien", elle a ainsi proposé d'élargir aux mineurs les amendes forfaitaires, même si le RN considère que c'est insuffisant face aux dégâts commis par les émeutiers : « Quand un adulte commet un acte de cette nature, on peut avoir recours à une amende forfaitaire. Ce n'est pas possible pour les mineurs. Nous allons donc construire un dispositif qui le permette. ». Elle a aussi tenté d'anticiper pour les 13 et 14 juillet 2023 en interdisant la possibilité de faire des tirs de mortiers : « Je viens de signer, dans un décret publié ce dimanche au Journal officiel, l'interdiction de la vente, du port et du transport de mortier d'artifices à cette occasion. ». Enfin, elle a axé son combat politique contre les mélenchonistes qui laissent entrevoir une certaine mollesse dans leur condamnation des émeutes : « Quand LFI ne condamne pas les violences, elle les justifie. Quand ils disent qu'il ne faut pas incendier certains bâtiments, en creux, ils expliquent que pour d'autres, ce n'est pas grave. ». Toutes ces déclarations concourent à renforcer les liens entre LR et la majorité, mais de manière assez inutile puisque Les Républicains, dans tous les cas, ne veulent pas s'intégrer à la majorité et devenir cogérants de la responsabilité du gouvernement.

Pour l'heure, Élisabeth Borne a fait exactement ce que le Président de la République lui a demandé de faire. D'où sa confiance renouvelée, notamment à l'occasion de la commémoration du quatre-vingt-troisième anniversaire de l'appel du 18 juin de De Gaulle au Mont Valérien : « Il a eu l'occasion de dire que j'avais sa confiance. Pour avancer, j'ai besoin de sa confiance et de celle du Parlement. ». Ce sera plus ardu pour le Parlement !

Son interview au "Parisien" a montré par ailleurs qu'elle s'accrochait à Matignon et qu'elle présentait son programme pour les prochains mois. Certes, Jean-Marc Ayrault avait aussi présenté le 25 novembre 2013 son programme de grande réforme fiscale avant d'être renvoyé quelques semaines plus tard par François Hollande et remplacé par Manuel Valls, mais la situation paraît ici très différente car il n'y a pas eu d'échéances électorales (à l'époque, les élections municipales de mars 2014 avaient été un désastre pour le pouvoir socialiste doublé de l'élection d'une dizaine de maires FN).

Il y a peu de chance que de potentiels successeurs puissent faire mieux qu'Élisabeth Borne pour trouver un accord avec LR (Gérald Darmanin et Bruno Le Maire sont peu appréciés des actuels députés LR). Et la logique voudrait que la Première Ministre aille au moins jusqu'aux élections européennes de juin 2024, afin de servir de fusible en cas d'échec (Manuel Valls avait pris ses fonctions avant l'échec des européennes de mai 2014 pour le gouvernement, et Jean-Pierre Raffarin avait continué en formant un troisième gouvernement après les européennes de mai 2004). Depuis 2002, les élections européennes constituent un sorte d'échéances de mi-mandat présidentiel. Une respiration.


Dans son livre sur la Première Ministre ("Élisabeth Borne, la Secrète"), sorti le 4 mai 2023 chez L'Archipel, Bérengère Bonte, journaliste de France Info et ancienne directrice adjointe de la rédaction d'Europe 1, a évoqué le comportement beaucoup plus politique qu'elle ne laisse entrevoir d'Élisabeth Borne lors de son premier entretien avec elle pour écrire son livre : « [Elle] se montre non pas techno mais pragmatique, non pas ennuyeuse mais franchement séductrice. Non pas taiseuse mais cash et même généreuse. Maline, incontestablement. Et beaucoup plus politique que certains se plaisent à le laisser penser. ».

Et la journaliste de la décrire peu avant sa nomination à Matignon :
« Élisabeth Borne a beau jouer les bons élèves, ça ne fait pas d'elle une courtisane. Pas au sens où l'on imagine un ambitieux flagorner outrageusement. Pas même à candidater ouvertement pour un poste qui lui siérait. Mais Matignon, quand même, quand elle y pense... Dès la rentrée de septembre 2021, quelques-uns l'y voient déjà. (…) C'est une femme et elle vient de la gauche ! Si le patron est réélu, pensent-ils, c'est qu'il aura achevé de dynamiter la droite. En cas de majorité fragile, l'appoint se fera plutôt à gauche. (…) La ministre ne candidate évidemment pas ouvertement pour le poste, mais on l'entend le penser très fort. Et le bruit de fond Borne se répand, venu de la gauche de la majorité. (…) Elle en parle à Anne-Marie Idrac, sans imaginer qu'elle n'est qu'à moitié convaincue. Non pas des qualités humaines et techniques d'Élisabeth Borne, ni du bilan qu'elle peut revendiquer sur le premier quinquennat, mais de sa capacité à piloter politiquement la majorité. En tout cas, l'idée se répand. Alexis Kohler, l'incontournable de l'Élysée, serait, dit-on, lui aussi un allié. ».

_yartiBorneElisabethHA06

Béréngère Bonte a alors raconté une rencontre le 31 mars 2022 avec cette même Anne-Marie Idrac :
« L'ancienne patronne de la SNCF s'y connaît en vraies-fausses rumeurs pour Matignon. En 2017, c'est elle dont le nom avait circulé, et pas seulement parce qu'elle avait amené François Bayrou à Emmanuel Macron. Devant elle, Élisabeth Borne ne s'en cache pas : oui, elle veut jouer sa carte ; oui, elle en a envie. "Pour le poste dont on ne parle pas, trouve-toi des appuis ! Faire campagne, c'est précisément ce que je n'ai pas fait il y a cinq ans. Et ça m'est passé sous le nez". ». Après le second tour de l'élection présidentielle le 24 avril 2022 : « À nouveau, les regards se tournent vers rue de Grenelle. La Secrète bouillonne. Elle fait des ronds dans son bureau. Officiellement, elle se tait. (…) Le samedi 7 mai, à l'investiture du Président réélu, Élisabeth Borne est au premier rang, tout sourire dans une petite veste bleu ciel. Mais, en bonne coureuse de fond, elle attend sagement la ligne d'arrivée, qu'elle franchira finalement seule le 16 mai. En tête ! Mais d'un cheveu. (…) Accepter ou refuser ? La question ne se pose même pas. Manifestement, elle admire cet homme. (…) "Elle part à l'Élysée en mode Hulk !" ».

Avec son directeur de cabinet Aurélien Rousseau, Élisabeth Borne s'est attelée à la formation de son gouvernement, car l'Élysée n'avait rien prévu : « Le dircab de la Secrète rappelle souvent (…) qu'elle est "plus politique qu'il n'y paraît", qu'elle a bien compris le poids politique d'un Darmanin ou d'un Le Maire. Elle sait qu'il va falloir composer avec les deux anciens LR qui, accessoirement, rêvaient, et rêvent toujours, de sa place à elle. Sa patte dans ce premier gouvernement ? Les Dussopt, Attal, Grégoire qu'elle veut garder du premier quinquennat. Et des idées plus inattendues qui fusent. Pap Ndiaye, notamment. ». Quant à son action à Matignon, Élisabeth Borne aurait identifié trois thèmes majeurs pour lesquels elle voudrait laisser sa marque : « Un : la transition écologique. Deux : le plein emploi. Trois : l'égalité des chances, l'émancipation, la jeunesse. ».

Il faut noter que les perspectives d'un grand remaniement qui changerait peut-être jusqu'au Premier Ministre dont les rumeurs courent depuis avril 2023 ne sont pas les premières dans l'histoire récente. En avril 2010, le Président Nicolas Sarkozy avait également laissé entendre qu'il remodelait profondément le gouvernement, ce qui avait donné quelque espoir à Jean-Louis Borloo d'atterrir à Matignon (l'histoire dira qu'il n'en a jamais été question), et finalement, François Fillon s'est accroché à Matignon (encouragé par Édouard Balladur) et cela a abouti à un remaniement de faible ampleur politique en novembre 2010.

En revanche, ces rumeurs de remaniement sur une longue durée ne peuvent être que désastreuses dans l'activité gouvernementale. Plusieurs ministres sont, aujourd'hui, considérés comme sur le départ, c'est le cas pour Marlène Schiappa (à cause du Fonds Marianne), François Braun (inaudible à la Santé), ou encore Pap Ndiaye, surpris, pour ne pas dire estomaqué, comme toute la presse, par la volonté présidentielle de raccourcir les vacances scolaires (les recteurs d'académie ne savent même pas quel ministre fera la rentrée avec eux en septembre 2023).

L'important pour le pouvoir actuel, c'est de montrer qu'il s'occupe des dossiers brûlants du pays, mais sans faire d'autosatisfaction. Le point crucial de sa crédibilité sera donc les 13 et 14 juillet 2023, est-ce qu'il arrivera à prévenir tous les débordements qui ont lieu généralement en cette période comme en période du nouvel an où les concours du nombre de voitures brûlés rivalisent avec un vandalisme désormais souvent récurrent ? Ce sera peut-être à Élisabeth Borne de tenir cette parole présidentielle. Auquel cas, cela la consacrera à Matignon.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (09 juillet 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élisabeth Borne la tenace !
Emmanuel Macron.
Un Président réélu.
La réforme des retraites.
Brigitte Macron.
Rima Abdul-Malak.
Claude Malhuret.
Robert Badinter.
Olivier Véran.
Aurore Bergé.

Olivier Dussopt.
Bruno Le Maire.
François Bayrou.
Caroline Cayeux.
Sacha Houlié.
Christophe Béchu.
Agnès Pannier-Runacher.
François Braun.
Jean-Louis Bourlanges.
Jean-Yves Le Drian.

_yartiBorneElisabethHA05





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230709-elisabeth-borne.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elisabeth-borne-la-tenace-249287

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/07/10/39968665.html





 

Partager cet article
Repost0
1 juin 2023 4 01 /06 /juin /2023 05:13

« Monsieur de Courson, comment vous sentez-vous quand les députés des groupes Rassemblement national et LFI-Nupes se lèvent pour vous soutenir dans une admirable tenaille identitaire et extrémiste ? » (Olivier Dussopt, le 30 mai 2023 dans l'hémicycle).




_yartiLIOT02

Après les nombreux ponts du mois de mai, ce mardi 30 mai 2023, il y a encore eu une séance de questions au gouvernement très électrique à l'Assemblée Nationale. En question, la proposition de loi du groupe LIOT (petit groupe regroupant des députés centristes et des députés d'outre-mer) visant à abroger purement et simplement la réforme des retraites du gouvernement, dont l'examen est inscrit à l'ordre du jour du jeudi 8 juin 2023 à 9 heures dans le cadre de la "niche" parlementaire du groupe LIOT.

Déposée le 25 avril 2023 sur le bureau de l'Assemblée, la proposition de loi (n°1164) s'est dotée le 17 mai 2023 d'un rapporteur en la personne de Charles de Courson, député chevronné, le plus expérimenté aujourd'hui (à 71 ans) puisque sa première élection date de mars 1993 (il a fêté le trentième anniversaire de son mandat). Centriste depuis toujours, et à ce titre, hostile aux extrémismes, quels qu'ils soient, diplômé de l'ESSEC et de l'ENA, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, Charles de Courson est devenu le spécialiste des finances publiques, et dans la classe politique, il n'y en a pas beaucoup qui connaissent aussi bien que lui les lois de finances depuis trente ans. Pendant la campagne présidentielle de 2022, avec son soutien à la candidature de Valérie Pécresse, il militait ouvertement pour la retraite à 65 ans.

Alors, pourquoi donc devenir, paradoxalement, le leader de toutes les oppositions à la réforme des retraites du gouvernement ? La proposition de loi du groupe LIOT est même cosignée par les députés de la Nupes, non seulement les socialistes, mais aussi les communistes, les écologistes et FI.

C'est l'interrogation du Ministre du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion Olivier Dussopt, en répondant à sa question : « Vous, qui depuis plusieurs décennies bataillez sur les projets de loi de finances, savez pertinemment que ce texte, qui créerait une charge de 15 milliards d’euros supplémentaires par an, est irrecevable et inconstitutionnel, comme l’a indiqué madame la Première Ministre. (…) Comment financerez-vous cette dépense ? Augmenterez-vous les cotisations de 1 000 euros par an pour tous les Français ? Diminuerez-vous le montant des pensions de retraite ? Sabrerez-vous dans les budgets de l’éducation nationale, de la transition écologique ou de la sécurité ? Une chose est sûre : vous ne pourrez plus jamais vous présenter dans cet hémicycle pour doctement nous faire la leçon sur les finances publiques. ».

Charles de Courson a d'ailleurs admis que sa proposition de loi, si elle était adoptée, coûterait 270 millions d'euros en 2023 à la sécurité sociale. C'est la raison pour laquelle la Première Ministre Élisabeth Borne avait évoqué son inconstitutionnalité quelques minutes auparavant, en réponse à la question de la présidente du groupe écologiste : « Il y a la vérité sur nos retraites, un déséquilibre qui menaçait l’avenir de notre retraite par répartition, et sur notre réforme, qui rétablit l’équilibre à l’horizon 2030, en tenant compte de la situation de chacun, puisque quatre Français sur dix pourront partir à la retraite avant 64 ans. Il y a aussi la réalité des faits sur la manière dont ce texte a été construit et adopté : des mois de concertation avec les partenaires sociaux, 175 heures de débats parlementaires et des décisions très claires du Conseil Constitutionnel, qui ont validé l’essentiel du texte et rejeté deux propositions de référendum d’initiative partagée pour l’abroger. (…) Après des semaines d’antiparlementarisme, nous aboutissons logiquement à des manœuvres anticonstitutionnelles : la proposition de loi que vous évoquez, qui aggrave lourdement les charges publiques et réduit les recettes, méconnaît frontalement l’article 40 de notre Constitution. On ne défend pas les institutions à coup de propositions de loi anticonstitutionnelles. On ne ment pas aux Français en portant, avec la plus grande démagogie, un texte dont chacun sait ici pertinemment qu’il serait censuré par le Conseil Constitutionnel s’il parvenait au bout de son cheminement parlementaire. Jusqu’au bout, nous défendrons la réalité contre la démagogie et la Constitution face à ceux qui la remettent en cause. ».

L'intervention de la Première Ministre a le mérite non seulement de répondre sur le fond mais aussi sur la forme. Et la forme, ce qui a semble-t-il motivé le groupe LIOT à déposer sa proposition de loi, c'est la manière dont la réforme des retraites a été adoptée, comme le précise d'ailleurs l'exposé des motif :
« Ces éléments ne sont que deux des nombreuses procédures utilisées, de façon détournée, par le gouvernement, pour empêcher la tenue d’un débat clair et sincère, mais aussi et surtout pour éviter un vote à l’Assemblée Nationale. Ils sont la preuve qu’une majorité de députés était en réalité prête à rejeter cette réforme des retraites, pour des raisons de fond comme de forme. Ils sont un aveu de faiblesse du gouvernement qui n’a pas réussi à convaincre, ni les parlementaires, ni les Français, du bien fondé de sa réforme. Toutefois, la promulgation de la loi n’entraîne ni sa validation politique ni son acceptation sociale. Nous considérons que nous n’avons pu aller au bout du "cheminement démocratique". ».

Certes l'exposé des motifs revient aussi sur le fond qui fustige une réforme injuste, selon ses signataires :
« L’injustice sociale au cœur de la réforme des retraites est la raison de son rejet massif : c’est à cette injustice que nous devons nous attaquer. ».

Mais l'idée est surtout de reprendre tout à zéro :
« Cette proposition de loi a pour objectif de sortir de l’impasse dans laquelle le pays se trouve aujourd’hui, afin d’éviter que celui-ci ne se déchire davantage. Et de retrouver l’apaisement. Aujourd’hui, nous avons besoin de retrouver le chemin de l’écoute, du dialogue, du respect. Respect de nos concitoyens ; respect de nos institutions ; respect de nos corps intermédiaires. Le préalable à cet apaisement est le retrait de la réforme des retraites, car c’est elle qui a, en premier lieu, provoqué la crise sociale et politique dans laquelle nous nous trouvons. C’est la raison pour laquelle cette proposition de loi abroge les dispositions qui cristallisent toutes les inquiétudes et les tensions : le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’accélération de l’augmentation de la durée de cotisation. ».

Pour cela, composée de trois articles, la proposition de loi ne se contente pas d'abroger la réforme des retraites déjà promulguée, mais d'organiser une conférence sociale pour apporter des pistes pour financer les retraites (article de 2 de la proposition). C'est un peu gros comme prétexte puisque cela fait depuis 2018 que les partenaires sociaux sont en capacité de négocier sur le sujet. Et cela prouve au moins que cette opposition reconnaît que les retraites ne seraient plus financées sans réforme.

Le président de la commission des finances, Éric Coquerel, qui a par ailleurs cosigné la proposition de loi, saisi par la présidente de la commission des affaires sociales pour avis, l'a jugée recevable le 30 mai 2023. Examinée le 31 mai 2023 par commission des affaires sociales, la proposition s'est vue amputer de son article premier, le plus important (l'abrogation de la réforme des retraites), et c'est ce texte amputé qui sera donc mis en discussion le 8 juin 2023. Mécontent de ce vote de la commission des affaires sociales, les membres FI ont claqué la porte, ce qui montre une forte propension à accepter la processus démocratique.

Ce qui est terrible durant tous ces mois de débat public sur la réforme des retraites, c'est que les oppositions n'ont jamais accepté qu'elles étaient minoritaires et qu'elles n'étaient pas au pouvoir, et que le gouvernement était légitime, issu des élections présidentielle et législatives de 2022. Qu'il n'y ait pas de majorité absolue ne change rien : le gouvernement dispose bien d'une majorité relative, et le rejet des motions de censure le 20 mars 2023 montre bien qu'il n'y a pas de majorité alternative.

Alors, être contre un projet du gouvernement qui est allé jusqu'à la promulgation, c'est tout à fait démocratique et de nombreuses lois ont subi ce même traitement (on ne peut pas être consensuel sur tous les sujets, c'est le principe de la vie démocratique, parfois, il faut trancher), mais considérer que cette promulgation et l'application de la réforme relèveraient d'un processus antidémocratique, c'est nier le fait que le gouvernement est légitime. S'ils devaient toujours être populaires pour agir, les gouvernements depuis plus d'une quarantaine d'années n'auraient jamais rien fait !

Le plus grave, c'est à l'évidence la remise en cause de nos institutions. L'article 40 de la Constitution est très clair :
« Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique. ».

On peut en discuter, mais notre Constitution s'impose à tous. J'ai même lu un article de Christophe Bouillaud et Christophe Seltzer, sur le site Atlantico, qui parle de
"mise sous tutelle de la Constitution" : « Derrière l'idée de l’article 40, n'y a-t-il pas un sentiment plus profond que les parlementaires doivent être mis sous tutelle de la Constitution car ils risqueraient de prendre des décisions dangereuses pour le pays ? ». Une question aberrante : il n'y a pas de mise sous tutelle, la Constitution s'impose à tous, y compris aux parlementaires bien sûr, c'est notre loi fondamentale, on peut la modifier sous conditions, mais elle est la base de tout processus démocratique.

Et il faut le rappeler, puisque certains opposants commencent à se croire constitutionnalistes (découvrant tardivement la Constitution) : la Constitution, en particulier les articles qui ont été mis en cause dans la procédure de cette réforme, à savoir l'article 49 alinéa 3, l'article 47 alinéa 1, l'article 44 alinéa 3, et l'article 40 de la Constitution, a été largement approuvée par le peuple souverain lors du référendum du 28 septembre 1958 à 82,6 des suffrages exprimés avec une participation de 80,6%, soit 65,9% des inscrits, ce qui est énorme (et rare).

Elle a été le fruit de trois mois de travail constitutionnel intensif afin de rendre la France gouvernable après les douze années de crises multiples et d'impuissance gouvernementale de la Quatrième République. Les nostalgiques des temps anciens devraient chérir cette Constitution qui a permis à la France des années 1960 de lancer de nombreux projets d'innovation et d'industrie qui font que la France reste encore aujourd'hui une puissance politique et scientifique qui compte beaucoup dans le monde.

Les rédacteurs de cette Constitution étaient partis de l'idée, systématique sous les Troisième et Quatrième Républiques, qu'aucune majorité absolue ne se dessinerait à l'Assemblée Nationale. La volonté populaire ainsi que le mode de scrutin (mais pas le mode de scrutin seul puisque, d'une part, il y a eu du scrutin majoritaire aussi sous la Troisième République, et sous la Cinquième République, comme en 1958, en 1988 et en 2022, malgré le scrutin majoritaire, les électeurs n'ont pas donné de majorité absolue) ont permis d'utiliser le moins possible des outils qui permettaient au gouvernement de gouverner avec une simple majorité relative. Pourquoi alors s'étonner que le gouvernement d'Élisabeth Borne utilise ces outils alors que justement, il ne dispose que d'une majorité relative ? Et même en cas de majorité absolue, lorsque la majorité est divisée ou indisciplinée, le gouvernement peut se permettre de les utiliser le cas échéant.

On a beaucoup critiqué Nicolas Sarkozy sur l'hyperprésidentialisation, mais c'est bien lui qui a réduit énormément l'article 49 alinéa 3 puisqu'il en a limité l'usage à un seul texte par session parlementaire, hors textes de financement, alors qu'avant la révision du 23 juillet 2008, il n'y avait aucune limite. Cela posera d'ailleurs probablement le problème au gouvernement actuel pour faire adopter d'autres textes (comme celui sur l'immigration). Cela explique aussi pourquoi le gouvernement a choisi la procédure d'une loi de financement et pas d'une loi normale, afin de se garder encore un "joker" dans ses "munitions" ("joker", mais les motions de censure rappellent qu'il peut être renversé à tout moment).

Parlons maintenant de ce fameux article 40 de la Constitution. Ce n'est pas la première fois qu'une opposition parlementaire proteste contre celui-ci comme contre d'autres articles (en particulier 49 alinéa 3). En fait, si on regarde l'histoire parlementaire depuis 1958, à chaque fois que ces articles sont évoqués, il y a des polémiques, et c'est bien normal, puisque tout empêcheur de tourner en irresponsabilité est condamné par les irresponsables !

Car l'article 40 impose un peu de responsabilité dans les propositions de loi des parlementaires. On le sait bien, beaucoup agissent pour montrer qu'ils agissent. Et quoi de plus valorisant que d'agir même si on sait que cela n'aboutira pas : on dira alors qu'on a fait ce qu'on a pu. Ce qui a donc pour conséquence que beaucoup de propositions de loi sont déposées sans aucune prétention qu'elles soient adoptées (ni même débattues, car il y en a beaucoup trop pour l'agenda parlementaire) mais par simple clientélisme voire électoralisme. On imagine donc les subventions pour une catégorie ou une autre qui pourraient pleuvoir (du moins dans la virtualité des propositions) si la Constitution n'y mettait pas une règle de responsabilité, celle de leur financement.

La Constitution d'ailleurs ne l'impose pas au gouvernement, mais par définition, lorsqu'il est aux affaires, le gouvernement est en responsabilité et est attentif aux équilibres budgétaires.

Donc, la règle est simple : si un parlementaire propose une dépense supplémentaire pour l'État (subvention, etc.), alors il doit proposer en même temps une recette supplémentaire, sinon, la loi de finance de l'année en cours serait nécessairement violée. Qui pourrait d'ailleurs regretter que l'on ne dépense que ce qu'on gagne ? Ou que ce qui était prévu par rapport à ce qui était prévu qu'on gagne ? Quand on sait en plus que l'argent de l'État, c'est l'argent du contribuable, donc le nôtre. La démagogie s'arrête donc à ceci : on peut donner à certains, mais cela va nécessairement en taxer d'autres.

C'est donc une règle saine, celle de bonne gestion, que la plupart des ménages connaissent bien. C'est vrai que depuis plus d'une quarantaine d'années, l'État vit largement au-dessus de ses moyens avec un déficit public important qui ne finance pas des investissements pour l'avenir, mais simplement du fonctionnement. Ce qui entraîne un endettement important, c'est-à-dire que, au-delà du service de la dette (qui est déjà plusieurs dizaine de milliards d'euros actuellement !), les dépenses de fonctionnement actuelles seront payées par les générations futures, merci papa merci maman). On ne peut pas continuer à les augmenter sans cesse.

Au début des années 2010, avec la crise européenne de la dette souveraine, on avait même eu l'idée d'inscrire dans la Constitution la règle d'or budgétaire, afin de limiter les déficits publics. Je crois même (mais je peux me tromper) que le député Charles de Courson était un chaud partisan de cette règle d'or (en tout cas, l'UDF dont il était issu, puis le MoDem présidé par François Bayrou y étaient favorables). Finalement, cela ne s'est pas fait et c'est probablement heureux, cela laisse plus de liberté aux gouvernements et la crise sanitaire a rappelé que, dans certains moments exceptionnels, l'État a besoin d'aider massivement l'économie temporairement si on veut éviter la faillite de notre économie.

Revenons à la proposition de loi du groupe LIOT : est-elle contraire à l'article 40 de la Constitution ou pas ? Pour Élisabeth Borne et aussi Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l'Assemblée Nationale, elle est anticonstitutionnelle, elle ne respecte pas cette nécessité de financer toute dépense.

La proposition de loi dégradera les comptes publics : Charles de Courson l'admet volontiers, mais il préfère se placer sur le terrain politique (vous ne voulez pas débattre des retraites) à rester sur le terrain juridique. Du reste, l'article 3 de la proposition reste ambigu car il esquisse une piste de financement (un classique dans les propositions de loi) :
« La charge pour les organismes de sécurité sociale est compensée à due concurrence par la majoration de l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services. ». En clair, et bizarrement, personne ne le dit, le retour à 62 ans sera payé par... les fumeurs !

Alors, oui, à partir du moment où l'article premier a été supprimé par la commission des affaires sociales, cette proposition est, de toute façon, recevable et sera débattue le 8 juin 2023 en séance publique. Des amendements tenteront de rétablir l'article premier et ce sera le test pour savoir si une majorité de députés est prête à revenir à la retraite de 62 ans.

Si l'article 7 de la réforme du gouvernement n'a pas pu être débattu par les députés, c'est en raison de l'obstruction déplorable des députés FI, ce qui a été rappelé par Élisabeth Borne lors de la séance des questions au gouvernement du 30 mai 2023 :
« Il y a (…) la réalité de votre attitude et celle de vos alliés de la Nupes : des cris, des injures et de l’obstruction pour empêcher l’examen du texte. Je vous rappelle que Jean-Luc Mélenchon lui-même avait, sur Twitter, intimé l’ordre à la Nupes de ne pas débattre et de ne pas voter l’article sur le report de l’âge de départ. ».

Nous verrons bien quel sera le comportement, non seulement des députés de la majorité (qui pourraient aussi être tentés par une forme d'obstruction), mais aussi des députés de la Nupes qui refusaient jusqu'à maintenant tout vote sur la question précise de la retraite à 64 ans. La consigne de Jean-Luc Mélenchon sera-t-elle encore observée ?


Trois autres propositions de loi visant à revenir sur la réforme des retraites ont été déposées également le 25 avril 2023 : une du député communiste André Chassaigne (n°1168), une du député centriste Bertrand Pancher (n°1165) et une autre encore du député socialiste Boris Vallaud (n°1154). Mais aucune de celles-ce n'a encore été inscrite à l'ordre du jour, au contraire de la proposition n°1164 rapportée par Charles de Courson.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (31 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La réforme des retraites, la proposition de loi de LIOT et l'article 40 de la Constitution...
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".
Le 8 mai, l'émotion et la politique.
Claude Malhuret dénonce la "mauvaise république" du guide suprême !
Pas de RIP pour la réforme des retraites !
Robert Badinter et la réforme des retraites.
Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
Objectifs à cours terne !
Allocution du Président Emmanuel Macron le 17 avril 2023 (texte intégral et vidéo).

Réforme des retraites : feu vert (sans surprise) du Conseil Constitutionnel.
Grève des éboueurs à Paris.
Renouveau à la CGT.
Laurence Rossignol.
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
Aurore Bergé fustige les oppositions (20 mars 2023).

Le maître des horloges et sa montre.
Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.

Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020.

_yartiRetraitesO04



https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230531-retraites.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-reforme-des-retraites-la-248607

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/05/31/39926220.html







 

Partager cet article
Repost0
19 mai 2023 5 19 /05 /mai /2023 05:15

« Les résultats sont là : pour la quatrième année consécutive, la France est le pays le plus attractif d'Europe (...). C'est le fruit de nos réformes, de notre travail, d'un engagement, des talents de la France, de la qualité de notre recherche, de notre innovation, de nos entreprises, de nos salariés. » (Emmanuel Macron, le 15 mai 2023 sur TF1).




_yartiMacronBouleau01

Le lundi 15 mai 2023, le Président de la République Emmanuel Macron a accordé une interview d'environ 25 minutes au journaliste Gilles Bouleau qui a été diffusée au journal de 20 heures sur TF1. Cette intervention télévisée intervenait juste avant une séquence présidentielle consacrée à la politique extérieure de la France.

L'objectif de cette interview était bien sûr de montrer que le gouvernement travaillait pour l'intérêt général. Au contraire de son allocution télévisée du mois précédent, le 17 avril 2023, cette prestation était concise, concrète, active et dynamique, en particulier sur les thèmes économiques et sociaux où le Président est le plus à l'aise. Même si l'interview semble n'avoir pas eu beaucoup d'échos par la suite dans les médias, c'est par petites touches que le Président de la République veut convaincre les Français.


Ukraine en guerre

Le premier sujet concernait l'aide de la France à l'Ukraine pour défendre l'intégrité de son territoire face à l'agression des troupes russes. Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu par Emmanuel Macron à l'Élysée la veille au soir, après une visite à Berlin (Olaf Scholz) et avant la suite le lendemain à Londres (Rishi Sunak).

Emmanuel Macron a rappelé son objectif : « La stratégie de la France est simple : aider l'Ukraine à résister, à organiser (…) une contre-offensive pour pouvoir ramener tout le monde à la table des négociations dans les conditions qu'elle aura choisies pour bâtir une paix durable pour elle. ».

Concrètement, il n'y a donc pas d'ambiguïté sur la nature de l'aide française : fourniture d'armes et de munitions, formation des soldats ukrainiens et maintenance et réparation des équipements endommagés. Le chef de l'État a cependant mis deux limites : les armes ne doivent pas atteindre le sol russe et dans tous les cas, la France préserve sa capacité de défense nationale (elle ne se désarmera donc pas au profit de l'Ukraine).


Attractivité économique de la France

Symbole du succès économique de la Macronie, la fameuse start-up nation, c'est l'événement Choose France qui reçoit chaque année 200 patrons étrangers dans le cadre prestigieux de Versailles, venus pour investir en France. Emmanuel Macron a ainsi rencontré le matin même le patron de Pfizer ou encore Elon Musk.

En commentant cette rencontre au plus haut niveau, le Président français s'est réjoui des investissements records cette année : 13 milliards d'euros, soit plus de 8 000 emplois sur le terrain ("sur le terrain", c'est une précision présidentielle). Il a ainsi montré à la caméra une petite batterie qu'il avait acquise lors de sa visite le 12 mai 2023 à Dunkerque : 5,2 milliards d'euros y ont été investis pour produire des batteries électriques, ce qui correspond à 3 000 emplois. Et d'ajouter que la venue d'investisseurs n'était pas un hasard dans la région, car tout favorise leur implantation économique : un port à Dunkerque qui n'est pas en grève grâce au dialogue social, des EPR à Gravelines, l'implantation d'autres grosses entreprises sur le site comme Arcelor et AstraZeneka, etc.

_yartiMacronBouleau02

Évidemment, on lui a parlé des grèves et des manifestations contre la réforme des retraites. Mais Emmanuel Macron a voulu rappeler fermement que la France n'était pas que ces gens qui protestaient, en faisant remarquer avec raison qu'il n'y a quasiment pas eu de grève dans le secteur privé. Pour conclure : « Et le pays avance, et le pays continue à créer ! ». Le laurier dont il est le plus fier, c'est certainement le fait que la France est le pays le plus économiquement attractif de l'Europe pour la quatrième année consécutive. C'est une étude d'Ernst & Young qui l'a déterminé.

Le journaliste Gilles Bouleau a quand même évoqué un autre résultat moins élogieux de l'étude d'Ernst & Young, c'est que la France est seulement à la dix-huitième place du classement pour la création d'emplois liés à ces investissements. Emmanuel Macron n'a pas démenti ce talon d'Achille de la France, car tout est à refaire pour se réimplanter, à cause de la désindustrialisation du pays : « Le cœur du mal français, c'est qu'on a plus désindustrialisé que nos voisins. ». C'est la raison de son action depuis six ans basée sur cette réindustrialisation : entre 2008 et 2017, 600 usines ont disparu en France à cause de la crise financière ; entre 2017 et 2022, 300 usines ont été créées, et le Président espère que le mouvement restera le même pour qu'à la fin de son second quinquennat, la France retrouve son niveau industriel d'avant la crise financière.


Inflation, baisse d'impôts pour les classes moyennes

Emmanuel Macron a annoncé que dans sa trajectoire budgétaire jusqu'en 2027, 2 milliards d'euros seraient prévus pour une baisse d'impôts ciblée sur les classes moyennes, c'est-à-dire ceux qui travaillent, qui gagnent trop pour être aidés mais qui ont des budgets trop serrés à la fin du mois. Il n'a pas précisé quelle baisse, et attend de ses ministres quelques idées.

_yartiMacronBouleau03

Pour lui, le pouvoir d'achat est soutenu et promu par quatre pans de sa politique : premièrement, le plein emploi, tout faire pour réduire le chômage par une baisse du coût du travail et une meilleure adéquation entre la formation et les besoins des employeurs ; deuxièmement, une dynamique sur les bas salaires (dont la prime d'activité, soit 100 euros par mois) ; troisièmement, la prime exceptionnelle (prime Macron), et des mesures sur l'intéressement et la participation ; quatrièmement enfin, le dialogue social et la négociation pour augmenter les salaires (qui doit rester à l'initiative des entreprises et pas de l'État).

Sur l'inflation, le dispositif actuel pour limiter l'inflation sera à reconduire après 15 juin 2023 et des efforts devront être faits tant par les grands distributeurs (qui jouent le jeu et sont responsables, selon le chef de l'État) que par les grandes marques qui doivent baisser leurs prix à mesure que les prix de leurs matières premières et énergie baisse. L'objectif est une stabilisation des prix à l'automne prochain.


La réforme des retraites

Bien sûr, le thème de la réforme des retraites ne pouvait être oublié malgré la fin complète de la procédure législative : « Ça ne fait plaisir à personne de travailler plus longtemps, c'est très impopulaire, oui ! Je fais ce que j'ai dit. ». Quand Gilles Bouleau lui a rappelé ses propos de 2019 sur le non-recul de l'âge de la retraite, Emmanuel Macron s'est justifié en rappelant qu'entre-temps, il y a eu la crise du covid-19 et la crise de l'énergie, ainsi que la guerre en Ukraine, ce qui fait que les prévisions sur les retraites ont complètement changé, ce qui a entraîné qu'il a proposé très clairement dans sa campagne présidentielle de 2022 de reculer l'âge de la retraite à 65 ans (c'est d'ailleurs peut-être la seule mesure que ses électeurs pouvaient retenir en 2022).

Au-delà de pérenniser financièrement le système de retraites par répartition en évitant une situation déficitaire (de plus en plus déficitaire au fil des années), la réforme des retraites fait produire plus de richesses à la France puisqu'on travaillera deux ans de plus, et donc, ce sera des recettes supplémentaires pour renforcer des secteurs comme la santé et l'école.

Concernant l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, Emmanuel Macron a insisté pour dire que cet outil était constitutionnel et n'était pas antidémocratique puisqu'il y a bien eu un vote, que le gouvernement a engagé même sa responsabilité et qu'il n'y a pas eu de majorité pour le renverser. Il a cité, entre autres, la dissuasion nucléaire, la CSG, et même la privatisation de TF1, comme autres lois importantes qui ont été adoptées avec ce même outil.

Mais au-delà des considérations historico-constitutionnelles, Emmanuel Macron a désigné très clairement les fautifs politiques de ce qui s'est passé à l'Assemblée Nationale : « Comme [la réforme des retraites] est impopulaire, tout le monde s'est débiné (…), y compris des gens qui, au Parlement, avaient fait campagne [à l'élection] présidentielle, bravaches, derrière les 65 ans (…). Personne n'a voulu prendre ses responsabilités. ». La critique contre les députés Les Républicains est donc sans ambiguïté !

_yartiMacronBouleau04

Cela lui donne quelques raison de donner des leçons de réalisme : « Moi, j'ai essayé toujours de dire la vérité à nos compatriotes et d'agir à partir du réel pour produire un monde meilleur. ».

Mais alors, pourquoi est-il perçu aussi « méprisant » ? Le mot a été lâché timidement par le journaliste de TF1 avec l'appui d'une enquête d'opinion (il n'a pas dit « arrogant » que d'autres sondages évoquent aussi). Cela a agacé Emmanuel Macron qui a totalement récusé ce mot car il va au contact des gens : « Le mépris, c'est de mentir aux gens ! ». Puis, il a embrayé : « Les méprisants, ce sont des gens qui ne veulent pas parler avec les autres, c'est des gens qui leur mentent, et ceux-là sont en train de paver le chemin des extrêmes, parce que, sur le mensonge, les extrêmes sont bien meilleurs que les partis de gouvernement. ». Là encore, il n'a pas cité explicitement le groupe LR mais c'était clair.

Le Président de la République a terminé enfin sur le premier anniversaire de sa Première Ministre Élisabeth Borne à Matignon, sans assurer qu'elle serait encore là dans un an (c'est une prérogative du Président de la République qui doit se garder toute sa liberté) : « Nous avançons, et nous avançons pour, en quelque sorte, permettre au pays d'être plus indépendant et plus juste (…). Donc, on continue d'agir et, à mes côté, Élisabeth Borne agit avec force, détermination et courage. ». Les compliments étaient cependant très mesurés. Courtois et polis avant tout (il n'est pas dans le commentaire, s'est-il excusé).

À part l'annonce de la baisse d'impôts de 2 milliards d'euros en direction des classes moyennes (à définir !) et la confirmation de l'aide militaire de la France à l'Ukraine, Emmanuel Macron n'a rien dit de particulièrement nouveau. En revanche, en faisant quelques communications d'étape, il respecte les Français qui veulent toujours savoir où va leur pays, et il leur confirme qui va au bon endroit, vers un retour au plein emploi, avec de nouveaux investissements publics et privés qui vont consolider la puissance économique de la France.

On a le droit d'être un opposant politique, mais on peut aussi être patriote, comme c'est le cas dans les autres pays, pour se réjouir que la France reprenne de la vigueur économique. Les résultats sont là, ils ne demandent qu'à être confirmés et renforcés, c'est pourquoi il était hors de question, pour le chef de l'État, de ne pas être ferme et cohérent sur la réforme des retraites. L'avenir jugera.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (15 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Interview du Président Emmanuel Macron le 15 mai 2023 à 20 heures sur TF1 (vidéo).
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".

_yartiMacronBouleau05



https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230515-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-france-des-investissements-248347

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/05/15/39909677.html






 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2023 1 15 /05 /mai /2023 20:00

(vidéo)



Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230515-macron.html




INTERVIEW DU PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON
LE LUNDI 15 MAI 2023 À 20H00 SUR TF1










https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230515-interview-macron.html
 

 

Partager cet article
Repost0


 




Petites statistiques
à titre informatif uniquement.

Du 07 février 2007
au 07 février 2012.


3 476 articles publiés.

Pages vues : 836 623 (total).
Visiteurs uniques : 452 415 (total).

Journée record : 17 mai 2011
(15 372 pages vues).

Mois record : juin 2007
(89 964 pages vues).