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19 avril 2023 3 19 /04 /avril /2023 05:53

« Nous avons devant nous cent jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France. C'est notre devoir. Et je vous fais confiance, je nous fais confiance pour y arriver. Vive la République et vive la France ! » (Emmanuel Macron, le 17 avril 2023).




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La dernière allocution télévisée du Président de la République Emmanuel Macron, celle du lundi 17 avril 2023, n'a pas convaincu, mais qui aurait donc prévu qu'elle convainquît ? (mon imparfait du subjonctif semble correct). C'est sûr qu'évoquer "Cent jours", quand on connaît l'Histoire de France, était assez maladroit de sa part, tant pour ce que cela représente (Napoléon Ier) que pour l'issue de cette courte période de seconde chance (d'autant plus qu'entre le 17 avril et le 14 juillet, il n'y a pas cent jours mais seulement quatre-vingt-huit !).

Parmi les oppositions multiples, il y a des cyniques qui encouragent les rêveurs à se noyer dans le paradis des illusions. Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, s'était engagé pendant la campagne présidentielle de 2022 à relancer la réforme des retraites sur l'âge légal de départ à la retraite. Dans son projet, il s'agissait même de 65 ans (et pas 64 ans). C'était même la seule mesure qu'il proposait concrètement ou plutôt, soyons juste, la seule mesure qu'on pouvait retenir de sa campagne présidentielle.

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À l'époque, je m'inquiétais même de ce thème de campagne qui ne pouvait que repousser les électeurs (de la contre-démagogie !). On ne pouvait donc pas dire que les électeurs d'Emmanuel Macron n'étaient pas au courant, j'insiste pour ceux du premier tour, bien sûr, car au second tour, le choix était parfois forcé (il l'a même reconnu). Où sont ses électeurs du premier tour ? Eh bien, je pense qu'ils font partie (nous faisons partie, je m'y inclus) de cette France silencieuse, celle qui travaille au lieu de râler, celle qui se lève tôt au lieu de manifester, celle qui investit au lieu de dépenser. Et cette France-là, c'est elle qui a parfois fait les surprises aux élections, c'est elle qui a permis la victoire inespérée des gaullistes en juin 1968, mais également celle de novembre 1962 (on l'oublie souvent) ; à l'époque, l'UNR se croyait perdue, envisageait l'opposition, vaincue par la coalition des anciens de la Quatrième, et finalement, les électeurs ont donné à la France une majorité absolue aux gaullistes et à leurs alliés, pour la première fois de l'histoire politique (et pas la dernière).

Inutile de demander à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon quelles étaient leur position sur les retraites, ils n'en avaient pas, tout baignerait avec eux, pas de problème démographique, pas de déficit structurel et évidemment, pas d'endettement qui reviendrait à faire dépendre les pensions de retraite des méchants fonds d'investissement de la méchante finance internationale. Rien de tout cela : on raserait gratis, 60 ans, et pourquoi autant, à 60 ans, on voit moins bien, on a plus souvent mal au dos, on s'essouffle en marchant, et surtout, on perd un peu l'enthousiasme du jeunot qui fera mieux et plus rapidement un travail pour une rémunération moindre ?... Dans leur démagogie, on sent un véritable manque d'audace et d'imagination.

Emmanuel Macron s'était engagé auprès des Français à rendre durable notre système des retraites par répartition et en promulguant, dans la nuit du 14 au 15 avril 2023, cette réforme des retraites, il a honoré la principale promesse de son second quinquennat. Personne n'est heureux de travailler deux ans de plus, mais qui serait heureux le jour où, dans plusieurs années, il aurait fallu réduire les pensions ou même observer l'effondrement de notre modèle social parce que nous n'aurions pas anticipé ce défaut de conception connu depuis longtemps qu'est l'évolution du rapport entre le nombre d'actifs et le nombre de retraités ? Aucun gouvernement prochain ne remettra en cause cette réforme, comme aucun n'a jamais remis en cause les précédentes réformes depuis trente ans, car tous ces prochains gouvernements seront ravis que cette réforme ait été faite et ne soit plus à faire.

On comprend très bien que les organisations syndicales aient refusé la main tendue pour le lendemain, car leur objectif premier, c'est la mobilisation des manifestations du 1er mai prochain. Mais après ? Quel horizon social ? À part le remplacement du patron de la CFDT ?

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Tout le monde est donc dans cette période de creux de vague : comment faire pour tourner la page ? Du camp d'Emmanuel Macron, la légalité constitutionnelle a permis de mener jusqu'à son terme la réforme des retraites et donc, la page est tournée, doit être tournée (avec une sorte de méthode Coué). De l'autre camp... quel camp d'ailleurs ? Ses adversaires politiques ? Certainement pas, mais les opposants à la réforme des retraites, et ceux-ci, à l'évidence, se résigneront à l'idée que c'est la solution la moins coûteuse pour sauvegarder notre modèle social (si Emmanuel Macron avait vraiment voulu saborder notre modèle social, il aurait laissé le système des retraites s'enliser dans le déficit jusqu'à ce qu'il soit irrécupérable et remplacé par des fonds de pension privés pour les plus riches).

De l'autre camp, donc, celui des syndicats, il est difficile de reprendre immédiatement le dialogue avec le gouvernement (alors qu'ils en meurent d'envie et qu'ils ont mille sujets à proposer). Le chantier sur le travail est une tentative récurrente du Président de la République pour calmer le jeu et ramener le dialogue social. Il n'est pas sûr qu'il y arrivera cette année, mais les syndicats devront bien s'y résoudre lorsqu'il n'y aura plus de mobilisation sur les retraites.

Si une allocution présidentielle était nécessaire à ce moment de l'histoire, il aurait fallu qu'elle proposât quelque chose. Or, ce n'a pas été le cas. Il n'a rien dit de nouveau par rapport à sa prestation télévisée du 22 mars 2023. Emmanuel Macron a montré qu'il était en manque d'inspiration. Il n'a pas su réinventer la vie politique comme il l'avait fait avec les grands débats. Il n'a fait que répéter ses trois chantiers importants (travail, éducation, santé, pour résumer les choses), sans apporter d'innovation majeure, sans avancer plus de solutions concrètes, et ce flottement se ressent finalement depuis le premier jour de sa réélection, le 24 avril 2022. Si ce flottement s'éternisait, on pourrait lui reprocher d'être devenu, suprême insulte !, un Président fainéant... comme tous les Présidents qui ont fait un second mandat, excepté De Gaulle !

Par ailleurs, en évoquant la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont il a visité le chantier le 14 avril 2023, non seulement Emmanuel Macron a fait du hors sujet (les Français ne l'attendaient pas sur cette question !), mais il a fait preuve également d'une certaine arrogance en revendiquant qu'il avait raison avant les autres.

Citons-le : « Je me rappelle, il y a quatre ans, presque jour pour jour, je m'exprimais sous cette forme, devant vous, Notre-Dame de Paris venait de brûler. Et je vous disais dès le lendemain que nous rebâtirions en cinq ans. Que n'avais-je alors entendu ? Et tous les commentateurs nous ont dit : impossible ! Pourquoi ce cap ? Intenable. Eh bien, nous allons le faire. Nous allons le faire parce qu'une décision a été prise, mais surtout, parce qu'il y a eu la volonté de chaque jour et la mobilisation de tous, parce qu'il y a eu des milliers de femmes et d'hommes partout à travers le pays pour œuvrer ensemble et rebâtir. ».

Évidemment, l'idée était d'amener les Français à faire le parallèle avec ses chantiers (qui pourraient se comparer aux douze travaux d'Hercule de Michel Rocard) : « Eh bien, il doit en être de même pour les grands chantiers de la Nation. C'est pourquoi je sollicite toutes les forces d'action et de bonne volonté, nos maires, élus, forces politiques, syndicats, tous ensemble, je compte mieux les associer en relançant dès le mois de mai des coalitions et alliances nouvelles, sur les bases solides du Conseil national de la refondation, au plus près du terrain. Et chacun d'entre vous avez un rôle à jouer. Il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie, plus de liberté d'action, d'expérimentation, de pouvoir d'initiative, à l'échelle de nos vies. Oui, c'est cet élan national auquel je crois, et ces trois chantiers prioritaires constituent la feuille de route du gouvernement que la Première Ministre détaillera dès la semaine prochaine. Ces trois chantiers doivent nous rassembler, rassembler les principaux responsables de la Nation, et je m'y impliquerai. Et le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan. » (Est venu ensuite le laïus sur les cent jours).

Au-delà de mettre une pression monstre de trois mois (il a encore quatre ans), le problème est triple. Le premier, c'est que le Président fait appel aux corps intermédiaires qu'il a souvent malmenés et la phrase « je compte mieux les associer » pourrait ne pas les convaincre ! Le deuxième problème, c'est cet ectoplasme institutionnel qu'est le Conseil national de refondation qui est tout et n'importe quoi mais certainement pas ce qui devrait être le lieu vivant de la démocratie, qui doit rester le Parlement (parler de « bases solides », c'est la méthode Coué !). Enfin, le troisième problème, éminemment politique, c'est : « relancer des coalitions et alliances nouvelles » : Emmanuel Macron ne peut pas former de plus grande coalition que l'actuelle majorité gouvernementale parce que les autres partis politique s'y refusent.

Alors, que va-t-il se passer ? Emmanuel Macron, dès le lendemain de son allocution, a dû remettre à la fin d'année les conclusions sur le travail qu'il voulait définir dès le 14 juillet. Il y a aussi cette impression d'avoir remis au 14 juillet cette impossible allocution du 17 avril en espérant que d'ici à cette date, il aura trouvé une idée géniale pour rénover la vie politique.

Je reste assez vieux jeu et considère que lorsqu'il y a un accident politique (et l'examen de la réforme des retraites au Parlement en est un, car il a profondément traumatisé certains acteurs de la vie politique, au point de rendre révolutionnaire jusqu'à ce petit groupe centriste LIOT !), il faut pouvoir se dégager et tourner la page.

Il n'y a pas trente-six outils : la démission du gouvernement, mais pourquoi ? Élisabeth Borne n'a pas démérité dans cette "séquence" et la renvoyer serait profondément injuste (et inutile politiquement, le problème resterait entier) ; la dissolution de l'Assemblée Nationale (mais le macronisme est-il suicidaire ? je ne le pense pas) ; enfin, le référendum : pas sur la réforme des retraites, mais soumettre au référendum un projet qui pourrait cliver un pays très partagé sur la question, me paraîtrait la meilleure solution, il suffit juste ...de trouver la bonne question ! Repenser le financement des collectivités territoriales me semble le sujet sensible qui permettrait de mettre à plat à la fois notre consentement à l'impôt et la confiance que les habitants auraient de leurs élus locaux. Mais c'est peut-être un peu trop ambitieux...



Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (19 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Objectifs à cours terne !
Allocution du Président Emmanuel Macron le 17 avril 2023 (texte intégral et vidéo).

Réforme des retraites : feu vert (sans surprise) du Conseil Constitutionnel.
Grève des éboueurs à Paris.
Renouveau à la CGT.
Laurence Rossignol.
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
Aurore Bergé fustige les oppositions (20 mars 2023).

Le maître des horloges et sa montre.
Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.

Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020

_yartiMacron2023041703





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230417-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/objectifs-a-cours-terne-247958

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/04/15/39880047.html






 

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17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 19:26

(verbatim et vidéo)


Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230417-macron.html






ALLOCUTION D'EMMANUEL MACRON

 

Allocution du Président de la République

Françaises,
Français,
Mes chers compatriotes,

Comme vous le savez, ce vendredi 14 avril, le Conseil constitutionnel a validé pour l’essentiel la loi sur nos retraites, et je l’ai donc logiquement promulguée. Les évolutions prévues par cette loi entreront en vigueur progressivement à partir de cet automne.

Adoptés conformément à ce que prévoit notre Constitution, ces changements étaient nécessaires, pour garantir la retraite de chacun et pour produire plus de richesses pour notre nation. Car en effet alors que le nombre de retraités augmente, que notre espérance de vie s’allonge, la réponse ne pouvait pas être de baisser les pensions, elle ne pouvait pas être non plus d’augmenter les cotisations de ceux qui travaillent, elle ne pouvait pas être comme je l’ai beaucoup entendu, de ne rien faire, car c’était lors laisser les déficits s’accumuler et notre dette augmenter pour les générations futures.

Ces changements sont nécessaires et constituent un effort, c’est vrai. Mais, il est accompagné de mesures de justice, d’améliorations concrètes pour ceux qui ont eu des carrières longues, exercé les métiers les plus durs, ou qui perçoivent des petites retraites.

Travailler tous progressivement un peu plus, comme l’ont d’ailleurs fait tous nos voisins européens, c’est aussi produire plus de richesses pour notre pays tout entier. C’est ce qui nous permet d’être plus forts, d’investir pour notre quotidien et pour notre avenir. Nous en avons besoin.

Pour autant, cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non. Et Malgré les mois de concertations, un consensus n’a pas pu être trouvé. Je le regrette. Nous devons en tirer tous les enseignements.

J’ai entendu dans les manifestations une opposition à la réforme des retraites mais aussi une volonté de retrouver du sens dans son travail, d’en améliorer les conditions, d’avoir des carrières qui permettent de progresser dans la vie.

Plus généralement, c’est une colère qui s’est exprimé, une colère, face à un travail qui, pour trop de Français, ne permet plus de bien vivre, face à des prix qui montent, du plein, des courses, de la cantine. Car malgré une mobilisation de l’État inédite en Europe, l’augmentation des prix pèse sur nos vies quotidiennes.

Cette colère c’est aussi une colère parce que certains ont le sentiment de faire leur part, mais sans être récompensés de leurs efforts, ni en aides ni en services publics efficaces.

C’est toute cette colère que de très nombreux Français ont exprimée en manifestant, et pour l’immense majorité, dans le calme et le respect de nos institutions. Personne et surtout pas moi ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique en particulier exprimée par notre jeunesse.

La réponse ne peut être ni dans l’immobilisme ni dans l’extrémisme. Face à ces colères, à ce sentiment de déclassement et d’abandon, nous devons agir ensemble, au-delà des clivages, comme j’ai toujours cherché à le faire au service d’un cap clair : celui de notre indépendance et de la justice. Oui notre indépendance, d’abord, pour la France et pour l’Europe. Nous sommes un peuple qui entend maîtriser et choisir son destin. Nous ne voulons pas dépendre de qui que ce soit : ni des forces de la spéculation, ni des puissances étrangères, ni d’autres volontés que la nôtre. Et nous avons raison. Mais l’indépendance ne se décrète pas. Elle se bâtit par des ambitions, des efforts, au niveau national et européen, sur le plan du savoir, de la recherche, de l’attractivité, de la technologie, de l’industrie, de la défense. Et elle se finance collectivement par le travail.  Cette indépendance française et européenne est justement celle qui nous permettra d’obtenir plus de justice : que chacun récolte davantage de tous ses efforts, que les inégalités de départ soient mieux corrigées, que les vies soient moins empêchées, que les plus démunis soient davantage aidés.

C’est là le grand projet que je porte devant vous et avec vous : reconstruire et retrouver l’élan de notre nation. Ne rien céder aux divisions et au contraire, tenir ce cap pour notre indépendance au service de cette idée de justice si française, et ouvrir ou reprendre pour cela trois grands chantiers.  

D’abord, le chantier du travail. Face au chômage, nous avons des résultats inédits et indiscutables. C’est le fruit des transformations de ces dernières années et de nos efforts à tous. Oui, nous avons créé en 6 ans, un million sept cent mille emplois pour notre pays. Après le succès de l’apprentissage pour nos jeunes, je veux désormais engager la réforme du lycée professionnel pour que le plus grand nombre de nos adolescents et de nos jeunes accèdent soit à des formations vraiment qualifiantes soit à l’emploi. Nous redoublerons aussi d’efforts pour ramener vers le travail le plus de bénéficiaires du revenu de solidarité active en les accompagnant mieux, de manière très concrète dans leurs vies.

Le travail doit aussi mieux payer. En six ans, nous avons décidé des hausses conséquentes du salaire minimum ou de la prime d’activité. Mais face à la situation que je viens de décrire, aux colères que je viens de rappeler, nous devons agir de manière plus vigoureuse. C’est pourquoi j’ai proposé de recevoir dès demain les organisations patronales et syndicales dès demain matin pour celles qui y sont prêtes et la porte sera toujours ouverte. Cela, afin d’ouvrir sans aucune limite, sans aucun tabou une série de négociations sur des sujets essentiels : améliorer les revenus des salariés, faire progresser les carrières, mieux partager la richesse, améliorer les conditions de travail, trouver des solutions à l’usure professionnelle, accroître l’emploi des seniors et aider aux reconversions. Ce nouveau pacte de la vie au travail sera construit dans les semaines et les mois qui viennent, par le dialogue social, et les accords très concrets au niveau national mais aussi au plus près du terrain que les organisations syndicales et patronales sauront trouver.

Plus largement, c’est par la réindustrialisation que nous retrouverons notre force et que nous créerons des emplois mieux payés. Là aussi nous avons des résultats tangibles, inédits. En France, dans des vallées et des cantons, des usines ouvrent à nouveau, 200 depuis deux ans ; là où notre pays s’était habitué à la désindustrialisation, nous recréons de l’emploi industriel et nous sommes devenus le pays le plus attractif en Europe pour les investissements ; notre nouvelle économie, plus verte, respectueuse de nos terres et de nos paysages, n’est pas un rêve, mais une réalité, qui nous permet de créer des emplois et de tenir nos engagements pour le climat. Grâce à la planification écologique qui sera dévoilée d’ici l’été, nous irons vers un nouveau modèle productif et écologique, dans l’agriculture, le bâtiment, l’économie circulaire, les transports, l’énergie et les technologies. Un cadre aussi, avec lequel nous serons mieux parés face aux événements climatiques, comme la sécheresse estivale.

Le Deuxième chantier est celui de la justice et de l’ordre républicain et démocratique. L’État de droit est notre socle. Il n’y a pas de liberté sans lois, ni sans sanctions envers ceux qui transgressent le droit des autres. Dans ce but, nous continuerons à recruter plus de 10 000 magistrats et agents, continuerons d’améliorer le fonctionnement de notre justice et nous sommes en train de créer 200 brigades de gendarmerie dans nos campagnes. Lutter contre toutes les formes de délinquance, contre toutes les fraudes, qu’elles soient sociales ou fiscales, sera aussi au cœur de l’action du gouvernement, avec des annonces fortes dès le début du mois de mai.

Nous renforcerons, aussi, le contrôle de l’immigration illégale tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays.

Rénover l’ordre républicain et démocratique signifie également que nous devons lutter contre le sentiment persistant que voter ne serait plus décider. Je proposerai à cet égard en lien avec la Présidente de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, le Président du Conseil économique, social et environnemental, des grandes pistes pour que le fonctionnement de nos institutions gagne en efficacité mais aussi en participation citoyenne, comme nous venons d’ailleurs de le faire avec la convention citoyenne sur la fin de vie.

Le Troisième chantier enfin, est celui du progrès, progrès pour mieux vivre. Je veux que chacun d’entre vous retrouve la certitude que nos enfants pourront bâtir une vie meilleure. Et ce sont nos services publics qui devront porter cette espérance, de la petite enfance au grand âge.

Dès lors, l’Éducation nationale doit renouer avec l’ambition d’être l’une des meilleures d’Europe. Dès la rentrée, notre école va changer à vue d’œil : pour les enseignants, qui seront mieux rémunérés, pour les élèves, qui seront davantage accompagnés en français et en mathématiques, pour leurs devoirs, et pratiqueront plus de sport à l’école, pour les parents qui verront le remplacement systématique des enseignants absents.

Notre système de santé sera aussi profondément rebâti. Depuis six ans, 11 millions de Françaises et Français ont pu bénéficier du reste-à-charge zéro pour leurs lunettes, leurs appareils auditifs ou leurs prothèses dentaires. Nous avons mis fin au numerus clausus et nous avons massivement investi dans notre hôpital. Mais il faut des résultats concrets à court-terme. D’ici la fin de l’année, 600 000 patients atteints de maladie chronique qui n’ont pas de médecin traitant en disposeront. Et d’ici la fin de l’année prochaine, nous devrons avoir désengorgé tous nos services d’urgence.

Et pour les quelques 10 millions d’entre vous qui vivez dans les quartiers les plus défavorisés, dans les zones rurales les plus en difficulté, dans nos territoires d’outre-mer, nous trouverons là encore des solutions concrètes pour améliorer la vie quotidienne.    

Mes chers compatriotes,
Ensemble, nous avons fait face à l’épidémie, à de nombreuses crises depuis 6 ans, à tant de périls. A chaque fois j’ai cherché à libérer les énergies, à protéger les plus faibles, à tenir l’unité du pays, avec le seul intérêt de la nation comme guide.

C’est le même esprit de responsabilité qui doit nous animer, au moment où nous avons à relever sans attendre les défis du changement climatique, du vieillissement, des désordre géopolitiques, de révolutions technologiques comme l’intelligence artificielle ou les algorithmes.

Je me rappelle il y a quatre ans, presque jour pour jour, je m’exprimais sous cette forme devant vous. Notre-Dame de Paris venait de bruler. Je vous disais dès le lendemain que nous rebâtirions en 5 ans. Que n’avais-je alors entendu ? Tous les commentateurs nous ont dit impossible, pourquoi ce cap intenable ? Eh bien, nous allons le faire, nous allons le faire parce qu’une décision a été prise mais parce qu’il y a eu la volonté de chaque jour et la mobilisation de tous, parce qu’il y a eu des milliers de femmes et hommes partout à travers le pays pour œuvrer ensemble et rebâtir. Il doit en être de même pour les grands chantiers de la nation.

C’est pourquoi, je sollicite toutes les forces d’action et de bonne volonté. Nos maires, nos élus, nos forces politiques, nos syndicats, tous ensemble. Je compte mieux les associer, en relançant dès le mois de mai des coalitions et alliances nouvelles, sur les bases solides du Conseil National de la Refondation, au plus près du terrain. Chacun d’entre vous avez un rôle à jouer. Il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie, plus de liberté d’action, d’expérimentations, de pouvoir d’initiatives, à l’échelle de nos vies.

Oui, c’est cet élan national auquel je crois et ces trois chantiers prioritaires constituent la feuille de route du gouvernement que la Première ministre détaillera dès la semaine prochaine. Ces 3 chantiers doivent nous rassembler, rassembler les principaux responsables de la nation et je m’y impliquerai. Le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan. Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambitions et d’actions au service de la France.

C’est notre devoir.
Je vous fais confiance et je nous fais confiance pour y arriver.

Vive la République,
Vive la France.

Emmanuel Macron, le lundi 17 avril 2023 à Paris.


Source : elysee.fr

https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230417-allocution-macron.html

 

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 05:54

« Je ne lirai rien ce jour-là ! » (Brigitte Macron en janvier 2023).



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C'est décidé depuis longtemps, ce jeudi 13 avril 2023, Brigitte Macron ne lira aucun journal ni magazine ! Elle a pris la décision depuis un certain temps. La raison ? Elle fête son 70e anniversaire et elle anticipe déjà tous les commentaires, plus ou moins désagréables, qui vont être faits à cette occasion.

Cette femme qui tente d'interrompre le mieux possible les effets du vieillissement aura du mal à se dire septuagénaire, et elle a bien raison, l'âge, c'est plus le cœur que les artères. Du sport quotidien, une alimentation soignée, une hygiène de vie rigoureuse pour se permettre de vivre une vie complètement folle.

Car c'est bien ça, une vie folle que vit l'épouse d'un Président de la République, ce qu'elle est depuis près de six ans. D'autant plus quand le Président est jeune, dynamique, sans arrêt dans le mouvement et dans la surprise. Ce couple a toujours assumé la différence d'âge. Vingt-quatre ans. Elle peut être étonnante, mais pourquoi pas ? Les chemins de l'amour sont divers et variés. Et puis, pourquoi serait-ce plus normal quand la différence d'âge est dans l'autre sens, un vieux schnoque avec une jeune donzelle ? Cette normalité-là a un nom, juste du sexisme.

Brigitte Macron n'hésite pas d'ailleurs à en plaisanter parfois, comme en novembre 2021 où elle disait au journal "Le Monde" : « Les Français auraient sans doute préféré une première dame plus jeune... ». Ou encore lors de son déplacement le 15 mars 2022 dans une école d'Épinay-sur-Seine où elle accompagnait le (encore) Ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.

Cette date était dans un contexte doublement particulier : Emmanuel Macron venait d'annoncer, très tardivement, sa candidature à sa réélection, et aussi, plus grave, la Russie venait de tenter d'envahir l'Ukraine, mettant toutes les chancelleries en alerte permanente. Alors, certes, la première dame a repris les éléments de langage habituels concernant son mari : « Il sera Président jusqu'au bout et après, on verra. Il est nuit et jour à la tâche. ». Mais elle a quand même glissé un petit clin d'œil : « C'est qu'il vieillit plus vite que prévu. Il est en train de me rattraper ! ».

À mon avis, son premier Premier Ministre, Édouard Philippe, semble allait encore plus vite dans le vieillissement (Matignon est épuisant !), mais celui-ci "triche" aussi, il ne réagit pas normalement (lui aussi assume très bien cette particularité pour en finir avec les interrogations journalistiques).

La nouvelle septuagénaire est en tout cas très à l'aise dans sa fonction de première dame. Elle aime l'Élysée et elle anime l'Élysée, comme sa prédécesseure Bernadette Chirac et surtout, cette fonction a commencé à avoir un petit statut minimal. Il faut dire que sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, l'un avec deux épouses, un divorce, un célibat, l'autre avec un célibat permanent mais des compagnes plus ou mois officielles, plus ou moins officieuses, les conjointes du chef de l'État avaient un statut très difficile à imaginer pour le protocole, et au mieux, pour Carla Bruni et pour Julie Gayet, la règle était plutôt à la discrétion absolue.

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Conformément à un engagement pris pendant sa première campagne présidentielle, Emmanuel Macron, une fois élu, a proposé à l'Élysée une "Charte de transparence relative au statut du conjoint du chef de l'État". Les mots sont très réfléchis car l'idée est d'en faire une charte durable, valable également pour ses successeurs.

Elle a été publiée le 21 août 2017 sur le site de l'Élysée mais n'a rien d'officiel ni de contraignant, ce n'est ni une loi, ni un décret, seulement un texte qui permet d'essayer de rationaliser l'activité de la première dame qui n'existe pourtant pas dans les institutions de la République mais qui suscite pourtant beaucoup d'attente et qui doit répondre à de nombreuses sollicitations (ne serait-ce que pour lire et répondre à ses nombreux courriers, plus de cent courriers postaux par jour, plus les emails ; un courrier sur dix adressés à l'Élysée est destinée à Brigitte Macron).

La présentation du texte précise d'ailleurs : « Les missions de Madame Macron définies dans ce texte sont exercées au sein de la Présidence de la République et aux côtés du Président de la République. L’épouse du chef de l’État n’est pas rémunérée et ne dispose ni d’un budget propre, ni d’un cabinet autonome : les deux collaborateurs mis à disposition de l’épouse du Président de la République font partie intégrante du cabinet du chef de l’État. ».

Ces deux collaborateurs prennent la fonction de directeur de cabinet et de chef de cabinet de Brigitte Macron qui dispose aussi d'un secrétariat et d'une protection. Tout reste d'ailleurs transparent : « Les coûts de fonctionnement associés au conjoint du chef de l’État feront l’objet d’une présentation transparente dans la comptabilité analytique de l’Élysée, soumise au contrôle de la Cour des Comptes qui en rendra compte publiquement par un rapport spécifique. ». En 2018 (la première année de ce fonctionnement), c'était évalué à 440 000 euros, soit moins que pour les précédentes premières dames.

La charte précise surtout les missions de la première dame : « Le conjoint du Président de la République exerce, en vertu tant de la tradition républicaine que de la pratique diplomatique, un rôle de représentation, de patronage et d’accompagnement du chef de l’État dans ses missions. ».

Au-delà d'accompagner son mari dans les réceptions ou voyages officiels, de répondre aux Français qui voudraient la rencontrer ou communiquer avec elle, elle a aussi un rôle auprès des « acteurs de la société civile dans les domaines du handicap, de l’éducation, de la santé, de la culture, de la protection de l’enfance ou encore de l’égalité homme-femme ». Avec un objectif qui n'est pas anodin : « À ce titre, elle est amenée à soutenir les initiatives publiques ou privées qui permettent à la société française d’être plus inclusive face aux différences. ».

Brigitte Macron, comme les précédentes premières dames, est aussi à la tête de certaines institutions : ainsi, le 12 juin 2019, elle a pris la présidence de la Fondation des Hôpitaux (opération pièces jaunes) succédant à Bernadette Chirac. En avril de la même année, celle qui avait enseigné le français aux enfants de Bernard Arnault est devenue également la présidente de l'Institut des vocations pour l'emploi, émanation de LVMH, qui finance des centres de formation pour les jeunes demandeurs d'emploi. Dans ses prises de positions, Brigitte Macron a aussi soutenu les témoignages de femmes victimes de harcèlement ou d'agression sexuels, se disant solidaire de leur courage d'en parler.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (10 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le panda chouchouté.
Brigitte Macron.
Anne-Aymone Giscard d'Estaing.
Carla Bruni.
Ségolène Royal.
Valérie Trierweiler.
"Merci pour le moment".
Julie Gayet.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230413-brigitte-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/brigitte-macron-reine-de-france-247624

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/04/10/39873995.html







 

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1 avril 2023 6 01 /04 /avril /2023 09:30

« Que devais-je faire ? Fuir mes responsabilités ou relever courageusement le défi qu'a bien voulu me faire l'honneur de lancer monsieur le Président de la République ? » (François Asselineau, sur France Inter ce samedi matin).



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Eh oui, depuis quelque temps, celui des crises de toutes sortes, il y a des informations telles, dans le flot de l'actualité, qu'on voudrait se pincer pour savoir si on rêve (voire cauchemarde) ou si c'est bien la réalité vraie. Il y a tout un tas d'exemples dans l'actualité très récente, à commencer par Vladimir Poutine prêt à construire un axe militaire nucléaire offensif entre la Russie et la Chine pour partir en guerre contre un supposé Occident qui menacerait la paix sur Terre. Info ou intox ? Je n'oserais jamais parier sur le bluff.

Alors, évidemment, quand j'ai appris que l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2017 et président fondateur du microscrupule parti UPR François Asselineau venait d'être nommé ministre, j'ai aussi cru à cette seconde réalité, cette quatrième dimension, cette réalité virtuelle qui m'aurait frappé le cerveau en plus des rétines. Car cette nomination paraissait tellement surréaliste et improbable.

Revenons aux faits d'abord. Vendredi 31 mars 2023 en début de soirée (mais après les journaux télévisés), le Secrétaire Général de l'Élysée Alexis Kohler a annoncé un micro-remaniement avec la nomination de François Asselineau comme Ministre délégué auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention (François Braun) chargé des déserts médicaux. Il remplace Agnès Firmin-Le Bodo, qui était chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé et qui est désormais chargée de la prévention des risques sanitaires auprès du même ministre.

L'arrivée de François Asselineau (65 ans) a de quoi surprendre plus d'un observateur politique. Bien que n'ayant recueilli que 0,9% des voix au premier tour de l'élection présidentielle de 2017 et n'ayant même pas réussi à se présenter à l'élection présidentielle de 2022 (il s'est toujours déclaré victime de la censure et de l'omerta de la classe politique), François Asselineau représente un courant politique qu'il prétend unique en son genre puisqu'il défend le Frexit, c'est-à-dire le retrait de la France de l'Union Européenne. C'en est même une obsession personnelle.

Tout l'éloignait donc du Président Emmanuel Macron... sauf l'ENA ! Car François Asselineau, qui souhaite être perçu comme un représentant du peuple, est d'abord un représentant de l'élite comme la plupart des responsables politiques. Énarque de l'inspection des finances et de la promotion Léonard-de-Vinci (1983-1985), il a côtoyé d'autres futurs hauts-fonctionnaires, en particulier Xavier Musca (qui fut le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à l'Élysée), Richard Descoings (le passionné directeur de l'IEP Paris), Jean-François Cirelli (le patron de BlackRock en France), et surtout, son arrivée au gouvernement n'est pas par hasard, le préfet Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du Président Emmanuel Macron à l'Élysée depuis mai 2017.

Avec une tête qui hésite entre Bernard Blier, Pierre Tchernia et Mikhaïl Gorbatchev, François Asselineau a fréquenté de nombreux cabinets de responsables de la droite, en particulier des ministres Gérard Longuet, José Rossi, Françoise de Panafieu et Hervé de Charette, entre 1993 et 1997. Ensuite, il a travaillé pendant trois ans avec Charles Pasqua, président du conseil général des Hauts-Seine. En 2004, il a été nommé à Bercy par Nicolas Sarkozy (Ministre de l'Économie et des Finances) délégué général à l'intelligence économique, chargé d'observer les effets de la mondialisation sur l'économie française. Par ailleurs, il a été élu conseiller de Paris de 2001 à 2008 sur une liste de Jean Tiberi à la mairie de Paris. Son seul mandat électoral provenait donc d'une engagement auprès d'une droite dure anti-européenne et anti-américaine, celle de Charles Pasqua et Philippe de Villiers, en tant que porte-parole du "RPF" (il a cependant rejoint le groupe UMP du conseil de Paris de 2004 à 2006).

En 2007, François Asselineau a fondé et préside toujours le tout-petit parti politique appelé Union populaire républicaine (UPR) qui prône de manière monomaniaque le Frexit. L'homme est d'ailleurs connu pour citer certains articles de la Constitution. Mais son érudition paraît superficielle et limitée à quelques articles car à l'épreuve de certains journalistes sur la Constitution pendant la campagne de 2017, il s'est avéré finalement peu grand connaisseur du texte. Son existence politique réside principalement sur Internet où il jouit d'une petite armée de trolls à sa dévotion (des mauvaises langues disent qu'il les paie). Il y tient régulièrement des conférences dont l'ennui se trouve en compétition avec la mauvaise foi.

Parmi ses dernières « trouvailles », l'article 68 de la Constitution sur les conditions pour destituer le Président de la République. Car non seulement il veut destituer la France de son rôle moteur de l'Europe, mais il veut destituer Emmanuel Macron de l'Élysée, alors qu'il se réclame du gaullisme institutionnel (et qu'il n'y a pas trop photo entre le nombre d'électeurs d'Emmanuel Macron et celui des siens).

Refusant d'être qualifié d'extrême droite et encore moins de complotisme (même si son comportement durant la pandémie de covid-19 serait à analyser), François Asselineau a surgi en notoriété pendant la campagne de l'élection présidentielle de 2017. Son charisme particulièrement faiblard (celui d'une huître, selon plusieurs camarades de promotion, et encore, c'est injuste pour les huîtres) n'a pas été très efficace pour ses idées au vu des résultats électoraux (malgré la stricte égalité des temps de paroles pendant la campagne présidentielle).

Dans l'incapacité de réunir d'autres opposants isolés, tels que Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Cheminade ou encore Florian Philippot (trois autres énarques !), il est donc resté longtemps isolé, prêchant dans le désert depuis donc une quinzaine d'années.

Alors, pourquoi donc ce revirement et surtout, ce retournement de veste alors que le sexagénaire s'est déclaré opposé à la réforme des retraites de la Première Ministre Élisabeth Borne ?

Emmanuel Macron ne le connaissait pas vraiment jusqu'à il y a quelques semaines. Dans son optique, il craint l'échéance de 2027 et il voudrait désamorcer toutes les éventualités à base de candidature anti-européenne. Son habileté majeure est la triangulation. Il l'avait acquise avec la défense de sa loi sur la libération de l'économie (loi Macron) : pour travailler avec le groupe socialiste, il a choisi un rapporteur parmi les plus à gauche, Richard Ferrand, proche de l'ancien premier secrétaire Henri Emmanuelli et des frondeurs (Richard Ferrand fut le premier député socialiste à soutenir la candidature d'Emmanuel Macron en 2016). Selon un conseiller à l'Élysée, l'idée de convaincre François Asselineau a été un véritable challenge et cela faisait des semaines qu'il y travaillait.


Du côté du fondateur de l'UPR, le retournement est encore plus étonnant même s'il peut se comprendre. En effet, sa mise en examen le 5 février 2021 pour "harcèlement moral", "harcèlement sexuel" et "agressions sexuels par personne ayant autorité" et "intimidation d'une victime" l'a complètement isolé de l'échiquier politique et sans doute a été la cause de son absence de candidature en 2022 (beaucoup de maires ont renoncé à le parrainer à cause de cela). Et pourtant, la présomption d'innocence, tant que le prévenu n'est pas jugé (ni condamné), devrait s'appliquer à tout le monde. On s'étonnera donc qu'Élisabeth Borne n'ait pas voulu reconduire dans ses fonctions ministérielles Damien Abad (qui n'est pourtant pas mis en examen et qui a été brillamment réélu dans sa circonscription) et qu'elle accepte aujourd'hui de prendre François Asselineau dans son équipe ministérielle.

Par ailleurs, des compagnons de route de François Asselineau susurrent qu'ayant atteint 65 ans, ce dernier s'est dit que c'était la dernière occasion où il pourrait agir réellement dans la vie des Français. Ainsi, François Asselineau a fait valoir à des journalistes qu'il a finalement réussi à convaincre le gouvernement de réintégrer les soignants non-vaccinés, comme il le réclamait depuis un an et demi. C'était pour lui un signal fort de bonne volonté de la part de l'Élysée.

De plus, l'homme aurait été complètement séduit par « l'aisance intellectuelle et l'érudition systématique » du Président de la République, comme avaient été emballées des personnalités aussi différentes que Philippe de Villiers, Robert Hue, Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, etc. Sur l'engagement européen d'Emmanuel Macron, François Asselineau aurait été "rassuré" de son « insincérité ». Emmanuel Macron tiendrait des discours pro-européens mais dans les faits, aucune avancée notable n'a été réalisée depuis 2017 et le credo du Président, c'est avant tout la souveraineté économique de la France : « Et cet objectif est aussi clairement le mien... » a déclaré le nouveau membre du gouvernement.

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À peine connue sa nomination au gouvernement (il aurait bataillé fermé pour avoir le titre de ministre délégué et pas secrétaire d'État), François Asselineau s'est retrouvé dans la soirée du vendredi sur le terrain en compagnie du Président de la République à la Maison de Santé de Torcy, en Seine-et-Marne (rue Charlie-Chaplin !).

Emmanuel Macron a salué l'exemple d'un tel établissement qui regroupe onze médecins généralistes, trois infirmières, deux masseurs kinésithérapeutes, deux sages-femmes, une pédicule podologue, une orthoptiste, une diététicienne et une psychologue. À partir du 3 avril 2023, la maison de santé met en place un service de télésecrétariat en plus du secrétariat actuel. Toutes ces initiatives visent à réduire les délais de prise de rendez-vous et à renforcer la proximité avec les patients.

Pour le nouveau ministre, l'idée serait de généraliser sur tous les territoires ces maisons de santé : « Ce sera un point fort de ma politique de remettre des services publics dans les zones rurales et les zones suburbaines trop souvent délaissées par l'élite parisienne. ». Pour cela, François Asselineau compte bien encourager les synergies public/privé car si l'État doit savoir impulser, il ne peut rien sans les collectivités locales (les mieux placées pour connaître les implantations et les besoins) et il ne peut rien sans les soignants libéraux qu'il convient d'attirer dans un environnement épanouissant pour exercer leur profession.

Invité de la matinale de France Inter ce samedi matin, François Asselineau s'est bien entendu épanché sur sa nomination. Que devait-il faire ? Choisir de rester l'éternel isolé de la vie politique ou agir au moins dans des projets concrets comme il l'a toujours fait lorsqu'il était haut fonctionnaire ? Son choix a été fait : séduit par la réelle et sincère volonté de l'intérêt général d'Emmanuel Macron, François Asselineau sait qu'il risque la déception, mais : « Il vaut mieux avoir tenté de bien faire que ne rien faire du tout ! J'ai saisi l'occasion de l'action, je ne le regretterai donc jamais même si je ne doute pas des difficultés, des obstacles et des embûches politiques que je rencontrerai ni des pièges qu'on me tendra. ». Nicolas Sarkozy a envoyé un message de félicitation au nouveau ministre délégué.

On peut approfondir le sujet en lisant le dossier de presse des services de l'Élysée (où est incluse la déclaration de patrimoine du ministre délégué) ainsi que réécouter l'interview matinale du ministre délégué sur France Inter.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (01er avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
François Asselineau rejoint Emmanuel Macron.
Dossier de presse sur le remaniement (et déclaration de patrimoine).
Matinale de France Inter.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230401-asselineau.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-asselineau-rejoint-247638

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22 mars 2023 3 22 /03 /mars /2023 15:55

« On n'est pas concurrencé sur le sens des responsabilités ! » (Emmanuel Macron, le 22 mars 2023 sur TF1 et France 2).




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Au surlendemain de l'adoption définitive de la réforme des retraites par le Parlement et à la veille d'une neuvième journée de mobilisation syndicale, le Président de la République Emmanuel Macron a répondu aux questions des journalistes Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier ce mercredi 22 mars 2023 en direct des journaux de 13 heures sur TF1 et France 2. Cet exercice, qui reprenait donc les méthodes traditionnelles de communication présidentielle, a duré trente-cinq minutes.

Sans surprise, le Président n'a pas annoncé le retrait de la réforme des retraites et sans surprise, les opposants ont vivement réagi contre le Président, que ce soit Marine Le Pen (avec grandiloquence un peu ridicule) ou Jean-Luc Mélenchon, et leurs sbires. On imagine d'ailleurs mal comment cela aurait pu en être autrement : quoi qu'aurait pu dire Emmanuel Macron, il n'aurait jamais été question de l'approuver, de l'applaudir ou même seulement de l'encourager. Emmanuel Macron a en tout cas tendu la main aux syndicats mais ceux-ci ne semblent pas prêt à retravailler avec lui.

Comme annoncé la veille aux parlementaires de la majorité, il ne sera donc ni question de changer de gouvernement (Élisabeth Borne garde toute la confiance de l'Élysée), ni de dissoudre l'Assemblée Nationale ni encore de lancer un référendum sur la réforme des retraites. Il s'est expliqué sur la légitimité des élus par rapport aux manifestants dans la rue, rappelant qu'il avait évoqué ce concept à propos des parlementaires menacés et parfois vandalisés par des opposants délinquants.

Il s'est aussi expliqué sur sa petite phrase de 2019 où il rejetait l'hypothèse d'un recul de l'âge légal de départ à la retraite (du reste, dans la première version de sa réforme, en 2019-2020, il a été conçu un "âge pivot" qui aurait fait office de recul de l'âge légal). En effet, à l'époque, le COR avait laissé entendre qu'il y avait encore un équilibre financier pour les pensions, et surtout, il s'était engagé, pour son premier mandat, à ne faire que le système universel de retraite à points, sans toucher à l'âge du départ.

Or, entre 2019 et 2023, il s'est passé beaucoup de choses : la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine, l'inflation... et l'élection présidentielle. Pour les deux premières crises, les aides de l'État pour éviter l'effondrement économique des entreprises a créé de la dette et la situation budgétaire de l'État est donc aujourd'hui bien moins bonne qu'auparavant (en revanche, la situation économique, avec une baisse du chômage, est une vraie réussite de son premier quinquennat : « C'est le cœur de la bataille, cette société du plein emploi. Et on est en train de la réussir collectivement. On est passé de 9% de chômage à 7% aujourd'hui. »). De plus, le COR a revu les prévisions de manière plus négative en ce qui concerne l'équilibre financier à long terme des pensions.

C'est la raison pour laquelle pendant sa campagne de réélection en 2022, il avait porté cette réforme des retraites (en allant d'ailleurs au-delà de la loi votée ; le projet originel allait jusqu'à 65 ans). Il ne prend donc pas ses électeurs en traître, je précise, ses électeurs du premier tour (au second tour, le choix réduit à un duel lui a apporté d'autres électeurs qui n'ont pas choisi son programme). Je rappelle qu'au premier tour, le 10 avril 2022, il a atteint 28% des suffrages avec une participation tout à fait convenable (74%). Cette élection présidentielle lui a redonné une légitimité que seuls les ennemis réels de la démocratie refuse de reconnaître (il se situe là, le déni de démocratie).

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Cela explique cette petite phrase de conclusion : « Mais je ne vis pas de regret. Moi, je vis de volonté, de ténacité, d'engagement, parce que j'aime notre pays, nos compatriotes. Et donc je suis à l'œuvre pour pouvoir faire ce qu'on doit faire. ». Après avoir rappelé cette évidence, son sens des responsabilités : « Moi je ne cherche pas à être réélu, je ne le peux pas constitutionnellement. Mais entre les sondages et le court terme, et l'intérêt général du pays, je choisis l'intérêt général du pays. Et s'il faut derrière endosser l'impopularité, je l'endosserai. ».

Il a ainsi justifié sa ténacité pour maintenir la réforme des retraites, adoptée après 175 heures de débats parlementaires, qui est le moyen de ne pas faire porter aux générations futures le coût des pensions d'aujourd'hui (que ce soit par la dette, etc.) : « Cette réforme, elle est nécessaire. Et je le dis aux Français, ça ne me fait pas plaisir. J'aurais voulu ne pas la faire. (…) Quand je suis rentré dans la vie active. Il y avait 10 millions de retraités, il y en a aujourd'hui 17 millions. Dans les années 2030, il y en aura 20 millions. ».

Quant aux propositions de l'opposition, il faudrait revenir sur terre : « On doit investir dans nos services publics, notre école, notre santé. On ne peut pas prendre cet argent pour le mettre sur les retraites. Alors la formule magique qui est implicitement le projet de toutes les oppositions et de tous ceux qui s'opposent à cette réforme, c'est le déficit. Le déficit, ça veut dire de fait que vous choisissez de faire payer vos enfants. ».

Alors, oui, Emmanuel Macron a fait la différence entre les légitimités, la sienne qui est celle d'avoir été réélu en 2022 avec une majorité élue, certes relative mais aucune autre majorité alternative n'est possible, cela a été démontré le 20 mars 2023 ; celle des syndicats, celle des manifestants qui défilent dans l'ordre et le respect... et l'illégitimité des casseurs, de ceux qui mettent le feu aux poubelles, qui vandalisent les mobiliers urbains, les permanences d'élus, qui font pression sur les élus : « Nous sommes une grande nation et un vieux peuple, qui se dote de responsables qui ont une légitimité politique. Président de la République, parlementaires : ils sont élus par lui. (...) Les syndicats ont une légitimité. Quand ils défilent, qu'ils manifestent, ils sont en opposition à cette réforme. Je les respecte. ».

Il a même fait une allusion à l'invasion du Capitole le 6 janvier 2021 à Washington et celle des palais nationaux au Brésil le 8 janvier 2023 par des insurgés. Il a promis d'être ferme contre les casseurs : « On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions (…). On ne tolérera aucun débordement. ».

Ce qui ne plaît sans doute pas aux oppositions, c'est qu'Emmanuel Macron ne reste pas les bras croisés attendant, le dos rond, que la crise sociale s'estompe avec le processus législatif. Il a très bien compris le malaise social qu'a provoqué la réforme des retraites et ce malaise n'est pas simplement en rapport avec la retraite mais surtout en rapport avec le travail.

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Ainsi, le Président de la République a tenu à montrer le cap après avoir analysé la situation actuelle. L'action de son gouvernement pour les mois et années à venir sera axée autour de trois grands enjeux.

Le premier enjeu est la réindustrialisation de la France à horizon 2030, avec l'objectif du plein emploi. Dans ce chapitre, il souhaite faire une grande loi sur le travail avec plusieurs points, en particulier traiter de la pénibilité du travail, des carrières (en particulier, de la fin de carrière, qu'on puisse avoir un autre emploi moins fatigant ou un emploi mieux rémunéré), etc. Emmanuel Macron a fait remarquer que si la France est le pays qui a le salaire minimum le plus élevé des pays européens, il est aussi celui qui a un salaire médian le plus proche du salaire minimum, il y a trop peu de progression des rémunérations dans les carrières. Il veut aussi réformer le revenu de solidarité active (RSA) pour encourager le retour à l'emploi.

Il n'a pas exclu non plus de faire contribuer les grandes entreprises qui ont obtenu des bénéfices élevés : « Je vais demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle pour que cet argent, quand il y a des profits exceptionnels, des entreprises qui sont prêtes à racheter leurs propres actions, leurs travailleurs puissent en profiter. ».

Le deuxième enjeu est l'ordre républicain avec trois sous-enjeux : renforcer la gendarmerie de 200 brigades supplémentaires pour avoir une meilleure présence ; recruter plus de juges et de greffiers pour que la justice se fasse plus rapidement ; faire voter la loi de programmation militaire afin de préparer la France à toutes les éventualités de conflit (on a vu avec l'Ukraine que le risque est réel).

Sauf erreur de ma part, je n'y ai pas entendu dans cet enjeu le projet de loi sur l'immigration dont il a accepté de retarder l'examen au Sénat de quelques mois pour mieux la faire mûrir (François Bayrou a déclaré avant l'intervention du chef de l'État : « Ce n'est pas le moment de mettre sur la table des textes qui sont inflammatoires. »). Sur l'immigration, Emmanuel Macron a juste indiqué qu'il faudrait réajuster le texte : « Maintenant, nous n'avons pas le droit pour notre pays à l'arrêt ou à l'immobilisme. ».

Le troisième et dernier enjeu est le progrès, mieux vivre, avec aussi trois sous-enjeux : l'école (et le collège), avec l'objectif de pouvoir remplacer immédiatement (du jour au lendemain) un enseignant absent ; la santé, avec l'objectif d'attribuer un médecin traitant aux 600 000 personnes qui sont soit âgées soit atteintes d'une affection de longue durée, habitant dans un désert médical ; enfin, l'écologie, en particulier un plan pour l'eau, dans les forêt, dans l'océan, dans les transports, avec une méthode, une réflexion de fond du CNR et des engagements territoriaux, donner des réponses concrètes aux élus locaux.

Pour ce programme, Emmanuel Macron a demandé à Élisabeth Borne d'élaborer un calendrier législatif et d'élargir si possible sa majorité, même si cela reste un vain mot puisque aucune des oppositions ne semblent prêtes à cohabiter avec la majorité présidentielle (d'autant plus que la plupart des députés LR ont été élus souvent contre un candidat macroniste) : « Dans ce contexte-là, le mandat que je lui ai donné, c'est de continuer à élargir cette majorité autant qu'elle le pourra avec les femmes et les hommes de bonne volonté qui, de droite et de gauche, ou du côté de l'écologie, sont prêts à s'engager sur les priorités que j'ai fixées. ».

Le président de LR Éric Ciotti n'a en tout cas aucune intention d'aider le Président de la République pour formaliser clairement un contrat de gouvernement entre Emmanuel Macron et LR. La chance du Président de la République, c'est d'avoir réformé les retraites en début de quinquennat. Il risque néanmoins de devenir législativement impuissant pour la suite.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (22 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.

Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.
Aurore Bergé.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230322-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-j-assume-ce-moment-247475

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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 19:57

« Face aux extrêmes, face aux alliances de circonstance qu'on a vu fleurir ces derniers jours, face aux opportunismes de tout bord, face au cynisme qui peut trop souvent exister ici, oui, la réponse, encore et toujours, elle est dans le dépassement et elle est dans le rassemblement. Les Français nous ont élus. Les Français nous ont choisis. Les Français sont prêts au dépassement et au rassemblement. La majorité y est prête. Que celles et ceux qui sont de bonne volonté s'engagent avec nous ! » (Aurore Bergé, le 20 mars 2023 dans l'hémicycle).




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La motion de censure soutenue par LIOT et toute la gauche a donc échoué à rassembler une majorité absolue de députés ce lundi 20 mars 2023. En effet, seulement 278 députés l'ont votée, ce qui était insuffisant pour renverser le gouvernement, il fallait 287 voix. Il a manqué 9 députés à convaincre. La réforme des retraites est donc définitivement adoptée par le Parlement. La dernière étape avant promulgation sera la probable saisine du Conseil Constitutionnel et surtout, la publication de son avis, qui pourrait invalider certaines dispositions considérées comme des "cavaliers législatifs" (c'est-à-dire, ici, qui ne seraient pas considérées comme faisant partie d'une loi de financement de la sécurité sociale).

Autant le dire, si la motion de censure a été rejetée, elle a quand même rassemblé énormément de députés. De toutes interventions avant le vote des deux motions de censure (la seconde, soutenue par le RN, avait peu de chance de faire un meilleur score que la première), celle de la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé a été particulièrement percutante (sans notes) pour fustiger toutes les oppositions et notamment celui qui a soutenu la première motion de censure, à savoir le centriste Charles de Courson, député depuis sept mandats (depuis 1993) et qui sans cesse s'est spécialisé dans la rigueur budgétaire, mais aujourd'hui soutient une motion de censure pour empêcher le rééquilibrage financier de notre système de retraite par répartition. Je reviendrai sur son intervention ultérieurement.

Cet équilibre financier est essentiel à long terme, c'est un simple question de démographie si on veut continuer la solidarité entre les générations (les actifs payant les pensions des plus âgés). C'est un impératif en faveur des plus pauvres, car les plus riches se moquent bien de la retraite par répartition, ils ont un patrimoine qui les fera vivre jusqu'à leur fin de vie et si le système par répartition explosait, ils pourraient s'en passer, ce qui ne serait pas le cas des personnes qui n'ont pas eu la possibilité, pendant leur carrière professionnelle, car rémunérées trop faiblement, d'épargner pour leur retraite future.

La première motion de censure a recueilli 278 voix (scrutin n°1240 annoncé le 20 mars 2023 peu avant 19 heures) dont la totalité des groupes de la Nupes et du RN, ainsi que 18 députés LIOT sur 20 (dont Charles de Courson, Jean-Luc Warsmann, Bertrand Pancher et Olivier Serva), 4 non-inscrits sur 5 (dont Nicolas Dupont-Aignan, David Habib et Adrien Quatennens qui a pu s'exprimer en tant que non-inscrit), et surtout, 19 députés LR sur 61 (dont Pierre Cordier, Fabien Di Filippo, Julien Dive, Pierre-Henri Dumont, Maxime Minot, Aurélien Pradié, Raphaël Schellenberger, Jean-Pierre Vigier).

La seconde motion de censure du RN a recueilli seulement 94 voix (scrutin n°1241) : les 88 RN, 3 LR (Maxime Minot, Fabien Di Filippo et Pierre Cordier), PS (Christian Baptiste) et 2 non-inscrits (dont Nicolas Dupont-Aignan).

La conclusion de Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l'Assemblée Nationale, était donc logique : « Aucune des deux motions de censure déposées n’ayant été adoptée, le projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023, compte tenu du texte de la commission mixte paritaire modifié par l’amendement déposé par le gouvernement, est considéré comme adopté. ».

Dans le passé, des motions de censure ont raté l'adoption avec un écart encore plus faible que 9 voix. Cependant, la seule motion de censure qui a été adoptée sous la Cinquième République, c'est la motion de censure défendue le 5 octobre 1962 par un ancien Président du Conseil, le républicain indépendant Paul Reynaud, qui avait rassemblé "l'ancien monde" (celui de la Quatrième République voire la Troisième République), de droite ou de gauche, contre le projet de faire élire le Président de la République par l'ensemble du peuple français.

Quand De Gaulle a dissous l'Assemblée en octobre 1962, aucun gaulliste n'imaginait rester au pouvoir, ils pensaient être balayés électoralement par cette conjuration des oppositions... et finalement, ils sont restés au pouvoir encore pendant douze ans ! Quant à la dissolution de mai 1968, en pleine révolution étudiante, là encore le pouvoir gaulliste a obtenu une très large majorité, loin des prévisions apocalyptiques.

On pourra toujours gloser sur un supposé déni de démocratie : ceux des députés qui remettent en cause les institutions (ratifiées par le peuple français) sont les premiers à remettre en cause notre démocratie. Il faut voir ces députés insoumis, qui portent stupidement leur écharpe tricolore au sein même du Palais-Bourbon (comme s'ils étaient les seuls députés des lieux !), qui justement ont toujours voulu saboter la Cinquième République et qui en profitent aujourd'hui alors que ce n'est un problème institutionnel.

Le vrai problème, du gouvernement mais plus généralement, de la classe politique, c'est surtout l'absence de majorité absolue (voulue par les Français). Si le gouvernement disposait d'une majorité absolue à l'Assemblée Nationale, il aurait pu procéder au vote du texte de la commission mixte paritaire et il aurait été adopté. L'article 49 alinéa 3 de la Constitution était prévu par les constituants justement dans le cas où les gouvernements ne disposaient pas d'une majorité absolue pour ne pas le rendre impuissant face à une assemblée sans direction, sans majorité. D'ailleurs, le scrutin très serré (9 voix d'écart) est la preuve de la démocratie. Dans un régime autoritaire, il n'est pas de victoire à 51,5%, il faut au moins 90%, voire 99% ou même 100% (comme en Chine).

Engager la responsabilité de son gouvernement était pour la Première Ministre beaucoup plus responsable et démocratique puisqu'elle a mis l'existence même de son gouvernement en balance pour faire adopter la réforme des retraites. Mais le problème des mélenchonistes, c'est qu'ils inversent tous les arguments sur les institutions : ils les sabotent et ensuite, ils en concluent qu'il faut les changer ; ils refusent le débat par l'obstruction et ensuite, ils critiquent le manque de temps pour débattre. Et entendre Sandrine Rousseau supplier les députés LR de voter la motion de censure, on se croyait chez Guignol.

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Par ailleurs, Élisabeth Borne ne peut historiquement pas démissionner avant quelques semaines ou mois. Au regard de l'histoire, on ne peut pas faire de la seulement seconde femme Première Ministre dans notre histoire une chef de gouvernement avec une longévité encore plus faible que la première, Édith Cresson. Du reste, elle n'a pas démérité et les problèmes qu'elle a eus ne sont pas de son fait, les deux principaux, l'obstruction des excités de la Nupes et la désunion du parti Les Républicains.

C'est surtout la leçon du jour : ce n'est pas la majorité qui est le centre d'attention mais bien les députés LR. Ce parti Les Républicains n'a plus de boussole, plus de direction, plus de stratégie, plus d'idéologie, c'est un parti à la dérive, ce qui est inquiétant car il faisait partie des piliers de notre démocratie, tout comme le parti socialiste totalement à la dérive par sa soumission totale à Jean-Luc Mélenchon.

En effet, un tiers des effectifs du groupe LR a refusé la position de son président Olivier Marleix de soutenir le texte de la commission mixte paritaire (il faut rappeler que le gouvernement a accepté toutes les revendications des groupes LR au Parlement, l'opposition de certains LR n'est donc pas motivée par le fond mais par la posture électorale). 19 députés LR ont voté pour la première motion de censure et même 3 d'entre eux ont aussi voté pour la seconde motion de censure, celle de Marine Le Pen. Cela va avoir de durables conséquences politiques pour LR (j'y reviendrai spécifiquement).

Cela démontre que le gouvernement a eu raison d'avoir eu record à l'article 49 alinéa 3 ; un simple vote aurait forcément échoué puisque les députés LR n'étaient absolument pas fiables. Charles de Courson, très en colère contre la méthode, ne disait pas autre chose : « Vous avez échoué à rassembler, vous avez échoué à convaincre. Alors, vous avez cédé à la facilité et évité la sanction du vote. En réalité, rien ne vous obligeait à recourir à l’article 49, alinéa 3 de la Constitution. Le courage, le respect des institutions comme de vos engagements auraient dû conduire au vote. Nous voulions voter, même les groupes de la majorité le souhaitaient. Ce vote, vous l’auriez très probablement perdu ; mais c’est la règle en démocratie ! ». (Il était aussi très remonté contre le fond, comme pour les carrières longues : « Le report de l’âge légal de 62 à 64 ans cristallise en réalité toutes les injustices. Les 17,7 milliards d’euros d’économies attendues seront essentiellement supportés par les plus modestes, ceux qui auront à travailler plus sans voir leurs pensions progresser, ceux qui ont commencé à travailler tôt et qui exercent souvent des emplois pénibles, précaires, ceux qui ont des carrières hachées, principalement les femmes. »).

Pour l'heure, Élisabeth Borne ne va certainement pas faire du triomphalisme car le résultat est d'autant plus inquiétant qu'elle ne pourra pas utiliser l'article 49 alinéa 3 pour tous les projets de loi du gouvernement (c'est limité à une fois par session hors lois de finances). Il faudra donc bien qu'il y ait une initiative politique de la part de l'exécutif pour retrouver une certaine sérénité dans les travaux parlementaires. Dans la soirée du 20 mars 2023, Élisabeth Borne a réuni les trois présidents des groupes de la majorité ainsi que Yaël Braun-Pivet.

Incontestablement, le Président Emmanuel Macron devra prendre une initiative, sans doute après la journée de manifestations du 23 mars 2023 et après l'avis du Conseil Constitutionnel. Cette initiative devra ramener un climat de sérénité, pacifier la situation alors que certains excités de la Nupes font n'importe quoi (dans l'hémicycle, ils se croient en assemblée générale dans un amphi de fac).

Pour cela, il devra innover, étonner, surprendre... comme il l'avait fait avec les grands débats à la suite de la crise des gilets jaunes. La piste peut être facilement trouvée : à l'évidence, une loi sur le travail devra être mise en préparation, et cela avec les syndicats. Ce sera l'occasion, pour eux, d'obtenir beaucoup là où ils n'ont rien eu pour les retraites. Ce sera sans doute à ce prix que la paix sociale sera retrouvée.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (20 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


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295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
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Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

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Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
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Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230320-retraites.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/295-deputes-refusent-de-censurer-247436

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 04:15

« Une majorité existe, qui croit au travail, y compris à celui des seniors. Une majorité existe, qui croit au système de retraite par répartition et veut garantir à notre jeunesse qu’elle en bénéficiera. Une majorité existe, qui refuse de financer les retraites par plus d’impôts, plus de charges et moins de pensions. (…) Une majorité existe, qui n’a pas peur des réformes, même impopulaires, quand elles sont nécessaires. Une majorité existe, qui fera toujours passer la responsabilité avant l’affichage, la posture ou les petits calculs du coup d’après. Une majorité existe, qui ne se laisse intimider ni par les insultes, ni par les menaces, ni par le vandalisme sur les permanences. Une majorité existe, pour garantir aujourd’hui l’avenir de nos retraites et assumer demain des désaccords ou des oppositions franches sur d’autres sujets. » (Élisabeth Borne, le 14 mars 2023 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale).




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La Première Ministre Élisabeth Borne répondait à la question du président du groupe MoDem à l'Assemblée Nationale, Jean-Paul Mattei, ce mardi 14 mars 2023. Elle s'est déclarée confiante sur l'existence d'une majorité à l'Assemblée Nationale pour la réforme des retraites.

Son chemin de Croix s'achève avec la réunion de la commission mixte paritaire (CMP) le 15 mars 2023 qui devra conforter le texte adopté par le Sénat le 11 mars 2023 et le vote du texte retenu par les députés, le lendemain, le jeudi 16 mars 2023 : « La commission mixte paritaire se réunira demain. Vous serez ensuite conduits à vous exprimer sur la réforme des retraites, sur ce projet seulement, pas sur un soutien au gouvernement. ».

En précisant que le vote en faveur de la réforme des retraites ne vaut pas soutien au gouvernement, non seulement la Première Ministre annonce qu'en cas de réussite, elle aura le triomphe modeste, mais aussi que tout est fait pour permettre aux députés LR, les seuls cruciaux dans cette affaire, d'en venir au vote favorable.

Le gouvernement se réunira en conseil des ministres le jeudi 16 au matin, ce qui, selon la tournure de la commission mixte paritaire, lui permettra d'obtenir l'autorisation d'utiliser l'article 49 alinéa 3 de la Constitution si nécessaire.

D'un point de vue politique, Élisabeth Borne voudrait pouvoir faire ratifier le texte de la CMP par un vote global de l'Assemblée Nationale alors qu'en raison de l'obstruction du groupe FI, l'Assemblée n'avait pu achever jusqu'au bout son examen en première lecture. Mais cela signifie l'extrême loyauté de tous les députés de la majorité (Renaissance, MoDem et Horizons) ainsi que le soutien d'une grande partie du groupe LR, très divisé sur le sujet.

Formellement, la solution de facilité conduirait le gouvernement à utiliser l'article 49 alinéa 3 : probablement qu'une ou deux motions de censure seraient alors déposées, mais elles auraient peu de chance, comme les précédentes, de mettre en danger le gouvernement. Du reste, le président du groupe LR Olivier Marleix, très favorable, comme Éric Ciotti, à la réforme des retraites, a prévenu que les députés LR qui voteraient la censure pour les retraites seraient exclus de LR. Une menace qui paraît très dissuasive car une motion de censure ne peut être adoptée qu'avec l'apport d'une partie des députés LR, et qu'en cas de renversement du gouvernement, une dissolution serait prononcée et de nouvelles élections législatives seraient organisées. Un député sortant exclu de son parti serait exposé à de gros risques de ne pas être réélu.

Mais encore une fois, politiquement, l'utilisation du 49 alinéa 3 aurait le goût amer d'une victoire à la Pyrrhus, une sorte de vice de conception qui restera en permanence comme un boulet pour ce second quinquennat, en quelque sorte, un sparadrap du capitaine Haddock. Cela d'autant plus que le Ministre de l'Économie Emmanuel Macron avait réussi à convaincre une majorité de députés pour sa loi Macron en 2015 mais le Premier Ministre Manuel Valls, désirant lui voler cette victoire politique, avait préféré utiliser l'article 49 alinéa 3, lui coupant l'herbe sous les pieds.

Jeudi 16 mars 2023 aura donc lieu l'heure de vérité. Celle de réussir là où on avait empêché le futur Président de la République. Une victoire parlementaire sur un vote final simple, net, sans contestation. Avec chaque député qui prend ses responsabilités et qui assume son soutien ou son opposition devant l'histoire (ou son envie pressante pour ne pas prendre position !). Pour cela, le gouvernement doit anticiper tous les votes. Il ne pourra pas se permettre d'avoir une défaite arithmétique dans l'hémicycle, comme ce fut le cas pour le vote de l'article 2 (l'index seniors) qui a été rejeté par la collusion des oppositions.

Même si ce soutien à la réforme des retraites ne signifie pas soutien au gouvernement, Élisabeth Borne l'a bien rappelé mardi pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, une victoire parlementaire signifierait que le gouvernement bénéficierait quand même bien d'une majorité, certes d'idée, mais suffisante pour pouvoir faire adopter la principale promesse électorale du candidat Macron en 2022. En d'autres termes, cela conforterait Emmanuel Macron pour les quatre dernières années de son second quinquennat.

Et pendant ce temps, les organisations syndicales sont complètement hors sol. Mercredi 15 mars 2023 a lieu la énième journée de grève et de manifestation, on se perd sur les numérotations car on n'est plus capable de suivre, en semaine, en week-end, pendant les vacances, avec des grèves reconductibles, ou pas, et le pays, pour l'heure, semble loin d'être paralysé. On n'est pas en décembre 1995. Le blocage n'a pas eu lieu. Le télétravail et l'automobile remplacent avantageusement les transports en commun au trafic "perturbé".

Les deux seuls points qui peuvent devenir critiques, ce sont la grève des éboueurs (à Paris, la mairie socialo-écolo-communiste semble avoir trouvé un moyen de contourner la grève !) et le blocage des raffineries (on a vu il y a quelques mois le risque d'un blocage du trafic automobile). Pour l'heure, je ne constate encore aucune station service saturée par des automobilistes inquiets d'une éventuelle pénurie (et la créant par là même).

Après jeudi, ce sera trop tard pour le mouvement social. Il y aura probablement un nouveau vote au Sénat (vendredi ?) qui adoptera le texte modifié par la CMP (probablement une formalité) puis son examen par le Conseil Constitutionnel qui sera probablement saisi par les groupes d'opposition. La promulgation par le Président de la République devrait alors intervenir, comme prévu dans le calendrier initial, avant la fin du mois.

Dans ce domaine, le principal gagnant sera sans doute l'un des grands perdants de l'élection présidentielle de 2022, à savoir, le parti Les Républicains, qui aura réussi à imposer au gouvernement sa notion de réforme des retraites. C'est pourquoi une défection des députés LR aurait des conséquences très graves pour l'avenir de ce parti : l'incohérence, l'illisibilité et finalement, l'inexistence définitive d'un parti qui était jusque-là en voie de parti-socialisation, bref, d'extinction par voie naturelle. En reprenant l'initiative sur ce sujet symbolique des retraites, Les Républicains pourront aussi capter l'héritage du macronisme électoral le moment venu, c'est-à-dire, en 2027.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (14 mars 2023)
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Pour aller plus loin :
Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.
Aurore Bergé.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020.

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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 03:10

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Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230217-retraites.html


DISCOURS D'ELISABETH BORNE DU 17 FEVRIER 2023

Mme la présidente
La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Malgré le chaos de ces derniers jours, et encore avec cette motion de censure, nous assistons à une forme de clarification. La motion de censure a été déposée par un groupe dont le silence a été assourdissant tout au long des débats, et dont les votes ne disent rien d’autre que l’opportunisme de chaque instant. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE. – M. Cyrille Isaac-Sibille applaudit également.)

M. Sylvain Maillard
Eh oui !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
La motion intervient, par ailleurs, après quinze jours d’agitation permanente et de volonté farouche des députés de La France insoumise d’empêcher l’examen du texte. Au fond, ces deux populismes se répondent : ce sont deux visages du mépris de la démocratie. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs du groupe Dem. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Emeric Salmon
Le mépris, c’est vous !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Avec cette motion de censure, le Rassemblement national montre sa vraie nature et le vide de son projet. Après deux semaines de mutisme dans l’hémicycle, l’extrême droite s’est enfin réveillée,…

Une députée du groupe RE
Le RN n’était pas là !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
…naturellement pas pour faire des propositions, évidemment pas pour sauver notre système de retraite, surtout pas pour faire avancer le pays (Applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs des groupes Dem et HOR), mais pour une manœuvre grossière qui visait uniquement à obtenir un brevet de meilleur opposant.

M. Emeric Salmon
Ce n’est pas difficile !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Qu’importe le fond, tant que le coup tactique est bon. Le Rassemblement national attend sagement, tapi dans l’ombre, pour voir où le vent tourne, et à la vingt-cinquième heure, il surgit pour se remettre au centre du jeu médiatique – mais toujours pas dans le débat démocratique. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs du groupe Dem.) Madame la présidente Le Pen, vous avez présenté un projet alibi dans une brève conférence de presse. Vous ne prenez même pas la peine de le reprendre dans votre motion de censure, sans doute parce que la vacuité de vos propositions apparaît encore plus nettement à l’écrit. (Mêmes mouvements.) Un âge légal à 60 ans passant progressivement à 62 ans, et le tour serait joué. Avec des dépenses massives, vous creusez le déficit d’un système déjà déficitaire. (Rires et vives exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Emeric Salmon
Cent cinquante milliards !

M. José Beaurain
Bravo l’artiste !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Vous ne ferez croire à personne que la fin de l’aide médicale de l’État, mâtinée d’argent magique dont vous disposeriez, pourrait couvrir un millième de toutes vos dépenses.

M. Emeric Salmon
C’est vous, l’argent magique !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Madame Le Pen, vos mensonges sont un mépris pour les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs du groupe Dem.) Au nom de quelle légitimité pouvez-vous prétendre, plus que d’autres ici, être leur porte-parole ?

M. Sylvain Maillard
Eh oui !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Vous ne pouvez pas prétendre lutter contre les injustices en votant contre la fin des régimes spéciaux et contre la mise en place d’un index pour favoriser l’emploi des seniors. (Mêmes mouvements.)

M. Jean-Marc Zulesi
Eh oui !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
La réalité, c’est que vous n’avez ni projet social, ni solution pour nos compatriotes, et qu’à plusieurs reprises, les Français ont refusé vos pseudo-solutions. Vous dressez un écran de fumée qui se veut le gage de votre respectabilité. Vous avancez masqués, refusant de participer au débat. Vous espérez que la discussion abîmera un peu plus l’image que nos concitoyens se font de nos institutions. Vous attendez que les débats se soient tenus pour attaquer, manipuler, récupérer. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs du groupe Dem.)

M. Laurent Jacobelli
Vous êtes vraiment perdue !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Madame Le Pen, j’ai cherché dans votre motion de censure des propositions nouvelles, et peut-être des explications de financement ; mais le texte de cette motion est aussi substantiel que votre contribution au débat de ces derniers jours. (« Le néant ! » sur les bancs du groupe RE.)

M. Jean-Marc Zulesi
Le néant sidéral !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Il est aussi soucieux de vérité que votre rapport à l’histoire ; il est aussi rigoureux que votre rapport aux faits. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.) Dans votre motion de censure, la seule chose que vous nous dites, c’est que le Gouvernement n’aurait pas laissé le temps nécessaire pour examiner le texte. Dans vos propos, vous nous reprochez simultanément de ne pas écouter et de faire évoluer notre projet.

Une député du groupe RN
Et de mentir !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Les faits sont têtus, et ils sont contre vous ; mais puisque vous le souhaitez, comparons le temps prévu pour ce débat avec celui des deux précédentes réformes des retraites. (Mêmes mouvements.) Nous avons prévu plus de jours de débat que lors des réformes d’Éric Woerth en 2010 et de Marisol Touraine en 2014 : vingt et une séances se sont tenues pour examiner notre projet de loi, contre seulement quinze en 2010 et treize en 2014. L’Assemblée a consacré précisément soixante-treize heures et trente minutes à examiner le texte, soit huit heures de plus qu’en 2010 et pratiquement trente heures de plus que pour la réforme Touraine.

M. Pierre Meurin
Quel magnifique tableau Excel !

M. Laurent Jacobelli
Vous resterez toujours une comptable !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
La réalité est là : le Gouvernement a laissé plus de temps au débat que lors des précédentes réformes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.) Alors, comment se fait-il que nous n’ayons même pas atteint l’article 3 ? La raison est simple : 764 amendements en 2010, 3 120 amendements en 2014, et plus de 20 000 amendements sur ce texte – six fois plus que pour la réforme Touraine et vingt-sept fois plus que pour la réforme Woerth, alors même que ces textes comportaient trois fois plus d’articles que notre projet. Cette motion de censure, c’est donc aussi l’occasion pour la NUPES de mesurer les conséquences de son attitude dans l’hémicycle.

M. Jocelyn Dessigny
Ils ne sont pas là, cela ne sert à rien de leur parler !

Mme Nadia Hai
Ils ne sont pas là !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Nous étions prêts à discuter de toutes les propositions, prêts à débattre d’idées, près et résolus à aller au bout de l’examen du texte – le temps parlementaire prévu le permettait.

M. Sylvain Maillard
Eh oui !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Toutefois, Mmes et M. les députés de la NUPES qui ne sont malheureusement pas là… (Exclamations sur les bancs du groupe GDR-NUPES.) Les députés de la NUPES qui ne sont malheureusement pas tous là en ont décidé autrement.

M. Philippe Vigier
(M. Philippe Vigier désigne les membres du groupe GDR.) Les meilleurs sont là ! Les autres sont partis au ski !

M. Pierre Dharréville
M. Clouet est là !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Je salue le groupe communiste, qui est resté présent pour cette discussion. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE.)

M. Jocelyn Dessigny
La NUPES est contagieuse, la majorité est atteinte !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Les députés de la NUPES en ont donc décidé autrement, en multipliant les amendements. Puis, pris au piège par la manœuvre du Rassemblement national, vous avez hésité, commencé à retirer des amendements, mais trop peu et trop tard pour permettre d’arriver ne serait-ce qu’au cœur du texte. Il est vrai que vous avanciez en ordre dispersé. Dans un des oracles Twitter dont il a le secret, le cher leader de La France insoumise s’en est pris, une fois de plus, aux députés communistes, en leur reprochant de renoncer à leurs amendements.

M. Sébastien Jumel
Ne vous inquiétez pas pour nous, nous n’avons pas besoin de vous ! Nous sommes souverains !

Mme Nadia Hai
On ne touche pas à M. Chassaigne ! On est là pour te protéger, André ! (Sourires.)

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
À cette brimade, il a ajouté un aveu saisissant, dans un rare éclair de lucidité : Jean-Luc Mélenchon a rappelé à la NUPES ce qu’elle devait éviter à tout prix : le vote. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs du groupe Dem.) Il reconnaît ainsi ce que vous peinez à comprendre : vous n’avez pas de majorité sur ces bancs. (Mêmes mouvements.)

M. Laurent Jacobelli
Vous non plus !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Je vois bien les contorsions de La France insoumise, qui tente de rejeter la responsabilité de cet examen incomplet sur le Gouvernement, tâtonnant pour prouver l’impossible. Bien sûr, votre droit d’amendement est total, mais vous l’avez dévoyé : pour vous, il n’est pas l’expression du débat, mais une arme de blocage.

Mme Aurore Bergé
Eh oui !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Pour vous, le fond des amendements importe peu, pourvu qu’ils soient nombreux, racoleurs et outranciers. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

M. Pierre Dharréville
Vous ne les avez pas lus !

M. Sébastien Chenu
Voilà les punchlines !

M. Jean-Philippe Tanguy
Borne de Nice !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Quand je vois certains vouloir renommer l’index seniors « feuille de salade », je me dis : quel mépris !

Mme Nadia Hai
C’est vrai !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Quel mépris pour le travail parlementaire, quel mépris pour l’emploi des seniors ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

M. Sébastien Jumel
C’est votre réforme qui est une salade !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Quelle tristesse enfin, pour la gauche, d’être passée sur ces bancs de l’éloquence de Jaurès à la feuille de salade de Sandrine Rousseau ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe RE et sur quelques bancs du groupe Dem.)

M. Benjamin Lucas
Vous n’aimez pas la salade !

M. Hadrien Clouet
Vous n’aimez pas les légumes !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
En réalité, vous utilisez les amendements pour manipuler le temps du débat. Vous vous moquez qu’ils contribuent à la discussion ; c’est pourquoi vous pouvez en retirer des centaines en quelques secondes. Vous êtes libres d’amender autant que vous le souhaitez, mais assumez les conséquences de vos actes, assumez les conséquences de votre stratégie : c’est vous, et vous seuls, qui avez choisi d’empêcher le débat. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.) Votre seul et unique objectif est d’enlever toute légitimité au Parlement. Vous aviez déclaré vouloir le chaos dans l’hémicycle : vous l’avez bien démontré ces dernières semaines, car fondamentalement, vous ne croyez pas à la démocratie, vous la minez en la transformant cirque. (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et Dem.)

M. Benjamin Lucas
C’est scandaleux !

M. Stéphane Peu
C’est une motion du Rassemblement national, et vous attaquez la gauche !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Mesdames et messieurs les députés de la NUPES, en plus d’empêcher le débat, certains parmi vous – en particulier sur les bancs de La France insoumise – ont choisi de salir la démocratie parlementaire. Vous avez multiplié les injures, les outrances et les menaces. Nous voulions débattre projet contre projet ; vous avez choisi d’enchaîner insulte sur insulte. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.) Les Français nous ont élus pour travailler et pour débattre, pas pour faire de l’hémicycle une foire d’empoigne. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE. – M. Bruno Millienne applaudit également.) Pourtant, il est possible de s’opposer sans insultes. Une députée issue de vos rangs affirme aujourd’hui même que « le niveau de radicalité ne se mesure pas à l’inflation des invectives ».

M. Benjamin Lucas
Il se mesure à la brutalité de votre réforme !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Elle vous appelle collectivement à ne pas tomber dans la caricature : j’espère qu’elle sera entendue pour les prochains débats.
Mesdames et messieurs les députés, quand la NUPES hurlait, quand les députés du Rassemblement national se cachaient (Vives protestations sur les bancs du groupe RN) …,

M. Emeric Salmon
On a toujours été là !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
…la majorité, elle, travaillait ! (Applaudissements nourris sur les bancs des groupes RE, Dem et HOR. Les députés du groupe RE et M. Mohamed Laqhila se lèvent et applaudissent.) Je souhaite saluer ici Mme la présidente de la commission des affaires sociales, Mme la rapporteure générale et tous les députés de la majorité, qui ont défendu non seulement un projet de loi, mais aussi la dignité en politique. (Rires et exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.) Je tiens également à rendre hommage à l’engagement du ministre du travail, Olivier Dussopt, ainsi qu’à celui de Gabriel Attal et de Franck Riester à ses côtés. (Les députés des groupes RE, Dem et HOR se lèvent et applaudissent longuement.) Je regrette d’autant plus que nous n’ayons pas pu débattre que les trois groupes de la majorité avaient déposé des amendements utiles, que nous souhaitions intégrer au projet de loi, pour permettre aux enseignants du premier degré de partir à la retraite dès lors qu’ils ont atteint l’âge légal, sans attendre la fin de l’année scolaire ; pour faciliter le rachat de trimestres pour les périodes de stage, d’apprentissage ou d’études supérieures ; pour valoriser l’engagement des sapeurs-pompiers volontaires et des sportifs de haut niveau ; pour améliorer les droits familiaux en étendant aux professions libérales la majoration de 10 % de la pension à partir du troisième enfant ; pour nous engager dans la suppression des écarts de pension entre les femmes et les hommes ; pour compléter les mesures de revalorisation des pensions agricoles et des retraites à Mayotte, ou encore pour faire évoluer le dispositif carrières longues afin de mieux protéger ceux qui ont commencé à travailler tôt.
Il s’agissait d’autant d’améliorations du texte, d’autant de mesures utiles, justes et concrètes, défendues par les trois groupes de la majorité et soutenues, pour certaines d’entre elles, par les députés Les Républicains. Je comprends votre frustration de ne pas avoir pu en débattre, et je la partage. (M. Sébastien Jumel s’exclame.) Nous ne laisserons pas ces préoccupations sans lendemain : nous veillerons à ce que ces amendements soient soumis à l’examen du Sénat. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

Mme Nadia Hai
Très bien !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Mesdames et messieurs les députés, que retiendrons-nous de ces deux semaines de débat ?

M. Benjamin Lucas
Que vous caricaturez tout !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
D’abord, que nous avions le temps d’examiner l’intégralité du texte ; nous avions même plus de temps que n’en a pris l’examen des précédentes réformes des retraites.

M. Jean-Philippe Tanguy
Vous l’avez déjà dit !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Nous retiendrons également que la majorité a travaillé, qu’elle était prête à débattre et qu’elle l’a souhaité jusqu’au bout. Nous retiendrons encore que le Gouvernement a fait évoluer son projet et trouvé des compromis avec les députés prêts à œuvrer pour l’avenir du système de retraites. Malheureusement, je crains qu’on ne retienne l’attitude de la NUPES, qui a empêché la discussion par tous les moyens : c’est délétère et c’est une lourde déception pour celles et ceux qui attendaient ce débat.

Mme Nadia Hai
Exactement !

M. Benjamin Lucas
À cause de vous, la prochaine fois, ils voteront pour le RN !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Ils vous demandaient de discuter au moins de l’article 7 ; vous avez refusé. Alors, ne prétendez pas parler en leur nom ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.) Enfin, de ces débats, nous retiendrons la posture du Rassemblement national, qui a préféré se taire pendant des semaines, avant de tout miser sur un coup d’éclat final. (Protestations sur les bancs du groupe RN.)

M. Jocelyn Dessigny
Si vous étiez un peu plus présente, vous auriez entendu que nous défendions nos amendements !

Mme Nadia Hai
Continuez à vous taire, ça vous allait bien !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Entre ceux qui ont tourné le dos aux travailleurs et ceux qui ne croient qu’aux coups de communication, entre ceux qui ont empêché le débat et ceux qui n’ont rien proposé, nous avons observé pendant quinze jours deux faces d’un même mépris de la démocratie. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.)

Mme Nadia Hai
Bravo !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Si le délai fixé par la Constitution pour l’examen en première lecture du projet de loi par l’Assemblée nationale a pris fin ce soir, nous n’avons pas fini pour autant d’en débattre. Nous continuerons à l’enrichir dans les prochaines semaines, en tenant compte des idées de tous ceux qui sont prêts à travailler avec nous et veulent, comme nous, assurer l’avenir de notre système de retraite par répartition. (Les députés des groupes RE, Dem et HOR, ainsi que plusieurs membres du Gouvernement, se lèvent et applaudissent longuement.)


 




Source : Assemblée Nationale.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230217-elisabeth-borne.html


 

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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 04:51

« Il y a une forme de déception puisque l'Assemblée Nationale a passé trois jours à débattre de plus de 2 000 amendements sur un index des seniors (…). Ceux qui nous disent "vous ne faites pas assez pour les seniors" suppriment l'index. » (Olivier Dussopt, le 15 février 2023 sur France Inter).




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L'article 2 du texte, prévoyant l'institution d'un "index des seniors", a été rejeté par les députés ce mardi 14 février 2023 (scrutin n°972), par 256 voix contre 203 députés favorables à l'article, sur 467 votants (parmi les votes pour, seulement 140 députés Renaissance sur 170, 39 MoDem sur 51 et 24 Horizons sur 29). Le groupe Les Républicains a été l'arbitre de ces votes en rejetant l'index seniors par 38 députés LR sur 61 (6 se sont abstenus, les autres, dont Éric Ciotti, n'ont pas participé au vote). Les députés LR ont trouvé que l'index était trop contraignant, ceux de la Nupes et du RN qu'il n'était pas assez contraignant. C'est évidemment un camouflet pour le gouvernement, et ce n'était pas faute d'une meilleure mobilisation de la majorité. En effet, si tous les députés de la majorité avaient voté (à l'exception de la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet qui ne participe jamais aux votes), seulement 46 voix seraient venus en renfort de la majorité et cela aurait été insuffisant pour rattraper les 53 voix de retard.

Adopté au conseil des ministres et déposé sur le bureau de l'Assemblée Nationale le 23 janvier 2023 ("projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023, n°760"), le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement est examiné par l'Assemblée Nationale en séances publiques depuis le lundi 6 février 2023. En plus d'une semaine, on mesure à quel point le débat démocratique a du mal à s'installer même au cœur de la démocratie parlementaire, l'hémicycle du Palais-Bourbon.

En n'ayant qu'une majorité relative, le gouvernement savait que ces débats parlementaires seraient difficiles, mais n'imaginait sans doute pas à quel niveau les députés du groupe FI seraient tombés dans l'invective, l'insulte, les mensonges, l'obstruction. En déposant plus de 18 000 amendements, l'opposition populiste de gauche avait un objectif : dénaturer les débats parlementaires et donner à la rue le rôle principal. Sauf qu'en démocratie, ce ne sont pas les pavés qui gouvernent mais les urnes.

Il est vrai que les quatre journées de manifestations ont été plutôt une réussite malgré le froid hivernal : 1,1 million de manifestants le 19 janvier, 1,27 million de manifestants le 31 janvier, 757 000 manifestants le 7 février et 963 000 manifestants le 11 février (j'ai repris les statistiques du Ministère de l'Intérieur bien plus proches de la réalité que celle des syndicats, si l'on les compare avec le décompte neutre d'Occurrence ; la CGT a donné, de son côté, l'estimation de 2,5 millions tant pour le 31 janvier que pour le 11 février). La prochaine journée a lieu ce jeudi 16 février 2023 et les syndicats promettent un blocage complet du pays à partir du 7 mars 2023.

Mais cette protestation, aussi respectable soit-elle, ne peut remplacer la parole sacrée de l'ensemble des électeurs (et le candidat Emmanuel Macron avait clairement annoncé cette réforme avant le premier tour de l'élection présidentielle de 2022). Alors que le monde se trouve dans une crise stratégique majeure avec l'agression par la Russie de l'Ukraine et ses risques d'embrasement mondial, qu'il est en train de sortir d'une longue crise sanitaire d'une gravité inédite depuis un siècle et que se profilent les menaces du bouleversement climatique en cours, la France risque de se retrouver paralysée dans un bras de fer d'un autre temps.

Au cours du débat parlementaire, les députés FI ont multiplié les incidents afin de retarder le processus parlementaire. Leur objectif, celui de la "bordélisation" de l'Assemblée, c'est de ne pas avoir le temps d'arriver au vote de l'article 7 de la réforme (il y a 18 articles dans le projet !) qui institue l'âge légal de la retraite à 64 ans. Pourtant, ce serait le meilleur moyen de faire prendre leurs responsabilités aux députés, savoir qui vote quoi.

Je citerai juste deux gros incidents, le premier a eu lieu le 10 février 2023 avec le député FI Thomas Portes qui a refusé de présenter ses excuses après avoir publié la veille une photo qui pouvait être considérée comme un appel au meurtre d'Olivier Dussopt, le Ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion. Il a été immédiatement sanctionné d'exclusion de l'Assemblée Nationale pendant quinze jours de séances, la plus sévère des sanctions (qu'un député du RN avait également eue le 4 novembre 2022). Après cet incident, l'Assemblée n'a repris ses travaux que le lundi à 16 heures. Le 13 février 2023, rebelote, si j'ose écrire, avec un autre député FI (qui ne mérite pas qu'on cite son nom) qui a traité Olivier Dussopt d'imposteur et d'assassin. La séance a été interrompue mais, au contraire de Thomas Portes, il a fait amende honorable, a présenté ses (strictes) excuses (Olivier Dussopt le 15 février 2023 :
« Il y a des mots qui ne se pardonnent pas : moi ce que je sais, c'est que j'ai beaucoup de mémoire. »).

Ce climat d'extrême violence verbale n'est pas à la mesure des enjeux politiques et socio-économiques et ne redonnera certainement pas l'envie aux nombreux abstentionnistes des élections législatives de juin 2022 de reprendre le chemin de l'isoloir pour élire la prochaine Assemblée.


Dans ces discussions, le RN se pose en modérateur. Sous la présidence de Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée, le 13 février 2023, il montrait un désir d'ordre dans les débats qui donnait au RN toute l'illusion d'être un jour responsable et en capacité de gouverner, même si, très temporairement, Marine Le Pen a chuté dans les sondages au profit de Jean-Luc Mélenchon parce qu'elle refuse de se prêter au jeu de rôle des manifestations. Les Insoumis devraient se méfier de leurs comportements particulièrement contre-productifs, leurs électeurs commencent à se dire qu'ils ont élus des voyous, et je pense surtout que ce sont des députés immatures, souvent élus par surprise ou de justesse et qui ne s'y attendaient pas.

Je propose de reprendre succinctement l'historique des débats pour comprendre où les députés en sont.

Tout d'abord, l'opposition a déposé, comme l'y autorise le règlement intérieur de l'Assemblée, trois demandes pour empêcher le débat dès le départ.

La première est une motion de rejet préalable déposée par la présidente du groupe FI Mathilde Panot, qui a été rejetée le 6 février 2023 (scrutin n°908) par 292 députés contre 243 sur 538 votants (parmi ceux qui ont voté pour cette motion, on retrouve 85 députés RN sur les 88 au total, la totalité des 74 députés FI, 26 députés PS sur 31, la totalité des 22 députés EELV et 18 députés PCF sur 22). Sans état d'âme, les députés de la Nupes ont joint leur suffrages à ceux du groupe RN pour tenter de rejeter immédiatement le projet de loi. Il faut insister sur le fait qu'il y a plus de députés RN qui ont voté cette motion de rejet préalable que de députés FI qui en étaient pourtant les initiateurs (ce qui est logique vu que le groupe RN est plus nombreux).

La deuxième demande est la motion référendaire avec une polémique sur laquelle devait être présentée aux votes. Je rappelle juste, pour faire simple, que le règlement de l'Assemblée ne prévoie le vote que d'une seule motion référendaire par texte en examen. Or deux motions référendaires ont été déposées, une émanant du groupe RN et une autre des groupes de la Nupes. La Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivert a résolu cette difficulté de procédure en procédant à un tirage au sort qui a bénéficié au groupe RN. Au dernier moment, Charles de Courson, du petit groupe technique LIOT, a déposé une troisième motion référendaire qui n'a pas été prise en compte (car trop tardive), tandis que les députés de la Nupes voulaient en profiter pour faire un nouveau tirage au sort. Par ailleurs, le règlement impose que la totalité des signataires de la motion référendaire soit présents en séance pour qu'on puisse procéder au vote. 60 députés RN avaient présentés cette motion et parmi eux, certains députés ont reçu de faux appels téléphoniques qui leur annonçaient qu'une personne proche était à l'hôpital et qu'il fallait aller auprès d'elle, dans le but de les éloigner de l'hémicycle (j'espère qu'une enquête permettra d'en déterminer l'origine).

Cette motion référendaire, qui vise à soumettre le texte examiné au vote populaire, présentée par Marine Le Pen et 59 députés RN, a été rejetée le 6 février 2023 (scrutin n°909) par 272 députés contre 101 sur 381 votants (parmi ceux qui ont voté pour cette motion, on retrouve 86 députés RN et 2 non-inscrits, Emmanuelle Ménard et Nicolas Dupont-Aignan, mais aucun député de la Nupes qui ne voulait pas mélanger ses voix avec le RN).

Enfin, la troisième demande est la "demande de constitution d'une commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi pour une retraite universellement juste" présentée par André Chassaigne, le président du groupe communiste, là encore, comme le permet le règlement de l'Assemblée. J'y reviendrai plus loin.

Il a fallu attendre le 10 février 2023 pour l'adoption de l'article 1er du texte, qui concerne la suppression des régimes spéciaux de retraite (scrutin n°947). Ce premier article a été adopté par 181 députés contre 163 sur 346 votants. Parmi les votes pour, il y avait 117 députés Renaissance, 14 LR, 31 MoDem, 18 Horizons ; parmi les votes contre, 61 RN, 59 FI, 19 PS, 12 PCF et10 EELV. Comme on voit, il y a eu beaucoup de députés absents.

Dans les débats publics, tant dans l'hémicycle (examen du texte et questions au gouvernement) que dans les médias, l'opposition s'est focalisée sur la mesure sociale du relèvement de la pension minimale (qui n'a rien à voir avec le minimum vieillesse). En effet, selon un économiste (Michaël Zemmour), la mesure des 1 200 euros de pension mensuelle ne concernerait pas tous les retraités. Mais à cela, rien de surprenant : le gouvernement a toujours communiqué que ces 1 200 euros étaient dans le cas d'une carrière complète en temps plein avec un salaire au moins au SMIC. Le contraire serait croire au Père Noël. Donc, au fil des interpellations, l'opposition a changé son fusil d'épaule et a réclamé le nombre de bénéficiaires pour lesquelles cette mesure s'appliquerait, dans le but de dire que cela ne concernerait que très peu de monde. C'était encore le sujet des questions au gouvernement lors de la séance du 14 février 2023.

Invité de la matinale de ce mercredi 15 février 2023 sur France Inter, Olivier Dussopt a donné des indications chiffrées. Elles ne sont pas forcément simples à comprendre parce que le système des retraites est compliqué en lui-même, chaque situation personnelle était un cas différent.

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Voici sa réponse qui montre que la mesure du gouvernement n'est pas aussi négligeable que fustigée par l'opposition : « L'engagement d'une retraite à 85% du SMIC a toujours été pris pour une carrière complète à temps plein. C'est cet engagement que nous allons tenir (…). Grâce à cette réforme, 1,8 million de retraités actuels vont voir leur pension revalorisée. Parmi eux, 900 000 auront une revalorisation comprise entre 70 et 100 euros. Comme ce sont les retraités actuels, et que nous connaissons mieux leurs situations, vous en avez 125 000 qui vont aller jusqu'au maximum des 100 euros de revalorisation. Cela peut paraître peu et en fait, c'est énorme. Cela signifie que nous avons 250 000 retraités supplémentaires qui vont franchir le cap des 85% du SMIC. Lorsqu'on regarde les 800 000 nouveaux retraités, 200 000 auront une pension revalorisée. Parmi eux, un tiers aura une revalorisation supérieure à 70 euros. 40 000 personnes de plus chaque année passeront le cap des 85% du SMIC [parmi les nouveaux retraités] grâce à cette seule réforme. (…) Pourquoi 40 000 sur 200 000 ? Parce que ceux qui resteront en-dessous [de ce seuil] sont ceux qui ont des carrières incomplètes. Sur les 17 millions de retraités, on en a plus de 5 millions qui ont une retraite inférieure à 1 000 euros brut. Et derrière ces 1 000 euros brut, ce sont des carrières très incomplètes. Notre système de retraite renvoie les parcours de vie et les inégalités de vie. ».

Olivier Dussopt a, par ailleurs, confirmé l'information de la veille d'un amendement qui serait déposé par le gouvernement sur l'article 8 du projet de loi sur les carrières longues, une concession pour le groupe LR qui s'est dit satisfait de la décision : « Un amendement du gouvernement va permettre de le mettre en œuvre. On va faire quatre dispositifs : un pour ceux qui ont commencé à travailler avant 16 ans, ils sont très peu nombreux, ils continueront à partir à 58 ans. Nous créerons un dispositif pour ceux qui ont commencé à travailler entre 16 et 18 ans. À 60 ans, si vous avez 43 annuités, vous pouvez partir. Il y a un dispositif pour ceux qui ont commencé à travailler entre 18 et 20 ans. À 62 ans, vous pouvez partir si vous avez vos 43 annuités. Enfin il y a un nouveau dispositif si vous avez commencé entre 20 et 21 ans, si, lors de vos 63 ans, vous avez vos 43 annuités, vous partez. ».

Autre sujet très important, la capacité, pour ceux qui ont un métier pénible, de se reconvertir en cours de carrière ou de quitter en douceur leur emploi avec du temps partiel : « La question forte, c'est la capacité que nous avons à trouver du sens et du plaisir dans le travail. (…) Cela renvoie aux questions de pénibilité et de reconversion. (…) Dans le cadre de la modernisation du compte professionnel de prévention pour les métiers les plus pénibles. Nous créons la possibilité d'un congé de reconversion pour vraiment pouvoir changer de métier et se réorienter. Je pense que cette possibilité doit être ouverte plus largement. Changer de métier, avoir un autre avenir, permet de durer plus longtemps (…). Nous allons très largement faciliter pour le secteur privé, et ouvrir le droit dans le secteur public, à la retraite progressive. C'est une façon de lever le pied, décélérer en passant au temps partiel payé par l'employeur et le reste du temps payé par la caisse de retraites tout en continuant à valider des trimestres. C'est aussi une façon d'accompagner la fin de carrière. ».

Le ministre a aussi confirmé que l'article 49 alinéa 3 de la Constitution n'était pas à l'ordre du jour car, avec le groupe LR, il existe une majorité à l'Assemblée en faveur de la réforme : « Nous considérons que nous avons une majorité sur ce texte-là, mais pour avoir une majorité, il faut aller au vote et pour aller au vote, il faut en finir avec l'obstruction. ».





Je termine en revenant à la séance du 7 février 2023 et sur la demande d'une commission spéciale. De la part de l'opposition, tout est bon pour éviter le débat de fond. C'est la raison pour laquelle cette commission spéciale a été demandée alors que l'opposition a bloqué les travaux de la commission des affaires sociales en déposant une vingtaine de milliers d'amendements. La présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, a pris la parole pour s'opposer, avec beaucoup de combativité, à la constitution d'une telle commission spéciale.

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Voici son intervention complète : « Chers collègues du groupe GDR [communiste], pourquoi donc vous jetez-vous ainsi dans les bras de la Nupes et de toutes les manœuvres de vos alliés LFI ? Vous qui aimez tant le Parlement et la vie parlementaire, vous voilà alliés de leurs méthodes, de leurs 18 000 amendements, de leur obstruction systématique et de leurs incohérences. Hier, vous qui en appeliez au peuple, vous avez préféré déserter pendant le vote d’une motion référendaire. Pourtant, quand il s’agit de vos motions de rejet, joindre vos voix à celles du Rassemblement national ne vous gêne absolument pas. Si vous ne voulez pas entretenir la confusion entre vous et l’extrême droite, alors cessez d’employer leurs méthodes ! À défaut de pouvoir couper court à nos débats, vous avez désormais recours à un nouveau stratagème reposant sur l’article 31 de notre règlement. Libre à vous, chers collègues, de faire usage de votre droit d’initiative parlementaire, mais comment comprendre que vous souhaitiez débattre des retraites au sein d’une commission spéciale, alors que vous refusez de le faire ici, dans l’hémicycle ? Puisque vous nous invitez au débat, nous y sommes évidemment prêts. Parlons donc, en quelques mots, de votre projet : avec la Nupes, c’est l’obstruction et la taxation ; 18 000 amendements et 130 milliards d’euros d’impôts supplémentaires. Un ouvrier dans l’automobile, qui gagne 2 000 euros par mois et travaille une heure supplémentaire par semaine, perdra 150 euros de salaire net sur l’année, parce que la Nupes veut rétablir les charges que nous avons supprimées sur les heures supplémentaires. C’est la vérité, la triste vérité de votre politique. Un fleuriste paiera 700 euros de charges supplémentaires par mois pour un salarié au SMIC, parce que la Nupes veut supprimer les allégements de cotisations patronales que nous avons votés sur les bas salaires. Parlons aussi des fausses informations, celles qui circulent sur les réseaux sociaux, celles que vous relayez dans les manifestations et, matin, midi et soir, dans les médias. L’une d’entre elles est particulièrement indécente, celle selon laquelle 25% des Français les plus pauvres seraient déjà morts au moment où ils prennent leur retraite. Heureusement, c’est faux, vous le savez pertinemment, mais vous continuez à diffuser cette fausse information. Vous continuez à faire peur et à inquiéter sur un projet qui doit nous rassembler. Parlons enfin de ce contre quoi vous voterez en rejetant demain ce texte. Vous voterez contre le fait de garantir une retraite décente à tous les Français qui ont une carrière complète. Vous voterez contre le fait de percevoir enfin une pension égale à 85% du SMIC net, ce qui est tout simplement de la justice sociale, et ce que nous voulons au sein de la majorité. Vous voterez contre le fait que des Français qui veulent travailler et ne peuvent trouver un emploi en raison de leur âge aient demain la garantie d’en trouver un. Vous voterez contre un index seniors qui permettra de mesurer les inégalités et, surtout, de les corriger, car c’est évidemment ce que nous devons faire. Vous voterez contre l’amélioration de la situation des femmes, dont vous avez tant parlé. Assumons ce débat. Assumons que, demain, avec la réforme, les femmes partiront plus tôt que les hommes. Assumons qu’elles bénéficieront de la revalorisation de la retraite minimale, puisque 60% de ceux qui la touchent actuellement sont des femmes. Assumons que nous allons créer des trimestres supplémentaires pour les aidants familiaux, qui sont principalement des femmes. Oui, le débat a lieu ici et maintenant, pas demain ou après-demain. C’est aujourd’hui que cette réforme doit se mener, et c’est aujourd’hui que nous la mènerons. Car il y va de l’avenir des Français, de l’avenir des plus vulnérables, dont le seul capital est la solidarité nationale et la solidarité intergénérationnelle, autrement dit notre régime par répartition. Vos alliés et vous répétez à l’envi que vos 18 000 amendements visent à enrichir nos débats et non à les obstruer. Faites en donc la démonstration ! Débattons ici et maintenant, et non demain au sein d’une commission spéciale. C’est maintenant que nous devons débattre et voter. C’est pourquoi nous rejetterons votre demande de constitution d’une commission spéciale. ».

Finalement, la demande de commission spéciale a été rejetée le jour même (scrutin n°912) par 260 députés contre 127 sur 413 votants. Parmi ceux qui étaient favorables à cette commission spéciale, 3 RN, 59 FI, 22 PS, 17 EELV et 18 PCF. Et également un non-inscrit, le député Adrien Quatennens, qui a fait dans la soirée du 7 février 2023 sa première intervention depuis l'été et son "affaire", sous les huées de certains députés de la majorité, choqués qu'il ne restât pas discret pendant sa peine de quatre mois de prison avec sursis.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (15 février 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.
Aurore Bergé.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230214-retraites.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/reforme-des-retraites-2023-chemin-246695

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/02/10/39809505.html









 

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11 janvier 2023 3 11 /01 /janvier /2023 04:32

« Notre système de retraites par répartition est un des fondements de notre système social. C’est un bien précieux et un symbole de notre Nation. Notre objectif est de le préserver. » (Élisabeth Borne, le 10 janvier 2023 à Matignon).



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Ce mardi 10 janvier 2023 à 17 heures 30, la Première Ministre Élisabeth Borne a présenté, au cours d'une conférence de presse (visible ici), la réforme des retraites promise dans les engagements du candidat Emmanuel Macron en 2022, en présence du Ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, du Ministre du Travail et du Plein Emploi Olivier Dussopt et du Ministre de la Fonction publique Stanislas Guérini.

Projet phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron, il est d'une importance à la fois politique et sociale. Les motivations du gouvernement pour faire cette réforme des retraites, trop longtemps attendue, sont principalement financières même si Élisabeth Borne a arboré trois principes et pas simplement le premier : l'équilibre, la justice et le progrès.

L'équilibre, Olivier Dussopt en avait déjà touché un mot quelques heures auparavant, répondant à une question de la députée FI Clémence Guetté lors de la première séance des questions au gouvernement de l'année : « Vous doutez de l’urgence de la réforme. Oui, il y a urgence, madame. Il y a urgence parce que le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), composé des partenaires sociaux, démontre que, dès 2027, le déficit s’élèvera à 12,5 milliards d’euros, puis à 15 milliards dès 2030, 20 milliards en 2035 et 25 milliards en 2040. Si vous considérez qu’il n’y a pas urgence, c’est parce que vous acceptez le risque de casser le régime des retraites pour nos enfants et de leur léguer un système de protection sociale au rabais : ils seront assommés par la dette et étouffés par les impôts. Nous, nous considérons que l’équilibre est nécessaire, que le premier rail de protection et de solidarité, c’est de sauver le système par répartition. Ensuite, vous parlez des mesures que nous annoncerons tout à l’heure. Mais vous parlez sans savoir et vous pensez sans penser ! Vous êtes le seul groupe à n’avoir formulé aucune proposition, aucune solution alternative, à ne pas avoir participé aux concertations et à ne pas vouloir jouer le jeu du dialogue républicain. Nous mènerons cette réforme pour les Français, pour nos enfants et petits-enfants, sans sombrer dans la démagogie qui est la vôtre. La retraite à 60 ans, ce sont 85 milliards d’euros par an. Où les prenez-vous ? ».

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Ce qui est terrible, c'est que cette retraite à 60 ans est une bombe à retardement qui a été mise en place par François Mitterrand il y a quarante ans, alors qu'à l'époque, l'âge légal de départ à la retraite était 65 ans. Mais cet âge est un peu hypocrite puisqu'il y a aussi le nombre minimal d'annuités pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein. Pour ceux qui sont entrés tard dans la vie active parce qu'ils ont fait des études, l'âge légal, de toute façon, ne les concernait pas s'ils voulaient avoir une retraite à taux plein et cette réforme ne les impactera donc probablement pas.

Revenons à ce déficit. L'hypothèse du gouvernement a été un taux de 4,5% de chômage, soit le plein emploi. C'est une condition favorable au financement des retraites puisqu'il y a plus de cotisants qu'avec un chômage à un taux de 7%. Malgré cette hypothèse de départ très favorable, le déficit est là dès 2023. Si on laisse filer, en 2024, le déficit sera de 8,1 milliards d'euros ; en 2030, de 13,5 milliards d'euros ; et en 2050, de 43,5 milliards d'euros. Dans les dix prochaines années, sans réforme, les déficits cumulés atteindront un montant astronomique : 150 milliards d'euros !

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La raison est facile à expliquer : la pyramide des âges. La démographie permet d'anticiper sur une trentaine d'années. Mais aucun gouvernement n'a eu le courage, depuis trente ans et le livret blanc sur les retraites commandé par Michel Rocard, de faire une réforme pour pérenniser le système par répartition. Toutes ont colmaté les brèches, ont été des rustines précaires, pour une décennie. L'ambition du gouvernement est donc de consolider le système et pas, comme le crient les oppositions, de le détruire. En 1970, il y avait plus de 3 cotisants pour 1 retraité. En 2002, 2,1 cotisants pour 1 retraité. En 2022, seulement 1,7 cotisant pour 1 retraité. Et en 2040, il y aura 1,5 cotisant pour 1 retraité. En 2040, il y aura 20 millions de retraités (aujourd'hui, 17 millions) pour une population active stabilisée à 30 millions de personnes.

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Si on compare avec nos voisins européens, non seulement les retraités français restent en moyenne plus longtemps à la retraite, mais leur niveau de vie est meilleur que la plupart de leurs voisins. C'est normal : la France vit au-dessus de ses moyens. Qui paie ? Les générations qui suivent, par la dette de l'État monumentale qui fait payer les retraites doublement par les jeunes, par leurs cotisations (répartition) et par l'impôt (dette à rembourser d'une manière ou d'une autre).

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Tous nos voisins ont repoussé l'âge légal, parfois jusqu'à 67 ans, voire 68 ans au Royaume-Uni et 70 ans en Italie.

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Le contenu de la réforme est donc le suivant : la réforme concernera toutes les personnes nées après le 31 août 1961. L'âge légal passera de 62 ans à 64 ans, progressivement de 2023 à 2030 (3 mois tous les ans). Parallèlement, le nombre d'annuités (années de cotisation retraite) nécessaires pour avoir le taux plein passera progressivement de 42 (actuellement) à 43 en 2027 (au lieu de 2035, ce que prévoyait la réforme Touraine adoptée en 2014).

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Le gouvernement a calculé deux autres hypothèses pour éviter les déficits sans toucher à l'âge légal : une augmentation des cotisations, mais cela signifierait que pour maintenir l'équilibre financier, un actif devrait cotiser en plus (en moyenne) 400 euros par an en 2027 et 550 euros par an en 2032. Autre idée, diminuer le niveau des pensions : pour préserver l'équilibre, cela signifierait en moyenne une baisse des pensions de plus de 700 euros par an en 2030. Le choc le moins rude pour conserver le système par répartition, c'est donc bien de travailler un peu plus et prendre sa retraite un peu plus tard, comme partout ailleurs.

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Mais il y a des compensations. Car effectivement, le minimum retraite sera revalorisé à 85% du SMIC (soit 1 200 euros brut par mois), ce qui reste faible mais supérieur à la situation actuelle (environ 300 euros de plus par mois). Les femmes bénéficieront plus que les hommes de cette hausse en raison des carrières parfois interrompues par la maternité.

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L'un des enjeux cruciaux reste l'emploi des seniors (des personnes de plus de 55 ans). L'objectif est évidemment que les entreprises gardent leurs salariés plus longtemps en fin de carrière, même s'ils "coûtent" plus cher. Ainsi, un indice sur la part des seniors parmi les salariés sera instauré dans les grandes entreprises, mesure qu'a contestée le Medef. Plus tard à la télévision, Élisabeth Borne a dit : « Je suis confiante sur le fait qu'on doit être capable d'accompagner les seniors. Et vous savez, plus généralement, je pense que c'est un vrai sujet de société pour nous de reconnaître la place des seniors dans les entreprises. ».

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Parmi les nombreuses autres mesures annoncées par Élisabeth Borne, il y a l'âge à partir duquel la retraite sera à taux plein même si on n'a pas fait toutes les annuités nécessaires : cet âge ne varie pas et reste à 67 ans. Pour les carrières longues, l'âge de départ à la retraite est différent. Ainsi, pour ceux qui ont commencé à travailler avant 16 ans, c'est 58 ans (actuellement, c'est deux ans plus tard), entre 16 et 18 ans, c'est 60 ans et entre 18 et 20 ans, c'est 62 ans. Des conditions particulières sont réservées à ceux dont la pénibilité dans le travail est forte, ou à ceux qui sont en situation d'invalidité (pour eux, 62 ans), pour les personnes en situation de handicap, l'âge reste à 55 ans. Ceux victimes d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle pourront partir à la retraite deux ans avant l'âge légal.

Il est mis en place aussi du fonds de reconversion pour changer de métier si le métier d'origine est pénible afin de poursuivre sa carrière dans un métier aux conditions moins difficiles à cause de l'âge.

Deux autres principes inspirent cette réforme. La justice correspond à la fin de certains régimes spéciaux qui ne se justifient plus... fin uniquement pour les nouveaux embauchés qui rejoindront le régime général des retraites, et le progrès social. En effet, il y a l'augmentation du minimum vieillesse, mais aussi la prise en compte des congés parentaux dans le calcul des annuités, ainsi que la validation des trimestres pour les proches aidants d'une personne en dépendance.

D'autres mesures très ciblées donnent une plus grande coloration sociale, mais sont inaudibles pour les syndicats qui ne voient que l'âge légal repoussé. Par exemple, le cumul emploi-retraite sera créateur de nouveaux droits à la retraite (ce qui n'est pas le cas actuellement).

Avec la réforme présentée par Élisabeth Borne, le déficit des retraites sera résorbé en principe en 2030 sans réduire le pouvoir d'achat des retraités.

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Après sa présentation, Élisabeth Borne a été l'invitée du journal de 20 heures sur France 2 pour répondre aux questions d'Anne-Sophie Lapix. Elle a déclaré : « On va devoir progressivement travailler plus longtemps et je mesure ce que ça représente pour beaucoup de Français. ».

Dans les réactions, sans surprise, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont cherché à être le meilleur opposant au gouvernement. Marine Le Pen a exprimé sa « détermination à faire barrage », tandis que Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « grave régression sociale ». De même, les syndicats se sont donnés rendez-vous le jeudi 19 janvier 2023 pour manifester massivement contre la réforme.

Plus intéressante était la réaction du groupe LR. En effet, les députés LR étaient divisés sur le comportement à adopter : favorables à la retraite à 64 ans, ils ne voudraient toutefois pas se montrer comme des supplétifs du macronisme.

Quelques heures avant la conférence de presse d'Élisabeth Borne, le président du groupe LR Olivier Marleix a fait passer le message lors des questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale : « La réforme que nous voulons tient en quelques principes. D’abord, elle doit être progressive : le recul de l’âge de départ ne doit intervenir qu’au rythme d’un trimestre par an jusqu’à 63 ans à la fin de ce quinquennat, 64 ans lors du suivant. Ensuite, elle doit être juste et permettre à celui qui a commencé plus tôt de partir à la retraite plus tôt dès lors qu’il a tous ses trimestres. Elle doit aussi être équitable en demandant le même effort à tous les Français, qu’ils relèvent du public, du privé ou des régimes spéciaux. Enfin, soyons clairs, il est hors de question que l’État s’empare des réserves du privé. L’argent des retraites doit aller aux retraités et à eux seuls. Par-dessus tout, il faut réparer une injustice : je veux parler de celle qui concerne ces 2 millions de retraités qui ont cotisé toute leur vie, qui ont travaillé dur, qui ont des carrières complètes, souvent des femmes, des commerçants, des artisans, et qui perçoivent des pensions de retraite de seulement 900 euros par mois. C’est indigne d’un grand pays comme le nôtre. Êtes-vous prête, madame la Première Ministre, à leur garantir une retraite minimum de 1 200 euros à eux aussi et pas seulement aux futurs retraités ? Je vous le dis très clairement, c’est pour nous une condition impérative ! ». Message bien reçu. Élisabeth Borne ne lui a pas répondu précisément car elle allait le faire à Matignon.

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La réforme Borne a convaincu le groupe LR puisque Olivier Marleix a semblé satisfait : « Nous avons été entendus sur le rythme de l'application des 64 ans et la retraite à 1 200 euros y compris pour les retraités actuels (…). Nous prenons acte que la Première Ministre a entendu un certain nombre de demandes, la première et la plus importante est que le rythme ne soit pas brutal. ». Toutefois, certains députés LR ont précisé qu'il y a encore des champs d'amélioration, notamment sur les carrières longues, considérant qu'après 43 annuités, on devrait pouvoir prendre sa retraite même si c'est avant l'âge légal. La plupart des députés LR qui se sont exprimés ont insisté sur le fait qu'Emmanuel Macron aurait abandonné sa réforme brutale et simpliste de retraite à 65 ans et que cela ouvrirait donc la possibilité d'un accord entre LR et le gouvernement. Dans cette histoire, LR souhaite être le défenseur du Français qui travaille et qui a de faibles revenus.

Ce qui paraît assuré désormais, et ce n'était pas clair jusqu'à maintenant, c'est que la réforme des retraites pourra certainement être adoptée à l'Assemblée Nationale sans saisir l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. En effet, la majorité et le groupe LR constituent une majorité absolue très large qui ne devrait pas être impactée par la position de quelques députés LR réfractaires (je pense en particulier à Aurélien Pradié).

Reste la rue pour la gauche et les organisations syndicales. La mobilisation sera-t-elle inversement proportionnelle à la certitude que les protestations seront inutiles puisque le gouvernement disposera probablement d'une majorité ? Nous ne sommes plus en 1995 et les Français, bien que, dans les sondages, majoritairement contre le principe de travailler plus (qui voudrait travailler plus sans compensation ?), se montreront sans doute responsables et les arguments du gouvernement auront de quoi convaincre. L'avenir de notre modèle social se joue en 2023.


Aussi sur le blog.

 
Sylvain Rakotoarison (10 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


(Tous les tableaux et figures proviennent du dossier sur les retraites publié par le gouvernement le 10 janvier 2023 et téléchargeable ici).


Pour aller plus loin :
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Élisabeth Borne.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Vœux 2023 d’Emmanuel Macron : l'impératif d'unité de la Nation.
La réélection d'Emmanuel Macron.
Sobriété énergétique : froid et fatigue chez les députés !
Incident à l'Assemblée : la sanction disciplinaire la plus lourde de la Ve République !
3 motions de censure pour le prix de 2 articles 49 alinéa 3 !
La menace de la dissolution.
Pas de session extraordinaire en septembre 2022.
L’invective en commun : la motion de posture de Mélenchon est rejetée !
Baptême du feu pour Élisabeth Borne : et maintenant, au travail !
Discours de politique générale d’Élisabeth Borne le 6 juillet 2022 à l’Assemblée Nationale (vidéo et texte intégral).
L’Assemblée Nationale en ordre de bataille pour la XVIe Législature.
Gouvernement Élisabeth Borne I.2 : resserrement des liens de la majorité présidentielle (Ensemble).
Composition du gouvernement Élisabeth Borne I.2 du 4 juillet 2022 (communiqué de l’Élysée).
La composition sans beaucoup de surprises du premier gouvernement d’Élisabeth Borne.
Élisabeth Borne, déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et maladresse politique.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230110-reforme-retraites.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/comprendre-la-reforme-des-245961

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/01/10/39776072.html





 

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