La Première Ministre Élisabeth Borne a présenté devant la presse le mardi 10 janvier 2023 à l'hôtel Matignon le projet de réforme des retraites qui sera examiné au conseil des ministres du 23 janvier 2023. Ce dossier préparé par le gouvernement peut être lu sur le site de la Première Ministre, incluant un argumentaire intéressant.
SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230110-dossier-retraites.html
Projet pour l’avenir du système de retraites : ce qu’il faut retenir Publié 10/01/2023
Source : gouvernement.fr
La Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté ce mardi 10 janvier 2023, le projet du Gouvernement pour l'avenir du système de retraites. Retrouvez le détail des mesures.
En France, le système de retraite repose sur le modèle par répartition (les actifs financent les pensions des retraités).
Afin de maintenir cette solidarité entre générations, le Gouvernement a présenté son projet pour l’avenir du système de retraites, le 10 janvier 2023.
Notre système de retraites par répartition est un des fondements de notre système social. C’est un bien précieux et un symbole de notre Nation. Notre objectif est de le préserver. Élisabeth Borne
Première ministre
L’objectif du projet du Gouvernement est d'équilibrer, rendre plus juste et plus équitable le système des retraites.
Équilibre
Travailler progressivement plus longtemps
L’âge légal de départ à la retraite sera progressivement relevé à compter du 1er septembre 2023, à raison de 3 mois par année de naissance :
2027 : 63 ans et 3 mois ;
2030 : 64 ans.
Par ailleurs, il faudra, à partir de 2027, avoir travaillé 43 années pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Pour information, il s'agit de la durée de cotisation votée dans le cadre de la loi Touraine de 2014.
Les personnes partant à la retraite à 67 ans bénéficieront automatiquement d’une retraite à taux plein (sans décote) même sans avoir travaillé 43 ans.
Justice
Protéger ceux qui ont commencé à travailler tôt
Concernant les carrières longues et difficiles, le dispositif de départ à la retraite sera adapté. Les personnes ayant commencé à travailler tôt ne travailleront pas plus de 44 ans :
avant 16 ans : ils pourront partir dès 58 ans ;
entre 16 et 18 ans : à partir de 60 ans ;
entre 18 et 20 ans : à partir de 62 ans.
Protéger les plus fragiles et les travailleurs exposés
Pour protéger les plus fragiles et les travailleurs exposés :
les personnes en situation d’invalidité et d’inaptitude pourront partir à 62 ans à taux plein ;
les travailleurs handicapés pourront partir à 55 ans ;
les accidentés du travail et les salariés ayant une maladie professionnelle pourront partir à la retraite 2 ans avant l’âge légal, sous respect de nouvelles conditions assouplies.
Prévenir l’usure professionnelle
Le projet vise à prévenir l’usure professionnelle et éviter l’exposition aux risques professionnels dans les métiers physiques ou répétitifs :
élargissement du compte professionnel de prévention à plus de salariés et avec plus de droits ;
possibilité de financer un congé de reconversion ;
création d’un fonds d’investissement d’un milliard d’euros pour la prévention de l’usure professionnelle ;
mise en place d’un suivi médical renforcé auprès des salariés ayant un métier pénible.
Fin des régimes spéciaux de retraite
Les principaux régimes spéciaux pour tous les nouveaux embauchés à la RATP, de la branche industries électriques et gazières (EDF), à la Banque de France, les clercs de notaires et les membres du CESE seront supprimés et donc affiliés au régime général pour la retraite.
Concernant la Fonction publique :
aucun changement pour les fonctionnaires en catégories actives et les militaires qui pourront toujours partir plus tôt ;
relèvement progressif de l’âge d’ouverture des droits de deux ans, comme dans le privé.
Progrès social
Augmentation du minimum de pension
Avec le projet, une pension de retraite pour une carrière complètement cotisée au SMIC ne pourra être inférieure à 85% du SMIC net (1200 € bruts/mois) :
à compter de septembre 2023, le minimum de pension augmentera de 100 euros par mois pour une carrière complète ;
prise en compte des congés parentaux pour partir avec le dispositif carrière longue et dans le calcul du minimum de pension de ceux qui ont travaillé plus de 30 ans ;
validations de trimestres pour les aidants familiaux obligés de réduire leur activité pour s’occuper d’un proche ;
don de trimestres aux personnes ayant effectué des stages de travaux d’utilité collective (TUC).
Redonner toute leur place aux seniors
Pour lever les freins à l’emploi des seniors :
l’accès à la retraite progressive sera élargit ;
le cumul emploi-retraite sera créateur de droit ;
le compte épargne-temps universel (CETU) sera créé ;
la négociation sur l’emploi ides séniors sera obligatoire ;
un index senior dans les entreprises sera crée.
Le projet pour l'avenir du système de retraites sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier 2023. Son examen sera inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et du Sénat au 1er trimestre pour une adoption en mars 2023. L’entrée en vigueur de ces principales mesures interviendra en septembre 2023.
DISCOURS DE LA PREMIÈRE MINISTRE ÉLISABETH BORNE DU 10 JANVIER 2023
Discours de la Première ministre Élisabeth Borne - Pour nos retraites : justice, équilibre, progrès.
Mesdames et Messieurs,
Avec Olivier DUSSOPT, Bruno LE MAIRE et Stanislas GUERINI, nous souhaitons vous présenter le projet du Gouvernement pour garantir l’avenir de nos retraites.
Nous l’avons dit, nous voulons préserver notre système de retraite par répartition.
C’est-à-dire un système où ceux qui travaillent financent les pensions des retraités.
C’est pour le préserver que des majorités, de droite comme de gauche, ont mené des réformes ces dernières années.
Et c’est pour le préserver, que nous devons le faire évoluer.
Présenter un tel projet est toujours un moment de vérité.
C’est un choix politique essentiel.
C’est défendre l’un des fondements de notre modèle social. C’est faire vivre la solidarité entre les générations.
Mais cette solidarité repose sur un équilibre : il faut que les cotisations des actifs financent les pensions des retraités.
Dire que cet équilibre n’est plus assuré n’est pas une posture. C’est un constat. Un constat réalisé par tous ceux qui se sont penchés sur les retraites.
Car sans entrer dans des études et des hypothèses complexes, il y a une réalité que chacun connaît : le nombre de ceux qui cotisent pour les retraites diminue par rapport aux nombres de retraités.
C’est un fait, pas un argument politique.
Nous devons être capables de regarder la réalité en face et de trouver des solutions pour préserver notre modèle social.
J’ai bien conscience que faire évoluer notre système de retraite suscite des interrogations et des craintes chez les Français. Nous voulons y répondre, et convaincre.
Ce sujet n’est pas nouveau.
Il a fait l’objet de très nombreuses discussions au cours du précédent quinquennat. Un projet ambitieux avait été présenté par Édouard Philippe. Il avait suscité à la fois des attentes et des contestations. Nous avons appris de cette période et nous en avons tiré les conséquences pour bâtir ce projet. Nous conservons une ambition de justice et de progrès.
Par ailleurs, la nécessité d’adapter notre système pour le préserver a été au cœur de la campagne présidentielle, puis de celle des législatives.
Ce n’est donc une surprise pour personne. Notre ambition a été portée en toute transparence par le Président de la République et partagée avec les Français.
Je souhaite maintenant vous indiquer le cadre dans lequel s’inscrit le travail que nous conduisons depuis plusieurs mois afin d’assurer la pérennité de notre système de retraite :
tout d’abord, nous proposons un projet qui finance exclusivement nos retraites. Je le répète : chaque euro cotisé servira à financer nos retraites – rien d’autre ;
ensuite, nous refusons d’augmenter le coût du travail et les impôts – car nous voulons atteindre le plein-emploi ;
enfin, et c’est un élément majeur dans un moment d’incertitudes, nous présentons un projet qui garantit l’équilibre de notre système en 2030.
Nous avons également posé deux principes structurants :
d’une part, nous voulons que ceux qui ont cotisé toute leur vie partent avec une meilleure retraite ;
et d’autre part, nous voulons prendre en compte les différences entre les métiers, comme entre les carrières. Nous ne sommes pas égaux devant le travail. On ne peut donc pas demander à chacun de travailler uniformément plus longtemps.
Autour de ce cadre et de ces principes, nous avons mené des concertations denses.
Nous avons avancé avec des convictions, mais sans idée définitive.
Le ministre du Travail a mené trois cycles de concertations avec les partenaires sociaux depuis octobre.
J’ai personnellement rencontré à trois reprises, et encore la semaine dernière, les dirigeants des organisations syndicales et patronales. Chacun a participé aux discussions.
J’ai également rencontré, tous les présidents de groupes parlementaires à plusieurs reprises, spécifiquement sur la question des retraites.
Ce dialogue a été utile. Car je suis certaine que l’échange, même en cas de désaccord sur des points importants, nous fait collectivement progresser.
On ne mesure pas l’intérêt d’une concertation par une réponse binaire, soutien ou refus de la réforme.
Des mois de travail ce sont de multiples avancées, qui dessinent un projet différent. Et je veux le dire simplement, pour moi comme pour Olivier DUSSOPT qui le défendra au Parlement, ce projet est meilleur qu’il n’était il y a six mois.
Mesdames et Messieurs,
Nous proposons aujourd’hui :
un projet pour l’équilibre de notre système de retraite ;
un projet de justice ;
et un projet porteur de progrès social.
Premier objectif : un projet d’équilibre.
Le déséquilibre entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités va provoquer des déficits, qui vont se creuser année après année.
Laisser s’accumuler ces déficits serait irresponsable.
Les aggraver davantage en prônant des mesures démagogiques, comme abaisser l’âge de départ à la retraite, le serait plus encore.
Cela conduirait inéluctablement à augmenter massivement les impôts, à diminuer drastiquement les pensions, voire à mettre en péril notre système de retraite.
Cela, nous n’en voulons pas.
Je suis bien consciente que ce n’est neutre pour personne, mais pour l’avenir de notre système de retraite par répartition, nous proposons que celles et ceux qui le peuvent travaillent progressivement plus longtemps.
Ce choix, des majorités, de droite comme de gauche, l’ont fait avant nous. Ce choix, c’est aussi celui qu’ont réalisé tous nos voisins européens.
Dans un premier temps, chacun le sait, nous avions envisagé de repousser l’âge légal de la retraite à 65 ans, pour équilibrer le système en 2030.
Comme le Président de la République et moi avons pu le dire à de nombreuses reprises, ces 65 ans n’ont jamais été une fin en soi.
Nous avons examiné les différentes hypothèses qui permettraient d’atteindre l’équilibre, en bougeant d’autres éléments.
Nous avons par ailleurs regardé de près les propositions de chacun, notamment l’amendement voté depuis plusieurs années par le Sénat.
En effet, chacun des choix, en apparence technique, a des impacts en termes de répartition des contributions ou de justice sociale.
Si nous présentons aujourd’hui une proposition différente de celle que nous portions initialement, c’est précisément grâce à ces semaines de dialogue.
Je suis reconnaissante à tous les partenaires sociaux et aux différentes forces politiques, même les plus opposés à toute réforme, d’avoir contribué à cet exercice collectif.
Aussi, à compter du 1er septembre, l’âge légal de départ à la retraite sera relevé progressivement de 3 mois par an pour atteindre 64 ans en 2030. Nous serons donc à 63 ans et 3 mois à la fin du quinquennat.
Parallèlement, nous n’irons pas plus loin que les 43 ans de cotisation prévus par la réforme Touraine pour partir avec une retraite à taux plein.
Mais nous atteindrons cette cible plus vite, en passant à un rythme d’un trimestre par an. Nous serons à 43 ans en 2027.
Enfin, nous maintiendrons à 67 ans, l’âge auquel les personnes peuvent partir à la retraite sans décote, quelle que soit leur durée de cotisation. C’est essentiel pour celles et ceux qui ont eu une carrière hachée ou incomplète – et je pense ici particulièrement aux femmes.
Ce projet est bien universel. Il concernera tous les actifs : salariés, indépendants et fonctionnaires.
Travailler plus permettra aux futurs retraités de bénéficier de meilleures pensions.
Pour que ce projet soit pleinement équilibré, il faudra que chacun prenne sa part.
C’est pourquoi nous demanderons aux employeurs une contribution supplémentaire pour le financement de la retraite. Mais nous refusons qu’elle augmente le coût du travail.
C’est pourquoi nous baisserons, symétriquement, la cotisation des employeurs au régime des accidents du travail et des maladies professionnelles, qui est très excédentaire.
Et je veux le souligner : avec un âge légal de départ à la retraite qui atteindra 64 ans en 2030, et 43 années de cotisation, l’objectif sera atteint à cet horizon : notre système par répartition sera alors à l’équilibre.
Bruno LE MAIRE précisera dans quelques instants le cadrage financier de notre projet.
Mesdames et Messieurs,
Le deuxième pilier de notre projet, c’est la justice.
Car derrière les principes généraux, il y a la situation de millions de travailleurs.
Un système juste, c’est permettre à ceux qui ont commencé à travailler tôt de partir plus tôt.
Nous allons conserver et améliorer le dispositif dit « carrières longues » en le rendant plus juste et plus lisible. Nous créerons notamment un niveau intermédiaire pour ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans.
En 2030, lorsque l’âge légal de départ à la retraite aura été porté à 64 ans,
il restera à 58 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très tôt, avant 16 ans ;
pour ceux qui ont commencé entre 16 et 18 ans, je pense notamment aux apprentis, la retraite sera possible à partir de 60 ans ;
et pour ceux qui ont commencé entre 18 et 20 ans, elle le sera à partir de 62 ans.
Nous rendrons le dispositif « carrière longues » plus juste, notamment pour les femmes.
Avant ce projet, les périodes de congé parental n’étaient pas prises en compte dans la durée pour en bénéficier. Cela sera désormais le cas.
Ainsi, davantage de Français seront concernés par le dispositif : 1 Français sur 5 arrivant à la retraite dans les prochaines années.
Un système juste, c’est aussi tenir compte de la pénibilité de certains métiers.
Nous devons prendre en considération l’usure professionnelle liée aux conditions d’exercice de certains métiers hier et aujourd’hui.
Au-delà des facteurs intégrés au compte professionnel de prévention, le C2P, nous devons mieux reconnaître l’impact d’autres contraintes sur la santé des travailleurs : notamment le port de charges lourdes ou les postures pénibles.
Pour ces travailleurs, nous allons renforcer le suivi médical, repérer les fragilités, et mieux accompagner ces salariés vers des dispositifs de départ anticipé à 62 ans, pour raison de santé.
Ensuite, je ne peux pas me résoudre à ce que le travail puisse abîmer tant de nos compatriotes.
C’est pour cela que la prévention est au cœur de notre projet.
Nous allons créer un fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle, doté d’un milliard d’euros.
Nous voulons ensuite réfléchir différemment à l’évolution des carrières et faciliter les reconversions.
Ainsi, nous allons améliorer le C2P, et permettre qu’il soit utilisé pour des reconversions professionnelles.
Ce sont des avancées sociales, tout au long de la carrière. Olivier DUSSOPT y reviendra.
Je souhaite préciser que les militaires et les fonctionnaires en catégorie active, comme les policiers ou les sapeur-pompiers, dont les métiers sont plus dangereux, pourront continuer à partir plus tôt.
Ce sera aussi le cas pour les aides-soignantes dans la fonction publique hospitalière.
La durée de service permettant de bénéficier d’un départ anticipé, tout comme l’âge d’annulation de la décote, n’évolueront pas.
Stanislas GUERINI présentera dans un instant les implications de notre projet dans la fonction publique.
Un système juste, c’est également prendre en compte les situations de chacun – et en particulier les plus fragiles.
Un départ à 62 ans à taux plein sera maintenu pour les personnes en invalidité, en incapacité ou en inaptitude. Cela représente 100 000 personnes par an.
Par ailleurs, les années passées comme aidant auprès d’un parent âgé ou d’un enfant en situation de handicap seront désormais comptabilisées.
Et je veux également, que l’on répare une injustice de notre système actuel : les trimestres que près de 2 millions de nos concitoyens ont passé en travaux d’utilité collective, les TUC des années 80, pourront enfin être pris en pris en compte.
Au total, grâce aux dispositifs que je viens de vous présenter, 4 personnes sur 10 partant en retraite chaque année pourront bénéficier de départs anticipés et n’auront pas à travailler jusqu’à 64 ans.
Un système juste, c’est tenir compte, enfin, de l’évolution des professions et faire en sorte que le même métier donne la même retraite.
Aussi, nous allons fermer la plupart des régimes spéciaux de retraite existants.
Olivier DUSSOPT y reviendra.
C’est une question d’équité.
Cette mesure ne s’appliquera qu’aux nouveaux embauchés, qui seront désormais affiliés au régime général de retraite.
Mesdames et Messieurs,
Troisième pilier : notre projet apportera des progrès sociaux.
Une vie de travail doit garantir une retraite digne.
Conformément à notre engagement, les salariés et les indépendants, notamment les artisans et commerçants, qui ont cotisé toute leur vie avec des revenus autour du SMIC, partiront désormais avec une pension de 85% du SMIC net, soit une augmentation de 100 euros par mois.
C’est près de 1200 euros par mois dès cette année.
Au-delà de la majorité présidentielle, lors des concertations, certains groupes parlementaires, je pense aux Républicains, ont insisté sur la nécessité de prendre en compte les retraités actuels.
Cette demande a également été portée par des organisations syndicales et patronales, je pense à la CFDT, l’UNSA, la CFTC, la CPME ou l’U2P.
Les uns et les autres ont souligné que les femmes et les indépendants étaient la majorité de ceux qui touchent les plus petites retraites. C’est une inégalité majeure à laquelle nous voulons répondre.
Aussi, avec le Président de la République, nous avons décidé d’intégrer dans notre projet la revalorisation des pensions des retraités actuels, pour tous ceux qui ont une carrière complète au niveau du SMIC.
Grâce à cette mesure, près deux millions de petites retraites vont être augmentées.
Ce choix est le fruit de la concertation et notamment des dernières discussions qu’Olivier DUSSOPT et moi-même avons menées la semaine dernière.
Nous allons donc travailler à ce dispositif dans les prochains jours avec les parlementaires de la majorité, mais aussi des groupes qui, au-delà de la majorité, portent cette mesure et pourraient soutenir la réforme. Je pense en particulier aux Républicains.
Notre objectif est de pouvoir l’intégrer au projet de loi qui sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier.
Enfin, le dernier progrès majeur de ce projet concerne l’emploi des seniors. Et c’est là aussi un combat auquel je crois profondément.
Nous sommes l’un des pays d’Europe où la part des personnes de 60 à 64 ans qui travaille est la plus faible.
Cela nous conduit à nous priver de leur expérience, de compétences précieuses et de leur contribution à notre richesse nationale.
C’est aussi trop souvent le fait d’une pratique abusive et – disons-le – discriminatoire, qui consiste à faire partir les salariés quelques années avant leur retraite.
Les entreprises doivent faire leur place aux personnes proches de la retraite et veiller à une meilleure qualité de vie au travail.
Il est temps que les employeurs prennent en main ce sujet.
Un index sera créé sur la place des salariés en fin de carrière.
Cet index sera simple. Il sera public. Il permettra de valoriser les bonnes pratiques et de dénoncer les mauvaises. Le construire sera obligatoire pour les entreprises de plus de 1000 salariés dès cette année, et en 2024 pour celles de plus de 300 salariés.
Nous souhaitons aussi donner plus de souplesse à la transition entre l’activité et la retraite.
Nous allons assouplir le dispositif de retraite progressive pour les salariés et l’étendre à la fonction publique. Nous permettrons ainsi à ceux qui le souhaitent de passer à temps partiel, deux ans avant l’âge légal de départ, en liquidant une partie de leur retraite.
Nous allons aussi rendre le cumul emploi-retraite plus simple et créateur de droits nouveaux.
Replacer les seniors au cœur des entreprises et mieux maîtriser sa fin de carrière : ce sont aussi des progrès majeurs permis par notre projet.
Olivier DUSSOPT y reviendra plus en détail dans un instant.
Mesdames et Messieurs,
Avant de laisser la parole aux ministres, j’aimerais revenir sur quelques points.
Ce projet suscitera des commentaires, des débats et des oppositions, mais je souhaite d’ores et déjà dire que la confrontation d’idées peut se faire sans désinformation, sans agiter les peurs.
Alors je le dis clairement :
Non, ce projet ne se mettra pas en œuvre du jour au lendemain. L’âge de départ sera relevé progressivement sur une durée de 8 ans.
Non, l’âge d’annulation de la décote ne changera pas. Il restera à 67 ans. C’est une protection pour les plus modestes, pour celles et ceux qui ont eu des carrières hachées ou incomplètes – le plus souvent des femmes.
Non, ce projet ne concerne pas les retraités actuels. Le montant des pensions sera toujours indexé sur l’inflation. Le seul changement pour eux, c’est une augmentation de pensions pour près de 2 millions de petites retraites.
Mesdames et Messieurs,
Je viens de vous présenter les grandes orientations de notre projet pour les retraites.
Dans deux semaines, le projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificatif qui le porte sera présenté en Conseil des ministres, puis débattu au Parlement.
Nous voulons le dialogue – nous l’avons montré ces derniers mois.
Nous sommes ouverts à la discussion – nous la voulons et nous savons ce qu’elle apporte.
Cette présentation n’est donc pas un point final. Nous sommes prêts à faire encore évoluer notre projet. Et cela sera possible grâce à un débat parlementaire loyal et constructif.
Je vous remercie et je donne la parole à Bruno LE MAIRE.
...
Mesdames et Messieurs,
Je mesure ce que travailler plus longtemps signifie pour beaucoup.
Notre système de retraite par répartition est un bien précieux.
Il est l’un des fondements de notre modèle social.
C’est une spécificité dont nous sommes fiers, et un symbole de la Nation.
Nous sommes déterminés à le protéger.
Déterminés à préserver la solidarité entre les générations.
Notre projet :
C’est agir pour les retraités actuels et pour leur pouvoir d’achat.
C’est préserver notre système par répartition et le rendre plus juste pour les actifs d’aujourd’hui, qui seront les retraités de demain.
C’est donner l’assurance aux plus jeunes, qu’ils bénéficieront d’une retraite. Trop d’entre eux pensent qu’ils n’auront pas de retraite et qu’ils devront compter sur ce qu’ils économiseront d’ici-là. Je ne m’y résigne pas.
Réussir ce projet :
C’est montrer que le collectif a du sens.
Que nous sommes capables de veiller à la solidarité entre nous et entre les générations.
Réussir ce projet :
C’est aussi montrer que lorsque les analyses et les faits sont nombreux et étayés, et que le dialogue social et politique a été mené, notre pays est capable de se transformer pour préserver son modèle social.
C’est tout le sens de ce projet juste, équilibré et porteur de progrès.
Je vous remercie.
Élisabeth Borne, le mardi 10 janvier 2023 à partir de 17 heures 30 à Matignon.
« Il faut être très clair : le système est en déficit. Tout ce qu'on demande comme effort aux Français servira à financer le système de retraite. » (Élisabeth Borne, le 3 janvier 2023 sur franceinfo).
La Première Ministre Élisabeth Borne a été l'invitée spéciale de la matinale sur franceinfo ce mardi 3 janvier 2023 à partir de 8 heures 30, rentrée des classes pour les écoliers mais aussi pour la classe politique, et en particulier pour le gouvernement. Le mois de janvier 2023 s'avère d'ors-et-déjà crucial pour le second quinquennat du Président Emmanuel Macron : il sera celui du démarrage de la si annoncée réforme des retraites.
Le gouvernement souhaite foncer pour mettre en œuvre cet engagement électoral malgré l'opposition de toutes les organisations syndicales. Élisabeth Borne, qui continue les consultations avec les partenaires sociaux (consultations qu'elle a qualifiées d'utiles), présentera le contenu de la réforme des retraites le 10 janvier 2023 et celle-ci sera examinée au conseil des ministres du 23 janvier 2023 avant d'être débattue par les députés à partir du début du mois de février 2023. L'objectif est une adoption définitive au Parlement à la fin du mois de mars 2023 et une entrée en vigueur à la fin de l'été 2023.
La Première Ministre a tenté de rassurer en précisant trois éléments : d'une part, le report de l'âge légal à 65 ans, « ce n'est pas un totem » (comprendre : cela pourrait être à 64 ans) ; d'autre part, « Je le dis clairement : nous n'irons pas au-delà des 43 années de cotisation prévu dans la réforme Touraine pour avoir une retraite à taux plein », ce qui est en vigueur actuellement ; enfin, « l'âge qui permet à quelqu'un qui n'a pas eu une carrière complète de partir sans décote ne bougera pas [et] restera à 67 ans », comme actuellement.
Un autre point très important porte sur le relèvement du minimum de pension (85% du SMIC pour une carrière complète) à 1 200 euros. La question est de savoir si ce relèvement sera appliqué à l'ensemble des retraités, y compris les retraités actuels, ou seulement à ceux dont le report de l'âge légal s'appliquera. Réponse d'Élisabeth Borne : « Ma priorité, c'est que ce sont les actifs qui vont devoir travailler un peu plus longtemps qui bénéficient de cette revalorisation. Je rappelle qu'il y aura un débat sur le projet de loi, on verra, je n'ai pas de doute qu'il y aura des propositions en ce sens. ». C'est clair que si ce relèvement s'appliquait à tous les retraités, cela coûterait très cher à la sécurité sociale. En revanche, cela permettrait sans doute de trouver un compromis avec les organisations syndicales constructives.
Mais c'est aussi l'argument financier qui l'emporte comme principale motivation du gouvernement pour reporter l'âge légal de la retraite : « Il faut être très clair : le système est en déficit. Tout ce qu'on demande comme effort aux Français servira à financer le système de retraite. ». Et la Première Ministre a défini très clairement sa ligne rouge : pas question d'augmenter les charges sociales pour éviter l'allongement de la durée du temps de travail, en d'autres termes, « nous ne voulons pas alourdir les cotisations, nous ne voulons pas augmenter le coût du travail ». Elle a précisé clairement son horizon : « Ma priorité, vous savez, c'est le plein emploi, c'est que notre pays continue à avoir une économie forte qui permet de créer des emplois, qui permet d'aller vers le plein emploi. » (un peu à la manière de Louis de Funès dans "La Zizanie", film de Claude Zidi sorti en 1978 avec l'exquise Annie Girardot).
Plus tard, répondant à un auditeur, la Première Ministre a redit son objectif à propos de l'emploi des seniors : « Quand on engage ces concertations sur la réforme des retraites avec les organisations patronales et syndicales, notre objectif, c'est aussi que les seniors en entreprise, que leur situation soit mieux prise en compte, qu'on se préoccupe davantage de les maintenir dans l'emploi. Moi, je ne peux pas me satisfaire d'avoir des entreprises, souvent de grandes entreprises, qui font partir les seniors souvent à 59 ans (…) avec l'idée que la personne pourra être au chômage pendant trois ans avant de prendre sa retraite. Je pense que ces pratiques-là, elles doivent évoluer et c'est bien le sens de ce volet sur le maintien dans l'emploi des seniors. ».
Autre sujet très important pour la vie active, les conditions d'indemnisation du chômage. Le gouvernement avait fait savoir l'avant-veille de Noël 2022 (ce qui était fort peu politique) un projet de décret pour réduire de 40% la durée d'indemnisation en cas de chômage sous les 6% au niveau national (ce qui n'est pas encore la situation de l'emploi actuelle, donc pas applicable à court terme). Élisabeth Borne a calmé le jeu : « Nous allons retirer ce point, et nous remettrons ce sujet dans la concertation sur les futures règles. » en rappelant tout de même : « Le décret n'est pas une surprise (…). ce point n'a peut-être pas fait suffisamment l'objet de discussions. ».
Dans sa politique en faveur des entreprises, la Première Ministre a proposé que les entreprises mises en difficulté financière à cause de la forte hausse des prix de l'énergie pourraient « demander le report de paiement de leurs impôts et cotisations sociales » afin de soulager leur trésorerie et a exprimé son espoir que les fournisseurs d'énergie permettent « aux entreprises qui sont en difficulté d'étaler le paiement des factures sur les premiers mois de l'année ». Ces mesures concernent notamment les boulangers qui viennent d'être reçus par le Ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire le 3 janvier 2023.
Élisabeth Borne a ajouté : « On maintiendra le principe d'un bouclier tarifaire jusqu'à la fin de l'année. » alors que ce bouclier sur les tarifs de l'électricité et du gaz, tant pour les entreprises que pour les ménages, était prévu jusqu'au 30 juin 2023. Il limite l'augmentation à 4% en 2022 et 15% en 2023 alors que « sans les aides de l'État, ça aurait été un doublement des factures ». Pour les ménages les plus modestes, un chèque énergie de 100 ou 200 euros sera proposé.
Répondant aux auditeurs, plusieurs questions ont porté sur la situation dans les hôpitaux. Élisabeth Borne a insisté : « J'entends cette inquiétude (…). On n'a pas pris des mesurettes, on a investi 12 milliards d'euros (…). Ça ne suffit pas. ». Et d'accepter évidemment que tout n'était pas réglé, qu'il fallait mieux organiser le temps de travail des soignants, réduire les tâches administratives, réduire la pénibilité du travail des soignants, etc. Élisabeth Borne a annoncé : « Mon gouvernement présentera une feuille de route dans les prochaines semaines pour répondre à ces attentes et apporter une réponse aux soignants et aux Français qui souhaitent avoir un système de santé qui fonctionne. » tout en précisant que ce serait le sujet principal du Président de la République lors de ses vœux aux soignants à la fin de cette semaine.
S'il y a une personne qui n'est pas au chômage en France en ce début d'année 2023, c'est nul doute Élisabeth Borne...
« Dans les responsabilités qui sont les miennes, je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la Nation que nous formons tous ensemble. Si nous cédions à l’esprit de division qui nous presse de toute part, nous n’aurions à peu près aucune chance de nous en sortir, dans un monde si rude, dans des temps si durs. Alors je nous souhaite donc de vivre 2023, autant que possible, en pays uni et solidaire, reconnaissants la place de chacun et respectueux de tous. » (Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022).
Au cours de son allocution télévisée de ce samedi 31 décembre 2022 à 20 heures, Emmanuel Macron s'est livré à l'exercice traditionnel des Présidents de la République, celui d'adresser ses vœux à tous les Français, à la Nation. Il l'a fait sans goûter sa joie d'avoir été réélu par le peuple français en le rappelant à deux reprises, d'abord au début : « Pour la sixième fois, j’ai le privilège de partager avec vous ce moment des vœux. » et ensuite, en évoquant l'année électorale passée : « 2022 fut aussi, pour nous tous, une année démocratique intense au cours de laquelle vous avez renouvelé notre Assemblée Nationale et où vous avez, lors de l’élection présidentielle de ce printemps, décidé de me confier un nouveau mandat de cinq ans à la tête de notre Nation, ce qui m’honore et m’oblige. ».
Au risque de la lourdeur, Emmanuel Macron a eu raison de rappeler cette évidence : malgré tout ce que les oppositions populistes affirment matin midi et soir de mauvaise foi, il a été réélu, dans la plus grande pureté démocratique du vote (vote libre, sincère et secret, comme dans une démocratie mature qui assume son rôle), et même très bien réélu (près de 59% des suffrages). Tous ces mauvais joueurs crachent sur notre démocratie alors que nous voyons chaque jour qu'elle est extrêmement fragile et jamais acquise. Leurs candidats respectifs étaient moins performants qu'Emmanuel Macron et, comme des adeptes sectaires, ils ont peine à l'admettre et préfère penser que le peuple est mouton, stupide voire idiot, ce qui est une notion assez vaseuse de l'amour du peuple français !
Les yeux probablement trop fixés vers le prompteur, Emmanuel Macron a émis la relativité de cet exercice des vœux : « Les cérémonies de vœux ont ceci de singulier : elles obligent à parler d’un futur qu’en vérité, on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter, avec nos forces et nos faiblesses, mais en pays uni. ». Il est bien placé pour savoir, lui qui a subi un nombre incalculable de crises majeures imprévisibles (gilets jaunes en 2018, pandémie de covid-19 depuis 2020, inflation à partir de 2021, invasion russe de l'Ukraine et crise énergétique en 2022, à cela ajouter les bouleversements climatiques avec des années de plus en plus "chaudes"). D'une certaine manière, les meilleurs vœux qu'on puisse nous souhaiter pour 2023, c'est qu'il n'y ait pas une nouvelle crise majeure qui se surajoute aux précédentes.
La leçon de 2022, pour Emmanuel Macron, c'est que la guerre est hélas de retour, cruelle et angoissante, au cœur de l'Europe : « Qui aurait imaginé (…) que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie, des dizaines, peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ».
Président des crises imprévisibles, Emmanuel Macron a toujours su garder la combativité et l'optimisme, louant « notre capacité collective à relever ensemble ces défis ». Non seulement, il a toujours considéré que la France était capable de relever les défis, mais il a toujours voulu redonner aux Français la fierté d'être Français, en particulier cette année 2022 avec la récompense de deux lauréats du Prix Nobel (Alain Aspect et Annie Ernaux) et quelques émotions fortes notamment à l'occasion de la finale de la coupe du monde de football au Qatar : « Soyons fiers ! Il nous faut nous munir de cette fierté et de cette confiance pour aborder l’année qui vient. Car je crois que cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises une fois encore à affronter. ».
Les crises actuelles ? Sur le risque de pénurie d'électricité, au contraire du gouvernement depuis quelques mois, il s'est voulu rassurant, prêt à donner un satisfecit aux Français : « Si nous continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois, et comme je vous l’annonçais dès le 14 juillet dernier, et que nous continuons de remettre en service nos réacteurs nucléaires comme prévu, nous y arriverons. C’est entre nos mains. ». La hausse du prix de l'énergie : « Nous avons mis des réponses concrètes en place. Je le dis à chacun d’entre vous car alors que les prix de l’énergie ont atteint des niveaux historiques, la hausse restera plafonnée dans notre pays. ». Ce qui ne signifie pas toutefois qu'il n'y aura pas de hausse.
La pandémie de covid-19 aussi se poursuit, surtout par sa recrudescence en Chine : « Nous pourrons faire face. D’abord, grâce à l’usage raisonnable et adapté des gestes barrières contre le virus, que nous avons appris. Ensuite, grâce à la vaccination qui a montré son efficacité ; et j’incite ce soir tous nos compatriotes de plus de 70 ans en particulier à faire leur rappel ou à se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Enfin, en testant, en séquençant, en établissant les contrôles aux frontières. C’est ce que le gouvernement a décidé de faire dans nos aéroports, dès demain, pour les avions arrivant de Chine, où l’épidémie bat son plein et où nombre de restrictions ont été relâchées. ».
En revanche, il n'a pas exclu ses ambitions de continuer à réformer la France, quitte à créer lui-même d'autres crises, et en particulier, par sa réforme des retraites qu'il assume et qu'il projette toujours. Son leitmotiv est : « Il nous faut travailler davantage. ». C'est le cas pour les retraites comme pour l'assurance-chômage. La motivation : « assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir ». Explication : « L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacé, car nous continuons de financer à crédit. Pour se faire, l’allongement de nos carrières de travail sera progressif, il se fera par étapes sur près de dix ans. Il sera aussi juste, en tenant compte des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches, de certains métiers. ».
Mais Emmanuel Macron ne veut pas seulement jouer au Père Fouettard, il veut aussi être le Père Noël : « C’est cela qui nous permettra d’équilibrer le financement de notre retraite, dans notre pays, et c’est une chance, où l’on vit plus longtemps, d’améliorer la retraite minimale pour toutes celles et ceux qui ont travaillé pour avoir leurs trimestres, et de transmettre à nos enfants un modèle social juste et solide, parce qu’il sera crédible et financé dans la durée. ». En particulier, la réforme devrait revaloriser le minimum retraite et aussi améliorer les conditions de travail après avoir liquidé sa retraite.
Parmi d'autres annonces, nombreuses, Emmanuel Macron a affirmé l'achèvement des travaux de la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris au cours de l'année 2023, tout en ayant un petite pensée pour les catholiques française : « En rendant chaque jour notre laïcité effective car elle est un principe de liberté. Et elle ne retire rien à la place de la religion dans le for intérieur de chacun, pour tous ceux qui croient, et je salue, en cet instant, la mémoire de sa Sainteté Benoît XVI, dont la disparition, je le sais, affecte beaucoup de catholiques en France et dans le monde. ».
Le message de ses vœux, et c'est probablement le véritable message qui doit rester, le Président l'a déclamé dès le milieu de l'allocution : « Comme vous, je m’impatiente, mais sans jamais céder à la facilité ou à la fatalité. Aussi, je nous souhaite pour 2023, par notre travail et notre engagement, d’œuvrer à refonder une France plus forte, plus juste, pour la transmettre à nos enfants. ».
Une France plus forte, c'est, par exemple, une France plus indépendante : « Ce n’est pas, et ne sera jamais, une course aux illusions perdues d’avance. Car cette indépendance française doit trouver dans notre Europe son relais, son complément. Quand tant de pays se rêvent des empires, quand tant d’entreprises s’imaginent des royaumes, nous avons un continent, pour former un espace de paix et de liberté, de prospérité, de solidarité, de droit et de puissance. Depuis 2017, nous menons ce combat pour que notre Europe rassemble ses forces. Pour qu’à 27, nous soyons plus forts. C’est pour cela que j’ai mené ce combat ces dernières années, que vous m’avez entendu alerter aussi les autres Européens afin de défendre nos industries et nos emplois, il y a quelques semaines après les décisions des autres continents, et c’est pour cela que je redoublerai d’efforts en ce début d’année. ».
Le second quinquennat d'Emmanuel Macron s'annonce très dense et il aura à négocier de nombreux virages nationaux. 2023 devrait être l'année de l'impossible réforme des retraites. Projet présenté au début de l'année et application dès la fin de l'année. Reste que si Emmanuel Macron n'est pas capable de convaincre les Français, et pas seulement les partenaires sociaux, le risque majeur d'une paralysie du pays est réel. Mais qui ne comprend pas que travailler plus dans un contexte économique où tout le monde travaille plus est une évidence mais aussi une nécessité ? Ce sont les conditions de cette nécessité qui devront faire l'objet d'un savant et délicat dosage de consensus dans une France prompte à s'enflammer au moindre changement.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022
VŒUX DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AUX FRANÇAIS
Mes chers compatriotes,
Pour la sixième fois, j’ai le privilège de partager avec vous ce moment des vœux.
Avec vous, officiers et soldats dans notre armée, qui nous protégez, avec vous, policiers, gendarmes, pompiers, forces de sécurité, sauveteurs en mer, qui veillez sur cette soirée. Avec vous, médecins, soignants, patients. Avec vous, agents publics qui assurez la continuité de nos services. Avec vous, citoyens engagés professionnellement ou dans nos associations. Avec vous, nos compatriotes d’outre-mer. Avec vous tous qui êtes en famille en France ou à l’étranger, et plus particulièrement avec vous dont la vie a fait que vous vous sentez seuls ce soir. Vous qui êtes dans l’épreuve, et vers qui vont nos pensées.
Les cérémonies de vœux ont ceci de singulier : elles obligent à parler d’un futur qu’en vérité, on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter, avec nos forces et nos faiblesses, mais en pays uni.
Dans les responsabilités qui sont les miennes, je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la nation que nous formons tous ensemble.
Si nous cédions à l’esprit de division qui nous presse de toute part, nous n’aurions à peu près aucune chance de nous en sortir, dans un monde si rude, dans des temps si durs. Alors je nous souhaite donc de vivre 2023, autant que possible, en pays uni et solidaire, reconnaissants la place de chacun et respectueux de tous.
Je repense aux vœux que je vous présentais à la même heure, il y a un an. Qui aurait imaginé à cet instant, que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ; des dizaines, peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ?
Pourtant, au fil de ces saisons de dangers, ce qui est demeuré constant, une fois encore cette année, est notre capacité collective à relever ensemble ces défis.
Oui, durant cette année, la France a porté avec l’Europe la voix du droit et de la liberté pour soutenir l’Ukraine ; des milliers d’entre vous ont fait œuvre de solidarité en accueillant, dans nos villes et nos villages, des réfugiés fuyant l’invasion russe.
La solidarité nationale, financée par les contribuables français, a permis d’atténuer la hausse des prix de l’énergie pour chacun, de sauvegarder nos entreprises, de protéger particulièrement les revenus des plus modestes d’entre nous. Et grâce à notre action collective, nous avons soutenu la croissance, contenu l’inflation à des niveaux inférieurs à ceux que connaissent nos voisins, et porté le chômage à son plus bas depuis quinze ans. Nous avons en effet cette année continué de créer des emplois, et des emplois de qualité.
A chaque épreuve, l’Europe nous a permis d’agir plus vite et plus fort. Pour créer un bloc de résistance unie face à la Russie, pour réinvestir dans nos industries ; et surtout pour trouver à la dimension du continent les réponses aux défis du siècle. Ainsi, pendant les six premiers mois de cette année, alors que la France présidait le Conseil de l’Union européenne, nous avons pris les décisions pour réduire de plus de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, nous avons acté une taxe carbone à nos frontières pour protéger nos industries et notre planète, nous avons ensemble décidé de créer un impôt minimal sur les grandes multinationales pour lutter contre l’évasion fiscale, et nous avons ensemble commencé à mieux encadrer les grandes plateformes du numérique.
Et malgré toutes ces crises, tous ces défis, 2022 fut aussi, pour nous tous, une année démocratique intense au cours de laquelle vous avez renouvelé notre Assemblée nationale et où vous avez, lors de l’élection présidentielle de ce printemps, décidé de me confier un nouveau mandat de cinq ans à la tête de notre nation, ce qui m’honore et m’oblige.
2022 fut aussi une fois encore une année de rayonnement artistique, culturel, sportif de notre pays, avec deux Prix Nobel, et tant de grands moments de création et de sport. De tout cela, de tout ce que nous avons ensemble accomplis durant l’année qui s’achève, soyons fiers.
Il nous faut nous munir de cette fierté et de cette confiance pour aborder l’année qui vient. Car je crois que cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises une fois encore à affronter.
Aura-t-on des coupures d’électricité ? Si nous continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois, et comme je vous l’annonçais dès le 14 juillet dernier, et que nous continuons de remettre en service nos réacteurs nucléaires comme prévu, nous y arriverons. C’est entre nos mains.
Aura-t-on des augmentations du prix de l’énergie ? Là aussi, nous avons mis des réponses concrètes en place. Je le dis à chacun d’entre vous car alors que les prix de l’énergie ont atteint des niveaux historiques, la hausse restera plafonnée dans notre pays. Je le dis en particulier à nos artisans, nos boulangers, mais aussi à nos entreprises les plus industrielles. Dès demain, vous aurez des aides adaptées, en plus du bouclier tarifaire déjà mis en place, de telle sorte que la pérennité de votre activité, de nos emplois et de notre compétitivité puisse être assurée. Et, à chaque fois qu’il le faudra, le gouvernement adaptera ses réponses comme il l’a fait à chaque instant. Surtout, nous accélérerons les solutions pour sortir de nos dépendances et avoir un prix de l’électricité qui correspond à son coût de production.
Allons-nous à nouveau subir une vague de Covid, et l’épidémie aura-t-elle une fin ? Là aussi nous pourrons faire face. D’abord, grâce à l’usage raisonnable et adapté des gestes barrières contre le virus, que nous avons appris. Ensuite, grâce à la vaccination qui a montré son efficacité ; et j’incite ce soir tous nos compatriotes de plus de 70 ans en particulier à faire leur rappel ou à se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Enfin, en testant, en séquençant, en établissant les contrôles aux frontières.
C’est ce que le Gouvernement a décidé de faire, dans nos aéroports, dès demain, pour les avions arrivant de Chine, où l’épidémie bat son plein et où nombre de restrictions ont été relâchées.
Devra-t-on travailler plus longtemps en 2023 ? Là aussi, comme je m’y suis engagé devant vous, cette année sera en effet celle d’une réforme des retraites qui vise à assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir. Il nous faut travailler davantage, c’est le sens même de la réforme de l’assurance chômage qui a été portée par le Gouvernement et votée par le Parlement. C’est aussi le sens de cette réforme sur lequel les partenaires sociaux et le gouvernement, vont travailler dans les mois qui viennent pour finir de mettre en place les nouvelles règles qui s’appliqueront dès la fin de l’été 2023. L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacé, car nous continuons de financer à crédit. Pour se faire, l’allongement de nos carrières de travail sera progressif, il se fera par étapes sur près de dix ans. Il sera aussi juste, en tenant compte des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches, de certains métiers. Mais c’est cela qui nous permettra d’équilibrer le financement de notre retraite, dans notre pays, et c’est une chance, où l’on vit plus longtemps, d’améliorer la retraite minimale pour toutes celles et ceux qui ont travaillé pour avoir leurs trimestres, et de transmettre à nos enfants un modèle social juste et solide, parce qu’il sera crédible et financé dans la durée.
Dans la longue histoire de notre nation, il y eut des générations pour résister, d’autres pour reconstruire, d’autres encore pour étendre la prospérité conquise.
En ce qui nous concerne, il nous revient d’affronter ce nouveau chapitre d’une rude époque, et au-delà des urgences de cette année, que je viens pour partie de mentionner, d’avoir la charge de refonder nombre des piliers de notre nation, qu’il s’agisse de notre école, de notre santé, de nos transports, de l’aménagement de notre territoire, de nos industries, et j’en passe.
Il nous faut, pour cela, rester unis mais aussi maintenir une ambition collective intacte, une ambition pour continuer de transformer notre pays face aux corporatismes, et face à toutes les bonnes raisons de faire comme avant, ou à la tentation de l’esprit de défaite.
C’est ainsi que nous serons utiles à notre jeunesse et aux générations qui viennent. Depuis 5 ans, nous avons largement commencé ce travail de transformation, de simplification, de lutte contre les pesanteurs. Mais c’est parfois trop peu, encore souvent trop lent.
Et comme vous, je m’impatiente, mais sans jamais céder à la facilité ou à la fatalité. Aussi, je nous souhaite pour 2023 par notre travail et notre engagement d’œuvrer à refonder une France plus forte, plus juste, pour la transmettre à nos enfants.
C’est par notre travail et notre engagement que nous pourrons augmenter les moyens des forces de sécurité intérieure, de notre justice, de nos Armées, face aux nouveaux défis géopolitiques et à la multiplication des conflits.
C’est par notre travail et notre engagement que nous lutterons plus efficacement contre les trafics, contre l’immigration illégale dans notre Hexagone, comme dans nos outremers. Restons fidèles à nos valeurs, toujours. Intégrons mieux par la langue et le travail, protégeons les combattantes et les combattants de la liberté, comme celles et ceux qui viennent d’Iran ou d’ailleurs, mais gardons le contrôle de nos frontières, de l’unité de la nation.
C’est par notre travail et notre engagement que nous bâtirons aussi une nation productive et écologique. Parce que la transition écologique est une bataille que nous devrons gagner, il nous faut la mener avec résolution et méthode. La planification écologique sera l’instrument de ce dépassement historique pour baisser nos émissions de C02 et sauver notre biodiversité. Avec notre plan France 2030, nous continuerons d’investir, d’innover et de déployer une écologie à l’échelle industrielle. Et après la loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, la loi sur le nucléaire marquera le lancement de la construction de nouvelles centrales sur notre territoire.
C’est par notre travail et notre engagement que nous restaurerons aussi une nation de confiance. En rendant chaque jour notre laïcité effective car elle est un principe de liberté. Et elle ne retire rien à la place de la religion dans le for intérieur de chacun, pour tous ceux qui croient, et je salue en cet instant, la mémoire de sa Sainteté Benoît XVI, dont la disparition, je le sais, affecte beaucoup de catholiques en France et dans le monde. Cette nation de la confiance sera aussi confortée par une lutte constante contre toutes les discriminations, dans une société de respect et de reconnaissance. Elle sera aussi renforcée par un combat de chaque jour que nous continuerons de mener pour être aux côtés de celles et ceux qui sont en situation de handicap.
C’est par notre travail, notre engagement que nous devons refonder nos grands services publics pour qu’ils assurent pleinement notre idéal d’égalité. Avec le Conseil National de la Refondation, nous avons entrepris de renouer le contrat entre les générations et œuvrer à mieux accompagner nos aînés en situation de dépendance.
Nous avons aussi commencé de raviver la confiance dans notre Education nationale, notre santé en nous appuyant sur l’énergie et le dévouement de nos enseignants et de nos soignants. Nous poursuivrons avec ardeur durant l’année qui s’ouvre, par des choix clairs, forts, et un travail au plus près du terrain.
C’est par notre travail et notre engagement que nous bâtirons une société plus juste. Société plus juste c’est d’abord une société où l’égalité entre les femmes et les hommes est effective, et là aussi, ce qui est la grande cause de mes deux quinquennats, continuera d’alimenter le travail du Gouvernement et de nourrir l’action chaque jour. Mais une société plus juste, elle l’est aussi sur le plan social. Pas par plus d’impôt, non. Ni en léguant plus de dette aux générations suivantes. Mais, en améliorant l’accompagnement de nos enfants, de nos adolescents, en réformant notre lycée professionnel, en améliorant l’orientation de nos adolescents, pour trouver les bonnes formations et les bons métiers. En réindustrialisant plus vite et plus fort notre pays, pour offrir de nouveaux emplois et des carrières d’avenir. Car la principale injustice de notre pays demeure le déterminisme familial, la trop faible mobilité sociale. Et la réponse se trouve dans l’école, dans l’orientation, dans notre enseignement supérieur, dans notre politique d’innovation et dans notre industrialisation.
Et parce que la confiance dans la vitalité de notre vie démocratique s’est, elle aussi, émoussée, nous aurons nous le savons dans les mois qui viennent beaucoup à faire. Je poserai dans toutes prochaines semaines mois les premiers jalons d’un Service National Universel. Nous aurons à lancer les aménagements nécessaires à nos institutions et à notre vie publique et citoyenne. Et avec l’Assemblée nationale et le Sénat, avec également le Conseil économique, social et environnemental, nous aurons à bâtir un meilleur fonctionnement des pouvoirs et une association plus fréquente de nos concitoyens.
La France et l’Europe ont un rôle éminent à joueur dans ce moment de notre humanité alors que tant de régimes autoritaires viennent bousculer nos démocraties et leurs fondements. Protéger nos enfants, protéger notre information libre et indépendante, l’ordre libre et juste qui permet aux citoyens d’être heureux : voilà quelques-uns des combats de notre époque.
Nous sommes tenus de nous en saisir.
Oui, c’est bien par notre travail et notre engagement que nous pourrons nous donner les moyens de nos aspirations pour aujourd’hui et de nos ambitions pour demain.
En somme, en 2023, nous aurons à consolider pas à pas notre indépendance énergétique, économique, sociale, industrielle, financière, stratégique et à renforcer notre force d’âme, si je puis dire. C’est ce que nous devons à nos enfants.
Ce n’est pas, et ne sera jamais, une course aux illusions perdues d’avance. Car cette indépendance française doit trouver dans notre Europe son relais, son complément. Quand tant de pays se rêvent des empires, quand tant d’entreprises s’imaginent des royaumes, nous avons un continent, pour former un espace de paix et de liberté, de prospérité, de solidarité, de droit et de puissance. Depuis 2017, nous menons ce combat pour que notre Europe rassemble ses forces. Pour qu’à 27, nous soyons plus forts.
C’est pour cela que j’ai mené ce combat ces dernières années, que vous m’avez entendu alerter aussi les autres Européens afin de défendre nos industries et nos emplois, il y a quelques semaines après les décisions des autres continents, et c’est pour cela que je redoublerai d’efforts en ce début d’année.
Mes chers compatriotes,
Je veux ici et ce soir en votre nom dire à nos amis Ukrainiens : nous vous respectons et nous vous admirons. Votre combat pour la défense de votre nation est héroïque et il nous inspire Et durant l’année qui s’ouvre, nous serons sans faillir à vos côtés. Nous vous aiderons jusqu’à la victoire et nous serons ensemble pour bâtir une paix juste et durable. Comptez sur la France et comptez sur l’Europe.
Quant à nous, soyons cette génération de bâtisseurs.
Dans les prochains mois de 2023, les travaux de reconstruction de Notre-Dame-de-Paris, ce chantier exceptionnel, s’avanceront vers leur terme. Dans les prochains mois, tout notre pays se rassemblera fraternellement à l’orée des Jeux Olympiques et Paralympiques et à l’occasion de la coupe du monde de rugby en France. Dans les prochains mois, grâce au plan France 2030, les premières voitures électriques entièrement construites sur notre territoire sortiront d’usines. Et tant d’autres projets adviendront partout sur notre territoire pour permettre à la France tout à la fois de réduire le carbone et le chômage. Dans les prochains mois, dans nos salles de classe, dans nos hôpitaux, comme chez nos médecins en ville, vous verrez les premiers changements tangibles de la rénovation de notre école et de notre santé.
Pour tout cela, je forme pour nous tous, des vœux d’unité, des vœux d’audace, des vœux d’ambition collective, et des vœux de bienveillance. Des crises, mes chers compatriotes, ensemble, nous en avons tant surmontées. Je nous sais capables de relever celles qui sont devant nous et d’être cette génération qui a la responsabilité de refonder la France et l’Europe pour les transmettre plus fortes, plus belles, plus justes à nos enfants.
Ensemble, nous allons réussir.
Et c’est fort de cette confiance que je vous présente tous mes vœux pour cette année nouvelle.
Vive la République.
Vive la France.
Emmanuel Macron, le vendredi 31 décembre 2022 à Paris.
« J'aurai toujours un cap, un guide : résister dans les crises, bâtir un pays plus fort, plus juste, un pays qui croit dans le mérite, dans le travail, dans la science, dans la connaissance, dans son école, dans ses services publics. » (Emmanuel Macron, le 26 octobre 2022 sur France 2).
Le Président de la République Emmanuel Macron a été l'invité de Caroline Roux, une seconde fois en deux semaines, de l'émission politique "L'Événement" intitulée "Les urgences françaises", diffusée en direct sur France 2 ce mercredi 26 octobre 2022 à 20 heures 30. Pour un Président qui boudait France Télévisions depuis des années, il semble avoir rattraper ses absences.
L'intervention d'Emmanuel Macron a été principalement pédagogique, ce qu'avait toujours évité de faire son prédécesseur François Hollande : expliquer sa politique, la mettre en perspective, présenter les enjeux, définir le cap. C'est ce qu'a fait le Président de la République cette soirée, avec succès et sans doute, avec des arguments convaincants pour ceux qui se lèvent tôt le matin pour travailler.
Il y a d'abord la crise, qu'il faut traverser : « On traverse cette crise, et au fond, nous devons passer cette tempête. (…) Et nous allons la passer ensemble. (…) Pour traverser cette tempête, on doit protéger les plus faibles, nos étudiants, les familles les plus modestes, nos entreprises les plus fragiles, aussi notre industrie, on doit pousser ceux qui ont plus de force à encore faire mieux, et puis, on doit aussi garder notre cap qui est d'avoir une France qui est plus forte et plus juste, et donc, de préparer notre avenir qui est le nôtre au XXIe siècle. ».
Emmanuel Macron a insisté sur l'effet de l'inflation : c'est un choc de 85 milliards d'euros. Mais il est réparti diversement : « un peu plus de la moitié a été pris en charge par l'État (...), 40% a été pris par les entreprises, et il y a 5 à 6% qui a été pris par les ménages ». Cela a pour conséquence qu'il y a moins d'inflation que chez nos voisins européens qui subissent en général une inflation à deux chiffres.
Emmanuel Macron a ensuite énuméré toutes les mesures d'accompagnement, d'aide et de protection contre l'inflation votée dans le projet de loi de finances pour 2023.
Pour autant, il s'opposera toujours à bloquer les prix : « Administrer les prix, cela veut dire : on coupe en quelque sorte tous les compteurs de notre économie et on réadministre les prix. Cela va tout désorganiser ; les conséquences seront bien plus grandes. ».
L'important, ce qui faut, c'est que la hausse des prix de l'énergie soit absorbée par les industries sans répercussion sur les prix de leurs produits. Emmanuel Macron veut donc mettre en place un mécanisme pour amortir les augmentations pour l'énergie dans les entreprises (mais aussi dans les collectivités territoriales).
La stratégie économique du Président n'a pas varié : rembourser la dette, assurer une stratégie de plein emploi et continuer la baisse d'impôts (50 milliards d'euros dans son premier quinquennat) : « On a un stratégie macroéconomique qui est cohérente (…). C'est d'ailleurs pour ça que nos taux ne s'envolent pas (…). On ne peut pas faire n'importe quoi. C'est pourquoi il faut une stratégie pour rendre notre dépense publique plus efficace, pour faire de vrais choix. Les vrais choix, ce doit être quoi ? Investir sur la santé, sur l'école. ».
Il n'a pas voulu non plus réindexer les salaires sur l'inflation : c'était Pierre Bérégovoy qui a supprimé cette indexation au début des années 1980. Une réindexation ne résoudrait pas le problème, au contraire, ne ferait que l'amplifier : « Si on met toute la chaîne des salaires sur une indexation automatique, qu'est-ce qu'on fait ? On entretient la hausse des prix et on a une boucle prix/salaires. Et on ne l'arrête plus. (…) Alors, nous détruirons des centaines de milliers d'emplois ».
De plus, Emmanuel Macron refuse de décider à la place des entreprises : « Les augmentations de salaire, ce n'est pas l'État qui décide (…). Nous ne sommes pas une économie administrée. ». En revanche, avec le dialogue social, et aussi dans le cadre du Conseil national de la refondation, il faudra discuter du partage de la valeur, entre dividendes et salaires.
Sur la réforme des retraites, l'affaire est assez simple : il manquera 12 à 15 milliards d'euros par an à partir de 2027. Emmanuel Macron est donc absolument convaincu qu'il faut sauver les retraites en leur donnant plus d'oxygène, c'est-à-dire, à partir de 2023, augmenter chaque année de quatre mois l'âge légal de départ à la retraite, soit 65 ans en 2031. Il n'a pas exclu la possibilité de réduire cet âge à 64 ans si sont négociés plus de trimestres cotisés pour une retraite à taux plein.
Le risque de voir les séniors au chômage ? Il a récusé l'argument : « À chaque fois qu'on a fait une réforme des retraites, on a amélioré le taux d'emploi des séniors. ». Et il n'a pas hésité à blâmer le comportement de certains employeurs très satisfaits d'un âge peu élevé de départ à la retraite, ce qui leur permet de les remplacer plus rapidement par des plus jeunes aux rémunérations beaucoup moins élevées.
Emmanuel Macron a rappelé son agenda : jusqu'à la fin de décembre 2022, négociations avec les partenaires sociaux, puis présentation du texte du gouvernement au début de l'année 2023 et examen au Parlement : « Moi, je souhaite que des accords soient trouvés entre la majorité et des formations politiques qui nous permettent d'avoir la majorité à l'Assemblée et au Sénat. ».
L'appel aux députés LR et aux députés centristes du petit groupe LIOT a donc été fait par le Président de la République très clairement, non seulement pour la réforme des retraites, mais aussi la réforme du travail (assurance-chômage), le texte sur l'immigration, et celui sur les énergies renouvelables et le nucléaire. C'est aussi ce qu'a préconisé Nicolas Sarkozy (j'y reviendrai), mais sans succès auprès du groupe LR qui semble complètement arque-bouté dans une opposition systématique pour des considérations électorales de différenciation.
Et Emmanuel Macron en a profité pour exprimer sa grande colère contre les députés de la Nupes, sur leur cynisme et leur désordre : « Oui, c'est compliqué [de réunir une majorité], mais moi, j'ai vu aussi ce qui s'est passé ces derniers jours. (…) J'ai entendu les déclarations triomphalistes de monsieur Mélenchon. "À cinquante voix près, on y était". Mais qui est ce "on" ? L'alliance donc des députés, je pense à leurs électeurs ce soir, socialistes, écologistes, communistes, LFI avec ceux du Rassemblement national. Vous pensez que nos compatriotes qui ont voté pour un député socialiste ou écologiste, ils lui ont demandé de porter une majorité avec des députés du Rassemblement national, ils lui ont demandé de déposer une motion de censure qui, à dessein, a été changée par cette coalition baroque de la Nupes. (…) Ce qui me met en colère, c'est le cynisme et c'est le désordre. C'est ça, ce qui s'est passé. C'est qu'ils ont prouvé une chose, ils n'ont pas de majorité, mais ils ont surtout prouvé quoi ? Qu'ils étaient prêts, socialistes, écologistes, communistes et LFI, à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national, alors qu'il y a la guerre en Europe, qu'il y a la crise, qu'il y a le désarroi de tant de familles et qu'il nous faut être aux côtés des Français. ».
Et Emmanuel Macron de poursuivre avec un argument très porteur : « Ils [Ces députés de la Nupes] ont montré une chose : ils ne sont pas du côté du mérite, de l'ordre, du travail, de la solution, de l'avancée ; ils sont du côté du désordre et du cynisme. Et je vous le dis, ça ne mènera à rien. Parce que ces gens-là ne sauront pas demain gouverner ensemble. Ils se sont tous écriés qu'il fallait faire barrage l'un à l'autre. Nous avons simplement vu que le roi était nu, car ils se sont mutuellement aidés aux élections du printemps dernier. (…) Le gouvernement a raison, avec la majorité relative, à porter le 49 al. 3. Mais il n'y a pas, ni aujourd'hui ni demain, dans notre pays, une majorité alternative, car celle-ci, elle repose sur l'incohérence, l'alliance des extrêmes. ».
Sur les voitures électriques et la fourniture de batteries, Emmanuel Macron veut mettre en place une filière strictement européenne pour ne plus dépendre de l'industrie chinoise : « Maintenant, qu'est-ce qu'on doit faire ? On doit réconcilier le climat, l'industrie qui crée des emplois industriels et la souveraineté énergétique. Le modèle de ce qu'on veut faire sur la voiture, c'est ça. (…) En Européen, on doit réserver les aides (…). Comme les Américains, on doit les réserver aux producteurs européens et à nos solutions. Les Européens sont encore trop naïfs. (…) Je ne crois pas au protectionnisme national, ça ne marche pas ; on est un marché ouvert. Je n'ai jamais cru à l'Europe supermarché ouvert. Je suis pour une Europe qui ait une politique industrielle. Donc oui, on doit protéger notre industrie et réserver les aides aux véhicules faits en Europe. ». L'objectif est de construire 2 millions de véhicules électriques en France. Et de produire des batteries : « Nous, on n'a pas de pétrole, mais on a du lithium ! ». C'est le sens de la souveraineté européenne que le Président français a appelé de ses vœux dès le 26 septembre 2017 dans son fameux discours de la Sorbonne.
Autre sujet de grande angoisse chez les automobilistes, la mise en place des zones à faibles émissions dans les grandes agglomérations, pour renforcer la santé des habitants : « On ne doit laisser personne stigmatisé ou sans solution. (…) C'est une transition qu'il nous faut faire. Il faut la faire en nous respectant les uns les autres. (…) Si on dit : il faut faire tout et tout de suite, et en quelque sorte, il y a des gens qui sont dans le camp du bien et des gens dans le camp du mal, les Français deviennent fous. On a un cap : on doit créer des emplois, aller vers le plein-emploi, on doit produire plus dans notre pays et produire plus de richesses pour financer notre modèle social, on doit protéger et on doit décarboner. C'est possible si on organise la Nation, qu'on se donne des échéances et qu'on investit. Exactement ce qu'on est en train de faire. ». Ainsi, il a évoqué la possibilité de prêter des véhicules propres pour aller dans les agglomérations aux personnes qui n'ont pas les moyens de se doter de ce type de véhicule, quand il n'y a pas de solution alternative de transports en commun.
Sur les déserts médicaux et la saturation des urgences, le Président de la République a décidé de prendre une mesure radicale : « On va faire quelque chose de très simple qu'on a travaillé avec nos députés et notre Ministre de la Santé, notre Première Ministre. Tous les médecins qui arrivent à la retraite, on va leur permettre de prendre la retraite, mais, au premier jour de leur retraite, de pouvoir continuer leur activité et de garder tous les revenus qui sont les leurs pour eux sans payer de cotisation retraite nouvelle. Et donc, de pouvoir accumuler votre retraite à taux plein, quand vous y avez droit, et en plus de ça, vos salaires et vous ne payez plus vos droits après. Donc, c'est un vrai changement de vie. (…) Et à côté de ça, qu'est-ce qu'on va faire aussi ? On va donner plus de responsabilités à nos infirmières, à nos kinés, à nos pharmaciens pharmaciennes, à tous nos paramédicaux, nos psychologues et autres, pour que beaucoup de tâches qui sont faites par nos médecins puissent aller vers ces derniers. (…) Chaque territoire va inventer ses solutions en lui donnant beaucoup plus de liberté et de moyens. ».
Confronté à la courbe des coups et blessures volontaires, sans cesse en hausse, Emmanuel Macron a reconnu l'état de notre société : « Nous avons une société qui est plus violente, elle l'est sur les réseaux sociaux, elle l'est dans la rue, de plus en plus, dans les manifestations, et elle l'est au quotidien. ». Pour lui, cette violence provient de deux faits : la drogue et son trafic, et les violences faites aux femmes. En particulier, les violences intrafamiliales : « On doit pacifier notre société. (…) C'est un travail d'éducation, c'est un travail sur les réseaux sociaux. Ça veut dire qu'on doit protéger nos enfants de la violence sur les réseaux sociaux, de manière drastique, on va prendre des règles absolues. Ça veut dire qu'on doit arrêter, sur nos réseaux sociaux, d'accepter que la violence anonyme est devenue la règle. Ça veut dire qu'on va continuer d'améliorer, dans les grandes manifestations publiques, les choses pour réduire la violence. Et que derrière, on va continuer d'investir dans notre police, dans notre gendarmerie et dans notre justice. ». En particulier, assouplir les règles par une refonte du code de procédure pénale en y associant les parlementaires. Cet « immense chantier là aussi » est donc l'une des annonces importantes du Président de la République dans cette émission.
Enfin, pour résumer sa philosophie d'action, Emmanuel Macron a synthétisé son but pour la France : « Libérer et protéger continue d'être un cap. Donc tout ce qu'on a fait durant cinq ans, on le consolide. Mais on doit traverser les crises (…). Mais pour faire quoi ? Pour avoir un pays plus fort sur le plan productif, sur le plan scientifique, sur le plan éducatif, afin d'être plus juste et de financer notre modèle social qui est une force. Et c'est ça qui nous permettra d'avoir un pays plus uni et plus apaisé. C'est ça mon cap : une France plus forte pour être plus juste et plus apaisée, et il n'y en aura pas d'autre, matin midi et soir ».
On peut noter que l'expression "matin midi et soir" a été utilisée, avant lui, par son prédécesseur Nicolas Sarkozy à qui il a fait également un clin d'œil lorsqu'il a parlé de défiscaliser les heures supplémentaires, ce qu'avait fait effectivement Nicolas Sarkozy, sans préciser que François Hollande avait supprimé cette mesure à une époque où Emmanuel Macron était son conseiller économie à l'Élysée...
Ce qui ressort de cette émission très pédagogique, c'est qu'Emmanuel Macron a voulu montrer qu'il menait la France du travail, de la souveraineté et du mérite, celle de l'ordre et celle qui amortit le choc de la crise économique, et qu'il est un peu seul dans cette ambitieuse tâche face à des oppositions qui ne font rien de constructif et qui veulent le chaos politique. Le peuple saura juger avec pertinence son action.
« Merci de rappeler ce que j'ai assez peu entendu sur les bancs de l'hémicycle et que je crois profondément vrai : vous êtes la majorité de la justice fiscale ! » (Bruno Le Maire, le 25 octobre 2022 dans l'hémicycle).
Les postures politiciennes des oppositions qui tendent à s'opposer systématiquement aux propositons du gouvernement, ce qui l'a obligé à appliquer l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour permettre d'approuver le projet de loi de finances pour 2023 et le projet de loi de financement de la sécuriét sociale pour 2023, ont fait oublier que ce budget 2023 est un budget qui protège les Français de la crise dans laquelle ils se trouvent, notamment en termes d'inflation. Le Ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire entend bien le rappeler à chaque occasion, lui qui commence, pour son sixième budget, à devenir aussi habitué à son ministère que ne l'était son illustre prédécesseur, Valéry Giscard d'Estaing (1962 à 1966 puis 1969 à 1974). S'il reste à Bercy jusqu'à la fin du quinquennat, il battra même le record de longévité de Valéry Giscard d'Estaing.
En effet, 20 milliards d'euros ont été consacrés à cette protection, et cela sans augmenter ni la dette de l'État ni les impôts des Français. En particulier, les retraites, la prime d'activité, les prestations familiales et le RSA (revenu de solidarité active) ont été revalorisées de 4%, en plus des +1,1% et +1,8% du début d'année ; le point d'indice de la fonction publique a été augmenté de 3,5% (la plus forte augmentation depuis 37 ans !) ; la redevance pour l'audiovisuel public a été supprimé tout en continuant à garantir son indépendance financière (économie de 138 euros par an pour les ménages) ; la prime Macron a été triplée (jusqu'à 6 000 euros par an et par salariés net d'impôts et de cotisations) ; les cotisations sociales ont été baissées pour les indépendants à hauteur de 500 euros par an au niveau du SMIC ; le prix du litre de carburant a été réduit de 50 centimes (donc 20 négociés avec Total) ; un chèque énergie exceptionnel a été alloué (entre 100 et 200 euros pour les foyers les plus modestes) ; un bouclier tarifaire a été mis en place pour l'électricité et le gaz (blocage de la hausse des prix à 25 euros par mois au lieu de 200 euros par mois sans bouclier en 2023) ; etc.
La Première Ministre Élisabeth Borne l'avait bien sûr évoqué lors de sa réponse aux motions de censure le lundi 24 octobre 2022 avec quatre chapitres essentiels : la bataille de l'emploi, la transition écologique, l'égalité des chances et la souveraineté nationale.
L'emploi : « Cette bataille pour le plein emploi, qui irrigue toutes nos politiques publiques, notre budget la soutient aussi. Il le fait en accordant un soutien majeur au développement de l’apprentissage, avec 3,5 milliards d’euros pour les aides à l’embauche d’alternants, mais aussi en permettant le renforcement de la formation et de l’orientation des demandeurs d’emploi. Mesdames et messieurs les députés du Rassemblement national et de la Nupes, ces mesures sont-elles celles que vous voulez censurer ? ».
L'écologie : « Notre deuxième priorité, c’est la transition écologique. Nous devons répondre simultanément à l’urgence et aux défis de long terme. (…) C’est l’objet du fonds vert, qui sera doté dès l’an prochain de près de 2 milliards d’euros. Mesdames et messieurs les députés du Rassemblement national et de la Nupes, ces mesures sont-elles celles que vous voulez censurer ? ».
L'égalité des chances : « Le troisième pilier de l’action que porte mon gouvernement, c’est l’égalité des chances. Oui, je suis fière de présenter un budget qui investit dans notre école et permet la revalorisation du salaire des enseignants, avec une enveloppe de près de 1 milliard d’euros dès 2023. Oui, je suis fière, pour ne prendre qu’un autre exemple, de présenter un budget qui assure un niveau de soutien inédit aux étudiants, en revalorisant de 4 % les bourses sur critères sociaux, en maintenant le gel des droits d’inscription et des loyers dans les résidences universitaires, et en prolongeant les repas à 1 euro pour les étudiants boursiers et précaires. Mesdames et messieurs les députés du Rassemblement national et de la Nupes, ces mesures sont-elles celles que vous voulez censurer ? ».
La souveraineté nationale : « Enfin, notre quatrième priorité, c’est la souveraineté. Nos souverainetés, devrais-je dire, puisque nous poursuivons l’effort massif en faveur de nos armées, nous augmentons de manière inédite et continue les moyens alloués à notre justice, et nous recrutons 3 000 policiers et gendarmes dès l’an prochain. Ce budget protège aussi les Français en prolongeant le bouclier tarifaire. Alors que, partout en Europe, les factures d’énergie explosent, en France, nous allons contenir leur hausse à 15 %. ».
Et dans la méthode, pas d'augmentation des impôts, pas d'augmentation de la dette publique : « Ce projet de loi finances soutient également nos classes moyennes face à la montée des prix, notamment en indexant sur l’inflation le barème de l’impôt sur le revenu. (…) Ce texte, enfin, c’est un pas de plus sur le chemin de la responsabilité budgétaire. Nous avions promis qu’il n’y aurait ni hausse des impôts ni hausse des déficits. La promesse est tenue. ».
Mais il y a un domaine où l'opposition de gauche voudrait briller mais à contre-emploi, c'est celle de la taxation des grandes entreprises qui ont su faire des bénéfices à l'occasion de la hausse mécanique du prix de l'énergie, qui n'est pas en corrélation avec les coûts de production. La Nupes ne souhaiterait que rajouter un impôt sur les bénéfices alors que la majorité a préféré voter pour une contribution exceptionnelle qui, dans la pratique, va apporter beaucoup plus de milliards d'euros à l'État.
Le député David Amiel, du groupe Renaissance (majorité présidentielle), a ainsi voulu souligner, à l'occasion d'une question au gouvernement lors de la séance de l'Assemblée Nationale de ce mardi 25 octobre 2022, l'importance de cette contribution solidaire de ces groupes du secteur de l'énergie : « La loi de finances pour 2023 comportera une supercontribution pour les entreprises productrices d’énergie. Taxer et restituer aux Français ces rentes, qui doivent tout ou presque aux hasards de la crise, c’est une mesure d’efficacité et de justice. C’est juste, parce que la crise appelle la solidarité de tous. (…) Il était donc urgent que les entreprises productrices d’énergie prennent aussi la leur : grâce à notre majorité, ce sera chose faite. C’est aussi une mesure efficace : nous avons obtenu que la même mesure s’applique dans toute l’Union Européenne, et nous éviterons ainsi que certaines entreprises contournent nos règles nationales en délocalisant leurs activités, réduisant ainsi les recettes de l’État. Depuis cinq ans, depuis la taxe GAFA jusqu’à la réforme du marché de l’énergie en passant par la réforme fiscale à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le gouvernement s’est engagé pour mieux réguler la mondialisation, pour lutter contre ses excès et ses dérives, parce que c’est la justice. Il s’est engagé au niveau européen et au niveau international, parce que c’est l’efficacité. ».
L'autre volet de la réforme porte sur la fiscalité des multinationales, en particulier des géants du numérique (GAFAM), pour qu'ils paient le juste impôt en France et pas à l'étranger.
Dans sa réponse, à cette question faire-valoir du gouvernement, le Ministre des Finances Bruno Le Maire a salué la majorité parlementaire qui était en face de lui : « Merci de rappeler ce que j'ai assez peu entendu sur les bancs de l'hémicycle et que je crois profondément vrai : vous êtes la majorité de la justice fiscale ! Vous êtes la majorité de la justice fiscale parce que vous avez été les premiers à mettre en place la taxation sur les géants du numérique pour laquelle nous nous sommes battus depuis cinq ans avec le soutien d’un certain nombre de pays européens, dont la Grande-Bretagne du nouveau chancelier Rishi Sunak. Nous avons été parmi les premiers en Europe à défendre l’idée d’une taxation minimale à l’impôt sur les sociétés, idée qui s’est désormais imposée partout au sein de l’OCDE. Nous la traduirons dans les faits au niveau national en janvier prochain si nous n’arrivons pas à arracher l’accord de la Hongrie, les partenaires du Rassemblement national qui bloquent cette mesure de justice fiscale depuis maintenant plusieurs mois. Vous avez été la première majorité à mettre en place un prélèvement sur les rentes des énergéticiens, mesure autrement plus efficace que la taxation sur les superprofits, autrement plus juste et autrement plus rentable pour les comptes de l’État auquel elle va rapporter 26 milliards d’euros en 2023. La différence entre vous et l’opposition, c’est que vous ne confondez pas justice fiscale et vengeance fiscale. Vous avez parfaitement compris que dans un pays qui a déjà un taux de prélèvements obligatoires parmi les plus élevés, il était préférable et plus efficace, plutôt que de taxer pour cinq ans ou indéfiniment toutes les entreprises, pourtant déjà confrontées à des difficultés économiques majeures, de continuer à taxer les GAFA, de mettre en place l’imposition minimale sur les sociétés et d’opérer un prélèvement sur la rente des énergéticiens pour financer la protection des Français contre l’inflation. » (Précision : Rishi Sunak est le nouveau Premier Ministre britannique depuis le 25 octobre 2022, mais l'ancien "chancelier de l'Échiquier", nom donné au ministre des finances, entre février 2020 et juillet 2022).
Eh oui, le temps des postures est révolu, il est pour les périodes pré-électorales. Après les élections, il est temps d'agir, de prendre ses responsabilités dans l'intérêt général, et de proposer, d'innover et de réformer afin de renforcer les protections et d'améliorer les dispositifs existants. Les oppositions se comportent encore comme si nous étions à la veille d'une élection présidentielle.
Mais la pièce a déjà été jouée, Emmanuel Macron a été réélu le dimanche 24 avril 2022 pour cinq ans par 18,8 millions de Français. Et il a été bien réélu, avec un score très honorable, bien qu'inférieur à sa première élection en 2017 : en effet, 58,6% des suffrages exprimés, soit 38,5% des inscrits, ce qui est équivalent à l'élection de François Hollande (39,1% des inscrits) et supérieur à l'élection de Georges Pompidou (37,1% des inscrits), et, même en prenant les suffrages du premier tour, Emmanuel Macron a été réélu par 27,9% des suffrages exprimés, soit 20,1% des inscrits, nettement meilleur qu'aux deux élections de Jacques Chirac qui avait recueilli aux premiers tours 15,9% et 13,8% des inscrits respectivement en 1995 et 2002.
Avec l'adoption des premières parties du PLF et du PLFSS pour 2023, le gouvernement et la majorité ont montré qu'ils se souciaient des Français dans leur vie de tous les jours, dans leurs problèmes quotidiens, en les protégeant concrètement de l'inflation et de la crise de l'énergie. Les oppositions, elles, n'espèrent que le chaos et le désordre, afin de mieux surfer sur les peurs et sur les colères (contre les étrangers, contre les riches, etc.). Dans leur sagesse, les Français sauront faire la part des choses entre ceux qui agissent et ceux qui pérorent...
« Vladimir Poutine doit cesser cette guerre, respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine et revenir autour de la table des discussions. » (Emmanuel Macron, le 12 octobre 2022 sur France 2).
Annoncé la veille, le Président de la République Emmanuel Macron a été l'invité de Caroline Roux dans le premier numéro de la nouvelle émission politique "L'Événement" intitulée "Le monde en crise(s)", diffusée en direct sur France 2 ce mercredi 12 octobre 2022 à 20 heures 20 (avec vingt minutes d'avance). Cette nouvelle émission, qui semble essayer de faire renaître la très célèbre émission "Sept sur Sept" présentée par Anne Sinclair le dimanche soir sur TF1 (en particulier avec un fond noir), a été suivie ensuite par un débat sur la situation en Ukraine entre "experts" sans la présence du chef de l'État.
Pendant une heure cinq, Emmanuel Macron a parlé aux Français principalement sur des sujets internationaux, mais pas seulement, avec deux gros chapitres, la guerre en Ukraine et la crise de l'énergie. En fin d'émission, il a évoqué aussi la crise en Iran depuis un mois ainsi que l'appel à l'aide de l'Arménie.
Pour Emmanuel Macron, les frappes massives de l'armée russe contre le peuple ukrainien sur tout son territoire depuis le 10 octobre 2022 est un tournant : « Cela change une chose, c'est qu'on s'installe dans la guerre. (...) Le choix qui a été fait par la Russie ces derniers jours, c'est cela. ». Ainsi, Emmanuel Macron se prépare à une guerre longue, qui durera encore plusieurs mois au moins.
N'hésitant pas à dire que : « Les Russes sont dans une logique parallèle. (…) Nous, nous essayons d'avoir une approche qui est quelque chose à voir avec le réel. », le Président a voulu rester dans les principes qui ont toujours guidé son action et ses positions : « Face à ça, nous, qu'est-ce qu'on fait ? On va continuer et intensifier la même logique. Et je le dis depuis le début : nous, nous soutenons l'Ukraine dans sa résistance sans participer à la guerre. Par une logique. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas de guerre mondiale. Il faut être responsable. ».
En particulier : « Ce qui se passe en Ukraine nous touche pour trois raisons principales. La première, c'est évidemment qu'un pays de notre continent est attaqué et que son intégrité territoriale, ses frontières, ont été violées par nos voisins. La deuxième, c'est nos principes qui sont attaqués, ce qui fonde notre droit international, ce qui justifie encore plus notre solidarité. Il n'y a pas d'ordre international si on laisse le plus fort envahir celui qui est le plus fragile et ne pas respecter les frontières. La troisième, c'est que la Russie est ce qu'on appelle un État doté. Ils ont l'arme nucléaire. ».
Ainsi, le Président français a réaffirmé clairement que la doctrine française n'appellerait pas à une riposte nucléaire française si jamais la Russie envoyait une bombe nucléaire tactique sur le territoire ukrainien. Pour lui, il faut le moins parler possible de la dissuasion nucléaire, renvoyant dos à dos tant les déclarations menaçantes de Vladimir Poutine que celles alarmistes, contre la perspective de l'Apocalypse nucléaire, de Joe Biden.
Emmanuel Macron a rappelé que la dernière fois qu'il avait téléphoné à Vladimir Poutine, il l'avait convaincu d'accepter l'inspection internationale de la centrale nucléaire de Zaporijjia.
En outre, Emmanuel Macron a refusé de dicter leur conduite aux Ukrainiens, leur dire quand ils doivent commencer les négociations. La France les aide mais n'a pas à s'immiscer dans leur stratégie, rappelant que la France n'aurait pas voulu que les Alliés s'occupassent eux-mêmes des territoires français occupés pendant la guerre. En d'autres termes, il accepte leur détermination à retrouver leurs frontières de 1991, y compris la Crimée annexée en 2014.
Mais cela n'empêche pas qu'il faudra bien un jour négocier : « Il y aura un moment, je vous le dis les yeux dans les yeux, où il faudra le faire (…). Je me suis toujours refusé à tout discours jusqu'au-boutiste. Négocier, ça ne veut pas dire renoncer. ».
Passant à la crise énergétique, ou plutôt, aux crises, car il y en a plusieurs (pénurie d'énergie en fin 2021, crise due à la guerre en Ukraine, crise due au réchauffement climatique, crise très ponctuelle due aux mouvements sociaux en France), le Président a présenté un graphique communiqué par l'Union Européenne sur le prix du gaz.
Ce que ce graphique veut dire : « Ce que je démontre, c'est que si le prix du gaz augmente, ce n'est pas parce que nous avons pris des sanctions, c'est parce que la Russie a fait du gaz un instrument de guerre. (…) Et maintenant, nous devons nous protéger de cela. (…) L'Europe a besoin d'un sursaut d'indépendance. Vous m'entendez dire ça depuis cinq ans, c'était le discours que j'ai prononcé il y a cinq ans à la Sorbonne. Cette souveraineté européenne, c'est ça ! L'Europe a été trop dépendante du gaz russe. ».
En effet, c'est la Russie qui a limité à 40% puis à 25% le flux dans Nord Stream. L'Europe a cependant réussi à réduire sa dépendance russe au gaz en passant de 40% d'origine russe avant la guerre en Ukraine à seulement 7,5% aujourd'hui. Pour Emmanuel Macron, la diversification des approvisionnements nécessite encore de renégocier les prix, en particulier auprès des nouveaux fournisseurs également alliés, la Norvège et les États-Unis. De plus, il est déterminé à changer la règle du marché européen de fixation du prix de l'électricité qui s'est envolé alors que la France (au contraire de l'Allemagne) n'utilise que très peu le gaz pour produire son électricité (d'origine principalement nucléaire et renouvelable).
Passant au sujet de la pénurie grave d'essence dans les stations services, Emmanuel Macron a insisté sur une origine qui n'a rien à voir avec la guerre mais avec un conflit social où seulement quatre grévistes sont capables de bloquer une raffinerie.
Refusant de s'immiscer dans la gestion d'une entreprise comme Total dont l'État n'est pas actionnaire, il en a appelé à la responsabilité de tous les acteurs : « Je veux bien que nous soyons dans un pays où l'on pense que tout dépend du Président de la République et du gouvernement, mais (…) au moment où nous avons la guerre (...), chacun doit être, si je puis dire, à sa place et prendre toutes ses responsabilités. ».
À ceux qui lui ont reproché de ne pas avoir recouru plus tôt aux réquisitions (comme certains députés LR), le Président a répondu qu'il n'était pas question de réquisitionner avant l'amorce du dialogue social, et si cela avait été le cas, ceux qui vont aller devant les référés pour s'opposer aux réquisitions auraient alors gain de cause car le juge aurait constaté que l'État ne permettrait pas le dialogue social. En revanche : « Si le dialogue social n'aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons. ».
Respectant le droit de grève, il en a appelé surtout au sens des responsabilités et à la solidarité entre les Français : « Que la CGT permette au pays de fonctionner (…). Je suis pour le dialogue social, je suis pour le respect de tous nos droits constitutionnels, je suis pour la négociation, jamais pour le blocage. Comment peuvent le comprendre nos compatriotes ? Et moi, quand on parle de tout ça, j'ai surtout une pensée pour l'ensemble de nos compatriotes qui font des queues au milieu de la nuit pour trouver de l'essence. ».
Emmanuel Macron a également montré un graphique publié par "Le Parisien" qui fait la comparaison du prix de l'électricité en Europe et qui montre que le prix en France est nettement moindre, grâce à l'action du gouvernement.
Le leitmotiv présidentiel a toujours été de protéger les Français, c'était le cas pendant la crise du covid-19, cela reste encore aujourd'hui le cas avec le prix des énergies : « Au moment où il y a la guerre, au moment où ça s'envole partout, au moment où on a fait le choix de protéger, au moment où on a aussi redistribué du pouvoir d'achat par des augmentations, une augmentation du SMIC, une augmentation des retraites, où il y a des négociations qui se passent dans les entreprises, nul n'a le droit dans notre pays de ne pas être solidaire, uni et responsable. (…) Nous devons nous serrer les coudes. (…) Je ne peux pas imaginer une seule seconde que la capacité à nous chauffer, à nous éclairer, à aller à la pompe, elle sera fragilisée par des Françaises et des Français qui diront : non, pour défendre mes intérêts, je vais compromettre ceux de la nation. ». Cette phrase est très forte et portera sans aucun doute chez les Français responsables.
Caroline Roux a exposé une carte d'Europe avec la localisation des centrales au charbon. En France, deux seules centrales, une en Bretagne qui cessera quand l'EPR de Flamanville sera mis en service, et une à Saint-Avold qui rouvre pour cette hiver en raison des risques de pénurie.
La situation de la France, dotée d'une parc nucléaire incomparable, est privilégiée par rapport au reste de l'Europe, en particulier à l'Allemagne et à la Pologne, sur la dépendance des énergies fossiles. Emmanuel Macron reconnaît que la crise de l'énergie actuelle encourage aussi à préparer la transition énergétique dans un but de lutte contre le bouleversement climatique, en misant tout sur le mix énergétique nucléaire/renouvelables.
La prestation présidentielle a-t-elle convaincue les Français ? Probablement que si l'idée était de réaffirmer la solidarité pour aider l'Ukraine à résister face à l'envahisseur russe, de plus en plus agressif, et de rendre impopulaire la grève dans les raffineries en encourageant la solidarité entre Français dans ce moment critique, il aurait réussi. D'autant plus que si la plupart des bobos parisiens se moquent de la pénurie d'essence pour se rendre au travail (le vélo électrique et les transports en commun suffisent pour eux), la perspective de vacances de la Toussaint gâchées par cette pénurie commence à les inquiéter sérieusement...