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22 avril 2022 5 22 /04 /avril /2022 06:12

« Devant l’enjeu historique, l’abstention n’est en effet pas une option. Quelle que puisse être la déception des uns ou des autres devant le quinquennat passé, on ne peut fuir ses responsabilités citoyennes pour l’avenir que l’extrême droite au pouvoir mettrait en péril. Il faut lui faire barrage activement et non s’en laver les mains. Le duel s’annonce serré. » (Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques-Delors, le 19 avril 2022).




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Je n’ai jamais compris les gens qui, pour faire barrage à un candidat dans un second tour d’une élection présidentielle, s’abstienne ou vote blanc ou nul. Tout le monde peut voter pour n’importe qui du moment que tout le monde respecte la loi, c’est la démocratie, mais vouloir faire barrage en ne votant pas pour le candidat opposé, c’est au mieux un doux rêve ou une illusion d’optique, au pire une hypocrisie cynique. Il ne faut pas se voiler la face, si on ne veut vraiment pas l’élection d’un candidat donné, il vaut voter pour son adversaire. Il n’y a pas à tergiverser.

Cela me fait penser à "Matin brun", une nouvelle de Franck Pavloff (éd. Cheyne, 1998). Il s’agissait d’un nouveau pouvoir qui votait des lois bizarres. Au début, les habitants tentaient de s’y accommoder tout en poursuivant leurs divertissements. Jusqu’au jour où (c’est la fin de la nouvelle) : « On frappe à la porte. Si tôt le matin, ça n’arrive jamais. J’ai peur. Le jour n’est pas levé, il fait encore brun dehors. Mais, arrêtez de taper si fort, j’arrive. ». Bien sûr, Marine Le Pen ne va pas obliger les chats et les chiens à être bruns, mais son programme est pourtant assez clair, à tel point qu’elle tente de l’édulcorer, maintenant qu’il est sous les projecteurs, mais c’est clair qu’elle ne sera pas au pouvoir pour ne rien faire. On dit qu’elle est victime d’être la fille de son père : le fait d’être sa fille n’est le problème ; le problème, c’est qu’elle a repris le parti de son père, avec son corpus idéologique et ses hommes d’appareil, ce n’est pas du tout la même chose !

Le risque est de faire sous-traiter le vote pour Emmanuel Macron par d’autres parce qu’on ne souhaiterait pas soi-même se compromettre devant son miroir, bien qu’on ne veuille absolument pas de Marine Le Pen. À cette sous-traitance, il y a une réelle lâcheté : si au petit matin du lundi 25, vous vous réveilliez avec Marine Le Pen élue, il ne faudrait alors pas venir pleurnicher, ce serait à cause de vous, vous qui n’avez pas voulu vous compromettre avec le supposé méchant Macron en laissant filer Le Pen. Il y aurait alors des barrages électoraux plus efficaces que le vôtre. Certains électeurs américains ont connu cela avec l’élection de Donald Trump. D’autres électeurs britanniques ont connu cela avec le vote sur le Brexit.

Plus calculateur, si un électeur anti-Le Pen qui souhaiterait qu’Emmanuel Macron soit réélu, mais du bout des lèvres, juste avec un petit score, que devrait-il faire ? L’ennui, dans son cas, c’est qu’il ne vote pas pour donner un score, il vote 100% pour un candidat ou 0% pour son concurrent, mais il ne peut pas faire un panachage des deux, par exemple, voter 55% pour l’un et 45% pour l’autre, ainsi, la victoire serait mesurée. C’est typiquement un raisonnement bidon et stupide. Car il n’y a pas de volonté collective des "Français" en tant que tout, que peuple, il n’y a que des millions de volontés individuelles qui sont du tout ou rien, soit l’un soit l’autre (soit encore aucun des deux).

J’ai un exemple en tête très flagrant. En septembre 1992, j’étais un élu dans une grande agglomération de Lorraine et le maire était un député RPR qui avait des responsabilités nationales au sein de son parti et souhaitait sans doute devenir ministre quelques mois plus tard dans la perspective d’une grande victoire en mars 1993 (il n’aura jamais été ministre). Pour le référendum sur le Traité de Maastricht, j’étais bien évidemment favorable et je faisais campagne activement pour le "oui". À ma grande stupeur, j’ai appris que le député-maire avait appelé à voter "non" (le RPR était très divisé). Je suis alors allé le voir pour demander des explications. Il m’a répondu : "Non, Sylvain, tu vois, je suis bien sûr pour Maastricht, mais politiquement, il nous faut un petit "oui", pas un grand "oui", pour éviter de favoriser François Mitterrand". J’ai tenu un bureau de vote et j’ai participé au dépouillement, ma ville était très européenne, mais des villes voisines montraient des résultats très contrastés, et j’ai pu revoir le maire à la fin de la soirée qui n’en menait pas large, en me disant : "oui, on a failli perdre !".

Quand vous êtes pour, il faut voter pour et ne pas croire que les autres le feront à votre place. Qu’on vote contre (à un référendum) ou qu’on vote pour un candidat ou un autre, c’est normal et c’est la démocratie. Qu’on fasse des calculs en présupposant que le résultat est déjà acquis d’avance, c’est certes tout aussi démocratique, mais c’est stupide et surtout casse-cou ! Si on ne veut vraiment pas l’élection d’un ou d’une candidate, alors, il n’y a pas à tergiverser, il faut voter pour le candidat concurrent, c’est la seule chose qui pourra garder votre sérénité si d’aventure le candidat en question est quand même élu.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron jouit dans les sondages d’une courte avance. Significative sur le plan des calculs d’intentions de vote, mais pas du tout sur le plan pratique. Il aurait 10 points d’avance (environ) sur la candidate du RN. Le duel du 20 avril 2022 ne semble pas avoir beaucoup modifié ce rapport de forces. 10 points, c’est peu par comparaison à 2017, et très peu en remontant jusqu’à 2002. Cela veut dire qu’un déplacement de 5% des voix pourrait inverser le résultat. On a vu au premier tour à quel point les hésitations des électeurs, jusqu’à l’isoloir, peut bouleverser les sondages, et d’au moins 5% des voix, il suffit de regarder les scores de Valérie Pécresse (passant de 10% à 4,8%, Éric Zemmour passant de 11% à 7%, Jean-Luc Mélenchon passant de 17% à 22%, et même de Marine Le Pen passant de 20% à 23%. Au total, les transferts sont de bien plus que 10 points en deux jours.

Bref, il faut être logique avec soi-même. Mais qu’on ne se méprenne pas sur ce que j’écris. Il ne s’agit absolument pas de culpabiliser ceux qui choisiraient de ne pas choisir. Si vous êtes indifférent au résultat, l’abstention ou le vote blanc semble cohérent. Il s’agit juste de montrer la voie de la responsabilité d’un côté, mais aussi ce que le candidat doit faire pour faire accepter qu’on vote pour lui. Car c’est bien sûr de la responsabilité du candidat Macron de convaincre les électeurs qui ne veulent absolument pas l’élection de sa concurrente de voter pour lui. Comme l’écrivait Jean-Pierre Chevènement dans "Le Monde" du 19 avril 2022 : « Le plus sûr moyen d’arrêter Marine Le Pen, c’est encore de montrer le sens humaniste de notre projet. Car, comme l’a dit Emmanuel Macron, "la France n’est pas n’importe quelle nation". ».

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Le dimanche 24 avril 2022, nous serons donc dans une drôle de situation, avec un camp contre Marine Le Pen et plus généralement, contre l’extrême droite, et un camp contre le Président sortant. C’est la première fois qu’une telle situation a lieu : en 2002, Jacques Chirac, bien que formellement sortant, n’était pas le responsable de la politique de Lionel Jospin des cinq précédentes années, et en 2017, Emmanuel Macron n’était pas du tout le sortant qui s’était déjà sorti par lui-même. Quant à la confrontation avec un sortant politiquement actif, que se fût en 1981 avec Valéry Giscard d’Estaing ou en 2012 avec Nicolas Sarkozy, ils n’étaient pas opposés à un candidat extrémiste et donc, le mot d’ordre : "sortez le sortant !" (ou "tout sauf…") prenait alors toute sa puissance sans contrepoids avec un autre mot d’ordre de type front républicain.

Le front républicain ne fonctionnera pas pour Marine Le Pen en 2022 car il n’a déjà pas fonctionné en 2017. La preuve, c’est la participation entre les deux tours. En 2002, il y a une forte hausse de la participation entre le premier et le second tours pour empêcher l’élection de Jean-Marie Le Pen. En 2017, au contraire, la participation a baissé entre les deux tours, certains électeurs de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon ayant refusé de départager les deux finalistes. En 2022, la situation risque d’être identique, à savoir une plus faible participation au second tour qu’au premier tour, en raison de l’indécision d’un certain nombre d’électeurs principalement de Jean-Luc Mélenchon. La faible audience du débat de second tour en est un signe avant-coureur : 15,6 millions de téléspectateurs, c’est faible. En 2017, ils étaient 16,5 millions ; en 2012, 17,8 millions ; en 2007, 20,5 millions.

De nombreux journalistes semblent considérer que la réélection d’Emmanuel Macron serait acquise dès maintenant. Ils évoquent le lieu où il fera la fête (au Champ de Mars à Paris), ils évoquent le futur gouvernement (supposé dirigé par une femme, laquelle ? capable de mener la majorité présidentielle aux élections législatives de juin 2022), les ministres qui s’en iraient, les nouveaux qui entreraient, etc. C’est aller un peu vite en besogne, aussi vite que Jean-Luc Mélenchon qui demande le 19 avril 2022 sur BFM-TV de se faire élire Premier Ministre aux législatives, ignorant qu’entre-temps, il y a d’abord second tour qui structurera toute la vie politique des cinq prochaines années.

Le bilan du Président sortant est très encourageant, y compris socialement. Par exemple, de nombreux enfants en situation de handicap ont pu être scolarisés (100 000 de plus qu’en 2017) grâce à la titularisation et au renforcement de statut des accompagnants. Ou encore ces plus d’un million de jeunes qui ont pu accéder à la culture et à l’art grâce au Pass Culture.

En outre, Emmanuel Macron n’a pas voulu suivre la mode des mesures démagogiques que la candidate d’extrême droite propose, comme l’interdiction du port du voile. Il a rappelé au débat de l’entre-deux-tours la philosophie générale de nos valeurs, à savoir que si le port du voile était interdit par la loi de 2005, c’était uniquement dans des administrations publiques recevant du public et aussi dans les écoles où les consciences se forment. Ailleurs, tout le monde est libre de porter les vêtements qu’il veut. Sinon, au nom de quoi l’interdire ? Sûrement pas de l’islamisme radical qui ne se confond pas avec le port du voile. D’ailleurs, la maman d’une victime du terrorisme islamiste porte elle-même le voile, c’était la réponse d’Emmanuel Macron à cette mesure stupide, à la fin du débat télévisé.

Ces quelques exemples montrent qu’Emmanuel Macron est bien plus près des préoccupations des Français et du respect de la fragile cohésion sociale que la candidate de l’extrême droite qui se présente une troisième fois toujours avec ses gros sabots. Et forcément, les électeurs voteront en conséquence. Mais rien n’est figé, des mouvements de voix peuvent avoir lieu juste avant le vote, comme cela était le cas au premier tour. Les sueurs froides resteront de rigueur jusqu’à la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. Électeurs, allez voter !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rien n’est joué !
Duel Emmanuel Macron vs Marine Le Pen du second tour du 20 avril 2022.
Emmanuel Macron, le candidat de la puissance française et européenne.
Avec Marine Le Pen, l’État de droit en peine.
La révolution verte du candidat Emmanuel Macron.
Discours d’Emmanuel Macron au Pharo à Marseille le 16 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Discours d’Emmanuel Macron à la Porte de Versailles de Paris La Défense le soir du 10 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Discours d’Emmanuel Macron à Arena de Paris La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220421-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/rien-n-est-joue-241092

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/19/39441588.html










 

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21 avril 2022 4 21 /04 /avril /2022 03:35

« Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors, il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : "Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde !" » (La Passion du Christ selon saint Matthieu).




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Le traditionnel duel télévisé du second tour de l’élection présidentielle opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen a eu lieu ce mercredi 20 avril 2022, diffusé en direct sur TF1 et France 2 à partir de 21 heures. Il a été animé par Léa Salamé et Gilles Bouleau qui s’étaient mis en retrait sur le plateau, laissant pendant près de trois heures les deux candidats discuter en face-à-face.

Probablement que ce débat n’influera pas beaucoup le vote des Français, regardé par 15,6 millions d’entre eux, soit moins qu’en 2017. Emmanuel Macron et Marine Le Pen avaient à prouver, pour l’un, sa sincérité, et pour l’autre, sa crédibilité, et devaient éviter de tomber, pour l’un, dans la suffisance, et pour l’autre, dans l’insuffisance.

On a parlé de débat de bonne tenue, ce qui sur la forme était vrai, chacun des candidats a respecté son interlocuteur, mais je reste toujours écœuré, je crois que je n’ai pas d’autre mot, par le fait même de débattre sur des mesures particulièrement nauséabondes. Indépendamment de l’enjeu électoral, qui est très fort (rien n’est joué), débattre très sérieusement de ces mesures, notamment en présence du Président de la République, le magistrat suprême, c’est donner à ces mesures une respectabilité qu’elles ne devraient pas avoir, même si parfois, elles peuvent être soutenues par une supposée majorité des sondés dans des sondages (on sait ce qu’ils valent aux référendums). En 2002, la philosophie de Jacques Chirac qui consistait à dire qu’il ne voulait en aucun cas discuter avec l’extrême droite avait au moins sa raison politique. En 2017, Marine Le Pen avait montré tellement bien ses talents de cancre que même ses partisans ont trouvé que leurs idées étaient desservies par elle et certains d’entre eux ont même été découragés d’aller voter.

De toute façon, pour Emmanuel Macron, la question ne se posait pas, il aime la castagne et il en avait eu un premier aperçu la première semaine de l’entre-deux-tours en rencontrant des Français mécontents. De plus, personne n’aurait compris qu’il puisse refuser un tel débat, d’autant plus qu’il l’avait accepté il y a cinq ans. Malheureusement, lorsque le débat, comme ce fut le cas ici, est de bonne tenue, il apporte de la respectabilité à des propos peu respectables. Du reste, Emmanuel Macron était parfois tendu et agacé, les bras souvent croisés et en retrait sur son siège, voire la main sur le menton ou la tempe, des gestes qu’on conseille généralement d’éviter car plutôt perçus négativement.

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Alors, certes, Marine Le Pen s’en sort mieux en 2017, à l’évidence, elle n’est plus le cancre qui n’était même pas assise à sa place, elle était maintenant l’élève avec ses insuffisances et son incompétence, à peine passable à l’épreuve orale car montrant de nombreuses lacunes (à force de sécher ses cours à l’Assemblée Nationale et, avant, au Parlement Européen), mais suffisamment pour que ses partisans puissent justifier encore leur soutien (au contraire de 2017). C’est pour cette raison qu’Emmanuel Macron pourrait avoir gagné ce débat politiquement. Mais le ressenti qui fera voter est d’une autre nature que la réalité intellectuelle.

On pourrait ainsi classer ce débat dans la même catégorie que celui de 1995 où Jacques Chirac et Lionel Jospin, chacun à la recherche d’une crédibilité politique, avaient refusé de s’attaquer mutuellement dans une sorte de pace de non-agression. Marine Le Pen a cependant encore à développer des pistes d’amélioration pour la crédibilité, ne serait-ce que dans la manière de présenter son référendum sur l’immigration qui était confus, comme si elle hésitait sur ce qu’elle proposait.

Quant à Emmanuel Macron, peut-être n’a-t-il pas voulu trop l’attaquer pour ne pas apparaître comme un candidat arrogant. Il ne l’a cependant pas ratée à propos de la Russie en rappelant que Marine Le Pen avait des emprunts encore non remboursés avec une banque russe proche du pouvoir politique qu’elle a contractés avant 2017 (donc, l’argument sur la banque de la démocratie ne tient pas la route car Emmanuel Macron n’était pas encore à l’Élysée). Marine Le Pen n’a pas su répondre à cette attaque qui discrédite complètement sa position en faveur de Vladimir Poutine (c’est la candidate des banques russes !).

Car cette position, c’est de vouloir faire un rapprochement avec Vladimir Poutine après la guerre en Ukraine. Je ne sais pas s’il y aura un "après-guerre" rapide (à mon avis, vu la combativité des Ukrainiens, non), mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’est plus possible de considérer Vladimir Poutine, qui a encore montré ses gros missiles nucléaires le même jour, comme hier, comme un chef d’État respectable, au même titre qu’on n’a plus considéré, comme des interlocuteurs respectables, Milosevic ou d’autres fauteurs de guerre après leurs forfaits.

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La réponse de Marine Le Pen est confondante d’infantilisme, lorsqu’elle a dit que les Français qui ont un emprunt ne doit rien à Emmanuel Macron qui a eu beau jeu de dire : les Français n’ont pas contracté avec des banques russes mais avec des banques françaises. Cela dit, le principal argument devrait être celui-ci : quand on se dit patriote et aimant la France, on ne doit pas se vendre à des intérêts russes, et même plus généralement, étrangers. Tous les propos de l’extrême droite sont d’ailleurs les mêmes, ils prétendent être patriotes français et ils détestent la France, ils détestent l’Europe qui contribue pourtant à la puissance de la France, et finalement, ils reprennent les mêmes rhétoriques que ceux qui se placent comme les ennemis de la France (Charles Maurras ne faisait pas mieux).

Détester la France, ce n’est pas lui assurer un avenir meilleur. Lorsque dans sa conclusion, Marine Le Pen dit que la situation de la France de 2022 est pire qu’en 2017, elle est aveuglée par son obsession de l’islamisme. Malgré les très graves crises que la France a subies pendant cette période, elle a su faire preuve de résilience et ne pas tomber à terre, grâce à tous les Français. Le chômage a considérablement baissé et en particulier, jamais le chômage des jeunes, l’une des plaies de la société française, n’a été aussi bas que depuis quarante ans. Le gouvernement actuel a pris les mesures pour réindustrialiser la France et depuis plus de vingt ans, c’est la première fois qu’il y a plus d’ouvertures d’usines que de fermetures. La France est le pays européen qui attire le plus les investisseurs étrangers, en ce sens, elle est l’anti-Russie. Emmanuel Macron a mis la France en état de marche, en état aussi de sens, avec une vision du pays au sein du monde actuel, en dehors des idéologies, tandis que Marine Le Pen, au contraire, faute de mieux, essaie d’exploiter les vieux réflexes idéologiques qui sont largement dépassés.

Je voudrais revenir sur la confusion de Marine Le Pen entre islam et islamisme radicalisé, confusion faite aussi par son ancien concurrent et devenu désormais rallié zélé Éric Zemmour. Marine Le Pen a fustigé la charte de la laïcité qui est pourtant une très bonne idée : l’idée est qu’une collectivité publique ne verse pas de subventions publiques à une association si celle-ci ne signe pas cette charte qui rappelle quelques principes du vivre-ensemble. Elle a affirmé que si l’association ne signe pas, l’État ne fait rien, mais c’est logique, il est seulement question de subventions publiques. Et elle a conclu qu’il fallait alors renvoyer l’association à son pays d’origine. Ce qui est très stupide. Emmanuel Macron a répondu très mollement à cela sans insister sur le fait que ce sont des associations françaises qui peuvent ne pas signer, que les personnes sont françaises. Il n’a pas insisté sur le fait qu’une fois encore, la nature revient au galop dans les propos de Marine Le Pen et qu’elle considère identique, dans son esprit, le fait d’être musulman et le fait de ne pas être français.

Marine Le Pen a confirmé qu’elle voulait une loi pour interdire le port du voile dans l’espace public. Au-delà du fait que cette disposition est contraire à la Constitution, Emmanuel Macron a fait remarquer que une cette loi serait inapplicable : dans les quartiers des banlieues, cela pourrait même aboutir à des émeutes, car cela interdirait aux femmes de sortir dehors, et sur le plan pratique, cela mobiliserait les forces de l’ordre inutilement alors qu’elles ont d’autres choses à faire pour protéger les Français.

Après avoir tenté de mettre sur le même plan les amendes pour non respect des gestes barrières (j’aurais aimé qu’elle allât jusqu’au bout et qu’elle rappellât le nombre de victimes de l’islamisme radicalisé ces deux dernières années par rapport aux nombres de victimes du covid-19 qui est de 144 614 à ce jour), Marine Le Pen a répondu en disant qu’on ne peut pas accepter que des citoyens s’opposent à la loi, mais cette disposition n’est pas encore la loi et elle serait contraire à la Constitution, je le répète (lire aussi "Matin brun", j’y reviendrai).

Tout le laïus ultrapopuliste de Marine Le Pen sur le référendum a été assez affligeant. Bien sûr qu’il faut de temps en temps, pour des sujets majeurs, interroger les Français, et il est vrai que les deux prédécesseurs d’Emmanuel Macron ne l’ont pas fait. Emmanuel Macron a constaté que les référendums, après Georges Pompidou, quand il y en avait, étaient soumis au cours du second mandat, et il a expliqué qu’il n’a pas pu en faire lui-même parce que pendant une moitié de son (premier) quinquennat, c’était la crise sanitaire et qu’on s’interrogeait déjà sur la manière d’organiser les élections locales.

Mais Marine Le Pen a précisé qu’elle voulait réviser la Constitution par l’article 11, en disant qu’on ne peut pas modifier la Constitution sans que cela ne passe par le peuple. Elle a fait, dans son argumentation, une faute de logique. Ce que la Constitution dit, ce n’est pas que cela ne passe pas par le peuple, c’est l’obligation que cela passe aussi par le Parlement. Emmanuel Macron a timidement répliqué que son adversaire se moquait de l’Assemblée Nationale (en oubliant le Sénat) en voulant ainsi court-circuiter le Parlement.

Or, Marine Le Pen a beau parler de souveraineté nationale (la Constitution est très claire, car la candidate de l’extrême droite ne tient compte que de la moitié de la phrase), celle-ci s’exerce par la voie du peuple mais aussi par la voie de ses représentants (donc, des parlementaires dont elle se moque complètement). Pourtant, la Constitution est très claire sur sa capacité à être révisée, qui est heureusement prévue : son article 89 impose que toute révision constitutionnelle passe par l’adoption du projet de révision par les deux assemblées du Parlement avant éventuellement d’être approuvé par référendum. L’initiative de De Gaulle de 1962 est historique, singulière et personne ne pourrait l’imiter dans son audace politique car Marine Le Pen n’a aucune légitimité historique comparable à celle de De Gaulle.

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Ce qui est grave, c’est que Marine Le Pen a martelé que sa démarche serait constitutionnelle, mais ce n’est pas au Président de la République de dire si ce qu’il fait est constitutionnel ou pas, car la démocratie, c’est justement d’avoir des contre-pouvoirs pour préserver nos valeurs fondamentales. C’est au Conseil Constitutionnel de juger de ce qui est constitutionnel ou pas. À l’évidence, puisque ce référendum serait prévu en septembre si elle venait à être élue dans trois jours, il se produirait une crise institutionnelle majeure.

J’essaie d’imaginer son déroulement : Marine Le Pen proposerait donc un texte à référendum qui réviserait la Constitution. Même si le texte ne passait pas par le Parlement, le Président de l’Assemblée Nationale ou le Président du Sénat pourrait saisir le Conseil Constitutionnel (qui ne peut pas s’autosaisir). Et le Conseil Constitutionnel rendrait alors un avis en déclarant qu’une disposition du texte soumis à référendum est anticonstitutionnel. Je rappelle que l’avis du Conseil Constitutionnel est sans appel et sans discussion, il s’impose à tous, du moins, à tous les démocrates. Si Marine Le Pen voulait ne pas tenir compte de cet avis, les communes seraient donc convoquées pour organiser le scrutin. Que se passerait-il ? Eh bien, beaucoup de maires refuseraient de l’organiser en raison de son anticonstitutionnalité déclarée. On pourrait même imaginer que des militants de Marine Le Pen organise un scrutin parallèle faute de la collaboration des municipalités. Bref, ce serait la pagaille dans une France qui, après la crise sanitaire et sa crise économique, n’a vraiment pas besoin de cela pour se relever. C’est donc bien un zéro pointé que l’élève Marine Le Pen a eu à ce débat en droit constitutionnel.

Je vais plus loin. Le concept de constitutionnalité des lois est un principe récent (trois quarts de siècle). Marine Le Pen en est resté au concept initial de la démocratie : ce que le peuple veut, le gouvernement le doit. Mais elle oublie que le peuple peut se tromper et ce n’est pas elle qui dirait le contraire, puisqu’elle et son parti n’ont cessé de perdre les élections depuis cinquante ans. Albert Camus disait que la démocratie, c’était le droit et la protection des minorités. Effectivement, une majorité populaire ne doit pas écraser une minorité. La démocratie, c’est aussi ses valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, et la laïcité en fait partie aussi. Or, si une majorité du peuple souhaitait s’en affranchir, que se passerait-il ? C’est là que le concept de constitutionnalité est essentiel : au-delà de la volonté populaire, fluctuante, le bloc de constitutionnalité protège tous les Français, tous, par des valeurs inamovibles, des valeurs inscrites dans le marbre dont on ne peut pas s’affranchir. Elle est là la démocratie.

Après tout, avec les idées constitutionnelles de Marine Le Pen, si la majorité du peuple voulait la mort d’un homme, pourquoi le lui refuser ? L’État de droit, c’est un État qui protège le peuple de ses éventuels abus : dans tous les cas, on ne viole pas les valeurs fondamentales. Cela me fait finalement penser au Nouveau Testament, puisque justement, nous sommes dans la période de Pâques. Le Vendredi Saint, le dirigeant romain Ponce Pilate a laissé le peuple choisir quel prisonnier devait mourir et lequel devait vivre.

Voici un court extrait de la Passion du Christ selon saint Matthieu : « À chaque fête, [le gouverneur] avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. La foule s’étant donc rassemblée, Pilate leur dit : "Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus qu’on appelle le Messie ?". Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on l’avait livré. (…) Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit : "Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ?". Ils répondirent : "Barabbas !". Il reprit : "Que ferai-je donc de Jésus, celui qu’on appelle le Messie ?". Ils répondirent tous : "Qu’on le crucifie !". Il poursuivit : "Quel mal a-t-il donc fait ?". Ils criaient encore plus fort : "Qu’on le crucifie !". Pilate vit que ses efforts ne serviraient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors, il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : "Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde !" (…). Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu’il soit crucifié. ».

C’est pénible à écrire mais je l’écrit : ce que propose Marine Le Pen vient directement du droit fil de l’attitude de Ponce Pilate. En effet, Ponce Pilate écoute la foule en oubliant deux choses : d’une part, son esprit de responsabilité, il n’assume pas la décision de la foule, mais plus encore, il n’assume pas la question qu’il lui pose, alors qu’un Président de la République doit assumer les questions qu’il poserait dans un référendum ; d’autre part, il accepte tout de la foule, y compris si cela va à l’encontre de ses propres valeurs (ici, la justice : Jésus n’a rien fait mais tant pis, pour préserver l’ordre, je le sacrifie).

La République française, heureusement, a dépassé ce premier stade de la démocratie (écouter exclusivement le peuple), en l’accompagnant de nombreuses garanties qui protègent les citoyens parfois de leurs propres excès. Marine Le Pen, elle, n’a pas évolué dans sa considération de ces principes, elle devrait donc prendre quelques cours de rattrapage en droit constitutionnel avant de prétendre vouloir devenir Présidente de la République…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rien n’est joué!
Élysée 2022 (46) : le second débat télévisé Emmanuel Macron vs Marine Le Pen du 20 avril 2022.
Duel Emmanuel Macron vs Marine Le Pen du second tour du 3 mai 2017.
Emmanuel Macron, le candidat de la puissance française et européenne.
Avec Marine Le Pen, l’État de droit en peine.
La révolution verte du candidat Emmanuel Macron.
Discours d’Emmanuel Macron à Arena de Paris La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !








https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220420-duel-macron-le-pen.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-46-le-second-debat-241066

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/19/39441586.html








 

 





 

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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 03:48

« Une nouvelle page de notre Histoire s’ouvre, avec des crises majeures, qu’elles soient militaires, sanitaires, écologiques, technologiques. (…) Pour faire face, il est indispensable d’envisager lucidement les risques, de nous doter de tous les moyens nécessaires, d’unir nos forces à celles de nos voisins européens, avec qui nous partageons un même destin et les mêmes valeurs fondamentales. » (Emmanuel Macron, projet présidentiel, le 17 mars 2022).




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L’un des points forts du quinquennat qui s’achève a été que le Président de la République Emmanuel Macron a été capable de leadership dans un monde en pleins bouleversements, que ce soit sur l’Europe, sur la gestion de la crise sanitaire, sur la lutte contre le réchauffement climatique, et plus récemment, sur la guerre en Ukraine.

Dès 2017, Emmanuel Macron a anticipé que la France aurait besoin de dépenser plus pour sa défense, avec un objectif fixé à 2% du PIB (objectif en principe imposé à tous les États membres de l’OTAN). Cette vision a ainsi anticipé la situation ukrainienne. Effectivement, le budget de la défense a été pendant des décennies la variable d’ajustement des budgets structurellement déficitaires. Or, nous avons besoin d’une capacité de défense dissuasive pour défendre nos valeurs. On le voit bien avec l’Ukraine que seuls, les rapports de forces sont utiles, et que la dissuasion nucléaire ne permet pas tout, à moins d’être irresponsable et de jouer au poker.

L’un des leitmotivs d’Emmanuel Macron depuis le début de son (premier) quinquennat, c’est de protéger les Français et d’assurer la souveraineté française et européenne. L’échelon européen est désormais indispensable pour de très nombreux sujets : économiques, industriels, scientifiques, géopolitiques. Il n’y a pas de perte de souveraineté française lorsque la France, librement, s’unit et mutualise ses forces et ses moyens avec ses partenaires européens. Au contraire, parce que l’échelon de la mondialisation est continental, face à des blocs comme les États-Unis, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil, l’Europe, première puissance économique et technologique lorsqu’elle est unie, reste un nain politique et diplomatique et c’est cette réalité qu’Emmanuel Macron veut faire évoluer.

Le projet présidentiel d’Emmanuel Macron est d’ailleurs sans ambiguïté : « La démocratie n’est jamais acquise. Elle reste la cible de groupes terroristes et est attaquée par des États et des idéologies autoritaires. (…) Les agressions peuvent prendre une forme classique mais aussi survenir sur de nouveaux terrains (cyber, désinformation, espace…). (…) Dès 2017, les moyens des armées françaises ont été considérablement renforcés. L’Europe a placé la protection au cœur de son action : pour la première fois de son histoire, elle a mis en place un plan de relance commun face à la crise sanitaire et un budget militaire commun. Elle a eu une réaction immédiate face à l’agression russe. Il faut aller plus loin, en tirant toutes les leçons des crises récentes et en nous préparant à affronter les prochaines. ».

Cette dernière phrase est évidemment essentielle. Les problèmes rencontrés tant lors de la crise sanitaire que lors de la guerre en Ukraine ont été nombreux, mais le principal est la souveraineté industrielle et énergétique. Et on ne peut répondre à cet enjeu qu’à l’échelle européenne et pas à l’échelle simplement nationale, c’est une évidence.

Dans son meeting à Strasbourg le 12 avril 2022, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la diplomatie, l’Europe et l’économie restent liées : « Sans l’Europe et sans le quoi qu’il en coûte qu’elle a permis de mettre en place, sans le plan de relance qu’avec l’Allemagne, la France a fait voter par nos partenaires, sans doute ne parlerions-nous pas aujourd’hui de pouvoir d’achat, mais de chômage de masse. ». C’était ce que j’avais exprimé précédemment, que la demande sur le pouvoir d’achat est déjà une demande de nation qui a moins de problème d’emploi. Mais ce plan de relance a pu se faire uniquement grâce à notre politique depuis 2017 : « Nous avons pu bâtir un accord historique avec l’Allemagne pour mutualiser notre dette. C’est parce que nous avions fait des réformes, parce que nous étions crédibles. ». Cette crédibilité, cette confiance acquise auprès de tous nos partenaires européens, elle est le fruit d’une lente construction et reste fragile. Tous les "oui" qu’Emmanuel Macron a pu obtenir auprès de nos partenaires européens se transformeraient rapidement en "non" en cas d’élection de la candidate de l’extrême droite. Car il n’y aura plus de confiance.

L’autre idée exprimée par la dernière phrase citée précédemment, qui évoque la gestion des crises prochaines, c’est que la capacité du chef de l’État, qui est plus un chef d’orchestre qui a tous les instruments devant lui (avec leurs musiciens), qu’un compositeur qui a le temps et l’inspiration de créer indépendamment de la conjoncture, cette capacité à gérer des crises soudaines, imprévisibles et parfois cruelles n’est pas donnée à tous les candidats.

À ce titre, Emmanuel Macron a fait largement ses preuves, de manière très pragmatique. Il a choisi les options économiques qui ont privilégié l’intérêt du peuple français sur d’éventuelles idées préconçues, en particulier sur un supposé néolibéralisme qu’on a souvent reproché à Emmanuel Macron, particulièrement à tort si on lui reproche "en même temps" l’augmentation de la dette publique, une augmentation exceptionnelle des dépenses de l’État qui a une explication, celle des crises économiques majeures depuis 2020 (il y en a eu plusieurs), sans équivalent depuis la Libération.

En quelque sorte, le fait que le pouvoir d’achat soit la première préoccupation des Français, et c’est normal qu’il le soit, est le signe qu’Emmanuel Macron a réussi son objectif de 2017 de ramener le chômage à 7%. En ce sens, il a réussi là où ses prédécesseurs avaient échoué depuis plus de quarante ans ! Mais c’est normal que les Français soient exigeants et ne se contentent pas seulement de cela. C’est aussi la raison pour laquelle Emmanuel Macron s’est montré plus ambitieux encore pour 2027 avec son objectif du plein emploi (5%).

Mais revenons sur le terrain de la géopolitique. Emmanuel Macron a su montrer son leadership en Europe et dans la "communauté internationale". Il a su aussi défendre les intérêts de la France et des Européens, se montrer solidaire des Ukrainiens sur le plan humanitaire et politique tout en maintenant son chemin diplomatique. Ceux qui ne veulent pas le croire peuvent au moins observer, pour un exemple précis, que lorsque le Président américain Joe Biden parle de "génocide" (des Russes contre les Ukrainiens), que lorsque le Président ukrainien Volodomyr Zelensky reproche à Emmanuel Macron de ne pas employer le mot "génocide", ce dernier refuse de céder et exprime ainsi les valeurs de la France et de l’Europe sans être le vassal d’un autre. En effet, employer du vocabulaire peut se faire plaisir mais n’apporte rien à la paix, car il reste en fin de compte essentiel de continuer à garder un dialogue avec le Président russe Vladimir Poutine, qu’on ne pourrait pas garder si on considérait que Vladimir Poutine était un criminel génocidaire.

Quand Emmanuel Macron dit à Strasbourg le 12 avril 2022 : « L’Europe est un espace de paix, de culture et de valeurs. Un trésor menacé par l’extrême droite (…). Ne vous habituez pas ! Ne considérez pas que l’Europe est un acquis ! », il a d’autant plus raison que l’invasion de l’Ukraine par les armées russes en donne une démonstration inquiétante. Pas étonnant d’ailleurs que la Suède et la Finlande, jusqu’à présent neutres, demandent une adhésion rapide à l’OTAN, seule solution pour contenir les poussées délirantes et hégémoniques de Vladimir Poutine sur la Grande Russie.

Du reste, je ne vois pas comment lorsqu’on doit encore plusieurs millions d’euros à la Russie pour ses campagnes électorales, qu’on se dit patriote car qu’on s’est vendu aux banques étrangères, qu’on se vante d’être une amie de Vladimir Poutine, qu’on prône le démantèlement à terme de l’Europe, la sortie de l’OTAN, et qu’on souhaite promouvoir l’esprit de Munich, je ne vois pas comment on pourrait efficacement défendre les valeurs de la France et des Français, ainsi que les valeurs de l’Europe et des Européens.

Notre souveraineté nationale passe par notre souveraineté européenne, et réciproquement, notre souveraineté européenne passe aussi par notre souveraineté nationale. Depuis le départ du Royaume-Uni, la France reste la seule puissance militaire de l’Union Européenne et cela nous engage. C’est pourquoi Emmanuel Macron souhaite renforcer nos défenses en modernisant nos armées par la commande de nouveaux équipements : 60 chasseurs Rafale supplémentaires, 5 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque, 1 250 nouveaux véhicules blindés polyvalents, mais également par des investissements massifs dans des innovations de rupture : armes électromagnétiques, camouflage optique pour les véhicules de combat, drones sous-marins, missiles hypersoniques, nanosatellites de surveillance spatiale, etc.

Mais notre souveraineté nationale dépend aussi de la souveraineté européenne qui, dans son cadre seulement, peut nous apporter l’indépendance de la production et de la consommation. C’est pour cela que le candidat Emmanuel Macron propose d’assurer trois autonomies européennes pour construire une Europe puissante :

1. L’autonomie énergétique en profitant de la transition écologique pour assurer notre souveraineté, cela repose tant sur des investissements massives sur les énergies renouvelables, l’hydrogène que sur la poursuite du programme nucléaire civil mis en place à la suite du premier choc pétrolier.

2. L’autonomie technologique par des investissements massifs encore, sur des éléments particulièrement stratégiques, comme la surveillance spatiale, le stockage de données, etc.

3. L’autonome militaire en construisant une véritable Europe de la Défense avec sa propre doctrine commune et (mais là, c’est mon point de vue, pas le programme du candidat) probablement une diplomatie plus intégrée.

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Dans une tribune publiée par le quotidien "Le Monde" le 19 avril 2022, l’ancien ministre souverainiste Jean-Pierre Chevènement a expliqué pourquoi la réélection d’Emmanuel Macron est indispensable pour assurer le renouveau de la France.

En particulier parce qu’Emmanuel Macron a réussi à redévelopper la puissance industrielle de la France : « Ce n’est donc pas un hasard si Emmanuel Macron a placé le "pacte productif" au cœur de son projet. La réindustrialisation est l’âme de notre Nation et une nécessité impérieuse pour quiconque entend protéger notre "État-providence" et nos grandes conquêtes sociales de l’après-Seconde Guerre mondiale. C’est le sens de l’action d’Emmanuel Macron au cours des dernières années. En fixant le cap de la reconquête de l’indépendance industrielle, Emmanuel Macron a mis fin à l’hémorragie dont la France souffrait. S’il reste du chemin à parcourir, les premiers résultats sont au rendez-vous. Depuis 2017, la création nette d’emplois industriels a repris, situation que la France n’avait pas connue au cours des deux dernières décennies. En 2021, on comptait deux fois plus d’ouvertures que de fermetures de sites industriels en France. À titre de comparaison, en 2009, le nombre de fermetures d’usines excédait très largement celui des ouvertures (– 225 sites). Grâce au volontarisme conjugué de notre gouvernement, de notre appareil administratif et de nos industriels, la France est devenue l’un des pays européens les plus attractifs pour les investissements industriels étrangers, condition essentielle à l’innovation. ».

Jean-Pierre Chevènement sait bien ce qu’est l’innovation et le développement industriel puisqu’il a été, entre 1981 et 1983, Ministre d’État, Ministre de l’Industrie et de la Recherche et c’est un sujet qui l’a toujours passionné depuis le début de son engagement politique dans les années 1960, en particulier parce qu’ils sont une condition de la souveraineté. Il a ajouté, en donnant un conseil au futur candidat élu : « C’est précisément dans cette ambition d’innovation que s’inscrit le plan de relance France 2030. Il s’agit de placer la France sur tous les "créneaux porteurs" : énergie décarbonée, électronucléaire, hydrogène, batteries électriques, composants électroniques, aérospatial, véhicules électriques. Mais ce serait une grave erreur que de délaisser les industries traditionnelles : textile, habillement, agroalimentaire… Dans tous les secteurs, il faut développer la recherche technologique. Enfin, et surtout, former des hommes à tous les niveaux de qualification, de l’apprentissage aux écoles d’ingénieurs. Pour permettre la réindustrialisation de la France, il ne suffit pas d’abaisser les impôts qui pèsent sur la production. Il faut flécher l’investissement, ressusciter la planification indicative. Il n’y aura pas de volontarisme industriel, si on ne recrée pas un ministère de l’industrie capable d’embrayer directement sur les structures productives et doté des instruments nécessaires. Ce ministère de l’industrie doit coexister avec le ministère de l’économie et des finances. ».

L’ancien Ministre de l’Intérieur a proposé aussi de refonder la République en poursuivant les réformes de l’école : « On doit lier la réindustrialisation et la nécessaire reconquête de l’électorat populaire. Et, pour cela, combattre les idées de décroissance et la technophobie. Dans cette première priorité, il y a une dimension idéologique forte : la réhabilitation du travail, de la science et des valeurs de la connaissance. Tout aussi fort est le contenu idéologique de la seconde priorité. Il ne s’agit rien de moins que de refonder la République. Dans ce monde déchiré de contradictions et dans une Europe dont l’unité est une tâche, le modèle républicain peut seul tenir la France debout. Or, une France debout, c’est-à-dire une France forte, est seule en mesure de maintenir l’équilibre de l’Europe. Si la France venait à céder sur ses valeurs de citoyenneté, de laïcité, d’égalité des chances données à tous, de liberté, et d’abord de liberté de jugement, de fraternité entre tous les citoyens quelles que soient leur religion, leur couleur de peau, leur tradition culturelle, ce serait, tout simplement, la fin de la France comme grande Nation. ».

Et l’ancien Ministre de l’Éducation nationale de proclamer : « Sachons magnifier le travail effectué sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron pour revaloriser l’école élémentaire, rehausser le niveau des apprentissages, réconcilier méritocratie et combat contre les inégalités, ainsi en maintenant l’école ouverte pendant la pandémie, en dédoublant les petites classes, en mettant en place des plans ambitieux pour l’enseignement du français et des mathématiques, en revalorisant l’enseignement du latin et du grec, en rouvrant les classes bilingues, etc. Cette restauration du socle de l’école publique était le chantier le plus nécessaire. Il a été ouvert et conduit d’une main ferme. (…) Mais, là aussi, c’est un combat de tous les jours, combat contre l’idéologie "woke" fondamentalement hostile à l’idée de l’égalité. ».

Enfin, l’ancien Ministre de la Défense a terminé sa tribune dans "Le Monde" sur l’éventualité de Marine Le Pen qui croyait abusivement être capable de rassembler les partisans du souverainisme chevènementistes : « Il ne sert à rien, à la veille du second tour, de diaboliser Marine Le Pen. Bien sûr, son élection serait un dramatique mauvais coup porté à l’image de la France dans le monde. L’inexpérience de l’État, l’isolement et l’incompétence trop souvent démontrée de Marine Le Pen et de ses équipes ne présagent rien de bon quant à leur capacité à défendre les intérêts de notre Nation. Surtout, l’élection de Marine Le Pen à la Présidence de la République inaugurerait une ère de tensions, d’instabilité politique et, potentiellement, de troubles graves pour le pays. La paix civile serait menacée. Le plus sûr moyen d’arrêter Marine Le Pen, c’est encore de montrer le sens humaniste de notre projet. Car, comme l’a dit Emmanuel Macron, "la France n’est pas n’importe quelle Nation". ».

En clair, Jean-Pierre Chevènement a proposé ces trois grandes lignes pour le quinquennat à venir : réindustrialisation, éducation et paix. Et elles ne peuvent être mises en œuvre que par des équipes compétentes, expérimentées et soucieuses de la concorde nationale. Donc, menées par Emmanuel Macron. Le souverainisme chevènementiste est un macronisme.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron, le candidat de la puissance française et européenne.
Avec Marine Le Pen, l’État de droit en peine.
La révolution verte du candidat Emmanuel Macron.
Discours d’Emmanuel Macron à Arena de Paris La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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« Une nouvelle page de notre Histoire s’ouvre, avec des crises majeures, qu’elles soient militaires, sanitaires, écologiques, technologiques. (…) Pour faire face, il est indispensable d’envisager lucidement les risques, de nous doter de tous les moyens nécessaires, d’unir nos forces à celles de nos voisins européens, avec qui nous partageons un même destin et les mêmes valeurs fondamentales. » (Emmanuel Macron, projet présidentiel, le 17 mars 2022).




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L’un des points forts du quinquennat qui s’achève a été que le Président de la République Emmanuel Macron a été capable de leadership dans un monde en pleins bouleversements, que ce soit sur l’Europe, sur la gestion de la crise sanitaire, sur la lutte contre le réchauffement climatique, et plus récemment, sur la guerre en Ukraine.

Dès 2017, Emmanuel Macron a anticipé que la France aurait besoin de dépenser plus pour sa défense, avec un objectif fixé à 2% du PIB (objectif en principe imposé à tous les États membres de l’OTAN). Cette vision a ainsi anticipé la situation ukrainienne. Effectivement, le budget de la défense a été pendant des décennies la variable d’ajustement des budgets structurellement déficitaires. Or, nous avons besoin d’une capacité de défense dissuasive pour défendre nos valeurs. On le voit bien avec l’Ukraine que seuls, les rapports de forces sont utiles, et que la dissuasion nucléaire ne permet pas tout, à moins d’être irresponsable et de jouer au poker.

L’un des leitmotivs d’Emmanuel Macron depuis le début de son (premier) quinquennat, c’est de protéger les Français et d’assurer la souveraineté française et européenne. L’échelon européen est désormais indispensable pour de très nombreux sujets : économiques, industriels, scientifiques, géopolitiques. Il n’y a pas de perte de souveraineté française lorsque la France, librement, s’unit et mutualise ses forces et ses moyens avec ses partenaires européens. Au contraire, parce que l’échelon de la mondialisation est continental, face à des blocs comme les États-Unis, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil, l’Europe, première puissance économique et technologique lorsqu’elle est unie, reste un nain politique et diplomatique et c’est cette réalité qu’Emmanuel Macron veut faire évoluer.

Le projet présidentiel d’Emmanuel Macron est d’ailleurs sans ambiguïté : « La démocratie n’est jamais acquise. Elle reste la cible de groupes terroristes et est attaquée par des États et des idéologies autoritaires. (…) Les agressions peuvent prendre une forme classique mais aussi survenir sur de nouveaux terrains (cyber, désinformation, espace…). (…) Dès 2017, les moyens des armées françaises ont été considérablement renforcés. L’Europe a placé la protection au cœur de son action : pour la première fois de son histoire, elle a mis en place un plan de relance commun face à la crise sanitaire et un budget militaire commun. Elle a eu une réaction immédiate face à l’agression russe. Il faut aller plus loin, en tirant toutes les leçons des crises récentes et en nous préparant à affronter les prochaines. ».

Cette dernière phrase est évidemment essentielle. Les problèmes rencontrés tant lors de la crise sanitaire que lors de la guerre en Ukraine ont été nombreux, mais le principal est la souveraineté industrielle et énergétique. Et on ne peut répondre à cet enjeu qu’à l’échelle européenne et pas à l’échelle simplement nationale, c’est une évidence.

Dans son meeting à Strasbourg le 12 avril 2022, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la diplomatie, l’Europe et l’économie restent liées : « Sans l’Europe et sans le quoi qu’il en coûte qu’elle a permis de mettre en place, sans le plan de relance qu’avec l’Allemagne, la France a fait voter par nos partenaires, sans doute ne parlerions-nous pas aujourd’hui de pouvoir d’achat, mais de chômage de masse. ». C’était ce que j’avais exprimé précédemment, que la demande sur le pouvoir d’achat est déjà une demande de nation qui a moins de problème d’emploi. Mais ce plan de relance a pu se faire uniquement grâce à notre politique depuis 2017 : « Nous avons pu bâtir un accord historique avec l’Allemagne pour mutualiser notre dette. C’est parce que nous avions fait des réformes, parce que nous étions crédibles. ». Cette crédibilité, cette confiance acquise auprès de tous nos partenaires européens, elle est le fruit d’une lente construction et reste fragile. Tous les "oui" qu’Emmanuel Macron a pu obtenir auprès de nos partenaires européens se transformeraient rapidement en "non" en cas d’élection de la candidate de l’extrême droite. Car il n’y aura plus de confiance.

L’autre idée exprimée par la dernière phrase citée précédemment, qui évoque la gestion des crises prochaines, c’est que la capacité du chef de l’État, qui est plus un chef d’orchestre qui a tous les instruments devant lui (avec leurs musiciens), qu’un compositeur qui a le temps et l’inspiration de créer indépendamment de la conjoncture, cette capacité à gérer des crises soudaines, imprévisibles et parfois cruelles n’est pas donnée à tous les candidats.

À ce titre, Emmanuel Macron a fait largement ses preuves, de manière très pragmatique. Il a choisi les options économiques qui ont privilégié l’intérêt du peuple français sur d’éventuelles idées préconçues, en particulier sur un supposé néolibéralisme qu’on a souvent reproché à Emmanuel Macron, particulièrement à tort si on lui reproche "en même temps" l’augmentation de la dette publique, une augmentation exceptionnelle des dépenses de l’État qui a une explication, celle des crises économiques majeures depuis 2020 (il y en a eu plusieurs), sans équivalent depuis la Libération.

En quelque sorte, le fait que le pouvoir d’achat soit la première préoccupation des Français, et c’est normal qu’il le soit, est le signe qu’Emmanuel Macron a réussi son objectif de 2017 de ramener le chômage à 7%. En ce sens, il a réussi là où ses prédécesseurs avaient échoué depuis plus de quarante ans ! Mais c’est normal que les Français soient exigeants et ne se contentent pas seulement de cela. C’est aussi la raison pour laquelle Emmanuel Macron s’est montré plus ambitieux encore pour 2027 avec son objectif du plein emploi (5%).

Mais revenons sur le terrain de la géopolitique. Emmanuel Macron a su montrer son leadership en Europe et dans la "communauté internationale". Il a su aussi défendre les intérêts de la France et des Européens, se montrer solidaire des Ukrainiens sur le plan humanitaire et politique tout en maintenant son chemin diplomatique. Ceux qui ne veulent pas le croire peuvent au moins observer, pour un exemple précis, que lorsque le Président américain Joe Biden parle de "génocide" (des Russes contre les Ukrainiens), que lorsque le Président ukrainien Volodomyr Zelensky reproche à Emmanuel Macron de ne pas employer le mot "génocide", ce dernier refuse de céder et exprime ainsi les valeurs de la France et de l’Europe sans être le vassal d’un autre. En effet, employer du vocabulaire peut se faire plaisir mais n’apporte rien à la paix, car il reste en fin de compte essentiel de continuer à garder un dialogue avec le Président russe Vladimir Poutine, qu’on ne pourrait pas garder si on considérait que Vladimir Poutine était un criminel génocidaire.

Quand Emmanuel Macron dit à Strasbourg le 12 avril 2022 : « L’Europe est un espace de paix, de culture et de valeurs. Un trésor menacé par l’extrême droite (…). Ne vous habituez pas ! Ne considérez pas que l’Europe est un acquis ! », il a d’autant plus raison que l’invasion de l’Ukraine par les armées russes en donne une démonstration inquiétante. Pas étonnant d’ailleurs que la Suède et la Finlande, jusqu’à présent neutres, demandent une adhésion rapide à l’OTAN, seule solution pour contenir les poussées délirantes et hégémoniques de Vladimir Poutine sur la Grande Russie.

Du reste, je ne vois pas comment lorsqu’on doit encore plusieurs millions d’euros à la Russie pour ses campagnes électorales, qu’on se dit patriote car qu’on s’est vendu aux banques étrangères, qu’on se vante d’être une amie de Vladimir Poutine, qu’on prône le démantèlement à terme de l’Europe, la sortie de l’OTAN, et qu’on souhaite promouvoir l’esprit de Munich, je ne vois pas comment on pourrait efficacement défendre les valeurs de la France et des Français, ainsi que les valeurs de l’Europe et des Européens.

Notre souveraineté nationale passe par notre souveraineté européenne, et réciproquement, notre souveraineté européenne passe aussi par notre souveraineté nationale. Depuis le départ du Royaume-Uni, la France reste la seule puissance militaire de l’Union Européenne et cela nous engage. C’est pourquoi Emmanuel Macron souhaite renforcer nos défenses en modernisant nos armées par la commande de nouveaux équipements : 60 chasseurs Rafale supplémentaires, 5 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque, 1 250 nouveaux véhicules blindés polyvalents, mais également par des investissements massifs dans des innovations de rupture : armes électromagnétiques, camouflage optique pour les véhicules de combat, drones sous-marins, missiles hypersoniques, nanosatellites de surveillance spatiale, etc.

Mais notre souveraineté nationale dépend aussi de la souveraineté européenne qui, dans son cadre seulement, peut nous apporter l’indépendance de la production et de la consommation. C’est pour cela que le candidat Emmanuel Macron propose d’assurer trois autonomies européennes pour construire une Europe puissante :

1. L’autonomie énergétique en profitant de la transition écologique pour assurer notre souveraineté, cela repose tant sur des investissements massives sur les énergies renouvelables, l’hydrogène que sur la poursuite du programme nucléaire civil mis en place à la suite du premier choc pétrolier.

2. L’autonomie technologique par des investissements massifs encore, sur des éléments particulièrement stratégiques, comme la surveillance spatiale, le stockage de données, etc.

3. L’autonome militaire en construisant une véritable Europe de la Défense avec sa propre doctrine commune et (mais là, c’est mon point de vue, pas le programme du candidat) probablement une diplomatie plus intégrée.

_yartiChevenementD03

Dans une tribune publiée par le quotidien "Le Monde" le 19 avril 2022, l’ancien ministre souverainiste Jean-Pierre Chevènement a expliqué pourquoi la réélection d’Emmanuel Macron est indispensable pour assurer le renouveau de la France.

En particulier parce qu’Emmanuel Macron a réussi à redévelopper la puissance industrielle de la France : « Ce n’est donc pas un hasard si Emmanuel Macron a placé le "pacte productif" au cœur de son projet. La réindustrialisation est l’âme de notre Nation et une nécessité impérieuse pour quiconque entend protéger notre "État-providence" et nos grandes conquêtes sociales de l’après-Seconde Guerre mondiale. C’est le sens de l’action d’Emmanuel Macron au cours des dernières années. En fixant le cap de la reconquête de l’indépendance industrielle, Emmanuel Macron a mis fin à l’hémorragie dont la France souffrait. S’il reste du chemin à parcourir, les premiers résultats sont au rendez-vous. Depuis 2017, la création nette d’emplois industriels a repris, situation que la France n’avait pas connue au cours des deux dernières décennies. En 2021, on comptait deux fois plus d’ouvertures que de fermetures de sites industriels en France. À titre de comparaison, en 2009, le nombre de fermetures d’usines excédait très largement celui des ouvertures (– 225 sites). Grâce au volontarisme conjugué de notre gouvernement, de notre appareil administratif et de nos industriels, la France est devenue l’un des pays européens les plus attractifs pour les investissements industriels étrangers, condition essentielle à l’innovation. ».

Jean-Pierre Chevènement sait bien ce qu’est l’innovation et le développement industriel puisqu’il a été, entre 1981 et 1983, Ministre d’État, Ministre de l’Industrie et de la Recherche et c’est un sujet qui l’a toujours passionné depuis le début de son engagement politique dans les années 1960, en particulier parce qu’ils sont une condition de la souveraineté. Il a ajouté, en donnant un conseil au futur candidat élu : « C’est précisément dans cette ambition d’innovation que s’inscrit le plan de relance France 2030. Il s’agit de placer la France sur tous les "créneaux porteurs" : énergie décarbonée, électronucléaire, hydrogène, batteries électriques, composants électroniques, aérospatial, véhicules électriques. Mais ce serait une grave erreur que de délaisser les industries traditionnelles : textile, habillement, agroalimentaire… Dans tous les secteurs, il faut développer la recherche technologique. Enfin, et surtout, former des hommes à tous les niveaux de qualification, de l’apprentissage aux écoles d’ingénieurs. Pour permettre la réindustrialisation de la France, il ne suffit pas d’abaisser les impôts qui pèsent sur la production. Il faut flécher l’investissement, ressusciter la planification indicative. Il n’y aura pas de volontarisme industriel, si on ne recrée pas un ministère de l’industrie capable d’embrayer directement sur les structures productives et doté des instruments nécessaires. Ce ministère de l’industrie doit coexister avec le ministère de l’économie et des finances. ».

L’ancien Ministre de l’Intérieur a proposé aussi de refonder la République en poursuivant les réformes de l’école : « On doit lier la réindustrialisation et la nécessaire reconquête de l’électorat populaire. Et, pour cela, combattre les idées de décroissance et la technophobie. Dans cette première priorité, il y a une dimension idéologique forte : la réhabilitation du travail, de la science et des valeurs de la connaissance. Tout aussi fort est le contenu idéologique de la seconde priorité. Il ne s’agit rien de moins que de refonder la République. Dans ce monde déchiré de contradictions et dans une Europe dont l’unité est une tâche, le modèle républicain peut seul tenir la France debout. Or, une France debout, c’est-à-dire une France forte, est seule en mesure de maintenir l’équilibre de l’Europe. Si la France venait à céder sur ses valeurs de citoyenneté, de laïcité, d’égalité des chances données à tous, de liberté, et d’abord de liberté de jugement, de fraternité entre tous les citoyens quelles que soient leur religion, leur couleur de peau, leur tradition culturelle, ce serait, tout simplement, la fin de la France comme grande Nation. ».

Et l’ancien Ministre de l’Éducation nationale de proclamer : « Sachons magnifier le travail effectué sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron pour revaloriser l’école élémentaire, rehausser le niveau des apprentissages, réconcilier méritocratie et combat contre les inégalités, ainsi en maintenant l’école ouverte pendant la pandémie, en dédoublant les petites classes, en mettant en place des plans ambitieux pour l’enseignement du français et des mathématiques, en revalorisant l’enseignement du latin et du grec, en rouvrant les classes bilingues, etc. Cette restauration du socle de l’école publique était le chantier le plus nécessaire. Il a été ouvert et conduit d’une main ferme. (…) Mais, là aussi, c’est un combat de tous les jours, combat contre l’idéologie "woke" fondamentalement hostile à l’idée de l’égalité. ».

Enfin, l’ancien Ministre de la Défense a terminé sa tribune dans "Le Monde" sur l’éventualité de Marine Le Pen qui croyait abusivement être capable de rassembler les partisans du souverainisme chevènementistes : « Il ne sert à rien, à la veille du second tour, de diaboliser Marine Le Pen. Bien sûr, son élection serait un dramatique mauvais coup porté à l’image de la France dans le monde. L’inexpérience de l’État, l’isolement et l’incompétence trop souvent démontrée de Marine Le Pen et de ses équipes ne présagent rien de bon quant à leur capacité à défendre les intérêts de notre Nation. Surtout, l’élection de Marine Le Pen à la Présidence de la République inaugurerait une ère de tensions, d’instabilité politique et, potentiellement, de troubles graves pour le pays. La paix civile serait menacée. Le plus sûr moyen d’arrêter Marine Le Pen, c’est encore de montrer le sens humaniste de notre projet. Car, comme l’a dit Emmanuel Macron, "la France n’est pas n’importe quelle Nation". ».

En clair, Jean-Pierre Chevènement a proposé ces trois grandes lignes pour le quinquennat à venir : réindustrialisation, éducation et paix. Et elles ne peuvent être mises en œuvre que par des équipes compétentes, expérimentées et soucieuses de la concorde nationale. Donc, menées par Emmanuel Macron. Le souverainisme chevènementiste est un macronisme.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron, le candidat de la puissance française et européenne.
Avec Marine Le Pen, l’État de droit en peine.
La révolution verte du candidat Emmanuel Macron.
Discours d’Emmanuel Macron à Arena de Paris La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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18 avril 2022 1 18 /04 /avril /2022 03:08

« Pour réussir la bataille pour le climat, pas d’injonction, mais du respect et de l’ambition, pas de fausses leçons, mais la clarté dans les objectifs, et de l’investissement. Alors, tous ces efforts ont des résultats, et je les défends, nous avons été deux fois plus vite que durant les deux quinquennats qui précédaient pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons protégé la biodiversité, davantage, et nous avons diminué de 12% nos émissions de gaz à effet de serre en cinq ans. Ça, c’est pour dire que l’inaction, pas chez moi. » (Emmanuel Macron, le 16 avril 2022 à Marseille).




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Le candidat Emmanuel Macron se démène pour assurer sa campagne du second tour. L’écart avec Marine Le Pen restant faible dans les sondages d’intentions de vote, le Président de la République souhaite conforter son avance du premier tour en donnant des raisons de voter pour lui aux électeurs qui ne l’ont pas choisi au premier tour.

On peut d’ailleurs se poser sérieusement la question sur la stratégie du second tour : comme il a phagocyté l’électorat LR au premier tour (c’est très clair géographiquement), doit-il risquer de le perdre au second tour pour tenter de récupérer une partie de l’électorat dit de gauche ? Là est le vrai enjeu, car vouloir faire du Jean-Luc Mélenchon quand on s’appelle Emmanuel Macron, c’est à la fois osé (il faut convaincre de la transmutation), illusoire et casse-cou (qu’en pensent les primoélecteurs d’Emmanuel Macron ?).

Et cela d’autant plus que les enquêtes sur les reports de voix laissent vaguement entendre que l’électorat de FI est très divisé, en gros un tiers pour Emmanuel Macron, un tiers pour l’abstention ou le vote blanc et un tiers pour Marine Le Pen, soit un potentiel d’environ 7%. On dira la même chose de l’électorat écologiste de Yannick Jadot, plus "docile" pour voter pour Emmanuel Macron mais sur une base beaucoup plus faible (moins de 5%). Enfin, faut-il évoquer la récupération du vote socialiste quand celui-ci n’a même pas atteint 2% ? Évidemment non.

Toute la stratégie devrait donc être axée sur la seule chose qui serait efficace à chacun des deux candidats du second tour (car le problème se pose aussi à la candidate d’extrême droite) : convaincre ceux qui ne sont pas allés voter au premier tour, soit plus de 26% des électeurs inscrits. Ce sont eux qu’il leur faut convaincre car leur vote potentiel reste une inconnue de taille. En 2002, le premier tour du 21 avril 2002 a eu 28,4% d’abstention qui a baissé à 20,3% au second tour du 5 mai 2002 (près de 3,5 millions d’électeurs se sont déplacés en plus).

En revanche, en 2017, ce fut le contraire : il y a eu 22,2% d’abstention au premier tour du 23 avril 2017 et celle-ci est montée à 25,4% au second tour du 7 mai 2017, mais si l’on prend le pourcentage de suffrages exprimés par rapport aux électeurs inscrits (on prend alors en compte les votes blancs et les votes nuls qui, je le rappelle, depuis 2013, sont indiqués séparément), alors la baisse de participants exprimés a été encore plus forte : de 75,8% au premier tour à 66,0% au second tour (en 2002, ce fut le contraire, y compris avec les votes blancs et nuls : de 69,2% au premier tour à 75,4% au second tour). 2022 devrait plutôt reproduire la tendance de baisse des suffrages exprimés observée en 2017, mais cela va surtout dépendre de la mobilisation et de la capacité de conviction des deux candidats restants.

Le choix d’Emmanuel Macron de présenter son projet sur la transition écologique lors d’un de ses derniers grands meetings, à Marseille le samedi 16 avril 2022, ne répond donc pas à une logique de récupération de voix de candidats battus, mais bel et bien à l’objectif de mobiliser les abstentionnistes et en particulier, les nombreux jeunes qui ne se sont pas déplacés au premier tour. Et pour mobiliser, au contraire de 2002, l’argument du front républicain serait inefficace. En revanche, la préoccupation des enjeux climatiques est essentielle car les plus jeunes se sentent aux premières loges des futures catastrophes climatiques que les plus âgés n’auront pas le temps de vivre.

Ce 16 avril 2022 est donc notable, surtout dans l’optique d’une réélection, car le discours d’Emmanuel Macron l’engage à l’action. Qu’on ne me dise pas qu’il n’en avait pas parlé pendant cinq ans, car c’est resté pour lui un sujet majeur tout au long de son (premier) quinquennat, ne serait-ce que d’avoir nommé Nicolas Hulot comme Ministre d’État en numéro deux du gouvernement (sa démission procède plus d’une incapacité à faire de la politique, que j’avais décelée déjà lors de la primaire écologiste de 2011 qu’il avait perdue face à Eva Joly, que d’un désaccord certes réel avec Emmanuel Macron sur la chasse).

Emmanuel Macron a nommé aussi son successeur Ministre d’État, François de Rugy (qui n’est pas resté durablement pour cause de homard). Surtout, il a fait une présentation de sa politique écologique qui n’a pas eu les retombées médiatiques voulues au début de la crise des gilets jaunes, le 27 novembre 2018. Ensuite, apprenant du grand débat, il a convoqué la Convention citoyenne pour le climat le 21 juin 2020 pour prendre un certain nombre de mesures (toutefois, la méthode du tirage au sort m’a semblé peu démocratique, du moins très contestable sur le plan démocratique ; une commission parlementaire devrait plutôt la remplacer, à mon avis). Enfin, Emmanuel Macron a exposé les perspectives de la politique énergétique de la France le 10 février 2022 à Belfort.

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Pour 2022, Emmanuel Macron ne veut pas que le Ministre de l’Écologie soit le numéro deux du gouvernement, mais carrément le numéro un : « Mon prochain Premier Ministre sera directement chargé de la planification écologique, parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements, bref, toutes les politique, ce n’est pas simplement une politique, c’est la politique des politiques, et parce que cela démontre irréfutablement l’importance que nous accorderons à ce combat du siècle. Le Premier Ministre sera, pour agir, appuyé par deux ministres forts, le ministre de la Planification énergétique (…) et le ministre de la Planification écologique territorial. ».

L’objectif du premier de ces deux ministres sera « de faire de la France la première grande Nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon, c’est possible et nous le feront. Et pour cela, il faudra d’abord planifier une stratégie de sobriété énergétique, car l’énergie qui pollue le moins est celle qu’on ne consomme pas. ».

En clair, Emmanuel Macron veut multiplier par 10 la puissance produite par le solaire, déployer 50 parce éoliens offshore d’ici à 2050 produisant 40 GW et construire 6 nouveaux réacteurs nucléaires. Enfin, il veut investir massivement dans l’hydrogène vert : « C’est aussi par l’hydrogène pour nos avions, nos trains, nos bateaux (…), nos bus, nos industries, par les changements d‘usage, que nous pourrons avoir des modes de déplacement et de production plus écologiques car l’hydrogène pourra se substituer progressivement au gaz naturel. ».

L’objectif de l’autre de ces deux ministres est de collaborer avec tous les élus locaux pour bâtir un agenda pour chaque territoire : « L’agenda écologique est un agenda de confiance, il faut travailler avec nos élus locaux et ce sera un agenda de décentralisation massive. ».

Parmi les autres mesures, deux déjà présentées avant le premier tour : la location de voiture électrique à moins de 100 euros par mois et l’encouragement par aide de l’État à la rénovation thermique de 700 000 logements anciens chaque année. Aussi le remplacement des vieilles chaudières à gaz et au fuel. Ce qu’il y a de nouveau, c’est notamment une politique volontariste pour réduire les 50 000 décès annuels dus à la pollution de l’air par « un effort massif de purification de l’air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraite et dans tous les bâtiments publics » dont on a commencé à comprendre l’importance lors de la crise sanitaire. Également une politique alimentaire qui protège les consommateurs : « Dans nos écoles, je veux qu’on aille encore plus loin pour davantage de produits locaux, de circuits courts, de produits bios et (…) une alimentation de qualité. ».

Emmanuel Macron a ainsi placé la campagne du second tour dans un véritable choix de civilisation : « Ce que nous avons à devenir n’est pas la nostalgie de ce que nous avons été, ni même exactement ce que nous sommes. Ce que nous avons à devenir, c’est de ne rien oublier de ce qui nous a faits, de l’habilité et du respect de chacun qui nous constituent, de la force de notre République, de tous ces confluents qui forment la France, mais d’aller vers un cap nouveau qui est un cap de respect, de dignité, de diversité et d’écologie ! Parce que oui, le projet que nous portons est un projet d’humanisme qui croit dans l’économie, l’innovation, la culture, l’éducation, la santé et l’humanisme du Vingt et unième siècle croit dans l’homme mais avec l’homme dans la nature et le vivant, car ils sont indissociables. ».

Le candidat Président a d’ailleurs proposé d’instaurer une Fête de la nature le quatrième samedi de mai pour « susciter cette mobilisation générale de la Nation pour l’environnement ». Il a en outre souhaité que les grands patrons soient écoresponsables : « Les parts variables des dirigeants seront à la fois encadrées dans leur montant au niveau européen mais aussi soumis à l’atteinte d’objectifs environnementaux. Les grands patrons du Vingt et unième siècle ne seront pas simplement celles et ceux qui ont de la performance économique ou financière, mais celles et ceux qui sauront avoir des résultats pour l’inclusivité, pour l’égalité femmes/hommes, et pour la question écologique. ».

Il n’a pas hésité à attaquer sa concurrente du Rassemblement nationale qui encouragerait l’anxiété : « Cette anxiété, c’est celle que l’extrême droite va chercher lorsqu’elle dit "avec nous (…), plus de terrorisme climatique" dit-elle [la candidate d’extrême droite]. Employer un tel terme ! "Avec nous, finies les éoliennes, nous allons les démonter", bon courage, bonne utilisation de l’argent du contribuable. "Avec nous", leur dit-elle, "la neutralité carbone 2050", d’ailleurs, la place-t-elle en 2030, elle qui connaît bien les chiffres, "finie cette neutralité carbone", même incompétente, elle est climatosceptique. Mais donc, vous le voyez bien, nous ne pouvons pas laisser ces deux anxiétés face-à-face, nos plus jeunes et celles et ceux qui sont anxieux, pensant que la planète ne sera pus viable, et l’anxiété de celles et ceux qui craignent un changement trop rapide, nous devons réconcilier tout le pays par un changement de paradigme, par une ambition nouvelle. ».

Le mot "écologie" ou "écologiste" n’est même pas mentionné dans le document intitulé "Projet pour la France de Marine Le Pen : 22 mesures pour 2022". De même, aucun chapitre, sur les seize thèmes de son programme présidentiel, n’est consacré à la transition écologique et cette expression n’est mentionnée qu’une seule fois dans son programme de 36 pages au détour d’une indication dérisoire sur un fonds souverain : « le fonds souverain devra également financer la transformation écologique attendue par nos compatriotes » sans s’appesantir sur la nature de la transformation écologique que la candidate entend financer, si ce n’est le démantèlement des éoliennes.

Emmanuel Macron avait commencé à attaquer Marine Le Pen au début de son discours de Marseille en disant paradoxalement : « J’aurais pu à Marseille vous parler de la rupture que l’extrême droite prépare avec la fraternité républicaine lorsqu’elle veut mettre en cause le droit d’asile ou organiser un référendum pour rétablir la peine de mort (…). De la rupture qu’elle prépare avec notre laïcité lorsqu’elle veut stigmatiser des millions de Français, interdire le port du voile ou la nourriture casher ou halal. (…) J’aurais pu vous parler du projet de sortie de l’Europe que l’extrême droite défend lorsqu’elle propose le divorce entre l’Allemagne et la France, la sortie du Conseil de l’Europe, une alliance militaire avec la Russie et pas un mot, pas un mot pour le continent africain de l’autre côté de cette mer. (…) J’aurais pu aussi vous parler du rapport quelque peu distant que madame Le Pen comme monsieur Zemmour entretiennent avec la science, eux qui auraient voulu vous administrer de la chloroquine et du vaccin russe. ».

L’essentiel du discours d’Emmanuel Macron a ainsi consisté à proclamer : « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera donc écologique ou ne sera pas. ». Également : « Nos vies seront écologiques ou ne seront pas, parce que l’écologie n’est pas seulement la question de la politique, de l’économie de certains paysages. Chacun prendra sa part dans ce combat du siècle. ». Et le message qui se veut rassurant, c’est celui-ci : « Je le dis à toutes celles et tous ceux qui travaillent. L’écologie, ce n’est pas fermer vos emplois, fermer vos usines. C’est permettre de changer des habitudes et des pratiques. (…) C’est par l’innovation, vous permettre de produire davantage mais le faire de manière écologique. ».

Ce n’est pas anodin qu’Emmanuel Macron ait affirmé sa différence sur le thème de l’écologie, car Marine Le Pen ne propose rien d’autre que des réductions pour consommer du carburant et le démontage des éoliennes. Y voyant une grande opportunité pour renforcer le redémarrage économique de la France par des investissements massifs sur l’hydrogène vert et les autres énergies renouvelables, Emmanuel Macron entend rester "le" candidat de l’avenir et de l’optimisme face à la candidate du repli sur soi et de la nostalgie aigrie. Pour les jeunes générations, il n’y a vraiment pas photo !


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Sylvain Rakotoarison (16 avril 2022)
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Pour aller plus loin :
La révolution verte du candidat Emmanuel Macron.
Discours d’Emmanuel Macron à Arena de Paris La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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16 avril 2022 6 16 /04 /avril /2022 17:19

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Pour en savoir plus :
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Discours du candidat Emmanuel Macron le 16 avril 2022 au Pharo à Marseille


Merci mes amis. Merci d’être là à Marseille. Je sais que évidemment les Marseillaises et les Marseillais sont là, mais de Nice à Toulon jusqu’à Briançon, des quatre coins de cette belle région, vous êtes venus aujourd’hui pour être là et merci. De la montagne à la mer, des quartiers, de la métropole aux villages, vous êtes là. Nous sommes là, bien décidés, bien décidés dans une semaine à l’emporter !

Alors Marseille, vous l’avez montré, c’est cette magnifique ville de Méditerranée et d’Europe, de force et de générosité. Marseille, ville de jeunesse qui s’est faite à travers le temps par tant et tant de destins mêlés, et je connais ici les vies d’Italiens, d’Espagnols, d’Arméniens, de Maghrébins, de tant et tant venant d’Afrique, des Français revenant d’Algérie et restant ici auprès de la Méditerranée chérie. C’est ça Marseille. C’est la fraternité au coeur de la République. C’est un laboratoire de la République et c’est pourquoi, comme je le rappelais à l’instant, c’est ici que nous avons voulu bâtir avec ‘Marseille en grand’ le début d’une nouvelle méthode. Marseille et nous, nous tous, ensemble pour faire et agir.

Alors si je suis ici devant vous, c’est parce qu’il y a quelques jours, nos compatriotes ont placé le projet que nous défendons en tête du premier tour. Et ce projet est d’abord un projet de force pour notre pays, un projet pour créer, produire, bâtir cette France de 2030, en faire une puissance créative, agricole, industrielle, technologique. Nous permettre tous ensemble de créer davantage d’emplois, de trouver davantage de solutions, de faire qu’en France on ne sombre pas dans la peur du lendemain mais qu’on y construise des solutions pour demain. Cette France de nos enfants, c’est cela le projet que nous portons.

C’est un projet de simplification pour que tant d’initiatives portées à travers le territoire, que nos maires, nos élus ici présents, que tant d’entrepreneurs, d’acteurs associatifs portent et qu’ils voudraient conduire plus vite. C’est un projet pour une France plus belle, plus forte, dans une Europe unie comme elle a su l’être face à la pandémie, comme elle sait l’être et elle saura l’être face à la guerre qui revient en Ukraine. C’est un projet pour l’égalité des chances par l’école, par la culture, par le sport. C’est un projet qui croit dans l’humain et qui veut permettre à chacune et chacun d’exprimer la voie, son propre chemin.

Et je salue ici la présence de plusieurs d’entre vous qui portez cette ambition. L’école, celle que nous avons commencé ici à refonder avec ‘Marseille en grand’, celle que nous voulons rebâtir par une méthode nouvelle. La culture, vous êtes tant à vous battre de Toulon à La Criée, de Ramatuelle à Avignon contre les idées de l’extrême, contre l’extrême-droite par l’ouverture, par l’intelligence, par le beau. Le sport qui permet à chacun de construire sa dignité, sa force, son projet dans cette ville qui a connu le toit de l’Europe un jour de mai 93 et qui  a encore montré qu’ici on sait faire des reprises de volée. Merci Dimitri !

Marseille qui sera l’une des grandes villes de ces Jeux olympiques de 2024. Le sport qui sera aussi par notre ambition le moyen de permettre à chaque jeune de bâtir dans la République sa place. Notre projet, c’est aussi un projet pour la santé, un projet pour tant et tant d’ambitions qui, de manière concrète, veut rebâtir cette égalité des chances sur le terrain parce qu’il n’y a aucune fatalité. C’est un projet pour nos quartiers pour lesquels nous nous sommes battus ces dernières années ensemble et pour lesquels nous continuerons de nous battre. Projet pour nos quartiers, projet pour nos ruralités, projet pour tous les territoires parce que, oui, il n’y a qu’un projet qui permet de réconcilier au lieu de diviser.

Celui qui investit dans l’humain, celui qui permet à des projets de naître, de bâtir, de construire la République de demain. Celui qui permet de conjurer la fatalité pour permettre à chacune et chacun de vivre. Celui qui redonne à chaque enfant de la République sa dignité, sa place. Sa place ! Et d’où qu’on vienne et quel que soit le quartier derrière moi, là où il y a encore aujourd’hui tant de séparations, tant de barrières. Notre ambition depuis 5 ans, mais elle doit redoubler dans les années qui viennent, doit être de casser les murs qui isolent, d’ouvrir les routes qui donnent des perspectives, de bâtir une école qui permet de libérer, d’ouvrir l’accès à la culture qui permet de vivre. C’est cela notre destin car nous sommes pays d’ouverture.

Nous sommes faits de millénaires – de millénaires – de migrations, de mouvements d’intégration. Nous avons bâti une civilisation, une culture, une ouverture au monde, une exigence et une volonté de toujours porter cette voix unique à l’égard du reste du monde. Cette fierté française c’est cela. Ça n’est pas le grand rabougrissement, ça n’est pas la grande division, ça n’est pas la grande séparation qui consisterait à dire à des enfants nés sur notre sol, élevés dans notre République qu’ils n’y ont plus leur place et qu’ils n’y ont plus leurs droits. Jamais !

Par contre mes amis, si ce projet, notre projet a été placé en tête le 10 avril, comme vous je regarde notre pays, lucide. Je regarde ses divisions, ses fractures. Je vois les extrêmes, je vois les abstentions et nous ne pouvons pas de crier victoire. Alors… (cris dans la foule) Je suis là et je continuerai de l’être, croyez-moi ! Mais les extrêmes se nourrissent de quoi ? Les abstentionnistes se nourrissent de quoi ? Des peurs, des doutes, parfois de nos échecs aussi. Je suis lucide. Du fait que nous avons parfois promis et que la vie n’a pas changé assez vite. Alors je suis devant vous avec encore plus d’énergie qu’il y a 5 ans. Avec encore plus d’envie de faire mais en sachant fermement que chaque minute que nous perdrons, c’est une minute que nous leur donnerons.

Alors oui, nous ne devons pas simplement gagner le 24 avril, nous devons redoubler d’énergie pour faire, réussir. Redoubler d’énergie pour réussir là où parfois nous avons échoué, là où nous avons été trop lentement, là où nous avons tâtonné mais en étant lucide. Alors cette ambition, cette ambition que je veux porter avec vous, ce n’est pas – je vais vous le dire en tout sincérité – comme vous le criez parfois avec un enthousiasme qui me touche, je vais vous avouer quelque chose : je n’ai aucune envie de faire 5 ans de plus. Non, je ne veux pas les faire en plus : je veux complètement refonder, je veux que ce soient 5 années de renouvellement complet. Ce qui se joue le 24 avril, ce qui se jouera derrière ne doit pas être une reconduction, une continuation, mais bien une réinvention, une nouvelle ambition.

Et les ruptures que nous avons su incarner, les ruptures que nous avons su faire il y a 5 ans et durant ces années, nous devons les continuer. Nous ne sommes pas le camp du système, jamais. Nous devons encore inventer, nous battre, refonder et bâtir l’ambition qui permettra de répondre à toutes ces colères, à ces peurs, à ces voix qui se taisent. C’est cela l’ambition que je nourris avec vous. Et si nous voulons aller au bout d’un projet d’innovation, d’indépendance, de prospérité, d’inclusion, d’égalité entre les femmes et les hommes, d’écologie – et je vais y revenir – nous devons en profondeur encore et encore savoir marquer des ruptures, des ambitions nouvelles, revenir là où nous avons échoué pour recommencer et réinventer. Cela doit être cela, notre ambition.

Et avec une ambition aussi de méthodes complètement nouvelles. Le Avec vous n’est pas simplement un slogan à mes yeux. Ce que nous avons commencé ici à Marseille, c’est aussi cette volonté de dire à nos compatriotes que nous avons entendu leur voix. Elle n’est pas simplement de s’exprimer lors d’élections ou de demander des élections pour ne pas y aller. C’est aussi de leur dire que manifester dès le lendemain contre les résultats d’une élection démocratique ne mène à rien. Mais c’est réinventer ensemble l’action en démocratie. C’est de considérer que chacune et chacun veut faire, que pour réinventer notre école, il faut la bâtir avec toutes les parties prenantes : élus, parents, enseignants, élèves. Que pour rebâtir notre santé, il faut la réinventer avec toutes les parties prenantes : médecins, soignants, élus, patients. Ce changement de méthode profond, c’est celui que nous adopterons dans les 5 ans qui viennent si les Françaises et les Français nous accordent leur confiance.

Alors ici à Marseille, j’aurais pu vous parler du danger que représente l’extrême-droite pour notre pays. Vous le connaissez ce danger. De Marseille à Toulon jusqu’au fin fond de la région, à plusieurs reprises vous êtes nombreux à vous être battus contre les extrêmes, et à chaque fois à avoir gagné. Alors j’aurais pu vous parler des risques que l’extrême-droite fait peser sur nos libertés. Sur la liberté de la presse lorsqu’elle prétend décider qui est journaliste et qui ne l’est pas. Sur la liberté… Ne sifflez pas l’extrême-droite, ne sifflez pas l’extrême-droite. Battez-la le 24 avril !

J’aurais pu vous parler des coups que l’extrême-droite entend porter à l’égalité. À l’égalité entre les femmes et les hommes lorsqu’elle évoque l’avortement de confort. L’égalité entre les plus riches et les plus pauvres lorsqu’elle propose aux plus riches, aux rentiers lorsqu’ils ont moins de 30 ans de des exonérer totalement d’impôt. Ceux que j’entendais tout à l’heure me dire : on est là – je suis là aussi, je vous rassure – devraient plutôt aller manifester contre ce projet. Choisissez vos ennemis, ne confondez pas tout.

J’aurais pu à Marseille vous parler de la rupture que l’extrême-droite prépare avec la fraternité républicaine lorsqu’elle veut mettre en cause le droit d’asile ou organiser un référendum pour rétablir la peine de mort. Battez-les le 24 avril. De la rupture qu’elle prépare avec notre laïcité lorsqu’elle veut stigmatiser des millions de Français, interdire le port du voile ou la nourriture casher ou halal. Alors battez-les ! J’aurais pu ici vous parler du projet de sortie de l’Europe que l’extrême-droite défend lorsqu’elle propose le divorce entre l’Allemagne et la France, la sortie du Conseil de l’Europe, une alliance militaire avec la Russie et pas un mot – pas un mot pour le continent africain de l’autre côté de cette mer. Alors battez-les le 24 avril !

J’aurais pu aussi vous parler du rapport quelque peu distant que madame LE PEN comme monsieur ZEMMOUR entretiennent avec la science, eux qui auraient voulu vous administrer de la chloroquine et du vaccin russe. Ne sifflez pas, ça n’est pas devenu et, je vous rassure, ça n’adviendra pas. Parce que le 24 avril, nous vaincrons. J’aurais pu vous parler de tout cela, de bien d’autres choses encore, mais ici à Marseille je suis venu vous parler très directement. Ici, je suis venu avec vous pour aller droit au but. Et aller droit au but, c’est vous dire que nous avons entendu deux messages.

Le premier, c’est celui qu’une bonne partie de nos compatriotes, et je sais que vous le portez aussi, nous ont fait entendre le 10 avril dernier dans les urnes. Un message fort pour mettre l’environnement au coeur de notre campagne et des années à venir pour la France. Le deuxième message que nous avons entendu, c’est celui des plus grands scientifiques du monde entier il y a deux semaines, une fois encore mais plus grave encore. Le GIEC, le Groupement international d’experts pour le climat. a remis un rapport qui nous donne trois ans, trois ans pour tenir les objectifs des accords de Paris contre le réchauffement climatique et léguer à nos enfants une planète vivable.

Et donc oui, c’est à nous d’agir et c’est à nous de faire, et ce message écologique du premier tour de l’élection présidentielle française, ce message, une fois encore, des plus grands scientifiques, ce message que notre jeunesse, depuis plusieurs mois, prône, porte, de marche en marche et de mobilisation en mobilisation, nous devons aujourdh’ui savoir lui donner une perspective nouvelle pour le 24 avril et pour les années qui viennent.

Alors nous savons, nous ici, les conséquences du dérèglement climatique, dans les vallées de la Tinée, de la Vésubie, de la Roya, cher Christian, cher Frédéric, cher Renaud, nous l’avons vu, nous l’avons vécu, dans nos Outre-mer des sargasses aux ouragans, nous en connaissons les conséquences, des gels qui touchent nos agriculteurs, encore cette année, nous en savons tous les méfaits, et donc oui, ce dérèglement climatique nous touche nous tous aujourdh’ui déjà. Nous n’avons plus à attendre et nous ne pouvons plus attendre, nous le savons. Alors, nous n’avons pas rien fait durant ces cinq années, comme parfois j’entends certains le résumer avec caricature, c’est sûr, je vous le confesse, c’est toujours plus difficile, de promettre, d’engager, de relancer lorsqu’on a cinq ans de responsabilité, mais simplement, en quelques mots, ici dire ce que nous avons fait toujours ensemble, les gouvernements successifs, les élus de terrain, l’ensemble des institutions, les entreprises, les associations, les agriculteurs, les citoyens, parce que pendant cinq ans nous avons fait. Pendant cinq ans qui viennent de s’écouler, nous nous sommes battus, et d’abord nous avons pris des décisions qui avaient été tant de fois reportées, pour lesquelles certains qui aujourdh’ui nous combattent sans esprit de distinction, en voulant confondre l’extrême droite avec nous-mêmes, ils oublient, ils oublient ce que nous avons fait. Notre-dame-des-landes, contre lequel ils se sont tant battus, le projet EuropaCity, au nord de Paris, la Montagne d’or en Guyane, le Terminal 4 de l’aéroport de Roissy, tous ces projets, qui les a arrêtés parce qu’ils n’étaient pas écologiques, parce que c’était du gigantisme qui ne correspondait plus à un modèle viable ? C’est nous, pas eux. Et pour prendre ces décisions il fallait simplement, pas simplement manifester, protester, contre celles et ceux qui sont aux responsabilités, mais il fallait en responsabilité aller voir des élus, les salariés, les citoyens, et leur dire « pour le bien de l’environnement nous ne le ferons pas », j’ai rarement vu les militants, les plus férus ces jours-là, être à nos côtés, mais nous l’avons fait.

Nous avons été parmi les premières nations à fermer nos centrales à charbon, à mettre fin aux permis d’hydrocarbures, nous avons décidé la fin de l’exploitation hydrocarbure à 2040, mais quand il a fallu aller expliquer, dans nos eaux, sur notre sol, en Guyane, qu’on ne ferait pas de nouveaux projets là où il y avait des potentialités pour faire, il a fallu expliquer là aussi à des élus, à des citoyens, à des entreprises, « nous allons vous compenser, mais nous ne ferons pas pour l’écologie », nous l’avons fait. Nous avons accompagnés 1 million de françaises et de Français pour changer leur vieille voiture et prendre une hybride, une électrique, ou un modèle de dernière génération, 1 million de Françaises et de Français pour rénover leur logement et réduire leur facture de chauffage, nous avons ensemble, avec les élus, construit 13.000 kilomètres de pistes cyclables, réinventer des lignes ferroviaires qui étaient en train de fermer, réouvert des lignes de chemin de fer de nuit qui permettent d’éviter le transport en avion., cher Joël, 9000 kilomètres de petites lignes, c’est-à-dire des transports doux, écologiques. Nous avons, avec nos agriculteurs, commencé à transformer notre agriculture, nous avons doublé les surfaces d’agriculture biologique et nous sommes aujourdh’ui, nous Français, le premier pays d’Europe en surfaces bio, le premier. Oui, Monsieur le ministre. Nous avons multiplié par 20 les surfaces en haute qualité environnementale, nous nous sommes engagés à diviser par deux le rythme de l’artificialisation des sols, et pour cela donné les moyens à nos maires, aux départements et aux régions, d’investir pour justement reconvertir leurs friches industrielles, agricoles, ou d’emprise publique. Nous avons créé dans notre droit, grâce à la Convention citoyenne sur le climat, un délit d’écocide pour ceux qui intentionnellement se rendent coupables de graves atteintes à l’environnement. Et je pourrais citer des aires protégées, à tant d’autres combats, tout ce que nous avons durant ces cinq dernières années conduit sur ce sujet, mais la bataille, nous l’avons aussi menée à l’international. Rappelez-vous, quand en juin 2017 les Etats-Unis d’Amérique ont décidé de quitter les accords de Paris, ces accords, tout le monde nous le disait, étaient condamnés, on nous disait « c’est fichu, c’est fini », nous nous sommes levés, et là où la France en 2015 avait su, grâce à sa diplomatie, bâtir ces accords, nous avons résisté nous avons convoqué le monde au One Planet Summit le 12 décembre 2017, nous avons gardé, l’Europe, la Chine, les autres Etats du monde ensemble, nous avons réengagé les entreprises, les associations, nous avons permis que la Russie et la Turquie ratifient ces accords, et enfin que les Etats-Unis décident de revenir. Ces accords sont bien là, et nous avons gagné.

Nous nous sommes battus, de One Planet en One Ocean Summit, d’Europe aux Etats-Unis en passant par l’Afrique, pour la biodiversité, et lancé un agenda nouveau pour la lutte contre le réchauffement climatique et pour lancer un véritable agenda européen. Oui, au printemps 2018 nous n’étions que huit Etats membres à nous battre sur ce sujet, nous avons obtenu l’accord de tous au mois de décembre dernier pour construire un accord européen sur le climat et porter la neutralité carbone en 2050, et du monde à l’Elysée nous l’avons fait, car à l’Elysée, plus modestement, mais l’exemplarité sert, nous avons innové en compensant l’empreinte carbone de tous les déplacements, et il y en a parfois pour un président, en construisant une crèche qui est le premier bâtiment public entièrement conçu avec des matériaux biosourcés. Oui, nous nous sommes battus, durant ces cinq années, en prenant des décisions difficiles et en les assumant, mais en actant que la bataille pour le climat n’est pas simplement une question de mobilisation, est encore moins question d’injonction, n’est jamais une question d’opposition de bloc à bloc, mais c’est la clé d’une réussite commune, d’un investissement de la nation, d’un accompagnement de chacune et chacun pour changer les habitudes, c’est cela ce que nous avons fait.

Pour réussir la bataille pour le climat, pas d’injonction, mais du respect et de l’ambition, pas de fausses leçons, mais la clarté dans les objectifs, et de l’investissement. Alors, tous ces efforts ont des résultats, et je les défends, nous avons été deux fois plus vite que durant les deux quinquennats qui précédaient pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons protégé la biodiversité, davantage, et nous avons diminué de 12 % nos émissions de gaz à effet de serre en cinq ans. Ça c’est pour dire que l’inaction, pas chez moi.

Mais très clairement, ce que le GIEC nous encore dit, c’est que ça ne suffit pas, et si nous voulons respecter les accords de Paris il faut aller deux fois plus vite que ce que nous venons de faire ensemble durant ces cinq années, deux fois plus vite, donc vous savez quoi ? On va le faire.

Alors, j’entends l’anxiété qui existe chez beaucoup de nos jeunes, je suis frappé, dans tant de déplacements, quand je vais au contact, et je pense que vous le vivez comme moi, de voir notre jeunesse, nos adolescents, parfois les enfants, avoir peur de l’avenir de la planète, en parler avec angoisse, me dire « mais quelle vie j’aurai, est-ce que même j’aurai une vie possible ? » Face à ce qu’on appelle cette éco-anxiété nous devons réussir, dans les mois et les années qui viennent, à convertir cette anxiété en ambition et en actions, c’est cela notre défi, parce que de l’autre côté j’entends l’anxiété de Françaises et de Français sincères, qui me disent « mais moi je vois comme un mur devant moi, on me dit qu’il faut tout changer, que je ne pourrai pas continuer mon activité, on essaie de me culpabiliser, de me dire que mon mode de vie, que ce que je fais chaque jour, ce que mes parents faisaient, aux champs ou à l’usine, est mal, parce que je suis dans une industrie qui pollue, ou parce que le modèle qui est le nôtre a fait que j’ai dû utiliser tel ou tel produit », et il y a aussi une anxiété, aussi sincère, de beaucoup de nos compatriotes face à ce qui leur semble comme un changement impossible, trop dur, trop rapide, et cette anxiété c’est celle que l’extrême-droite va chercher lorsqu’elle dit « avec nous » – je cite la candidate d’extrême droite, « plus de terrorisme climatique » dit-elle. Employer un tel terme ! « Avec nous, fini les éoliennes, nous allons les démonter », bon courage, bonne utilisation de l’argent du contribuable. « Avec nous », leur dit-elle, « avec nous » leur dit-elle, « la neutralité carbone 2050 » – d’ailleurs la place-t-elle en 2030, elle qui connaît bien ses chiffres – « fini cette neutralité carbone », même incompétente elle est climatosceptique.

Mais donc, vous le voyez bien, nous ne pouvons pas laisser ces deux anxiété face-à-face, nos plus jeunes et celles et ceux qui sont anxieux, pensant que la planète ne sera plus viable, et l’anxiété de celles et ceux qui craignent un changement trop rapide, nous devons réconcilier tout le pays par un changement de paradigme, par une ambition nouvelle, et ce changement de paradigme n’est pas simplement d’aller un peu plus vite, de continuer ce que nous avons fait, c’est d’aller deux fois plus vite et de transformer la politique, l’économie, les paysages et nos vies, dans la France pour les cinq ans qui viennent, c’est ce changement de paradigme que je veux qu’on nous.

Moi aussi…alors, la politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera donc écologique, ou ne sera pas. Et donc, pour placer l’écologie au cœur du nouveau paradigme politique, comme au 19e siècle, où face aux défis éducatifs Jules FERRY était à la fois président du Conseil et ministre de l’Instruction publique, mon prochain Premier ministre sera directement chargé de la planification écologique, parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements, bref toutes les politiques, ce n’est pas simplement une politique, c’est la politique des politiques, et parce que cela démontre irréfutablement l’importance que nous accorderons à ce combat du siècle.

Le Premier ministre sera pour agir, appuyé par deux ministres forts, le ministre de la Planification énergétique – et je rassure ici chacune et chacun, le ministre étant une fonction il peut s’agir d’une femme ou d’un homme, comme la ministre actuelle le montre – et donc le ministre de la Planification énergétique aura pour mission de faire de la France la première grande nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon, c’est possible, et nous le feront. Et pour cela, il faudra d’abord planifier une stratégie de sobriété énergétique, car l’énergie qui pollue le moins est celle qu’on ne consomme pas. Il lui reviendra de développer les énergies renouvelables en multipliant par 10 la puissance solaire installée, des grands projets, jusqu’aux projets de micro-solaire dans nos ruralités, en engageant le déploiement de 50 parcs éoliens offshores d’ici 2050, 40 gigawatts nouveaux. Il lui reviendra également d’engager la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires. Pourquoi ? Car c’est la seule énergie qui ne produise pas de gaz à effet de serre et qui ne dépende pas de la météo.

Et donc partout dans le monde, même quand on met beaucoup de panneaux solaires et d’éoliennes à chaque fois, on le complète avec d’autres sources d’énergie non intermittentes et  je vais être très clair avec vous. Entre le charbon et le gaz d’un côté et le nucléaire de l’autre, je choisis le nucléaire. Et le ministre de la Planification énergétique aura à bâtir une stratégie hydrogène car c’est aussi par l’hydrogène pour nos avions, nos trains, nos bateaux, que nous voyons ici, nos bus, nos industries par les changements d’usage que nous pourrons avoir des modes de déplacement et de production plus écologiques car l’hydrogène pourra se substituer progressivement au gaz naturel ; l’hydrogène est produit par l’électrolyse. Pour ça, il faut de l’électricité, c’est pour cette raison entre autres qu’il nous faudra dans notre pays produire plus d’électricité non-carbonée par le renouvelable et par le nucléaire mais cet hydrogène sans carbone c’est celui qui nous permettra de nous passer du fioul, du gaz naturel, au fond des énergies fossiles.

L’autre ministre sera chargé de la planification écologique territoriale et aura pour mission d’organiser avec les élus locaux la transition environnementale dans chaque territoire, dans nos régions, nos départements, nos métropoles et jusqu’à l’échelle du canton avec un principe simple : l’agenda écologique est un agenda de confiance, il faut travailler avec nos élus locaux et ce sera un agenda de décentralisation massive. [à des militants] Partout ! Et donc avec le territoires, il développera des moyens de se déplacer en train, en vélo, en voiture électrique pour tous avec ce projet de voiture, de voiture électrique à moins de 100 euros par mois, nous mettrons en place davantage de transports en commun comme ces RER métropolitains auxquels on tient tant ici à Marseille et dans la métropole.

Donc cette planification territoriale oui, elle permettra de changer les moyens de nous déplacer au quotidien, transport public, transport individuel mais aussi pour nos grands industriels en développant de nouvelles stratégies pour le fret ferroviaire et le fluvial. Comment développer un port comme le port de Marseille sans avoir une stratégie complètement nouvelle avec le ferroviaire et le fluvial et sans permettre de sortir toutes les marchandises autrement que par les camions mais bien par le fleuve, les fleuves jusqu’à Lyon et au-delà et le chemin de fer. Et donc cette stratégie, vous le voyez, est une stratégie de réinvention de nos territoires, de réaménagement de nos territoires de manière collective comme nous ne l’avons pas fait depuis Freyssinet dans notre pays à ce point où l’on va à nouveau construire des canaux, réinvestir sur le fluvial, le fret ferroviaire pour pouvoir libérer nos routes, nous passer des camions et donc faire de l’écologie en continuant de produire.

C’est avec les territoires que ce ministre aura à accélérer la rénovation des logements et des bâtiments et organiser au moins la rénovation thermique de 700 000 logements par an sur les 5 ans qui viennent. Il leur reviendra ensemble d’agir pour la qualité de l’eau, la qualité de l’air, la qualité de l’alimentation car oui, cet agenda est un agenda de la qualité de la vie et du mieux vivre. Et c’est une planification que nous ferons avec le territoire pour changer la vie très concrètement, imaginez quand je parle de qualité de l’air ; que la pollution de l’air cause chaque année 50 000 décès, parfois des enfants ; c’est 15 fois les décès liés aux accidents de la route. Alors nous savons ce que notre pays a su faire lorsqu’il s’est mobilisé contre les victimes de la route engageant avec la même force une politique pour faire baisser les victimes de la pollution de l’air partout en France. Alors j’annonce que si les Français me font confiance à nouveau [ovations], nous lancerons immédiatement au plus haut niveau, nous lancerons immédiatement un effort massif de purification de l’air dans nos écoles nos hôpitaux, nos maisons de retraite et dans tous les bâtiments publics. Et vous en verrez les premiers résultats avant la fin de cette année ! Et il en sera de même sur la qualité de notre alimentation : nos paysans font tant déjà mais dans nos écoles, je veux qu’on aille encore plus loin pour davantage de produits locaux, de circuits courts, de produits bios et grâce aux plans alimentaires territoriaux que nous avons bâtis partout avec nos départements, nous permettrons à chaque fois dans la restauration collective et en particulier pour nos enfants dans les cantines d’avoir une alimentation de qualité. Et pour accompagner partout sur le territoire nos compatriotes afin qu’ils puissent se nourrir avec les meilleurs produits possible, nous ferons les efforts évidemment pour améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs mais lutter contre la précarité alimentaire avec entre autres le chèque alimentaire. La politique sera écologique, donc l’économie sera écologique également ou ne sera pas.

Je vais être très clair avec vous. Je ne crois pas dans la décroissance, au contraire !

LE PUBLIC

Nous non plus !

EMMANUEL MACRON

 Et je ne crois pas que se battre pour le climat, qu’être sincère pour le climat et pour la biodiversité puisse en quelque sorte n’avoir qu’une seule solution, ce serait de détruire telle ou telle activité, demander à des agriculteurs d’arrêter ou à des industriels de fermer ; et je pense qu’une telle politique n’est pas possible dans notre pays pour une raison simple, c’est que pour financer notre modèle social qui a été si fort pendant la pandémie, avec le « quoi qu’il en coûte » pour financer nos écoles et nos hôpitaux, il nous faut produire et travailler davantage.

Et donc oui notre défi est de faire une économie plus écologique pas moins d’économies pour l’écologie. C’est pourquoi nous aurons un projet unique sans précédent, celui de France 2030, pour bâtir cette économie décarbonée par l’innovation. Les avions sans émission 0 carbone, les trains hydrogène, la voiture électrique produite en France, les éoliennes en mer produites en France, les mini-réacteurs et tant et tant d’autres solutions – la région y participera – d’Avignon à Nice Sophia-Antipolis en passant par Marseille, Toulon vous avez tant de sites d’innovation uniques. C’est par l’innovation, le numérique que nous bâtirons aussi ces solutions pour avoir une économie qui ira vers la neutralité carbone en 2050. Mais pour en même temps créer des emplois sur notre sol des filières industrielles, de l’activité dans nos ports et ailleurs. C’est pourquoi nous investirons aussi pour décarboner nos cimenteries, nos aciéries, nous le savons ici à Marseille et à Fos Ô combien. Je le dis à toutes celles et ceux qui travaillent. L’écologie ça n’est pas fermer vos emplois, fermer vos usines. C’est permettre de changer des habitudes et des pratiques. Remplacer les vieilles chaudières avec lesquelles on conduisait l’activité par le gaz ou le charbon en les remplaçant par l’hydrogène, c’est par l’innovation vous permettre de produire davantage mais le faire de manière écologique, et il n’y a pas de fatalité. Il n’y a pas de fatalité ; ça n’est là aussi qu’une question d’investissement et de volonté ; c’est pourquoi aussi nous nous appuierons sur des chefs d’entreprise. Je sais qu’il y a ici beaucoup d’entrepreneurs – et j’en connais de longue date – engagés sur la question écologique. Entrepreneurs du livre et de la culture, entrepreneurs du numérique, industriels qui sont de grands entrepreneurs écologiques et écologistes ; je connais tant d’associations engagées aussi sur cette question et pour le climat. Alors nous appuyer encore davantage sur eux, c’est changer en France et en Europe les règles. Les parts variables des dirigeants seront à la fois encadrées dans leur montant au niveau européen mais aussi soumis à l’atteinte des objectifs environnementaux. Les grands dirigeants du XXIème siècle ne sont pas simplement ceux et celles qui ont de la performance économique ou financière mais celles et ceux qui sauront avoir des résultats pour l’inclusivité, pour l’égalité femmes / hommes et pour la question écologique. Oui les grands patrons seront des patrons verts, des patrons éco-responsables. Avoir une économie plus écologique, c’est aussi accompagner, accélérer les changements d’usage. Nous avons commencé de le faire ensemble en mettant fin et en nous battant contre le gaspillage alimentaire, en prenant de nouvelles lois, en nous battant justement contre aussi le gaspillage de produits manufacturés en luttant contre l’obsolescence programmée, en luttant contre le plastique à usage unique. Depuis le début de l’année, les fruits et légumes sont vendus en vrac, plus dans les sachets plastiques. C’est le fruit de nos lois. Et nous réduirons drastiquement dans les 5 années qui viennent et nous tiendrons et même accélérerons le cap de 2040 pour sortir complètement des plastique non recyclables. Mais quelle est la clé derrière cela ? Une méthode là aussi qui permet de réconcilier l’écologie et l’économie, un cap avec un interdit à horizon et des investissements, des investissements et la volonté de développer toute une économie circulaire, c’est-à-dire des emplois, des entreprises, qui vont nous permettre d’utiliser ce plastique pour l’utiliser différemment et construire de nouveaux matériaux.

Au moment où je vous parle aujourd’hui en France grâce à nos ambitions écologiques et notre politique économique, nous avons il y a quelques jours acté de l’ouverture de la plus grande entreprise européenne d’économie circulaire pour transformer les plastiques, y compris les plus complexes. Et c’est le fruit de notre politique d’attractivité, d’ambition économique et écologique. Je vous rassure. Avec Madame Le Pen, fini car elle n’est ni pour l’attractivité des investissements étrangers ni pour l’écologie. Ne la sifflez pas, battez-la le 24 avril !

Et cette transformation économique, elle est évidemment aussi européenne. C’est pourquoi nous nous battons pour que notre agenda commercial soit aussi un agenda climatique ; c’est pour cela que nous nous sommes opposés au Mercosur car il ne respecte pas nos objectifs ni des accords de Paris ni en matière de biodiversité. C’est pour cela que nous nous battrons avec le président français pour obtenir cette taxe carbone aux frontières qui permettra d’éviter la concurrence déloyale pour nos industriels et nos agriculteurs. Sinon, comment expliquer à une usine qu’elle doit investir pour changer si on permet d’importer des matériaux venant du bout du monde qui n’ont pas fait les mêmes efforts ? C’est pour cela que nous nous battrons partout pour ce qu’on appelle « les clauses miroirs », c’est-à-dire demander la même chose aux autres que ce que nous faisons en Européens. Et c’est à ce titre que nous nous battrons partout pour les « clauses miroirs » qui permettent de lutter contre la déforestation importée, de produire en France et en Europe du soja au lieu d’importer un soja du Brésil fait contre la forêt et la biodiversité.

 Et donc oui, il y a bien un projet qui permet de bâtir une économie écologique favorable à la biodiversité et protectrice du climat. Si nous avons ces solutions, cet investissement, ces innovations, cette ambition européenne, ce projet-là, c’est le nôtre et nous le porterons.

LE PUBLIC

On va gagner !

Et 1 et 2 et 5 ans de plus !

EMMANUEL MACRON

Ce changement de paradigme, c’est celui que je veux aussi pour nos paysages, les paysages qui m’entourent. Les nôtres, les vôtres. Oui, si nous voulons nous battre contre le dérèglement climatique et pour la biodiversité. Il nous faut savoir protéger nos écosystèmes, la faune et la flore, la nature. Il nous faut nous battre pour nos paysages et la vie qui s’y trouve. Alors pour cela, j’irai au bout de cette ambition dont nous avons posé les bases durant ce quinquennat. 30 % d’aires maritimes et terrestres protégées, nous le ferons. Car n’oubliez jamais que la France est tout à la fois la deuxième puissance maritime du monde grâce à nos îles. Je pense à la Corse à quelques encablures d’ici et certains sont là. Et notre Méditerranée grâce à nos océans et grâce à nos Outre-mer. La Réunion est là, la Polynésie je l’entends, nos Antilles et la Guyane. Tous les océans, tous les océans sont aussi français.

Et nous sommes une immense puissance forestière. La France a l’une des plus grandes forêts d’Europe mais la France est aussi une puissance amazonienne, trésor tout à la fois de biodiversité et de peuples autochtones. C’est cela la France, n’en déplaise à celles et ceux qui voulaient la réduire. La France, c’est ce littoral protégé par notre conservatoire auquel nous tenons tant. Par nos parcs que nous continuons de classer, qu’il s’agisse de l’Etat, des régions comme des communes. Des calanques que nous protégeons. De nos montagnes que nous protégeons aussi avec à chaque fois le même objectif, et c’est cela ce que je veux poursuivre : permettre de protéger la naturalité la plus stricte lorsque nous devons reconstituer la biodiversité, permettre à ces endroits de continuer et poursuivre la recherche, le travail des scientifiques. Relancer ce qui avait parfois été arrêté comme l’exploration des grands fonds marins pour notre mer. Comment expliquer que nous n’irions pas à quelques encablures d’ici plonger au fond du fond de la mer et que nous voudrions aller sur Mars.

C’est protéger plus largement, en ayant des activités compatibles car on le peut aussi. C’est permettre de protéger la montagne en permettant à nos agriculteurs, à une vie économique de s’y bâtir harmonieusement. C’est permettent de protéger nos mers en permettant une pêche durable sur nos eaux. C’est de permettre de protéger en éduquant et c’est pour cela que ce que je veux aussi dans nos paysages poursuivre, c’est ce travail de changement culturel de paradigme que beaucoup de communes ici ont commencé de faire avec les acteurs que j’évoquais, mais en faire des espaces où l’on apprend. De ces aires marines éducatives que les Polynésiens nous ont léguées et que nous voulons essaimer, jusqu’au projet Odysseo que nous développerons juste derrière moi. Apprendre, partager avec nos enfants et montrer que le projet écologique est aussi un projet de la préservation du beau, des espèces, de l’éducation et de l’apprentissage. C’est tout cela.

C’est aussi pour cela que nous renforcerons les moyens que nous mettrons pour protéger tous ces espaces. Protéger nos mers partout et en particulier les protéger contre la pêche illicite et la prédation, grâce à notre marine nationale à laquelle je veux rendre hommage, elle qui joue ici à Marseille un rôle si important. Nos marins à Marseille ont protégé et accompagné, testé les eaux, tout fait. Mais nos marins partout dans le monde protègent nos eaux contre les prédateurs, la pêche illicite et clandestine et celles et ceux qui viennent nous menacer. C’est pour ça aussi que nous continuerons d’investir dans nos projets, dans nos forêts, avec en particulier cette volonté que j’ai d’ici 2030 de planter 140 millions d’arbres pour la France. Ce grand plan, c’est celui qui portera notre ambition forestière : planter, protéger, développer une filière mais assumer aussi de protéger dans certains espaces une forêt libre pour qu’elle puisse se régénérer, en particulier quand elle est un trésor de biodiversité. Comme nous le faisons aussi à l’international pour protéger la forêt amazonienne ou la forêt primaire au coeur de l’Afrique. Ces ambitions françaises, nous les poursuivrons, nous les accélérerons. Et c’est aussi pour cela que nous nous battrons partout contre les décharges. Parler de la mer, parler de la forêt, parler de la beauté de nos paysages, de la biodiversité, c’est reconnaître que nous avons dans nos paysages depuis tant et tant d’années la trace visible, sensible, parfois les plaies de ce qui ne va plus dans notre modèle. Ces décharges à ciel ouvert qui polluent nos paysages, ces décharges qui se déversent dans les rivières ou dans les mers.

Lutter contre ce continent de plastique qui étouffe la biodiversité en mer et qui nous menace, ça n’est pas lutter contre le plastique qui est déjà en mer car c’est déjà trop tard. Plusieurs qui sont ici me l’ont bien expliqué en septembre dernier. Le plastique une fois en mer se dissout en microparticules et il tue algues et planctons déjà. Lutter contre la pollution par le plastique et les drames qu’il crée, c’est lutter contre le plastique qui arrive dans nos paysages, dans nos décharges et nos rivières. Pour cela il faut faire deux choses. En finir avec le plastique à usage unique que l’on jette et mener la stratégie que j’évoquais tout à l’heure, celle de l’économie circulaire, celle du tri sélectif, celle que nous intensifierons par nos investissements et les changements d’usage.

Mais il nous faut aussi, en même temps comme certains diraient, il nous faut en même temps en finir avec ces grandes décharges. C’est pourquoi sur les trois ans qui viennent nous mettrons fin à 50 grandes décharges à ciel ouvert qui aujourd’hui polluent nos territoires, nos rivières et nos mers, menacent notre biodiversité et préparent ce plastique de demain qui arrivera sinon dans notre mer. C’est tout cela lutter pour la biodiversité, pour nos forêts, nos mers, nos paysages. C’est possible bien sûr !

Mes amis, nos vies seront écologiques ou ne seront pas parce que l’écologie n’est pas seulement la question de la politique, de l’économie de certains paysages. Chacun prendra sa part dans ce combat du siècle ; chacun devra prendre sa part dans cet avenir en commun que nous avons à construire. Nos enfants d’abord. Nous avons déjà installé 250.000 éco-délégués qui dans nos écoles construisent des actions de sensibilisation formidables ; nous irons plus loin en mettant en œuvre l’éducation au développement durable pour tous, depuis la maternelle jusqu’au lycée. Et comme le ministre… pardon, comme le Professeur JOUZEL l’a proposé à la ministre, tous nos étudiants seront sensibilisés aux enjeux environnementaux et alimentaires dorénavant. Nos élus auront à prendre leur part en déclinant les objectifs nationaux dans leur commune, leur département, leur région, en bâtissant des solutions avec des compétences nouvelles et des investissements nouveaux. Nos artisans auront leur part, eux qui rénoveront dans les 5 ans à venir trois millions et demi de logements au moins pour y installer des fenêtres, des pompes à chaleur, une meilleure isolation. Et je ne parle pas du chantier colossal des bâtiments publics, du développement des matériaux biosourcés, d’une vraie transformation pour tant et tant de secteurs économiques.

Nos paysans y prendront leur part. Nos agriculteurs ont déjà tant fait ces dernières années. Ils ont baissé tant et tant de produits phytosanitaires : 93% des pesticides les plus préoccupants ont été supprimés. Ils sont mobilisés pour aller plus loin, continuer de réduire partout où nous le pouvons, produits phytosanitaires, pesticides et autres et ils continueront, pas par la jonction mais par l’investissement.

Mais je veux ici, en parlant devant la Méditerranée, vous dire que nos paysans auront un rôle extraordinaire à jouer dans les années qui viennent, pour produire et protéger en même temps car on ne protégera pas en produisant moins parce que ce qui se passe aujourd’hui, à quelques milliers de kilomètres de nous en Ukraine, n’est pas simplement l’horreur de la guerre, le drame humanitaire que vivent nos frères européens, le drame humanitaire et les réfugiés qui arrivent aujourd’hui en Europe – et je salue une fois encore la solidarité marseillaise – et les familles ici accueillies et protégées, encore sur le port ici ces derniers jours, c’est un drame alimentaire qui se joue. Un drame alimentaire. Au Proche et Moyen-Orient, en Afrique du Nord, partout sur le continent africain, aujourd’hui, dans un an, dans 18 mois, il manque et il manquera des céréales et tant et tant de ce qu’il faut pour nourrir. L’Europe sera ce continent qui devra continuer de produire pour aussi alimenter chaque rive de la Méditerranée et donc oui, nous pourrons le faire grâce à l’initiative que nous avons lancée et par la 3e révolution agricole qui passera par le numérique, l’agro-robotique, la génétique et le bio-contrôle. Nous le ferons car nous le pouvons !

Notre jeunesse aura aussi sa part. Notre jeunesse aura aussi à se former dans les métiers de l’énergie, de la batterie, de l’industrie verte ; nous formerons 400.000 personnes en plus aux métiers de sens que sont les métiers de la transition écologique. Métiers de l’énergie, métiers de l’industrie, métiers du recyclage et de la réparation. On va le faire !

Notre jeunesse sera intégrée au Haut conseil pour le climat à travers les grandes associations. Notre jeunesse, par le service civique écologique, pourra participer aux grands chantiers de la Nation, ces chantiers pour lutter… et pour dépolluer, contre les grandes décharges, pour dépolluer nos rivières, pour agir dans nos forêts et partout sur nos rivages ! Nous le ferons !

Et pour susciter cette mobilisation générale de la Nation pour l’environnement, je propose que nous organisions chaque année  un grand moment autour de nos jardins, de nos paysages, de l’environnement et de notre planète. Cette fête de la nature comme nous avons su faire une fête de la musique, pourrait se tenir au printemps, par exemple le quatrième samedi de mai ! Ce sera un grand moment d’union nationale, rassemblant collectivités locales, associations, écoles, agriculteurs, citoyens, amoureux de la nature. Pour agir ! Et si vous voulez, elle serait un moment d’union nationale autour de nos paysages, de notre art de vivre, de la protection de notre environnement, elle serait le signal envoyé au monde que la France, qui face à la question sociale avait inventé l’Etat-providence, ambitionne aujourd’hui de devenir la grande Nation écologique !

Oui ! C’est en changeant de paradigme politique, écologique, économique pour nos paysages, pour nos vies, que nous pourrons ensemble être celles et ceux qui savaient et qui ont fait car c’est le rôle de notre génération et c’est le défi qu’avec vous, je veux relever !

Mes amis, c’est en allant à la mer que le fleuve reste fidèle à sa source, disait Jaurès et je le dis ici devant notre Méditerranée : ce que nous avons à devenir n’est pas la nostalgie de ce que nous avons été, ni même exactement ce que nous sommes. Ce que nous avons à devenir, c’est de ne rien oublier de ce qui nous a faits,  de l’habilité et du respect de chacun qui nous constituent, de la force de notre République, de tous ces confluents qui forment la France mais d’aller vers un cap nouveau qui est un cap de respect, de dignité, de diversité et  d’écologie ! Parce que oui, le projet que nous portons, est un projet d’humanisme qui croit dans l’économie, l’innovation, la culture, l’éducation, la santé et l’humanisme du XXIème siècle croit dans l’homme mais avec l’homme dans la nature et le vivant car ils sont indissociables. C’est pourquoi le choix du 24 avril est aussi un choix de civilisation. Et je le dis à tous nos compatriotes qui aujourd’hui se sont abstenus ou n’étaient pas à nos côtés, le choix est clair aujourd’hui : l’extrême-droite est un projet climatosceptique, un projet qui veut sortir des ambitions actuelles de l’Europe du climat, qui veut détruire les éoliennes, l’un des seuls projets de cette campagne qui n’y croit pas ! Nous, nous y croyons et nous, nous le ferons !

C’est pourquoi le choix qui est devant nous, vous l’avez compris, n’est pas simplement le choix d’un président de la République, c’est bien un choix de civilisation : bâtir un avenir en commun ou le mettre en péril. Rester fidèles à ce que nous sommes ou rompre avec nos principes. Je compte sur chacun de nos compatriotes, sur chacun d’entre vous le 24 avril prochain. Ne cédez à la peur, au « à quoi bon » ? Ne cédez pas au grand relativisme qui consisterait à dire « tout se vaut » ! Celui qu’on n’aime pas forcément et qui est encore en marche et l’extrême droite, parce qu’on nous a  farci la tête que c’était la même chose. Non, ce n’est pas la même chose ! Et ça, je ne l’accepterai pas parce que le combat que je mène, est depuis le début, un combat contre  l’exclusion, leurs idées, contre les mensonges au peuple !

Alors je dis aussi à tous ceux qui sont en colère, à tous ceux qui n’ont pas été voter, à tous ceux qui refusent l’ordre des choses et qui parfois ne m’accompagnent pas, je les respecte chacune et chacun mais je le dis en citant un autre grand penseur de cette Méditerranée :  il est aussi des refus qui ne doivent pas être des renoncements. Ne renoncez pas ! Si vous ne voulez pas renoncer à l’humanisme, si vous ne voulez pas renoncer à cette civilisation du XXIème siècle, si vous ne voulez pas renoncer à bâtir une grande Nation écologique,  alors rejoignez-nous ! Alors réveillez-vous !

Le 24 avril, c’est un référendum pour ou contre l’Union européenne.

Le 24 avril, c’est un référendum pour ou contre l’écologie !

Le 24 avril, c’est un référendum pour ou contre notre jeunesse !

Le 24 avril, c’est un référendum pour ou contre notre République et cette nouvelle époque !

Oui, le 24 avril peut être le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne, celle de l’espérance ! Celle du climat ! Celle de l’ambition ! Oui, nous gagnerons et alors ce sera à nous de faire autrement, encore, tous ensemble !

Vive Marseille ! Vive la République ! Et vive la France !

Emmnanuel Macron, le samedi 16 avril 2022 au Pharo à Marseille.

Source : site du candidat AvecVous.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220416-meeting-macron.html





 

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15 avril 2022 5 15 /04 /avril /2022 04:02

« Alors, face à ce retour du tragique dans l’Histoire, nous ne sommes pas, nous, de ceux qui attisent les peurs et recherchent des boucs émissaires, ça ne sert à rien. (…) Face à ceux qui tentent de semer le poison de la division, de fragmenter, de fracturer les hommes, il n’y a pas plus puissant que la force tranquille de la fraternité. » (Emmanuel Macron, le 2 avril 2022 à Paris La Défense).




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Certains partisans de Marine Le Pen veulent voir dans une sorte de front renversé (peu flatteur) du Tout sauf Macron une répétition non pas de l’élection présidentielle de 2002 mais de celle de 2012 : François Hollande, effectivement, avait principalement gagné par défaut, dans une sorte de front Tout sauf Sarkozy. Or, on sait bien qu’une telle essence de victoire est foncièrement mauvaise pour la France. Le quinquennat de François Hollande l’a prouvé et les socialistes paient encore le prix fort de cet échec.

Personne des opposants forcenés de Nicolas Sarkozy n’avait envisagé que son successeur serait encore pire que lui. L’un des précurseurs de cet échec, c’est que François Hollande n’avait jamais été ministre, donc, n’avait jamais pris des décisions au niveau national. Mais au moins, énarque, HEC, conseiller à l’Élysée et surtout, chef d’exécutifs locaux (Tulle, conseil général de Corrèze), il avait quelques notions de gestion d’une collectivité publique.

En 2022, nous nous enfonçons de l’incompétence et l’inexpérience, puisque Marine Le Pen, ne connaissant pas les rouages de l’État par la théorie (pas d’ENA), ne connaissant rien au monde de l’entreprise (aucune expérience ni formation théorique), n’a jamais été ministre, évidemment, mais pire, elle n’a jamais géré une seule collectivité publique, pas même un village de 500 âmes. Et c’est à elle qu’il faudrait donner les codes de l’arme nucléaire, les clefs de notre avenir économique, militaire, culturel, etc. ?

Les promoteurs du pseudo-front Tout sauf Macron seraient, si jamais ils gagnaient, les premiers à fustiger Marine Le Pen, son incompétence, ses inconséquences. Exactement comme en 2012. Pas la peine de faire le pari, ce serait gagné d’avance.

Alors, oui, certains, et bizarrement, ils semblent se situer plutôt à gauche, sont dans une politique typiquement russe (l’histoire s’est parfois répétée) de la terre brûlée. Leur raisonnement est celui-ci : puisque mon candidat n’a pas été élu, faisons élire celui ou celle qui mettra le plus la mouise. Et ils choisissent dans ce cas, très logiquement, Marine Le Pen. Ensuite, il faut habiller cette totale inconvenance politique, car ils ont un peu honte quand même. Ils disent alors deux choses : premièrement, cela ne peut pas être pire que le Président Emmanuel Macron ; deuxième, l’élection de Marine Le Pen n’est pas grave car on ne peut pas gouverner sans majorité à l’Assemblée Nationale et elle n’aura jamais de majorité à l’Assemblée Nationale.

Démontons les deux arguments.

Déjà, je considère que le quinquennat d’Emmanuel Macron est le meilleur depuis une vingtaine d’années au moins, disons, depuis l’institution du quinquennat. Le problème numéro un des Français depuis près de cinquante ans, il faut le rappeler, c’était le chômage, on semble presque l’oublier, et pourtant, il y a encore du chômage, mais ce chômage est à son plus bas niveau depuis quinze ans, un taux de 7,4%, à tel point que dans beaucoup de domaines, il y a une véritable tension du marché du travail. Et l’un des problèmes français, le chômage des jeunes, est au plus bas depuis quarante-deux ans, c’est historique !

C’est un grand mérite d’Emmanuel Macron d’avoir su enrayer le chômage par une politique pro-entreprises, et cela malgré la crise sanitaire qui a duré deux ans (il n’a pas été gâté par les circonstances). Aujourd’hui, Emmanuel Macron propose de continuer sur la lancée et s’engage sur le plein emploi à la fin de son second quinquennat, c’est-à-dire un taux de 5%, qui est tout à fait réalisable car la France du travail a de la ressource. Et il propose aussi, intelligemment, de moduler les mécanismes de l‘assurance-chômage en fonction de la conjoncture : quand le chômage est très fort, l’État doit être protecteur et préserver le niveau de vie des demandeurs d’emploi ; lorsqu’il y a le plein emploi, alors il faut encourager le retour à l’emploi en réduisant l’accès à l’assurance-chômage. Sur le principe, c’est correct, il faudra bien sûr en voir l’application, et les dispositions concrètes qui ne peuvent qu’être compliquées.

Alors, après un tel quinquennat, un autre qu’Emmanuel Macron ne peut être que pire car il aura du mal à faire mieux, déjà parce que son adversaire n’a jamais rien compris à l’économie et aux finances publiques (ce qui ne l’empêcherait pas d’être élue, la preuve par François Mitterrand !), ensuite parce qu’elle rase gratis, elle donne beaucoup par démagogie sans proposer un commencement de financement de ce qu’elle donne, sauf par l’impôt ou par l’austérité contrainte ultérieure (c’était le cheminement du premier septennat de François Mitterrand). Après tout, en période de Pâques, elle offre des œufs en chocolat… à moins qu’on parle de cloches.

2012 a montré qu’un vote par défaut est stupide et ne va pas dans le sens de l’intérêt de la France. Cela peut faire plaisir émotionnellement, car certains sont en colère et forcément, le responsable de leur colère ne peut être que le Président de la République (on lui reproche l’arrivée du virus, l’invasion de l’Ukraine, que sais-je encore ? on ne prête qu’aux riches), alors la colère est toujours tournée vers le chef, c’était clair avec les gilets jaunes qui, à l’origine, critiquaient une mesure prise par… François Hollande et pas Emmanuel Macron (la taxe carbone). Mais se faire vaguement plaisir (drôle de plaisir) en chargeant Emmanuel Macron fera-t-il avancer la France ? Certainement pas, on l’a vu avec l’antisarkozysme en 2012. C’est même le contraire, ça l’a fait reculer.

Le second argument est encore plus bidon : "vous pouvez voter pour Marine Le Pen à l’Élysée, elle ne sera pas dangereuse puisqu’elle n’aura pas de majorité parlementaire". Là, l’idée est doublement stupide, mais se base sur une hypothèse juste : oui, elle est dangereuse, son programme est dangereux pour la France et les Français. Alors, pourquoi voter pour une candidate dangereuse si ce n’est pas par goût immodéré du masochisme voire par tentation suicidaire ?

Ceux qui vous disent que Marine Le Pen n’aura pas de majorité vous mentent ou ne comprennent rien aux institutions de la Cinquième République. Si Marine Le Pen était élue, elle aurait réussi à réunir plus de 50% des suffrages exprimés au second tour. Donc, il faut regarder ce que cela signifie dans les 577 circonscriptions. Ce serait plus qu’il n’en faut pour avoir une vague aux élections législatives. Emmanuel Macron, avec un parti beaucoup moins constitué, beaucoup moins structuré, beaucoup moins expérimenté que le RN, a eu sa majorité absolue avec souvent des candidats élus qui étaient totalement inconnus de leurs électeurs au moment de leur candidature. Les candidats RN, les électeurs les connaissent depuis des décennies, ils sont souvent les losers des élections, mais dans cette configuration-là, le vent tournerait en leur faveur.

Aujourd’hui, entre les deux tours, la question est de savoir si on peut imaginer franchement Marine Le Pen aux commandes à l’Élysée. Ce n’est pas parce qu’elle a un sourire carnassier et qu’elle dit qu’elle est prête qu’elle l’est réellement. Elle n’a personne derrière elle, à part des militants et des apparatchiks, parfois venus des entrailles de l’extrême droite la plus puante. Emmanuel Macron, oui, certains s’y sont opposés, mais on sait ce qu’il a fait, ce qu’il n’a pas fait, on a vu la manière dont il a su redresser l’image et la dignité de la France à l’extérieur, et aussi à l’intérieur, en remettant la France sur les rails de la prospérité, seul préalable avant de vouloir lutter contre le réchauffement climatique (qui est une préoccupation de nations riches, j’insiste lourdement sur cela).

Certains pourraient poser le clivage de ce second tour entre la colère et la peur, la colère des extrémistes, populistes, démagogues de tout poil qui tentent (sans succès) de reprendre toute sorte de colère (gilets jaunes, antivax, etc.), et la peur des politiquement corrects, des partisans du front républicain (qui n’a existé qu’en 2002 mais ni en 2017 ni en 2022, comme l’a rappelé Emmanuel Macron le 11 avril 2022). C’est une double erreur, un choix à une élection présidentielle engage la destinée de 67 millions de Français pendant 5 ans, il ne doit pas se faire sur un coup d’émotion : ni colère, ni peur, mais RAISON.

Du reste, ce n’est pas la peur que je ressens face à la diffusion des idées extrémistes, mais bien de la colère, de la colère qu’on disserte sur des mesures absolument affligeantes qui remettent en cause nos valeurs fondamentales, en particulier la liberté et l’égalité, et en cerise sur le gâteau, la fraternité en est vaporisée. Cette banalisation de ce type de mesures, largement amplifiée par Les Républicains (ce parti porte une responsabilité historique).

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Emmanuel Macron l’a très bien exprimée lors de son grand meeting du 2 avril 2022, en se permettant de citer Charles Péguy qui parlait d’une "âme habituée" : « Je n’écoute ni ceux qui ont déjà gagné ni les Cassandre ; non, mais il nous faut ensemble relever le défi du combat. Le pire, mes amis, est d’avoir une âme habituée, disait Péguy. Or, nous nous sommes habitués, le danger extrémiste aujourd’hui est d’autant plus grand que depuis plusieurs mois, plusieurs années, la haine, les vérités alternatives se sont banalisées dans le débat public. Nous nous sommes habitués, nous nous sommes habitués à voire défiler sur certains plateaux de télévision des auteurs antisémites, d’autres racistes (…). Nous nous sommes habitués à leurs contrevérités crasses, leurs théories nauséabondes ! Nous nous sommes habitués à voir des responsables politiques raconter n’importe quoi sur le covid, tenir les pires discours complotistes sur le vaccin, au risque de mettre la vie de nos compatriotes en danger ! Le lendemain, ils sont réinvités ! Ils peuvent un matin sortir de l’euro, le soir revenir dans l’Europe, personne jamais ne relève leur incohérence ! Leur programme pourtant ruinerait les petits épargnants, effondrerait leur pouvoir d’achat, amènerait à la faillite la retraite ; mais nul ne s’en émeut. Nous nous sommes habitués, oui, à laisser des candidats se dire patriotes tout en faisant financer leur projet et leur parti par l’étranger ! ».

L’attaque contre Marine Le Pen était implicite mais bien comprise, et c’est peut-être ce dernier point qui est le plus significatif : comment peut-on prétendre défendre au mieux les intérêts de la France alors qu’on s’est vendu aux intérêts russes ? Surtout maintenant qu’il y a une guerre qui montre clairement que Vladimir Poutine ne répond pas aux intérêts des Français considérés comme inamicaux (alors que la France a toujours considéré sa proximité avec le peuple russe).

Et Emmanuel Macron de poursuivre : « Nous nous sommes habitués à ce que l’extrême droite se réclame de Charles De Gaulle alors que tout dans son histoire, son parcours, l’éloigne du gaullisme ; alors qu’elle est précisément, l’extrême droite, l’héritière de ce qu’a combattu le Général ! Pendant des années, une pensée molle, celle du politiquement correct, a cru qu’on pouvait combattre l’extrême droite en faisant des leçons de morale à ses électeurs ; ça ne marche pas. Je n’ai d’ailleurs jamais été partisan du politiquement correct. Mais désormais, au prétexte d’y échapper, certains voudraient, parfois les mêmes, nous faire croire que les contrevérités, que les idées les plus choquantes, que les discours au fond légitimes le seraient parce qu’ils sont alternatifs, atroces… Eh bien non ! Non au politiquement correct, mais non au politiquement abject ! ».

Le discours de Marine Le Pen sur les immigrés est tellement abject d’ailleurs que même Robert Ménard, qui a eu une prise de conscience soudaine grâce à l’Ukraine, a annoncé le 15 avril 2022 se retirer de la campagne de la chef du RN car il ne voudrait pas que ses critiques soient décomptés de son temps de parole.

Dans le programme du RN, au-delà du flou de certaines mesures, les autres montrent leurs limités. La sortie de l’Union Européenne que ce programme prépare provoquera en masse du chômage des jeunes, la ruine des petits épargnants, etc.  Sur l’écologie, Marine Le Pen veut stopper tous les investissements des énergies renouvelables et même financer avec l’argent du contribuable le démantèlement des éoliennes. Elle veut comme Donald Trump se retirer des Accords de Paris. Elle veut en outre supprimer les investissements dans les quartiers populaires déjà, selon elle, trop aidés. Elle veut instituer une discrimination anticonstitutionnelle en imposant aux soignants de faire le trie des patients selon leurs origines pour savoir qui peut être soigné ou pas. Enfin, son modèle reste la Russie de Poutine qui, décidément, n’a pas les mêmes valeurs que celles des Français, pour qui la vie ne compte pas.

Le 10 avril 2022, Emmanuel Macron a rappelé : « Je veux une France qui s’inscrit dans une Europe forte qui continue de nouer des alliances avec les grandes démocraties pour se défendre, pas d’une France qui sortie d’Europe, n’aurait pour seuls alliées que l’internationale des populistes et des xénophobes ! Ce n’est pas nous ! ».

Assurément, il n’y a pas besoin d’un barrage moral pour combattre la candidature de Marine Le Pen. Son programme suffit à la combattre…


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (15 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Programme 2022 de la candidate Marine Le Pen (à télécharger).
Philippe de Villiers.
Élysée 2022 (38) : Marine Le Pen et la Russie de Vladimir Poutine.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Robert Ménard.
Éric Zemmour et l’obsession de l’immigration.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Jean-Marie Le Pen.
L’effet majoritaire.
Florian Philippot.
Bruno Mégret.
Jean-Frédéric Poisson.
Christine Boutin.
La création de Debout la Patrie.
Marion Maréchal.
Patrick Buisson.
Nicolas Dupont-Aignan.
Choisis ton camp, camarade !
Fais-moi peur !
Peuple et populismes.
Les valeurs de la République.
Être patriote.

_yartiLePenMarine2022A03






https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220415-marine-le-pen.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/marine-le-pen-ne-nous-trompons-pas-240933

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/14/39434326.html





 

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15 avril 2022 5 15 /04 /avril /2022 03:37

« Faites confiance à Emmanuel Macron pour s’affranchir des influences. Il est intelligent. Il y a les faits. Et il décide. Emmanuel Macron fait l’objet d’un procès politique permanent que je ressens comme injuste. Et je n’aime pas l’injustice. Bien sûr, il a pu commettre quelques erreurs… » (Jean-Pierre Chevènement, le 8 avril 2022).




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La campagne du second tour est en pleine action : courte mais intense. Les deux candidats se battent, labourent, attaquent, se défendent, proposent, accusent… Mais il y a un argument particulièrement spécieux qui vise à dire : Tout sauf Macron. Vraiment ? Emmanuel Macron est-il si nul que ça au point n’importe qui devrait le remplacer ? Même l’extrême droite la plus inconséquente, la plus incompétente et la plus démagogique, prête à bafouer les libertés fondamentales inscrites dans la Constitution ou le bloc de constitutionnalité ?

Ce Macron bashing, on en a l’habitude. Rappelez-vous Jacques Chirac en mars 2002 et même encore en février 2007, juste avant d’annoncer qu’il ne se représenterait pas à l’élection présidentielle. On l’a attaqué sans arrêt, à le traiter de voyou, de voleur, de roi fainéant. Et pourtant, 82% des Français l’ont réélu en mai 2002. Cette impopularité intrinsèque à la fonction présidentielle, on l’a retrouvée aussi dès 2007, voire dès 2005, avec Nicolas Sarkozy, pourtant porté à la Présidence de la République en mai 2007 et en 2012, le Tout sauf Sarkozy a été l’un des slogans les plus stupides de la campagne présidentielle de 2012, mas aussi l'un des moteurs les plus efficaces. Il n’y a pas eu de Tout sauf Hollande car François Hollande a déclaré forfait trop tôt. Il était donc prévisible de le retrouver aussi pour Emmanuel Macron qui, en tant que Président de la République sortant, n’échapperait pas à la règle d’être tenu pour responsable de tout ce qui ne va pas dans ce beau et grand pays, sans être responsable de tout ce qui va bien (pour les rarissimes optimistes qui aiment leur pays et savent voir ses atouts autant que ses atours).

Il y a donc une réelle incohérence entre ceux qui élisent le Président de la République et ceux qui voudraient le "lyncher", car ce sont les mêmes. Ou pas. Car ce sont des extrémistes, évidemment. Cette haine pue l’extrémisme à plein nez. C’est un argument stupide car il ne relève plus de l’argumentation mais de l’émotion un peu puérile. Cette haine est une rancœur, celle en fait que certaines personnes ont pour tous les dirigeants, quels qu’ils soient et même s’ils les ont eux-mêmes choisis. Tout le monde disait que Nicolas Sarkozy était le pire de tous et puis on a eu François Hollande et ainsi de suite…

Euh, non, justement, pas ainsi de suite, car Emmanuel Macron, s’il suscite tant de haine, c’est parce qu’il est le meilleur d’entre tous, le meilleur acceptable et d’ailleurs, la majorité relative des Français l’a compris puisqu’elle l’a placé en tête du premier tour avec plus d’un millions d’électeurs en plus qu’en 2017. Ce n’est pas anodin.

Certains pensent que le bilan du quinquennat est un boulet, c’est leur avis, mais il n’est pas argumenté. Globalement, non seulement la France va mieux en 2022 qu’en 2017, mais heureusement qu’Emmanuel Macron était là pour gérer les nombreuses crises des temps présents, et d’autres viendront encore : gilets jaunes, crise du covid-19, guerre en Ukraine. Chaque crise a provoqué des conséquences sur l’économie, sur la société qui ont traumatisé le peuple, et Emmanuel Macron a su, par ses réactions opportunes, apporter les meilleures solutions, les solutions appropriées, les solutions adéquates, même si, comme l’explique Jean-Pierre Chevènement, il a commis des erreurs, comme tout le monde.

Le "quoi qu’il en coûte" a été salutaire pour les deux ans de pandémie, elle a sauvé des dizaines de milliers d’entreprises, des centaines de milliers d’emplois, par le financement du chômage partiel, par les prêts garantis par l’État, il a sauvé l’économie et il l’a fait dans une logique anti-libérale (on l’accuse tellement de libéralisme, qui n’est pas pourtant un gros mot), à tel point qu’il a reçu des félicitations sur sa gestion de crise.

Nous avons aussi la chance, nous Européens, d’avoir eu Emmanuel Macron, comme dirigeant d’un pays européen à grand charisme et comme Président du Conseil de l’Union Européenne, alors que la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine. Quelle aurait été la réaction européenne sans Emmanuel Macron ? Quelle aurait été la souveraineté de la France et de l’Europe sans la diplomatie volontariste d’Emmanuel Macron qui a sa propre ligne qui n’est pas calquée sur les États-Unis (on le voit par exemple sur l’emploi du mot "génocide"). Quand il a dit le 2 avril 2022 : « Nous sommes les vassaux de personne ! », c’est d’autant plus vrai qu’il faut en avoir le courage, et c’est son cas.

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Pour une fois, justement, après cinq ans où il a fait ses preuves, où il a "fait le job", les Français peuvent se permettre de réélire un Président compétent, courageux et acharné, c’est-à-dire bosseur, travailleur, qui potasse les dossiers, qui se remet en cause, qui revoit les mises à jour pour se refaire une nouvelle idée des sujets, qui est dans la permanente correction, adaptation aux temps d’un monde troublé qui évolue sans cesse.

Nous avons la grande chance d’avoir un candidat expérimenté, qui a connu toutes les vicissitudes de la fonction présidentielle, qui l’a respectée tout en la modernisant (nous ne sommes plus à l’époque de De Gaulle, né au XIXe siècle ; du reste, cet aspect "décontracté" a été inauguré dès 1974 par Valéry Giscard d’Estaing qui a été un révolutionnaire en la matière), qui a une vision globale de l’intérêt des Français et de la France.

Répondant aux questions de Natacha Polony, Franck Dedieu et Étienne Campion, dans un entretien publié dans "Marianne" à la veille du premier tour, le 8 avril 2022, l’ancien ministre souverainiste Jean-Pierre Chevènement a bien mesuré l’enjeu : « Je serai de toute façon mieux en mesure d'influer [en le soutenant] qu’en m’enfermant dans une abstention boudeuse, comme le font beaucoup d'hommes de gauche sincères, par manque d'imagination et aussi parce que la gauche n’a pas fait le travail intellectuel nécessaire à toute réorientation de fond. ».

Il ne soutient pas Emmanuel Macron par défaut mais par adhésion : « Je ne suis pas de ceux qui se larmoient sur la félonie supposée d'Emmanuel Macron. Il a fait le ménage. Je l'en félicite. Je considère qu'il a permis de tourner une page qui, enfin, nous autorise à imaginer autre chose. ». Quand il a parlé de "faire le ménage", il voulait insister sur le fait d’avoir fait imploser les partis de gouvernement qui n’étaient plus que des écuries présidentielles, sans vision, sans réflexion, sans travail sur le terrain, sans autre consensus qu’une soupe de libre concurrence européenne sans répondre aux besoins du peuple. Emmanuel Macron a créé un nouveau paysage politique et comme à chaque crise, ce changement a ses risques (qui ne proviennent pas d’Emmanuel Macron) mais aussi ses opportunités.

Jean-Pierre Chevènement s’inquiétait déjà du second tour dont les intentions de vote restent toujours aussi serrées : « Le feu est à la maison. Ce matin [8 avril 2022], un sondage donne 47,5 % des voix à Marine le Pen au second tour. 2,5 %, c’est la marge d’erreur. Et pendant ce temps-là, vous cherchez des poux dans la tête d’Emmanuel Macron ! (…) Honnêtement, en politique, il faut faire des choix. Quel autre choix un citoyen responsable et épris de progrès peut-il faire que d’apporter un soutien résolu à Emmanuel Macron ? Le grand danger, face à Marine Le Pen, c’est la démobilisation et plus encore, l’aversion ressentimenteuse que suscite Emmanuel Macron chez une gauche que son sectarisme aveugle. ».

Mais alors, pourquoi se mobiliser ?

Pour son bilan et pour son projet. J’évoquerai ici son bilan. Oui, il a un bilan extraordinaire et s’il n’est pas parfait, déjà parce qu’il n’a pas eu beaucoup de temps (deux ans de crise sanitaire sur cinq ans de mandat, c’est beaucoup), il a su au moins mettre la France dans de bonnes rails.

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Le pouvoir d’achat ? Il a prouvé qu’il savait comprendre les besoins des Français. Il a permis les lunettes et les prothèses dentaires et auditives 100% remboursées. Il a supprimé la taxe d’habitation. Il a permis des petits-déjeuners scolaires gratuits et des déjeuners scolaires en cantine à 1 euro (plus de 2,5 millions de repas ont ainsi été servis depuis 2019) ainsi que les repas en restauration universitaire à 1 euro (20 millions de repas servis). En outre, le prix du gaz et de l’électricité a été bloqué, une indemnité inflation de 100 euros a été versée à tous les Français. L’allocation aux adultes handicapés (AAH) a été augmentée de 100 euros par mois. 1,3 automobilistes ont bénéficié d’une prime de conversion pour passer à un véhicule électrique ou hybride. Entre 2017 à 2021, le pouvoir d’achat a progressé de 5,5% tandis qu’entre 2007 et 2012, de 0,5% et de 2012 à 2017, de 0,2%. En particulier, un salarié au SMIC gagne 170 euros supplémentaires chaque mois, grâce à la baisse des charges et à la hausse de 100 euros de la prime d’activité, soit plus de 2 000 euros par an !

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Sur le front de l’emploi, le chômage a baissé malgré la crise sanitaire pour arriver à une situation jamais connue depuis 15 ans, à 7,4% en 2022 (ce taux était de 9,5% en 2017). Le chômage des jeunes n’a jamais été aussi bas depuis 1981. 700 000 contrats d’apprentissage ont été signés, qui ont doublé en cinq ans. Avec le plan "1 jeune, 1 solution", environ 4 millions de jeunes ont trouvé un emploi. En 2021, la situation a été inédite puisqu’il y a eu deux fois plus d’ouvertures d’usines que de fermetures.

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Sur l’école : 350 000 écoliers du primaire ont bénéficié d’un enseignement dans des classes dédoublés avec 12 élèves au maximum. Sur la culture : le Passe Culture de 300 euros pour les jeunes à 18 ans. Sur la lutte contre le climat : en cinq ans, les émissions de CO2 ont chuté de 12%, soit deux fois plus rapidement qu’entre 2012 et 2017. Sur la défense et la sécurité : le budget des armées a augmenté de 27% depuis 2017, une progression inédite. 10 000 nouveaux postes de policiers et de gendarmes ont été créés depuis 2017.

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Au-delà de la gestion de la crise sanitaire et de l’intense activité diplomatique du Président de la République sortant, on pourrait ainsi multiplier les exemples pour démontrer que le bilan est très honorable, mais c’est surtout qu’à l’élection présidentielle, il faut se tourner vers l’avenir et c’est le projet présidentiel qui influence une majorité d’électeurs sur lequel je reviendrai dans les prochains jours.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Tout sauf Sarkozy.
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220414-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/tout-sauf-macron-pourquoi-tant-de-240932

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/14/39434320.html









 

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14 avril 2022 4 14 /04 /avril /2022 03:47

« Un parti qui n’a ni leader ni idée, ça ne sert à rien ! » (Éric Woerth, le 13 avril 2022 à Public Sénat).




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Avec moins d’un quart des voix de François Fillon en 2017, exactement 4,8% des suffrages exprimés, Valérie Pécresse, la candidate du parti Les Républicains, a sans doute été victime du "vote utile", mais elle restera comme celle qui a hamonisé cette grande idée inconséquente d'il y a vingt ans qui était de rassembler la droite et le centre droit, cette alliance UDF-RPR composée de trois mouvances politiques historiques : gaulliste, démocrate-chrétienne et libérale.

On débattra longtemps sur la part de responsabilité de Valérie Pécresse elle-même et celle de son parti dans ce désastre électoral qui n’a trouvé comme seul point d’honneur d’être juste devant, de quelques dizaines de milliers de voix, le candidat écologiste Yannick Jadot.

En particulier, sur le bon choix de la candidate LR à cette échéance. Après l’échec, certains se trouvent pertinents en estimant que Xavier Bertrand n’aurait pas provoqué une telle catastrophe électorale. Je pense, de mon côté, que malgré ce désastre, Valérie Pécresse était sans doute la meilleure candidate LR et que Xavier Bertrand aurait fait pire. C’est simple, la primaire est une sorte de sélection naturelle et ne venez pas me dire que les primaires avantagent toujours les plus "extrémistes". Pour LR, c’est factuellement faux puisque justement, Valérie Pécresse avait une image de modérée et de centro-compatible, elle était d’ailleurs soutenue à la primaire par l’UDI et Les Centristes (Hervé Morin) pourtant sans capacité à choisir le candidat car non adhérents de LR. On sait d’ailleurs que le candidat le plus "extrémiste" était Éric Ciotti.

Xavier Bertrand n’a même pas été capable de convaincre ceux qui auraient pu être les plus faciles à convaincre, comment aurait-il pu convaincre le peuple ? On croit qu’on ne peut jamais faire pire que la réalité présente, mais il suffit de voir le score de la candidat socialiste Anne Hidalgo, 1,7%, c’est-à-dire moins qu’un candidat radical de gauche (en 1981 ou en 2002, par exemple), pour comprendre que 4,8% n’est pas le minimum possible. Car le parti Les Républicains suit exactement la même pente que le PS, avec une élection de retard, je dirais grâce à François Fillon, pas à son affaire grâce à son projet présidentiel qui avait été particulièrement construit et cohérent (ce qui explique les 20% malgré son affaire). Assurément, Xavier Bertrand aurait fait encore moins que Valérie Pécresse car son argumentation électorale était ultrapauvre : je suis le seul capable de battre Emmanuel Macron. Valérie Pécresse, à 18% dans les sondages au début du mois de décembre 2021, avait commencé aussi sa campagne générale avec cet argument qu’elle a dû rapidement remiser dans la cave avec son kärscher : les projections de second tour contredisaient cette idée qu’on aurait pu adopter par bon sens. Mais le bon sens est souvent trompeur dans la tête des électeurs.

Pourtant, Valérie Pécresse n’a pas démérité, elle n’a pas été inerte dans sa campagne. Sans doute a-t-elle été la candidate qui a le plus labouré la France ces trois derniers mois, et c’est probablement la candidate la plus épuisée, laissant échapper quelques émotions spontanées comme sur le cinéma, elle n’a pas eu le temps de voir des films ces derniers temps mais elle espère qu’après l’élection, elle pourra en revoir plein, ce qui confirmait que dans son esprit, il n’était pas du tout envisageable qu’elle puisse être élue Présidente de la République.

Je l’ai déjà affirmé et cela devient une évidence : à cause du candidat Éric Zemmour et du bon score de son rival interne Éric Ciotti, Valérie Pécresse s’est laissée entraîner dans une surenchère ultradroitière stupide. Elle ne pouvait pas égaler Éric Zemmour dans l’ignoble, et les électeurs de Marine Le Pen étaient très différents de son électorat traditionnel, elles n’étaient pas en concurrence. En revanche, en prenant des positions beaucoup trop droitières, elle choquait son électorat habituellement modéré qui l’a fuie pour Emmanuel Macron. Son problème, c’est qu’elle s’est trompée de cible. Si elle avait compris que son concurrent du premier tour, c’était Emmanuel Macron et pas l’extrême droite, elle aurait pu gagner en crédibilité. Au contraire, elle a fait pire ; elle a fustigé Emmanuel Macron en le traitant de voleur de programme, ce qui était bien la preuve qu’elle était plus proche d’Emmanuel Macron que d’Éric Zemmour. Mais c’était trop tard. L’original, c’était Emmanuel Macron. Cette injustice, les centristes l’ont subie des dizaines d’années par l’arrogance d’un grand parti qui s’appelait à l’époque… le RPR ! Comme la roue tourne.

Mais je pense que n’importe quel candidat LR aurait fait la même erreur stratégique de vouloir éviter l’hémorragie zemmourienne sans se soucier de l’hémorragie macronnienne. Et c’est cette erreur stratégique qui a fait ce moins de 5% comme ce fut l’erreur de Benoît Hamon de se positionner en 2017 comme un électron libre d’une gauche radicalisée qui lui a apporté 6% (ce qui, maintenant, peut être considéré comme un bon résultat pour le PS !).

Au soir du premier tour, le 10 avril 2022, Valérie Pécresse a été claire et je n’en doutais pas, elle votera pour Emmanuel Macron au second tour. Elle parlait de son comportement à titre personnel, pas d’une consigne.

La réunion du comité stratégique de LR le lendemain matin, 11 avril 2022, devait donc être très importante : d’une part, quelle consigne ou non-consigne à donner à ses électeurs pour le second tour (soyons clairs que le faible nombre d’électeurs rendait cette consigne peu influente, à part les consignes éventuelles de vote de Jean-Luc Mélenchon et d’Éric Zemmour, aucun autre candidat ne ferait bouger réellement les lignes) ; d’autre part, l’horizon du futur, élections législatives et même plus loin, avenir de LR et alliances.

Or, ce qui s’est passé a été absolument invraisemblable. En arrivant au siège national de LR, Valérie Pécresse, très attendue par les journalistes, a pris la parole sur le trottoir, mais pas pour parler de stratégie, des perspectives futures, de son sentiment pour l’avenir, non, pas du tout, seulement pour pleurnicher car elle n’aura effectivement pas de remboursement de ses frais de campagne par l’État car en dessous du seuil fatidique de 5%.

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Je ne nie pas que pour elle, la situation est très difficile. Elle s’est endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros, et cette part du risque est très importante. Dans le pire des cauchemars, elle faisait entre 10% et 12%, jamais on aurait pu imaginer en dessous de 5%. C’est d’ailleurs un vrai problème démocratique, auquel François Bayrou avait proposé un début de solution, en création une banque de la démocratie spécifiquement réservée aux candidats à des élections politiques. De méchants plaisantins lui ont envoyé en masse des chèques de …zéro euro pour se moquer de ce Pécressethon.

Mais ce n’était pas le sujet ! L’intérêt de la France et la situation financière de la candidate sont deux choses très différentes. Observateur, Daniel Cohn-Bendit a d’ailleurs été très surpris de cette prise de parole qui n’avait rien d’une position politique. Il ne faut pas compter sur LR pour avoir une position politique, c’est en cela que ce parti, comme le parti socialiste, est un parti mort-vivant. Il a encore de nombreux élus locaux, mais il ne représente plus une offre électorale nationale cohérente et sérieuse. C’est un parti intellectuellement paresseux. C’est cela qui est terrible pour le parti de Jacques Chirac et même de De Gaulle et de Jean Lecanuet, si on remonte plus loin.

Certains, à LR, souhaiteraient même expulser la composante centriste de LR. Je ne sais pas s’il y a encore une composante centriste (il y a effectivement encore des adhérents issus de l’UDF d’avant 2002), mais les idées centristes ont fui ce parti depuis très longtemps déjà, je dirais, depuis Nicolas Sarkozy en 2007. Mais ce n’est pas cela qui est notable, ce qui est notable, c’est que des cadres de LR souhaitent encore se réduire alors que leur électorat est lilliputien. Comme s’ils étaient encore trop nombreux !

Quand on regarde les bureaux de vote où traditionnellement, l’électorat opte pour la droite modérée, et souvent LR, on s’aperçoit qu’ils ont tous été dominés par le vote Macron. Même la région Île-de-France dont elle est présidente, Valérie Pécresse n’a recueilli que 6,2% et dans sa ville dont elle est élue conseillère municipale, à Vélizy-Villacoublay, elle n’a eu que 11,3%, c’est Emmanuel Macron qui a pris la première place avec 32,2%. En clair, les territoires LR sont devenus des territoires macronisés (Emmanuel Macron a pris aussi sur le centre gauche, Dijon par exemple).

Cela signifie un enseignement terriblement déprimant pour Les Républicains : LR n’est plus utile puisqu’il est remplacé par Emmanuel Macron. Alors, c’est assez significatif que ce parti continue encore à se diviser alors qu’il est réduit à peau de chagrin. Il n’a même plus la considération d’un parti centriste de l’ancien monde (par exemple l’UDF autonome) qui faisait quand même autour de 10%. Les plus visionnaires avaient vu arriver le phénomène bien avant l’élection présidentielle : aux élections européennes, on avait considéré que les 8% de la liste menée par François-Xavier Bellamy étaient un accident de l’histoire alors qu’ils étaient la tendance cohérente et durable d’une disparition pure et simple de ce parti.

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La conclusion de cette réunion stratégique a été plus que décevante. Christian Jacob a annoncé que LR appelait à faire barrage à Marine Le Pen sans préciser que pour faire barrage, il ne fallait pas s’abstenir mais voter massivement pour Emmanuel Macron. En fin de compte, les dirigeants de LR ont pris la même résolution qu’il y a cinq ans avec le succès ultérieur qu’on lui connaît. Pourquoi ? Parce que certains dirigeants de LR ne souhaitent pas du tout voter pour Emmanuel Macron et encore moins appeler à voter pour Emmanuel Macron : entre autres, Laurent Wauquiez, Éric Ciotti, etc.

Au moins, l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy a pris ses responsabilités le lendemain, 12 avril 2022, en annonçant clairement sur Twitter qu’il voterait pour Emmanuel Macron parce qu’il est la personnalité la plus capable des deux, celle qui défendra l’Europe. J’ai apprécié cette défense de l’Europe qu’Emmanuel Macron semble d’ailleurs mettre en avant : il veut faire du second tour un référendum pour ou contre l’Europe. En tout cas, la position de Nicolas Sarkozy pourrait choquer les militants de base de LR car il n’a pas soutenu leur candidate au premier tour. Je pense plutôt qu’il a voté pour Emmanuel Macron dès le premier tour mais s’est gardé de le dire pour ne pas tirer sur l’ambulance. La position d’un Éric Woerth, sarkozyste historique, était sans ambiguïté sur la position de l’ancien Président.

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Invité de LCI le mardi12 avril 2022, Jean-François Copé a donné une note plus personnelle sur tout ce bazar de LR. Il a développé sa position en deux points. Le premier point, j’y souscris : il est scandalisé que LR fasse comme Jean-Luc Mélenchon, c’est-à-dire ne pas appeler clairement à voter pour Emmanuel Macron. Il a insisté sur le risque réel de voir Marine Le Pen arriver au pouvoir. Ce serait la ruine économique, sans compter les risques sur l’État de droit, et la catastrophe diplomatique en pleine guerre en Ukraine. Je ne développe pas mais malgré ses critiques envers Emmanuel Macron, Jean-François Copé a mis une grande différence entre les deux candidats restés au second tour, rappelant qu’il avait lui-même corédigé la charte des valeurs de l’UMP avec Jean Leonetti qui rappelait les dangers de l’extrémisme. Il est stupéfait de la banalisation de Marine Le Pen, qu’on puisse disserter de son gouvernement comme si c’était une hypothèse normale et ordinaire.

En revanche, le second point de sa position me paraît inapproprié et hors sol. En effet, toujours perdu dans une surenchère ultradroitière, Jean-François Copé a encouragé Emmanuel Macron à durcir son programme sur le régalien, sur l’immigration, sur la sécurité etc. On dirait la même stratégie perdante que celle de Valérie Pécresse pour le premier tour. Jean-François Copé, qui est intelligent, lucide et franc (il a abandonné la langue de bois lorsqu’il a quitté la présidence de l’UMP en 2014 alors qu’il était impliqué à tort dans l’affaire Bygmalion), n’a pas fini le chemin de la lucidité : il n’y a quasiment plus d’électeurs LR, les électeurs LR ont déjà voté pour Emmanuel Macron au premier tour (voir les résultats dans les collectivités locales), donc, Emmanuel Macron n’a plus à convaincre les électeurs LR, et sur le plan sécuritaire, il ferait toujours moins bien que Marine Le Pen, ce serait donc électoralement tout à fait contreproductif car l’enjeu pour Emmanuel Macron de sa campagne de second tour, c’est au contraire d’aller labourer sur sa gauche pour dire qu’on peut voter pour lui sans se renier à gauche. Et c’est un enjeu d’une autre nature que l’obsession ultradroitière qui s’est emparée de toute la droite, même la plus modérée.

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En outre, beaucoup de voix chez LR (y compris Jean-François Copé) proposent un contrat de gouvernement avec Emmanuel Macron dans l’optique des prochaines élections législatives. Je suis bien incapable d’imaginer les mécanismes du vote aux prochaines élections législatives : les partis laminés à la présidentielle seront-ils laminés aussi aux législatives ou alors, au contraire, parce qu’ils sont bien implantés localement, résisteront-ils et auront-ils beaucoup de sièges dans les circonscriptions ? Toujours est-il que cette question est beaucoup trop en avance.

Aujourd’hui, il faut d’abord confirmer le sursaut républicain du premier tour par un vote clair et massif pour Emmanuel Macron. À lui de convaincre qu’il saura écouter tous ses électeurs potentiels. C’est seulement après le second tour de l’élection présidentielle que s’ouvrira la campagne des élections législatives, ainsi que la perspective de la formation d’un gouvernement intérimaire qui devra refléter au mieux la parole des électeurs.

Il est certes des réflexes qui restent naturels : Éric Woerth, qui a soutenu Emmanuel Macron dès le premier tour, en participant notamment au meeting de La Défense le 2 avril 2022, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi 13 avril 2022, a dit avec raison que rien n’était joué, que la réélection d’Emmanuel Macron n’était pas acquise et qu’il fallait que les dirigeants LR fassent plus qu’un non-vote pour Marine Le Pen ou un soutien du bout de la souris sur Twitter (pensait-il à Nicolas Sarkozy ?). Et à la fin de l’entretien, la journaliste lui a demandé s’il serait candidat à nouveau aux élections législatives. Oui. Elle lui a alors demandé sous quelle étiquette. Il a répondu : celle de la majorité présidentielle, en oubliant qu’avant l’étiquette, il y a encore ce second tour de la présidentielle et que parler de majorité présidentielle semblait dire que l’élection était déjà jouée, au contraire de ce qu’il martelait précédemment.

De toute façon, la victoire éventuelle du RN précipiterait encore plus vite le parti LR dans les oubliettes électorales. Désormais, le meilleur défenseur des valeurs républicaines, c’est un fait incontournable depuis dimanche 10 avril 2022, c’est Emmanuel Macron. Qu’on le veuille ou pas, c’est ce que le peuple a décidé. Et cela, tant Nicolas Sarkozy que Lionel Jospin l’ont compris, tout éloignés politiquement qu’ils sont depuis toujours.

Et paradoxalement, puisque le sujet de cet article est LR, je le termine par un court extrait de l’entretien qu’a accordé l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement à l’hebdomadaire "Marianne" à la veille du premier tour, le 8 avril 2022. Il a justifié son soutien à Emmanuel Macron ainsi : « Je ne vois honnêtement pas qui je pourrais soutenir d'autre qu’Emmanuel Macron parmi les candidats en lice pour que la France puisse défendre, comme il se doit, ses intérêts et ses valeurs. Emmanuel Macron a, seul, l’étoffe d’un homme d’État. Son charisme est reconnu à l’étranger. Je ne vois rien de tel ni chez les deux candidats d'extrême droite qui font plutôt figure d’épouvantails, ni chez Madame Pécresse, encore que je connaisse ses qualités de Ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur que j'ai été moi aussi, ce qui a créé entre nous un lien cordial, mais qui ne va pas au-delà. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
La création de l’UMP en février 2002 racontée par François Bayrou.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
De Gaulle chef de parti.
François Baroin.
Dominique de Villepin.
Quai d’Orsay.
Nicolas Sarkozy.
Jean-Pierre Raffarin.
Valérie Pécresse.
Discours de Valérie Pécresse au meeting du 13 février 2022 au Zénith de Paris.
Programme 2022 de la candidate Valérie Pécresse.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (mise à jour régulièrement).
Éric Woerth.
Élysée 2022 (24) : Valérie Pécresse, entre savoir-faire et savoir-plaire.
Élysée 2022 (19) : l’effet Valérie Pécresse.
Élysée 2022 (18) : Valérie Pécresse, naissance d’une leader.
Second tour du congrès du parti Les Républicains le 4 décembre 2021.
Élysée 2022 (16) : ce sera le duel Ciotti-Pécresse.
Élysée 2022 (15) : le quatrième et ultime débat des candidats LR.
Élysée 2022 (14) : L’envol d’Éric Ciotti ?
Renaud Muselier.
Philippe Juvin.
Élysée 2022 (13) : troisième débat LR, bis repetita.
Élysée 2022 (12) : Surenchères désolantes pendant le deuxième débat LR.
Élysée 2022 (11) : Michel Barnier succédera-t-il à Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (10) : Éric Ciotti, gagnant inattendu du premier débat LR.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Les Républicains et la tentation populiste.
Jean-François Copé.
Yvon Bourges.
Christian Poncelet.
René Capitant.
Patrick Devedjian.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220413-les-republicains.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-45-le-naufrage-du-240843

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/11/39429785.html








 

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11 avril 2022 1 11 /04 /avril /2022 03:22

« Leur confiance, votre confiance, m’honore, m’oblige et m’engage. Vous pouvez tous compter sur moi pour mettre en œuvre ce projet de progrès, d’ouverture et d’indépendance française et européenne que nous avons défendu tout au long de cette campagne. (…) Dans ce moment décisif pour l’avenir de la Nation, plus rien ne doit être comme avant. C’est pourquoi je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France. Je suis prêt à inventer quelque chose de nouveau pour rassembler les convictions et les sensibilités diverses afin de bâtir avec eux une action commune au service de notre Nation pour les années qui viennent. C’est notre devoir. » (Emmanuel Macron, le 10 avril 2022 à la Porte de Versailles à Paris).



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Inutile de tergiverser et restons franc, j’ai accueilli les premiers résultats du premier tour de l’élection présidentielle de ce dimanche 10 avril 2022 avec une réelle joie, un évident soulagement mais en nourrissant malgré tout une inquiétude diffuse pour le second tour. Ce qui suit prend en compte les résultats partiels du Ministère de l’Intérieur sur la base de 97% des électeurs inscrits.

Une réelle joie car Emmanuel Macron, à 27,6% des voix, améliore largement sa performance de 2017, et cela après cinq ans de pouvoir, ce qui est relativement rare (il faut remonter à plus de trente ans pour cela, en 1988). Plus de 20,2% des inscrits, c’est remarquable pour un candidat qui a concentré autant de haine aussi odieuse qu’injustifiée. Il existe donc une certaine "justice électorale" même si celle-ci reste sujette à caution.

Un évident soulagement car la possibilité qu’Emmanuel Macron fût éliminé dès le premier tour était réelle et le scénario du 21 avril 2002 pouvait survenir à nouveau : en effet, les tendances de la dernière semaine de campagne étaient à la baisse pour Emmanuel Macron et à la hausse tant pour Marine Le Pen que pour Jean-Luc Mélenchon avec le cauchemar d’un second tour entre ces deux derniers candidats extrémistes.

Par exemple, le sondage BVA pour Orange et RTL réalisé les 6 et 7 avril 2022 ont donné les intentions de vote des trois premiers candidats ainsi : 26% pour Emmanuel Macon, 23% pour Marine Le Pen et 17,5% pour Jean-Luc Mélenchon. Mais le sondage a aussi évalué, en tenant compte des hésitations et des seconds choix, les intentions minimales et maximales envisageables, et là, l’incertitude était plus grande : Emmanuel Macron entre 20,5% et 28,5%, Marine Le Pen entre 19% et 28% et Jean-Luc Mélenchon entre 14,5% et 22%. Autrement dit, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen pouvaient dépasser Emmanuel Macron.

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Paradoxalement, c’est l’un des moins flatteurs instituts de sondage qui m’a laissé un certain espoir. En effet, Harris Interactive – Toluna pour "Challenges" avait publié le 4 avril 2022 un sondage dévastateur pour Emmanuel Macron avec des tendances très fortes à la baisse et un second tour très incertain. Harris Interactve – Toluna a publié un ultime sondage le 8 avril 2022 avec un léger frémissement pour Emmanuel Macron et un tassement ou plafonnement pour Marine Le Pen, ce qui, soit dit en passant, a donné les bons chiffres des deux premiers candidats.

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Enfin, une inquiétude diffuse non seulement sur la situation politique du pays caractérisée par un très fort niveau de vote extrémiste et anti-système (56% des suffrages exprimés !) mais aussi par un second tour qui va être très serré, au contraire de 2017 (certains sondages d’après premier tour évoquent 51% vs 49%, ce qui est dans la marge d’erreur).

Mais venons-en à une analyse succincte du scrutin.

Avant tout, parlons de l’enjeu et de l’issue : Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont qualifiés pour le second tour. Tout le reste est décoratif. Emmanuel Macron, finalement, domine largement ce premier tour avec 27,6% tandis que la deuxième place a été disputée tant par Marine Le Pen à 23,4% que par Jean-Luc Mélenchon à 22,0%. À un moment de la soirée, l’écart entre les deux candidats extrémistes était même inférieur à 1 point. Paradoxalement, Jean-Luc Mélenchon a reconnu sa défaite immédiatement au contraire de 2017 où il était placé en quatrième position et par conséquent, était beaucoup plus loin du second tour que cette année. Jean-Luc Mélenchon a même été assez clair sur sa position pour le second tour (pas une seule voix pour Marine Le Pen), alors qu’en 2017, c’était plus que confus.

D’ailleurs, le second tour se jouera probablement sur les reports de voix de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon entre haine de Marine Le Pen et haine d’Emmanuel Macron. Pourquoi une telle clarté si rapide ? Parce que Jean-Luc Mélenchon part en beauté, il a fait un meilleur score qu’en 2017, il a réussi, malgré tout ce qui pouvait le plomber (principalement lui-même), à rassembler autour de son nom la gauche tétanisée par l’extinction, et, cerise sur le gâteau, rancœur et objectif depuis son départ du PS en 2008, il a cassé définitivement le PS avec une Anne Hidalgo qui se retrouve au niveau des deux candidats trotskistes (à 1,7% !). Plus exactement, le PS n’a pas eu besoin de Jean-Luc Mélenchon pour s’autodétruire tout seul.

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J’ai évoqué un score d’Emmanuel Macron meilleur qu’en 2017, mais c’est aussi le cas de Marine Le Pen avec 23,4%, beaucoup plus élevé qu’en 2017 et cela malgré la présence d’un autre candidat d’extrême droite, Éric Zemmour, mais j’aurais tendance à affirmer qu’Éric Zemmour n’a rien pris du vote Le Pen mais tout du vote LR. Du reste, il a banalisé Marine Le Pen en défendant des positions beaucoup plus extrémistes qu’elle (remigration, législation sur les prénoms, confusion entre islam et islamisme, refus de solidarité envers les enfants en situation de handicap, etc.). À côté d’Éric Zemmour, Marine Le Pen fait figure d’une enfant de chœur !

Comme tout le monde l’a vu, il y a eu un évident effet du vote utile dans les derniers jours qui a bénéficié aux trois premiers candidats au détriment de tous les autres. C’est très rare d’avoir des candidats à plus de 20% et rien à 10%, le suivant à 7,1% (Éric Zemmour), puis les autres en dessous de 5%. Seul Yannick Jadot, en se maintenant à 4,6% qui était sa cote dans les sondages pendant les deux derniers mois, a évité d’être phagocyté par les trois grands candidats.

En revanche, s’il y a une grande surprise, au-delà de la remarquable performance de Jean-Luc Mélenchon, c’est bien le naufrage désastreux de Valérie Pécresse remisée en petite candidate. J’imaginais un naufrage autour de 10%, ce qui était déjà grave, mais à 4,8%, à la déroute électorale s’ajoute la banqueroute de son parti. On peut aisément imaginer qu’environ la moitié de son électorat encore fidèle la dernière semaine s’est inquiétée des risques d’un duel Mélenchon vs Le Pen et a préféré se rassurer en votant finalement pour Emmanuel Macron.

Cela dit, il ne faut pas considérer que le paysage serait plus éclaté qu’en 2017, car on retrouve des invariants. Par exemple, si on considérait qu’Éric Zemmour n’a pris que sur l’électorat LR, une frange particulièrement ultradroitière sur l’immigration et l’islam, on pourrait dire que LR vaudrait finalement plutôt autour de 12% (en additionnant les votes Zemmour et Pécresse), et la différence avec les 20% de François Fillon, on peut les imaginer pour moitié chez Emmanuel Macron et pour moitié chez Marine Le Pen.

Quant à la disparition du PS, il ne faut pas sous-estimer une certaine stabilité : en effet, Benoît Hamon avait fait 6% des voix en 2017, mais ce qu’on oublie généralement de dire, c’est qu’il représentait non seulement le PS, mais aussi EELV, car Yannick Jadot s’était désisté à son profit. Or, si on ajoute les votes Jadot et Hidalgo, on s’aperçoit qu’on retrouve le vote Hamon : 6,3%. Bien sûr, on ne finira pas de parler de l’humiliation d’Anne Hidalgo, qui a été dépassée par Jean Lassalle (qui a presque le double du PS) et par Fabien Roussel. Il faut remonter à 1969 pour retrouver un candidat communiste devant un candidat socialiste.

Il faut revenir aussi sur un élément qu’on oublie souvent une fois les premiers résultats arrivés alors qu’on en parle sans cesse toute la journée électorale faute de pouvoir parler d’autre chose : la participation. Les sondages laissaient entendre qu’elle serait autour de 30%, pire qu’en 2002. La réalité est plus heureuse, elle est de 25,1%. J’ai même dû faire la queue pendant un quart d’heure pour pouvoir voter, et pendant l’attente, par l’indiscrétion de ma position, j’ai pu entendre une jeune femme d’environ 20 à 25 ans, juste derrière moi, qui téléphonait à un ami et lui disait qu’elle n’avait pas encore fait le choix qui se ferait probablement dans l’isoloir, très étonnant.

Un autre fait très significatif que j’ai pu observer au dépouillement, c’est l’absence quasi-totale de bulletin nuls, aucun message, aucune insulte, aucun double bulletin. Les seuls bulletins qui n’ont pas été comptés parmi les exprimés ont été les quelques enveloppes vides (considérées comme votes blanc). À l’échelle nationale, en résultats partiels, seulement 0,7% de nuls et 1,5% de blancs (par rapport aux votants), encore moins qu’au premier tour de 2017. Dans les autres scrutins, il y avait beaucoup plus de diversité d’expression, voire de créativité. Là, rien de tout cela, un vote vraiment utile, on va à l’essentiel, l’un des trois grands candidats qui ont totalisé près des trois quarts des suffrages (73%). Le vote ne s’est pas dispersé ; sans doute une leçon de 2002.

Jean-Luc Mélenchon aurait pu se retrouver au second tour face à Emmanuel Macron, et évidemment, la structure de la campagne du second tour en aurait été totalement bouleversée. Là, quasiment tous les candidats de gauche ont appelé plus ou moins clairement à voter pour Emmanuel Macron, même si son nom écorche quelques bouches : Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Yannick Roussel et même Jean-Luc Mélenchon (sans prononcer le nom du Président de la République). Quant à Éric Zemmour, qui n’est pas à une incohérence près, après son score très décevant (il fait figure du Jean-Pierre Chevènement de 2002), il a finalement appelé à voter pour Marine Le Pen.

La situation du parti Les Républicains est autrement préoccupante : si Valérie Pécresse a annoncé qu’elle voterait pour Emmanuel Macron, son rival de la primaire LR Éric Ciotti a annoncé exactement l’inverse, qu’il ne voterait jamais pour Emmanuel Macron sans dire clairement ce qu’il ferait. Au moins, Nicolas Sarkozy va enfin pouvoir dire ouvertement qu’il soutiendrait Emmanuel Macron. Jean-François Copé a déjà mis en garde ses compagnons de LR qu’en ne combattant pas l’extrême droite, ceux-ci iraient contre la charte des valeurs de LR. En perspective, profondes divisions sur la stratégie, effondrement financier, soulagement d’une candidate jugée la plus épuisée de tous les candidats par certains journalistes. Inutile de dire que la destinée de LR est sur la même voie de garage que le PS, avec cinq ans de retard. Faute de renouvellement…

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Ce lundi 11 avril 2022, une nouvelle campagne commence. Emmanuel Macron a bien compris le coup de semonce du premier tour, il a bien compris, malgré son fort score, qu’il fallait faire campagne et surtout, rester humble et rassembler. Pour preuve, dès le soir du premier tour à la Porte de Versailles, il a fait applaudir ses concurrents du premier tour, presque tous : « Je veux saluer l’ensemble des candidats présents au premier tour : Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Fabien Roussel, Éric Zemmour. Merci à toutes et tous ce soir une fois encore de les applaudir. Merci beaucoup. Parce que depuis le début et depuis toujours, nous défendons des convictions avec force mais en respectant chacune et chacun. Merci pour cela. (…) Et je remercie Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse et Fabien Roussel qui m’ont dès ce soir apporté leur soutien. J’invite solennellement nos concitoyens, quelles que soient leurs sensibilités et quel qu’ait été leur choix au premier tour, à nous rejoindre. Certains le feront pour faire barrage à l’extrême droite et je suis pleinement conscient que cela ne vaudra pas soutien du projet que je porte, et je le respecte. Je sais que c’est le choix fait par exemple par Jean-Luc Mélenchon. Mais je veux ici saluer leur clarté à l’égard de l’extrême droite et pour faire barrage à l’extrême droite. ».

Il a bien compris qu’il fallait repartir en campagne dès maintenant, dès le lundi alors qu’en 2017, il avait attendu le mercredi. Car il y a une vérité factuelle : si Marine Le Pen reste la même, extrémiste dans la philosophie comme dans le programme, aussi légère en économie qu’en diplomatie (comment peut-on défendre les intérêts de la France en se faisant financer par des puissances étrangères ?), elle a su faire campagne, montrer un sourire (que je trouve carnassier et artificiel) et une passion des chats (dont le contact me paraît cependant plutôt rude), et surtout, elle a rencontré les Français, elle est allée partout, longtemps, minutieusement, depuis septembre 2021, elle a labouré la France, alors qu’Emmanuel Macron a complètement négligé la campagne jusqu’au 2 avril 2022 (pour de bonnes ou mauvaises raisons). Il a donc un retard à rattraper dans cette campagne du second tour.

Rien n’est joué, rien n’a jamais été joué, sa mission, ce sera de convaincre des électeurs tiers de venir voter pour lui, car ceux-ci ne peuvent déléguer le vote anti-Le Pen à d’autres électeurs, sans eux, ce sera Marine Le Pen qui sera élue. À Emmanuel Macron de se montrer le plus rassembleur possible. Intellectuellement, il est dans cette disposition mais convaincra-t-il ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Derniers sondages avant les urnes.
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Relevé du temps de parole des douze candidats de 2022 dans l’audiovisuel, par l’Arcom.
Élysée 2022 (39) : programme minimum pour la campagne présidentielle ?
Emmanuel Macron.
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Marine Le Pen.
Programme 2022 de la candidate Marine Le Pen (à télécharger).
Jean-Luc Mélenchon.
Programme 2022 du candidat Jean-Luc Mélenchon.
Valérie Pécresse.
Programme 2022 de la candidate Valérie Pécresse (à télécharger).
Éric Zemmour.
Programme 2022 du candidat Éric Zemmour (à télécharger).
Yannick Jadot.
Programme 2022 du candidat Yannick Jadot (à télécharger).
Fabien Roussel.
Programme 2022 du candidat Fabien Roussel (à télécharger).
Jean Lassalle.
Programme 2022 du candidat Jean Lassalle (à télécharger).
Nicolas Dupont-Aignan.
Programme 2022 du candidat Nicolas Dupont-Aignan (à télécharger).
Anne Hidalgo.
Programme 2022 de la candidate Anne Hidalgo (à télécharger).
Philippe Poutou.
Programme 2022 du candidat Philippe Poutou (à télécharger).
Nathalie Arthaud.
Programme 2022 de la candidate Nathalie Arthaud (à télécharger).
Petits candidats et grands candidats.
L'abstention, c'est grave, docteur ?
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Sondage Ipsos publié le 5 mars 2022 à télécharger.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (arrêtée au 7 mars 2022).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.









https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220410-presidentielle-premier-tour.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-43-le-sursaut-240808

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/09/39426476.html











 

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10 avril 2022 7 10 /04 /avril /2022 20:13

(verbatim et vidéo)



Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220410-presidentielle-premier-tour.html







Discours du candidat Emmanuel Macron le 10 avril 2022 à Paris


EMMANUEL MACRON

Merci beaucoup !

Merci beaucoup mes amis, mes chers compatriotes, merci !

Mes chers compatriotes, de métropole, d’Outre-mer et de l’étranger, ce dimanche 10 avril, vous avez été plus de 36 millions à faire valoir ce droit, ce droit conquis par les générations précédentes qui est le droit de vote et je remercie tous nos compatriotes qui, dès le premier tour, ont porté leurs suffrages sur ma candidature. Merci !

Leur confiance, votre confiance m’honore, m’oblige ; vous pouvez toutes et tous compter sur moi pour mettre en œuvre ce projet de progrès, d’ouverture et d’indépendance française et européenne que nous avons défendu tout au long de cette campagne.

Je veux aussi remercier toutes celles et ceux – quelques-uns sont là ici ce soir à mes côtés -, qui durant ces dernières années ont tant donné, partout sur le territoire, vous avez donné votre énergie, votre travail, vos jours et vos nuits ; je sais ce que je vous dois. Merci !

LE PUBLIC

MACRON Président !

EMMANUEL MACRON

Et j’appelle tous ceux qui depuis six ans et jusqu’à ce soir se sont engagés pour travailler à mes côtés à transcender leurs différences pour se rassembler en un grand mouvement politique d’unité et d’action pour notre pays. Je veux saluer l’ensemble des candidats présents au premier tour : Nathalie ARTHAUD, Nicolas DUPONT-AIGNAN, Anne HIDALGO, Yannick JADOT, Jean LASSALLE, Jean-Luc MELENCHON, Valérie PECRESSE, Philippe POUTOU, Fabien ROUSSEL et Eric ZEMMOUR. Merci à toutes et tous ce soir une fois encore de les applaudir, merci beaucoup.

(Applaudissements du public)

Parce que depuis le début et depuis toujours nous défendons des convictions avec force mais en respectant chacune et chacun, merci pour cela. Je sais la déception des candidates et des candidats dont je viens d’évoquer le nom et celle de leurs soutiens comme de leurs électeurs. Notre démocratie, en effet, est riche de tous les engagés qui défendent leurs idées avec force et passion. Merci à eux !

Et je remercie Anne HIDALGO, Yannick JADOT, Valérie PECRESSE et Fabien ROUSSEL qui m’ont, dès ce soir, apporté leur soutien. J’invite solennellement nos concitoyens, quelle que soit leur sensibilité et quel qu’ait été leur choix au premier tour, à nous rejoindre. Certains le feront pour faire barrage à l’extrême-droite. Et je suis pleinement conscient que cela ne vaudra pas soutien du projet que je porte et je le respecte ; je sais que c’est le choix fait, par exemple, par Jean-Luc MELENCHON. Et je veux ici saluer leur clarté à l’égard de l’extrême-droite et pour faire barrage à l’extrême droite.

Mais dans ce moment décisif pour l’avenir de la Nation, plus rien ne doit être comme avant. C’est pourquoi je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France ; je suis prêt à inventer quelque chose de nouveau pour rassembler les convictions et les sensibilités diverses afin de bâtir avec eux une action commune au service de notre Nation pour les années qui viennent, c’est notre devoir.

À tous nos compatriotes qui se sont tournés vers l’abstention ou le vote extrême, soit parce qu’ils sont en colère face aux inégalités qui perdurent, aux désordres écologiques, à l’insécurité du quotidien, à la difficulté de vivre dignement, même quand on travaille dur, soit parce qu’ils se sentent insuffisamment représentés, écoutés, associés, je veux les convaincre dans les jours à venir que notre projet répond bien plus solidement que celui de l’extrême-droite à leurs peurs et aux défis du temps. Comptez sur moi !

Car ne nous trompons pas, rien n’est joué et le débat que nous aurons dans les quinze jours à venir, est décisif pour notre pays et pour l’Europe.

Voulons-nous d’une France indépendante parce que forte sur le plan scientifique,  technologique, économique et militaire, agricole et culturel ?

Voulons-nous une France qui par le plein emploi et par le sérieux est capable de financer son Etat-providence, nos retraites, notre école, notre hôpital et nos services publics ?

Voulons-nous d’une France qui relève le défi climatique et écologique par le nucléaire, les énergies renouvelables, la sobriété énergétique et la planification écologique ? D’une France où par l’écologie, les factures de chauffage se réduiront et la voiture électrique pour tous viendra remplacer les coûteux pleins d’essence ?

Voulons-nous d’une France plus juste pour nos Outre-mer,  pour tout le territoire,   pour notre Hexagone ?

Voulons-nous d’une France qui face aux crises en cours et à venir, continue à faire confiance à la science, à la raison, à la compétence comme nous l’avons fait ces derniers mois et ces dernières années ?

Je veux une France qui lutte résolument contre le séparatisme islamiste mais qui par la laïcité, permet à chacun de croire ou de ne pas croire, d’exercer son culte, et pas une France qui empêche les musulmans ou les juifs de manger comme le prescrit leur religion ! Ce n’est pas nous !

Je veux une France qui porte des progrès pour chacun, pour nos aînés, pour nos enfants, pour les travailleurs, pour les familles, pour les femmes et notamment les mères seules, pour les précaires ; pas une France de la régression pour tous ! Ce n’est pas nous !

Je veux une France qui s’inscrit dans une Europe forte qui continue de nouer des alliances avec les grandes démocraties pour se défendre, pas d’une France qui sortie de l’Europe, n’aurait pour seuls alliés que l’international des populistes et des xénophobes ! Ce n’est pas nous !

Je veux une France fidèle à l’humanisme, à l’esprit des Lumières, au souffle de 1789.

Tels sont, mes chers compatriotes, mes chers amis, les enjeux du 24 avril. Ce sont les choix que par votre vote, vous aurez à faire dans quinze jours. Et je veux vous dire ce soir que je mettrai toutes mes forces pour convaincre chacun que le seul procès pour le pouvoir d’achat, c’est le nôtre ! Que le seul projet crédible contre la vie chère, c’est le nôtre ! Que le seul projet des travailleurs, de tous ceux qui sont au bord du chemin, c’est le nôtre ! Que le seul projet de la France et de l’Europe, c’est le nôtre !

Je crois en nous, en nous tous, quels que soient nos parcours, nos milieux, nous tous ! Quels que soient nos origines, nos territoires, nous tous ! Quelles que soient nos opinions et nos croyances, nous tous ! C’est cela la France !

Alors durant les quinze jours à venir, ne ménageons aucun effort car rien n’est fait ; soyons humbles, déterminés, allons convaincre chacune et chacun. Le 24 avril prochain, nous pouvons faire le choix d’une nouvelle époque française et  européenne. Le 24 avril, nous pouvons faire le choix de l’espoir ! Le 24 avril, nous pouvons faire le choix de la France et de l’Europe ensemble.

Vive la République !  Et vive la France !

Je compte sur vous !

Emmnanuel Macron, le dimanche 10 avril 2022 à Paris, Porte de Versailles.

Source : site du candidat AvecVous.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220410-meeting-macron.html



 

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