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28 mars 2022 1 28 /03 /mars /2022 03:59

« Nous constatons, aujourd’hui, que la Russie, tournant le dos à ses engagements et à la voie diplomatique, fait le choix de la confrontation déstabilisatrice pour l’ensemble du continent. Par ses décisions unilatérales et ses actions militaires, la Russie contrevient à ses engagements internationaux et remet en cause le principe cardinal du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, le fondement même de l’ordre européen et international. » (Message du Président de la République Emmanuel Macron aux membres du Parlement français, le 25 février 2022).



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Comment peut-on convaincre qu’on ne se trompera plus alors que lorsque la sécurité vitale de la France était en jeu, on s’est toujours trompé dans le passé ? C’est le défi actuel de Marine Le Pen, candidate récurrente à l’élection présidentielle, troisième fois elle-même, huitième fois sur son nom.

Depuis quelques semaines, Marine Le Pen jouit d’un vent plutôt favorable alors que la vérité crue est en train de se révéler : durant ces longues années depuis 2011, elle n’a jamais défendu les intérêts des Français et de la France. En effet, l’invasion russe de l’Ukraine a remis sur le devant de la scène cette vérité terrible pour ceux des responsables politiques français, et il y en a eu beaucoup, dont trois candidats importants à cette élection présidentielle, qui fricotaient avec le Président de la Fédération de Russie.

Pas de chance pour la candidate du Rassemblement national, ex-Front national de sinistre mémoire, ses militants allaient mettre dans les boîtes aux lettres 1,2 million d’exemplaires d’un tract de 8 pages intitulé "La France qu’on M !". En fait, il aurait fallu mettre "La Russie qu’on M !", car hélas pour elle, en page 4, on y lit deux paragraphes vaguement flatteurs vantant sa prétendue "stature internationale" avec quatre photographies, des clichés d’ailleurs anciens, d’avant l’élection présidentielle de 2017 pour les trois quarts, qui montrent surtout qu’il demeure toujours laborieux de rencontrer des chefs d’État quand on s’appelle Le Pen (il y a cinq ans, elle avait même fait le chemin des États-Unis pour rien alors qu’elle voulait rencontrer le Président américain Donald Trump qui l’avait finalement snobée dans la fameuse Tour Trump !).

Ces quatre photographies illustrent le petit texte qui insiste sur : « Elle travaille à construire des relations fortes et durables avec de nombreux chefs d’État (…). ». On y voit Michel Aoun, Président du Liban qui s’était fait piéger par sa courtoisie, le 20 février 2017, Idriss Déby, Président du Tchad, le 22 mars 2017 (ce qui a échappé à la candidate RN, c’est que ce dernier est mort le 20 avril 2021, assassiné au cours d’un putsch raté), et seule personnalité rencontrée après l’élection de 2017, le Premier Ministre de Slovénie Janez Jansa, qu’a salué Marine Le Pen à Bruxelles le 22 octobre 2021.

Sur la page suivante, on y voit aussi trois photographies moins surprenantes, Marine Le Pen avec en 2019, Matteo Salvini, considéré maintenant dans son pays comme un loser et détesté des Polonais, et en 2021, Viktor Orban, le Premier Ministre hongrois, aujourd’hui très ennuyé de sa dépendance énergétique avec Vladimir Poutine alors qu’il sollicite le renouvellement de son mandat dans quelques semaines, ainsi que le banquier Mateusz Morawiecki, Premier Ministre de Pologne, le premier allié de l’Ukraine.

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Parmi les quatre premiers clichés, le dernier est le plus important bien sûr, c’est celui de sa rencontre (unique assure-t-elle) avec Vladimir Poutine le 24 mars 2017 (donc avant avril 2017), alors reçue à Moscou. À l’époque, le dirigeant russe ne songeait qu’à déstabiliser les démocraties libérales en soutenant les mouvements extrémistes et populistes et en fabriquant des usines à désinformation (qu fonctionnent encore). Pour l’élection de 2022, Vladimir Poutine a délaissé un peu ses sbires d’allégeance, trop occupé à massacrer le peuple ukrainien.

De plus, Marine Le Pen est allée se faire financer sa campagne de 2017 avec des banques russes inféodées au pouvoir central, ce qui laisse un doute très fort sur son patriotisme français et son indépendance politique vis-à-vis des intérêts russes, alors qu’elle-même ne cesse de prôner l’indépendance par rapport à l’Union Européenne (ce qui est stupide que la France est partie de l’Union Européenne) et par rapport aux Américains. Cela ressemble un peu à un Charles Maurras revendiquant son patriotisme français et finalement, l’Histoire a retenu qu’il n’était, dans les faits, qu’un nationaliste vendu aux Allemands.

Avec la guerre en Ukraine, le paradigme poutinien s’est donc renversé. Marine Le Pen assure désormais condamner l’invasion par l’armée russe alors qu’en 2014, elle avait reconnu l’annexion pure et simple de la Crimée par la Russie (pourtant prélude à une annexion projetée de l’Ukraine par la Russie). Cherchez l’erreur. Elle a beau soutenir que Vladimir Poutine a changé, c’est complètement faux depuis 2012, il a au contraire minutieusement préparé son "anschluss ukrainien", dont les ratés en sont d’autant plus surprenants.

Si on peut lui reconnaître la sincérité, alors, on peut simplement affirmer que la leader du RN avait manqué gravement de discernement en faisant confiance à ce que le Président américain Joe Biden a appelé un "boucher". On imagine comment elle aurait réagi le 24 février 2022 si elle avait été élue en 2017 grâce à ses amis poutiniens. La France aurait alors commis l’une des fautes géostratégiques majeures du siècle à cause des pressions politiques mais aussi financières russes. Et elle ose encore parler de souveraineté de la France !

Pour ôter tout doute, Marine Le Pen s’est même posé publiquement la question de savoir si le RN allait continuer à rembourser son prêt russe. Mais souvent, la nature revient au galop. À l’annonce de l’intervention du Président ukrainien Volodymyr Zelensky devant les parlementaires français, Marine Le Pen avait réagi trop vite en affirmant que, pour ne pas cautionner le Président Zelensky, elle serait naturellement absente de l’hémicycle pendant cette séance (ce qui, du reste, est très fréquent depuis qu’elle a été élue en juin 2017)… mais ses conseillers ont hurlé de stupeur en l’apprenant : pas question de montrer le moindre doute sur le soutien aux Ukrainiens. Par dépit et de façon visiblement fort hypocrite, la candidate a donc finalement assisté à la séance qui a vu l’ovation debout du Président Zelensky. Ce qu’il ne faut pas faire quand on veut être Présidente. Qui est donc la bonne Marine Le Pen : la poutinophile ou la désormais zelenskyphile ?

Le plus grave, c’est l’absolue ignorance des enjeux géopolitiques dans laquelle la France doit évoluer dans un monde trouble et incertain. Si Marine Le Pen a révisé (encore très laborieusement) ses fiches économiques, il lui manque de connaître les rudiments des enjeux militaires et la sécurité et la protection des Français est remise en cause lorsque, par un antiaméricanisme démagogique sinon sincère, elle souhaite s’extraire de l’alliance atlantique au profit d’une soumission totale au nouvel ordre (ou désordre plutôt) de Poutine.

Et le tract, me direz-vous ? Si vous l’avez reçu dans votre boîte aux lettres, surtout, gardez-le, il est collector et se vendra cher dans quelques mois sur eBay. Mais il y a peu de chance, car le stock a été mis à la déchetterie. Il ne faut prendre aucun risque, lisser tout de la candidate Le Pen, des fois que, après sept échecs, la victoire viendrait dans le champ des possibles…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (38) : Marine Le Pen et la Russie de Vladimir Poutine.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Robert Ménard.
Éric Zemmour et l’obsession de l’immigration.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Jean-Marie Le Pen.
L’effet majoritaire.
Florian Philippot.
Bruno Mégret.
Jean-Frédéric Poisson.
Christine Boutin.
La création de Debout la Patrie.
Marion Maréchal.
Patrick Buisson.
Nicolas Dupont-Aignan.
Choisis ton camp, camarade !
Fais-moi peur !
Peuple et populismes.
Les valeurs de la République.
Être patriote.

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27 mars 2022 7 27 /03 /mars /2022 03:07

« L’attaque massive des armées russes contre l’Ukraine, État pacifique, européen et indépendant, est sans précédent depuis 1945. (…) Dans ce contexte dramatique, ma responsabilité comme Président de la République et Président du Conseil de l’Union Européenne est de consacrer toute mon énergie à rechercher une issue à ce conflit et à vous protéger en rendant la France et l’Europe plus fortes. Mais ce retour brutal du tragique dans l’Histoire ne doit pas étouffer le nécessaire débat démocratique autour des visons et des propositions que permet l’élection présidentielle. J’irai à votre rencontre, défendre mon bilan et mon projet pour la Nation. (…) Tirer les leçons des crises inédites que nous avons traversées ensemble et de l’action que, malgré les circonstances, nous n’avons cessé de conduire. Projeter le pays vers l’avenir. » (Emmanuel Macron, le 17 mars 2022).




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Nous sommes à deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022. L’élection est-elle pliée ? Bien évidemment, non ! Une élection, cela sert à ça, que les électeurs se prononcent, et tant qu’ils ne se sont pas prononcés, quelle que soit la fiabilité de sondages d’intentions de vote, rien n’est acquis, rien n’est déterminé. Tout reste ouvert. Le rôle du favori est d’ailleurs très instable : sa position ne mobilise pas l’électorat.

Ceux qui pensent que la réélection du Président sortant Emmanuel Macron est acquise ont donc tort deux fois. La première fois parce qu’ils méprisent le suffrage des Français en donnant plus de poids à des "enquêtes d’opinion" qui n’ont rien de formel et de fiable. La seconde fois parce qu’ils oublient le rôle essentiel d’une campagne électorale. Et même trois fois tort, car l’expérience montre que les urnes provoquent presque toujours des surprises.

Quelle est la tendance aujourd’hui, si près du but ?
On pourrait voir les choses de deux manières.

D’un côté, Emmanuel Macron surplombe tous les autres candidats, très nettement, dans les sondages. En tête des intentions de vote au premier tour, en tête des intentions de vote au second tour quelle que soit la configuration du second tour qui peut être quadruple (face successivement aux candidats Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour). Donc, Emmanuel Macron est effectivement le favori.

Beaucoup d’explications peuvent se tenter : Président sortant dans plusieurs crises d’ampleur mondiale (Ukraine, économique, covid), il bénéficie de "l’effet drapeau" (unité de la Nation derrière le chef de la Nation) et aussi de l’expérience présidentielle dans une situation qui a besoin de subtilité et d’intelligence. Il est aussi Président du Conseil de l’Union Européenne, et en ce sens, l’un des très grands de ce monde, même si c’est pour six mois …ou moins. De plus, il est le seul à proposer un projet cohérent, raisonnable, rationnel qui ne reprenne pas des vieilles lunes. Il aurait pu être rivalisé sur sa droite par Valérie Pécresse et sur sa gauche par Anne Hidalgo, mais ces deux candidates pourtant d’anciens partis gouvernementaux, ont préféré adopter des attitudes étonnamment radicalisées tant sur l’extrême droite que sur ce que j’appellerais "l’extrême sociétal" de gauche. Ce qui fait que le centre droit et le centre gauche ne peuvent se reconnaître que dans la seule candidature d’Emmanuel Macron.

Mais d’un autre côté, la situation, en seconde analyse, est loin d’être aussi confortable pour Emmanuel Macron, ce qui peut me désoler et m’inquiéter.

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Premièrement, est-il sûr qu’Emmanuel Macron soit qualifié au second tour ? Je l’espère et tous les sondages semblent lui accorder cette garantie, mais la réalité électorale est toujours troublante et étonnante. Lionel Jospin "devait" gagner l’élection de 2002, il y a vingt ans, et c’est seulement deux ou trois jours avant le premier tour que les plus fins analystes ont commencé à envisager que rien ne serait certain pour le premier tour. Certes, Emmanuel Macron jouit encore d’une bonne avance, et la guerre en Ukraine plus sa déclaration de candidature (je pense que c’est le premier facteur, le second facteur était un non-événement) lui ont fait faire un bond de 5 à 10 points, ce qui est exceptionnel à un mois et demi du premier tour. Mais cette avance aujourd’hui s’effrite de jour en jour. La position n’est en rien acquise, ni permanente.

Deuxièmement, et c’est là ma principale inquiétude, Emmanuel Macron est-il certain de gagner le second tour ? Face à Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron jouit d’une confortable avance d’une vingtaine de points. Certes, il est maintenant à environ 60% contre Jean-Luc Mélenchon alors qu’il y a une semaine, il était à 66%. Il s’effrite aussi. Mais l’écart est trop grand. En revanche, face à Marine Le Pen, l’écart se resserre dangereusement : il était à 57% contre elle il y a une semaine, il est maintenant à 53%, je donne des indications de sondages, il faudrait faire des moyennes, ou étudier les enquêtes de chaque institut de sondage, c’est une approximation. À 53% vs 47%, dans un sondage, autant dire que c’est du 50% vs 50% avec les incertitudes de calculs.

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Donc rien n’est joué. Absolument rien. Je vois deux raisons à cette lente mais réelle érosion de la candidature d’Emmanuel Macron. D’une part, il a présenté son projet présidentiel, et dans ce projet, certaines mesures concrètes peuvent rencontrer des oppositions réelles (retraite à 65 ans, réforme du RSA, etc.). Notons que s’il n’avait présenté aucun projet ou un projet consensuel immobiliste à la François Mitterrand (ni-ni), on l’aurait aussi blâmé car un candidat se présente pour réaliser des réformes pendant le quinquennat à venir, si c’est pour ne rien faire, autant qu’il reste chez lui. D’autre part, Emmanuel Macron ne fait pas campagne, et cela donne une perception assez mauvaise de la situation. Il doit se défendre, lui-même, pas par ministres interposés.

Certes, Emmanuel Macron doit continuer à gérer les affaires du monde, et en ce moment, il a de quoi faire. Mais il faut se méfier du "syndrome Churchill". En pleines négociations d’après-guerre, Churchill a été remercié comme un malotru par ses électeurs et a dû rendre son tablier. Rien n’interdit qu’Emmanuel Macron, alors qu’il se démène auprès de nos partenaires européens et américains sur la guerre, auprès des Français pour réduire l’effet collatéral sur l’économie, subît le même sort, certes ingrat mais la vie politique a toujours été ingrate.

Ne pas faire campagne serait une faute considérable. Laisser juste une vidéo en guise de participation à un meeting (à Marseille) est même méprisant sinon arrogant dans sa relation avec les Français, alors qu’il ne l’est pas, il nourrit au contraire une grande empathie envers les Français. Même De Gaulle, qui ne voulait pas "se mettre en pyjama devant les Français", a pris une douche froide le 5 décembre 1965 en refusant de faire campagne pour le premier tour (même pas 45% des suffrages exprimés, 37% des inscrits !) et a dû se résoudre à faire campagne entre les deux tours (avec des entretiens savoureux, trois fois, avec Michel Droit, il y a montré une autre facette de sa personnalité qui a beaucoup plu, le De Gaulle goguenard).

Il faut se rappeler le syndrome Balladur. Édouard Balladur, Premier Ministre de cohabitation, "surplanait" dans tous les sondages pendant l’année précédant l’élection présidentielle de 1995 tandis que le PS était KO et son rival Jacques Chirac démonétisé dans "l’opinion publique". Aucun concurrent de taille à faire contrepoids au Premier Ministre. En janvier 1995, à trois mois du premier tour, certains envisageaient même une élection dès le premier tour (ce qui était ridicule puisque même De Gaulle n’a pas été élu dès le premier tour). Le résultat, c’est que dès la fin du mois de février, Édouard Balladur a été dépassé par Jacques Chirac et la logique de campagne l’a emporté sur la logique des sondages. Jacques Chirac était une bête de campagne, alors qu’Édouard Balladur, visiblement, n’était pas fait pour faire campagne !

Ce syndrome Balladur s’est retrouvé à de nombreuses reprises après 1995 : en 2002, Lionel Jospin en a été victime ; en 2011, Dominique Strauss-Kahn également (il aurait été probablement été plus prudent avec son comportement personnel s’il n’était pas donné largement gagnant dans les sondages) ; enfin, en 2016, Alain Juppé en a été également une victime consentante, sa campagne n’ayant jamais eu comme argument que les sondages. On peut du reste dire qu’en 2021, Xavier Bertrand en a été aussi une victime, en ce sens qu’il était donné comme le meilleur candidat LR pour l’élection présidentielle (mais il n’en était pas le favori).

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Emmanuel Macron pourrait, lui aussi, être victime du syndrome Balladur s’il ne faisait pas campagne en y mettant toutes ses forces et sa sincérité, d’autant plus que son projet présidentiel, dense et solide, demande aussi à être défendu, au même titre que son bilan, même si un bon bilan n’a jamais fait une élection (j’y reviendrai).

On pourrait toutefois dire qu’Édouard Balladur s’est effondré dès février 1995, deux mois avant le premier tour, c’est vrai, et que si Emmanuel Macron "s’effrite", perd quelques points, il ne s’effondre pas et on est à deux semaines du premier tour. Mais il ne faut pas décontextualiser : en 1995, il n’y avait pas de chaîne d’information continue, il n’y avait pas de réseaux sociaux ni d’Internet en général, les seules informations étaient temporisées par les journaux télévisés ou à la radio et encore par la presse écrite. Aujourd’hui, tout va plus vite, la moindre information tourne en boucle sur le Web dès la première minute et au bout d’une heure, il y a déjà la surréaction de toute la classe politique. Deux semaines, c’est donc encore très long à l’échelle de l’info.

Ce qui a nui à la campagne est probablement du fait et de la responsabilité des médias qui ont passé beaucoup de temps à évoquer la guerre en Ukraine. Le sujet est très important (il est un événement historique qui marquera l’histoire du monde et l’entrée d’une nouvelle époque assurément), mais cela ne doit pas non plus empêcher d’informer sur la campagne présidentielle, et en ce sens, beaucoup de médias sont en défaut à ce sujet.

En outre, cette absence de campagne dans les médias n’avantage pas forcément le candidat qu’on croit : en réduisant au maximum ses déplacements et ses meetings électoraux, Emmanuel Macron n’imprime pas dans sa campagne même s’il imprime en tant que Président de la République. Il est donc urgent que le Président de la République fasse campagne pour rassembler tous ceux qui, nombreux (on l’a vu avec des personnalités de tout horizon, de Jean-Pierre Chevènement à Éric Woerth, de Bertrand Delanoë à Jean-Pierre Raffarin, de Manuel Valls à Christian Estrosi, et peut-être même avec Nicolas Sarkozy après François Léotard), sont à la fois favorables à sa candidature, à son projet, à ses perspectives de redonner à la France sa souveraineté nationale au sein d’une Europe forte, et inquiets de voir un grand nombre de candidats radicalisés qui, élus, seraient une catastrophe pour l’avenir des Français, et on a bien vu pour l’Ukraine à quel point il ne fallait pas transiger sur la dissuasion nucléaire, sur le jeu des alliances et sur la fermeté face à la Russie. Tous les candidats qui ont transigé sur l’alliance atlantique et notre alliance avec les États-Unis ont trahi la sécurité des Français, on le comprend bien aujourd’hui.

Heureusement, le candidat Macron ne reste pas inerte. Annoncé depuis quelques jours, Emmanuel Macron participera à un grand meeting le samedi 2 avril 2022 après-midi, à une semaine du premier tour, avec une mobilisation virale qui pourrait prêter à sourire mais qui peut être très efficace. Il n’a pas lésiné sur ses ambitions puisque ce grand rassemblement aura lieu à la salle Arena de Paris La Défense, une salle récente, inaugurée le 16 octobre 2017, ce qui est très ambitieux, car cette salle, la plus grande salle d’Europe, peut accueillir près de 40 000 participants ! Ce sera probablement une démonstration de force (on peut s’inscrire ici).

Dans sa plaquette de 24 pages présentant son projet présidentiel (qu’on peut télécharger ici), Emmanuel Macron termine son introduction ainsi : « Quels que soient le lieu où vous habitez, le métier que vous exercez, votre histoire, le prénom que vous portez, la France a besoin de vous. Durant ces cinq années, je n’ai jamais perçu dans le pays la résignation, le renoncement sur lesquels certains prospèrent. Je vous ai toujours vu passionnés et volontaires, animés de la volonté de prendre part à cette belle aventure collective qui s’appelle la France. Je vous ai vu armés de l’esprit de résistance comme de l’esprit de conquête. ». C’est une véritable déclaration d’amour à tous les Français. Rien à voir avec l’arrogance qu’on lui a collée stupidement à la peau et aux aigreurs et défaitismes de la plupart de ses concurrents à l’élection présidentielle.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le syndrome Balladur.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
S’inscrire (gratuitement) au meeting d’Emmanuel Macron le samedi 2 avril 2022 à 14 heures 30 à Arena de Paris La Défense.
François Léotard.
Bertrand Delanoë.
Manuel Valls.
Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Raffarin.
Éric Woerth.
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Présentation du projet présidentiel d’Emmanuel Macron le 17 mars 2022 à Aubervilliers (vidéo).
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Lettre du candidat Emmanuel Macron à tous les Français le 3 mars 2022 (texte intégral).
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 03:43

« Je crois qu’il y a chez Macron une extraordinaire bonne volonté. (…) L’énergie et l’intelligence du Président Macron sont incontestables. Il a assumé avec dignité ses responsabilités à la fois nationales et européennes. » (François Léotard, le 5 mars 2022 dans "Le Point").




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Qui se souvient encore de François Léotard ? En retrait de la vie politique depuis plus d’une vingtaine d’années, probablement que son opinion aura peu d’influence sur l’électorat, du moins l’électorat jeune, des moins de 40 ans. Ce samedi 26 mars 2022, l’ancien ministre fête ses 80 ans, un âge canonique pour celui qui était le génie précoce de la politique française, né électoralement en 1977 avec la mairie de Fréjus (une revanche sur le sort de son père) et en 1978 avec son premier mandat de député du Var qui lui assura rapidement un écho national.

Ancien séminariste et toujours dans le doute (ce qui contrevient aux usages et coutumes de la classe politique), il est très étrange qu’il ait fait une telle carrière politique, frôlant les plus hauts sommets : énarque, député, ministre, d’abord à la Culture (1986 à 1988) puis à la Défense (entre 1993 et 1995) qui lui a valu son procès dans l’affaire Karachi. Il a été condamné le 4 mars 2021 en première instance à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende par la Cour de Justice de la République (CJR), mais l’affaire n’est pas encore jugée définitivement et il rejette toute responsabilité d’acte illégal dans le volet financier pour lequel il a été poursuivi. Dans un entretien à "Paris Match" le 3 février 2011, il précisait à propos des contrats dans l’affaire Karachi : « Tout le monde y était associé, Mitterrand, Balladur, Juppé. Le choix des intermédiaires a été avalisé par les plus hautes autorités de l’État. ».

Dès 1984, François Léotard, bombardé deux ans plus tôt par Valéry Giscard d’Estaing à la tête du Parti républicain (PR), lui-même ayant refusé de le nommer ministre avant la réélection qui n’a jamais eu lieu !, faisait partie des présidentiables pour l’élection de 1988, fustigeant dès 1987 dans un psychodrame gouvernemental les "moines soldats" du RPR et sur le point de rompre avec Jacques Chirac. Mais le changement de génération n’était pas pour 1988 (il a fallu attendre 2007 !), et François Léotard, trop apparatchik, a raté le train des Rénovateurs du printemps 1989, mais pas celui du balladurisme triomphant. Il croyait en ses chances d’être le Premier Ministre d’un Président élu principalement par l’UDF, Édouard Balladur, même si Matignon restait à l’époque promis à des ténors du RPR (Charles Pasqua, Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy).

En 1995, la défaite d’Édouard Balladur (qui a apporté son soutien à Valérie Pécresse le 13 février 2022) a été le début de l’effondrement de l’influence politique de François Léotard. Président de l’UDF entre 1996 et 1998, il a cherché à conquérir la présidence du conseil régional de PACA pour la lourde succession de Jean-Claude Gaudin, mais refusant de s’allier avec les élus FN, il a perdu la présidence au bénéfice des socialistes. Contesté sur cette stratégie anti-FN au sein même de son parti (création de Démocratie libérale par Alain Madelin), il a quitté la présidence de l’UDF (reprise par François Bayrou avec son soutien) et mis fin définitivement à ses mandats électifs après la mort de son frère Philippe Léotard en été 2001, de gros ennuis de santé et des accusations folles et fausses (deux journalistes mal informés l’avaient accusé d’avoir commandité l’assassinat de l’ex-députée FN Yann Piat). Depuis cette date, il passe son temps à écrire ou à réfléchir, sans nourrir d’autres ambitions que de goûter la vie avec authenticité. De sa "bande à Léo" des années 1980 (Alain Madelin, Gérard Longuet, Philippe de Villiers, Jean-Jacques Descamps, Claude Malhuret, etc.), seul Gérard Longuet continuerait à le voir encore régulièrement.

De ce quart de siècle d’expérience politique, François Léotard en a tiré quelques ouvrages, en particulier "Ça va mal finir" (éd. Grasset) en 2008 : « Dans le monde sauvage des animaux politiques, il ne faut pas être sur le passage d’un prédateur. Je le sais, j’ai traversé imprudemment la savane. Chirac était un carnassier débonnaire. Avec lui, on était mort mais c’était sans rancune. Chacune de ses victimes, antilope déchiquetée et consentante, devenait digne d’une amitié nouvelle définitivement inoffensive. ».

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L’entretien assez long que François Léotard a accordé à Florent Barraco et publié dans "Le Point" le 5 mars 2022 n’avait pas pour objectif de parler de l’élection présidentielle mais plutôt de la guerre en Ukraine. En tant que libéral assumé, François Léotard a été de toutes les batailles de libéralisation politique dans des pays sous dictature : « J’ai été aux côtés de Vaclav Havel à Prague, de Sakharov avec Élie Wiesel à Moscou, de Walesa en Pologne, au Liban contre l’invasion syrienne, etc. Si j’étais plus jeune, je recommencerais et j’irais me battre en Ukraine, même si tout cela est symbolique. À l’époque, il s’agissait de comprendre et, si possible, de soutenir ces révoltes. Voilà revenir le temps de l’engagement personnel et collectif. ».

Pour François Léotard, il était impossible de négocier avec Vladimir Poutine : « Poutine a choisi, comme tous les dictateurs, le mensonge comme l’un des outils de son pouvoir. C’est un menteur biologique e nostalgique… Macron, qui est à peu près le contraire de cet homme-là, a tout tenté avec bonne foi pour défendre l’idée même de la paix et du dialogue. C’est à la fois son honneur et son péril, car Poutine n’écoute que la force. Il est comme un enfant qui a triché et qui ne veut pas entendre qu’on le lui reproche. Et nous parlons à un voyou avec naturellement le plus grand respect. (…) Le char d’assaut est son véritable et unique argument. ». Pour finir par conclure : « On peut l’appeler pendant des heures, mais une fois qu’il raccroche, il fait le contraire. On discute et, pendant ce temps, les chars avancent ! ». Ou reculent, d’ailleurs.

La plus grande fermeté face à la Russie aurait probablement été plus efficace. François Léotard a toutefois noté deux changements de paradigme très encourageants. En premier, l’Allemagne va se remilitariser : « L’Allemagne a pris un tournant historique. C’est un sursaut salvateur. J’ai beaucoup travaillé à l’époque avec le Chancelier Kohl et le Ministre de la Défense, monsieur Volker Rühe. L’Allemagne voulait être la puissance pacifique au cœur de l’Europe. Ils s’étonnaient de nos efforts militaires. C’est nous qui avions raison. ».

L’autre changement, c’est la perspective d’une véritable défense européenne, annoncée au Conseil Européen du 11 mars 2022 à Versailles : « Emmanuel Macron a raison : nous devons arriver à une défense européenne qui soit crédible. J’en ai rêvé, j’espère qu’il va le faire. Il y a bien sûr la question de la langue, de la culture militaire de chaque pays. Il y a des difficultés très concrètes qui feront que ce sera long à se mettre en place. ».

Et Emmanuel Macron alors ? François Léotard a été clair et précis : « Dieu merci, ça bascule du côté d’Emmanuel Macron. Et il le mérite ! (…) Dans le chaos qui entoure cette crise, c’est le seul qui en sort indemne. Mon choix est fait : c’est Macron, mais sans aveuglément. ». Un soutien sans ambiguïté dans une course présidentielle pour laquelle il n’a aucune illusion : « Au fond, qu’est-ce que c’est que cette histoire d’élection d’un Président au suffrage universel ? Je parle de la nôtre, la française, la plus stupide dans sa brutalité même. On sait maintenant que cela rend les candidats fous et les électeurs légèrement ivres… » ("Ça va mal finir", 2008).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La posture libérale en France.
Son frère.
François Léotard.
Claude Malhuret.
Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
Jean-Pierre Raffarin.
Jean-Pierre Fourcade.
Jean de Broglie.
Christian Bonnet.
Gilles de Robien.
La France est-elle un pays libéral ?
Benjamin Constant.
Alain Madelin.
Les douze rénovateurs de 1989.
Michel d’Ornano.
Gérard Longuet.
Jacques Douffiagues.
Jean François-Poncet.
Claude Goasguen.
Jean-François Deniau.
René Haby.
Charles Millon.
Pascal Clément.
Pierre-Christian Taittinger.
Yann Piat.
Antoine Pinay.
Joseph Laniel.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220326-francois-leotard.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-leotard-sous-le-soleil-d-240275

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21 mars 2022 1 21 /03 /mars /2022 03:43

« J’ai voté pour lui en 2017 en espérant qu’il soit un bon Président, je vote pour lui en 2022 en sachant qu’il sera un bon Président. » (Bertrand Delanoë parlant d’Emmanuel Macron, le 20 mars 2022 dans le "Journal du dimanche").




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C’était un secret de polichinelle : dans sa retraite tunisienne (à Bizerte, sa terre d’enfance), Bertrand Delanoë, ancien éléphant du parti socialiste et ancien maire de Paris, a annoncé ce dimanche 20 mars 2022 dans le "Journal du dimanche" qu’il soutiendrait la candidature du Président sortant Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle.

Il n’y a rien qui puisse surprendre puisque Bertrand Delanoë avait déjà soutenu Emmanuel Macron en 2017, dès le premier tour également, afin de combattre le plus efficacement possible la montrée de l’extrême droite, tout en considérant dangereux le programme du candidat socialiste de l’époque Benoît Hamon.

Il faut dire que Bertrand Delanoë, adhérent du PS depuis 1973, vieux jospiniste du 18e arrondissement de Paris, conseiller de Paris de 1977 à 2014, député de Paris de 1981 à 1986, sénateur de Paris de 1995 à 2001 et maire de Paris de 2001 à 2014, avait eu le vent en poupe lors de sa réélection de mars 2008. Très populaire, les socialistes blessés par l’échec de la sémillante Ségolène Royal en 2007, Bertrand Delanoë se proposait d’aller à l’assaut de la direction du PS lors du congrès de Reims en novembre 2008 sous la bannière du social-libéralisme, avec le soutien plus ou moins voyant de François Hollande (premier secrétaire sortant). L’homme politique n’a pas été exclusivement politique, il est aussi passé par des traversées du désert qui étaient des traversées dans des entreprises privées, et connaît donc un peu l’économie de marché, au contraire de beaucoup de ses camarades fonctionnaires du parti socialiste.

Hélas, arrivée troisième dans un congrès qui a vu le PS se déchirer entre deux égéries pour quelques voix d’écart, Ségolène Royal et Martine Aubry, Bertrand Delanoë jeta l’éponge et renonça à toute ambition nationale et il se désintéressa même de la vie municipale de Paris, ne renouvelant pas une seconde fois son mandat de maire (il est opposé à plus de deux mandats successifs).

Ce qui étonne dans ce cursus suffisamment prestigieux pour avoir été pendant quelques mois imaginé comme un candidat sérieux du PS à l’élection présidentielle de 2012, c’est qu’il n’a jamais été ministre. Pourtant, il aurait pu s’imposer, peut-être pas à l’époque de François Mitterrand mais au moins à l’époque de Lionel Jospin son mentor.

Et pour le coup, nouvellement élu à l’Élysée, François Hollande lui aurait proposé de devenir ministre en 2012 (je penserais à la Justice ?), chose qu’il refusa au grand dam de sa première adjointe Anne Hidalgo qui comptait lui succéder avant d’aborder les élections municipales de mars 2014. Dans un article du quotidien "Le Parisien" du 11 décembre 2017, la journaliste Nathalie Schuck évoquait : « Déjà, durant le quinquennat de François Hollande, des soutiens de l’ancien maire de Paris avaient fait pression pour qu’il obtienne Matignon, le Quai d’Orsay ou la Défense. Sans suite. ».

Ah… nous y voilà ! Anne Hidalgo. Ce qui a étonné dans ce soutien à Emmanuel Macron en 2022, c’est que sa "pouline" est aussi candidate à l’élection présidentielle, et même la candidate en titre du PS et qu’elle s’attendait au moins à avoir un signe positif de sa part. Un peu comme Valérie Pécresse attendant un signe de Nicolas Sarkozy !

C’est sûr que dans le combat présidentiel actuel, voter pour Anne Hidalgo relève d’une foi socialiste d’une force particulièrement exceptionnelle, alors que les sondages sont comme un électroencéphalogramme plat, oscillant entre 1% et 3%, équivalents à ceux de Jean Lassalle (je prends d’ailleurs les paris que ce dernier dépassera la maire de Paris !). Pour que sa voix compte, il vaut mieux choisir parmi les "grands candidats", ceux dont l’ordre d’arrivée a un sens et même un enjeu, un enjeu pour le second tour, et un enjeu pour le paysage politique d’après-2022.

Il faut lire l’excellent article de Marie-Anne Gairaud et Christine Henry publié dans "Le Parisien" du 5 juillet 2018 sur les relations tumultueuses entre Betrand Delanoë et Anne Hidalgo ("Une histoire pas si rose que ça"). Certes, et c’est probablement le plus grand reproche qu’on peut faire à Bertrand Delanoë pour les habitants de Paris et même, pour les Franciliens dont la vie est plus pénible depuis son accession à la tête de la municipalité, Bertrand Delanoë a soutenu sa première adjointe pour lui succéder à Paris. Une faute politique terrible, que les Parisiens payeront encore longtemps vu l’endettement et la mauvaise gestion provoqués par Anne Hidalgo.

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Mais il faut se rappeler les origines politique d’Anne Hidalgo : Bertrand Delanoë a été élu maire de Paris un peu par hasard le 25 mars 2001, grâce à la division de la droite (Jean Tiberi contre Philippe Séguin), et il a compris tout de suite, pour éviter de futures divisions dans sa majorité municipale, qu’il ne fallait pas nommer un premier adjoint poids lourd de la politique parisienne, pour ne pas lui faire de l’ombre. Il a donc choisi Anne Hidalgo, inconnue et sans expérience politique, et lui a donné une attribution bidon ("le bureau des temps" !). Elle n’a donc eu aucune responsabilité vraiment importante durant le premier mandat. Bertrand Delanoë lui a barré toutes les routes de l’émancipation politique : pas question qu’elle fût nommée porte-parole du PS, pas question qu’elle se présentât à Toulouse, pas question qu’elle présidât le comité de défense de la candidature de Paris aux JO de 2012…

Pour son second mandat, Bertrand Delanoë a confié à Anne Hidalgo l’urbanisme, qui est une prérogative cruciale à Paris. Cadeau empoisonné car elle a dû gérer la grogne des habitants et les polémiques sur des projets controversés : le chantier des Halles, la tour Triangle, etc.

Une fois élue maire de Paris le 5 avril 2014 grâce à Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo a été particulièrement ingrate. Elle a tout de suite voulu prendre ses marques en se démarquant de son prédécesseur. Les proches de l’ancien maire ont été malmenés (Daniel Vaillant, Myriam El Khomri, etc.) ainsi que ses projets (l’article du "Parisien" cite l’Institut des Cultures d’Islam qui devait voir le jour dans le 18e arrondissement).

Quand Bertrand Delanoë a annoncé son soutien à Emmanuel Macron, le 8 mars 2017, Anne Hidalgo s’est sentie trahie, alors que certains de ses adjoints socialistes avaient annoncé le même genre de soutien (Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme, Julien Bargeton, adjoint aux finances, Mao Peninou, adjoint à la propreté). Celle qui se fait régulièrement appeler "Tatie Danielle" ou "Cruella" n’a pas compris que François Hollande avait déjà flingué le parti socialiste. D’ailleurs, Bertrand Delanoë ne lui a apporté aucun soutien pour sa réélection en 2020.

Dans un entretien (très rare) à l’hebdomadaire "Le Point" du 14 octobre 2020, répondant aux questions de Marie-Laure Delorme, Bertrand Delanoë a confirmé la justesse de son choix de 2017 en faveur d’Emmanuel Macron : « À la fin de son quinquennat, aura-t-il fait moins que la gauche dans les cinq années précédentes ? ». Et de chanter ses louanges : « Je confirme mes appréciations sur l’homme (…). Il a une envergure politique et intellectuelle. Il connaît et aime l’Histoire. Il est énergique et courageux. Il n’a pas peur de l’adversité. (…) [J’]approuve son engagement européen en convergence avec les convictions des sociaux-démocrates européens. ». L’ancien maire, qui voudrait légiférer sur l’euthanasie (ce serait une grave erreur à mon sens), était d’ailleurs très cruel sur son ancien parti : « Je suis triste de ne pas être au parti socialiste aujourd’hui. Je m’y suis engagé à 22 ans. Quand j’ai pris acte qu’il n‘avait plus cette exigence de vérité au service des citoyens, j’ai décidé de partir car cela me posait un problème intellectuel et moral. ». Désormais porte-drapeau du PS, Anne Hidalgo a dû apprécier !

Étrangement, Bertrand Delanoë est l’anti-ambitieux. Quand il a quitté la mairie de Paris en 2014, François Hollande lui a proposé de devenir le Défenseur des droits après le décès de Dominique Baudis, ce qu’il a refusé, trop jaloux de la liberté retrouvée. En 2017, Emmanuel Macron lui a proposé le grand Ministère des Affaires étrangères, qu’il a refusé car il ne se voyait pas être dirigé par un Premier Ministre "de droite", Édouard Philippe. Pendant tout ce (premier) quinquennat, l’entourage présidentiel a cherché sans trouver quelles missions Bertrand Delanoë pourrait remplir pour la France. À presque 72 ans, l’ancien maire de la capitale pourrait n’aspirer qu’à la retraite et au plaisir de vivre. À  moins que…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mars 2022)
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Pour aller plus loin :
Bertrand Delanoë, le mentor d’Anne Hidalgo, soutient Emmanuel Macron.
Programme 2022 de la candidate Anne Hidalgo.
Élysée 2022 (20) : Anne Hidalgo rime avec fiasco …et rigolo !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Programme 2022 de la candidate Valérie Pécresse.
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?

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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 03:10

« Non seulement il n’avait pas annoncé sa candidature, mais il se refusait à toute déclaration à ce sujet, répétant à chaque fois que le moment "n’était pas venu". Il n’avait aucun rival sérieux dans le parti du Président. » (Michel Houellebecq, 7 janvier 2022, "Anéantir", éd. Flammarion).



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Dans le dernier roman de Michel Houellebecq ("Anéantir", chez Flammarion), qui évoque une élection présidentielle (celle de 2027), il ne parle pas de l’ancien Président de la République mais d’un des héros de l’histoire (et par ailleurs actuel ministre). Après la disparition des deux anciens Présidents de la République Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing dans les trente derniers mois, cette élection présidentielle est particulière : il ne reste plus que deux anciens Présidents "jeunes" (c’est-à-dire "pas très vieux" ; tous les deux ont 67 ans) qui ont du mal à faire leur choix publiquement pour l’élection de leur prochain successeur.

Après avoir vaguement évoqué sa propre candidature, François Hollande, en principe, soutient la candidate du PS Anne Hidalgo, mais du bout des lèvres, sur la pointe des pieds, et on voit bien que s’il ne choisit pas le Président sortant Emmanuel Macron, ce n’est pas pour une question politique mais plus par rancœur personnelle.

La situation de Nicolas Sarkozy est beaucoup plus compliquée. Fondateur et ancien président du parti Les Républicains, président du parti origine, l’UMP, l’ancien Président de la République devrait logiquement soutenir une de ses anciens ministres, restée pendant toute la durée de son quinquennat, à des postes stratégiques (Universités et Recherche, Budget et Comptes publics), Valérie Pécresse.

Et pourtant, à moins de trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy ne lui a toujours pas apporté son soutien. Cette absence de déclaration, à un stade aussi avancé de la campagne présidentielle, vaut déjà toute déclaration, même si c’est par défaut.

Pire, la question se poserait plutôt de savoir s’il va soutenir Emmanuel Macron dès le premier tour ou seulement au second tour. La rumeur enfle depuis des semaines et il est vrai qu’à ma connaissance (je ne suis pas dans le secret des dieux), Nicolas Sarkozy a rencontré récemment plus souvent Emmanuel Macron que Valérie Pécresse qui est venue le voir le 11 février 2022, deux jours avant son (unique ?) "grand meeting" au Zénith de Paris. Tandis qu’il a rencontré encore le Président Macron ce dimanche 20 mars 2022 à Toulouse pour un hommage aux victimes assassinées par Mohamed Merah à l’occasion du dixième anniversaire et également le 25 février 2022 à l’Élysée à propos de la guerre en Ukraine.

C’est clair que s’il ne s’agissait pas de son ancien parti, il opterait dès maintenant pour Emmanuel Macron, mais il aurait l’impression de le trahir, ainsi que trahir ses fidèles (dont un, Brice Hortefeux, avait choisi dès de début de la primaire LR Valérie Pécresse). De nombreux anciens adhérents LR ont pourtant déjà franchi le Rubicon : le maire de Toulon Hubert Falco, le maire de Nice Christian Estrosi, l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, l’ancien ministre Éric Woerth, le président du conseil régional de PACA Renaud Muselier, etc. Ils sont nombreux à avoir récemment quitté LR pour rester à l’aise avec leurs propres convictions et ne pas patauger dans une soupe extrémiste zemmourienne.

Car malheureusement, la campagne de Valérie Pécresse pédale dans la semoule pour une raison assez simple : à vouloir concurrencer Éric Zemmour sur sa droite, elle a perdu tous ceux qui appréciaient son intelligence et sa modération sur sa gauche, bien plus nombreux. Il ne faudra donc pas s’étonner qu’à la fin de la course, elle se retrouve avec un score à un chiffre, comme François-Xavier Bellamy en mai 2019. Tout le monde ne peut pas être François Fillon qui a eu près de 20% des voix, malgré "son affaire", aidé par un projet très travaillé, très construit, préparé collectivement pendant quatre ans.

D’ailleurs, la presse rappelle que Nicolas Sarkozy n’avait soutenu François Fillon que deux semaines avant le premier tour, en 2017, mais la situation était très différente, d’une part, à cause de l’affaire Fillon, d’autre part, parce que son soutien ne faisait pas de doute, ou du moins, le soutien à un autre candidat était absolument exclu à l’époque, et à la primaire LR de 2016, après son échec du premier tour, il avait déjà clairement apporté son soutien pour le second tour à François Fillon.

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Valérie Pécresse aurait dû être la candidate idéale pour Nicolas Sarkozy, combative, modérée mais capable aussi de faire dans le régalien (ce qu’elle a prouvé comme présidente du conseil régional d’Île-de-France dont ce n’est pourtant pas les attributions), mais apparemment, elle n’est pas faite pour être candidate. Elle n’est pas faite pour faire une campagne présidentielle, ni d’un point de vue stratégique (voir plus haut), ni d’un point de vue tactique. Elle n’imprime pas, on ne parle jamais d’elle, qui a entendu parler de ses propositions sur l’éducation à son meeting le 19 mars 2022 à Vannes ? Le pire sans doute, c’est qu’elle veut être ce qu’elle n’est pas et cela se voit, cela s’entend, cela se sent terriblement.

En outre, Valérie Pécresse utilise des arguments mal maîtrisés. Par exemple, si elle veut profiter du fait d’être femme et de proposer une femme à l’Élysée, encore faut-il être la femme la mieux placée pour cela, sinon, elle fait incidemment la campagne de Marine Le Pen sans le vouloir. Mais elle explique aussi son problème, dans l’émission "Au Tableau" qui sera diffusée sur C8 le dimanche 27 mars 2022 à 21 heures 10, où un écolier lui demande pourquoi il n’y a pas encore eu de femme Présidente de la République, et Valérie Pécresse de répondre, en se proclamant audacieusement représentante des femmes politiques : « Parce qu’on n’a pas encore été assez bonnes. Il va falloir qu’on convainque. Il va falloir qu’on soit offensives, qu’on donne envie. ». C’est exactement cela, Valérie Pécresse ne donne pas envie à Nicolas Sarkozy.

Autre erreur de Valérie Pécresse, la victimisation. Après la présentation par Emmanuel Macron de son projet présidentiel, la candidate LR et ses soutiens ont évoqué le soir même, le 17 mars 2022, dans un meeting à Nîmes, la contrefaçon, voire le pillage du candidat Macron en considérant que ce dernier avait repris beaucoup des mesures préconisées par Valérie Pécresse. La réponse d’Emmanuel Macron ne s’est pas faite attendre : il lui a proposé d’entrer dans son prochain gouvernement, puisque peu de différences les séparaient, ce qui, pour la candidate, a renforcé sa difficulté de se distinguer de lui. Elle aurait mieux fait de ne pas insister.

Et puis, sans doute Nicolas Sarkozy est énervé par elle car elle ne l’aurait pas écouté ni beaucoup cité dans ses discours. Pourtant, elle écoute les élucubrations de l’ancien rival Éric Ciotti au point de se substituer à lui pour rédiger son programme présidentiel proche de l’extrême droite. Quelqu’un qui n’est pas capable de résister aux pressions d’Éric Ciotti dans son propre intérêt peut-il négocier avec efficacité dans l’intérêt de la France face à Vladimir Poutine ? C’est probablement ce qui fait hésiter Nicolas Sarkozy.

S’il adoptait une attitude partisane, Nicolas Sarkozy resterait à soutenir la candidate de LR dont les voix seraient précieuses au moment du bilan : le risque pour LR est de devenir le PS de 2017, c’est-à-dire en voie de disparition nationale totale malgré les nombreux mandats locaux. Et l’incapacité à se régénérer derrière un ou une leader incontestable, que pourrait être Valérie Pécresse si elle faisait un score honorable (comme Lionel Jospin en 1995).

Mais en ce moment, on serait plutôt dans la hamonisation : certains sondages depuis deux semaines évoquent même sa relégation à la cinquième place, derrière Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour. Ce que Nicolas Sarkozy ne voudrait pas assumer, en sachant d’ailleurs que son soutien personnel n’aura aucune valeur électorale, il ne déplacera pas beaucoup de voix hésitantes et il n’a pas l’influence qu’on pourrait imaginer, la preuve par la primaire LR de 2016.

Si, au contraire, il ne pensait qu’à l’intérêt national, Nicolas Sarkozy abandonnerait immédiatement Valérie Pécresse pour Emmanuel Macron, car il pourrait considérer que le Président sortant fait bien "le job", a bien géré les crises et qu’il fait ce qu’il devait faire pour la guerre en Ukraine, même si pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de résultats diplomatiques. La guerre en Ukraine, situation exceptionnelle, est d’ailleurs une raison d’expliquer qu’il ne trahit pas son parti pour ne pas trahir son pays.

Le Président du Sénat, Gérard Larcher, à fond derrière la candidature de Valérie Pécresse, admet que « Nicolas Sarkozy est naturellement libre de ses choix », mais cette candidature Pécresse a l’air d’un navire qui tangue, d’un Titanic qui connaît son destin, et si de nombreux élus LR et alliés restent encore dans cette galère, c’est probablement parce qu’ils n’ont pas d’autre choix pour poursuivre leur carrière locale. Mais justement, rien n’oblige Nicolas Sarkozy, et il est trop professionnel de la politique, trop connaisseur de la communication politique, pour accepter de soutenir une candidate qui, peut-être, par ses voix, affaiblira le seul candidat capable de battre les trois candidats extrémistes qui demeurent dans le champ du possible.

En ce sens, dans ces temps troubles où le tragique revient au galop dans l’histoire, Nicolas Sarkozy n’aurait pas beaucoup à hésiter. Il est un homme d’État et sa position devra être celle d’un homme d’État.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mars 2022)
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Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Programme 2022 de la candidate Valérie Pécresse.
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (30) : la Nouvelle Valérie Pécresse ?
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Bygmalion : Éric Zemmour soutient Nicolas Sarkozy.
Giulia : le nationalisme mal placé de Marine Le Pen.
Injustice pour Nicolas Sarkozy ?
Sarko et ses frères...

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 16:20

« Le projet que je souhaite vous présenter  est le fruit d’une cohérence, il se nourrit des crises que nous avons traversées. » (Emmanuel Macron, le 17 mars 2022 à Aubervilliers).




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Le Président de la République Emmanuel Macron, reprenant son rôle de candidat, a tenu une très longue conférence de presse ce jeudi 17 mars 2022 après-midi à Aubervilliers (dont l'ancien maire communiste Pascal Beaudet vient de mourir) pour présenter les grandes lignes de son programme pour les cinq prochaines années. Je reviendrai sur le bilan de son premier quinquennat, mais ce qui compte le plus, et des candidats comme Édouard Balladur et Lionel Jospin s’en sont aperçus à leurs dépens, c’est le projet d’avenir que porte un candidat, certainement pas son bilan, aussi positif soit-il (et il l’est pour Emmanuel Macron).

En préambule, Emmanuel Macron a effectivement rappelé son bilan qu’il a défendu avec force et qui est très flatteur quand on compare aux bilans de ses prédécesseurs : l’emploi a progressé énormément malgré les crises successives, le chômage a diminué à un niveau d’il y a quinze ans, autour de 7% ; jamais le chômage des jeunes n’a été aussi bas depuis quarante ans ; malgré les crises, il a poursuivi la baisse des impôts et taxes de 50 milliards d’euros ; enfin, il a accéléré la baisse des émissions de CO2 de 12%. Ses perspectives futures prennent appui sur ce bilan pour faire mieux, puisque, évidemment, il s’agit de ne pas se contenter de la situation présente, notamment pour le chômage où l’objectif en 2027, c’est d’arriver au plein emploi (c’est-à-dire un chômage à 5%).

La première chose qu’on peut dire, c’est que son projet est costaud, globalisant, solide tant intellectuellement que politiquement, et l’ennui de ce genre d’exercice, c’est d’en dire trop, d’être trop détaillé, si bien qu’il y a plein de mesures importantes qui peuvent être oubliées, passées dans l’indifférence. Mais il y avait aussi une urgence, il ne pouvait pas distiller chaque chapitre de son projet chaque semaine car il ne reste plus que trois semaines avant le premier tour.

Indépendamment de sa position dominante de Président sortant, de favori des sondages d’intentions de vote (ce qui est toujours dangereux car cela peut démobiliser son cœur d’électorat), de Président "en guerre" ou plutôt capable de nous éviter une guerre thermonucléaire car, malgré toutes les ignominies du Kremlin en Ukraine, il garde un contact essentiel (et exclusif) avec Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a présenté un projet qui, à lui seul, pourrait le placer parmi les favoris. C’est sûr qu’en présidant la France depuis cinq ans, il connaît tous les dossiers, tous les sujets chauds, ce qui a loupé (il n’hésite pas à dire qu’il a raté la réforme des retraites et la réforme des institutions) et aussi la manière d’aborder des sujets, avec d’autres méthodes, bref, il a l’expérience précieuse d’un premier mandat et c’était d’ailleurs le principal argument de Jean-Pierre Raffarin et Éric Woerth pour leur ralliement, considérant qu’on ne peut pas tous les cinq ans élire un novice qui risquerait de rater son quinquennat par manque d’expérience.

Mais un projet cohérent et excellent n’est pas suffisant pour gagner, puisqu’en 2017, le candidat qui avait le projet le plus abouti, le plus cohérent, le plus construit, était François Fillon et qu’il n’a finalement pas gagné, éliminé dès le premier tour, et je pense qu’il l’aurait été même sans "son affaire", car il promettait trop de sang et de larmes et aucun rêve. On voit en tout cas tant la marque d’Emmanuel Macron (c’est un projet personnel) et de sa solidité intellectuelle et philosophique.

Car c’est bien de philosophie politique qu’il faut parler : on parle d’un effondrement des idéologies, et c’est heureux car les idéologies en question étaient mortifères, en particulier les deux grandes du XXe siècle, mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas avoir un "cadre" philosophique dans lequel les Français doivent se retrouver (comme : libéralisme, étatisme, etc.). Or, la grande faiblesse intellectuelle d’Emmanuel Macron, c’était d’avoir créé un parti politique ex nihilo, sans tradition politique, sans tradition historique, sans tradition philosophie (du reste comme De Gaulle).

Ainsi, ce 17 mars 2022, Emmanuel Macron a présenté le cadre philosophique de son projet présidentiel : les trois principes qui l’inspirent sont la souveraineté nationale, la foi dans le progrès (social, technologique, scientifique), et l’attachement à l’humanisme. Tout cela couplé avec trois axes : l’indépendance de la France dans une Europe plus forte, la solidarité et le pacte républicain.

Tout son discours était très structuré, très clair même si les nombreux sujets abordés trop vite pouvaient laisser un goût de frustration sinon d’inachevé. Il faut aussi noter une certaine humilité : à de nombreuses reprises, il a évoqué son programme, ce qu’il compte faire en précision la condition, qu’il soit réélu par les Français, ce qui change un peu de certains ministres qui évoquent des mesures après mai 2022 sans faire remarquer qu’il y aura entre-temps un bouleversement politique (même si la majorité gagne, il y aura un nouveau gouvernement, une nouvelle majorité parlementaire).

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Dans les mesures qu’il a proposées (ce n’est pas exhaustif et je conseille de se reporter au document écrit qui sera publié dans quelque temps), j’en expose quelques-unes.

Pour l’indépendance, d’abord, l’indépendance militaire qui montre bien son importance avec la guerre en Ukraine : la hausse du budget de programmation militaire (déjà réalisé en 2017 et renforcé par la remise à jour des besoins actuels), une mobilisation nationale, en particulier la généralisation du service national universel et une augmentation du nombre des réservistes dans l’armée. Mais Emmanuel Macron a décliné l’indépendance également dans le domaine de la production dans le secteur agricole, dans l’industrie (baisse ou suppression des impôts de production), un renforcement de la recherche et développement avec un nouveau plan de 25 milliards d’euros et une plus grande autonomie des universités pour en faire les acteurs majeurs des grands programmes de recherche (il cite de nombreux thèmes comme santé, numérique, quantique, etc.).

Ensuite, toujours dans l’indépendance, l’indépendance énergétique, il propose la renégociation des prix des énergies (qui ne doivent plus être indexés sur celui du gaz). Les conséquences de la guerre vont dans le même sens que la transition écologique avec trois points : le renforcement des énergies renouvelables (dix fois plus de solaire, de l’éolien marin), le redéploiement du parc nucléaire français avec six nouveaux réacteurs à court terme et huit autres à moyen terme (tout en justifiant la fermeture de la centrale de Fessenheim qui n’avait plus été entretenue depuis la décision de l’arrêter prise en 2012), enfin, les mesures pour réduire la consommation d’énergie, avec un renforcement des aides, avec pour objectif la rénovation thermique de 700 000 logements par an, des aides pour l’acquisition d’une automobile électrique, etc. Ce mix énergétique est la meilleure façon de réduire les émissions de carbone qui soit synonyme de la rapidité, l’efficacité et la souveraineté.

Enfin, une indépendance culturelle et informationnelle, il souhaite promouvoir une information indépendante et libre, propre à la France, la production de documentaires français, etc., un point stratégique quand on voit les nombreuses officines de désinformation en pleine guerre en Ukraine.

Sur le plan social, Emmanuel Macron propose de travailler plus, en plusieurs points : le plein emploi, il souhaite transformer Pôle Emploi par France Travail (à préciser, il ne faudrait pas que ce ne soit qu’un changement d’appellation), il souhaite comme prévu la retraite à 65 ans, à condition de prendre en compte aussi les carrières longues et les métiers manuels, il souhaite enfin la réforme du RSA en y mettant une véritable composante d’accompagnement pour le retour à l’emploi, en généralisant le contrat engagement jeune mis en place le 1er mars 2021. Il propose enfin d’assouplir le cumul emploi-retraite en permettant que l’emploi en question donne des droits supplémentaires pour la retraite.

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Dans la grande partie pour la société plus unie, Emmanuel Macron propose de prendre des mesures importantes contre le harcèlement des jeunes ados, et filtrer les écrans pour la jeunesse, il veut renforcer l’inclusivité dans les écoles, à l’image de son premier quinquennat où 400 000 enfants en situation de handicap ont été scolarisés, soit 85 000 de plus en cinq ans, grâce au recrutement d’un tiers de plus des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) et propose des contrats de 35 heures pour les AESH. Pour les femmes, il veut améliorer la santé féminine, renforcer l’aide aux familles monoparentales, etc.

Sur deux grands thèmes qui sont sources d’inégalité, malgré les gros efforts financiers déjà entrepris, Emmanuel Macron suggère des rounds de concertation pour améliorer l’école et la santé, tout en gardant une politique nationale, mais qu’elle puisse être adaptée au local selon les acteurs sur le terrain.

Le candidat Président propose aussi de réaliser la solidarité à la source, comme l’impôt à la source, ce qui est plus rapide et plus efficace pour lutter contre la fraude. Il annonce aussi le triplement (il me semble, à confirmer) de la prime d’activité, la réduction des droits de succession, avec une exonération de 150 000 euros au lieu de 100 000 euros, la suppression de la redevance de l’audiovisuel public (mesure qui était amenée à disparaître avec la taxe d’habitation, ce n’est donc pas nouveau), tout en réaffirmant sa volonté de soutenir l’indépendance de l’audiovisuel public.

Autres mesures de solidarité nationale parmi d’autres : la réforme du compte épargne temps en compte épargne temps universel qui puisse être récupérable d’un employeur à un autre et beaucoup plus souple ; le minimum vieillesse à 1 100 euros ; une réforme réelle pour la dépendance, l’aide aux aidants de personnes dépendantes, mais aussi rester le plus possible à domicile au lieu d’habiter en EHPAD (à mieux contrôler), avec une aide équivalente à la prime de rénovation thermique pour adapter le domicile à la dépendance (ce qui valorise le logement et qui évite de le quitter), ainsi qu’une aide de deux heures par semaine supplémentaire d’accompagnement.

Dans le cadre du pacte républicain, il a rappelé son discours des Mureaux contre le séparatisme, il a évoqué l’immigration et le droit d’asile (il souhaite qu’un refus d’asile soit équivalent à une expulsion), rappelant qu’il a réduit les délais de réponse aux demandeurs d’asile, une politique plus ferme des visas à l’égard des pays qui refusent une coopération avec la France à ce sujet. Il annonce le recrutement de plus de policiers et de juges. Il a réaffirmé la vocation de l’État d’être au service de la nation, il faut multiplier les simplifications, réduire les délais, etc. Il reprend la réforme de Nicolas Sarkozy qui avait créé les conseillers territoriaux en remplacement des conseilleurs départementaux (généraux) et régionaux (réforme remise en cause par son successeur).

Enfin, la dernière proposition, et cela ne semble pas le passionner et je pense qu’il a raison de ne pas y accorder une importance démente car il y a bien d’autres enjeux plus urgents et cruciaux et on ne sait jamais ce que signifie un changement de règles institutionnelles (on l’a vu pour le quinquennat), instruit par l’échec de sa réforme de 2018, Emmanuel Macron propose la mise en place d’une commission transpartisane pour rénover les institutions en gardant trois points à l’esprit : garder un exécutif fort sinon, il serait impossible de gouverner en période de crise, mais avoir aussi un Parlement fort avec plus de capacité de contrôle du gouvernement, et enfin, avoir une meilleure représentativité (ce point institutionnel a été présenté de manière suffisamment flou pour satisfaire les partisans et les opposants à des réformes de fond).

Pour conclure, ceux qui considèrent qu’il n’y a pas eu encore campagne ni débat pourront se rassurer : avec ce pavé très dense dans la mare électorale, Emmanuel Macron permet à tous ses concurrents de réagir et d’interargir, tant sur ses propositions que sur son bilan, quitte à en agacer certains qui promettaient déjà certaines de ces mesures. Cette conférence de presse aura sans doute l’effet de faire rebondir le débat public et de susciter diverses réactions voire polémique. Mais c’est ça, une campagne !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Présentation du projet présidentiel d’Emmanuel Macron le 17 mars 2022 à Aubervilliers (vidéo).
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Lettre du candidat Emmanuel Macron à tous les Français le 3 mars 2022 (texte intégral).
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220317-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-35-le-projet-240220

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/17/39392130.html









 

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 14:03

(vidéo)



Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220317-macron.html


Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse le 17 mars 2022 à Aubervilliers pour présenter son projet présidentiel à l'occasion de la campagne de l'élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022.




L'intégralité de son projet présidentiel peut être téléchargé à ce lien :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220317-projet-macron.html

SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220317-conference-maccron-aubervilliers.html


 

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 12:25

Présenté au cours de la conférence de presse du 17 mars 2022, le projet du candidat Emmanuel Macron à l'élection présidentielle de 2022 a été publié sur son site Internet.

Cliquer sur le lien pour télécharger le projet d'Emmanuel Macron (fichier .pdf) :
https://avecvous.fr/wp-content/uploads/2022/03/Emmanuel-Macron-Avec-Vous-24-pages.pdf

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220317-macron.html

La vidéo intégrale de la conférence de presse d'Emmanuel Macron du 17 mars 2022 :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220317-conference-maccron-aubervilliers.html

SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220317-projet-macron.html


 

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10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 03:49

« Il me semble qu’[Emmanuel Macron] a su faire face aux crises. Avec la crise que nous sommes en train de connaître, son expérience, sa hauteur de vue, ses capacités d’homme d’État le qualifient pour poursuivre ce travail. Face à cela, malgré les qualités des uns et des autres, je ne vois pas d’alternative qui permettrait de relever ces défis, à gauche ou à droite. » (Manuel Valls, le 7 mars 2022 sur RMC).




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La réponse à la question du titre peut sembler rapide, courte et facile : cela va être très très difficile pour lui. Son objectif : probablement le Quai d’Orsay. Parti vers une aventure électorale à Barcelone (qui, semble-t-il, n’était pas qu’une aventure politique), en abandonnant son mandat de député français (élu en juin 2017) et en quittant la vie politique française avec une certaine facilité, Manuel Valls est de nouveau présent à Paris depuis quelques mois.

Son objectif d’être élu maire de Barcelone en mai 2019 n’a pas été atteint, et de loin (sa liste est arrivée en quatrième place), ce qui n’est pas une honte, c’était très audacieux de vouloir poursuivre sa vie politique dans un autre pays, quasiment sans précédent sauf à l’époque de la décolonisation (par exemple, Félix Houphouët-Boigny), mais cela peut être mal perçu par les "opinions publiques" des deux pays en question. Il a officiellement démissionné de son mandat municipal catalan le 31 août 2021 après deux ans de vie politique espagnole. Il avait déjà annoncé qu’il ne se représenterait pas aux municipales de Barcelone en 2023 et en juin 2021, il avait même apporté aux élections régionales françaises son soutien à …Valérie Pécresse !

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En septembre 2021, Manuel Valls a donc fait une rentrée politique plutôt remarquée, multipliant ses apparitions dans les médias pour vendre son petit livre qui combat les extrémismes, en particulier pour répondre à la montée dans les sondages du polémiste devenu candidat Éric Zemmour ("Zemmour l’antirépublicain").

Et lorsque Valérie Pécresse a été désignée comme candidate LR en décembre 2021, il s’est montré particulièrement précis : il veut retourner au gouvernement. Ses appels du pied étaient d’ailleurs tellement clairs, tellement gros comme des sabots, qu’ils en étaient devenus pitoyables, des sortes de supplique pour redevenir ministre, dans tous les cas, au point de faire la une du Gorafi dès le 13 décembre 2021 titrant : « Manuel Valls annonce son ralliement au futur Président de la République », précisant : « Manuel Valls a annoncé ce matin au micro de France Inter son ralliement "à celui ou celle qui sera élu(e) au mois d’avril prochain". ». Le journal parodique l’a ainsi cité : « J’ai regardé attentivement le programme de chaque candidat et cela s’est imposé comme une évidence : c’est avec le futur Président de la République que j’ai le plus d’affinités, c’est pourquoi je vous annonce aujourd’hui mon ralliement à celui ou celle qui sera élu(e) au mois d’avril prochain. (…) Autant de points communs, ça ne peut pas être uniquement le fruit du hasard, je partage au mot près sa vision du pays. Comme cela a toujours été le cas tout au long de ma carrière, ce n’est que par pure conviction que je m’engage. ».

Évidemment, c’est une plaisanterie d’un journal qui ne publie rien que des plaisanteries (je précise car je sais que la crédulité se répand vite sur le web), mais l’ancien Premier Ministre a cependant exprimé des paroles pas si éloignées (et là, ce n’est plus une parodie).

Par exemple, le 21 janvier 2022 sur TV5, Manuel Valls a déclaré : « Mais moi, je peux travailler avec Emmanuel Macron ou Valérie Pécresse… (…) Je pense que l’expérience (…) d’un ancien Premier Ministre, d’un responsable politique, peut être utile. Mais peu importe la place. Elle peut être utile car moi, je suis convaincu que ce que je propose est le seul chemin possible pour cette renaissance et pour cette union, cette union sacrée, cette union nationale, ce compromis historique que j’appelle de mes vœux pour résoudre des problèmes qui ne sont pas traités ou mal traités depuis des années. ». En oubliant au passage qu’il fut le membre le plus influent du gouvernement pendant plus de quatre ans et demi (2012 à 2016).





Je compatis à sa recherche d’emploi, assurément, mais il ne se rend pas compte que c’est tellement gros qu’il en devient la risée du web et des réseaux sociaux. Pourtant, ancien Ministre de l’Intérieur de 2012 à 2014 et ancien Premier Ministre de 2014 à 2016, Manuel Valls a bien sûr beaucoup de choses encore à apporter aux Français, son expérience, son énergie, son dynamisme.

Mais je considère qu’il a tort lorsqu’il dit porter le "compromis historique". Il propose en 2022 ce que le candidat Emmanuel Macron avait proposé aux Français dès 2016. Il a deux trains de retard. C’est même pire : Manuel Valls aurait eu l’occasion de créer ce "compromis historique" dès sa nomination à Matignon en avril 2014. Il aurait eu l’occasion de s’affranchir d’un PS rongé par les frondeurs et les archaïsmes et de proposer aux formations de centre droit de participer à son gouvernement. En particulier, il aurait pu proposer à François Bayrou une alliance, lui qui avait annoncé voter François Hollande en 2012 et reconnaître dès 2011 qu’il était Valls-compatible.

Au lieu de cela, Manuel Valls a stupidement choisi la voie du sectarisme socialiste et la voie des autres éléphants du PS, croyant trouver dans la conquête du PS, un conquête du reste impossible car il y a toujours été ultraminoritaire, la clef de son ambition présidentielle. Il a beau jeu aujourd’hui de proposer le "compromis historique" alors que pendant des années, il était le premier à s’y opposer.

Alors, toujours dans une audace croissante, prenant acte du décrochage de Valérie Pécresse, Manuel Valls a courageusement annoncé le 2 mars 2022 sur Twitter son soutien au Président sortant : « Comme beaucoup de républicains de tous bords, je voterai pour Emmanuel Macron dès le 10 avril [2022]. ». Il a justifié son choix ainsi : « Jamais la France n’aura eu à affronter d’aussi grands défis mettant en cause, à l’intérieur, son indivisibilité, et, à l’extérieur, sa place singulière dans l’Europe et dans le monde. Face aux risques à l’horizon, faisons bloc derrière le seul choix possible. ».

Malgré le « respect » et « l’estime » qu’il a pour « Anne Hidalgo et Valérie Pécresse », Manuel Valls a également fustigé les deux grands partis de gouvernement LR et PS : « Enfermées dans une opposition systématique, avides de revanche, gauche et droite déboussolées par le dégagisme et l’implosion du système en 2017, n’ont pas su se renouveler. ».

Ainsi, il entend former un « pôle républicain puissant » au sein de la nouvelle majorité présidentielle, qui « devra émerger dans ce qui devra être une véritable recomposition afin de stabiliser notre système politique ». Ce qui ne manque pas de sel car c’est exactement ce que proposait Jean-Pierre Chevènement le 27 février 2022 : « C’est, pour moi, l’enjeu essentiel : permettre une recomposition de la vie politique française autour d’un pôle de refondation républicaine au sein même de la future majorité. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Manuel Valls peut-il revenir dans la vie politique française en 2022 ?
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Hommage des députés français à Manuel Valls (retranscription intégrale de la séance).
Enterrement républicain de première classe pour Manuel Valls.
Manuel Valls va-t-il manquer au paysage politique français ?
Manuel Valls s’en va à Barcelone.
Manuel Valls : les cinq raisons d’un échec.
Le vaccin anti-Macrobe.
Second tour de la primaire socialiste du 29 janvier 2017.
Quatrième débat de la primaire socialiste du 25 janvier 2017.
Premier tour de la primaire socialiste du 22 janvier 2017.
Troisième débat de la primaire socialiste du 19 janvier 2017.
Deuxième débat de la primaire socialiste du 15 janvier 2017.
Premier débat de la primaire socialiste du 12 janvier 2017.
La primaire socialiste de janvier 2017.
Programme de Manuel Valls (à télécharger).
Manuel Valls candidat à la primaire PS de janvier 2017.
La ville d’Évry.
Discours de Manuel Valls le 13 janvier 2015 au Palais-Bourbon (texte intégral).
Discours de Manuel Valls le 9 janvier 2016 au CRIF (texte intégral).
Manuel Valls et l’esprit républicain.
Manuel Valls vs François Fillon (24 septembre 2015).
La ville de Manuel Valls.
La confiance Valls, volet 2 (16 septembre 2014).
La confiance Valls, volet 1 (8 avril 2014).
Les relations entre l’Élysée et Matignon.
Nomination de Manuel Valls à Matignon (31 mars 2014).
Valls sera-t-il Premier Ministre ? (15 mars 2014).
Manuel Valls et son ambition présidentielle.
Manuel Valls à la primaire socialiste de 2011.
Manuel Valls et les institutions de la République.
Valls-Bayrou, même combat ?
Et la Corse dans tout cela ?
Et les gens du voyage ?

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9 mars 2022 3 09 /03 /mars /2022 03:50

« Il y a incontestablement dans l’attitude russe une part d’auto-intoxication, un sentiment nationaliste obsidional, un sentiment d’être toujours assiégés, menacés, qui peut les conduire à des interprétations fausses. Je pense que c’est ce qui vient d’arriver. C’est une erreur colossale d’interprétation de la réalité qui part d’une anticipation noire de ce que peut être l’évolution des relations internationales et en même temps d’un mépris caricatural de l’Occident, celui-ci se retrouvant assimilé à des groupes de soutien aux LGBT, etc. » (Jean-Pierre Chevènement, le 1er mars 2022 sur France 5).




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De nombreux ralliements au Président de la République Emmanuel Macron ont lieu actuellement avec le début de la campagne officielle, qui viennent de droite comme de gauche. Un de ces ralliements mérite d’être étudié plus en détail : en effet, l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement, qui fête son 83e anniversaire ce mercredi 9 mars 2022, a rejoint la majorité présidentielle à l’occasion d’un entretien avec David Renault d’Allonnes publié dans le "Journal du dimanche" du 27 février 2022 : « J’apporte un soutien républicain à Emmanuel Macron. ».

Son ancien parti (MRC) avait, lui, pris position pour Arnaud Montebourg, qui aurait voulu capter l’héritage chevènementiste, mais la candidature de celui-ci n’a jamais décollé et son abandon le 19 janvier 2022 dans l’indifférence générale s’est accompagné d’une neutralité d’origine narcissique : pas question de rejoindre un autre candidat. Cependant, je ne pense pas que Jean-Pierre Chevènement soit aujourd’hui très lié par les positions du MRC, car il a quitté toute responsabilité partisane depuis longtemps.

Beaucoup pourraient être étonnés que celui qui fut le leader du souverainisme à la française soutienne le Président le plus volontariste en matière de construction européenne. Moi, je ne le suis pas, d’une part, parce que souverainisme et construction européenne ne sont pas antagonistes, au contraire, ils sont complémentaires et se renforcent l’un avec l’autre, d’autre part, parce qu’il y a une réelle fascination de Jean-Pierre Chevènement pour Emmanuel Macron.

Tout d’abord, on évitera les procès d’allégeance de l’ancien ministre de l’intérieur : Jean-Pierre Chevènement est l’un des hommes d’État les plus sérieux et les plus indépendants que la République ait connus, éléphant au PS, et ayant pris son indépendance en privilégiant ses convictions à sa carrière ministérielle. Il a démissionné trois fois du gouvernement, ce qui fait beaucoup (et qui est souvent très risqué pour une personnalité politique car rien ne dit qu’un jour, il reviendra au pouvoir). La guerre au Koweït, le peuple corse, etc. étaient des raisons suffisantes pour que cette personnalité majeure de la vie politique claquât la porte de François Mitterrand puis de Lionel Jospin. Depuis une quinzaine d’années, il continue son activité principalement intellectuelle au moyen de colloques à Paris sur différents sujets avec des intervenants d’origine politique très diversifiée.

Ensuite, il a une réelle admiration pour Emmanuel Macron, presque une affection personnelle. Lors du colloque du 11 décembre 2017 à la Maison de la Chimie, Jean-Pierre Chevènement exprimait son attente pour ce Président de la République nouveau, dynamique, volontaire, qui cassait le train-train habituel des baratins ordinaires. Il voyait déjà en lui, notamment avec le discours de la Sorbonne, un réel défenseur des intérêts français dans l’Europe et dans le monde.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les deux hommes sont des énarques, se sont côtoyés à diverses occasions, et que le premier acte politique d’Emmanuel Macron, ce fut de soutenir la candidature de Jean-Pierre Chevènement à l’élection présidentielle de 2002. Il a donc été à bonne école.

Emmanuel Macron, d’ailleurs, n’a cessé, depuis 2016, de parler de souveraineté française, comme il a repris aussi à son compte d’autres symboles de la République, comme Jeanne d’Arc (c’était son premier déplacement en 2016 après la fondation de son parti), souvent préemptés par l’extrême droite. Pour Emmanuel Macron, la souveraineté française doit s’exercer dans le cadre d’une Europe puissance, par la souveraineté européenne, et celle-ci est autant économique que politique. Il ne s’agit pas de "délégation de souveraineté" mais bien d’un exercice de la souveraine nationale dans le cadre européen.

Du reste, l’Europe est ce qui l’a fait hésiter à soutenir Emmanuel Macron : « La perspective d’une Europe fédérale inscrite dans la plateforme de la coalition allemande après l’accord entre SPD, Verts et FDP. Car si nous devions accepter un vote non plus à l’unanimité mais à la majorité qualifiée, au sein du Conseil Européen, sur les questions de politique étrangère et de sécurité commune, c’en serait fini du statut de la France comme membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. C’est inenvisageable. Mon soutien n’est donc pas un blanc-seing : je n’abandonne pas mes convictions. Cela, le Président Macron le comprend. ».

En revanche, sur les autres sujets, il est tout à fait en accord avec Emmanuel Macron, en particulier sur la réindustrialisation (il a été ministre de l’industrie) : « Depuis 2017, et ce pour la première fois depuis des décennies, de nouveaux sites industriels s’ouvrent et de nouveaux emplois industriels se créent. Les investissements étrangers en France, notamment américains, sont plus nombreux. ». Même s’il n’oublie pas le déficit commercial, « mais l’hémorragie a pris fin ». C’est sans doute la meilleure expression du souverainisme nationale : « Dès le 13 avril 2020, Emmanuel Macron a fixé le cap : la reconquête de l’indépendance industrielle et technologique de la France. ». Il approuve avec force le plan France 2030.

Il applaudit la gestion de la crise du covid, tant sur l’aspect sanitaire (avec la vaccination massive) que sur l’aspect économique avec le "quoi qu’il en coûte" assumé qui a permis la chute du chômage (taux record à 7%) et le maintien de pans entiers de l’économie qui se seraient écroulés sans cela.

Jean-Pierre Chevènement invite ainsi les électeurs de gauche à ne pas choisir ni Jean-Luc Mélenchon qui a « un problème avec la République » ni les autres candidats de gauche qui sont tombés « dans le sillage du social-libéralisme » : « Quel choix peut donc faire un électeur de gauche entre ces reliques ? Beaucoup préféreront, je crois, cet alliage entre la tradition du progrès social et la culture de l’État, auquel tend Emmanuel Macron. ».

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L’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine a cependant mis en lumière que de nombreuses personnalités politiques avaient noué un lien de profond respect sinon d’amitié avec le Président de la Fédération de Russie, et c’est le cas de Jean-Pierre Chevènement, un peu gêné de ses prises de position anciennes avec l’actualité immédiate. Il s’en est plus longuement expliqué dans l’émission "C à vous" le 1er mars 2022 sur France 5.

Sa première réaction est d’abord la condamnation sans ambiguïté : « Il y a un fait massif : c’est l’invasion russe de l’Ukraine, violation caractérisée du droit international et de l’intégrité territoriale de ce pays. Le réflexe ne peut être que de la condamner avec la plus grande force, en prenant toutes les mesures appropriées. C’est ce qu’on appelle les sanctions. Ces sanctions sont contenues dans l’agression car l’agression entraîne une riposte qui est tout à fait légitime. ».

Mais le danger d’une guerre nucléaire est réelle, ce qui justifie et nourrit la volonté d’Emmanuel Macron de maintenir le contact : « La fermeté n’exclut pas, comme le Président de la République le montre, la recherche d’un dialogue ou, en tout cas, d’une voie diplomatique. Celle-ci doit permettre de trouver une issue à ce conflit qui ne peut être, bien entendu, que le cessez-le-feu d’abord et ensuite le retrait des troupes russes, avec peut-être des arrangements sur les questions qui préoccupent légitimement les Russes, à commencer par leur sécurité. ».

Revenant sur l’invasion russe de l’Ukraine dans une tribune intitulée "Comment éviter une Troisième Guerre mondiale ?" publiée le 8 mars 2022 dans l’hebdomadaire "Marianne", Jean-Pierre Chevènement a rejeté le prétexte de dénazification : « Lors de la Seconde Guerre mondiale, (…) l’immense majorité des Ukrainiens a combattu au sein de l’Armée rouge. Il est ridicule aujourd’hui de faire comme si quelques groupuscules néonazis, certes violents et influents, reflétaient une tendance significative de l’opinion publique ukrainienne. (…) D’un point de vue stratégique et politique, la décision d’envahir l’Ukraine prise par le Président Poutine est sidérante d’absurdité. Même si l’armée russe a l’avantage sur le plan militaire, ce qui s’annonce pour elle est une longue période d’enlisement. (…) Ne confondons pas un gouvernement russe qui passe et le peuple russe, dont l’apport à la littérature, à la civilisation et à l’histoire de l’humanité est majeur. ». Une distinction que le Président Emmanuel Macron avait aussi faite dans son allocution télévisée du 2 mars 2022 : « Nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie. Nous savons tout ce qui nous lie à ce grand peuple européen qu’est le peuple russe, qui a tant sacrifié durant la Seconde Guerre mondiale pour sauver l’Europe de l’abîme. ».

L’ancien ministre fait remonter la mésentente entre la Russie et le reste de l’Europe à l’an 1054 avec le grand schisme entre christianisme de Rome et christianisme de Byzance. Il est vrai que le primat (orthodoxe) de Moscou se montre plus un nationaliste va-t-en-guerre qu’un religieux prônant la paix et la concorde (avec les uniates ukrainiens).

Sur ses relations personnelles avec Vladimir Poutine (il a discuté quatre heures avec lui en 2014, par exemple), Jean-Pierre Chevènement se sauve comme il peut, comme les autres, en disant sur France 5 le 1er mars 2022 que le Poutine d’hier n’était pas le Poutine d’aujourd’hui, ce qui, à mon avis, est un manque d’anticipation. Pour faire avancer les accords de Minsk, il a rappelé qu’Emmanuel Macron l’avait envoyé en Russie et en Ukraine : « J’assume les efforts faits et je revendique d’avoir essayé d’empêcher cette situation qui est infiniment malheureuse pour les Ukrainiens, pour les Russes et pour nous-mêmes, Européens. Nous n’avons pas encore fini d’en payer le prix. ».

Il soutient donc à fond les initiatives d’Emmanuel Macron sur l’Ukraine : « Je pense que ce que fait le Président de la République est très adéquat à la situation. Il fait preuve d’une grande fermeté de langage, met en place des sanctions économiques et financières ciblées et très fortes et défend, par ailleurs, une voie ouverte au dialogue. Il échange par exemple par téléphone avec le Président Poutine presque tous les jours. Il y a quand même un canal de communication qui demeure. ».

Souhaitant établir un climat d’unité nationale en France pour cette période très difficile, Jean-Pierre Chevènement appuie la démarche du gouvernement : « J’observe avec satisfaction que le Premier ministre a réuni à Matignon l’ensemble des candidats et que cela s’est plutôt bien passé. Un échange d’informations sur différents sujets a pu avoir lieu : les réfugiés, leur accueil, etc. C’est comme cela qu’il faut procéder et j’approuve le président de la République d’avoir choisi cette voie raisonnable. (…) L’accueil des réfugiés ukrainiens n’est pas une épreuve mais un devoir. ».

Et je termine l’explication politique de Jean-Pierre Chevènement par cette reformulation pour France 5 : « Je voudrais dire pourquoi je soutiens Emmanuel Macron. Je pense qu’il a l’étoffe d’un Président capable de construire la France dans une période aussi troublée. N’oublions pas qu’il est responsable de la dissuasion nucléaire : 300 têtes nucléaires pour la France (…),.elles ne sont d’ailleurs pas faites pour être utilisées mais pour inspirer la crainte afin que l’adversaire recule. Emmanuel Macron est à mon sens parfaitement capable de gérer cette crise qui implique beaucoup de fermeté, d’intelligence et de finesse. Il faut se montrer souple et compréhensif pour se mettre dans la tête de l’autre, deviner comment il raisonne. C’est un travail éminemment difficile. ».

Dans "Marianne" également, Jean-Pierre Chevènement conclut sur le grand savoir-faire d’Emmanuel Macron : « Depuis le début de l’agression russe, Emmanuel Macron défend une position combinant fermeté et souci de maintenir la porte ouverte au dialogue et à la diplomatie. Cette approche est celle d’un homme d’État. Elle est à la hauteur d’une telle crise, dont la gestion demande intelligence et souplesse. Les troupes russes doivent quitter l’Ukraine. (…) Nous ne devons pas nous laisser entraîner vers une troisième guerre mondiale par des initiatives jusqu’au-boutistes. ».

Un sondage réalisé par Elabe sur un échantillon de1 580 personnes les 7 et 8 mars 2022 donne des résultats étonnants : non seulement les tendances se confirment, forte montée d’Emmanuel Macron à 33,5% et décrochage de Valérie Pécresse à 10,5% en cinquième position, mais Jean-Luc Mélenchon, bénéficiant aussi du décrochage du polémiste Éric Zemmour, se retrouve en troisième position à 13% derrière Marine Le Pen à 15%. Quant à la candidate socialiste, Anne Hidalgo stagne à 1,5% d’intentions de vote, comme une vulgaire candidate trotskiste, un microscore également obtenu par d’autres instituts.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Pourquoi le souverainiste Jean-Pierre Chevènement soutient-il Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Jean-Pierre Chevènement, macronien ?
Daniel Cohn-Bendit, sur les traces de Jean-Pierre Chevènement.
Le Che, vainement ?
Les ambitions sénatoriales de Jean-Pierre Chevènement.
Hollande coincé entre Chevènement et Eva Joly.
Chevènement répond aux attaques parisiennes.
Chevènement battu à Belfort.

_yartiChevenementD03




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220309-chevenement.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/pourquoi-le-souverainiste-jean-239764

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/01/39367462.html







 

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