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8 mars 2022 2 08 /03 /mars /2022 03:51

« Nous étions douze à table. Du jour au lendemain, un plat de champignons me laissa seul au monde. » (Sacha Guitry).




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Ce lundi 7 mars 2022, le Conseil Constitutionnel a publié les parrainages des 13 427 élus qu’il a définitivement validés. Cela a abouti à la proclamation officielle de douze candidats à l’élection présidentielle du 10 avril 2022, ce qui est déjà beaucoup. La seule incertitude provenait de Philippe Poutou qui a réussi, en un jour, à obtenir 157 parrainages supplémentaires.

Valérie Pécresse (2 636 parrainages) 54 ans
Candidate soutenue par Les Républicains, l’UDI et Les Centristes, elle a été ministre de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 (Universités puis Budget) et est présidente du conseil régional d’Île-de-France depuis 2015.

Emmanuel Macron (2 098 parrainages) 44 ans : 24,0% en 2017
Président de la République sortant, il sollicite le renouvellement de son mandat en pleine bourrasque diplomatique avec l’invasion russe en Ukraine. Il est soutenu par de nombreuses personnalités de gauche et de droite, ainsi que par le LREM, le MoDem, le Parti radical, Horizons, Agir, et quelques autres mouvements de la majorité.

Anne Hidalgo (1 440 parrainages) 62 ans
Candidate soutenue par le parti socialiste, elle est maire de Paris depuis 2014, après avoir été première adjointe de Bertrand Delanoë.

Jean-Luc Mélenchon (906 parrainages) 70 ans : 19,6% en 2017
Candidat soutenu par FI, il a été sous-ministre de Lionel Jospin puis candidat aux élections présidentielles de 2012 et 2017.

Éric Zemmour (741parrainages) 63 ans
Polémiste à succès éditorial, il s’est engagé dans la vie politique seulement en août 2021 et a créé le parti Reconquête en décembre 2021. Comme Emmanuel Macron en 2016 avec En Marche, il a créé ex nihilo un véritable courant politique basé sur sa personne et ses idées.

Yannick Jadot (712 parrainages) 54 ans
Candidat de EELV, il représente la branche réaliste des écologistes face à la branche idéaliste dont la meilleure représentante était son adversaire à la primaire Sandrine Rousseau.

Jean Lassalle (642 parrainages) 66 ans : 1,2% en 2017
Ancien membre du MoDem jusqu’en 2016, il est une sorte d’extraterrestre de la vie politique, représentant du terroir à la voix rocailleuse, fondateur du parti Résistons et déjà candidat à l’élection présidentielle de 2017.

Fabien Roussel (626 parrainages) 52 ans
Candidat du parti communiste français dont il est le secrétaire national depuis 2018, il porte à l’élection présidentielle les couleurs du PCF pour la première fois depuis quinze ans.

Marine Le Pen (622 parrainages dont celui de François Bayrou) 53 ans : 21,3% en 2017
Candidat du Rassemblement national (ex-FN) dont elle est la présidente de 2011 à 2021, elle était déjà candidate en 2012 et en 2017.

Nicolas Dupont-Aignan (600 parrainages) 61 ans : 4,7% en 2017
Candidat de Debout la France qu’il préside depuis 2008, il était déjà candidat aux deux précédentes échéances.

Philippe Poutou (596 parrainages) 55 ans : 1,1% en 2017
Candidat de NPA, il a été choisi par son parti en raison de sa notoriété après ses candidatures aux deux précédentes élections.

Nathalie Arthaud (576 parrainages) 52 ans : 0,6% en 2017
Candidate de Lutte ouvrière dont elle est la porte-parole depuis 2008, elle aussi s’est déjà portée candidate aux deux précédentes élections.

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Maintenons, parlons des recalés des parrainages

Les candidats potentiels avaient cinq ans pour chercher des élus qui pourraient les parrainer. Concrètement, c’est surtout à partir de mars ou juin 2020 qu’ils ont pu aller démarcher les maires nouvellement élus ou réélus qui seraient en exercice en 2022.

En tout, 65 personnalités ont bénéficié d’au moins un parrainage d’un élu, parfois pour d’autres raisons que politique ou électorale. Parmi les 53 personnalités "recalées", il y a trois anciens candidats à l’élection présidentielle (quatre en fait), François Asselineau, candidat en 2017, président de l’UPR, qui n’a obtenu que 293 parrainages, Christiane Taubira, candidate en 2002, issue de la primaire populaire (mouvement qui a finalement apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon), avec seulement 274 parrainages et Antoine Waechter, candidat en 1988, président du mouvement écologiste indépendant qui n’a eu que 7 parrainages (lui-même n’a pas dû se présenter formellement cette année).

Un troisième candidat trotskiste Anasse Kazib a été aussi empêché de se présenter avec 160 parrainages, ainsi que la coprésidente fondatrice du parti animaliste Hélène Thouy avec 139 parrainages, tête de liste aux élections européennes de 2019 ayant recueilli plus de 2% des voix. Enfin, pour les candidats politiques "sérieux", le libéral Gaspard Koenig, avec seulement 107 parrainages et Florian Philippot avec seulement 1 parrainage ! (alors qu’en 2017, il avait quitté le FN avec plusieurs députés européens et conseillers régionaux dont aucun n’a été réélu).

On peut aussi signaler la présence à chaque scrutin d’un candidat "farfelu" qui recherche surtout la notoriété médiatique par un marketing très maladroit et peu attrayant (les parisiens peuvent remarquer des affiches de ce candidat depuis une vingtaine d’années), Nicolas Miguet, ex-giscardien qui a mal tourné ! (d’un supposé mais inexistant parti du contribuable) et qui aujourd’hui n’a que 40 parrainages. À une époque bien moins transparente, il s’était pointé devant le Conseil Constitutionnel le dernier jour de dépôt des signatures en affirmant avoir obtenu les 500 signatures, ce qui lui a permis de bénéficier d’un article dans "Le Monde" tandis que le lendemain, on apprenait qu’il n’avait que de 2 parrainages !

Parmi les personnes qui ont bénéficié de parrainages, on peut aussi évoquer des personnalités politiques non candidates mais parrainées quand même, notamment : Michel Barnier (2), ancien ministre ; Jean-Louis Borloo (1), ancien ministre ; Édouard Philippe (1), ancien Premier Ministre ; Bernard Cazeneuve (1), ancien Premier Ministre ; Arnaud Montebourg (1), ancien ministre ; Carole Delga (1), présidente du conseil régional d’Occitanie ; Raphaël Glucksmann (1), député européen app. PS ; Emmanuelle Ménard (1), députée app. RN ; François Ruffin (1), député FI ; …et même François Hollande (1), ancien Président de la République !

Terminons avec le spationaute Thomas Pesquet, qui a reçu un parrainage (sans doute un maire distrait, toujours dans les étoiles), et l’humoriste belge Guillaume Meurice qui, au fil de ses chroniques sur France Inter (il était en vacances la dernière semaine), a pu atteindre la cote de 6 parrainages ! À l’origine, son spectacle "Meurice 2022" où il joue le rôle d’un candidat et à Cherbourg, il a demandé à la salle : « S’il y a des élus dans la salle, je recherche un parrainage ! ». Si bien qu’un maire présent dans la salle est allé le voir et s’est laissé convaincre de le parrainer. C’était sa première signature. Cinq autres l’ont suivi.

Et la petite cerise sur le gâteau : Philippe Célestin Maréchal a également reçu un parrainage. Maire lui-même (de Balagny-sur-Thérain dans l’Oise), il s’est parrainé lui-même pour en finir avec les sollicitations de toutes sortes des chasseurs de signatures : « C’est quelque chose qui a été fait pour nos délester d’une très grosse charge de travail car les secrétaires de mairie étaient submergées par les appels e les demandes de parrainages. » (CNews). Inutile de dire que si cela fait du travail en plus, la plupart des maires voient dans ce phénomène une source de flatterie et un moyen de "valoriser" leur mandat. Ce seront eux qui devront, dans quelques semaines, organiser les opérations électorales et vérifier que tout se déroulera correctement : la démocratie ne vit pas sans serviteurs au plus près des citoyens.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Sondage Ipsos publié le 5 mars 2022 à télécharger.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (arrêtée au 7 mars 2022).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220307-liste-candidats.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-34-la-liste-officielle-239949

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/07/39375911.html










 

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7 mars 2022 1 07 /03 /mars /2022 16:07

Du jeudi 27 janvier 2022 à 08h00 au vendredi 4 mars 2022 à 18h00, les 42 000 élus locaux peuvent envoyer, au Conseil Constitutionnel, un parrainage de présentation en faveur d'un candidat. Régulièrement (deux fois par jour), le site du Conseil Constitutionnel remettra à jour la situation de chaque candidat.

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220109-presidentielle-parrainages.html

 

 

 





Le tableau ci-dessus énumère, par candidat, le nombre de parrainages jugés valables (au total, et par date de publication), à la suite d'une décision du Conseil constitutionnel.

ATTENTION : l'ensemble des chiffres affichés pour un candidat ne préjuge pas de la validité de sa candidature. Seule la décision finale du Conseil constitutionnel fait foi.

En effet, une candidature n'est retenue à la fin de la période de recueil des parrainages que si elle respecte plusieurs conditions cumulatives :

1. La candidature dispose au moins de 500 parrainages conformes et validés ;
2. Ces parrainages sont signés par des élus représentant au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer et moins d'un dixième des parrainages proviennent d'élus d'un même département ou d'une même collectivité d'outre-mer.

Les parrainages comptabilisés dans le tableau ci-dessus sont ceux dont la conformité a été vérifiée. Le décalage provisoire qui peut être observé entre les parrainages parvenus au Conseil constitutionnel et ceux publiés sur le site internet s’explique par les délais nécessaires à l’instruction et à la vérification de leur conformité. Tous les parrainages enregistrés au Conseil constitutionnel sont traités en continu, dans les meilleurs délais.




Point de presse de M. Laurent Fabius, Président du Conseil constitutionnel
du 25 janvier 2022
 


    Paris, Conseil constitutionnel
    25 janvier 2022
    Discours de M. Laurent Fabius,
    Président du Conseil constitutionnel


Mesdames et Messieurs,

Heureux de vous retrouver pour ce point de presse. Je débute en vous adressant mes vœux chaleureux pour cette année, intense puisque notamment au premier trimestre, nous aurons 26 QPC à notre calendrier de travail.

En 2022, le Conseil constitutionnel poursuivra, bien sûr, son activité juridictionnelle. Mais il se consacrera aussi - et c'est essentiel - aux élections, présidentielle et législatives, dont il est juge. S'agissant de la présidentielle, l'article 58 de la Constitution nous fixe en effet une mission générale : le Conseil « veille à la régularité de l'élection du Président de la République. Il examine les réclamations et proclame les résultats du scrutin ».

Notre rencontre est l’occasion d’évoquer le cadre juridique applicable au scrutin (1), les principales étapes du calendrier et, plus particulièrement, la phase de recueil et de contrôle des parrainages qui s’ouvre prochainement (2).

1. La prochaine élection présidentielle sera la onzième depuis l’intervention de la loi organique du 6 novembre 1962 relative à l’élection du Président de la République au suffrage universel, adoptée à l’issue du référendum du 28 octobre 1962.

Le cadre juridique dans lequel elle s’organise a été modifié sur quelques points depuis l’élection de 2017. Je veux mentionner ici les principaux.

1.1. La loi organique du 15 septembre 2017 pour la confiance dans la vie politique a prévu que, avant le terme de ses fonctions, le Président de la République dépose au Conseil constitutionnel une déclaration de situation patrimoniale qui est rendue publique et assortie d'un avis de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique appréciant la variation de sa situation patrimoniale au cours du mandat. La déclaration de situation patrimoniale de fin de mandat du Président MACRON a été publiée au Journal officiel du 9 décembre 2021. L’avis de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique est accessible sur son site.

La même loi organique du 15 septembre 2017 fait obligation aux candidats à l'élection présidentielle de remettre au Conseil constitutionnel, en plus d’une déclaration de situation patrimoniale, une déclaration d'intérêts et d'activités. Toutes ces déclarations sont rendues publiques au moins quinze jours avant le premier tour de l'élection présidentielle.

1.2. La loi organique du 29 mars 2021 portant diverses mesures relatives à l’élection du Président de la République a prévu, s’agissant de la campagne, que les candidats à l'élection présidentielle doivent veiller à l'accessibilité de leurs moyens de propagande électorale aux personnes en situation de handicap.

Elle a également fait obligation aux candidats d'éditer un reçu pour chaque don versé à un candidat au moyen d'un téléservice mis en œuvre par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.

Afin de garantir une information claire et transparente sur les sondages, elle a institué l’obligation d'accompagner leur publication ou diffusion de la mention des marges d'erreur des résultats.

Elle a enfin fixé les modalités selon lesquelles, pour la première fois, les personnes détenues, placées en détention provisoire ou exécutant une peine n'entraînant pas une incapacité électorale, pourront voter par correspondance au sein de leur établissement pénitentiaire, sous pli fermé. Leurs suffrages seront centralisés et recensés dans un bureau de vote national unique situé au ministère de la justice.

1.3. Plus récemment, le décret du 22 décembre 2021 relatif à l’élection du Président de la République a prévu des mesures propres à faciliter le vote par procuration. Il n’est plus nécessaire que le mandant et le mandataire soient inscrits sur la liste électorale de la même commune. La demande de procuration peut être établie sur internet par la téléprocédure « Maprocuration ».

2. Quelques mots du calendrier à venir. Nous sommes ce mardi 25 janvier 2022 à 75 jours du premier tour, qui aura lieu le dimanche 10 avril 2022, suivant l’annonce qui a été faite en fin d’année dernière par le Gouvernement et devra se traduire dans un décret en conseil des ministres avant la fin janvier. Trois phases-clés rythmeront l'activité du Conseil constitutionnel en lien avec la présidentielle : la phase des parrainages ; le scrutin et ses résultats ; le bilan de l'élection et le contentieux éventuel des comptes de campagne.

2.1. La première phase-clé, qui donnera le coup d'envoi de l'élection présidentielle, sera donc centrée sur le recueil des parrainages. Cette période s'ouvre le jour de la publication du décret de convocation des électeurs, que le Gouvernement a prévue le jeudi 27 janvier. Elle s'achèvera le vendredi 4 mars à 18 heures. Retenez ces deux dates : 27 janvier, 4 mars, soit une période d’un peu plus de cinq semaines, qui sera plus longue qu’en 2017, où elle avait été de trois semaines.

Au cours de cette période, tous les élus habilités à parrainer un candidat à l'élection présidentielle - environ 42 000 - pourront transmettre au Conseil constitutionnel leur parrainage, à l'aide du formulaire et de l'enveloppe officiels qui leur seront transmis par les services de l'Etat.

J'insiste sur ce point : cette année comme en 2017, les parrainages devront exclusivement nous être envoyés par voie postale. Le dépôt direct des formulaires au siège du Conseil ne sera pas autorisé. C'est la loi organique du 25 avril 2016 qui a fixé cette règle. Pour l'outre-mer et l'étranger, les formulaires de parrainage pourront être soit envoyés directement par la poste au Conseil constitutionnel, soit déposés auprès des services du représentant de l'Etat, ou de l'ambassadeur ou du chef de poste consulaire, jusqu'au vendredi 4 mars à 18 heures, heure locale. Pour la date et l'heure limites de réception des parrainages, nous avons jugé dans notre décision du 21 avril 2016 concernant la loi organique de modernisation des règles de l'élection présidentielle que le Conseil constitutionnel pourrait, le cas échéant, prendre en compte « des circonstances de force majeure ayant gravement affecté les conditions d'expédition et d'acheminement des parrainages dans les jours précédant l'expiration du délai de présentation des candidats ».

Outre la transmission des parrainages exclusivement par voie postale, leurs modalités de publication demeurent inchangées par rapport à 2017. Après vérification par les services du Conseil constitutionnel, les parrainages validés - par une décision du Conseil - seront désormais publiés intégralement et en continu, alors qu'avant 2017, seuls 500 parrainages tirés au sort étaient publiés, et cela après l'établissement de la liste définitive des candidats. Cette année, comme en 2017, nous mettrons donc en ligne - sur notre site « Présidentielle 2022 » qui vous sera présenté dans un instant - deux fois par semaine, le mardi et le jeudi en fin d'après-midi, la liste actualisée en temps réel des parrainages. A l'issue de cette période de recueil, de vérification et de publication des parrainages, le Conseil constitutionnel établira la liste définitive des candidats à l'élection présidentielle : je la proclamerai publiquement le lundi 7 mars 2022.

Les candidats auront également jusqu'au 4 mars à 18 heures pour déposer au Conseil constitutionnel leur déclaration de patrimoine. Nous les transmettrons ensuite à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, chargée de les publier avant le premier tour.

2.2. La deuxième phase-clé pour le Conseil constitutionnel aura lieu au moment du scrutin, puisque nous sommes chargés par l'article 58 de la Constitution de veiller à la régularité de l'élection, d'examiner les réclamations et de proclamer les résultats.

Afin de contrôler les opérations électorales dans les bureaux de vote, le Conseil constitutionnel disposera de près de 2 000 « délégués », qui seront des magistrats. Les deux dimanches du vote, le 10 avril et le 24 avril, une permanence sera bien sûr assurée au Conseil constitutionnel pour répondre aux questions de nos délégués, des préfectures ou des mairies.

Au lendemain du premier tour, du lundi 11 au mercredi 13 avril, nous procéderons ici à la centralisation et à la vérification des résultats, à l'examen des réclamations et à l'exploitation des rapports envoyés par les délégués. Le mercredi 13 avril, nous déclarerons les résultats du premier tour, puis nous établirons la liste officielle des deux candidats du second tour.

Au lendemain du second tour, qui aura lieu le 24 avril, nous procéderons aux mêmes opérations de vérification des résultats et d'examen des réclamations. A l'issue de ce travail, nous établirons les résultats officiels de l'élection présidentielle et je proclamerai élu le nouveau Président de la République, sans doute le mercredi 27 avril, dans ce Grand salon du Conseil constitutionnel. Un peu plus tard, lors de la cérémonie d'investiture du nouveau Président au Palais de l'Elysée, je procéderai à la lecture solennelle des résultats, comme je l’avais fait il y a cinq ans : cette cérémonie aura lieu au plus tard le vendredi 13 mai, qui correspond à la fin du mandat de l'actuel chef de l'Etat.

2.3. Troisième et dernière phase, celle de l'après-élection.

Nous procéderons au bilan de la présidentielle 2022 en publiant des observations qui contiendront à la fois un diagnostic sur l'élection qui se sera déroulée et des recommandations en vue de la prochaine. Si j'en juge par ce qui s'est produit en vue de l'élection de 2022, ces observations sont utiles : l'essentiel des réformes contenues dans la loi organique du 29 mars 2021 portant diverses mesures relatives à l’élection du Président de la République ont en effet été inspirées par les observations du Conseil constitutionnel sur l'élection présidentielle de 2017.

Plus tard, viendra le temps de l'éventuel contentieux des comptes de campagne que les candidats devront déposer auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, présidée par M. Jean-Philippe Vachia. La Commission disposera de six mois pour rendre ses décisions d'approbation, de réformation ou de rejet des comptes. Chaque candidat dont le compte aurait été réformé ou rejeté pourra ensuite, dans un délai d'un mois, contester la décision devant le Conseil constitutionnel, juge de premier et dernier ressort.

Je précise enfin que, contrairement à ce qu’on lit ou entend parfois, le Conseil constitutionnel ne donne pas d’« avis », il prend des « décisions » et ces décisions, conformément à l’article 62 de la Constitution, s’imposent à tous.

Avant de répondre à vos questions, je laisse au Secrétaire général du Conseil constitutionnel le soin de vous présenter brièvement le site internet « Présidentielle 2022 » du Conseil constitutionnel que nous avons spécialement mis au point et qui fonctionne dès aujourd’hui.

Laurent Fabius, le 25 janvier 2022 à Paris.




Situation au 3 février 2022 :
 





Source : Conseil Constitutionnel.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220206-parrainages-valides.html



 

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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 03:54

« Si je me suis porté candidat, c’est pour une raison simple : j’ai la conviction que je peux être utile dans les cinq ans à venir. (…) Ce qui se joue avec cette élection présidentielle n’est pas la victoire d’un camp ou d’un parti. C’est le destin d’un pays qui, dans ces temps troubles, doit continuer de renforcer son indépendance et d’agir pour bâtir une Europe-puissance, capable de peser sur le cours du monde. C’est l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants et c’est pour cela que nous donnerons la priorité à l’éducation. » (Emmanuel Macron, le 4 mars 2022).


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Les sondages d’intentions de vote vont et viennent et il est vrai que ce ne sont que des photographies, des instantanés de la situation des rapports de force entre les différents candidats. Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dans moins de 35 jours. Les "opinions" commencent à se cristalliser. À ce début de campagne officielle (le 6 mars 2022 devrait être publiée la liste définitive des parrainages et par conséquent, la liste des candidats qui sera officiellement annoncée le lendemain ou surlendemain par le Conseil Constitutionnel), il était tentant de faire un état des lieux de ces rapports de force, en sachant bien sûr qu’une campagne sert justement à faire bouger les lignes. Ce qui a caractérisé cette précampagne qui s’achève (septembre 2021 à mars 2022), c’est que les lignes ont peu bougé, c’était plus une "guerre" de position qu’une "guerre" de mouvement. Y aura-t-il en mars 2022 des changements majeurs ?

Beaucoup d’instituts de sondage proposent ainsi des études pour saisir cette situation. La plus récente avant le début de la campagne officielle est celle d’Ipsos pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et le journal "Le Monde", publiée le 5 mars 2022. C’est la sixième vague de cet institut, basée sur une enquête réalisée du 24 au 27 février 2022 auprès d’un très grand échantillon, 13 651 répondants, ce qui correspond au début de la guerre en Ukraine. Toutefois, cette étude a été complétée par une étude plus rapide sur un échantillon de 3 599 personnes interrogées du 2 mars 2022 à 20h30 (après l’allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine) au 3 mars 2022 à 20h30 (avant la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron). On peut lire le dossier complet à ce lien.

Insistons que ce n’est qu’un sondage, avec son caractère volatil et sa marge d’erreur, ce qu’Ipsos indique très clairement pour les intentions de vote (au même niveau que les résultats eux-mêmes). Ce sondage est important car, à ma connaissance, c’est le premier sondage qui place Emmanuel Macron au-delà du seuil symbolique des 30% d’intentions de vote (30,5% exactement). Dans son rolling, l’IFOP enregistre également une montée du Président sortant, à 29%, au 4 mars 2022, et peut être en retard en raison du principe du rolling (seulement un tiers de l’échantillon se prononce chaque jour et le week-end est sans enquête).

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Quand on compare avec d’autres instituts de sondage, on s’aperçoit que Yannick Jadot est aussi en position plus élevée (7,5% alors que généralement il tourne autour de 5%), mais c’est l’ordre des premiers candidats qui reste plongé dans une grande incertitude. Cette hausse du Président sortant, si elle est exceptionnelle hors contexte à un mois du premier tour de l’élection présidentielle, était prévisible lorsqu’un événement aussi majeur que la guerre en Ukraine vient percuter la campagne et qu’une menace de déflagration nucléaire vient angoisser la plupart des Français (90% des sondés) et des Européens. Ce cauchemar a pour effet mécanique de rassembler les Français derrière le chef de l’État, phénomène qu’on avait vu déjà lors des attentats.

Ce mouvement de légitimisme se fait donc en faveur d’Emmanuel Macron, le Président de la République en exercice, au détriment des autres candidats, en particulier de Valérie Pécresse qui dévisse complètement. J’avais déjà remarqué dans le rolling de l’IFOP ce phénomène très marquant pour les intentions de vote au second tour. L’étude d’Ipsos confirme ce décrochage dès le premier tour.

La montée d’Emmanuel Macron peut s’interpréter de diverses manières. Certes, il y a ce mouvement d’unité nationale, mais aussi un effet mécanique de l’abandon de Christiane Taubira : ses électeurs potentiels (assez faibles, même pas 2% d’intentions de vote) ne semblent pas s’être reportés sur Anne Hidalgo mais plutôt sur Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon qui, lui, garde une base solide.

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En effet, si Marine Le Pen et Éric Zemmour chutent à respectivement 14,5% (1 point en moins) et 13% (2 points en moins) d’intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon est en très légère ascension à 12% d’intentions de vote. Et même, il "double" Valérie Pécresse qui s’est effondrée à 11,5% (une baisse de 1 point). Cette donnée montre que le scrutin est encore largement ouvert et la possibilité de qualification au second tour du leader de la France insoumise n’est pas non plus dénuée de toute probabilité. Quand on regarde l’historique depuis octobre 2021 de ces vagues Ipsos, on constate que Jean-Luc Mélenchon était à l’origine à 8% d’intentions de vote, en dessous de Yannick Jadot à 9,5%, et qu’il a constamment progressé.

Les autres candidats n’enregistrent aucune variation, y compris Anne Hidalgo qui, désespérément, reste dans l’étiage, très largement en dessous de 5% (2,5% d’intentions de vote), au point qu’il faudrait vraiment organiser un Hidalgothon.

La question reste de savoir si ces mouvements notables depuis la guerre en Ukraine vont se poursuivre ou au contraire s’arrêter et revenir à la situation précédente, une fois l’actualité, plus distante de l’Ukraine, sera plus préoccupée par la campagne présidentielle.


Premier fait notable : le décrochage de Valérie Pécresse

Le principal enseignement n’est peut-être pas celui qu’on voit en premier, à savoir les 30% d’Emmanuel Macron. Pour moi, le fait le plus notable, c’est le dévissage de Valérie Pécresse, et mes analyses à son sujet depuis le début du mois de décembre 2021 s’en trouvent validées. Je reprochais à Valérie Pécresse de faire une campagne beaucoup trop marquée par l’ultradroite, d’une part, montrant sa faiblesse à résister aux pressions de cette aile ultradroitière, d’autre part, confirmant que sa stratégie de campagne va dans la mauvaise direction.

Effectivement, toute la surenchère droitière de Valérie Pécresse avait pour but d’attirer des électeurs, issus ou pas de LR, attirés par Éric Zemmour, et j’estimais qu’en agissant ainsi, elle repoussait tous les électeurs traditionnels du centre droit qui iraient chez Emmanuel Macron. L’analyse fine de l’enquête d’Ipsos confirme cette idée.

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Quand on regarde par exemple les transferts des votes de 2017 sur les intentions de 2022, il est clairement visible que les électeurs de François Fillon, qui sont 38% à choisir encore Valérie Pécresse, sont 32% à rejoindre le camp d’Emmanuel Macron et seulement 21% celui d’Éric Zemmour (et 5% celui de Marine Le Pen qui n’a pas du tout le même électorat). En courant après les 21% (l’ordre de grandeur) des électeurs LR attirés par Éric Zemmour, elle a perdu les 32% des électeurs du même électorat passés chez Emmanuel Macron principalement par rejet de sa campagne ultradroitière.

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D’un point de vue plus dynamique, lorsqu’on regarde cette répartition dans le temps depuis sa désignation comme candidate LR, au début du mois de décembre 2021, c’est encore plus flagrant : à l’origine, 52% des électeurs de François Fillon se portaient sur Valérie Pécresse, 24% sur Emmanuel Macron et 17% sur Éric Zemmour. En trois mois, elle n’a pas convaincu un seul électeur de François Fillon zemmourcompatible (au contraire, 4% sont encore partis) et elle a perdu 8% des macroncompatibles. Résultat, elle est passée de 52% à 38% d’électeurs de François Fillon convaincus.

Les intentions de vote au second tour sont encore plus cruelles pour Valérie Pécresse alors qu’elle en avait fait son principal argument de campagne. Elle n’est pas la mieux placée pour battre Emmanuel Macron (c’est Marine Le Pen la mieux placée), et un éventuel duel la donnerait largement perdante avec seulement 36% contre 64% à Emmanuel Macron. C’est pire que dans le rolling de l’IFOP qui a trouvé le 3 mars 2022 quand même 39% contre 61% au Président sortant. Dans l’enquête d’Ipsos, on lit même que 6% des sondés qui choisissent Valérie Pécresse au premier tour iraient chez Emmanuel Macron au second tour ! En janvier 2022, le rapport de force était très différents, 46% pour Valérie Pécresse et 54% pour Emmanuel Macron.

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Bref, cette campagne LR est une véritable bérézina et c’est triste à dire, mais prévisible. En voulant cibler les électeurs d’extrême droite, Valérie Pécresse a perdu tout son socle du centre droit, et on se demande pourquoi des partis centristes comme l’UDI et Les Centristes restent dans cette étrange alliance ultradroitière. Que font-ils dans cette galère à part une quête d’investitures aux élections législatives suivantes ?


Second fait notable : la solidité de l’adhésion à Emmanuel Macron

Pour mieux comprendre les intentions de vote pour Emmanuel Macron, il faut analyser plus finement les motivations des sondés, et l’enquête d’Ipsos le permet. Ainsi, une question a été posée sur la motivation du choix selon l’intention de vote au premier tour. L’institut propose trois motivations : les idées (candidat le plus proche de leurs idées), la personnalité (confiance au candidat) ; et la troisième motivation est du calcul : "pour barrer la route à un autre candidat (pour empêcher un autre candidat d’être qualifié au second tour)".

Et ce qui est très significatif, seuls les électeurs potentiels d’Emmanuel Macron choisissent à une grande majorité (55%) la personnalité d’Emmanuel Macron et pas ses idées, en somme, sa manière de gouverner, d’agir, et pas son idéologie, car il n’en a pas. Les trois candidats de droite ou d’extrême droite se retrouvent à peu près dans les mêmes motivations de leurs électeurs potentiels, principalement les idées (autour de 55-60%) et la personnalité ne vient que pour 25-30% (en somme, le choix est politique avec une réticence sur la personnalité). Pour les candidats de gauche, c’est principalement la motivation de la proximité des idées (de 70 à 85%) alors que la personnalité semble plutôt un handicap (c’est très palpable avec Anne Hidalgo ou Yannick Jadot).

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Autre facteur de solidité, la sûreté du choix au premier tour, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont les bases les plus solides puisque respectivement 72%, 70% et 67% de leurs électeurs potentiels sont sûrs de leur choix, ce qui n’est pas le cas de Valérie Pécresse (seulement 48%) et des candidats de gauche. Là aussi cela confirme la grande faiblesse de Valérie Pécresse dont la moitié de son électorat potentiel pourrait fuir d’ici à la fin de la campagne.

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Si on reprend le tableau sur le transfert des votes 2017-2022, on voit aussi qu’Emmanuel Macron est le candidat qui a subi le moins d’érosion électorale en cinq ans, ce qui est une performance d’autant plus remarquable qu’il a été élu et donc soumis aux critiques inhérentes aux mille et une décisions de ses gouvernements.

Enfin, je termine mon analyse sur le second choix des électeurs hésitants : ils hésitent entre qui et qui ? Et là aussi, c’est très instructif, avec toujours la prudence de rappeler que c’est un sondage et que cela peut évoluer.

Les électeurs potentiels hésitants de Valérie Pécresse hésitent principalement entre elle et… Emmanuel Macron ! Pourquoi donc fait-elle de la surenchère zemmourienne alors qu’elle devrait chasser dans les zones macronniennes ? 40% des hésitants pour Valérie Pécresse placent en effet Emmanuel Macron comme second choix. Alors qu’ils ne sont que 14% à placer Marine Le Pen et 15% Éric Zemmour comme second choix. Si l’on tient en compte les 15% qui hésitent entre elle et l’abstention (ou le vote nul), ce sont bien 55% qui rejettent a priori la tournure ultradroitière de la campagne de Valérie Pécresse.

Et réciproquement, les électeurs hésitants d’Emmanuel Macron hésitent principalement (pour 35% d’entre eux) avec Valérie Pécresse (ils ne sont que 20% des électeurs hésitants de Marine Le Pen et 15% des électeurs hésitants d’Éric Zemmour). Bref, Valérie Pécresse aurait dû faire une campagne de centre droit, qui d’ailleurs aurait été en harmonie avec sa propre histoire que de faire une campagne artificielle sur des positions auxquelles elle n’adhère pas (et ça se voit).

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Quand on regarde le reste du tableau, on comprend que des électeurs indécis hésitent entre Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, entre Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, entre Yannick Jadot et Emmanuel Macron, entre Anne Hidalgo et Yannick Jadot, bref, les électeurs de gauche hésitent beaucoup sur le bon "cheval" parce qu’aucun ne leur convient. Quant aux deux candidats d’extrême droite, il y a une certaine réciprocité d’hésitation entre les deux.

Pour résumer les enseignements de cette enquête Ipsos, il en a trois : 1/ le décrochage de Valérie Pécresse en raison de l’orientation de sa campagne beaucoup trop vers l’extrême droite ; 2/ la solidité des intentions de vote pour Emmanuel Macron en cours de cristallisation, tant au premier tour qu’au second tour ; 3/ l’incertitude sur l’identité du candidat qui serait qualifié au second tour face à Emmanuel Macron, entre quatre candidats et plus entre trois candidats, entre Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse.

Mais ces tendances peuvent évoluer voire être balayées au cours de la campagne officielle, soit en raison d’un événement extérieur, soit en raison d’une erreur de l’un ou l’autre des "grands" candidats (c’est-à-dire ceux qui ont plus de 10% d’intention de vote).


Faire campagne pour préparer le prochain mandat

L’erreur d’Emmanuel Macron, ce serait de ne pas faire campagne. Il le dit d’ailleurs à ses partisans : « Le contexte international, marqué par la guerre en Europe, ne me permettra pas hélas, de faire campagne comme je l’aurais souhaité. ». Eh bien, si, il a intérêt à faire campagne, à s’adresser aux Français dans leurs yeux, à présenter ce qu’il compte faire dans les cinq années à venir, car même s’il est réélu, c’est l’exercice de son second mandat qui dépendra de cette mise en lumière de ces perspectives. Le pire serait de faire un second mandat comme celui de François Mitterrand, rester pour rester, ne rien faire, prôner la politique du ni-ni et se payer en plus le luxe de ne pas bénéficier d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.

Fort de sa base électorale, Emmanuel Macron peut au contraire marquer de son empreinte la campagne, parler des thèmes les plus importants, l’éducation, la réindustrialisation, l’innovation, la transition écologique, la souveraineté de la France et de l’Europe. Il faut qu’il impose ses thèmes de campagne sans quoi, l’élection lui échappera, peut-être pas dans les urnes tant la situation lui semble favorable (mais rien n’est sûr), mais certainement dans la rue quelques mois plus tard.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (05 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Sondage Ipsos publié le 5 mars 2022 à télécharger.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (mise à jour régulièrement).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (31) : Jean-Luc Mélenchon peut-il atteindre le second tour ?
Élysée 2022 (30) : la Nouvelle Valérie Pécresse ?
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Élysée 2022 (28) : Cadet Roussel place du colonel Fabien et la gauche vin viande fromage.
Élysée 2022 (27) : le sacre (éphémère ?) de Christiane Taubira.
Élysée 2022 (26) : François Hollande candidat ?
Élysée 2022 (25) : Christiane Taubira se lance !
Élysée 2022 (24) : Valérie Pécresse, entre savoir-faire et savoir-plaire.
Élysée 2022 (23) : les morts s’invitent dans la campagne présidentielle.
Élysée 2022 (22) : la santé est la première des libertés !
Élysée 2022 (21) : Christiane Taubira ira ou n’ira pas ?
Élysée 2022 (20) : Anne Hidalgo rime avec fiasco …et rigolo !
Élysée 2022 (19) : l’effet Valérie Pécresse.
Élysée 2022 (18) : Valérie Pécresse, naissance d’une leader.
Élysée 2022 (17) : Éric Zemmour, l’adolescent retardé.
Élysée 2022 (16) : ce sera le duel Ciotti-Pécresse.
Élysée 2022 (15) : le quatrième et ultime débat des candidats LR.
Élysée 2022 (14) : L’envol d’Éric Ciotti ?
Élysée 2022 (13) : troisième débat LR, bis repetita.
Élysée 2022 (12) : Surenchères désolantes pendant le deuxième débat LR.
Élysée 2022 (11) : Michel Barnier succédera-t-il à Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (10) : Éric Ciotti, gagnant inattendu du premier débat LR.
Élysée 2022 (9) : Ségolène Royal, candidate de l’écologie intégrale en 2022 ?
Élysée 2022 (8) : Florian Philippot et le syndrome Bruno Mégret.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Élysée 2022 (6) : Yannick Jadot désigné de justesse candidat des écologistes.
Élysée 2022 (5) : profondes divisions chez les écologistes.
Élysée 2022 (4) : Anne Hidalgo, candidate PS, faute de mieux.
Élysée 2022 (3) : le virus Zemmour.
Élysée 2022 (2) : et Arnaud Montebourg entra dans la course !
Élysée 2022 (1) : un peuple d’ingouvernables ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220305-sondages.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-33-emmanuel-macron-a-239911

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/05/39373333.html










 

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5 mars 2022 6 05 /03 /mars /2022 03:39

« Merci à François Bayrou de m’accorder son parrainage pour l’élection présidentielle. » (Marine Le Pen, le 27 février 2022 sur Twitter).




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Ça y est, la date est passée, le vendredi 4 mars 2022 à 18 heures, pour se présenter à l’élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022. Le Conseil Constitutionnel devrait annoncer la liste officielle des candidats le 8 mars 2022, mais on peut déjà dire qui seront les candidats, avec quelques incertitudes.

Dans le dernier communiqué du Conseil Constitutionnel, le 3 mars 2022, onze candidats devraient être certains de pouvoir se présenter, dans l’ordre décroissant des parrainages : Valérie Pécresse (2 556), Emmanuel Macron (1 974, presque son année de naissance !), Anne Hidalgo (1 387), Jean-Luc Mélenchon (873), Éric Zemmour (721), Yannick Jadot (689), Jean Lassalle (620), Fabien Roussel (619), Marine Le Pen (603), Nicolas Dupont-Aignan (582) et Nathalie Arthaud (570).

Une incertitude réelle plane sur Philippe Poutou et sera levée la semaine prochaine, puisqu’il a pour l’instant seulement 439 parrainages, mais de nouveaux parrainages arrivés entre le 3 et le 4 mars 2022 pourraient être pris en compte (apparemment, dans la soirée du 4 mars, il a été annoncé qu’il aurait eu tous ses parrainages). En revanche, il y a peu d’espoir pour François Asselineau (279) et Christiane Taubira (241) qui sont encore trop loin du compte pour envisager un sursaut surprise. Il est à noter que ces deux dernières personnalités ont déjà été candidate, le premier en 2017 et la seconde en 2002 et auraient donc pu, comme Jean Lassalle, renouveler avec succès leur quête de parrainages.

Personnellement, je regrette que Hélène Thouy, du parti animaliste, qui n’a obtenu que 124 parrainages, ne puisse pas concourir. Non que je voterais pour elle (mon vote ira pour Emmanuel Macron, je n’en ai jamais fait mystère), mais parce qu’elle propose une véritable nouvelle alternative, une véritable nouvelle offre politique. Cette avocate paraît posée et modérée, soucieuse d’installer dans le débat public le bien-être animal, ce qui, à mon avis, est un point essentiel dans la vie quotidienne des gens. Les mentalités évoluent, mais ce concept impose aussi des révisions importantes de nos modes de vie, et c’est difficile de promouvoir la vie animale tout en acceptant de manger des animaux. Ce paradoxe est un nœud gordien sociétal et un débat public sur le sujet ne ferait pas de mal. Du reste, aux élections européennes de 2019, sa liste avait fait un score plus qu’honorable (2,2%) malgré l’anonymat et le manque de publicité qu’elle a subis.

Un précandidat trotskiste a obtenu plus signatures que Hélène Thouy, à savoir Anasse Kazib, avec 149 parrainages, il est issu d’une branche minoritaire du NPA qu’il a quitté l’an dernier et se dit victime d’une omerta médiatique. Le nombre de parrainages est néanmoins remarquable pour un "inconnu". Il y a eu manifestement un travail militant de fond mais insuffisant encore. Quant à Florian Philippot, c’est presque le zéro pointé puisqu’il n’a su obtenir qu’un seul parrainage, ce qui l’a conduit à déclarer forfait dès le 18 février 2022.

Pour Christiane Taubira, qui a finalement abandonné la partie avant la fin de la collecte, le 2 mars 2022, on peut parler de gâchis démocratique. C’est le résultat d’un dilettantisme pour ne pas dire d’une paresse politique. Une impréparation étonnante de la part d’une vraie "animal" politique. Elle le savait pourtant, qu’une candidature se prépare en amont, elle aurait dû se déclarer dès l’été 2021, faire une recherche de parrainages active (les signatures n’arrivent pas sur un plateau d’argent sans rien faire), non seulement on ne s’improvise pas Président de la République mais on ne s’improvise pas candidat. Nathalie Arthaud a toujours eu ses signatures alors qu’elle n’a jamais représenté que le quart de l’électorat de Christiane Taubira au mieux, mais elle a travaillé, milité, elle s’est organisée pour les obtenir, bien avant d’ailleurs que les trois candidats populistes.

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Mais alors, que fait donc François Bayrou dans cette histoire ? C’est le dimanche 27 février 2022, dans l’émission politique "Le Grand Jury" sur LCI, RTL et "Le Figaro", qu’il a annoncé qu’il avait parrainé la candidature de Marine Le Pen en tant que maire de Pau. Bayrou qui parraine Le Pen ! L’idée, le concept même, fait mal et étonne. Il aurait normalement dû parrainer la candidature d’Emmanuel Macron qui, pour le coup, n’a pas obtenu le maximum des parrainages qu’il pouvait espérer, ce qui le fait très largement devancer par la candidature de Valérie Pécresse. Mais il faut voir dans cet acte un aspect plus administratif que politique.

En fait, François Bayrou s’est inquiété dès le 10 février 2022 du risque pour la démocratie que des candidats ayant plus de 10% d’intentions de vote dans les sondages (ce seuil est parfaitement arbitraire) ne puissent pas aller jusqu’au bout de leur candidature à cause de cette contrainte des parrainages.

Rappelons-le : cette contrainte avait été placée par le législateur pour empêcher les candidatures fantaisistes, au départ, le seuil était à 100 mais les douze candidatures de l’élection présidentielle de 1974 ont convaincu Valéry Giscard d’Estaing de relever à 500 le nombre de signataires pour limiter le nombre de candidats. Ce qui n’a pas empêché seize candidatures en 2002 et au moins onze candidats en 2022. Un moyen simple de garder ce filtre tout en redonnant plus de facilité, ce serait que tous les élus de la République puissent parrainer, c’est-à-dire même les simples élus municipaux, il y en a environ 500 à 600 000 (au lieu des 40 à 44 000 actuels), ce qui donnerait une base plus large mais nécessitera le même sérieux, puisque il faudra quand même chercher ces élus qui auront eux aussi fait la démarche pour se faire élire, donc qui sont aussi engagés dans la vie sociale ou politique.

Trois candidats auraient été aux abois ces dernières semaines : Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon. Ce sont d’ailleurs sur ces trois candidatures que les principaux nouveaux parrainages se sont portés cette semaine afin de leur venir en aide. L’opération est un succès puisque tous les trois ont largement leurs signatures.

François Bayrou a effectivement annoncé le 10 février 2022 sur BFM-TV qu’il venait de créer le site Internet, notredemocratie.fr pour réunir un collectif d’élus (principalement de maires) qui apporteraient leur signature à des candidats majeurs de cette élection susceptibles de ne pas pouvoir recueillir assez de parrainages. Le site explique : « Il est ainsi possible (pas certain, mais possible) que certains candidats, représentant des courants majeurs dans la campagne électorale, se trouvent empêchés de se présenter faute du nombre de signatures nécessaire. Nous croyons que cela ferait naître une crise morale d’une particulière gravité au moment où tant de courants d’opinion mettent en cause le contrat démocratique qui est une des clés de la cohésion de la nation. La grave crise de défiance qui en découlerait rendrait notre société plus divisée encore qu’elle ne l’est. ». En d’autres termes, c’est une « banque de parrainages démocratiques » qu’il a mise en place pour aider les grands candidats en mal de parrainages, insistant bien sûr sur le fait que parrainer ne signifie pas soutenir. Selon lui, près de 400 élus se seraient inscrits (des élus qui n’avaient encore parrainé personne, bien sûr !).

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François Bayrou a ainsi martelé : « Je ne suis pas de l’avis politique de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour, mais je trouverais anormal, et même scandaleux, qu’ils ne puissent pas se présenter (…). Je ne peux pas supporter que la démocratie soit ainsi déséquilibrée, déstabilisée. » tout en réaffirmant vouloir « soutenir le Président de la République » même s’il ne lui a pas (encore) apporté son parrainage.

Ainsi, le leader centriste a mis en application sa théorie en parrainant lui-même la candidature de Marine Le Pen (annoncé donc le 27 février 2022) : « Je ne peux pas défendre devant mes concitoyens de toutes opinions, l’idée que le Président de la République serait élu dans une élection à laquelle les principaux candidats seraient exclus. ».

Et de confier : « C’est pour sauver la démocratie, mais notre signature ne vaut pas soutien (…). J’ai décidé de prendre ma part de cette charge et, cela ne correspond pas exactement au rêve que j’ai de l’engagement politique, je donnerai ma signature à Madame Le Pen. ». À ce moment-là, il manquait entre 80 et 90 signatures à Marine Le Pen qui l’a chaleureusement remercié par un tweet : « Malgré nos désaccords politiques, sa démarche vise à faire vivre notre démocratie : j’invite les maires de France à parrainer l’ensemble des candidats en difficulté. ».

Ce n’est donc pas une lune de miel entre deux personnalités qui ont des idées diamétralement opposées, mais l’initiative de François Bayrou a quand même de quoi poser des questions. Par exemple, se sentirait-il coupable si jamais Marine Le Pen venait à être élue ? Probablement pas car elle devrait son élection plus à sa propre candidature qu’à un simple parrainage, d’autant plus qu’en supprimant celui de François Bayrou, elle en aurait eu encore assez. Ce qui peut apporter un malaise, c’est que le maire de Pau l’a inclus dans la grande famille républicaine, ce qui aurait probablement été impossible à l’époque du père, Jean-Marie Le Pen.

Dans l’opposition de gauche, on ne se prive pas d’ironiser sur cette démarche pour le moins étrange. Paru dans Mediapart le 28 février 2022, ce dessin de Thibaut Soulcié résume assez bien une certaine incohérence.

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Cette initiative de François Bayrou a aussi suscité un certain malaise au sein même de la majorité, certains du côté de LREM ont expliqué qu’Emmanuel Macron était au courant mais qu’il était difficile de dire non à François Bayrou (selon "L’Opinion" le 1er mars 2022). Après tout, les candidats ont eu cinq ans pour se préparer à l’échéance et s’ils n’y arrivent pas, c’est aussi de leur faute, celle de leur impréparation (c’est clairement le cas de Christiane Taubira).

Bien sûr, les mauvaises langues pourraient faire croire que c’est de l’intérêt d’Emmanuel Macron d’avoir des opposants à sa convenance. Ainsi, si Marine Le Pen et Éric Zemmour avaient été empêchés, Emmanuel Macron aurait dû se confronter principalement à Valérie Pécresse (mais là encore, les médisances ont des limites : dans le cas d’un second tour Macron vs Pécresse, la tendance actuelle est largement gagnante en faveur du Président sortant 60%-40%). En d’autres termes, Emmanuel Macron ne craint personne, aucun candidat.

On avait d’ailleurs pensé la même chose de Valérie Pécresse : qu’elle avait intérêt à parrainer Éric Zemmour pour mettre la clef du second tour à sa portée (en baissant le seuil d’atteinte). Quand on voit le niveau très élevé de parrainages de Valérie Pécresse, il est peu crédible que beaucoup d’élus LR aient parrainé Éric Zemmour. De plus, je reste convaincu que l’intérêt de Valérie Pécresse serait l’absence du polémiste de cette élection, car Éric Zemmour prend probablement plus de voix à Valérie Pécresse qu’à Marine Le Pen.

L’incertitude sur Philippe Poutou et l’absence probable de François Asselineau ne constituent pas un "déni de démocratie" dans la mesure où leur audience électorale respective était lilliputienne. Bref, les principaux concurrents sont en place, la "bataille" peut commencer.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (04 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (mise à jour régulièrement).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.
François Bayrou a 70 ans.
Note de synthèse du 17 mai 2021 du haut-commissaire au Plan sur la relance de la démographie (à télécharger).
François Bayrou et la préservation du modèle sociale français.
Note de synthèse du 23 mars 2021 du haut-commissaire au Plan sur le programme nucléaire français (à télécharger).
François Bayrou relance le programme nucléaire français.
François Bayrou et l'obsession de la proportionnelle.
Marielle de Sarnez.
François Bayrou sera-t-il le Jean Monnet du XXIsiècle ?
Vive la Cinquième République !

_yartiBayrou2022A08




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220227-bayrou.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-bayrou-le-parrain-de-239786

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/02/39368878.html





 

 

 

 

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5 mars 2022 6 05 /03 /mars /2022 01:27

Le sondage réalisé par Ipsos Sopra Stera pour le CEVIPOF, la Fondation Jean Jaurès et "Le Monde" publié le 5 mars 2022 donne un aperçu intéressant des rapports de force en intentions de vote entre les différents candidats à la veille de la campagne officielle. L'échantillon comptait 33 599 personnes interrogées du 2 au 3 mars 2022, c'est-à-dire après l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine (2 mars 2022 à 20h15) et avant la publication de sa déclaration de candidature (3 mars 2022 à 20h30).

Cliquer sur le lien pour télécharger l'ensemble de l'étude d'Ipsos (fichier .pdf) :
https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2022-03/Ipsos%20-%20Enque%CC%82te%20Electorale%20-%20Vague%206%20-%205%20mars%202022.pdf

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220305-sondages.html

SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220305-sondage-ipsos.html



 

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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 03:57

« Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nous petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes. » (Emmanuel Macron, PQR du 4 mars 2022).




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Il aurait voulu le faire le plus discrètement possible qu’il n’aurait pas fait autrement : Emmanuel Macron a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. Il l’a fait alors que la pire crise internationale depuis 1945 est en train de se dérouler sous nos yeux. Il l’a fait de manière minimaliste mais respectueuse des Français : alors qu’il surfe sur les sommets des États nations, il s’est adressé aux citoyens français dans la presse quotidienne régionale (PQR), la France de la proximité, celle qui atteint les personnes dans tous les territoires, même les plus reculés, celle de la vie quotidienne, celle de Jean-Pierre Pernaut. Du moins, c’était avant l’ère Internet, car si la PQR publie sa lettre ce vendredi 4 mars 2022, le texte a déjà été mis en ligne dès la veille à 20 heures 30.

Sur la forme, c’est donc une petite surprise. En général, les déclarations de candidatures se font oralement (seul exemple avant lui de candidature écrite fut celle de Lionel Jospin par un simple fax à l’AFP le 20 février 2002). Il n’y a pas eu beaucoup d’exemples de candidature d’un Président sortant : De Gaulle, une allocution solennelle à la télévision le 4 novembre 1965 ; Valéry Giscard d’Estaing, une allocution également le 2 mars 1981 ; François Mitterrand a innové avec un simple "oui" à un entretien au journal télévisé de 20 heures le 22 mars 1988 sur Antenne 2 ; Jacques Chirac un meeting à Avignon où il a répondu à la question de la maire RPR et amie le 11 février 2002 ; enfin, Nicolas Sarkozy comme François Mitterrand, au cours d’un journal télévisé du soir, le 15 février 2012 sur TF1.

François Mitterrand et Nicolas Sarkozy avaient également adressé une lettre à tous les Français, mais après leur déclaration de candidature. Emmanuel Macron, lui, utilise cette lettre pour déclarer sa candidature.

Sur le fond, il n’y a aucune surprise et Emmanuel Macron ne voulait d’ailleurs laisser planer aucun doute : il serait bien candidat. Néanmoins, il a dû annuler son grand meeting du 5 mars 2022 à Marseille car la guerre en Ukraine le mobilisera trop en ce moment. Il restera un vrai problème sur la manière de faire campagne en pleine crise : ou il reste sur les hauteurs loin des Français, ou il fait une campagne de proximité pour renouer le lien avec les Français, ce qui est fondamental non seulement pour l’élection mais pour son éventuel second mandat.

Dès la veille, il a cependant compris que le maître mot de sa campagne et de son action était de protéger : protéger les Français de tous les désordres, géopolitiques, sanitaires, climatiques, etc. Tout le monde lui reconnaît son excellence dans la gestion des crises et sans doute que l’avenir nous réservera d’autres crises. Il est fini le temps calme où rien ne se passait. Le monde va plus vite, les besoins sont plus affirmés, le rôle du chef de l’État est d’incarner cette instabilité de trajectoires et cette stabilité institutionnelle : « Rarement la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité. Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. ».

Je ne peux m’empêcher de le comparer avec De Gaulle : des circonstances exceptionnelles, un homme et un peuple. L’arriviste s’arrêterait de présider pour s’investir à 100% dans sa campagne pour la réélection. Emmanuel Macron, c’est le contraire : il s’investit à fond dans la fin de son (premier) mandat et il espère que cela fera la différence avec les autres candidats dans cette expérience en direct. En fait, il n’a pas le choix, il ne peut pas laisser tomber sa gestion de la crise ukrainienne pour raisons électorales, d’ailleurs, les électeurs eux-mêmes le lui reprocheraient. Il doit continuer à présider, quitte à faire campagne autrement : « Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte. Mais avec clarté et engagement, j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d’entre vous. ».

La comparaison avec François Mitterrand est en revanche peu pertinente car à l’époque, François Mitterrand n’était pas aux affaires, puisqu’en pleine cohabitation, le "sortant" véritable était Jacques Chirac. Il avait donc le loisir de faire campagne sans avoir d’interaction avec les vicissitudes gouvernementales.

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Dans cette lettre très générale qui ne constitue pas son programme, Emmanuel Macron apporte cependant l’esquisse de ses arguments de campagne, en particulier à l’encontre des deux candidats extrémistes : « Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie. C’est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l’audace, de la volonté et de notre goût de l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance. ». Cette dernière phrase ferait un excellent slogan, du moins sur le fond, créant clairement le clivage entre le candidat progressiste qu’il incarne et les candidats passéistes et nostalgiques d’un passé idéalisé qui n’a jamais existé.

Parmi les grands thèmes de campagne et du programme, il y a l’indépendance qui se décline en particulier par la force économique, l’investissement dans l’innovation, la baisse des impôts sur le travail et sur la production, une force déjà évoquée dans sa perspective de la France 2030 et dans sa vision européenne. Il y a aussi la lutte contre les inégalités en réformant l’école, en laissant plus libres les enseignants. Il y a l’instauration d’une nouvelle aide pour aider les personnes dépendantes, qu’elles soient âgées ou en situation de handicap, refonte de la politique d’autonomie rendue pressante avec le scandale des EHPAD.

Le texte de 6 000 caractères se termine par : « Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne. ». Une autre formule qui signifie que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.

En clair, il a fait le minimum syndical pour sa déclaration de candidature et il devait le faire avant vendredi 4 mars 2022 à 18 heures. Emmanuel Macron est détesté par une (petite) partie de la population, ou plutôt, par une petite partie rugissante des réseaux sociaux dont certains sont des propagandistes étrangers (dont russes). Mais ceux qui le détestent en toute sincérité, savent-ils regarder objectivement les actions et le bilan de ce quinquennat hors du commun ? Sauraient-ils répondre à la question : qui aurait fait mieux ?

N’est-ce finalement qu’une jalousie de voir, selon la formule de Jean-Pierre Raffarin, le candidat le plus jeune comme étant aussi le plus expérimenté (dans les entreprises, cela créerait un climat spécial d’amertume, de rancœur, de jalousie). Combattent-ils le supposé néolibéralisme d’Emmanuel Macron alors que le Président sortant n’a rien d’un libéral dans les faits ? Il est au contraire ce qu’on appellerait un étatiste, dans la grande tradition gaullienne, jamais la France n’a autant dépensé que sous Emmanuel Macron, afin de protéger les Français, de proposer le "quoi qu’il en coûte" pour la crise covid mais aussi pour les conséquences de la guerre en Ukraine.

Pourtant, ces opposants sincères devraient essayer de comprendre pourquoi Emmanuel Macron est aujourd’hui en tête des sondages d’intention de vote. Certes, rien n’est joué et il serait bien trop présomptueux d’imaginer que l’élection est déjà pliée, il y a tellement de possibilité de trébucher d’ici aux 10 et 24 avril 2022, surtout avec toutes ces crises internationales, que tout est possible. S’il est apprécié dans sa gouvernance, c’est aussi parce qu’il ne dort pas, il n’est pas passif, il est réactif, il considère au contraire qu’une crise est le moyen de sortir le meilleur de son pays. Et avec ce premier mandat qui lui a donné les expériences des réussites et des échecs ; il a appris. Il l’explique dans sa lettre : « Nous n’avons pas tout réussi. Il est des choses qu’avec l’expérience acquise auprès de vous, je ferais sans doute différemment. ». Élire sans cesse un nouveau Président inexpérimenté, c’est en permanence choisir l’inachevé, le pas fini. Le second mandat est là pour justement reprendre la gouvernance avec plus de philosophie et moins de fougue. Et surtout, sans polémiques inutiles qui divisent les Français. L’unité des Français avant tout.

Personne ne maîtrise les thèmes de campagne, mais si l’inquiétude nucléaire plane, il est sûr qu’il est d’autres angoisses qui passent donc à l’as. Ce n’est pas la faute d’Emmanuel Macron qui, au contraire, aurait voulu une confrontation projet contre projet. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance, je répète cette phrase car elle est tellement importante. C’est toute la distinction entre celui qui prépare l’avenir, qui anticipe l’avenir, et celui qui se présente comme simple conservateur des mœurs d’autan, une sorte de sacristain de la vieille France. La France n’est pas un musée, elle est une communauté vivante, vive et active, prête à l’audace et à la créativité, heureuse de suggérer de nouveaux modes de pensée ou de fonctionnement. Tous les concurrents sont connus. Que le meilleur gagne !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Lettre du candidat Emmanuel Macron à tous les Français le 3 mars 2022 (texte intégral).
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220303-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-32-emmanuel-macron-239852

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/03/39370197.html








 

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3 mars 2022 4 03 /03 /mars /2022 19:36

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Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220303-macron.html




LETTRE AUX FRANÇAIS D'EMMANUEL MACRON
À LA PRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALE
DU VENDREDI 4 MARS 2022


Mes chers compatriotes,

Depuis cinq ans, nous avons traversé ensemble nombre d'épreuves. Terrorisme, pandémie, retour de la violence, guerre en Europe : rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité.

Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche, renforcer nos armées, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, continuer à moderniser notre agriculture. Grâce à nos efforts, nous avons, avant la pandémie, réduit nos déficits et, tout au long du quinquennat, baissé les impôts de manière inédite. Tout cela nous a permis d'être crédibles et de convaincre nos principaux voisins de commencer à bâtir une Europe-puissance, capable de se défendre et de peser sur le cours de l'Histoire.

Nous n'avons pas tout réussi. Il est des choix qu'avec l'expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment. Mais les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c'est bien ce chemin qui doit être poursuivi.

Nous connaissons des bouleversements d'une rapidité inouïe : menace sur nos démocraties, montée des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques. Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie. C'est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l'audace, de la volonté et de notre goût de l'avenir que nous réussirons. L'enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance.

Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous permettre aujourd'hui comme demain de décider pour nous-mêmes.

Il n'y a pas d'indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d'autres les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d'investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l'agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique, celle qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.

C'est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves.

Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu'en nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité sera donnée à l'école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés.

Nous investirons pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile tant qu'il le peut, pour rendre les maisons de retraite plus humaines. Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour l'inclusion de nos compatriotes en situation de handicap. En matière de santé, nous opérerons la révolution de la prévention et ferons reculer les déserts médicaux.

La force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l'humain tout au long de la vie, qui donne confiance aux familles et a fait de la France l'un des pays d'Europe à la plus forte natalité.

Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d'être au monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que lorsque l'on est Français, on se doit de connaître, d'aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le respect des lois n'est pas négociable, nous poursuivrons l'investissement dans nos forces de sécurité et notre justice. Nous encouragerons l'engagement avec une ambition simple : former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains.

Tout au long de mon mandat, j'ai vu partout un esprit de résistance à toute épreuve, une volonté d'engagement remarquable, une inlassable envie de bâtir. Je l'ai retrouvée dans notre pays mais aussi en allant à la rencontre de nos compatriotes vivant à l'étranger. En chaque lieu, j'ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s'appelle la France.

C'est pourquoi le moment électoral qui s'ouvre est si important. Cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà. Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l'aurais souhaité en raison du contexte. Mais avec clarté et engagement j'expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d'entre vous.

Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d'une nouvelle époque française et européenne.

Avec vous. Pour vous. Pour nous tous.
Vive la République !
Vive la France !

Emmanuel Macron, lettre mise en ligne le jeudi 3 mars 2022 à 20h30.


Source : PQR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220303-lettre-macron.html



 

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 07:32

« Ce quinquennat restera sans doute comme l’un des plus difficiles de notre histoire. C’est toujours difficile de gouverner la France, mais là, ce fut particulièrement difficile. » (Jean-Pierre Raffarin, le 2 mars 2022 sur LCI).



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Il hésitait depuis trois mois, étonné positivement par la désignation de Valérie Pécresse au congrès LR pour représenter la droite modérée à l’élection présidentielle. Pour lui comme pour beaucoup de modérés, cela replaçait de l’incertitude dans une campagne assez monotone : la possibilité d’un second tour Macron vs Pécresse pouvait remettre toutes les pendules à l’heure. Mais la question de Jean-Pierre Raffarin reste avant tout de savoir quel est l’intérêt du pays.

Sur le plan personnel, Jean-Pierre Raffarin apprécie beaucoup Valérie Pécresse pour qui il a « considération et affection ». Ils ont en commun d’avoir présidé une région et d’avoir les mêmes options politiques dans un parti de plus en plus divisé sur l’essentiel (en particulier sur la souveraineté européenne). Tout au long de ces derniers mois, il rendait même hommage à la présidente du conseil régional d’Île-de-France : elle a « une solidité, une ténacité, du caractère » le 27 janvier 2022, du « talent pour les responsabilités » le 3 novembre 2021. Déjà le 13 octobre 2016, il voyait en elle de la graine de Premier Ministre, qu’elle pourrait être nommée à Matignon après l’élection présidentielle de 2017 (qu’il imaginait alors gagnée par le candidat LR qu’il soutenait, à savoir Alain Juppé)… Mais malgré ce tempérament réel, cette envergure politique nourrie à l’école Chirac, Jean-Pierre Raffarin regrettait encore le 15 février 2022 « la pression de la droite la plus dure » sur la candidate LR.

Invité d’Élizabeth Martichoux dans la matinale de LCI ce mercredi 2 mars 2022, l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin a finalement annoncé son soutien au Président Emmanuel Macron en raison de la guerre en Ukraine et de la grave crise géopolitique qui remet tout en cause : « Le Président a été à la hauteur de la fonction. Je souhaite sa candidature et je le soutiendrai. ».

Cela fait cinq ans qu’il est bluffé par l’ancien Ministre de l’Économie et des Finances de François Hollande bombardé à 39 ans à la magistrature suprême dans des circonstances exceptionnelles que seule l’Histoire, avec un grand H, peut imaginer. Volontariste, dynamique, pas englué dans une idéologie, pro-entreprises, pro-européen, souverainiste, car Emmanuel Macron s’attache à toujours préserver la souveraineté de la France et de l’Europe, leur indépendance dans ses décisions, et enfin, ce qu’il a dû faire pendant les quatre cinquièmes de son mandat, gestionnaire spécial des crises extrêmes. Alors, c’est vrai, avoir hors de son parti celui qui représente le mieux ses valeurs, c’est gênant politiquement, dans le sens très politicien du terme, mais c’est aussi une chance, les valeurs n’auront peut-être pas meilleur serviteur dans l’avenir.

C’est aussi parce qu’il est en retrait de la vie politique qu’il peut se permettre son autonomie de positionnement. Après la victoire du macronisme, Jean-Pierre Raffarin a annoncé qu’il quittait la vie politique active le 27 juin 2017. Très influent sénateur, président de la prestigieuse commission des affaires étrangères du Sénat, il a quitté la présidence de la commission le 11 juillet 2017 et son mandat de sénateur le 4 octobre 2017 (il lui restait encore trois ans à exercer) pour se consacrer à d’autres activités moins publiques.

C’est donc bien un retraité de la vie politique, avec une longue expérience politique qui a amené cet ancien jeune giscardien à Matignon sous la Présidence de Jacques Chirac, avec une connaissance de la géopolitique très étendue, fasciné par la Chine qu’il a visitée dès 1976 (il a noué de nombreuses relations entre la Chine et la France qui sont aujourd’hui fort utiles dans un contexte de crise internationale majeure).

Aujourd’hui, il a affiché clairement son soutien au Président de la République : « La situation internationale est particulièrement menaçante mais Emmanuel Macron est à la fois le candidat le plus jeune et le plus expérimenté. C’est rare ! C’est très important pour réussir un second mandat d’avoir la leçon des succès et des échecs des mandats précédents. Aujourd’hui, pour réussi son second mandat, il a tout en main. (…) J’ai beaucoup réfléchi sur ce sujet parce que j’ai pour Valérie Pécresse considération et affection. Mais la dangerosité de la situation internationale aujourd’hui lève toute hésitation. ».

Il est vrai que l’histoire est tragique, et quand le dirigeant de la plus grande puissance nucléaire commence à montrer ses ogives, on a intérêt à ne pas être un débutant dans cette cour terrible de la guerre et de la mort. Le moment où il faudra peut-être que le Président de la République française décide de l’utilisation de sa force de dissuasion nucléaire aura peut-être lieu dans le prochain quinquennat, et il faut rappeler que la personnalité du dirigeant, son expérience, son opérationnalité, son réseau d’influence diplomatique, son sang-froid, son esprit d’analyse, son discernement, sa lucidité et aussi sa compassion, son humanisme sont des éléments clefs à prendre en compte. Aucun Président de la République n’avait eu à faire ce choix jusqu’à maintenant, pas même De Gaulle qui n’a jamais évoqué la question publiquement même si la précédente crise, celle de Cuba en 1962, est passée très près de la catastrophe (je rechercherai s’il a pu confier quelques réflexions privées sur ce sujet).

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Du reste, le cheminement de Jean-Pierre Raffarin n’est pas le seul et toute une partie de LR est particulièrement écœurée par la pression de l’extrême droite dans la campagne de Valérie Pécresse, qui est absolument inexplicable, injustifiable et inquiétant sur la capacité de la candidate LR à résister aux fortes pressions internationales que le prochain Président de la République subira inévitablement. Renaud Muselier le 27 février 2022, avant lui, Éric Woerth le 9 février 2022, et bien d’autres leaders LR ont déjà apporté leur soutien formel à Emmanuel Macron, considérant que LR n’avait pas assez travaillé depuis 2017 pour proposer aux électeurs une alternance suffisamment construite, sérieuse et responsable.

En outre, on ne peut pas dire que l’ancien Premier Ministre voudrait aller "à la soupe". À près de 74 ans dans quelques mois, Jean-Pierre Raffarin n’attend plus rien de la vie politique, sa carrière est derrière lui. Il a eu Matignon, le rêve de bien des responsables politiques et le sien, de rêve, aurait été en 2008 d’être élu Président du Sénat ; il a échoué face à Gérard Larcher et il a tourné la page. On peut toujours dire qu’il convoiterait le Quai d’Orsay, selon une récente tradition d’y placer de "vieux" anciens Premiers Ministres (Alain Juppé, Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault, mais il y a eu aussi Michel Debré en 1968), mais on voit bien qu’il faudra au quinquennat à venir un Ministre des Affaires étrangères jeune, dynamique, alerte, qui puisse avoir une activité diplomatique intense, efficace et engagée, pour laisser au Président de la République le temps de s’occuper aussi des affaires purement intérieures françaises.

On voit bien d’ailleurs que la candidature de Valérie Pécresse est en train de décrocher au fur et à mesure que la guerre en Ukraine fait rage, car cette agression russe impose tragiquement de regarder les candidats, pas comme des concurrents dans une course de petits chevaux, mais comme des hommes ou des femmes d’État seuls face à leurs responsabilités nationales, en particulier celle de la dissuasion nucléaire. Dans le rolling de l’IFOP, par exemple, elle s’écroule à 13% d’intentions de vote au premier tour, mais plus encore est cruel son score au second tour, seulement 39,5% d’intentions de vote face à Emmanuel Macron 60,5%, qui, lui, monte à 28%.

Valérie Pécresse paie d’une part, sa campagne ultradroitière qui a repoussé tout l’électorat modéré vers Emmanuel Macron, et d’autre part, sa crédibilité de présidentiable face à un Vladimir Poutine (mêmes initiales) qui ne fera aucun cadeau. Dans ce cas de crise majeure, le réflexe légitimiste paraît prévisible et souhaitable, tel qu’énoncé par Jean-Pierre Raffarin : « Le temps est à l’unité nationale. Il faut se rassembler derrière le chef de notre exécutif. ». Restons donc unis comme nous l’avons toujours su le faire dans des époques troublées.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jean-Pierre Raffarin.
La retraite de monsieur Raffarin.
Élysée 2022 (30) : la Nouvelle Valérie Pécresse ?
Discours de Valérie Pécresse au meeting du 13 février 2022 au Zénith de Paris.
Programme 2022 de la candidate Valérie Pécresse.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (mise à jour régulièrement).
Éric Woerth.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Élysée 2022 (24) : Valérie Pécresse, entre savoir-faire et savoir-plaire.
Élysée 2022 (19) : l’effet Valérie Pécresse.
Élysée 2022 (18) : Valérie Pécresse, naissance d’une leader.
Second tour du congrès du parti Les Républicains le 4 décembre 2021.
Élysée 2022 (16) : ce sera le duel Ciotti-Pécresse.
Élysée 2022 (15) : le quatrième et ultime débat des candidats LR.
Élysée 2022 (14) : L’envol d’Éric Ciotti ?
Renaud Muselier.
Philippe Juvin.
Élysée 2022 (13) : troisième débat LR, bis repetita.
Élysée 2022 (12) : Surenchères désolantes pendant le deuxième débat LR.
Élysée 2022 (11) : Michel Barnier succédera-t-il à Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (10) : Éric Ciotti, gagnant inattendu du premier débat LR.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Les Républicains et la tentation populiste.
Jean-François Copé.
Yvon Bourges.
Christian Poncelet.
René Capitant.
Patrick Devedjian.

_yartiRaffarin2022A03




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220302-raffarin.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/jean-pierre-raffarin-apporte-son-239810

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/02/39367921.html











 

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26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 12:23

On peut lire le programme de Valérie Pécresse, candidate de LR-UDI à l'élection présidentielle de 2022, sur son site Internet.

Cliquer sur ce lien pour télécharger le programme (fichier .pdf) :
https://valeriepecresse.fr/wp-content/uploads/2022/03/16P-VP2022-ok.pdf

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220213-pecresse.html
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220327-baroin.html
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220327-dominique-de-villepin.html
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220320-sarkozy.html


SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220129-programme-valerie-pecresse.html


 

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25 février 2022 5 25 /02 /février /2022 12:20

On peut lire le programme de Nicolas Dupont-Aignan, candidat de DLF à l'élection présidentielle de 2022, sur son site Internet.

Cliquer sur ces liens pour télécharger le programme (fichiers .pdf) :
https://2022nda.fr/wp-content/uploads/2022/03/Programme-general-1.pdf
https://2022nda.fr/wp-content/uploads/2022/01/Le-chiffrage-du-projet_VFIN.pdf
https://2022nda.fr/wp-content/uploads/2022/01/100-Decisions-pour-la-France_VFIN.pdf

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180401-debout-la-patrie.html


SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220331-programme-dupont-aignan.html


 

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