1. SAINT-DENIS (AFP) - 13 mars 2007
Un mois après une visite de douze heures à Mantes-la-Jolie (Yvelines), François Bayrou s'est rendu mardi en Seine-Saint-Denis, occasion pour lui de tester sa popularité en banlieue et de se démarquer de Nicolas Sarkozy sur l'immigration.
François Bayrou a estimé mardi soir que "réunir et pas diviser, c'est aussi cela l'identité de la République française", lors d'une cérémonie avec plusieurs dizaines de nouveaux naturalisés à Drancy (Seine-Saint-Denis). Cette cérémonie à Drancy, dont le député-maire est l'UDF Jean-Christophe Lagarde, a conclu la journée de M. Bayrou en Seine-Saint-Denis.
Dans la ville communiste de Saint-Denis, en proche banlieue parisienne, le candidat UDF à la présidentielle, qui est arrivé en RER, a été accueilli aux cris de "Bayrou président!".
La cohue a commencé gare du Nord à Paris où le candidat centriste, entouré de journalistes, dont de nombreux médias étrangers, est assailli de voyageurs lui souhaitant "bonne chance", ou lui lançant: "faut penser à nous, quand vous serez au pouvoir".
Dans le RER, le candidat discute avec des passagers, signe des autographes. A l'écart, un jeune homme, qui se dit partisan de Ségolène Royal, confie pourtant ses critiques à quelques journalistes: "Bayrou est de droite. C'est comme un renard qui met les plumes du coq pour rentrer dans le poulailler. C'est une grosse imposture".
Une fois à Saint-Denis, nouvelle bousculade autour du président de l'UDF, qui peine à avancer, encouragé, sollicité de toutes parts. L'un fait part de ses craintes d'être expulsé de son HLM avec des enfants en bas âge, une mère de quatre enfants lui raconte sa "galère" pour trouver un emploi à plein temps, des étudiants issus de l'immigration lui demandent de faire tomber les "barrières à l'embauche".
Devant la gare puis dans la rue commerçante de Saint-Denis, M. Bayrou serre des mains, pose des questions, rappelle avoir soutenu le CV anonyme et proposé une suppression des cautions pour la location de logements. Un bain de foule qui durera plus de deux heures.
"Il promet pas la lune mais c'est quelqu'un de droit", s'enthousiasme Yves, 23 ans, commerçant. "Sarkozy est trop violent, on a besoin de gens calmes comme Bayrou. Ségolène Royal, c'est une femme, elle a pas assez de niaque".
Un étudiant de 28 ans, habitant de Clichy-sous-Bois, l'apprécie parce qu'il est "honnête, social, simple". "C'est pas tout le monde qui vient ici. Sarkozy il ose pas venir", affirme-t-il.
A plusieurs reprises, M. Bayrou réaffirme son opposition au "ministère de l'Immigration et de l'identité nationale" proposé par son rival UMP. "L'identité nationale, ce n'est pas une affaire de ministère", dit-il. "Quand on a un minimum de souvenirs de l'histoire de France, quand on veut un pays apaisé, on ne fait pas un amalgame de ces deux mots".
"La première chose à faire, c'est de ne pas dresser les gens les uns contre les autres en leur faisant croire que la Nation est menacée", ajoute-t-il. "Le devoir d'un président de la République, c'est de faire vivre les Français ensemble".
Ce que chacun veut, c'est "ne pas être discriminé, être regardé comme un citoyen français, quelle que soit sa couleur de peau, son origine, la consonance de son nom, sa religion et son adresse".
Devant l'engouement qu'il suscite, M. Bayrou dit sentir "une charge lourde" sur ses épaules. "Ce n'est pas simplement une grande joie électorale, je ne dois pas les décevoir", dit-il.
2. BOBIGNY (AFP) – 13 mars 2007
Il existe un "engouement" pour François Bayrou en banlieue, affirment des responsables associatifs interrogés mardi par l'AFP selon lesquels de plus en plus d'électeurs des quartiers sensibles voient dans le président de l'UDF l'homme le plus à même de battre Nicolas Sarkozy.
"C'est lui qui bénéficie du capital sympathie. Les gens en ont soupé de la droite et de la gauche et il apparaît comme un homme neuf", affirme ainsi Stéphane Ouraoui, président de l'association Pas de quartiers, tous citoyens, présente dans toute la région parisienne.
Le candidat de l'UDF, en tournée en Seine-Saint-Denis mardi, a été bien accueilli par la population. En déplacement au Val-Fourré (Yvelines) le 9 février et à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 30 janvier, il avait reçu un accueil bienveillant.
"Son côté anti-système plaît", confirme Mohamed Chirani, président de l'association Votez banlieue.
La tendance s'est accentuée au cours de la campagne: "Bayrou est en train de gagner la confiance de la banlieue: il bénéficie de la peur engendrée d'un côté par l'agressivité de Nicolas Sarkozy et de l'autre par les maladresses et l'inexpérience de Ségolène Royal", souligne Mohamed Chirani.
La réflexion de Nicolas Sarkozy, sur TF1, sur ces personnes qui ne respectent pas la France parce qu'elles "égorgent des moutons dans des baignoires", "en a choqué plus d'un", assure Stéphane Ouraoui. "J'étais récemment à une réunion de jeunes partisans du Parti radical de Jean-Louis Borloo à Mantes-la-Jolie. Pas un ne voulait voter pour Nicolas Sarkozy", témoigne-t-il.
A contrario, François Bayrou rassure la communauté musulmane. Sa brève apparition le 16 février au dîner de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, où il s'est présenté comme "un croyant" qui "respecte les croyants", a été très appréciée, selon des participants.
Hafid Rahmouni, directeur de l'association Zyva à Nanterre, l'a trouvé "très humain" lors de son passage dans cette ville. "C'est lui qui nous a semblé le plus à l'aise. Il n'y avait pas cette distance que peut provoquer la position d'un homme comme lui. Ca a vraiment fait la différence".
Selon Stéphane Ouraoui, M. Bayrou bénéficie de l'image d'un homme "honnête" et "intègre".
La gifle donnée en 2002 lors d'une visite au quartier de la Meinau à Strasbourg à un jeune garçon qui lui faisait les poches ne lui porte pas préjudice. "Perçue comme une correction de père de famille", elle est oubliée, quand elle n'est pas saluée, selon M. Chirani.
Autre atout de François Bayrou en banlieue, et non des moindres: sa position dans les sondages qui le donnent gagnant face au candidat de l'UMP s'il était présent au second tour. "La banlieue cherche un vote pragmatique, l'objectif est de battre Sarkozy et ce n'est pas avec le vote Royal qu'on y parviendra", assure M. Chirani.
Pour certains, Bayrou apparait davantage comme un moindre mal que comme une vraie solution. "On essaie de prendre le moins mauvais pour nous, franchement, on se dit, "pourquoi pas ?". On paie pour voir, comme au poker", explique Hamza Bouguerra, président de l'association des jeunes des Tarterêts (Essonne).
Reste à savoir si le candidat tiendra la distance et s'il pourra apparaître jusqu'au bout comme un homme au centre. "Certains en banlieue pourraient se souvenir que M. Bayrou a été ministre dans un gouvernement de droite, a soutenu des gouvernements de droite et a voulu financer les écoles privées", prévient Stéphane Ouraoui.
3. SAINT-DENIS (AP) – 13 mars 2007
François Bayrou a savouré mardi l'accueil chaleureux qui lui a été réservé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), lors d'un nouveau déplacement en banlieue. A cette occasion, il a insisté sur ses différences avec Nicolas Sarkozy face à un électorat populaire, avec qui il a parlé social et immigration.
Entouré de très nombreux journalistes, le candidat centriste a arpenté pendant plus de deux heures la rue piétonne commerçante de la République, réservant une attention ou un geste pour chacun, s'enquérant de la situation professionnelle ou du pays d'origine des passants venus l'interpeller sur les questions sociales et, surtout, sur l'immigration.
Beaucoup, issus de l'immigration ou immigrés eux-mêmes, lui ont fait part de leur enthousiasme pour sa candidature. Et d'expliquer leur choix par la lassitude des alternances gauche-droite et par leur rejet de Nicolas Sarkozy.
François Bayrou a insisté sur ce qui le sépare du candidat de l'UMP, qui peine à organiser un déplacement en banlieue parisienne. Il a notamment répété son opposition de principe au fait de lier immigration et identité nationale dans l'intitulé du grand ministère souhaité par l'actuel ministre de l'Intérieur. Il a aussi insisté sur la "vision plus humaine" de l'immigration qu'il défend.
La plupart des immigrés, qu'ils aient ou non des papiers, "resteront pour un certain moment en France", a-t-il avancé. Interrogé par un immigré sur la situation des sans-papiers, il a expliqué que certains pourraient être régularisés, en raison de leur situation personnelle et professionnelle. "Mais je ne suis pas pour une régularisation massive", a-t-il rappelé.
A un étudiant qui l'interpellait à la sortie de la gare RER de Saint-Denis sur la discrimination à l'embauche, il a rappelé avoir "proposé le CV anonyme" pour permettre aux demandeurs d'emploi d'accéder aux entretiens de sélection. "En France, tout le monde est français", a-t-il ensuite appuyé. Dans la soirée, il devait rencontrer un groupe de Français nouvellement naturalisés.
François Bayrou a également abordé le volet social de son programme, se prononçant pour une accélération des constructions de logement ou expliquant à la patronne d'un salon de coiffure qu'elle pourrait embaucher deux salariés grâce à l'exonération des cotisations patronales correspondantes qu'il propose. En Seine-Saint-Denis, "il y a beaucoup de difficultés, mais il y a aussi beaucoup de vitalité", a-t-il affirmé.
Une vitalité qui s'est exprimée par un très bon accueil, dès le train de banlieue qu'il a emprunté puis dans les rues de Saint-Denis. Il les a arpentées à très petite vitesse pour écouter les difficultés personnelles de ses interlocuteurs et pouvoir s'arrêter dans plusieurs boutiques. Son cheminement a aussi été marqué à plusieurs reprises par des salves d'applaudissement ou des cris de "Bayrou président!", repris par les passants.
"Pour vous, c'est peut-être une surprise, pour moi pas", a commenté le candidat, manifestement satisfait, à l'adresse des journalistes. "Je sentais depuis longtemps le besoin de millions de gens", a-t-il expliqué.
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