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29 novembre 2023 3 29 /11 /novembre /2023 10:23

« La France s’enlise dans une dangereuse crise de confiance des citoyens envers leurs institutions censées protéger leur santé. » (Michel Rivasi, avril 2015).




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On peut n'avoir que 70 ans, ce n'est plus tout jeune mais c'est quand même un peu tôt pour mourir, et être victime d'une crise cardiaque. Ce fut le triste sort de la députée européenne écologiste Michèle Rivasi ce mercredi 29 novembre 2023 dans la matinée alors qu'elle se rendait au siège bruxellois du Parlement Européen. Elle a été immédiatement transférée à un hôpital de Bruxelles où elle s'est éteinte. Née le 9 février 1953 à Montélimar, elle était une femme politique expérimentée après avoir été une militante acharnée...

J'imagine la tristesse des proches, un tel événement est toujours un séisme dans une vie, mais il faut bien constater que Michèle Rivasi défendait des causes qui ne m'ont pas paru pertinentes, surtout depuis quelques années. Être diamétralement opposé aux idées ne signifie pas ne pas saluer la femme engagée qu'elle était. Pourtant, il y a un paradoxe à voir aujourd'hui l'extrême droite rendre hommage à cette militante écologiste résolument engagée à gauche.

Normalienne, elle était professeur agrégée de sciences naturelles et a enseigné à l'IUFM de Valence puis de Grenoble, quand sa vie militante et politique le lui permettait. Je passe sur son excursion ratée dans le management : directrice de Greenpeace France de septembre 2003 à novembre 2004, elle aurait mis la pagaille dans l'équipe d'une cinquantaine de personnes qu'elle devait motiver et a été rapidement remerciée.

Michèle Rivasi s'est fait connaître à l'époque de la catastrophe nucléaire de Tchernbyl ; elle refusait de croire, avec raison, que le nuage nucléaire s'était arrêté, comme le prétendaient les autorités françaises, à la ligne bleue des Vosges. Elle a créé avec d'autres militants et présidé la Commission de recherche d'information indépendantes sur la radioactivité, autrement dit, la CRIIRAD. Elle fut également la vice-présidente du Centre de recherche et d'information indépendante sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM). Dans les années 1980, elle militait notamment aux côtés de Corinne Lepage, future ministre et future candidate à l'élection présidentielle.

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Cet engagement militant l'a placée sur le terrain électoral. Élue conseillère municipale de Félines-sur-Rimandoule, une commune de moins de 100 habitants dans la Drome, elle a été élue députée de la Drome en juin 1997 de manière très serrée avec l'appui du parti socialiste et des Verts (tandis qu'elle a battu Patrick Labaune qui retrouva son siège en juin 2002). Inscrite au groupe socialiste, Michèle Rivasi a exercé pendant cinq ans son mandat de députée où elle s'est surtout préoccupée des questions d'environnement, d'énergie (elle a enquêté sur Superphénix), de la sûreté des installations industrielles et des centres de recherche, etc.


Après son échec pour sa réélection en 2002, elle a relancé sa carrière politique en s'engageant au sein des Verts en 2005 et en s'implantant à Valence : en mars 2008, elle a été élue conseillère générale de la Drome (et vice-présidente du conseil général) ainsi qu'adjointe au maire de Valence. Elle a mené la liste aux municipales de 2014 mais, battue, ne fut élue que conseillère municipale jusqu'en 2020. Michèle Rivasi fut élue députée européenne sans discontinuité depuis juin 2009 (réélue en 2014 et 2019), sur les listes écologistes.

En avril 2015, Michèle Rivasi a choqué beaucoup de monde en déclarant ceci : « Aujourd’hui, les vaccins créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent, il est temps de changer de paradigme sur la prévention. ». Si cette petite phrase franchement antivax est restée discrète pendant quelques années, elle a été rappelée par la Ministre de la Santé Agnès Buzyn elle-même le 13 mars 2019, avant les élections européennes. En fait, elle a provoqué des remous au sein de son parti écologiste dès le 10 juillet 2017 car elle militait contre l'obligation vaccinale proposée par le gouvernement : « La France serait le premier pays d'Europe à vouloir imposer avec autant de force la panacée vaccinale. À raison ? Justement pas. ».

Désinformation ou informations médicales mal digérées, toujours est-il que Michèle Rivasi, probablement sincère, a fait le jeu des antivax et des complotistes en se lançant très maladroitement contre les supposés lobbies pharmaceutiques. Après la relance de la polémique par le gouvernement, elle a tenu à nuancer sa position dans une note le 12 mars 2019 intitulée : « Oui aux vaccins, non aux lobbies ! ». Elle y affirmait : « Que les choses soient claires : je ne remets pas en cause l’utilité de la vaccination, et je sais ce que les vaccins ont apporté en termes de progrès sanitaires au XXe siècle, de lutte contre la mortalité infantile… (…) Mon combat depuis toujours a été pour la transparence et l’information des citoyens. (…) Je l’affirme donc haut et fort : je suis pour la vaccination ; pour la protection de la santé. (…) Il faut exiger la transparence dans les prises de décisions et s’assurer que les décisions prises, notamment en ce qui concerne la loi sur l’obligation vaccinale, n’ait pas été prise ou suggérée sous l’influence du lobby pharmaceutique. Il faut mettre fin aux conflits d’intérêts et aux portes tournantes entre les élus et les dirigeants et experts d’agences sanitaires et les laboratoires pharmaceutiques. ». Pourtant, les médecins sont déjà tenus à publier les différents intérêts qu'ils pourraient avoir dans l'industrie pharmaceutiques.

Malgré les dénégations de la députée européenne, tout dans son discours reprenait le vocabulaire voire les rumeurs et les mensonges des antivax. Pire, elle a récidivé contre le vaccin contre le covid-19, doutant de sa fiabilité future dès le 25 avril 2020 (donc de manière totalement gratuite puisque la première communication sur l'efficacité de tels vaccins n'a été publiée que le 9 novembre 2020) dans un tweet qu'elle a finalement supprimé avec précipitation après les pressions de son propre parti, mais elle a à nouveau abusé de Twitter en comparant excessivement le passe sanitaire à l'apartheid le 12 juillet 2021. Bien plus tard, en 2023, elle a participé à la rédaction d'un livre aux côtés de parlementaires ou anciens parlementaires ouvertement antivax.

Son discrédit scientifique est devenu complet (malgré ses diplômes et titres) lorsqu'elle a soutenu l'homéopathie (la justifiant par la prétendue mémoire de l'eau) et même en faisant la promotion de l'anthroposophie appliquée au traitement du cancer, ainsi qu'en s'opposant aux ondes wifi et aux compteurs Linky. Le "Journal internationale de médecine" a ainsi sacrée Michèle Rivasi « reine de l'alterscience » le 18 février 2017, l'accusant de colporter des rumeurs complotistes erronées.


Le problème de ce type de positions pour Michèle Rivasi, c'est qu'elle bénéficiait d'un fort écho médiatique par son engagement militant et son mandat de parlementaire européenne, ainsi que par sa candidature le 1er août 2016 à la Présidence de la République.

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Effectivement, Michèle Rivasi a voulu participer à la primaire des écologistes pour l'élection présidentielle de 2017 et a créé la surprise : elle a dépassé Cécile Duflot le 19 octobre 2016 avec 30,2% des voix et s'est retrouvée projetée dans un second tour face à Yannick Jadot qui, finalement, allait gagner la partie le 7 novembre 2016 avec plus de 54,2% des voix... mais de manière très provisoire puisqu'au fil de la campagne, il s'est effacé au profit du candidat socialiste.

Elle comptait vivement se représenter aux élections européennes de juin 2024 pour un quatrième mandat au Parlement Européen. Dans son dernier tweet, un jour avant sa mort, elle rouspétait encore contre ce qu'elle appelait le lobby pharmaceutique...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 novembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Michèle Rivasi.
Hubert Reeves.

Yannick Jadot.
Sandrine Rousseau.
Élysée 2022 (5) : profondes divisions chez les écologistes.
Grégory Doucet.
René Dumont.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-2023129-michele-rivasi.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/michele-rivasi-une-antinucleaire-251777

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/11/30/40126663.html





 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 04:08

« L’histoire m’a appris une dernière leçon : elle est tragique. Toujours. Le pire est le plus probable. Toujours. Et la meilleure façon de l’éviter est de s’y préparer. Cela veut dire, pour les démocraties, de ne pas baisser la garde (…), de se préparer à des compromis (…) ; et, pour les Européens, à écouter ces leçons, à se mettre d’urgence en économie de guerre, et à se préparer au pire, pour l’éviter. » (Jacques Attali, le 12 octobre 2023, sur son blog).




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Ce mercredi 1er novembre 2023, l'économiste Jacques Attali fête son 80e anniversaire. Faut-il y voir un signe, d'être né à la Toussaint ? Évidemment non, chacun a eu une chance sur 365 d'être né ce jour-là (et donc, en principe, près de 22 millions d'humains devraient avoir son anniversaire ce jour-là).

J'ai écrit "l'économiste" mais c'est difficile de bien le qualifier, lui-même se décrit sur son blog comme « écrivain, éditorialiste de l'Express, président de la Fondation Positive Planet, du Groupe A&A, et de Slate.fr ». Major à Polytechnique, IEP Paris, ENA, Conseil d'État, doctorat d'État en sciences économiques à Paris-Dauphine (thèse dirigée par Alain Cotta et soutenue en 1972 sur "La Théorie de l'ordre par le bruit dans la théorie économique"), assurément, Jacques Attali est une intelligence très brillante ...et très rare.

Il a acquis ses vraies lettres de noblesse médiatique comme "conseiller spécial du Président de la République" de 1981 à 1991. François Mitterrand avait été séduit par cette mécanique intellectuelle incroyable qui venait d'adhérer au parti socialiste en 1974. De ces dix années à l'Élysée, au plus près du pouvoir suprême (tous les visiteurs du Président devaient passer par son bureau !), est sorti son fameux best-seller "Verbatim" en trois tomes (sortis en 1993 et 1995 chez Fayard) où il a publié les confidences présidentielles de son mentor, sans doute avec l'ambition d'être un livre référence comme le "C'était De Gaulle" du ministre Alain Peyrefitte.


C'est sans doute ce métier d'écrivain qui occupe le plus son temps, et dont il est le plus fier. Il n'est en effet d'ailleurs pas peu fier d'avoir commencé à être édité dès l'âge de 30 ans, bien avant sa notoriété médiatique et politique. Selon mon décompte, Jacques Attali serait l'auteur de 98 ouvrages, principalement des essais, plusieurs biographies, quelques romans, et même du théâtre. Un production de masse qu'il dit assurer dans la solitude de la réflexion.

Certains ouvrages ont une certaine prétention comme le dernier "Le Monde, modes d'emploi : comprendre, prévoir, agir et protéger", sorti en mai 2023 chez Flammarion : « J’ai rassemblé ici tout ce que chacun devrait savoir sur la marche du monde et son avenir. Tout. » a-t-il cabotiné auprès de la journaliste Vanessa Schneider pour un portrait dans "Le Monde" du 4 juillet 2023 où il a précisé son rythme de vie : une heure de gym par jour, jeûne quotidien de seize heures (un repas sauté), pas d'alcool, pas de tabac, pas de café, mais du chocolat et surtout, du travail. Des conférences, des visites à l'étranger, des activités de son cabinet de conseil auprès de patrons et de gouvernements qui marche rudement bien (avec vingt-cinq collaborateurs à son service), trois à quatre livres lus chaque semaine, et plusieurs livres écrits par an.

À la journaliste Anne-Sophie Novel dans "Le Monde" du 2 avril 2015, il expliquait : « Je dors peu et j’ai pour habitude de me lever tôt. Si je mène des activités de natures différentes, ma principale obsession est d’avoir du temps libre et de la solitude, de ménager du temps pour l’inattendu, pour lire, écrire ou faire de la musique. Certains dorment peu et ne font rien de leur journée, donc dormir peu n’explique pas tout, c’est l’intensité du temps qui compte. ». Ah oui, j'avais oublié, Jacques Attali est aussi un chef d'orchestre passionné.

Assurément, Jacques Attali ne connaît pas la retraite, malgré ses 80 ans : « Je rêve d’une société où chacun, grâce à la robotisation, et à l’organisation politique et sociale, pourrait exercer l’activité qu’il souhaite, sans limite de temps. Dans une telle société, la revendication principale serait de retarder l’âge de la retraite, et pas de le réduire. Il n’y aurait pas de retraite, où travailler serait naturel… On en est évidemment très loin pour l’immense majorité des gens, et il faut réduire de toutes les façons possibles le temps consacré à des travaux pénibles, dégradants, ennuyeux, aliénants. Le critère d’une bonne société, c’est la part de "bon temps", librement choisi pour devenir soi, que chacun peut avoir. Une bonne société est une société où l’on préfère le lundi matin au vendredi soir, autrement c’est une société aliénée. ».

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On l'a compris, Jacques Attali est un utopiste. Il anticipe, il imagine, il crée des mondes futurs. Parfois, cela peut donner le tournis. Ou prêter à sourire sinon à rire. Entre autres, il pense que seul, un gouvernement mondial, raisonnable, dépassionné, pourrait trouver des solutions aux graves problèmes du moment comme les bouleversements climatiques. Comme il dit, il rêve.

Il l'a confirmé le 2 septembre 2023 sur France Inter, face à Charline Vanhoenacker : « Aujourd'hui, personne ne gouverne. C'est bien, parce qu'on n'est plus sous la domination absolue des États-Unis. On n'est pas encore, et à mon avis on ne le sera jamais, sous la domination de la Chine, parce que je ne pense pas qu'elle y arrivera. Ce qui n'est pas bien, c'est qu'il n'y a pas à la place quelque chose qui serait une organisation internationale crédible et sérieuse. Et si on n'est pas capable, avec les 500 millions d'habitants, de s'organiser, comment va-t-on être capable de le faire avec dix fois plus d'habitants à l'échelle de la planète ? C'est pour ça qu'il est si important de réussir l'Europe. (…) Dans un an, c'est les élections européennes. Quel parti, quelle organisation, présidera la Commission Européenne ? On a besoin d'avoir des gens puissants et compétents. Et malheureusement, on ne nomme pas toujours les meilleurs à Bruxelles, pour une raison d'ailleurs assez classique, c'est que les hommes politiques dans tous les pays européens ont toujours peur d'envoyer à Bruxelles quelqu'un de très bon pour leur faire concurrence. Ce qui fait que pratiquement tous les pays européens n'envoient pas leurs meilleurs comme commissaires à Bruxelles. Mises à part quelques exceptions comme Jacques Delors ou quelques grands Belges, on n'a jamais eu une classe politique européenne de très haut niveau. Il y a aujourd'hui, au Parlement Européen, des gens formidables ; j'ai beaucoup d'espoir. ».

Il rêve, donc. C'est peut-être pour cela qu'il n'a jamais été ministre. L'aurait-il voulu ? À mon sens, oui. Une personnalité brillante, mais moins brillante que lui, le même moule, la même génération presque, c'est Laurent Fabius, un camarade du lycée. Arrivé plus tard que Jacques Attali au PS, mais ministre dès 1981, Premier Ministre dès 1984. Attali, c'est l'intello, ce n'est pas l'acteur, l'opérationnel, il est le prospecteur. Malgré ses fonctions de banquier : premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERP) d'avril 1991 à juin 1993 (son frère jumeau Bernard Attali a été, lui, PDG d'Air France de 1988 à 1993).

L'influence de Jacques Attali sur le pouvoir politique n'est cependant plus à rappeler. Lorsqu'il était le directeur de cabinet du premier secrétaire du PS avant 1981, il s'était adjoint deux collaborateurs énarques qui furent plus tard présents à un second tour d'élection présidentielle (et l'un l'a même gagné), Ségolène Royal et François Hollande.

Un peu plus tard, en 2007, le Président Nicolas Sarkozy l'a nommé président de la commission pour libérer la croissance économique (son rapport ici), et il s'est adjoint un jeune haut fonctionnaire, un certain Emmanuel Macron. L'image qui les montre l'un à côté de l'autre le 10 septembre 2007 est assez trompeuse maintenant qu'Emmanuel Macron est Président de la République : le sous-fifre est bien Macron et le patron Attali, qui bénéficie d'ailleurs d'un fauteuil plus luxueux. On prête aussi à Jacques Attali le conseil de choisir en 2017 le député-maire LR du Havre Édouard Philippe pour Matignon. En 2015, il a même envisagé sa candidature à l'élection présidentielle de 2017, face à la vacuité qui se dégageait à gauche. Mais faire campagne n'est pas un boulot facile pour un intellectuel.

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Les dernières chroniques de Jacques Attali sur son blog évoquent bien sûr l'actualité brûlante.

Le 19 octobre 2023, par exemple, il faisait un parallèle intéressant entre le FLN et le Hamas, entre l'Algérie (il est né à Alger) et la Palestine : « Dans l’esprit du Hamas et des autres antisionistes, la situation d’Israël aujourd’hui est la même que celle de l’Algérie française : pour eux, son existence est illégitime ; et, pour eux, les Juifs israéliens devront choisir, comme les Français d’Algérie, entre "la valise et le cercueil". Ils savent que, en Algérie, à défaut de gagner la guerre sur le terrain, le FLN l’a gagné politiquement sur la scène internationale ; et que, pour faire partir tous les Français, il avait fallu créer les conditions de l’impossibilité d’une coexistence entre les deux communautés. C’est ce qui s’est passé quand certains Algériens (pas tous) déclenchèrent un terrorisme aveugle, jetant des bombes dans les cafés, assassinant des familles entières ; et quand une partie des Français d’Algérie (pas tous) choisirent d’y répondre par la création d’une organisation terroriste, l’OAS, qui assassina aveuglement des milliers d’Algériens dans les rues. Bien des jeunes pieds-noirs en firent partie et répondirent à l’horreur par l’horreur, pour la plus grande joie de leurs adversaires, heureux de les voir tomber dans ce piège, qui aboutit au départ de tous les Français d’Algérie, seulement huit ans après le début de la guerre d’indépendance. Le Hamas, organisation terroriste, qui veut que tous les Israéliens meurent, ou au moins qu’ils quittent tous la région, emploie la même stratégie : la barbarie, pour provoquer une contre-barbarie. La barbarie des actes, celles des vidéos montrant leurs actes barbares, pour exciter la colère des Israéliens, et l‘invention d’actes barbares qu’auraient commis les Israéliens, pour exciter la colère du monde contre eux. Beaucoup d’Israéliens ont participé à cet engrenage, en tombant dans le piège de l’occupation, puis dans celui de la colonisation, puis du contre-terrorisme. Dès le début, bien des voix s’étaient élevées, y compris dans les plus hautes sphères de l’armée israélienne, contre cette colonisation, qui ne pouvait que corrompre l’âme des occupants. Aujourd’hui, si les Israéliens répondent à la barbarie par la barbarie, à l’horreur par l’horreur, ils perdront leur âme, je dirai même leur raison d’être qui est morale autant qu’historique ; et ils provoqueront les mêmes conséquences que celles qui interdirent aux Français de rester en Algérie. ».

Le 5 octobre 2023, sous le titre insolite "L'éléphant et le lion", Jacques Attali reprenait sa casquette d'économiste pour évoquer la structure des sociétés : « La démocratie [est], et sera, le meilleur des systèmes pour répartir les biens publics rares. (…) Il en va de même avec le capitalisme, c’est-à-dire avec l’allocation des biens privés rares par les marchés, quels que soient les propriétaires, privés ou publics, des entreprises. Il n’existe là non plus aucun système qui puisse prétendre rivaliser avec lui : aucun système ne sait mieux que le marché organiser la production et l’échange efficace de biens privés, susciter l’innovation, vaincre les rentes. Il est vrai que comme la démocratie, le marché est loin d’être parfait : il n’empêche pas les gaspillages, ni l’allocation des ressources à des secteurs nuisibles, ni la concentration excessive de richesses. (…) De plus, le marché et la démocratie ont besoin l’un de l’autre pour compenser leurs faiblesses : le marché a besoin de la liberté de circuler, d’innover, de créer, de changer et d’une règle de droit stable, protégeant en particulier la propriété privée, et réduisant les inégalités, que seule la démocratie peut lui garantir. Et la démocratie a besoin du marché pour fournir à chacun un certain nombre de libertés qu’une économie planifiée ne peut que remettre en cause et qui constituent des fondements de la démocratie. Mais les deux systèmes ne sont pas également puissants. La démocratie est, par nature, limitée par deux sortes de frontières : celles de ses domaines de compétences, qui ne peuvent changer aisément ; et celles de son champ d’application, qui est limité à un territoire géographique. On peut la comparer à un éléphant : très puissant mais peu mobile. Le marché, quant à lui, c’est-à-dire le capitalisme, ne respecte aucune limite : aucune frontière géographique ne gêne un marchand ; aucun domaine d’intervention ne lui est fermé ; aucun bien public n’est à l’abri de sa privatisation ou de sa marchandisation pour ceux qui ne sont pas encore intégralement inscrits dans la sphère marchande : le marché a vocation à transformer en objets tous les services que les humains se rendent les uns aux autres, à s’orienter vers les secteurs les plus rentables (…). On peut le comparer à un lion. (…) La survie de l’humanité ne passe pas par la disparition de la démocratie ou du capitalisme, mais au contraire par la mise en œuvre de règles planétaires et démocratiques, capables de protéger la nature, le vivant, les faibles, et le temps, d’un marché à la fois nécessaire et suicidaire. ».

Je termine par des reproches récurrents sur Internet. Dans les réseaux sociaux, de la désinformation tourne en effet en boucle à propos de Jacques Attali. C'est vrai qu'on ne prête qu'aux riches. Ainsi, dans un recueil d'entretiens faits par Michel Salomon sorti en 1981 ("L'Avenir de la vie", éd. Seghers), il aurait proposé l'euthanasie pour toutes les personnes âgées de plus de 65 ans. C'est bien entendu faux, il répondait à des questions et les citations qui ont été extraites du livre sont trompeuses.

La rubrique Checknews de "Libération" a d'ailleurs fait cette conclusion le 12 octobre 2018 (il y a cinq ans) :
« En résumé, Jacques Attali n'a jamais proposé d'euthanasier les plus de 65 ans ni même déclaré qu'il était favorable à une telle mesure. Les phrases qui lui sont prêtées sont des raccourcis à partir de déclarations dans un ouvrage de 1981 où il abordait les questions de l'allongement de la durée de vie, du suicide ou de l'euthanasie. » (Emma Donada).

De même, il n'a jamais planifié ni souhaité la pandémie de covid-19 avec pour objectif de réduire la population, en particulier en ciblant les populations âgées, d'autant plus qu'attendre quarante ans pour que cela se réalise, c'est quand même un peu long pour une planification (et en plus, celle-ci s'appliquerait à lui-même, ce ne serait pas très malin). Mais Internet est ainsi, on fait courir de fausses rumeurs et elles se font références mutuelles.


Son avocat Georges Kiejman, aujourd'hui décédé, se vantait d'ailleurs d'avoir obtenu toujours gain de cause devant les tribunaux sur ces fausses informations : « Jacques Attali a gagné le procès qui lui attribuait une opinion favorable à l'euthanasie des vieillards. ». Du reste, Jacques Attali lui-même a répondu à ses détracteurs de mauvaise foi dans un recueil d'entretiens avec Frédéric Taddeï, "À tort et à raison", sorti en 2020 (éd. de L'Observatoire) : « On m'impute des idées que je n'ai jamais eues. Par exemple, je serais ou j'aurais été, l’apologue de (…) l'euthanasie des retraités. Je défie quiconque de trouver dans un seul de mes textes ces idées, à condition de ne pas extraire une phrase de son contexte, pour lui faire dire le contraire de ce qu'elle dit. Et de ne pas confondre ce que je perçois comme une menace avec ce que je pourrais souhaiter. ».

Concrètement, tous les mal-attentionnés qui vouent une haine contre Jacques Attali (dont les ressorts sont facilement imaginables) s'amusent à dire dans les réactions aux articles évoquant ces fake news qu'ils ont acheté le livre et que les phrases en cause sont bien écrites, mais ils sont incapables de faire une photo des pages concernées et de les proposer en lien aux autres internautes, laissant ainsi planer l'imposture intellectuelle. Qu'importe, on dira toujours qu'il n'y a pas de fumée sans feu.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (28 octobre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jacques Attali.
Jacques Attali et le Titan d'OceanGate.
Jacques Attali et Emmanuel Macron : pourquoi la fresque d’Avignon était antisémite.
François Mitterrand, Jacques Attali et la science.
Document : Rapport Attali du 23 janvier 2008 à télécharger.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231101-jacques-attali.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/jacques-attali-conseiller-special-250948

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/10/29/40089308.html




 

 

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 05:20

« Levez-vous, et rassemblons nos forces pour les victoires auxquelles nous devons contribuer, et qui ne dépendent désormais que de nous, que de vous. Levez-vous pour l’espérance, pour que vive la République, et vive la France ! » (Bernard Cazeneuve, le 10 juin 2023 à Créteil).




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Un événement politique majeur d'envergure intergalactique a échappé aux médias d'information continue il y a deux mois. Quasiment échappé, pour être honnête (on en a un peu parlé). En effet, le samedi 10 juin 2023 à Créteil, l'ancien Premier Ministre socialiste Bernard Cazeneuve a lancé son propre mouvement politique, appelé "La Convention" (la convention pour quoi ? de quoi ? on ne saura pas). On ne peut s'empêcher d'y voir une référence à François Mitterrand qui avait dirigé la Convention des institutions républicaines (CIR) dans les années 1960 avant de s'emparer du PS.

Encore chef du gouvernement, il avait d'ailleurs profité du vingt-et-unième anniversaire de la mort de François Mitterrand, le dimanche 8 janvier 2017, pour lui rendre hommage à Jarnac, en pleine campagne présidentielle, tout en attaquant, par contraste, son ancien collègue Emmanuel Macron qualifié de déloyal : « C'est une belle valeur que la fidélité... comme la loyauté d'ailleurs (…). Encore faut-il tenir sa parole, car la politique ne pouvait se réduire à ses yeux à un exercice de séduction pure, fait de couvertures de magazine et de discours sans projet. ». Ce qui ne l'avait pas empêché le 23 avril 2017 d'appeler tous les électeurs socialistes à voter pour Emmanuel Macron et a faire campagne pour lui entre les deux tours afin de "faire barrage" à l'extrême droite.

Malgré la désaffection des Français pour les partis politiques, et plus particulièrement pour le parti socialiste, Bernard Cazeneuve a réussi à réunir en banlieue parisienne près de 2 000 militants socialistes qui en ont marre de cette alliance contre-nature avec France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, ce sont des socialistes anti-Nupes dont l'objectif est de présenter une liste aux élections européennes de juin 2024 et, ensuite, un candidat à l'élection présidentielle de 2027.

Pour l'occasion, l'ancien Président François Hollande a fait le déplacement, mais je me demande bien en quoi sa présence aiderait son ancien porte-parole de campagne dans cette délicate tâche de vouloir fédérer tous les mécontents du mélenchonisme. J'aurais même tendance à trouver qu'elle serait plutôt contre-productive.

Du quinquennat pourri de François Hollande ont pu quand même se révéler au grand public deux grandes personnalités politiques : Emmanuel Macron, bien sûr, ne serait-ce que parce qu'il a été ensuite élu puis réélu Président de la République, et Bernard Cazeneuve, qui, en 2012, était assez peu connu en dehors du sérail politique, ordinaire député-maire de Cherbourg et porte-parole du PS.

J'ai eu l'occasion de rencontre Bernard Cazeneuve il y a quelques années, c'était le 11 décembre 2017 à la Maison de la Chimie, dans le cadre d'une réunion organisée par Jean-Pierre Chevènement. Bien qu'il soit socialiste, j'ai beaucoup apprécié l'homme, je l'ai trouvé excellent, à la fois sympathique, rigoureux, intelligent, une sorte de monsieur tout-le-monde qui n'a pas eu la grosse tête tout en étant à la fois un crâne d'œuf technocrate et un redoutable animal politique. Quand Richard Ferrand est arrivé pour parler, la comparaison était très dévalorisante pour ce dernier : on n'était plus du tout dans la même catégorie, dans la même pointure. L'excellence se mesure souvent par comparaison.

Élu local depuis 1994, Bernard Cazeneuve est devenu un homme à tout faire de la Hollandie. À l'origine, il a été nommé Ministre délégué aux Affaires européennes le 16 mai 2012, et il faisait le boulot avec une forte motivation européenne, présent où il fallait pour convaincre les jeunes et moins jeunes de l'importance de la construction européenne. Puis, en catastrophe, après l'effondrement de Jérôme Cahuzac, il l'a remplacé immédiatement, au pied levé, bombardé Ministre délégué au Budget le 19 mars 2013, l'un des postes les plus importants de la vie politique (Budget et Intérieur sont essentiels dans une carrière politique ambitieuse).

Lors de la formation du gouvernement de Manuel Valls, l'Élysée et Matignon étaient en désaccord sur le nom du futur Ministre de l'Intérieur... et Bernard Cazeneuve est devenue la solution médiane le 2 avril 2014. À ce nouveau poste, il a fait preuve d'une forte compétence, hissé comme homme d'État à partir des attentats qui ont endeuillé la France en 2015 et 2016. La démission de Manuel Valls pour cause de candidature à la primaire socialiste a enfin poussé Bernard Cazeneuve jusqu'à Matignon le 6 décembre 2016, pour le mandat le plus court de la Cinquième République (jusqu'au 15 mai 2017), choisi là encore pour sa fidélité, sa loyauté, sa technicité, et sa solidité.

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Âgé de 60 ans (qu'il vient d'avoir le 6 juin 2023 ; il aura donc 64 ans en 2027, l'âge de François Mitterrand en 1981), Bernard Cazeneuve coche toutes les cases pour être un candidat majeur à l'élection présidentielle, mais toutes les cases de l'ancien monde, celui d'une séparation bien claire du paysage politique entre la gauche et la droite. Depuis six ans, le paysage s'est éclaté en deux gros extrémismes populistes, de droite avec le RN et de gauche avec FI, mais aussi leurs supplétifs respectifs, une partie de LR à droite et une partie du PS à gauche, et entre les deux, grâce à Emmanuel Macron, il y a eu un regroupement des "gens raisonnables".

Pourquoi Bernard Cazeneuve a-t-il attendu si longtemps ? S'il voulait vraiment attendre son but, il aurait dû se lancer dans la bataille présidentielle dès le lendemain de l'élection présidentielle de 2017 au même titre que Dominique Strauss-Kahn aurait dû se lancer dès le lendemain de l'élection présidentielle de 2002. Au lieu de cela, il a été attentiste, observateur, écrivain (il a écrit sur le quinquennat qu'il a servi), mais en n'ayant rien fait, il a laissé le terrain à Anne Hidalgo avec le "succès" que l'on sait.

Apparemment, Bernard Cazeneuve, poussé par des vieux éléphants socialistes (entre autres François Hollande et Jean-Christophe Cambadélis), ne semble pas vouloir réitérer cette erreur, ou plutôt, pense que l'impossibilité constitutionnelle d'une troisième candidature d'Emmanuel Macron lui donne une "fenêtre de tir", comme on dit, pour avoir toute sa place dans le débat présidentiel de 2027. Mais encore faut-il qu'il puisse se distinguer tant d'Emmanuel Macron que de Jean-Luc Mélenchon. Pour ce dernier, la distinction est évidente et son mouvement La Convention est même basé sur cet anti-mélenchonisme viscéral.

Pour Emmanuel Macron, la distinction n'est pas évidente sinon des susceptibilités personnelles. Bernard Cazeneuve est un homme raisonnable, qui souhaite gérer le pays avec un équilibre budgétaire et maintenir une intégration européenne qui est l'intérêt de la France. Il a, par ailleurs, un atout qu'aucun autre socialiste n'a jamais eu dans l'histoire du socialisme, ni François Mitterrand, ni Lionel Jospin, c'est la crédibilité de vouloir maintenir l'ordre. Il est même l'auteur d'une loi (la loi n°2017-258 du 28 février 2017 relative à la sécurité publique) que les socialistes aujourd'hui veulent abroger parce qu'elle serait trop sécuritaire. Seul Manuel Valls pouvait le rivaliser sur ce terrain-là, mais son arrivisme promacronien entrecoupé d'une aventure électorale barcelonaise intempestive l'a complètement grillé aux yeux des électeurs français.

Bernard Cazeneuve croit que la gauche raisonnable, celle qui rejette le populisme des insoumis, a un boulevard en 2027 : « L’enjeu, c’est de reconstituer la grande force de gauche dont le pays a besoin. Il n’y a pas de victoire possible pour la gauche, si ce n’est pas cette force là qui est la première à gauche. ». Mais il n'a pas compris que la France a complètement changé sa sociologie électorale depuis 2017, il devient anachronique de rester dans le vieux schéma mitterrandien d'une gauche qu'il faudrait unir face à une droite de droit divin.

Aujourd'hui, le pays est complètement tourné vers la droite voire la droite populiste et extrême. Depuis deux élections présidentielles, le débat n'est plus entre la gauche et la droite, mais entre l'extrême droite et le centre droit. Il n'y a justement plus d'espace politique pour le centre gauche parce qu'il doit choisir entre la gauche la plus archaïque ou la droite. François Mitterrand avait choisi l'alliance avec les communistes, mais les communistes étaient, malgré tout, des gens raisonnables si on les compare aux insoumis d'aujourd'hui. Emmanuel Macron a gagné en 2017 parce qu'il avait convaincu surtout la gauche de voter pour lui au lieu de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi une partie de la droite qui ne croyait plus aux chances de François Fillon.

On peut penser que l'héritier du macronisme sera de droite, mais il peut y avoir aussi des prétendants sur le flanc gauche (auquel on peut même ne pas s'attendre, par exemple, Gabriel Attal, qui aura 38 ans en 2027, soit, finalement, seulement un an de moins qu'Emmanuel Macron en 2017...). Une division du centre gauche et du centre droit entraînerait nécessairement la victoire de l'extrême droite en 2027. Quand j'écris "division", je pense à une division dans l'électorat, pas à une division dans l'offre politique car si une candidature ne recueille pas plus que Anne Hidalgo en 2022, il n'y a pas division, il y a juste inexistence.

De plus, Bernard Cazeneuve se complaît à critiquer ou mettre en garde Emmanuel Macron (comme sur la police après la polémique marseillaise). C'est de bonne guerre quand on veut exister politiquement, mais à force de critiquer un courant de pensée sensiblement identique au sien, on offre le pouvoir à des populismes autrement plus dangereux pour la nation.

Pire : Bernard Cazeneuve a pris une référence à Léon Blum. Certes, Léon Blum est un grand homme d'État qui mérite bien plus qu'être simplement le symbole d'une gauche au pouvoir, il appartient à l'ensemble des Français et la modestie de sa tombe à Jouy-en-Josas (où il habitait) fait comprendre que le pays n'en a pas tiré toutes ses richesses d'enseignement. Se référer à lui donne cependant à la démarche une connotation totalement anachronique dans un pays où les électeurs de Marine Le Pen et d'Éric Zemmour représentent quand même 30,2% des suffrages exprimés (plus de 10,6 millions d'électeurs !).

Il y a en ce moment un petit frémissement dans les sondages en faveur de Bernard Cazeneuve. Ce n'est pas une vague, mais comme personne ne bouge, le moindre mouvement est récompensé dans "l'opinion publique". Il reste que son parti, le PS, est tenu d'une main de fer par Olivier Faure qui souhaiterait être l'héritier de Jean-Luc Mélenchon à la Nupes. Deux stratégies diamétralement opposées qui ont pourtant le point commun d'être destinées à foncer dans un mur.

Si Bernard Cazeneuve croit vraiment en son destin, et je le répète, il n'est pas illégitime d'y croire, il devra alors plutôt séduire les électeurs de centre droit comme l'a fait Emmanuel Macron en 2017. Sinon, La Convention ne serait qu'une chapelle socialiste de plus dans un paysage électoral déjà sinistré. Rendez-vous est pris aux européennes...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 juillet 2023)
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Pour aller plus loin :
Bernard Cazeneuve, le thanatopracteur du hollandisme.
Bernard Cazeneuve nommé Premier Ministre.
Bernard Cazeneuve et les valeurs chrétiennes de la France.
Discours de Bernard Cazeneuve le 3 octobre 2015 à Strasbourg (texte intégral).
Bernard Cazeneuve et la sécurité routière.
Le fichier centralisé des 60 millions de visages des Français.
Bernard Cazeneuve.
Charles Hernu.

Pierre Mauroy.
Roger-Gérard Schwartzenberg.
Georges Kiejman.
Robert Badinter.
Roland Dumas.
Olivier Dussopt.
Laurence Rossignol.
Olivier Véran.

Sophie Binet.
Hidalgo et les trottinettes de Paris.
Hidalgo et les rats de Paris.
Les congés menstruels au PS.
Comment peut-on encore être socialiste au XXIsiècle ?
Nuit d'épouvante au PS.
Le laborieux destin d'Olivier Faure.

PS : ça bouge encore !
Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Le fiasco d'Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230729-cazeneuve.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/bernard-cazeneuve-le-fol-espoir-249395

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/07/01/39957879.html





 

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10 juin 2023 6 10 /06 /juin /2023 05:01

« Pour moi, tout ce qui est manipulation sur le vivant, qu’il soit animal, végétal et encore plus humain, est quelque chose qui doit être combattu. » (José Bové le 24 avril 2014 sur KTO).




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L'ancien porte-parole de la Confédération paysanne José Bové fête son 70e anniversaire ce dimanche 11 juin 2023. Des moustaches sympathiques et une pipe (aujourd'hui politiquement incorrecte), c'était facile, pendant longtemps, de caricaturer Bové, au nom prédestiné. Fils d'un directeur régional de l'INRA, Institut national de la recherche agronomique, et membre de l'Académie des sciences (mort en 2016), il fut paradoxalement à la tête de la lutte contre les OGM (organismes génétiquement modifiés) qui furent des objets d'étude du paternel.

Militant gauchiste, entre pacifisme et anticapitalisme, écologisme et altermondialisme avant l'heure, José Bové, qui se destinait à devenir professeur de philosophie, s'est finalement installé dans les années 1970 dans le Larzac comme éleveur de brebis et fournisseur pour le roquefort (il est cogérant de la société des Terres du Larzac qui a bénéficié, grâce à François Mitterrand, d'un bail emphytéotique de 1981 à 2083 (renouvelé en 2013).

En 1987, José Bové a cofondé la Confédération paysanne, un nouveau syndicat agricole (opposé à la toute puissante FNSEA) et en est devenu un secrétaire national. En 1998, il a cofondé également le mouvement ATTAC altermondialiste. Son militantisme débordait donc très largement le seul secteur agricole et il s'engageait dans des actions sur de nombreux fronts (à Greenpeace, contre la reprise des essais nucléaires en 1995 ; en soutien aux indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française ; etc.).

Son fait d'arme le plus éloquent a été la destruction d'un magasin MacDonald's à Millau le 12 août 1999 pour s'opposer de manière caricaturale au capitalisme américain. Si c'était réussi d'un point de vue médiatique (sa renommée a très largement dépassé les frontières hexagonales), c'était peu pertinent sur le fond vu que les MacDonald's situés en France vendent de la viande produite en France.

Cette action, qui visait à exprimer son mécontentement contre l'autorisation donnée par l'OMC (Organisation mondiale du commerce) aux États-Unis de pénaliser les importations de fromages au lait cru, dont le roquefort, en représailles contre la décision française d'interdire l'importation du bœuf américain aux hormones (sur fond d'une époque de la vache folle), lui a valu une condamnation à trois mois de prison ferme le 30 juin 2000 par le tribunal correctionnel de Millau, peine confirmée le 22 mars 2001 par la cour d'appel de Montpellier (après avoir été incarcéré du 19 août au 7 septembre 1999).

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Auparavant, ce qui lui a valu la détention provisoire, José Bové avait déjà été condamné pour la destruction de champs OGM et de stocks de semence. Actions militantes qu'il allait renouveler jusqu'en 2007, se payant ainsi un abonnement de fidélité à la justice française. Pendant cette période, il a été effectivement condamné à d'autres peines de prison ferme pour ces actions "coups de poing". Le 8 avril 2004, il a quitté la tête de la Confédération paysanne sans pour autant quitter le militantisme qui, depuis longtemps, s'est poursuivi à l'échelle internationale. Il s'est opposé à l'Europe en 2005 (au référendum sur le TCE), par refus du supposé libéralisme.

Voulant œuvrer pour une candidature commune de la gauche anticapitaliste à l'élection présidentielle de 2007, José Bové a lancé sa candidature le 13 juin 2006, confirmée le 1er février 2007, avec le slogan facile mais sympathique "Osez Bové" (reprenant le titre d'une chanson de Bashung).

Malgré sa forte notoriété et celle de ses combats très politiques, José Bové a fait une campagne médiocre (on ne s'improvise pas homme politique, Éric Zemmour en sait quelque chose) et le résultat a été un cuisant échec au soir du 22 avril 2007 : seulement 483 008 électeurs lui avaient accordé leur confiance (soit 1,3% des suffrages exprimés). Il faut dire qu'il était en concurrence sur le plan écologiste avec la candidature de l'ancienne ministre Dominique Voynet (Les Verts), et sur le plan anticapitaliste avec les candidatures de l'ancienne ministre Marie-George Buffet (PCF), Olivier Besancenot (NPA) et Arlette Laguiller (LO).

Après cet échec, au lieu de renoncer à toute action politique, José Bové s'est au contraire engagé dans l'épopée d'Europe Écologie en 2009. Il a été élu député européen en juin 2009 (grâce à l'excellente campagne de Daniel Cohn-Bendit) puis réélu en juin 2014 sur la liste écologiste, jusqu'en 2019.

Au lieu de s'arque-bouter dans ses convictions extrémistes, José Bové, durant l'exercice de ses deux mandats de député européen, a pris ses responsabilités en se confrontant au réel, ce qui est un cheminement rare dans cette partie de l'échiquier politique. Et d'origine anti-européenne, il a pu se rendre compte du fonctionnement, parfois un peu laborieux mais bien réel, de la démocratie européenne.

Après ses mandats, José Bové a soutenu la candidature de la présidente sortante du conseil régional d'Occitanie, la socialiste Carole Delga (ancienne ministre), aux élections régionales de juin 2021 (contre la liste écologiste), et en 2022, après avoir fait campagne pour Yannick Jadot, José Bové a pris fermement position le 7 mai 2022 contre l'alliance de EELV au sein de la Nupes, dans une tribune collective publiée dans "Le Monde" : « N'avez-vous pas honte, camarades d’Europe Écologie-Les Verts ? Passer un pacte avec les souverainistes de la France insoumise, ouvrant la voie du renoncement à d’autres mouvements de pensée qui ont construit le progrès humain à travers les âges, revient, à nos yeux, à sacrifier l’essentiel : le principe démocratique ; son universalité et son intangibilité. Cette violence politiquement majeure que vous commettez contre le joyau du patrimoine humain conduit à abandonner le meilleur de ce qui nous fait et, malgré les différences, nous tient ensemble, écologistes, sociaux-démocrates, démocrates-chrétiens, libéraux et républicains. (…) Sous couvert d’un pseudo-"non-alignement", renvoyant dos à dos agresseur et agressés dans le conflit ukrainien, vous avez signé un "accord" avec ceux qui cultivent à dessein l’ambiguïté à l’égard des valeurs démocratiques. Vous vous asseyez à la droite du père Ubu du Kremlin et de ses complices. Vous le faites au moment où le pire se déroule sous vos yeux, étalage cynique de sang, de morts, de massacres, de viols, de destructions, de souffrances. En évitant soigneusement d’évoquer l’Ukraine, devenue aujourd’hui la patrie des libertés et la dépositaire meurtrie de notre avenir à tous, en mettant volontairement sous le tapis un principe de base de la civilisation, vous consentez un silence assourdissant aux adversaires de la démocratie et de la liberté, autrement dit vous cédez aux ennemis des peuples et du bien commun. C’est une escroquerie. Savez-vous que c’est une histoire collective que vous immolez ainsi, en même temps qu’une espérance ? Qui vous a donné le droit de disposer de nos consciences, au nom d’obscures tractations électorales ? ».

Il ne faut pas croire à un renversement des positions de José Bové. Il est par ailleurs opposé à la PMA pour toutes et à la GPA, et, selon lui, cela rentre dans une cohérence de fond identique à son combat contre les OGM : « Je n’ai jamais varié, je suis contre toute manipulation sur le vivant, que ce soit pour les couples homosexuels ou hétérosexuels. Je ne crois pas que le droit à l’enfant soit un droit. La réflexion ne peut pas se couper en tranches sinon, d’évolution en évolution, il n’y aura plus de limite. Tout ce qui fait qu’on va fabriquer le vivant plutôt que de le laisser se développer pose énormément de problèmes humains et éthiques. », a-t-il affirmé le 24 avril 2014 à la chaîne catholique KTO. Et que pense-t-il alors de l'avortement ?

Le combattant contre la nourriture industrielle et, plus généralement, contre la malbouffe mondialisée, serait-il donc le représentant de la France d'hier, celle des villages et des mille clochers, celle des terroirs, celle où tout était encore facile ? Nul doute qu'il est difficile aujourd'hui, à notre époque du tweet et d'instagram comme seules sources d'information, de défendre une "pensée complexe", lorsque celle-ci ne cadre pas avec une sorte de manichéisme idéologique qui, aujourd'hui, se réduit de manière très simpliste et surtout paresseuse à : pour ou contre Emmanuel Macron ?


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (10 juin 2023)
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Pour aller plus loin :
José Bové.
Sophie Binet.
Philippe Martinez.
Henri Krasucki.
Edmond Maire.
François Chérèque.
Georges Séguy.
Marc Blondel.
André Bergeron.

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26 mars 2023 7 26 /03 /mars /2023 04:29

« La seule autocritique que vous nous concédez est celle d'une défaillance pédagogique. Vous voulez apaiser le pays ? Je le crois sincèrement. Mais il n'y a qu'une solution : rendez aux Français les deux ans de vie que vous leur volez ! » (Laurence Rossignol, le 22 mars 2023 au Sénat).




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Depuis le débat sur la réforme des retraites, l'esprit populiste de la Nupes est entré jusqu'au Sénat, qui n'a pourtant pas de
"sénateurs insoumis". Ce court extrait ci-dessus, c'est la fin de la question (qui n'en était pas une) de la sénatrice Laurence Rossignol, lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 22 mars 2023 au Sénat.

Il est assez stupide, franchement illusoire, foncièrement démagogique et grossièrement simpliste de parler de
"deux ans de vie volés" alors qu'une année de travail n'est pas une année de vie et rien de volé, au contraire, mieux rémunérée qu'une pension de retraite. Et rappelons toujours qu'avant 1981, selon les directives du CNR, la retraite était à 65 ans à une époque où l'on mourait beaucoup plus tôt et où l'on protégeait très peu les travailleurs des risques sanitaires majeurs (genre amiante) qui écourtait réellement la vie de bien des travailleurs. Et on ne parlait alors pas "d'années volées".

Cette séance, alors présidée par Gérard Larcher, se tenait deux heures après le début de l'intervention du Président de la République Emmanuel Macron à la télévision. C'était donc l'occasion pour cette représentante de l'opposition d'en faire un rapide résumé... polémique bien sûr, sans omettre d'interpréter abusivement quelques paroles présidentielles. Sa question avait donc plutôt valeur de commentaire personnel. Elle s'adressait à la Première Ministre Élisabeth Borne mais elle n'a eu en réponse
"que" le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

Avant d'évoquer la réponse du ministre, rappelons qui est Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat depuis le 6 octobre 2020 (elle allait d'ailleurs présider la séance dès la fin des questions au gouvernement).

C'est une sénatrice de l'Oise de 65 ans (âge dépassé de départ à la retraite). Issue de la LCR et journaliste au journal de la CGT, Laurence Rossignol a rejoint le parti socialiste en 1981 et s'est retrouvée membre de plusieurs cabinets de ministres ou de responsables socialistes (Pierre Joxe, Laurent Fabius, Frédérique Bredin, etc.) et entre deux missions de cabinet, elle s'est retrouvée bombardée responsable à la MNEF. Élue locale de Compiègne et de l'Oise depuis la fin des années 1990, membre du Conseil Économique et Social (tremplin pour sa carrière), après plusieurs défaites aux élections législatives, elle est élue sénatrice de l'Oise en septembre 2011 et réélue en septembre 2017.

Le plus important a été qu'elle a été nommée membre du gouvernement sous le quinquennat de François Hollande, sous la houlette de Marisol Touraine, d'abord comme Secrétaire d'État chargée de la Famille, des Personnes âgées, de l'Autonomie et de l'Enfance, du 9 avril 2014 au 11 février 2016, puis Ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes du 11 février 2016 au 10 mai 2017. Dans la majorité socialiste se trouvait un jeune député socialiste de Grenoble, par ailleurs neurologue, du nom de ...Olivier Véran.

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C'est sans doute la raison pour laquelle Élisabeth Borne a laissé répondre son porte-parole. Car ce dernier n'a pas la mémoire courte et a rappelé que Marisol Touraine avait aussi défendu une réforme des retraites, et plutôt une réforme dure puisqu'il s'agissait d'augmenter la durée de cotisation jusqu'à 43 annuités, ce qui revient, pour ceux, entre autres ceux qui ont fait des études, qui ont démarré tardivement leur vie active, à ne pas pouvoir prendre leur retraite avant l'âge de 67 ans ! L'âge légal est l'arbre qui cache donc la forêt. Le plus important est la durée de cotisation (d'où d'ailleurs les revendications justifiées pour les carrières longues).

Olivier Véran a donc rappelé à Laurence Rossignol ce passé commun pourtant pas si lointain, 2014 : « En 2014, vous étiez ministre déléguée auprès de Marisol Touraine. J'ai été député socialiste et vous et moi, nous avons eu le courage de soutenir en 2014 une réforme des retraites portée par le gouvernement auquel vous apparteniez, qui a, pardonnez du peu, allongé la durée de cotisation pour tous les Français qui travaillent. Vous l'avez fait dans un souci de justice, avec pour objectif d'équilibrer un système de retraite qui, dans la durée, aurait été déficitaire. ».

Et aussi un autre rappel, la loi Travail adoptée avec l'article 49 alinéa 3 de la Constitution : « Permettez-moi aussi de vous rappeler, madame la sénatrice, qu'à l'époque, lorsque vous faisiez partie du gouvernement, un texte important, courageux et nécessaire pour l'économie de notre pays, a été adopté en ayant recours à l'article 49 al. 3. Pour autant, vous n'avez pas alors démissionné du gouvernement, pas plus que je n'ai quitté le groupe socialiste. Vous avez sans doute la mémoire sélective, moi pas ! ».

Le ministre a conclu : « Surtout, madame la sénatrice, nous venons du même bord. Quand nous disons que nous allons augmenter les petits salaires, qui sont inférieurs du SMIC, vous devriez dire oui ! Quand nous disons que nous allons améliorer les fins de carrière pour les salariés, vous devriez dire oui ! Quand nous disons que nous allons lever une contribution exceptionnelle sur les grands groupes qui rachètent des actions, vous devriez dire oui ! Et, quand nous proposons de mettre en formation les bénéficiaires du RSA qui sont loin de l'emploi, ou même de les employer, vous devriez applaudir avec nous, madame la sénatrice. C'est cela, avoir de la mémoire, du courage et de la conviction dans la continuité ! ».

Bien entendu, l'ancienne ministre Laurence Rossignol, désormais dans l'opposition, n'a pas été convaincue par son ancien partenaire de la majorité parlementaire. Ce n'est pas étonnant, une question qui n'en était pas une, c'est une séance de posture, montrer son positionnement à ses amis, à ses (grands) électeurs. Un ministre n'a jamais convaincu un membre de l'opposition lors des questions au gouvernement. Et réciproquement, évidemment.

Simplement, il faut parfois rappeler la réalité : quand ils sont au pouvoir, les membres de la Nupes savent prendre des décisions responsables et courageuses. Mais maintenant, dans l'opposition, avec une forte concurrence, sous l'emprise du gourou Mélenchon, plus aucun socialiste n'est prêt à gouverner la France et le PS est devenu juste un groupuscule démago et populiste, à l'instar du grand chef. Triste fin de parti qui se termine en eau de boudin.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (22 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Laurence Rossignol.
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
Aurore Bergé fustige les oppositions (20 mars 2023).

Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.

Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020

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6 février 2023 1 06 /02 /février /2023 04:16

« Chez nous tout se discute ! C’est ce qui fait notre singularité, peut-être même notre charme. Nous pouvons passer des jours à débattre d’une orientation. Et ensuite passer des nuits à recoller la vaisselle brisée. (…) De ce fait, les journalistes viennent régulièrement assister à notre enterrement et chaque fois, nous les décevons. L’oraison funèbre reste au frigo. » (Olivier Faure, le 29 janvier 2023 à Marseille).



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Je reviens sur le 80e congrès du parti socialiste (si l'on numérote à partir de la fondation de la SFIO le 25 avril 1905), qui s'est tenu à Marseille du 27 au 29 janvier 2023. Officiellement, ce fut le congrès de la réconciliation, mais en fait, de réconciliation, il n'y en a eu que sur le papier.

Effectivement, comment réconcilier les partisans d'une alliance au sein de la Nupes, et donc, une allégeance totale de soumission aux insoumis de Jean-Luc Mélenchon (qui a gagné son pari de détruire le parti socialiste et de le remplacer par son propre parti créé en 2008 quand il a quitté ce PS qui l'a tant couvé depuis 1986) et les partisans du contraire, de retrait de la Nupes et de l'indépendance des socialistes ?

La maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, chef de file des partisans du retrait de la Nupes, a ainsi décidé de ne pas faire partie de la nouvelle direction, et ce n'est pas faute d'essayer de la séduire par l'appareil en place (Olivier Faure : « Merci Hélène de porter une contradiction utile depuis longtemps. Il y a beaucoup d’oiseaux migrateurs en politique. Tu portes tes convictions avec une cohérence et une constance que les socialistes apprennent à connaître. Tu as choisi d’assumer tes divergences stratégiques et de ne pas rejoindre la direction alors que tu en avais la possibilité. Je ne désespère pas complètement de te convaincre, mais je te dis mon respect. »).

Même si elle a reçu un lot de consolation, le poste de présidente du conseil national, le parlement du parti (en quelque sorte, elle est devenue l'animatrice des débats internes ; on avait déjà donné ce hochet à Ségolène Royal dans un temps ancien), elle restera dans la minorité, dans l'opposition à la direction du parti. La possibilité d'une scission n'est donc toujours pas écartée car l'enjeu à court terme sera certainement la manière dont le PS abordera les élections européennes de 2024 (uni ou pas uni avec Jean-Luc Mélenchon).

Il faut lire les termes de l'accord qui a été conclu après une semaine d'insultes mutuelles, une nuit d'épouvante et quelques heures d'une matinée de négociations. J'ai pu me le faire parvenir. Ce "pacte de gouvernance collective et de rassemblement des socialistes" (on se croirait encore à l'époque soviétique, avec ces grands mots), signé le 28 janvier 2023 et ratifié par les délégués du congrès le jour même, constate plutôt les désaccords.

Ainsi, sur le vote des adhérents : « Chacun regrette l’existence d’irrégularités au cours de ce congrès. Mais les parties reconnaissent la qualité du fonctionnement démocratique du parti socialiste, une des seules formations en France à faire trancher ses débats par ses militants. ». La langue de bois de la deuxième phrase citée n'occulte pas la réalité terrible de la première phrase : à quoi ça sert d'être une formation démocratique si les élections internes sont massivement soumises à la fraude ?

D'ailleurs, l'objet du litige n'est toujours pas réglé : « Considérant que la commission de récolement a arrêté le 22 janvier 2023 les résultats du vote du 19 janvier. Ils n’ont pas été reconnus par le TO1 et le TO3 » [TO = texte d'orientation, ce sont les motions]. Le pacte convient donc que personne ne reconnaît le résultat du vote interne sauf celui qui a gagné, c'est-à-dire Olivier Faure (soutenant la motion 2).

La moindre des choses, avec un constat pareil, c'est de refaire un vote avec une plus grande précaution et surveillance dans les opérations de vote. Mais non ! Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, le principal adversaire interne d'Olivier Faure et soutenu par les anciens éléphants (genre François Hollande) a renoncé à contester la légitimité d'Olivier Faure pour avoir un pied dans la porte et avoir un titre de "premier secrétaire délégué" qui, comme je l'ai expliqué précédemment, ne lui apportera aucune capacité de cogouvernance (on lui a flanqué à ses côtés une proche d'Olivier Faure, la maire de Nantes Johanna Rolland, également première secrétaire déléguée, afin de féminiser un peu la direction).

Dans ce pacte, c'est le quatrième point (sur les sept) qui est le plus important et qui donnera à Olivier Faure tout le pouvoir décisionnel voulu : « [Le premier secrétaire et les premiers secrétaires délégués] s’engagent à la confidentialité sur leurs échanges et à respecter et porter de manière solidaire les décisions prises en leur sein d’un commun accord ou prises par le bureau national ou par le conseil national. Chacun s’engage dans ses expressions à respecter la ligne politique définie pour préserver la cohérence et la solidarité. ». En effet, la "confidentialité" et la "manière solidaire" étoufferont tout débat, et comme Olivier Faure a la majorité absolue au sein de la direction nationale (et même entre eux trois), il pourra faire à sa guise et prendre les positions qu'il veut.

La position de Nicolas Mayer-Rossignol sur la Nupes est ambiguë. Comme Hélène Geoffroy, il refuse l'allégeance à Jean-Luc Mélenchon, mais ménageant la chèvre et le chou, il n'est pas contre des unions de la gauche au coup par coup, considérant que c'est le seul moyen de faire gagner ce qu'il croit encore être la gauche. Une position aussi inaudible que l'esprit de synthèse à la Hollande.

Pour autant, les deux opposants internes à la direction sortante n'ont pas assez analysé les résultats du premier tour du vote, celui du 12 janvier 2023, ceux-ci reconnus par tous les candidats : en obtenant seulement 49,2%, Olivier Faure a été désavoué par la majorité absolue des militants et donc, son option tout-pour-la-Nupes également (30,5% pour Nicolas Mayer-Rossignol et 20,3% pour Hélène Geoffroy). Du moins, ils n'en ont pas tiré les leçons qui s'imposaient : refuser tout accord qui ne ferait pas sortir le PS de la Nupes.

Évidemment, en plein débat sur la réforme des retraites, Olivier Faure a eu beau imposer sa volonté en raison de ce moment exceptionnel : « Considérant l'urgence sociale, et notamment la mobilisation à organiser en appui du mouvement syndical et avec les autres formations politiques de gauche et de l’écologie contre le projet de loi du gouvernement visant à porter l’âge de départ en retraite à 64 ans »... Bon, j'imagine toutefois que les manifestants qui protestent contre le projet d'Élisabeth Borne n'ont pas attendu le PS pour aller protester. En revanche, que le PS se raccroche au train et puisse en tirer quelques fruits, c'est l'objectif commun aux trois adversaires internes.

Le seul point du pacte qui envisage un projet commun est une affaire socialo-socialiste interne qui n'intéresse pas l'avenir de la France, une cuisine interne. Je le cite : « Ils conviennent de travailler à une réforme du mode d’élection au sein du parti socialiste, dans le cadre plus large du chantier de transformation du parti, afin d’établir des modalités de vote sécurisées, ainsi que les modalités de constitution et de fonctionnement des instances chargées d’organiser les processus électoraux, d’examiner les contentieux et de proclamer les résultats. Les propositions seront soumises à un referendum militant et entreront vigueur dès les prochains scrutins. ».

C'est clair pour un parti qui ne vaut plus que 1,7% des voix, les électeurs, même de gauche, se moquent complètement des problèmes d'organisation interne de ce parti et grâce à l'outrance et l'arrogance des mélenchonistes, qui font fuir les plus modérés, le centre gauche social-démocrate a encore de bonnes chances de s'accrocher au macronisme gouvernemental, même après 2027.

Olivier Faure ne reconquerra pas les électeurs sociaux-démocrates en s'en prenant à Emmanuel Macron de manière excessive et injustifiée comme il l'a fait dans son discours de clôture le 29 janvier 2023, reprenant simplement les éléments de langage du mélenchonisme outrancier : « Le parti présidentiel joue avec le feu en lui offrant [au RN] le costume de la République avec l’élection de deux vice-présidents à l’Assemblée Nationale. Alors qu’Emmanuel Macron a été élu à deux reprises grâce au barrage républicain, il a baissé le pont-levis et ouvert les portes du pouvoir au RN. ». Critique qui n'a pas lieu d'être, la répartition des vice-présidences de l'Assemblée Nationale a toujours été faite de manière proportionnelle et c'est même une tradition républicaine qu'Olivier Faure n'invoque que lorsque cela lui arrange ; de plus, il n'y a aucun "pouvoir" à présider quelques séances de nuit, même chahutées.

Dans son discours, Olivier Faure a donc annoncé ses fiançailles avec son principal opposant, Nicolas Mayer-Rossignol : « Mais, toi et moi, nous avons fait un choix. Celui de dépasser ces moments. De faire ensemble plutôt que les uns contre les autres. Et je veux te remercier de cet esprit de responsabilité, et à travers toi, toutes celles et ceux qui ont milité ou voté pour ton texte d’orientation. Ce n’est jamais un choix simple d’abandonner le confort de la critique pour se confronter aux décisions imparfaites. Tu es maire, tu sais cela mieux que quiconque. Merci d’avoir accepté d’intégrer la direction. Toi et moi pouvons faire mieux. à partir de demain, apportons-en la démonstration claire avec Johanna et l’ensemble de la future direction. Je crois en nous. ». Belle déclaration d'amour ! (C'est l'époque de la Saint-Valentin).

On connaît bien les motivations des uns et des autres. Olivier Faure voulait sauver son poste de premier secrétaire mais il ne voulait pas de scission ; il était donc prêt à faire des concessions sur les titres. Et Nicolas Mayer-Rossignol, il sait bien qu'il n'aura pas vraiment de pouvoir de codirection, mais l'idée est d'être maintenant à l'intérieur de la place et de devenir l'héritier naturel quand se présentera l'inévitable succession.

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Reprenant les 117 années de vie du parti socialiste, Olivier Faure a d'ailleurs cru manier l'humour en lâchant : « Nous ne sommes pas obligés de rejouer le grand frisson à chaque étape ! ». Parlons-en, justement, des étapes cruciales depuis 1969 ! Car à chaque étape cruciale, le PS est descendu d'un cran dans la stature de ses leaders.

Aujourd'hui, le débat qui se joue entre Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Rossignol est tellement insignifiant qu'il ne mériterait même pas d'en faire des articles. Mais la vie politique reste passionnante et le mort d'un grand parti, qui a eu tous les pouvoirs, à l'Élysée, à Matignon, dans les régions, les départements, les grandes villes, majoritaire jusqu'aux deux chambres du Parlement, même au Conseil Constitutionnel, est finalement trop rare et exceptionnelle pour ne pas parler.

Revenons à quelques dates clefs pour mettre cette insignifiance dans une perspective historique. Les % donnés correspondent soit au vote des délégués dans les congrès ou au vote des adhérents voire au vote des sympathisants dans les congrès ou les primaires plus ou moins ouvertes. Cela permet de prendre la mesure des enjeux des tendances et des personnes et leur poids interne respectif.

Le congrès d'Épinay-sur-Seine du 11 au 13 juin 1971 s'est disputé entre Alain Savary et Guy Mollet (32,3%), Pierre Mauroy et Gaston Defferre (31,8%), François Mitterrand et Louis Mermaz (15,3%), Jean Poperen (11,5%), Jean-Pierre Chevènement (8,3%) et Robert Buron (0,6%). Conclusion, François Mitterrand (qui venait d'adhérer) fut désigné premier secrétaire le 16 juin 1971. Il a mis dix ans ensuite pour prendre le pouvoir.

Le congrès de Metz du 6 au 8 avril 1979 fut le premier congrès d'importance après l'arrivée de Michel Rocard en 1975 : très populaire, l'ancien jeune candidat du PSU en 1969 représentait la deuxième gauche, la moderne, après la rupture de l'union de la gauche et l'échec du PS aux élections législatives de 1978. Cela s'est joué entre François Mitterrand (45,3%), Michel Rocard (20,5%), Pierre Mauroy et Alain Savary (16,2%), Jean-Pierre Chevènement (14,4%) et Christian Pierret (3,1%). Aidé de Laurent Fabius, François Mitterrand est parvenu à se maintenir à la tête du PS grâce à une alliance avec Jean-Pierre Chevènement (qui était jusque-là le seul opposant interne, représentant un quart du parti), face à l'alliance entre Pierre Mauroy et Michel Rocard. Ce congrès était crucial dans la perspective de l'élection présidentielle de 1981.

Le congrès de Rennes du 15 au 18 mars 1990 fut celui de la succession de François Mitterrand après sa réélection en 1988 (et donc, perdant toute autorité sur l'avenir de son propre parti). François Mitterrand n'est pas arrivé en 1988 à imposer Laurent Fabius à la tête du parti contre Lionel Jospin qui a fait finalement désigner Pierre Mauroy comme premier secrétaire (le bâton de maréchal du maire de Lille et ancien protégé de Guy Mollet). Les comptes se sont réglés à Rennes, dans la cacophonie la plus complète. Les forces en présence étaient celles-ci : Lionel Jospin, Pierre Mauroy et Louis Mermaz (28,9%), Laurent Fabius (28,8%), Michel Rocard (24,3%), Jean-Pierre Chevènement (8,5%), Jean Poperen et Jean-Marc Ayrault (7,2%), Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray (1,3%) et Marie-Noëlle Lienemann (0,7%). Grâce à une alliance Rocard-Jospin, Pierre Mauroy a ainsi été confirmé à la tête du PS. Laurent Fabius lui a finalement succédé le 9 janvier 1992 avec l'accord de tous les grands courants, avec l'idée implicite de laisser Michel Rocard se présenter à l'élection présidentielle de 1995.

Le congrès extraordinaire du 5 février 1995 a été organisé à la suite de l'abandon des candidatures de Michel Rocard (après l'échec des européennes du 12 juin 1994) et de Jacques Delors (11 décembre 1994 sur TF1) à l'élection présidentielle de 1995. Une primaire interne a été organisée entre Lionel Jospin (65,9%), désigné candidat, et Henri Emmanuelli (34,1%), alors premier secrétaire (après le renoncement de Jack Lang).

Une nouvelle primaire interne organisée le 16 novembre 2006 pour la candidature socialiste à l'élection présidentielle de 2007 a départagé Ségolène Royal (60,6%), désignée candidate, Dominique Strauss-Kahn (20,7%) et Laurent Fabius (18,7%).

Le congrès de Reims du 14 au 16 novembre 2008 a montré une nouvelle cacophonie socialiste à la suite de l'échec à l'élection présidentielle de 2007. Le vote du 6 novembre 2008 a apporté les rapports de force suivants : Ségolène Royal, Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini, Aurélie Filippetti, Jean-Louis Bianco, Malek Boutih, Jean-Jack Queyranne, François Rebsamen, Manuel Valls, Najat Vallaud-Belkacem, Julien Dray et Guillaume Garot (29,1%), Bertrand Delanoë, François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Michel Rocard, Lionel Jospin, Jean-Yves Le Drian, Élisabeth Guigou, Alain Rousset, Michel Sapin, Jean Glavany, Harlem Désir et Anne Hidalgo (25,2%), Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn, Marylise Lebranchu, Laurent Fabius, Claude Bartolone, Arnaud Montebourg, Didier Migaud et Pierre Mauroy (24,3%), Benoît Hamon, Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez, Paul Quilès, Marie-Noëlle Lienemann, Jacques Généreux, Olivier Dussopt et Jean Auroux (18,5%) et Christophe Caresche et Nicolas Bricq (1,2%). Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez ont quitté le parti socialiste le 7 novembre 2008 (et ont annoncé le 12 novembre 2008 la création du parti de gauche, ancêtre de France insoumise).

Un nouveau vote a eu lieu les 20 et 21 novembre 2008 pour désigner le premier secrétaire : Ségolène Royal (42,5%), Martine Aubry soutenue par Bertrand Delanoë et Dominique Strauss-Kahn (34,7%) et Benoît Hamon (22;8%). Martine Aubry, soutenue aussi par Benoît Hamon au second tour, fut finalement élue à la tête du PS avec 50,02% (avec 42 voix d'avance sur 67 413 sur Ségolène Royal !). Il faut noter avec attention que l'actuel Ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, Olivier Dussopt, en charge de l'actuelle réforme des retraites, était signataire de la motion de Benoît Hamon en novembre 2008.

La première primaire ouverte du PS pour désigner le candidat à l'élection présidentielle de 2012, a eu lieu, pour le premier tour, le 9 octobre 2011 : François Hollande (39,2%), Martine Aubry soutenue par Dominique Strauss-Kahn (30,4%), Arnaud Montebourg (17,2%), Ségolène Royal (6,9%), Manuel Valls (5,6%) et Jean-Michel Baylet (0,6%). François Hollande fut finalement élu le 16 octobre 2011 au second tour avec 56,6% face à Martine Aubry, puis élu Président de la République le 6 mai 2012.

Deux autres primaires ont été organisées pour désigner le candidat PS aux deux élections présidentielles suivantes (2017 et 2022), sans que celui-ci (ou celle-ci) ne fût élu(e) ni même présent(e) au second tour de l'élection présidentielle.

La primaire du 22 janvier 2017 a fait participer Benoît Hamon (36,5%), Manuel Valls (31,9%), Arnaud Montebourg (17,7%), Vincent Peillon (6,9%), François de Rugy (3,9%), Sylvia Pinel (2,0%) et Jean-Luc Bennahmias (1,0%). Benoît Hamon, désigné candidat le 29 janvier 2017 avec 58;7% face à Manuel Valls, a fait, à l'élection présidentielle de 2017, un score à peine meilleur que Gaston Defferre en 1969, à savoir seulement 6,4%.

Enfin, la primaire du 14 octobre 2021 a départagé sans suspense dramatique Anne Hidalgo (72;6%) et Stéphane Le Foll (27,4%). Anne Hidalgo, désignée donc candidate, a fait le plus mauvais score du PS, le plus ridicule aussi, avec 1,7% le 10 avril 2022.

Pour terminer, donc, avec le congrès de Marseille du 27 au 29 janvier 2023, avec un vote des militants le 12 janvier 2023 qui a départagé, pour rappel, les trois courants : Olivier Faure (49,2%), Nicolas Mayer-Rossignol (30,5%) et Hélène Geoffroy (20,3%). Et la reconduction d'Olivier Faure à la tête du PS.

Quand on regarde toute l'histoire du PS, son importance électorale, la stature intellectuelle ou politique de ses leaders, on se sent pris de vertige avec ce dernier congrès de Marseille (il y en a eu deux autres, en 1924 et 1937). Le PS n'est toujours pas mort, mais les fantômes ne cessent de l'habiter.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (04 février 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Comment peut-on encore être socialiste au XXIsiècle ?
Nuit d'épouvante au PS.
Le laborieux destin d'Olivier Faure.

PS : ça bouge encore !
Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 19:30

« C’était un congrès tendu. Nous sommes parvenus à un accord de gouvernance globale qui intègre à la fois la majorité et la minorité. Nous avons prévu de nous voir une fois par semaine en recherchant le consensus. Chacun s’engage à respecter la ligne politique définie pour préserver et la cohérence et la solidarité. » (Olivier Faure, le 28 janvier 2023 à Marseille).



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Psychodrame chez les éléphanteaux en Provence. C'est terrible comme des tragédies pour les acteurs deviennent des comédies pour les observateurs. "Nuit d'épouvante au PS", c'est un film qu'on pourrait aussi titrer "Le laborieux destin d'Olivier Faure". Ce week-end, c'était la crise au parti socialiste à Marseille. Lors de son 80e congrès, les socialistes, comme d'habitude (voir Metz en 1979, Rennes en 1990, Reims en 2008), se chamaillent. Si au congrès de Metz, la bataille valait le coup (l'Élysée était à portée de main), aujourd'hui en 2023, avec un PS à la présidentielle complètement démonétisé (1,7% !), la bataille pour conquérir le PS paraît assez stérile et anachronique.

Le 19 janvier 2023 se jouait la bataille du second tour pour le poste de premier secrétaire. Les résultats, confirmés par la commission de récolement, ont proclamé Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, vainqueur d'une courte tête face à son adversaire Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen.

Malheureusement pour la quiétude de l'appareil, le candidat battu, émanation rouennaise de Laurent Fabius, a refusé de s'incliner devant les quelques centaines de voix d'avance, alors qu'il sait que « les fraudes et irrégularités » sont en vogue dans ce parti depuis longtemps (avant lui, Ségolène Royal les avait dénoncées en 2008). Nicolas Mayer-Rossignol était même prêt à attaquer la direction socialiste en justice pour avoir gain de cause, ce qui rappelle le congrès de l'UMP en novembre 2012 avec la querelle entre Jean-François Copé et François Fillon.

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L'enjeu de ces querelles intestines était purement et simplement l'existence même du parti socialiste, car il ne survivrait pas à une éventuelle scission (1,7% divisé par deux...). Pendant la première nuit du congrès à Marseille, ce fut un échec total : les négociations n'ont pas abouti, si bien que l'hôte des lieux (cela se passait au Palais du Pharo), par ailleurs maire PS de Marseille, Benoît Payan, s'est bien gardé de prononcer son discours de bienvenue, ne sachant que dire devant un tel désastre.

L'agenda a été bouleversé pour laisser place à de nouvelles négociations dans la matinée de ce samedi 28 janvier 2023, jusqu'à l'accord dont le protocole a été rapidement validé par les 186 délégués du congrès, quasiment à l'unanimité (à bulletin secret, le vote par acclamation étant depuis longtemps proscrit pour éviter toute opposabilité). La réconciliation a eu lieu à 14 heures 30 dans un amphithéâtre pas vraiment rempli. Des journalistes ont parlé de fumée blanche, mais qui donc peut sérieusement comparer Olivier Faure à un pape ?

Résultat : tout le monde est chef, si bien que personne n'est chef. Plus une instance est nombreuse, moins elle décide (c'est une règle de management politique ; j'avais pu observer il y a une vingtaine d'années à quel point François Bayrou faisait grossir le bureau politique de l'UDF qu'il présidait, ce qui satisfaisait beaucoup de monde, et lui en premier car ce n'est évidemment pas dans un gros comité qu'on est opérationnel et qu'on prend des décisions).

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L'accord prend acte de la collégialité de la direction du PS. Olivier Faure sauve laborieusement son titre de premier secrétaire, mais se voit entourer de deux "premiers secrétaires délégués" (qui n'existent pas dans les statuts, mais qu'importe, les statuts ne les interdisent pas non plus !), qui ont les mêmes prérogatives que le premier secrétaire, qui sont Nicolas Mayer-Rossignol, son adversaire, et Johanna Rolland, la maire de Nantes, proche d'Olivier Faure. Trois premiers secrétaires, il va falloir réapprendre à compter !

On sait cependant ce que vaut un tel titre, "délégué", c'est-à-dire, pas grand-chose. Dans un autre parti et dans un autre temps, au Centre des démocrates sociaux (CDS), composante démocrate-chrétienne de l'UDF, le congrès d'Angoulême en octobre 1991 était promis à un quasi-putsh : Dominique Baudis allait renverser la table et prendre le pouvoir dans ce parti. Le président sortant Pierre Méhaignerie, très habile politique, a réussi à finalement éviter la confrontation et à l'intégrer à la direction comme "président délégué". Extrait du journal "Le Monde" le 13 octobre 1991 : « Par 448 contre 372, les militants du CDS tenant jusqu'à dimanche leur huitième congrès à Angoulême ont ratifié une motion instituant de fait une double présidence, "afin, précise ce texte, d'assurer au CDS sa pleine efficacité à la veille d'événements politiques majeurs et de donner concrètement l'exemple de l'union". Les centristes ont refusé l'affrontement entre M. Pierre Méhaignerie et M. Dominique Baudis. ». Rien n'a alors changé jusqu'à la conquête du CDS par François Bayrou en décembre 1994 à Vincennes.

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Johanna Rolland aurait dû montrer plus de neutralité et elle aurait pu être nommée unique première secrétaire, afin de désamorcer la bataille de coquelets entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol. Au lieu de cela, elle ne sera qu'une faire-valoir d'Olivier Faure et une caution féminine du PS.

Dans son discours de clôture du congrès, le dimanche 29 janvier 2023, Olivier Faure a déclaré, intimiste, à l'adresse de son rival : « Il y a eu des mots blessants, des désaccords surjoués, et une dernière semaine où de nombreux militants se sont sentis insultés, pas respectés (…). Mais, toi et moi, nous avons fait un choix. Celui de dépasser ces moments [et] faire ensemble plutôt que les uns contre les autres (…). Toi et moi, nous allons faire mieux. À partir de demain, apportons-en la démonstration claire. ».


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Tandis qu'Olivier Faure avait refusé initialement toute collégialité, Nicolas Mayer-Rossignol aurait voulu faire nommer trois premiers secrétaires délégués, la troisième aurait été Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, farouchement opposée à l'intégration du PS dans la Nupes (le vrai sujet de divergence des protagonistes), concurrente des deux autres, qui a échoué dès le premier tour le 12 janvier 2023. Celle-ci, finalement, se retrouve présidente du conseil national (l'équivalent du parlement du parti), poste avait occupé bien avant elle une certaine... Ségolène Royal (pour la faire patienter).

Si Nicolas Mayer-Rossignol a réussi à mettre le pied dans la porte de la direction du PS, il n'a en revanche pas résolu le problème de gouvernance du PS. En rendant obligatoire le consensus dans les décisions, le protocole d'accord contraint le parti socialiste à l'immobilisme permanent. Celui qui se frotte les mains, bien entendu, c'est un ancien apparatchik du PS qui l'a quitté depuis quatorze ans, Jean-Luc Mélenchon. Nicolas Mayer-Rossignol, lui, ne cesse de répéter comme un mantra : « Il faut que le PS retrouve des couleurs, de l’énergie, de l’enthousiasme ! ». Pour cela, le PS devra d'abord quitter le service des soins intensifs (au risque d'être transféré au service des soins palliatifs).


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Nuit d'épouvante au PS.
Le laborieux destin d'Olivier Faure.

PS : ça bouge encore !
Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

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26 janvier 2023 4 26 /01 /janvier /2023 04:21

« Sans débat sur le fond, sans clarification politique, notre parti se divisera encore et, de départs en scissions, achèvera de se dessécher. (…) Notre tâche est de dégager un horizon réparateur et d’apporter des réponses à la colère, pas seulement de l’accompagner surtout quand elle est dévoyée et se trompe de cible. » (Motion de Nicolas Mayer-Rossignol).




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Gros pataquès en vue pour le congrès du parti socialiste qui aura lieu ce week-end du 27 au 29 juillet 2023 à Marseille : le candidat proclamé battu ne reconnaît pas sa défaite en raison du faible écart de voix. On se bat encore pour être le chef du PS, ce qui est assez étonnant vu sa très faible capacité à produire du rêve et de l'espérance.

C'est que le PS est devenu un consortium qui gère encore beaucoup de collectivités locales et il y reste encore des enjeux financiers locaux. Contrôler le parti permet de thésauriser et d'avoir un trésor de guerre pour 2027.

En raison de la contestation des premiers résultats émis dans la nuit du 19 au 20 janvier 2023, une commission de récolement a recompté les voix dans certaines fédérations. Avant de poursuivre, attardons-nous sur le nom, "commission de récolement". La dernière fois que la vie politique française a vu surgir cette expression auprès du grand public, c'était à l'occasion du congrès de l'UMP en novembre 2012. Là encore, le très faible écart de voix entre Jean-François Copé et François Fillon avait suscité des contestations durables au sein de l'ancien parti gouvernemental.

Quatre critères ont été retenus pour annuler (invalider) des voix : violence sur lieu de vote, pressions et intimidations, vote électronique non conforme et présence de bulletins dans l'urne avant l'arrivée de surveillants. Ambiance !

Cette commission, présidée par Corinne Narssiguin, a clos ses travaux le dimanche 22 janvier 2023 dans l'après-midi, faute que les représentants de l'un des deux protagonistes, Nicolas Mayer-Rossignol (le maire de Rouen), n'aient accepté de passer au vote.

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Résultat : non seulement la victoire du premier secrétaire sortant Olivier Faure est confirmée, mais elle est encore renforcée avec un meilleur pourcentage. En effet, sur 23 527 suffrages exprimés, 12 020 voix se sont portées sur Olivier Faure, soit 51,1% et 11 507 voix sur Nicolas Mayer-Rossignol, soit 48,9%. Un résultat que ne reconnaît pas, pour l'heure, les partisans de Nicolas Mayer-Rossignol, dénonçant un passage en force et la fraude beaucoup trop récurrente au PS. En outre, 18 606 adhérents n'ont pas pris part au vote, soit 43,9%, et 232 ont voté blanc ou nul, soit moins de 0,1% des 23 759 votants.

Cela doit donc cogiter dur, cette semaine, chez les éléphants, pour savoir quoi faire durant le congrès qui s'ouvre à Marseille ce week-end, congrès qui devait être la consécration d'Olivier Faure et de sa stratégie suicidaire de soumission totale à l'insoumise Nupes, dans une sorte de délire révélation. Nicolas Mayer-Rossignol a revendiqué une direction collégiale faute d'être vraiment départagés par les militants du PS. Mais nul doute qu'une autre option s'ouvre à tous ceux qui veulent quitter le train de la Nupes : la scission, avec le risque de l'extinction à très brève échéance. Car le PS reste encore une structure qui a une réputation (certes mauvaise mais il existe politiquement) alors qu'un schisme, nécessairement, enfouira les rebelles dans une oubliette médiatique.

L'ancien Président de la République François Hollande, qui peine à se convaincre qu'il ne sera définitivement l'homme providentiel de personne, espérait encore jouer un rôle de faiseur de congrès. Il risque juste d'être un faiseur d'anges, tant le silence risque de succéder à cette confusion mentale d'un groupuscule qui n'a pas su s'adapter à la marche du temps. Pendant que des nains jouent aux soldats de plomb, d'autres battent le pavé.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (25 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
PS : ça bouge encore !
Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
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Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230125-parti-socialiste.html

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20 janvier 2023 5 20 /01 /janvier /2023 04:38

« Les militants ont donc reconduit Olivier Faure à la tête du parti socialiste. Les résultats définitifs seront proclamés à l’issue du vote des délégués du congrès de Marseille. » (Communiqué du PS du 20 janvier 2023).




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Le congrès du PS à Marseille en janvier 2023 sera-t-il comme le congrès du PS à Reims en novembre 2008, lorsque Ségolène Royal revendiquait sa victoire face à Martine Aubry ? Probablement pas, car en 2008, il y avait un enjeu majeur, celui d'affronter en 2012 le Président sortant Nicolas Sarkozy avec des chances non négligeables de l'emporter au second tour (à l'époque, c'était Bertrand Delanoë qui avait le vent en poupe parmi les éléphants). En 2023, rien de tout cela, même si la confusion reste similaire. Dans la nuit du 19 au 20 janvier 2023, les deux concurrents socialistes ont en effet revendiqué leur victoire.

La situation ne pouvait donc pas être pire au parti socialiste au lendemain du second tour du vote de la motion et du premier secrétaire qui y est associé. Les 42 365 adhérents du PS étaient appelés ce jeudi 19 janvier 2023, de 17 heures à 22 heures, à départager le premier secrétaire sortant Olivier Faure, par ailleurs député de Seine-et-Marne, et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, proche de Laurent Fabius.

Au-delà des personnes, c'était bien une vision de l'avenir, plus morose que rose, du parti à la rose qui s'affrontait : d'un côté, la soumission totale au chef des insoumis Jean-Luc Mélenchon (qui a gagné provisoirement son OPA sur la gauche en 2022) ; de l'autre côté, le retour des éléphants dans l'indécision, l'immobilisme et l'absence d'horizon politique à moyen terme. Il est sûr que c'était difficile pour les rares socialistes qui étaient restés fidèles à leur parti après les tremblements de terre de 2017 et de 2022.

Ce second tour a mobilisé à peine plus d'adhérents qu'au premier tour du 12 janvier 2023, à savoir un peu plus de 800 suffrages exprimés de plus que la semaine précédente (je ne peux évoquer que les suffrages exprimés car d'après les résultats officiels publiés actuellement par le PS, il n'y aurait eu aucun vote blanc ou nul pour ce second tour, au contraire des 241 au premier tour, ce qui peut d'ailleurs intriguer). Cela reste très faible, à savoir seulement 56,1% des inscrits (à comparer aux 54,2% du premier tour).

Le scrutin fut très serré, moins de 600 voix séparent les deux candidats. Olivier Faure a gagné avec 12 076 voix, soit 50,8% tandis que Nicolas Mayer-Rossignol, qui pensait être victorieux pendant le dépouillement nocturne, n'a obtenu que 11 683 voix, soit 49,2% des suffrages exprimés. C'est donc Jean-Luc Mélenchon qui doit se frotter les mains ce 20 janvier 2023 car son opération visant à phagocyter définitivement son ancien parti va pouvoir se poursuivre jusqu'à son achèvement. Ce n'est un secret pour personne de rappeler qu'Olivier Faure rêverait de succéder à Jean-Luc Mélenchon comme leader de la Nupes, mais il est bien le seul à rêver ainsi ; la dynamique présidentielle, c'est plutôt de faire un rêve collectif.

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Quant aux éléphants, très déçus, dont on devine la proximité avec l'ancien Président François Hollande qui, ces derniers jours, s'épanchait sur tout et sur rien dans les médias, ils ont raté leur opération visant à reconquérir le parti socialiste pour redonner sa place de parti gouvernemental et responsable dans la perspective d'une élection présidentielle en 2027 très ouverte par l'impossibilité de nouvelle candidature du Président actuel Emmanuel Macron.

Le congrès qui entérinera ce vote, quatre-vingtième du nom depuis la création de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) le 25 avril 1905 dans une salle du boulevard de Strasbourg, à Paris, par la fusion du parti de Jean Jaurès et de celui de Jules Guesde, aura lieu la semaine prochaine, du 27 au 29 janvier 2023 à Marseille, ville que le PS a reconquise en juin 2020 sur la droite républicaine après vingt-cinq ans d'échecs électoraux.

La motion soutenue par Nicolas Mayer-Rossignol reconnaissait avec lucidité l'avenir sombre de ce parti : « Sans débat sur le fond, sans clarification politique, notre parti se divisera encore et, de départs en scissions, achèvera de se dessécher. (…) Notre tâche est de dégager un horizon réparateur et d’apporter des réponses à la colère, pas seulement de l’accompagner surtout quand elle est dévoyée et se trompe de cible. ». Tout y était dit.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (20 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
PS : Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Olivier Faure.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230119-parti-socialiste.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ps-elephants-vs-nupes-la-confusion-246168

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/01/15/39780831.html





 

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14 janvier 2023 6 14 /01 /janvier /2023 04:31

« Le parti socialiste dirigé par Olivier Faure est devenu une filiale de LFI (…). C’est désormais le cynisme qui prime. » (Motion 1 du 80e congrès du PS).



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42 365 adhérents du parti socialiste devaient départager ce jeudi 12 janvier 2023 trois personnalités candidates au poste de premier secrétaire ainsi que les trois motions qu'elles soutenaient respectivement. Les résultats montrent que le parti socialiste continue à s'acheminer progressivement vers son extinction définitive, une perspective qui ne devrait pas émouvoir beaucoup d'électeurs français puisqu'ils n'étaient que 616 478 (soit 1,7% des suffrages exprimés et 1,3% des électeurs inscrits !) à avoir voté pour la candidate socialiste au premier tour de l'élection présidentielle de 2022.

La première information, c'est la participation : seulement 54,8% des adhérents ont voté, dont 0,6% blanc ou nul. Cela donne une réalité politique de 23 185 adhérents réels, les autres, qui se sont abstenus, étant soit de réels abstentionnistes (pour des raisons volontaires ou involontaires), soit des adhérents fantômes (anciens adhérents qui n'ont pas renouveler leur cotisation et qui ont quitté le PS depuis quelque temps).

Olivier Faure (député de Seine-et-Marne) et Nicolas Mayer-Rossignol (maire de Rouen) sont en ballottage et les adhérents sont appelés à revoter pour les départager au cours d'un second tour qui aura lieu le jeudi 19 janvier 2023. Olivier Faure a obtenu 11 277 voix, soit 49,2% et Nicolas Mayer-Rossignol 7 001 voix, soit 30,5%. Quant à la troisième candidate, Hélène Geoffroy (maire de Vaulx-en-Velin), elle est arrivée en dernière position avec 4 666 voix, soit 20,3%.

Ces résultats donnent une très mauvaise image de l'avenir du PS pour plusieurs raisons.


La première est la très faible participation qui place le PS en deçà du Rassemblement national en tant qu'organisation militante (le RN est déjà largement supérieur au PS en sièges de député) : en effet, lors de son dernier congrès du 5 novembre 2022, sur 36 673 adhérents déclarés, le RN a observé 26 218 adhérents ayant pris part au vote (à comparer aux 23 185 du PS). La participation y était également supérieure avec 71,5%. Si on compare avec un autre parti qui a fait son congrès récemment, Les Républicains, la participation du premier tour le 4 décembre 2022 était de 72,7%, de même ordre de grandeur qu'au RN, et le nombre d'adhérents ayant pris part au vote était nettement supérieur, 66 216.

La deuxième raison est le faible nombre de voix (49,2%) qu'a obtenues Olivier Faure, le premier secrétaire sortant. En principe, seule personnalité un peu connue au niveau national parmi les candidats, Olivier Faure, qui était très largement favori, n'arrive même pas à atteindre la majorité absolue. Il faut dire que conduire son parti autant au casse-pipe relève de l'exploit.

La troisième raison est paradoxalement le grand nombre de voix (49,2%) qu'a obtenues la motion soutenue par Olivier Faure. Cette phrase semble être le contraire du précédent point, mais c'est un fait : qu'il y ait une petite majorité des adhérents qui souscrivent à la politique d'abandon total du PS au profit de la Nupes est étonnant (voire fascinant). Un suicide assisté voulu par les adhérents eux-mêmes en direct live.

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La quatrième raison est le faible nombre de voix recueillies par Hélène Geoffroy. C'est vrai qu'elle n'est pas une femme politique d'un grand charisme. Mais c'était la seule candidate à prôner le retrait immédiat de la Nupes et la reprise d'indépendance politique du PS.

Effectivement, la position de l'autre candidat opposant à la ligne d'Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol, est incompréhensible. En gros, selon lui, il faut que le PS quitte la Nupes tout en y restant. Je prédisais à tort une faible performance de cet entre-deux sans saveur. C'était sans compter sur le soutien des éléphants, à l'instar de David Assouline, Anne Hidalgo, Patrick Kanner, Jean-Pierre Sueur, etc., adeptes de l'insupportable "synthèse" (qui n'a rien à voir avec le concept du "en même temps"). Il s'agit ici d'un opportunisme trouillard qui ne tranche rien et qui laisse tout le monde dans l'indécision, c'est-à-dire un réel immobilisme politique (ce que le "en même temps" n'est pas car Emmanuel Macron, lui, tranche, la réforme des retraites en fait foi).

Même s'il y a une (petite) majorité absolue des voix qui s'est exprimée contre le premier secrétaire sortant Olivier Faure, ce dernier reste largement le favori de cette élection par l'absence d'offre alternative. Et ce n'est pas vraiment une surprise : depuis près de cinq ans qu'il est aux commandes, tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec sa tactique très lâche ont eu le temps de quitter le PS pour aller vers d'autres horizons.

La motion qui a obtenu le moins voix a été recalée probablement parce qu'elle était la plus lucide sur la situation actuelle du PS. Je ne résiste à citer, pour terminer cet article, un extrait du début de cette motion, signée par Hélène Goeffroy, qui est un constat impitoyable du PS d'aujourd'hui : « Depuis dix ans, nous n’avons plus réfléchi en profondeur. (…) La direction du PS a théorisé la fin du parti et a conduit une stratégie d’effacement derrière d’autres forces politiques, faisant de l’union de la gauche non pas une stratégie, mais une tactique désespérée. (…) Face au score de notre famille politique à l’élection présidentielle, la direction s’est ralliée à LFI, dans un accord "sauve qui peut", tentant de conserver quelques sièges à l’Assemblée Nationale, et ce, sans base programmatique et sans consultation des militants. (…) Le parti socialiste dirigé par Olivier Faure est devenu une filiale de LFI, la plupart des circonscriptions détenues par cette dernière étaient socialistes en 2012. (…) C’est désormais le cynisme qui prime, un populisme qui heurte nos valeurs, qui théorise l’apport des voix du RN lors des motions de censure votées récemment. ». C'est un diagnostic aussi sévère que celui d'une maladie incurable...



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 janvier 2023)
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Pour aller plus loin :
PS : le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
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https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ps-le-leadershit-du-plus-faure-246027

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