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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 04:29

«  C'est une véritable star. Il a volé plus d'argent que quiconque dans l'histoire, ce qui en fait un héros au sein de la prison. Beaucoup le sollicitent pour des conseils financiers, à l'image d'un détenu qui discutait d'un achat d'actions avec son courtier. Un peu plus tard, ce même détenu a reconnu qu'il aurait dû suivre d'un peu plus près les conseils de Bernie ! » (Steve Fishman, le 17 janvier 2017 pour MarketWatch).





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Il y a quinze ans, le 11 décembre 2008, a commencé l'affaire Madoff, celle d'un investisseur véreux qui a sans doute dépassé tous les records d'escroquerie de toute l'histoire du monde. Rappelons d'abord qui était Bernard Madoff.

Issue d'une famille juive originaire de Pologne, d'Autriche et de Roumanie, Bernard Madoff est né le 29 avril 1938 à New York. Après quelques études sans grand succès, il a créé en 1960 (il avait alors 22 ans) son propre fonds d'investissement avec 5 000 dollars. Il a par la suite créé plusieurs fonds plus ou moins spécialisés et était également courtier pour des entreprises non cotées sur le marché de Wall Street. Cette dernière activité était légale, tandis que tous ses fonds étaient de l'escroquerie pure.


Pourtant, le Bernard L. Madoff Investment Securities LLC est devenu, au fil des années, l'une des principales sociétés d'investissement de Wall Street. Bernard Madoff s'assurait surtout de la forme, envoyant à ses clients pigeons toute sorte de rapports, de ventes et d'achats d'actions, etc. qui était en fait réalisés par un secrétariat spécifique qui n'avait aucune connaissance financière. Bernard Madoff était également très présent dans la vie économique et financière, il a contribué à l'automatisation des transactions avec le Nasdaq (National Association of Securities Dealers Automated Quotations), dont il fut le président pendant plusieurs années.

Le principe de l'escroquerie est assez banal, appelé la pyramide de Ponzi : l'escroc rémunère ses premiers clients investisseurs avec les dépôts des clients suivants, et ainsi de suite (qu'on appelle aussi système de cavalerie). Ainsi, il n'y a jamais eu de plus-value, seulement des transactions financières, et ce système, bien sûr, ne tient que par un effet dynamique : les nouveaux rémunèrent les anciens. Dans ce système, qui ne fait vivre que l'escroc, il n'y a pas d'investissement économique, juste une communication auprès des clients particulièrement performante. Quand tout l'édifice s'écroule, l'escroc doit fuir à temps et se faire discret (en profitant des millions escroqués).

Bernard Madoff avait ainsi bâti un véritable empire de Ponzi, proposant à ses clients jusqu'à 17% d'intérêts par an, ce qui lui a permis de collecter des fonds jusqu'à 17 milliards de dollars pour un fonds réservé à une vingtaine de clients triés sur le volet. Parmi ses clients, des banques, des grands comptes, des détenteurs de fortune, etc. En une cinquantaine d'années, il aurait ainsi spolié ses clients jusqu'à une hauteur de 65 milliards de dollars, un niveau encore incertain car certains clients n'ont certainement pas voulu avouer avoir fait appel aux services de Madoff.

Au fil du temps, Bernard Madoff a acquis des dizaines de biens immobiliers, des yachts, etc. Un analyste financier a subodoré une fraude massive dès 1999 mais une enquête de la SEC (Securities and Exchange Commission), qui réglemente et contrôle les marchés financiers aux États-Unis, n'a rien trouvé à redire en 2006 (à la grande surprise de Madoff qui s'attendait à être arrêté !). Il continua ainsi encore deux ans.

Le problème s'est évidemment posé avec la crise financière majeure du 15 septembre 2008. Bernard Madoff a accumulé de très nombreuses pertes, et en début décembre 2008, de nombreux clients ont voulu retirer leurs capitaux, jusqu'à hauteur de 7 milliards de dollars alors que Madoff ne disposait que de 1 milliard de dollars de liquidités.

Le 11 décembre 2008, Bernard Madoff a avoué à ses deux fils Mark et Andrew qu'il n'avait jamais investi un seul cent des capitaux de ses clients et que tout était une escroquerie monstre. Dénoncé par ses fils, l'investisseur escroc a donc été arrêté par le FBI le 12 décembre 2008, puis remis en liberté après le paiement d'une caution de 10 millions de dollars et son inculpation pour escroquerie. Madoff a avoué très vite ses malversations. Ses biens furent saisis pour tenter de rembourser les victimes. Avant la fin du procès, il y a eu 8 848 plaintes associées à 3 565 comptes gérés par Madoff.


65 milliards de dollars auraient manqué dans les comptes du système Madoff mais les pertes réels pour ses clients auraient été de 18 milliards de dollars de capitaux, dont seulement une dizaine de milliards auraient été retrouvés et remboursés.

Le 29 juin 2009, Bernard Madoff a été condamné à 150 ans de prison ferme et il n'a pas fait appel. Il a été transféré à la prison fédéral de Butner en Caroline du Nord. Il était très populaire parmi ses codétenus et les gens ont toujours du mal à comprendre comment il a pu autant frauder alors que le système l'aidait (et réciproquement). Dernier soubresaut du financier filou, Madoff est parvenu en 2017 à racheter l'ensemble du chocolat chaud suisse Swiss Miss à la prison pour en avoir le monopole et le revendre plus cher à ses codétenus.

La première victime corporelle de Madoff a été le financier français Thierry Magon de La Villehuchet qui s'est suicidé dans son bureau de New York le 22 décembre 2008 après avoir compris qu'il venait de perdre 1,4 milliard de dollars avec le fonds Madoff. Le fils même de l'escroc, Mark Madoff, qui aurait profité des largesses de son père, a été retrouvé pendu dans son appartement de New York le 11 décembre 2010 et l'enquête a conclu à un suicide probable. L'autre fils Andrew Madoff est mort d'un cancer le 3 septembre 2014.

Atteint d'une maladie rénale avant son arrestation, Bernard Madoff est mort le 14 avril 2021 quelques jours avant ses 83 ans, dans sa prison de Butner. Il a laissé une famille ruinée et surendettée, et une question en suspens : comment l'escroquerie a-t-elle pu durer si longtemps ? L'administrateur judiciaire chargé de liquider les avoirs Madoff a estimé qu'environ 2 000 personnes physiques ou morales auraient bénéficié du système Madoff, dont 1 000 qui en aurait bénéficié de manière illégale et ont été l'objet d'une instruction judiciaire.

Mais il y a une autre raison plus générale : la cupidité de certains humains.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (10 décembre 2023)
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Pour aller plus loin :
Bernard Madoff.
La crise financière mondiale de 2008.

La boîte quantique.
Maria Callas.
Henry Kissinger.
Alexander Haig.
Katalin Kariko et Drew Weissman.
Rosalynn Carter.
Walter Mondale.
Marathonman.
Bob Kennedy.

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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 04:39

« Comme si c'était une loi naturelle, à chaque siècle, apparaît un pays avec la puissance, la volonté et le dynamisme intellectuel et moral pour donner à l'ensemble du système international une forme conforme à ses propres valeurs. » (Henry Kissinger, 1994).





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Le diplomate américain Henry Kissinger est mort dans la nuit du 29 au 30 novembre 2023 à son domicile de Kent, dans le Connecticut. Il avait 100 ans, son centenaire a été fêté le 27 mai dernier. Allemand forcé de fuir aux États-Unis à cause de la montée du nazisme en Allemagne, Kissinger était sans doute le diplomate par excellence, celui qui incarnait le mieux la diplomatie américaine des cinquante voire soixante dernières années : réalisme politique, cynisme, efficacité, puissance... sans aucune considération morale ou idéologique.

Conseiller à la sécurité nationale des États-Unis du 20 janvier 1969 au 3 novembre 1975, Secrétaire d'État (c'est-à-dire Ministre des Affaires étrangères) des États-Unis du 22 septembre 1973 au 20 janvier 1977, sous les Présidences de Richard Nixon et Gerald Ford, Henry Kissinger était un personnage très controversé, Prix Nobel de la Paix 1973 pour son action au Vietnam, auteur de la détente avec l'URSS et de la normalisation des relations diplomatiques avec la Chine, on lui a aussi reproché son influence dans les nombreux coups d'État des années 1970 en Amérique latine.

Malgré sa soif de pouvoir, il n'est jamais revenu aux affaires lors de nouvelles Présidences républicaines (Ronald Reagan lui a préféré Alexander Haig, son ancien adjoint, dont il méprisait les facultés intellectuelles). Il a en revanche cultivé un véritable mythe Kissinger, et est devenu un politologue chevronné des relations internationales, multipliant les conférences mais aussi les relations avec les dirigeants du monde entier jusqu'à encore très récemment.

Pourquoi n'a-t-il pas voulu plonger dans l'arène politique et se présenter aux élections présidentielles ? L'ancien ambassadeur de France aux États-Unis de 2014 à 2019, Gérard Araud, très présent aujourd'hui dans les médias, a apporté une réponse à cette question dans son livre "Henry Kissinger, le diplomate du siècle" publié le 7 octobre 2021 (chez Tallandier) en expliquant pourquoi il a finalement soutenu la politique de Reagan : « En 1988, Kissinger parlera de "l'incroyable succès de Reagan qui a conduit une politique étrangère d'une grande cohérence et d'une réelle puissance intellectuelle". Qu'est-ce qui a mené Kissinger sur cet inattendu chemin de Damas ? D'abord le réalisme d'un ambitieux qui sait qu'il n'y a d'autre avenir pour lui, s'il y en a un, au sein du parti républicain que reaganien ; ensuite, le réflexe du courtisan qui l'a toujours conduit à flatter les puissants quitte ensuite à essayer de les influencer par la bande ; enfin, de manière plus honorable, une admiration réelle pour la capacité de Reagan à rassembler les Américains derrière sa politique. À ce dernier égard, Kissinger sait qu'en ce qui le concerne, il lui manque le talent pour présenter une vision politique qui puisse susciter un vaste soutien populaire. "Je suis doué pour l'analyse stratégique et la diplomatie, pas pour mobiliser les foules". Kissinger ne sera jamais un homme politique. Il ne peut l'être : son sens tragique de la vie fait mauvais ménage avec l'optimisme américain ; son ironie et ses nuances ne peuvent passionner les foules. Il constate également que, derrière la rhétorique enflammée du combat du Bien contre le Mal, s'est déployée, sous Reagan, une politique fondée sur le dialogue et le compromis avec l'URSS. (…) Reagan est, en réalité, un pragmatique qui sait ne pas aller trop loin, que ce soit par instinct ou par hasard. ».


Parmi ses relations, malgré son engagement républicain, Henry Kissinger était plus proche d'Hillary Clinton que de Donald Trump. Gérard Araud argumentait ainsi : « En Europe, on imagine assez mal Obama en politicien réaliste mais c'est ce qu'est cet intellectuel froid et cérébral dont l'administration parle finalement assez peu des droits de l'homme (…). En 2014, Hillary Clinton (…) reconnaît d'ailleurs que "la vision de Kissinger correspond largement à la stratégie qui est derrière les efforts de l'administration Obama au cours des six dernières années" (…). Kissinger apprécie le don d'analyse du Président mais regrette, en revanche, son manque d'initiative et la "passivité" de sa politique étrangère. Selon lui, Obama gère le retrait des États-Unis de la scène du monde mais ne tente pas de bâtir un ordre nouveau pour prendre le relais. (…) Obama est, comme Kissinger, un intellectuel au pouvoir. Mais, de l'intellectuel, il a aussi les doutes dont est exempt celui-ci. ».

Tandis qu'avec Donald Trump, c'était très différent :
« Dès son élection, Donald Trump tient à recevoir Henry Kissinger à la Maison-Blanche, et il le refera à plusieurs reprises. Nul besoin de préciser que rien ne rapproche le milliardaire qui ne lit rien et n'écoute personne du stratège nonagénaire. Une fois de plus, confronté à une administration républicaine, Kissinger se garde de toute critique frontale de la politique étrangère du Président. Il en regrette les méthode mais n'en attaque pas les orientations. Poussé dans ses retranchements, il concède, tout au plus, à un journaliste, que "Trump est peut-être une de ces personnes qui apparaissent de temps en temps pour marquer la fin d'une ère et l'obliger à s'effacer" (…). [Kissinger] n'a jamais rompu les ponts avec la Présidence américaine, quelle qu'elle soit. Faiblesse morale, diront certains, mais capacité à rester dans les cercles du pouvoir, répondront les autres. Il n'aime pas s'opposer... ».


Et Gérard Araud de donner la clef du surgissement politique de Trump selon Kissinger : « Selon lui, dans la période de transition que nous vivons, alors qu'aucun ordre commun n'est accepté par les principales puissances du monde, nous sommes condamnés à voir émerger des personnalités qui sont hors normes parce qu'il n'y a plus de normes. C'est une période dangereuse mais inévitable. ».

Probablement que s'il fallait ne garder qu'un seul fait marquant de sa diplomatie, faite de réalisme et de cynisme, c'est la normalisation des relations sino-américaines à partir de 1971. À l'époque, son interlocuteur privilégié fut Zhou Enlai : « Les deux hommes parlent le même langage, fait de profondeur historique et de philosophie politique. Ce sont deux intellectuels qui se découvrent, deux dirigeants que n'étouffent pas les considérations morales et qui raisonnent en termes froids de puissance. Leurs entretiens sont faits plus d'analyses que de décisions. Les deux animaux se flairent, comparent leurs notes et s'assurent que leurs objectifs sont compatibles. Ils le sont : la menace soviétique les rapproche. (…) Seuls Zhou Enlai et la Chine feront oublier à Kissinger sa méfiance et son cynisme. Il en paraîtra parfois naïf au point d'être accusé d'être le porte-parole du régime chinois aux États-Unis. » (Gérard Araud).

Encore récemment, Henry Kissinger était régulièrement reçu par le Président chinois Xi Jinping (la dernière fois fut le 24 mai 2019). Les relations avec la Chine sont aujourd'hui probablement pour les États-Unis d'un enjeu bien supérieur à celui des relations avec la Russie. Kissinger l'avait vite compris. La puissance du siècle actuel, évoquée au début de cet article par une citation dans son livre majeur "Diplomatie", publié en 1994, c'est sans doute ce pays, la Chine...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (30 novembre 2023)
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Pour aller plus loin :
Sulfureux Prix Nobel ?
Ses deux dernières préoccupations.
Henry Kissinger, influenceur XXL.
Alexander Haig.
Katalin Kariko et Drew Weissman.
Rosalynn Carter.
Walter Mondale.
Marathonman.
Bob Kennedy.

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 16:54

« Le cœur lourd, ma famille et moi vous informons du décès de ma grand-mère. L’un des plus grands héritages qu’elle laisse derrière elle est la Fondation Carter, et (…) ses efforts remarquables visant à améliorer le bien-être des personnes partout dans le monde, que ce soit en travaillant à éradiquer les maladies, en réduisant la stigmatisation des maladies mentales ou en apportant la paix dans les coins les plus reculés du monde. » (Jason Carter, le 19 novembre 2023).





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C'est le président de la Fondation Carter (le Carter Center), la fondation de l'ancien Président Jimmy Carter créée en 1982, Jason Carter, un de ses petits-fils, qui a annoncé la mort de sa grand-mère. L'ex-Première dame des États-Unis Rosalynn Eleanor Smith Carter s'est éteinte ce dimanche 19 novembre 2023 à l'âge de 96 ans à Plains, petite ville de Géorgie qui est aussi la ville natale de son mari (elle est née le 18 août 1927 à Plains). Joe Biden, qui fête ses 81 ans le 20 novembre 2023, est un "p'tit jeune" comparé aux Carter !

C'est toujours difficile d'exister aux côtés d'un mari qui a été l'un des derniers grands dinosaures de la vie politique américaine et internationale, de trouver sa place, de servir son pays ou ses causes sans gêner l'action de son mari, tout en s'épanouissant. Rosalynn Carter a sans doute été la Première dame américaine à avoir une action sociale voire militante efficace et importante. Une de ses successeures est même entrée carrément dans l'arène politique : Hillary Clinton, sénatrice et ministre, a même été candidate à la plus haute charge.

Jimmy Carter, qui est toujours là, à 99 ans, n'a jamais cessé de rappeler que l'action de son épouse au sein de sa fondation a été déterminante. Alexander Paige, le directeur général de la Fondation, a ainsi rendu hommage à la visionnaire, à la pionnière, à la championne de la santé mentale et à la matriarche bien-aimée : « Elle a touché le cœur de millions de personnes par sa chaleur, sa générosité et sa compassion. (…) [Elle] était une lumière dans notre monde. Elle a utilisé sa puissante et influente voix pour redonner espoir aux plus vulnérables. Pendant plus de six décennies, elle a défendu un regard positif dans la sensibilisation à la santé mentale. ».

Et de poursuivre : « Madame Carter était une partenaire solide du Président Carter dans des projets visant à résoudre les conflits, à faire progresser les droits de l'homme et à améliorer la santé mondiale grâce au travail de la Fondation Carter. Leur amour et leur respect les uns envers les autres, envers leur famille et envers l’humanité constituent un phare et un exemple pour nous tous. ».

Au-delà de l'aide apportée aux personnes atteintes de maladie mentale, Rosalynn Carter a beaucoup milité pour les droits de l'homme et pour la paix. Elle s'est rendue dans beaucoup de pays du monde pour assurer l'observation neutre de certaines élections, comme au Venezuela ou en Tunisie. Elle a travaillé depuis 1962 pour ces causes humanitaires parallèlement à la carrière de Jimmy Carter. Elle a même été admise en 2001 au prestigieux National Women's Hall of Fame qui distingue les femmes exceptionnelles.

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Rosalynn Smith et Jimmy Carter se sont mariés le 7 juillet 1946. Ils ont fêté cet été leur 77e anniversaire de mariage. Dans trois ans, ils pouvaient imaginer fêter leur 80 ans, c'est-à-dire les noces de chêne. Cela devient de plus en plus difficile d'avoir au compteur de son couple, de son mariage, 80 années, les mariages ont maintenant une durée moyenne très limitée (je crois sept ans) et se font généralement de plus en plus tardivement. Ces 77 années ont apporté au couple Carter une grande famille : quatre enfants de 56 à 76 ans, huit petits-enfants de 24 à 48 ans (dont un décédé à 28 ans) et deux arrière-petits-enfants de 15 à 17 ans.

La famille Carter a annoncé le 30 mai 2023 que Rosalynn était atteinte d'une maladie neurodégénérative qui pouvait avoir des conséquences sur son esprit et en particulier, sur ses souvenirs, mais elle était restée vivre chez elle aux côtés de son époux. Son petit-fils Joshua Carter a expliqué dans une interview le 19 août 2023 : « La plupart du temps, elle sait qui nous sommes, que nous sommes sa famille. Ma grand-mère est encore capable de créer de nouveaux souvenirs. (…) Il y a de fortes chances que je perde mon grand-père avant ma grand-mère. Il est en soins palliatifs, et elle non, et c'est juste mathématiques. (…) Il est clair que nous sommes au dernier chapitre. ». Eh bien non, l'ordre de passage n'est jamais certain.

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Le 17 novembre 2023, Rosalynn Carter est entrée, elle aussi, en soins palliatifs tandis que Jimmy était entré en soins palliatifs dès le 18 février 2023 et la famille craignait qu'il les quitterait quelques jours ou semaines plus tard. Jimmy Carter a fêté son 99e anniversaire en grande forme, en se rendant le 24 septembre 2023 à la fête de la cacahuète de Plains, il y a même dégusté une glace au beurre de cacahuète dont il raffole. Il faut dire qu'il n'est pas impartial puisque son métier, avant de faire Président des États-Unis, était d'être un cultivateur de cacahuètes. Rosalynn l'avait accompagné dans cette expédition festive.

Mine de rien, Jimmy et Rosalynn Carter ne sont pas encore des has been de livres d'histoire : des dizaines de milliers d'Américains ont fêté cette année un joyeux anniversaire du Prix Nobel de la Paix 2002, souvent avec des messages très chaleureux de remerciement pour leur dévouement pour les causes communes pendant toute leur existence, et la mort de Rosalynn a provoqué une forte émotion auprès de leurs admirateurs. Le couple voudrait aussi montrer, par son expérience à domicile, que les soins palliatifs n'étaient pas le début de la mort, mais bien la fin de la vie, qu'on pouvait encore vivre, ressentir des émotions, aimer. Pour le temps qui reste.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (19 novembre 2023)
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Pour aller plus loin :
Jimmy Carter a 90 ans.
Le dernier sage ?
L'Amérique de la Paix.
Rosalynn Carter.
Jimmy Carter et le temps des cacahuètes.
Prix Nobel de Physique 2023 : les lasers ultrarapides, la physique attoseconde...
Les Accords d'Oslo.
Les Accords de Camp David.
Bob Dole.
George Soros.
Roman Polanski.
Richard Attenborough.

Clint Eastwood.
Henry Kissinger.
David Hockney.
Tina Turner.
John Wheeler.
Arielle Dombasle.
Sarah Bernhardt.
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
Art Spiegelman.
Audrey Hepburn.
Anthony Hopkins.
Emmanuel Macron aux États-Unis : vers des relations apaisées ?
Le Black Friday.
Robert Clary.
Joe Biden face à ses 80 années.
US Midterms 2022 : pas de vague républicaine !
Salman Rushdie.
Frank Drake.
Neil Armstrong.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Anne Heche.
Olivia Newton-John.
Marilyn Monroe.
Arnold Schwarzenegger.
Margaret Keane.
Johnny Depp.
Amber Heard.
Massacre d’Uvalde : faut-il interdire les armes aux États-Unis ?
Armes à feu.
Téléréalité.
Christina Grimmie.
Vanessa Marquez.
Michael Collins.
Marnie Schulenburg.
Nicholas Angelich.
Melissa Lucio.
John Glenn.
Joséphine Baker.
Gary Hart.
Les attentats du World Trade Center.
Shailene Woodley.
Charles Bronson.
Adrian Monk.
Noël à la télévision.
Colin Powell.
Jesse Jackson.
Walter Mondale.
Marathonman.
Bob Kennedy.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231119-rosalynn-carter.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/rosalynn-carter-la-dame-militante-251627

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1 octobre 2023 7 01 /10 /octobre /2023 05:01

« C’était incroyable, compte tenu du fait qu’il est en soins palliatifs, qu’il soit assez fort pour venir ici. À mon avis, c’était l’un des plus coriaces Présidents, c’est mon favori. » (Un citoyen américain, admirateur de Jimmy Carter, qui a été épaté de le rencontrer à un événement festif à Plains le week-end dernier).




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Par comparaison, son lointain successeur Joe Biden est un p'tit jeune ! L'ancien Président des États-Unis Jimmy Carter fête son 99e anniversaire ce dimanche 1er octobre 2023. La presse américaine en fait un de ses titres principaux. Ce n'est pas le dirigeant politique américain le plus âgé, il y a Henry Kissinger qui a vaillamment atteint son 100e anniversaire au printemps, mais assurément, il est le plus âgé des anciens Présidents des États-Unis de toute l'histoire américaine.

Et Jimmy marié le 7 juillet 1946 avec Rosalynn Smith, les deux tourtereaux ont fêté leur 77e anniversaire de mariage le 10 juillet dernier, ce qui est aussi un record pour un ancien Président américain. Une famille épanouie si l'on en croit la descendance : quatre enfants (dont Amy, qui traînait ses jupettes courtes dans le bureau ovale de la Maison-Blanche), huit petits-enfants (dont un décédé en 2015) et (pour l'instant ?) deux arrière-petits-enfants.

Jimmy Carter n'a pas arrêté de bosser après son mandat qu'il n'a pas pu renouveler en raison de la vague conservatrice menée par Ronald Reagan. Avec la fondation qu'il a créée (le Carter Center basé à Atlanta), il a participé à de nombreux projets concrets pour favoriser la paix dans le monde, au point de recevoir le très prestigieux Prix Nobel de la Paix en 2002, c'est-à-dire, plus de vingt ans après sa Présidence, « pour ses décennies d'efforts infatigables afin de trouver des solutions pacifiques aux conflits internationaux ».

Au contraire du Prix Nobel "préventif" attribué à Barack Obama en 2009 pour son discours du Caire (que lui-même considérait qu'il ne méritait pas), Jimmy Carter, lui, a largement mérité cette récompense (parmi des centaines d'autres attribuées à l'ancien Président dans le monde depuis si longtemps), à commencer par les Accords de Camp David dont il fut l'un des initiateurs (paix durable entre Israël et l'Égypte), des accords beaucoup plus efficaces que les vaporeux Accords d'Oslo dont il ne subsiste qu'une belle photo (et trois Prix Nobel).

Jimmy Carter est un homme humble et il habite dans son petit ranch de deux chambres qu'il avait construit lui-même en 1961 (avant d'avoir reçu un mandat électif) et malgré son passé à la Maison-Blanche, il n'avait pas déménagé. Aimé et aimant les personnes, on a pu voir à quel point en 2017 : Jimmy Carter a été filmé dans un avion pour Washington, en vol commercial, en serrant la main de tous les autres passagers ! Pour son petit-fils Jason Carter, qui préside le conseil d'administration du Carter Center, Jimmy Carter « a conservé cette identité, cet enracinement et cette nature terre-à-terre qui le rendent accessible ».

Encore très récemment, Jimmy Carter tenait à poursuivre son travail de bénévole auprès d'Habitat pour l'humanité (qu'il a commencé en 1984 ; il a aidé à construire ou rénover plus de 4 300 maisons dans quatorze pays !). S'il s'est arrêté ces dernières années, Jimmy Carter ne s'est pour autant pas caché au public et participait à certaines cérémonies, en particulier à ses anniversaires. Son précédent, l'an dernier, était mémorable et peut-être que cette année, il n'y aura plus de photo publique.


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En effet, le 18 février 2023, sa fondation a annoncé que Jimmy Carter venait de renoncer à une nouvelle intervention médicale et voulait désormais rester chez lui (des équipes de soignants se relayant) pour « passer le temps qui lui reste à la maison auprès de sa famille » et qu'il recevrait désormais des soins palliatifs : « Il a le soutien total de sa famille et de son équipe médicale. La famille Carter demande à ce que son intimité soit préservée pendant cette période et est reconnaissante de l'intérêt manifesté par ses nombreux admirateurs. ».

Tout le monde craignait qu'il ne lui restât que quelques jours ou semaines à vivre. À l'époque, Jason Carter lui avait dit adieu, comme il l'a raconté dans une interview au "New York Times" le 21 septembre 2023 : « Nous pensions au début de ce processus que cela prendrait autour de cinq jours. J'étais là-bas avec lui à l'hôpital, puis je lui ai dit au revoir. Et puis nous avons pensé que ce serait cette semaine-là que cela se terminerait. Et cela fait tout juste sept mois. ».

L'ancien 39e Président a souffert en 2015 d'un cancer, un mélanome qui s'est propagé au foie et au cerveau, et l'aurait vaincu peu de temps plus tard grâce à l'immunothérapie ; il est d'une étonnante robustesse malgré cette sale maladie et le grand âge (il y a quatre ans, à la suite de plusieurs chutes, il avait été hospitalisé à plusieurs reprises). De plus, sa longévité ne peut être expliquée par son hérédité. Son père est mort à 58 ans d'un cancer du pancréas et plusieurs de ses sœurs et frère sont morts d'un cancer du pancréas. Sa mère aussi était atteinte de cette maladie (elle est morte à 85 ans).

En mai dernier, l'ex première dame Rosalynn Carter (qui a eu 96 ans le 18 août dernier) a reçu un pronostic de démence, atteinte de troubles neurodégénératifs. Elle en est même lucide. Son petit-fils Joshua Carter a expliqué dans une interview le 19 août 2023 : « La plupart du temps, elle sait qui nous sommes, que nous sommes sa famille. Ma grand-mère est encore capable de créer de nouveaux souvenirs. ». Mais ses pertes de mémoire et de souvenirs rendent la vie difficile à son époux : « Ils ont vécu tout ce qu'il était possible de vivre ensemble. Je pense que ce qui est le plus beau, c'est qu'ils sont encore ensemble. Ils se tiennent encore la main. C'est tout simplement fantastique ! (…) Nous avions l'habitude de nous réunir chaque année pour le Nouvel An (…). Chaque année, nous réunissions toute notre famille et allions dans un lieu incroyable. Ces voyages en famille sont l'un de mes souvenirs les plus précieux. ». Cette tradition s'est arrêtée avec la crise du covid-19 en 2020.

Et Josh d'ajouter : « Il y a toujours quelqu'un à la maison (…). Maintenant, c'est nous qui devons les divertir. C'est différent, c'est juste une période différente. (…) Il y a de fortes chances que je perde mon grand-père avant ma grand-mère. Il est en soins palliatifs, et elle non, et c'est juste mathématiques. (…) Il est clair que nous sommes au dernier chapitre. ».


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Dès 2006, Jimmy Carter avait informé de son souhait d'être enterré à Plains, sa ville natale (de même pas 1 000 habitants) en Géorgie où est née aussi son épouse. C'est dans cette ville de Plains que Jimmy Carter a surpris en faisant sa dernière apparition publique le samedi 24 septembre 2023 : en effet, l'ancien cultivateur de cacahuètes est revenu à son ancien métier en participant, avec sa femme, au Plains Peanut Festival (festival annuel de l'arachide à Plains). Il y a même savouré la glace au beurre de cacahuète dont il est friand.

Médecin en soins palliatifs à San Francisco, le Dr BJ Miller a salué Jimmy Carter (qui n'est pas son patient) dans une interview à "Today" : « Il est important que le monde voie comment les soins palliatifs devraient se dérouler et que ce n'est pas une chose effrayante. Il ne s'agit pas de la mort, il s'agit vraiment de vivre jusqu'à la mort. Je suis heureux que [Carter] donne cet exemple. (…) [En soins palliatifs], on n'est plus stressé de partout pour essayer tel ou tel traitement. Il y a enfin un peu de paix. Quelqu'un écoute enfin vos symptômes. Et finalement, vous restez à la maison et les soins arrivent à vous. Parfois, les gens vivent plus longtemps dans un centre de soins palliatifs qu'ils ne le feraient autrement grâce à ce soutien affectueux et déstressant. ». Le principe des soins palliatifs, c'est en effet que le patient ne repousse plus la maladie (trop grave pour en guérir) et se focalise sur les soins de confort pour soulager toute souffrance, nausées et anxiété. L'équipe médicale doit aussi apporter un soutien émotionnel au patient et à ses proches, en discutant et en trouvant un sens au temps qui reste.

Ce dimanche 1er octobre 2023, Jimmy Carter se réunira donc en famille à Plains pour fêter dans l'intimité son centenaire moins un an, tandis que ses admirateurs (il y en a beaucoup aux États-Unis et dans le monde) pourront afficher leurs vœux de bon anniversaire et leurs photos à Atlanta (notamment au stade Mercedes-Benz et à l’aéroport international Hartsfield-Jackson), dans le cadre de mosaïques géantes. 14 000 personnes ont déjà envoyé leurs petits mots de sympathie.

Parmi ses admirateurs, beaucoup ont pu obtenir la citoyenneté américaine ou ont pu faire des études à l'université grâce à sa politique et ils lui en sont infiniment reconnaissants : « Vous êtes un modèle pour nous tous. » a lâché une femme ; un homme a proclamé : « Que votre cœur soit rempli de chaleur de l'amour que vous avez donné, de l'espoir que vous avez inspiré et de la gentillesse dont vous avez fait preuve. Votre héritage est un phare de lumière et un témoignage de votre empathie. ».

Jason Carter a expliqué à la presse : « Il a touché tant de personnes à travers le monde, à travers le pays et dans cet État [la Géorgie dont il fut le gouverneur entre 1971 et 1975] (…). Nous voulions trouver un moyen de réaliser cette idée. Nous partageons tous cet héritage vraiment remarquable de bien des manières différentes. (…) Il est toujours mentalement là, mais très sérieusement limité physiquement, et je pense que c'est frustrant pour lui, étant donné à quel point il a été actif pendant le reste de sa vie. C'est un moment bonus pour nous tous. ».

Espérons-lui de poursuivre une retraite suffisamment paisible pour que la maladie ne le ronge pas trop à ses dernières heures.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (30 septembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jimmy Carter a 90 ans.
Le dernier sage ?
L'Amérique de la Paix.
Jimmy Carter et le temps des cacahuètes.
Les Accords d'Oslo.
Les Accords de Camp David.
Bob Dole.
George Soros.
Roman Polanski.
Richard Attenborough.

Clint Eastwood.
Henry Kissinger.
David Hockney.
Tina Turner.
John Wheeler.
Arielle Dombasle.
Sarah Bernhardt.
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
Art Spiegelman.
Audrey Hepburn.
Anthony Hopkins.
Emmanuel Macron aux États-Unis : vers des relations apaisées ?
Le Black Friday.
Robert Clary.
Joe Biden face à ses 80 années.
US Midterms 2022 : pas de vague républicaine !
Salman Rushdie.
Frank Drake.
Neil Armstrong.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Anne Heche.
Olivia Newton-John.
Marilyn Monroe.
Arnold Schwarzenegger.
Margaret Keane.
Johnny Depp.
Amber Heard.
Massacre d’Uvalde : faut-il interdire les armes aux États-Unis ?
Armes à feu.
Téléréalité.
Christina Grimmie.
Vanessa Marquez.
Michael Collins.
Marnie Schulenburg.
Nicholas Angelich.
Melissa Lucio.
John Glenn.
Joséphine Baker.
Gary Hart.
Les attentats du World Trade Center.
Shailene Woodley.
Charles Bronson.
Adrian Monk.
Noël à la télévision.
Colin Powell.
Jesse Jackson.
Walter Mondale.
Marathonman.
Bob Kennedy.

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https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/jimmy-carter-et-le-temps-des-250389

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/09/29/40057825.html





 

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10 août 2023 4 10 /08 /août /2023 05:57

« La principale différence entre moi et la plupart des ultra-riches, c'est que je m'intéresse surtout aux idées. Je n'ai pas besoin personnellement de toute cette fortune. Mais malheureusement, si je n'avais pas gagné tout cet argent, je crois que personne n'écouterait mes idées. » (George Soros).





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Le milliardaire et philanthrope américain George Soros fête son 93e anniversaire ce samedi 12 août 2023. Profitons-en pour évoquer sa personnalité controversée qui est régulièrement fustigée sur Internet. Sur sa page Wikipédia (française), il est dit qu'il est, d'un côté : « Magnat des affaires, économiste, financier, banquier, opérateur de marché, écrivain, philanthrope, philosophe, investisseur, entrepreneur », et d'un autre côté, il est dit qu'il est également, en complément, un « lobbyiste milliardaire américain d'origine hongroise ». Bizarrement, le mot "spéculateur" n'y est pas utilisé pour le décrire (il l'est pour évoquer les critiques contre lui). Pour reprendre le titre d'un livre de la journaliste Anne-Marie Rocco sorti en 1999 (éd. Assouline), on pourrait résumer par « milliardaire, spéculateur et mécène ».

Il est aussi affirmé qu'au début des années 2000, sa fortune aurait atteint la coquette somme de 30 milliards de dollars (de quoi voir l'avenir, le sien et celui des siens pour de nombreuses générations), se plaçant parmi les dix plus grandes fortunes des États-Unis. Je ne connais pas vraiment l'origine (réelle et pas affichée) de sa fortune, mais le plus vraisemblable est que ses activités de spéculation à l'échelle mondiale (qui, d'ailleurs, ne lui ont pas toujours été profitables) ont contribué à son enrichissement personnel, en particulier au début des années 1990 en spéculant massivement contre la livre sterling (mais il était déjà financièrement puissant).

Cela dit, d'autres estimations ont donné un montant plus faible, ou, du moins, une évolution de la fortune nettement à la baisse : 20 milliards de dollars en 2012 selon "Forbes" (22e fortune au monde), "seulement" 6,7 milliards de dollars en 2023 (toujours selon "Forbes", 397e fortune au monde). Cette évolution à la baisse pourrait avoir pris en compte les sommes allouées à son activité philanthropique.

Et pourtant, le problème avec cet ultra-riche, c'est que, comme il l'a expliqué (voir en tête d'article), il s'est toujours senti devoir avoir un rôle messianique qui, par définition, est désintéressé matériellement. En effet, les "riches" apprécient l'argent et c'est leur nerf de la guerre, et leurs actions ont cette finalité. George Soros, au contraire, ne considère pas l'argent comme une finalité (ma grand-tante me disait toujours qu'on n'emportait rien dans sa tombe), mais comme un simple moyen. Cela choque donc parce qu'il est capable de dépenser de l'énergie et de l'argent pour des actions qui ne lui seraient pas directement profitables.

Ce thème serait du reste un beau sujet d'étude, à toutes les échelles, et pourrait finalement se résumer plus généralement à : quelles sont les motivations des bénévoles ? quelques sont les motivations des donateurs ? Ces motivations, elles ne sont pas toutes par intérêt financier (ou fiscal), elles peuvent être aussi, bien sûr, politiques ou religieuses, plus généralement idéologiques, mais elles peuvent être aussi autres, un choix de vie très personnel qui peut dérouter autant les détracteurs que les laudateurs, encore que, pour George Soros, à part ceux qui, personnes morales ou physiques, ont été aidés très concrètement par le milliardaire dont il est question, je doute qu'il y en ait beaucoup (ou alors, ils se font très discrets).


Le plus étonnant, c'est la formation initiale de George Soros : né à Budapest (en Hongrie) sous le nom de György Schwartz, « Juif rescapé du régime nazi, il parvient ensuite à fuir l'Union Soviétique » [en fait, pas l'URSS mais l'Empire soviétique, c'est-à-dire un de ses satellites, la Hongrie]. À partir de 1947, il a suivi des études de philosophie à la London Schools of Economics, jusqu'à obtenir en 1954 le grade de docteur en philosophie. George Soros, à l'origine, était donc quelqu'un qui se destinait à la philosophie et à l'écriture d'ouvrages.

Après ses études londoniennes et une courte expérience dans une entreprise de courtage à la City de Londres (créée par deux réfugiés hongrois), il a débarqué en 1956 aux États-Unis et a voulu se faire de l'argent à Wall Street pour être un philosophe indépendant. La finance lui a phagocyté ce rêve d'enfant. Enfin, pas tout à fait, car ses investissements et ses spéculations (on choisira l'un ou l'autre ou les deux), lui ont permis d'accumuler une fortune colossale qu'il utilise pour financer toutes les causes qu'il veut défendre.

Après tout, tant que c'est légal, pourquoi lui reprocher de dépenser sa fortune à ces causes diverses ? On fait ce qu'on veut avec son argent, et, je le répète car je n'en sais rien pour lui, tant qu'on a gagné son argent honnêtement (le sens d'honnête ici est à prendre dans le sens de légal, et pas dans le sens moral, bien sûr), on a le droit de le dépenser comme on le veut (tout aussi honnêtement, bien entendu, au même sens que précédemment).

Alors voilà, quand on est populiste, pour ne pas dire extrémiste, on cherche des boucs émissaires. Les deux extrémismes qui sévissent légalement aujourd'hui, c'est l'extrémisme de gauche, pour qui les méchants, ce sont les "riches", et l'extrémisme de droite, pour qui les méchants, ce sont les "étrangers". Notez que si c'est simpliste, c'est normal, puisque c'est démagogique. Notez aussi que la notion de "riches" est internationaliste (on peut être contre les riches partout) et c'est également le cas des "étrangers" (il y a toujours des étrangers partout dans le monde). Un autre populisme ne s'affiche pas mais est toujours bien vivace de nos jours, malgré la Shoah, c'est l'antisémitisme (et plus généralement le racisme qui se retrouve aux confins de la xénophobie).

En exprimant cela, je prends conscience que George Soros a tout faux : il est riche (énormément riche), il est d'origine juive (même si, en pratique, athée, il restera toujours juif pour les antisémites), il est étranger, d'une manière ou d'une autre, Hongrois qui n'est plus en Hongrie, émigré, et même pire, il est Américain (au sens de citoyen des États-Unis), et à ce titre, il coche toutes les cases de ciblage de l'anti-américanisme primaire qui peut se résumer à de l'anticapitalisme ringard voire anachronique ou à de l'antisémitisme larvé, du moins, non assumé. Et je ne parle même pas de la jalousie qu'une telle fortune suscite dans bien des esprits envieux.


Il suffit de voir toutes les causes que George Soros a financées pour comprendre qu'il ne pouvait être que la cible idéale de tous ces extrémismes qui sont très bavards sur Internet (on ne pourra pas dire qu'Internet ne leur apporte pas cette liberté d'expression, vu qu'au contraire, la toile amplifie leurs expressions).

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Ces financements dits philanthropiques ou politiques sont réalisés au moyen d'une fondation, ou plutôt, d'un réseau de fondations, l'Open Society Foundations, dont la structure originelle a été créée en 1979 avec ce but : « promouvoir la gouvernance démocratique, les droits de l'homme et des réformes économiques, sociales et légales ». Sa dénomination provient du titre d'un ouvrage philosophique de Karl Popper dont il a été un élève et correspondant ("The Open Society and Its Enemies", sorti à Londres en 1945).

George Soros a notamment commencé par le financement de tracts en 1984 en Hongrie pour apporter une information différente de celle du parti communiste hongrois à l'époque de la dictature communiste qui sévissait dans toute l'Europe centrale et orientale. Il a aussi aidé des étudiants sud-africains à l'époque de l'apartheid. En 1999, un journal avait estimé à 2 milliards de dollars la totalité des dons alloués par sa fondation, mais ce sont 18 milliards de dollars que George Soros a transférés en 2017 de ses entreprises et deniers personnels à sa fondation.

Parmi les causes idéologiques ou politiques que George Soros a financées, tout est à l'opposé des idées des extrémismes que j'évoquais. Soros a soutenu la campagne contre le Brexit, a soutenu la construction européenne, le parti démocrate, en particulier la candidature d'Hillary Clinton en 2016, les campagnes contre Donald Trump (qui, soit dit en passant, est un autre milliardaire qui a utilisé sa fortune pour se faire élire), avant, en 2004, il avait soutenu John Kerry contre George W. Bush, etc.

Parmi ses adversaires idéologiques, on retrouve, en France, le RN et toute l'extrême droite française (et également l'extrême gauche française) ; en Hongrie, le Premier Ministre hongrois Viktor Orban (au point de devoir transférer le siège de sa fondation de Budapest à Berlin en 2018) ; aussi, en Israël, le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahou, et, plus généralement, tous les leaders pro-russes de l'ancien Bloc soviétique en Europe mais aussi en Asie centrale. George Soros s'est beaucoup opposé à la "croisade" engagée par George W. Bush en Irak après les attentats du 11 septembre 2001, ainsi qu'à la toute-puissance des GAFAM par leur monopole qui menace la démocratie : « Un contrôle tel que même Aldous Huxley ou George Orwell n'auraient rien pu imaginer de pareil. » (25 janvier 2018). George Soros s'oppose aussi au régime de Xi Jinping : « La Chine n'est pas le seul régime autoritaire du monde. Mais c'est le régime autoritaire le plus riche, le plus puissant, le plus sophistiqué dans l'intelligence artificielle et les machines. » (24 janvier 2019). Et même, paradoxalement, le capitalisme est la cible récurrente de George Soros qui souhaite faire taxer plus les grandes fortunes.

Si en France, certains le détestent, c'est parce qu'il a financé des causes qui n'ont pas fait plaisir à certaines idéologies, en particulier des études sur le contrôle policier au faciès et sur les discriminations dont seraient victimes des musulmans marseillais. En Californie, il a financé des campagnes pour la dépénalisation du cannabis.

L'influence de George Soros est bien sûr exagérée et fantasmée par de nombreux complotistes du monde entier : on ne prête qu'aux riches, c'est pourquoi on prête beaucoup à George Soros, on lui prête toute sorte d'influence sur un prétendu contrôle du monde. Ce n'est pas lui qui démentira car cela fait partie du jeu et de sa puissance : plus on le croit influent, plus il est effectivement influent. C'est le principe élémentaire de la spéculation. Une sorte de jeu de poker.

La réalité est moins emballante : parce qu'il est fortuné, George Soros a les moyens de se faire plaisir intellectuellement. Mais s'il était aussi puissant que certains le prétendent, le cours du monde aurait été très différent : pas d'élection de Donald Trump, éviction de Xi Jinping, de Viktor Orban, de Vladimir Poutine, etc.

Alors, au fait, revenons au début avec ma question tordue : faut-il haïr George Soros ? C'est comme vous voulez, mais sachez que cette haine est nécessairement un marqueur idéologique. Et puis, haïr n'a jamais fait avancer le monde. Il y a ceux qui haïssent et il y a ceux qui construisent. Choisissez votre camp...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (05 août 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
George Soros.
Silvio Berlusconi.
Michel-Édouard Leclerc.
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Virginie Calmels.
Bernard Arnault.
Georges Chavanes.
Serge Dassault.
Thierry Breton.
Stéphane Soumier.
Elon Musk.

Jeff Bezos.
Donald Trump.
Anatoli Tchoubaïs.
Ravil Maganov.
François Perigot.
Alain Minc.
Jean Gandois.
Yvon Gattaz.
Bill Gates.
Carlos Ghosn.
Olivier Dassault.
Albin Chalandon.
Bernard Tapie.
Le Black Friday.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230812-soros.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/faut-il-hair-george-soros-249768

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/08/10/40005594.html









 

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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 04:20

« Il a perdu les élections et je regrette qu’il ait perdu, mais ils ont gagné. » (Bob Dole, le 22 juillet 2021).



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L’ancien sénateur du Kansas Bob Dole est mort ce dimanche 5 décembre 2021 à l’âge de 98 ans (il est né le 22 juillet 1923, un an avant Jimmy Carter et George H. W. Bush). Bob Dole, bien que représentant de la classe politique traditionnelle, a toujours soutenu à fond Donald Trump, tant en 2016 qu’en 2020. Il craignait aussi que les conditions de campagne en 2020 aient désavantagé son candidat. En revanche, il a pleinement reconnu la défaite de 2020 et s’est même déclaré "Trumped out" : « I’m a Trumper… I’m sort of Trumped out, through ! » (dans un entretien avec Susan Page pour "USA Today" à son 98e anniversaire).

Dans le paysage politique américain, Bob Dole jouit d’une place très grande au sein du parti républicain et plus largement, dans tout le monde politique et médiatique, presque une légende ; son avis était toujours très écouté. Il aurait pu devenir, en 1996, l’équivalent républicain de Joe Biden : longue expérience de sénateur et candidature âgé. Des candidats âgés, il y en a eu beaucoup après ses premières tentatives en 1976, Ronald Reagan, John MacCain, Donald Trump, Hillary Clinton… mais c’est l’âge qui l’a, lui, disqualifié au moment d’arriver à la fin de la course.

Blessé en Italie pendant la guerre où il a perdu son bras droit et avocat après la guerre, Bob Dole s’est engagé au sein du parti républicain du Kansas très tôt, d’abord élu local à partir de 1951, puis élu au niveau fédéral, membre du Congrès à Washington à partir de 1961 : représentant (1961-1969) puis sénateur (1969-1996). Il fut président du comité national des républicains (l’équivalent de chef de parti) de 1971 à 1973. Au Sénat, son expérience a été jusqu’à diriger les sénateurs républicains de 1985 à 1996, un poste important lorsque les républicains étaient majoritaires au Sénat entre 1985 et 1987 et 1995 à 1996 (il a quitté son siège de sénateur pour se présenter aux présidentielles).

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Celui qui fut le candidat malheureux à la Vice-Présidence en 1976 sur le "ticket" du Président sortant Gerald Ford (Jimmy Carter et Walter Mondale ont gagné) a sans arrêt voulu reprendre le leadership du parti républicain sans beaucoup de succès. Aux primaires républicaines de 1980, alors qu’il était le plus "naturel", il fut devancé par une dizaine de candidats dont les deux premiers Ronald Reagan et George H. W. Bush. En 1988 encore, ce dernier, Vice-Président sortaint, fut candidat et élu. À ces primaires de 1988, Bob Dole est arrivé en deuxième position avec 19,2% des voix contre 67,1% pour Bush Sr.

Il a fallu attendre l’échec de sa réélection en 1992 pour enfin atteindre la candidature des républicains en 1996, dans un contexte très favorable aux républicains au Congrès (victoire en 1994 de la majorité à la Chambre des Représentants et au Sénat), mais bien trop âgé face à un jeune Président sortant de vingt-trois ans son cadet, Bill Clinton. Aux primaires républicaines de 1996, il a gagné avec 58,8% des voix face à Pat Buchanan 20,8% et Steve Forbes 11,4%. Il a fait appel à Colin Powell pour figurer sur son "ticket" mais après le refus du général, il a choisi Jack Kemp, autre candidat aux primaires. 8,5% de voix (plus de 8 millions de voix) ont séparé Bob Dole de Bill Clinton qui a bénéficié, comme en 1992, de la candidature de Ross Perot (1930-2019) qui a obtenu 18,9% en 1992 et 8,4% en 1996.

La seconde femme de Bob Dole, Elizabeth Dole, fut également une femme politique passionnée, qui fut ministre de Ronald Reagan et de George H. W. Bush avant d’être élue sénatrice de Caroline du Sud. Elle était populaire en 2000 et a voulu se présenter aux primaires républicaines (mais elle manquait de moyens financiers), puis elle a fait partie des candidats potentiels à la Vice-Présidence dans les tickets avec George W. Bush en 2000 et John MacCain en 2008.

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Malgré son état déjà très faible, Bob Dole, depuis longtemps en fauteuil roulant, s’est levé pour rendre hommage à George H. W. Bush le 4 décembre 2018 au Capitole, l’ancien Président qui venait de disparaître et qu’il considérait aussi comme son compagnon de guerre, tous les deux vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Capitaine, Bob Dole fut promu colonel de l’armée américaine le 8 octobre 2019 : « J’ai eu une belle vie, et c’est en quelque sorte la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas que je dois être colonel ; j’étais heureux d’être capitaine et ça paie pareil ! ». Parmi les ouvrages qu’il a publiés, un classement des Présidents des États-Unis ayant le plus d’humour, dont lui-même ne manquait pas. Cette légende politique aurait certainement bien voulu y figurer.

Dans les années 2000, Bob Dole fut opéré de la prostate pour un cancer et ayant eu des dysfonctionnements de l’érection, il a fait la publicité du Viagra (il a fait aussi la promotion de Pepsi). En février 2021, il a annoncé un cancer des poumons qui l’a finalement tué dans son sommeil le dimanche 5 décembre 2021 au matin. Nul doute que dans les prochaines jours, il sera honoré par toute la classe politique américaine.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (05 décembre 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Bob Dole a 95 ans.
Bob Dole.
John Glenn.
Joséphine Baker.
Gary Hart.
Les attentats du World Trade Center.
Shailene Woodley.
Charles Bronson.
Adrian Monk.
Noël à la télévision : surenchère de nunucheries américaines.
Colin Powell.
Jesse Jackson.
Walter Mondale.
Marathonman.
Bob Kennedy.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230722-bob-dole.html

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27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 05:47

« Henry Kissinger est aujourd'hui très âgé. (…) Il se tasse, il s'endort parfois mais il reste lucide. Il subit les indignités physiques de la vieillesse mais c'est au crépuscule de cette très longue vie qu'il s'est lancé dans deux nouveaux combats aussi inattendus l'un que l'autre. » (Gérard Araud, le 7 octobre 2021).




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Ce samedi 27 mai 2023, l'ancien chef de la diplomatie américaine Henry Kissinger fête son 100e anniversaire. Devenir un centenaire au XXIe siècle est de moins en moins un exploit, mais devenir toujours aussi écouté partout dans le monde cinquante ans après avoir été au sommet du pouvoir, c'est inédit. Ayant gardé toute sa raison et ses capacités intellectuelles, celui qui a reçu le Prix Nobel de la Paix (controversé) en 1973 pour la signature d'un cessez-le-feu avec le Nord-Vietnam est considéré à l'échelle mondiale dans les domaines de la géopolitique et des relations internationales un peu comme un super Antoine Pinay dans le domaine économique franco-français : tous les dirigeants du monde le consultent et son influence reste toujours très importante.

Juif allemand de Bavière qui a émigré à l'âge de 15 ans, une famille massacrée par les nazis, Henry Kissinger est d'abord un intellectuel, un universitaire, un chercheur, un docteur en sciences politiques de Harvard (en 1954) et sa thèse portait sur la diplomatie entre 1812 et 1822 (entre autres, le Congrès de Vienne).

À la fin de sa vie, au moins deux préoccupations polluent encore sa sérénité avant de tirer sa révérence.

Dans une tribune publiée le 4 janvier 2007 dans le "Wall Street Journal", Henry Kissinger a proposé le désarmement nucléaire total. Son inquiétude était que la diffusion des armes nucléaires mais aussi leur possible utilisation irrationnelle par des dictateurs ou des terroristes et même des piratages informatiques rendraient la logique de la dissuasion nucléaire très aléatoire et compliquée, en tout cas ingérable.

Depuis quelques années, d'ailleurs, Henry Kissinger s'est inquiété des relations entre les États-Unis et la Chine, car tant Donald Trump que Joe Biden ont pris l'initiative d'une logique d'affrontement commerciale qui peut être un gros risque pour la paix mondiale. En effet, la paix mondiale repose sur un accord et des bonnes relations entre les grandes puissances, et il faut travailler à un nouvel ordre international en y incluant évidemment la Chine. Il l'a encore répété dans une longue interview à "The Economist" (un journal britannique) publiée le 17 mai 2023. En outre, il a rappelé que l'Ukraine devait être un État tampon entre le bloc occidental et la Russie et que la sortie de neutralité de l'Ukraine ne pouvait pas être acceptée par la Russie. Même si, honoré le 23 mai 2023 au très sélect Club économique de New York où on lui a fêté par avance son centenaire, Henry Kissinger a convenu :
« Nous sommes arrivés à un point où nous avons rempli notre objectif stratégique. La tentative militaire de la Russie d'absorber l'Ukraine a échoué. ». Ce qui permettrait de demander un cessez-le-feu.

L'autre combat, un sujet très actuel lui aussi, c'est de se méfier de l'intelligence artificielle. Il a commencé à en parler dans un premier article dans la prestigieuse revue "The Atlantic" en juin 2018 :
« Philosophiquement, intellectuellement, à tout point de vue, la société humaine n'est pas préparée à l'essor de l'intelligence artificielle. ». Et Kissinger s'est interrogé : « Sommes-nous en train de basculer dans une nouvelle phase de l'histoire humaine ? ». Dans sa réflexion, il évoquait l'invention de l'imprimerie qui a mis à mal les dogmes religieux au profit de la raison : « Grâce à l’esprit de libre-examen, le savoir scientifique a pu se constituer à l’abri des croyances. Nous vivons encore à l’intérieur de ce paradigme qui est aussi celui des Lumières. ». L'arrivée d'Internet a modifié le paradigme : « La Toile nous a habitués à extraire et à manipuler des stocks d’informations non contextualisées, en fonction de nos besoins immédiats et pratiques. En outre, les algorithmes personnalisent les réponses en fonction de ce qu’ils savent de nous du fait de nos recherches précédentes. Du coup, la vérité est devenue relative. (…) Le monde digital valorise la vitesse au détriment de la réflexion, les positions radicales plutôt que la réflexion. L’information y supplante la sagesse. ».

La crise sanitaire en a donné une démonstration grandeur nature. Kissinger craint qu'un jour, l'intelligence artificielle provoque des guerres :
« Dans l’avenir, nous serons de plus en plus souvent dépendants d’arbitrages opérés par des machines. L’action humaine est inspirée par des valeurs. Tel n’est pas le cas de ces machines intelligentes. Ne risque-t-on pas se laisser contaminer par leur vision instrumentale et amorale du monde ? ».

Sur l'intelligence artificielle, Gérard Araud a tenté de traduire la pensée de Kissinger :
« Trop d'information tue l'information mais en appelle encore toujours plus. Jamais on n'en a su autant ; jamais on n'en a compris si peu. Dans ce contexte, l'émotion et le consensus tiennent lieu d'une réflexion dont nul n'a plus le temps. Le risque est alors grand que, face à cet océan de faits, ne s'impose progressivement la tyrannie des algorithmes pour les traiter et l'expulsion progressive et volontaire de l'homme de la définition de son propre destin. Revenant à l'humanisme qui a fondé la culture de sa génération, Kissinger en appelle à des dirigeants qui, s'appuyant sur les faits, puissent les intégrer dans une vision historique et philosophique. Il n'est pas besoin de tout savoir pour tout comprendre. (…) Il ne s'agit pas des inquiétudes d'un vieil homme qui ne comprendrait plus son temps. J'ai moi-même été surpris des connaissances qu'il avait accumulées sur le sujet. C'est tout au contraire la réaction de quelqu'un qui a été confronté à la nécessité de prendre des décisions dans l'urgence et qui craint que la solution de facilité ne soit de s'en remettre à un algorithme. ».

Récemment, le 7 octobre 2021, l'ancien diplomate français Gérard Araud a effectivement sorti un livre très intéressant sur Henry Kissinger (avec qui il s'est entretenu), "Le Diplomate du siècle" chez Tallandier. Gérard Araud, 70 ans, est l'un des diplomates français les plus médiatisés de France, parmi les plus diplômés : Polytechnique, ENSAE, IEP Paris, ENA (même promo que Jean-Marie Messier). Il connaît bien les États-Unis où il a débuté sa carrière comme conseiller diplomatique à Washington entre 1987 et 1991, puis conseiller du Ministre de la Défense François Léotard. Après avoir été, à Bruxelles, le représentant de la France à l'OTAN entre 1995 et 2000, puis, à Tel-Aviv, l'ambassadeur de France en Israël entre 2003 et 2006, il a été le négociateur français dans le dossier du nucléaire iranien avant de terminer sa carrière de manière prestigieuse : à New York comme représentant permanent de la France au Conseil de Sécurité de l'ONU du 15 janvier 2009 au 15 juillet 2014, puis à Washington comme ambassadeur de France aux États-Unis du 18 septembre 2014 au 9 juillet 2019. Depuis sa retraite de haut fonctionnaire, il a rejoint des groupes privés et a sorti quatre livres dont celui concernant Henri Kissinger.

Henry Kissinger a été nommé le 20 janvier 1969, par le Président Richard Nixon, conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, un poste très important. Il a toujours été en rivalité avec le Secrétaire d'État (que j'appellerais aussi Ministre des Affaires étrangères, c'est son titre, avec le fait d'être, en ordre protocolaire, juste après le Président et Vice-Président des États-Unis). Celui-ci était l'avocat William Rogers, un grand ami du Président, mais sans expérience internationale.

Gérard Araud l'évoque ainsi :
« Rogers considère que Kissinger n'est pas son égal hiérarchique et Kissinger, que Rogers n'est pas son égal intellectuel. Pour citer Nixon lui-même qui s'en amuse : "Henry trouve que Bill [Rogers] manque de profondeur et Bill accuse Henry d'être assoiffé de pouvoir. Ils ont tous les deux raison". Kissinger tempête, menace de démissionner mais reste. (…) Querelles bureaucratiques habituelles, en particulier entre le département d'État et le Conseil national de sécurité qui sont inhérentes au système qui place bel et bien la politique étrangère américaine sous une double commande. (…) La France n'est pas loin de connaître de tels jeux de pouvoir entre l'Élysée et le Quai d'Orsay. ».

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Géraud Araud explique que dans une telle rivalité, l'idée est de connaître le gagnant. Au début des années 1970, incontestablement, ce fut Henry Kissinger :
« La rivalité est envenimée par Nixon lui-même qui entretient les divisions de ses équipes pour mieux les contrôler et par un Kissinger incapable de travailler en équipe. En dehors du département d'État, identifié comme l'ennemi à écarter, ses talents de courtisan font merveille. Il sait flatter, faire semblant de consulter et d'écouter et laisser croire qu'il met son interlocuteur dans la confidence. C'est un excellent navigateur dans le marigot dangereux et sans pitié qu'est le Washington bureaucratique. C'est un talent indispensable pour y survivre et il serait injuste de lui reprocher de le posséder : toute personne qui a exercé des responsabilités dans une structure de pouvoir sait qu'elle doit manœuvrer pour ne pas y être marginalisé. ». Et citant un haut fonctionnaire : « Kissinger peut rencontrer six personnes différentes, intelligentes, expérimentées, informées, qui ont des vues très différentes, et les persuader toutes que le vrai Kissinger pense comme elles. ». Cabotin, Henry Kissinger (au contraire de Nixon) se plaisait dans la vie mondaine : « Il y pratique à merveille l'autodérision qui est désormais sa marque de fabrique. ».

À cette époque, la Maison-Blanche et le gouvernement américain étaient comme dans le feuilleton "Dallas" : « Sous l'administration Nixon, tout le monde espionne tout le monde. À l'image de son chef, la paranoïa y règne en maître. (…) Kissinger réussit à ne pas être éclaboussé par le scandale [du Watergate] bien que les enregistrements dans le bureau du Président transmis à la justice le montrent souvent complaisant voire obséquieux face aux éructations vulgaires, violentes et parfois antisémites de son interlocuteur. Ses nombreux voyages l'ont éloigné de la Maison-Blanche au moment de la plupart des rebondissements du scandale. ».

Ainsi Kissinger a réussi à être le seul représentant du pouvoir populaire, comparé dans la presse à Bismarck ou à Castlereagh, l'équivalent britannique de Talleyrand et Metternich au Congrès de Vienne : « Kissinger est désormais l'homme fort d'une administration à la dérive. Populaire, respecté pour sa compétence et admiré pour ses succès, il devient indispensable auprès d'un Président qui ne sait plus à quel saint se vouer. (…) Son titre de conseiller à la Sécurité nationale ne reflète, à l'évidence, plus son importance politique. Pour se rendre compte à quel point Kissinger représente alors un phénomène dans la vie politique américaine, il suffit de donner les noms de ses prédécesseurs (…) et de ses successeurs (…), tous oubliés depuis longtemps et qui d'ailleurs n'ont jamais atteint une célébrité comparable à la sienne. (…) Ses exploits diplomatiques ne sont pas seuls en cause. En effet, du fait du Watergate, il devient progressivement, en 1973 et 1974, l'ancre de stabilité d'une administration engloutie par le scandale. Le voilà "figure du père" dans un pays en plein désarroi. ».

Dans la bataille interne, Henry Kissinger a donc gagné et a été nommé Secrétaire d'État le 22 août 1973, fonction qu'il a cumulée avec celle de conseiller la Sécurité national : « Il a ardemment fait campagne pour le poste. Nixon a résisté pendant des mois (…). Il sait que le poste donnera à celui-ci encore plus d'autonomie et de visibilité (…). Cependant, en plein scandale du Watergate, il n'a pas d'autre choix que de promouvoir le chéri des médias qui, de son côté, a menacé de démissionner s'il n'était pas promu. ». Nixon expliqua par la suite qu'il a gardé Kissinger à la Sécurité nationale car le Secrétaire d'État voulait travailler avec son égal intellectuel... donc lui-même !

Kissinger fut confirmé à ce double poste le 4 août 1974 par le (nouveau) Président Gerald Ford, jusqu'à l'échec électoral de celui-ci et l'avènement de Jimmy Carter, le 20 janvier 1977 (son adjoint, le général Brent Scowcroft, fut officiellement le conseiller à la Sécurité nationale du 3 novembre 1975 au 20 janvier 1977 et allait revenir sous la Président de George H. W. Bush). Gérard Araud décrit l'état d'esprit de Gerald Ford : « Sa situation, de toute façon, ne lui donne d'autre choix que de conserver à son poste la seule vedette incontestée de l'ancienne administration (…). Exempt de toute prétention et de toute susceptibilité, il reconnaît que Kissinger est plus intelligent que lui mais ne s'en formalise pas et accepte sans difficulté ses conseils qui prennent parfois l'apparence d'une formation accélérée d'un élu qui ne s'est jamais investi dans les relations internationales. (…) Dans toutes ses déclarations pendant et après sa Présidence, il ne s'est jamais départi, à la fois, d'une sincère admiration pour Kissinger mais aussi d'une indulgence amusée et indulgente pour ses défauts, notamment sa paranoïa et sa susceptibilité. Un observateur a résumé leur relation en notant que "Ford trouve Kissinger brillant et Kissinger est d'accord". ».

L'échec aux élections de 1976 a été le terminus pour Kissinger. Pourtant, il pensait bien retrouver le pouvoir rapidement, et s'est donc installé à New York. Cependant, les républicains n'étaient plus sur la même ligne, à sa ligne réaliste de détente s'opposait une ligne plus dure, plus manichéenne, néo-conservatrice et anti-soviétique, celle qui a triomphé tant avec Ronald Reagan qu'avec George W. Bush (avec Dick Cheney et Donald Rumsfeld, son collègue de la Défense sous Gerald Ford (le plus jeune à l'époque).

Gérard Araud livre alors un témoignage : « Dès mon arrivée aux États-Unis, en 2009, j'ai d'ailleurs noté le nombre de fois où, dans un dîner, on m'abordait l'air sérieux pour me dire : "Henry m'a dit... qu'en pensez-vous, monsieur l'ambassadeur ?" (…). Oui, Kissinger, plus de trente ans après son départ de Washington, était encore une vedette. Il s'est imposé comme une institution new-yorkaise que le temps consacre au lieu de l'effacer. Après leur sortie de fonction, d'autres Secrétaires d'État ont disparu dans une respectable obscurité à la tête d'une université et dans les conseils d'administration. Henry Kissinger, lui, ne perdra jamais l'attention de la presse, des grands de ce monde et de l'opinion publique américaine. ».

Et l'ancien ambassadeur français ajoute : « Son seul appétit a toujours été celui du pouvoir mais puisqu'il constate, en 1981, avec la victoire de Reagan, que le pouvoir politique lui est fermé, temporairement espère-t-il, il conclut qu'il doit conserver une dimension personnelle qui le maintiendra aux portes de celui-ci jusqu'au moment où elles s'ouvriront. Sans fortune, sans fonction, sans parti, il doit néanmoins rester aux premiers rangs de la société américaine. Il y parviendra et deviendra une statue du commandeur en relations internationales, qui n'a aucun précédent dans l'histoire américaine. ».

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Araud est étonné par son influence : « Jamais, en quarante ans, on n'a remis en cause son statut presque institutionnel de conseiller consulté, respecté et écouté. Cette statue n'est pas le fruit d'un hasard heureux ; il l'a sculptée d'une manière déterminée et délibérée en jouant de tous les autres instruments de pouvoir que politique, que ce soit dans les médias, dans les affaires ou par l'écriture, pour continuer à compter sur l'impitoyable scène publique américaine où on est aussi rapidement oublié qu'on y a été adulé. (…) Ce qui est sans doute difficile à comprendre, c'est le charisme de cet homme un peu fort, il pèse cent kilos en 1977, et toujours voûté dont le masseur de Nixon a dit qu'il n'y avait pas un muscle en lui. Il charme et il amuse dans les dîners de la ville la plus mondaine au monde, New York. (…) Le magazine "Time" l'a mis quinze fois en couverture entre 1969 et 1977. (…) Il est devenu un personnage de dessin animé pour les Simpson. ».

À partir des années 1990, Kissinger s'est résolu à ne plus revenir au pouvoir, mais il avait besoin de rester dans l'actualité car cela lui permettait de conserver des revenus. Il était alors l'hôte obligé des visiteurs étrangers. Il dînait régulièrement avec Valéry Giscard d'Estaing et avec Édouard Balladur, par exemple. En 2018, il recevait le Président Emmanuel Macron, en visite d'État aux États-Unis, alors que ce dernier n'était pas encore né (ni même conçu) quand Kissinger a quitté le pouvoir ! Lui qui a été à l'origine des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine en rencontrant Mao et Zhou Enlai dès le début des années 1970, il a été reçu le 24 mai 2019 par le Président chinois Xi Jinping qui l'a honoré et respecté (il faut dire que son réalisme politique ne se perturbe pas de considérations sur les droits de l'homme).

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Ce rôle diplomatique est toujours présent : « Il conserve à ses entretiens la plus stricte confidentialité à la fois parce que c'est ainsi qu'il a toujours agi mais aussi pour conserver la confiance de ses interlocuteurs. (…) Il conçoit son rôle, auprès de ces dirigeants, comme celui d'un analyste objectif et impartial de la situation. Il veut ainsi contribuer (…) à éviter qu'ils ne commettent des erreurs de calcul qui pourraient être dangereuses pour la paix du monde et contraires aux intérêts de son pays. (…) C'est aussi souvent l'occasion de pousser les intérêts des entreprises qui sont les clientes de sa société. ».

Kissinger a écrit plusieurs ouvrages qui font références dont ce que Gérard Araud considère comme un chef-d'œuvre, "Diplomatie" (1994) : « Je retrouve sa griffe sur ses écrits : une clarté et une rigueur dans le raisonnement qui n'est pas toujours la marque des auteurs d'un pays où les exigences de la rhétorique ne sont guère respectées et où la concision n'est pas une qualité, le sens des formules, le balancement des phrases, l'élégance des conclusions et peut-être, surtout, une profonde empathie pour les êtres humains. Kissinger ne juge ni ne condamne mais tente de comprendre avec humanité, indulgence et acuité ses semblables. ». Ses 2 000 pages de mémoires : « Il ne s'est pas contenté de donner sa version des faits, il les a intégrés dans une vision globale des événements. Il y a ajouté des portraits, des anecdotes, des descriptions où apparaissaient son humour, sa finesse et sa sensibilité historique. Il n'hésite pas à se critiquer dans son comportement si ce n'est dans sa politique. Il fait amende honorable à l'égard de quelques-uns de ses nombreux adversaires. ».

De son côté, et ce sera le mot de conclusion, Thierry de Montbrial, président de l'Institut français des relations internationales (IFRI), a écrit le 25 mai 2023 une tribune en guise de vœux d'anniversaire à Henry Kissinger qu'il a souvent rencontré en plus de cinquante ans : « Ce n’est pas seulement comme intellectuel d’action que vous étiez une star dans le monde entier, mais aussi en raison de votre empathie naturelle qui vous portait avec succès vers les milieux les plus divers, jusqu’à Hollywood. (…) Vous vous êtes toujours trouvé (…) devant une difficulté difficilement surmontable : la tendance naturelle de ceux qui parlent des relations internationales est de suivre la pente de l’éthique de conviction plutôt que celle de l’éthique de responsabilité (Max Weber). Vous avez toujours relativisé la tentation qu’a chacun d’essayer d’imposer ses intérêts en les masquant derrière le paravent de la morale. Certains vous ont reproché de mépriser le droit international et de peu vous intéresser à ce que, depuis les années 1980, on appelle la "gouvernance mondiale". (…) Alors que l’on célèbre votre propre centième anniversaire, vous continuez à scruter les évolutions de la planète et à inspirer celles et ceux qui cherchent à les comprendre pour mieux agir en vue d’éviter le retour aux grandes tragédies de l’histoire, comme celle qui a marqué votre enfance. Puisse l’autorité que vous confère votre carrière contribuer à éviter le pire. ». Happy Birthday Henry !


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (27 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Sulfureux Prix Nobel ?
Henry Kissinger, 100 ans et ses deux dernières préoccupations...
David Hockney.
Tina Turner.
John Wheeler.
Arielle Dombasle.
Sarah Bernhardt.
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
Art Spiegelman.
Audrey Hepburn.
Anthony Hopkins.
Emmanuel Macron aux États-Unis : vers des relations apaisées ?
Le Black Friday.
Robert Clary.
Joe Biden face à ses 80 années.
US Midterms 2022 : pas de vague républicaine !
Jimmy Carter et l'Amérique de la Paix.
Salman Rushdie.
Frank Drake.
Neil Armstrong.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Anne Heche.
Olivia Newton-John.
Marilyn Monroe.
Arnold Schwarzenegger.
Margaret Keane.
Johnny Depp.
Amber Heard.
Massacre d’Uvalde : faut-il interdire les armes aux États-Unis ?
Armes à feu.
Téléréalité.
Christina Grimmie.
Vanessa Marquez.
Michael Collins.
Marnie Schulenburg.
Nicholas Angelich.
Melissa Lucio.
Bob Dole.
John Glenn.
Joséphine Baker.
Gary Hart.
Les attentats du World Trade Center.
Shailene Woodley.
Charles Bronson.
Adrian Monk.
Noël à la télévision.
Colin Powell.
Jesse Jackson.
Walter Mondale.
Marathonman.
Bob Kennedy.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230527-henry-kissinger.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/henry-kissinger-100-ans-et-ses-248174

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/05/23/39918135.html










 

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29 novembre 2022 2 29 /11 /novembre /2022 18:54

« Les États-Unis et la France défendent tous les deux la liberté de la presse. Contrairement à des régimes autoritaires, il n’y a pas de contrôle sur ce que peuvent demander les journalistes [lors d'une conférence de presse commune]. » (Johanna Maska, le 28 novembre 2022).



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On est loin des embargos contre les frites françaises, le vin français ou encore le foie gras français à l'époque où les Américains haïssaient les Français après la décision du Président Jacques Chirac de ne pas soutenir la guerre en Irak. Près de vingt ans sont passés et les citoyens américains ont bien compris que la politique irakienne de George W. Bush avait été un désastre tant humain que géopolitique dont nous payons, nous la planète entière, le prix fort encore aujourd'hui.

Le mardi 29 novembre 2022 commence dans la soirée pour Emmanuel Macron une visite d'État aux États-Unis qui durera jusqu'au vendredi 2 décembre 2022, selon 20minutes « ce séjour hors normes à la Maison-Blanche, le top du top en matière de diplomatie ». Les rues de Washington arborent le drapeau français et la Maison-Blanche s'apprête donc à dérouler le tapis rouge pour raffermir les relations entre la France et les États-Unis le mercredi dans l'après-midi. Pour la petite histoire, c'est la première fois qu'un Président de la Cinquième République est honoré une seconde fois d'être accueilli en visite d'État aux États-Unis (avec le Président chinois Xi Jinping, c'est le seul dirigeant étranger à avoir bénéficié d'un tel honneur depuis une quinzaine d'années). Même De Gaulle n'a pas eu cet honneur !

La précédente visite d'État avait eu lieu le 23 mars 2018. Emmanuel Macron, reçu par Donald Trump, n'avait pas obtenu beaucoup de résultats. Les États-Unis n'étaient alors pas revenus sur leur révocation de l'Accord de Paris sur le climat et de l'accord sur le nucléaire civil avec l'Iran. En outre, c'est la première visite d'État d'un hôte invité par les États-Unis depuis le début de la Présidence de Joe Biden, ce qui est aussi une marque d'honneur non négligeable accordée à la France, d'autant plus que c'était aussi le cas pour la Présidence de Donald Trump.

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Selon l'ancienne responsable presse du Président Barack Obama, et actuelle directrice générale d'une agence de communication de crise, Johanna Maska, interviewée par Philippe Berry sur 20minutes le 28 novembre 2022, pour une telle visite
d'État, « on arrive à plusieurs centaines de personnes [mobilisées], et des préparatifs de plusieurs semaines » rien que du côté américain ! Les raisons de ces honneurs tant protocolaires que politiques sont les suivants : « En recevant Emmanuel Macron, Joe Biden veut mettre en avant la relation spéciale avec la France, la plus vieille alliée des États-Unis, et leur unité absolue sur le soutien à l’Ukraine face à Moscou. (…) Réaffirmer que le but de ces alliances est d’assurer la paix et la prospérité pour les futures générations est plus important que jamais. ».

Notez que certains, tombés dans la marmite de l'anti-américanisme primaire quand ils étaient petits, se gausseront de cette nouvelle rencontre au plus haut niveau. Et pourtant, les Français devraient au contraire être très fiers de cet honneur qui montre que la France compte beaucoup dans le monde, et j'oserais dire la France d'Emmanuel Macron (car ce ne serait certainement pas la même chose avec la France de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon !). Du reste, Nicolas Véron, économiste au Peterson Institute for International Economics de Washington, interrogé par le site FrenchMorning le 28 novembre 2022, qui prévoit des échanges fructueux car il y a plus de convergences que de divergences, a précisé : « Le Président Macron vient comme Français mais aussi comme Européen, il fait partie des vétérans politiques avec son deuxième mandat. ». Car les enjeux de cette rencontre entre Joe Biden et Emmanuel Macron sont nombreux et importants, et débordent des relations purement franco-américaines.

L'année 2021 était une année de froid dans les relations franco-américaines, en raison du coup tordu à propos des sous-marins nucléaires français, un contrat non honoré par l'Australie au profit d'une alliance anglo-saxonne (AUKUS) de manière déloyale. Cette visite d'État achève ainsi le processus de réconciliation entrepris par la France et les États-Unis.

Pour information, Emmanuel Macron s'est aussi réconcilié avec l'Australie au cours d'un entretien téléphonique le 26 mai 2022 puis d'une réception à l'Élysée le 1er juillet 2022, avec le nouveau dirigeant australien : « Je suis très heureux, Monsieur le Premier Ministre, de vous accueillir aujourd’hui à Paris. Et ce déplacement après notre échange téléphonique il y a quelques semaines, juste après votre élection, et après les quelques moments que nous avons passé en marge du sommet de l’OTAN à Madrid, marque cette volonté de rebâtir une relation de confiance entre nos deux pays, une relation fondée sur le respect mutuel, après, nous le savons bien, une phase difficile, mais une relation qui s’appuie aussi sur un partenariat stratégique et historique. (…) La nouvelle position australienne, volontariste, ambitieuse nous offre une opportunité d’avancer ensemble sur de nouveaux projets dans le cadre des initiatives lancées ces dernières années. ». En effet, le Premier Ministre australien Scott Morrison, qui avait trahi la parole de son pays au détriment des intérêts économiques et stratégiques de la France, a été défait aux élections fédérales du 21 mai 2022 et a dû laisser sa place le 23 mai 2022 au travailliste Anthony Albanese.

Dans cette visite américaine, le point sans doute le plus crucial pour la France et l'Europe, c'est de permettre de bénéficier des subventions de l'État américain pour l'acquisition par les citoyens américains de voitures électriques construites en Europe (L'Inflation Reduction Act handicape effectivement l'économie française et plus généralement les économies européennes). La lutte contre le terrorisme islamique est aussi une priorité de la France au contraire des États-Unis.

De son côté, Joe Biden, au-delà de la fidélité à l'alliance atlantique, a besoin de la France dans sa compétition avec la Chine : « Le partenariat est toujours solide, mais soumis à des forces centrifuges difficiles. ». C'est la spécialiste en relation internationale Célia Belin, une Française qui fut quelque temps la directrice du Centre des États-Unis et de l'Europe de la prestigieuse Brookings Institution, à Washington, à deux pas de la Maison-Blanche, qui a rappelé pour FrenchMorning : « La France a besoin des Américains pour réaffirmer que l’Europe peut se défendre. ». Autre sujet d'importance, pour renforcer les conclusions de la COP27, la réforme du FMI (Fonds monétaire internationale) et de la Banque mondiale : « La France va se faire le relais des demandes des pays du Sud qui demandent une aide pour la transition écologique. ».

Pour Karim Emile Bitar, chercheur à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), interrogé par 20minutes le 26 novembre 2022, il y a « des affinités idéologiques, une volonté de se partager les rôles et une certaine complémentarité » entre la France et les États-Unis, d'autant plus après le Brexit qui rend nécessaire d'avoir un contact franc et direct avec l'Union Européenne. Le directeur de recherches à l'IRIS a d'ailleurs rappelé que le Secrétaire d'État américain (Ministre des Affaires étrangères) Anthony Blinken est « francophile et francophone ».

Le Président français ne vient pas seul aux États-Unis : Emmanuel Macron a demandé à de nombreux Français de l'accompagner pour enrichir et renforcer les coopérations franco-américaines, en particulier dans le domaine économique, culturel, éducatif mais aussi spatial.

En effet, le spationaute Thomas Pesquet ainsi que la lieutenant-colonel Sophie Adenot, qui vient d'être recrutée dans le corps des spationautes de l'Agence spatiale européenne (ESA), font partie de la délégation française et seront présents ce mercredi 30 novembre 2022 matin pour une rencontre sur l'Espace aux côtés …de la Vice-Présidente Kamala Harris. Plusieurs ministres sont du voyage, Bruno Le Maire (Économie), Catherine Colonna (Affaires étrangères), Sylvie Retailleau (Recherche), Sébastien Lecornu (Armées), Rima Abdul-Malak (Culture), quelques parlementaires dont Jean-Louis Bourlanges, le président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée Nationale, et Christian Cambon, son homologue du Sénat.

Bien sûr, comme c'est traditionnel dans ce genre de voyage, des patrons français sont à la rescousse du Président, en particulier Bernard Arnault (LVMH), Xavier Niel (Iliad), Patrick Pouyanné (Total), Guillaume d'Hauteville (Deezer), Mathieu Letombe (Withings), Antoine Hubert (Ÿnsect), etc. L'écrivain Douglas Kennedy, le réalisateur Claude Lelouch, le danseur Benjamin Millepied, Laurence des Cars (la directrice du Louvre) soutiendront, entre autres, la culture française et la coopération avec les États-Unis.

Emmanuel Macron terminera son périple américain vendredi 2 décembre 2022 à La Nouvelle-Orléans par une conférence sur le thème de la francophonie et du climat.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 novembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron aux États-Unis : vers des relations apaisées ?
Emmanuel Macron : climat, industrie et souveraineté ...et colère contre le cynisme de l'ultragauche.

Emmanuel Macron s'exprime sur l'Ukraine et sur la pénurie d'essence : nous devons nous serrer les coudes !
Emmanuel Macron et la menace de la dissolution.
Le point chaud de la rentrée d’Emmanuel Macron : l’énergie.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221129-macron-usa.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/emmanuel-macron-aux-etats-unis-245245

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/11/29/39727982.html







 

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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 04:59

« Je n'ai pas encore formellement pris la décision, mais c'est mon intention. Mon intention [est] de me présenter de nouveau et nous avons le temps de prendre cette décision. » (Joe Biden, le 21 octobre 2022 sur MSNBC).




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Étrange Président des États-Unis qu'est Joe Biden qui fête ses 80 ans ce dimanche 20 novembre 2022. Au micro de la chaîne de télévision MSNBC, le 21 octobre 2022, il n'avait pas d'hésitation dans sa détermination, juste un peu de prudence de communication pour se laisser encore un peu de liberté. Son concurrent républicain, lui, a déjà pris la décision, le 15 novembre 2022 en Floride ; Donald Trump a annoncé qu'il serait de nouveau candidat à la Maison-Blanche pour les élections de 2024, pour prendre sa revanche de 2020 (il ne l'a pas dit comme cela car selon lui, il a été dépossédé de sa victoire, ce qui est un peu vrai, mais en toute démocratie, dépossédé par les électeurs américains !).

Joe Biden est entré dans l'histoire des États-Unis dès son élection le 3 novembre 2020 et son entrée en fonction le 20 janvier 2021. Par un record dont il se serait bien passé : il est le plus vieux Président des États-Unis de toute l'histoire de son pays. À 78 ans en début de premier mandat, il bat tout le monde, tous ses prédécesseurs. Même Ronald Reagan, arrivé tard à la Maison-Blanche, était jeune en comparaison : quand il a quitté le pouvoir à la fin de son second mandat, en 1989, Ronald Reagan n'avait que l'âge de Joe Biden au début de son premier mandat ! La France aussi a connu ses vieillards, mais jamais au-delà de 78 ans (sauf Pétain viré du pouvoir à 88 ans).

Alors, évidemment, les spéculations sur un éventuel second mandat sont hasardeuses alors qu'il a un âge où encore durer, même quelques mois, peut relever de l'exploit. 82 ans aux élections de 2024, et 86 ans en cas de second mandat, à la fin de celui-ci. À dix ans près, il égalerait la reine Élisabeth II !

De son côté, Donald Trump est à peine plus jeune : seulement la durée d'un mandat, quatre ans. C'est-à-dire que s'il gagnait en 2024, il aurait le même âge que Joe Biden pour le mandat actuel, à peine mieux. Et si on évoque le principal concurrent interne au sein du parti démocrate, Bernie Sanders (81 ans), ou encore la "Speakerin" (Présidente) sortante de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (bientôt 83 ans), ce n'est pas mieux. La classe politique américaine serait-elle vieillissante ? Après l'URSS gouvernée par de vieux croulants, de Leonid Brejnev à Konstantin Tchernenko, les États-Unis seraient-ils devenus un pays de gérontocrates, loin des présidences de Theodore Roosevelt (42 ans), John Kennedy (43 ans), Bill Clinton (46 ans) et Barack Obama (47 ans) ?

Ce qui est intéressant dans la lecture des sondages, c'est que ce constat semble satisfaire le peuple américain, du moins, tel qu'il est sublimé par les sondages : au sein de chaque parti, c'est Joe Biden et Donald Trump qui l'emporteraient largement dans les primaires pour 2024. Certes, Ron DeSantis (44 ans), qui a été réélu brillamment gouverneur de Floride le 8 novembre 2022, pourrait sérieusement concurrencé Donald Trump, mais il n'est qu'en position d'outsider.

Dans les sondages sur l'élection national pour 2024, seuls Joe Biden et Donald Trump feraient le poids. Le duel de ces deux mastodontes de la vie politique américaine, qui représente hélas bien le clivage parfois violent de la société américaine, resterait encore à l'issue très incertaine, même si Donald Trump aurait une petite avance car il n'est plus au pouvoir et, donc, n'est plus responsable de rien.

Même en l'absence de l'un des deux dans la compétition, c'est celui qui reste (Trump ou Biden) qui l'emporterait largement face à un autre candidat du camp opposé, généralement Kamala Harris (58 ans) pour les démocrates ou Ron DeSantis pour les républicains, ces deux personnalités étant bien placées aux primaires respectives de leur parti si leur champion n'y participait pas.

Kamala Harris, la première femme Vice-Présidente des États-Unis, est d'ailleurs tombée dans une impopularité record. On se demande où elle est, on ne l'entend pas, elle n'existe pas politiquement. Pourtant, sa fonction, son rôle de Présidente de substitution s'il arrivait malheur au Président, sont essentiels quand le Président a déjà 80 ans !

Joe Biden pourrait-il être réélu ? Pourquoi pas. Pour lui, Donald Trump serait son meilleur concurrent, car l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 l'a définitivement discrédité auprès des partisans de l'ordre. Et les élections intermédiaires du 8 novembre 2022, dont les résultats ne sont pas encore définitifs et restent vaguement incertains, ont montré qu'il n'y avait pas de vague républicaine, et même mieux pour lui, que les candidats spécifiquement trumpistes étaient généralement éliminés.

Ainsi, le parti démocrate a pu avoir quelques belles victoires. Le Sénat américain restera à majorité démocrate malgré l'incertitude de la Géorgie dont le sortant était un sénateur démocrate (un second tour devrait être nécessaire, au début du mois de décembre 2022). Le gain démocrate du siège de Pennsylvanie suffit à préserver la très courte majorité qui prévalait au Sénat sortant. Quant à la Chambre des représentants, selon la chaîne NBCNews au 14 novembre 2022, les républicains jouiraient d'une courte avance avec 219 sièges (sur 435) contre 216 sièges aux démocrates, mais cela à... 4 sièges près, pouvant donc inverser théoriquement la majorité. Mais le 15 novembre 2022, selon le "New York Times", CNN et Associated Press, les républicains ont obtenu au moins 218 sièges (sur 435) soit la majorité absolue et les démocrates 211 sièges. Kevin McCarthy, salué par Joe Biden, devrait être le prochain Speaker (Président) de la Chambre des représentants.

Certains journalistes américains regrettaient de ne pas avoir un système institutionnel et médiatique comme la France qui permet de connaître la situation électorale dès la minute de la fermeture du dernier bureau de vote, et cela depuis plus de cinquante ans ! (oui, cocorico ! la France a dans ce domaine depuis 1958 une expertise inestimable et des leçons à donner, quoi qu'en pense tous ceux qui n'ont pas apprécié les victoires électorales de ces dernières années en France).

En clair, les démocrates ont perdu la majorité à la Chambre des députés, mais de justesse et surtout, leur majorité au Sénat est sauvée, c'est-à-dire, notamment, la capacité de ratifier toutes les nominations présidentielles (en particulier celle des procureurs). De plus, c'est l'un des meilleurs résultats historiques d'élections intermédiaires pour un Président démocrate.

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Mais la question que se posent jusqu'à ses propres soutiens populaires, surtout depuis cet été 2022, cela reste : Joe Biden est-il encore capable de gouverner ? Et là, je reprends la comparaison avec l'URSS gérontocratique, les secrétaires généraux du PCUS n'étaient pas si vieux que cela, ils étaient avant tout... malades ! L'âge ne fait rien, c'est l'état de santé qui est le plus important. La question devrait donc être : sa santé lui permet-elle d'exercer le pouvoir avec toutes les facultés nécessaires, en particulier mentales, cognitives, neurologiques ?

N'étant ni médecin ni en capacité de l'avoir ausculté, je serais bien incapable de répondre à cette question, au contraire de nombreux trolls trumpistes qui sévissent sur la Toile depuis six ans. Qu'il ait eu deux AVC et une embolie pulmonaire, c'est du domaine public. Qu'il se déplace lentement, presque comme un robot, c'est une réalité aussi, mais il ne faut pas oublier qu'il a toujours été maladroit, même jeune, et qu'il lui faut faire un effort d'attention pour ne pas faire de mauvais gestes par distraction. De même, les gaffes à répétition, elles ne sont pas dues à une éventuellement dégénérescence sénile, mais plus simplement à sa personnalité, son caractère spontané, franc et direct, il faisait les mêmes gaffes à l'âge de 30 ans, sauf que c'était moins grave quand un jeune sénateur dit une bêtise que lorsque c'est le Président des États-Unis.

Cela dit, cela n'apporte aucune information certaine ni aucune prédiction, et même si, à une date donnée, la santé était parfaite, à cet âge-là, le lendemain, ou surlendemain, la situation pourrait être très différente, mais j'oserais dire que même à l'âge de 60 ans, 50 ans, voire 40 ans, cette capacité à changer radicalement d'état de santé est aussi possible, même si sa probabilité est plus faible.

Pour l'heure, le seul moyen de juger, c'est de juger sur les actes. Et à l'évidence, au moins à deux reprises, Joe Biden a montré que ses capacités à diriger un grand pays sont réelles et intactes. La première fois, en février 2022, a été le soutien sans faille à l'Ukraine dans sa résistance contre l'invasion russe qui ravage tout un peuple, loin d'un esprit défaitiste et de soumission à l'usage de la force.

Et la seconde fois, cela s'est passé dans la nuit du 15 au 16 novembre 2022. Joe Biden est suffisamment vieux pour avoir connu la crise des missiles à Cuba (il avait 20 ans) et le risque de déclenchement d'une guerre nucléaire entre la Russie et les États-Unis. Ainsi, après l'explosion d'un missile sur une ferme en Pologne ayant entraîné la mort de deux personnes, Joe Biden a gardé un calme et un sang-froid que bien peu de dirigeants d'État seraient capables de conserver dans ces conditions-là. Il a cherché au contraire à réduire la possible responsabilité de la Russie (même si l'explosion est due à un dispositif anti-missile ukrainien, l'Ukraine ne l'aurait pas utilisé si la Russie n'avait pas bombardé l'Ukraine cent ou deux cents fois en riposte impuissante et inutilement meurtrière à la libération de Kherson). La Russie a même salué le sang-froid de Joe Biden. Comment aurait réagi Donald Trump ?

Je pourrais aussi rajouter une troisième occasion pour voir que Joe Biden a toutes ses capacités de gouvernance : le 14 novembre 2022 à Bali, en marge du G20, il a rencontré le Président chinois Xi Jinping et a refusé de dire que les deux pays, USA et Chine, étaient en situation d'affrontement, ils sont seulement en compétition. C'est plutôt rassurant quand de nombreux oiseaux de malheur évoquent déjà une guerre à Taïwan.

Dans son livre "Tenir ses promesses" sorti en 2007, Joe Biden finissait sa longue autobiographie par sa détermination à se présenter à la Maison-Blanche : « Quand je vois les leçons que j'ai apprises tout au long de ma carrière politique et au gouvernement, quand je me penche sur mon passé, la réponse ne fait pour moi aucun doute : rien ne m'a jamais fait douter de la remarquable promesse que ce pays m'a faite quand j'étais jeune et aspirais à une vie au service du peuple. Et mes années passées au Sénat m'ont rendu moins cynique vis-à-vis du cœur de ce pays et de ses institutions. (…) Je sais comment j'ai envie de gouverner. Je me vois déjà dans le Bureau ovale. J'ai déjà une idée de qui j'appellerai pour m'aider au gouvernement. Je sais quelles sont les premières décisions que je prendrai. ». Il attendra encore... 13 ans.

Marilyn Monroe est morte depuis longtemps (depuis soixante ans), alors, il n'y a plus de petite musique Happy Birthday Mister President, mais cela semble assuré que Joe Biden mène son pays avec sa propre petite musique depuis maintenant deux ans.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (19 novembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Joe Biden face à ses 80 années.
US Midterms 2022 : pas de vague républicaine !
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6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
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Les attentats du World Trade Center.
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Noël à la télévision.
Colin Powell.
Jesse Jackson.
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221120-biden.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/joe-biden-face-a-ses-80-annees-244972

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9 novembre 2022 3 09 /11 /novembre /2022 04:40

« Les chiffres sont incroyables ! » (Donald Trump, le 8 novembre 2022 à Mar-a-Lago).



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L'ancien Président américain Donald Trump, qui prenait la parole à sa résidence de Palm Beach en Floride à 22 heures, heure locale, ce mardi 8 novembre 2022, était toujours égal à lui-même, dépeignant une réalité alternative. Il a pris les premiers résultats positifs pour le parti républicain pour en faire une généralité, l'idée étant d'occuper le terrain médiatique et de convaincre les électeurs républicains qu'ils avaient gagné les élections intermédiaires aux États-Unis. Et si, in fine, ce n'était pas le cas, leur faire croire qu'on leur aurait volé l'élection, qu'on aurait triché, fraudé.

En fait, si tous les résultats ne sont pas encore connus à cette heure, et certains seront très serrés, et l'ensemble sera très serré de toute façon, il n'y a pas, c'est désormais sûr, de vague républicaine et les candidats démocrates s'en sont souvent bien tirés malgré l'impopularité du Président Joe Biden dans les sondages (un récent sondages indiquait que 43% seulement approuvaient la politique de Joe Biden et 54% des sondés la désapprouvaient, en particulier en raison de la très forte inflation qui plombe le pouvoir d'achat des plus pauvres).

D'ailleurs, voulant lui aussi occuper le terrain médiatique (toujours moins bien que l'ancien animateur de télévision et propriétaire d'immeubles et de casinos), Joe Biden s'est montré soulagé, assis derrière son bureau présidentiel, détendu et portant un pull bleu (la couleur des démocrates) et une casquette noire, en train de téléphoner aux candidats démocrates qui venaient de remporter l'élection : « Je viens de décrocher le téléphone avec certains gagnants de ce soir, y compris certaines personnes que j'ai vues sur la route cette année. ».

Cette journée électorale est la journée la plus importante entre le début et la fin d'un mandat présidentiel aux États-Unis. Le mandat présidentiel dure quatre ans, celui d'un sénateur six ans (le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans) et celui d'un représentant (équivalent d'un député national) deux ans (la Chambre des représentants est renouvelée entièrement tous les deux ans).

Les élections intermédiaires, qui renouvellent donc le Congrès (ce sera cette année le 118e Congrès des États-Unis), sont importantes pour le Président en exercice car s'il n'a pas la majorité, il risque de voir son action enlisée, principalement par le manque de budget. L'un des enjeux d'ailleurs cette année, c'est la poursuite de l'aide militaire à l'Ukraine (j'y reviens plus loin).

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Ainsi, 35 sièges de sénateurs sur les 100 que compte le Sénat (2 par État) étaient remis en jeu hier, ainsi que les 435 sièges de représentants de la Chambre des représentants. Il y a aussi beaucoup d'autres scrutins, locaux, à savoir quelques élections municipales, etc. et bien sûr, l'élection des gouverneurs dans un tiers des États (39 sièges de gouverneur à pourvoir, dans 36 États et 3 territoires). Le mandat de gouverneur est de quatre ans (sauf certaines exceptions) et la plupart des gouverneurs renouvelés ont été élus en 2018. Si l'élection des gouverneurs n'influe pas sur la détermination de la politique fédérale (seul le Congrès compte), il influe sur la vie politique générale, car beaucoup de candidats se sont prévalus d'une expérience de gouverneur pour prétendre à la Maison-Blanche. La plupart des Présidents des États-Unis ont en effet occupé auparavant soit un poste de sénateur, soit un poste de gouverneur. Enfin, d'autres postes au sein des États sont également pourvus à ces élections intermédiaires, comme celui des procureurs généraux.

Généralement, le parti du Président perd ces élections, souvent en raison d'un désenchantement après les élections présidentielles (le candidat en action n'étant pas si providentiel que ça !). En France, on connaîtrait évidemment le même phénomène. Depuis 1938, sur 21 élections intermédiaires (midterms en américain), seulement 2 ont vu le parti présidentiel avoir des gains sur la situation du Congrès sortant : en 1998 (avec Bill Clinton, malgré le scandale sexuel qui venait d'éclater) et en 2002 (avec George W. Bush, qui bénéficiait d'un rassemblement national derrière lui à la suite des attentats du 11 septembre 2001). Toutes les autres fois, le parti présidentiel a subi des pertes, parfois sans perdre la majorité s'il l'avait auparavant.

C'est dire si le parti démocrate, dans la situation actuelle très difficile tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur, partait dans cette compétition avec le dos tendu, d'autant plus que Donald Trump n'a cessé de faire campagne pour soutenir ses propres candidats (à cette heure, il aurait déjà fait élire 140 fidèles qui croient encore qu'il avait gagné les élections de 2020). Barack Obama aussi, les cheveux désormais blanchis, a mouillé la chemise, a fait campagne pour aider Joe Biden, son ancien Vice-Président. Et même Bill Clinton s'y est collé, qui voit son ancien État dont il était le gouverneur (l'Arkansas) réélire un gouverneur républicain (en l'occurrence, une gouverneure, voir plus loin ; le parti républicain y est en place depuis janvier 2015).

Mais c'était une erreur de considérer que ces élections américaines de 2022 étaient un remake de celles de 2020, une sorte de revanche pour Donald Trump contre Joe Biden. Certes, jamais le bipartisme n'a été autant incarné par des personnalités très opposées, mais rien n'indique que les élections de 2024 reverront un duel Joe Biden versus Donald Trump.

Déjà parce que Joe Biden, qui va avoir dans quelques jours 80 ans, en aura 82 en 2024 et 86 à la fin d'un éventuel second mandat, ce qui serait bien trop âgé dans une Amérique qui nécessite d'agir et d'interagir avec un esprit alerte, moderne et innovant.

Ensuite parce que rien ne dit que Donald Trump sera choisi par le parti républicain pour 2024. Certes, il est bien implanté dans ce parti qui lui avait fait, initialement, la fine bouche mais qui s'est aperçu qu'il était aussi une belle machine à gagner. Mais lui aussi commence à devenir âgé, il aura 78 ans et demi en 2024 et 82 ans et demi à la fin d'un éventuel nouveau mandat. S'il est arrivé à faire élire des très proches, comme son ancienne porte-parole à la Maison-Blanche Sarah Huckabee Sanders qui vient d'être élue première femme gouverneure d'Arkansas (son père Mike Huckabee, ancien candidat aux primaires républicaines en 2008 et en 2016, a aussi été gouverneur de l'Arkansas entre juillet 1996 et janvier 2007), la victoire d'autres candidats républicains ne doit pas le rendre joyeux.

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Effectivement, Donald Trump n'a pas vraiment à se réjouir de la réélection d'un républicain : le républicain Ron DeSantis a été très largement réélu gouverneur de Floride avec 58% des voix (première fois élu en novembre 2018 après avoir été représentant au Congrès, exerçant trois mandats de janvier 2013 à septembre 2018). À 44 ans, Ron DeSantis sera probablement candidat aux primaires républicaines de 2024 et sans doute un rival très dangereux pour l'existence politique de Donald Trump : « Le combat ne fait que commencer ! » a-t-il assuré.

Les résultats définitifs vont mettre encore un certain temps à arriver et la situation notamment au Sénat est encore très serrée (les deux partis peuvent compter sur 47-48 sièges chacun). Chacun des deux camps peut s'enorgueillir d'avoir remporté certaines belles victoires. Ainsi, le candidat démocrate Maxwell Frost a été élu à la Chambre des représentants à 25 ans, représentant de la Floride, tandis que la démocrate Maura Healey a été élue gouverneure du Massachusetts, elle devient la première gouverneure "ouvertement lesbienne". Mais le parti républicain a aussi de belles victoires, comme celle de James David Vance qui a été élu sénateur des États-Unis pour l'Ohio avec plus de 53% des voix (pour 97% des bureaux de vote) contre son rival démocrate Tim Ryan, membre de la Chambre des représentants depuis 2003. La victoire de ce capital-risqueur trumpiste de 38 ans est même considéré comme le premier revers électoral important du parti démocrate à ces élections.

Au-delà de la bataille Biden vs Trump qui n'est probablement pas le principal enjeu, il y a le devenir politique des États-Unis et surtout, ce qui nous intéresse le plus, nous Européens, le positionnement des États-Unis dans les relations internationales. Or, depuis deux siècles, il y a toujours eu un clivage qu'on croyait oublié au XXe siècle, celui de l'isolationnisme face à la volonté d'être le gendarme du monde. Depuis l'entrée en guerre des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, plus encore dans la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus présents sur toute la planète pour éventuellement intervenir dans certains conflits, voire en créer de nouveaux, le summum étant la guerre en Irak déclarée par un républicain George W. Bush.

Le courant isolationniste a cependant repris de la vigueur. On pourrait penser qu'il provient de Donald Trump, également républicain, mais il a commencé déjà sous Barck Obama qui a voulu commencer à désengager les États-Unis de l'OTAN, une organisation très coûteuse pour les Américains et dont très peu d'autres membres ne respectent l'obligation d'engager 2% du PIB à des dépenses militaires, pour s'investir géopolitiquement plus intensément dans le Pacifique. Le départ précipité des troupes américaines d'Afghanistan en est d'ailleurs l'un des derniers signes, sous la Présidence du démocrate Joe Biden.

Néanmoins, l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022 a bouleversé la situation internationale. Pour les démocraties européennes et américaines, laisser Vladimir Poutine annexer l'Ukraine aurait été la même erreur qu'avoir laissé Hitler annexer la Tchécoslovaquie, avec une paix à bon compte par les Accords de Munich qui n'a fait que précipiter l'Europe dans la guerre totale quelques mois plus tard, puisqu'ils disaient clairement à Hitler qu'il pouvait envahir tous les territoires à sa guise, ce qu'il a fait avec la Pologne. Laisser la Russie annexer l'Ukraine, c'est l'encourager à annexer d'autres territoires qu'elle pourrait revendiquer au nom de la Grande ou Sainte Russie, la Moldavie, les pays baltes, une partie de la Pologne, etc. Le soutien moral et financier, politique et militaire, à l'Ukraine est donc un élément de politique étrangère majeur pour les États-Unis (et encore plus pour l'Europe), même si cela peut coûter très cher. Joe Biden a su ainsi faire les bons choix au bon moment alors que personne n'imaginait que le peuple ukrainien était prêt à résister aux envahisseurs russes (cela fait déjà depuis neuf mois).

Or, une partie des candidats républicains à ces élections intermédiaires réclament la fin de l'aide pour l'Ukraine, non pas pour des raisons de politique, cohérence politique, de vision politique, mais pour la pire raison qui soit, pour des raisons financières, parce que cela coûterait trop cher au peuple américain. Abandonner le peuple ukrainien pour de simples raisons matérielles serait une véritable honte morale au regard de l'histoire. Un égoïsme pur. Les électeurs du parti républicain seraient bien en peine de savoir, en votant pour un candidat républicain, ce qu'il ferait, élu, au Congrès lorsqu'il s'agirait de voter de nouvelles aides à l'Ukraine, car le parti républicain est très divisé sur ce sujet essentiel. L'ancien Président Donald Trump n'a pas hésité à fustiger ces aides de manière très démagogique pour récupérer les voix populaires de ceux qui souffrent de la crise économique, manière qui n'est pas sans penser à celle de certains démagogues populistes en France qui s'opposent aussi à la position diplomatique de la France sur l'Ukraine.

La situation électorale n'est donc pas infamante pour les démocrates américains et les heures ou jours qui viennent diront s'ils pourront continuer à gouverner seuls. Dans le cas contraire, ce ne serait pas la première fois que le Congrès serait majoritairement opposé au gouvernement. Tout ce qu'on peut dire à cette heure, c'est que, contrairement à la petite musique trumpienne, il n'y a pas eu de déferlante républicaine, et pour la stabilité du monde, en particulier de l'Europe, c'est déjà un grand soulagement !


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Sylvain Rakotoarison (09 novembre 2022)
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