Législatives : le plan de bataille de l'UMP
Le "groupe de pilotage" mis en place hier sous la direction du premier ministre doit se retrouver ce soir à l'Élysée autour de Nicolas Sarkozy.

Les 577 candidats et apparentés figureront sur un fond de ciel bleu et paysage verdoyant, agrémenté du slogan « Ensemble, pour la majorité présidentielle ». On ne verra nulle part le visage de Nicolas Sarkozy, pour garder à la campagne un caractère de « proximité ». Ni celui de François Fillon, qui pourtant entend bien « s'impliquer » dans ces élections législatives en tant que chef de la majorité. Tout comme le Président de la République, qui participera aussi à la campagne. Un meeting est même annoncé la semaine prochaine dans un lieu non encore arrêté.
« Rien n'est joué d'avance »
Le premier ministre a formé un « groupe de pilotage » de la campagne qui comprend cinq membres : le vice-président de l'UMP, Jean-Claude Gaudin, l'actuel secrétaire général, Pierre Méhaignerie, le possible futur secrétaire général, Patrick Devedjian, le président des députés UMP sortants, Bernard Accoyer, et Éric Cesari, directeur de cabinet de Sarkozy au conseil général des Hauts-de-Seine, qui vient d'être nommé directeur général du parti. Ce groupe se réunira tous les mardis, avec les principaux responsables politiques de la campagne présidentielle. Il sera également en contact régulier avec le chef de l'État. La première rencontre doit avoir lieu ce soir à l'Élysée.
La stratégie est, elle aussi, à peu près arrêtée. L'UMP est sûre de sa victoire, même si son porte-parole Luc Chatel a affirmé hier que « rien n'est joué d'avance ». Selon Patrick Devedjian, le message consiste à répéter sans relâche que « les socialistes n'ont pas de projets de remplacement à offrir aux Français » et qu'ils « n'ont plus d'équipe dirigeante, et donc pas les moyens de former un gouvernement ». François Fillon a insisté sur la nécessité de continuer à « expliquer l'ouverture », qui n'a pas fini de déstabiliser le PS.
L'autre grande question qui a occupé la réunion d'hier, c'est l'organisation de la future majorité en général, et de l'UMP en particulier. Jean-Pierre Raffarin, chargé par Nicolas Sarkozy d'un rapport sur le sujet, a amorcé le débat en exprimant « courtoi-sement mais fermement », selon son entourage, son « inquiétude quant au respect de l'équilibre et de la diversité des instances dirigeantes de l'UMP ». L'ancien premier ministre s'est étonné de la rapidité avec laquelle Patrick Devedjian a été désigné pour remplacer Brice Hortefeux. Il aurait préféré que les nominations interviennent après l'examen de son projet de réforme des statuts, qu'il vient juste d'adresser à Jean-Claude Gaudin.
Pierre Méhaignerie a de son côté plaidé pour que les prochains statuts du parti organisent mieux l'expression de la diversité à l'UMP. Avec en ligne de mire, déjà, la présidence de l'Assemblée nationale. « Si le président de la République, le premier ministre, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, le président du groupe sont tous des anciens du RPR, cela pose peut-être un problème », explique l'entourage du centriste, en constatant que les ralliés UDF de la dernière heure, tel Hervé Morin, ont été mieux servis que les centristes ayant fait le choix de l'UMP dès 2002.
Charles Jaigu et Judith Waintraub (Le Figaro), le 22 mai 2007, 10h33
Onze ministres repartent en campagne
Alain Juppé est le seul parmi les ministres à être candidat dans une circonscription où Ségolène Royal est arrivée en tête.
« Je veux que mon gouvernement aille devant le peuple pour lui demander sa confiance. » Chef d'orchestre de la campagne des législatives, François Fillon a vivement encouragé ses ministres à se lancer dans la bataille. Résultat : onze d'entre eux se représentent dans leurs circonscriptions. Le nouveau secrétaire et ex-député PS de la Drôme, Éric Besson, a renoncé à se représenter. Sollicitée, Rachida Dati préfère se concentrer sur sa mission de garde des Sceaux.
Pour la plupart d'entre eux, il s'agit d'une « promenade de santé », estime un dirigeant de l'UMP. Candidat dans la 4e circonscription de la Sarthe, François Fillon devrait être réélu pour la sixième fois, peut-être dès le premier tour comme en 2002. Michèle Alliot-Marie, candidate chez elle à Saint-Jean-de-Luz, tout comme Jean-Louis Borloo à Valenciennes, deux des ténors gouvernementaux, ne devraient pas connaître de souci.
À l'inverse, Alain Juppé se retrouve dans une situation plus délicate à Bordeaux. Ségolène Royal est arrivée en tête dans la ville et sa propre circonscription. La candidate PS y a recueilli 54,66 % des suffrages. Il est le seul des ministres engagés dans les législatives à être confronté à une situation aussi défavorable sur le pa pier. Juppé battu à Bordeaux ? Cela aurait l'effet d'un coup de tonnerre. En courant ce risque, l'actuel maire de Bordeaux compte sur son équation personnelle pour renverser la vapeur.
À un degré moindre, Roselyne Bachelot, candidate à sa réélection dans le Maine-et-Loire, devra se méfier. Si Sarkozy est arrivé en tête à la présidentielle (52,39 %), l'élue d'Angers est confrontée au secrétaire de la section PS de la ville (Luc Belot) mais surtout à des candidatures de droite(le madeliniste et neveu de son ex-mari Louis-Marie Bachelot) et du centre (Patrice Mangeard).
Les autres membres du gouvernement devraient passer sans péripéties cette épreuve électorale : Valérie Pécresse à Versailles, Éric Woerth à Chantilly, Dominique Bussereau à Royan et Christine Boutin à Rambouillet.
L'unique ministre UDF du gouvernement, Hervé Morin, se représente dans la 3e circonscription de l'Eure où Sarkozy a réuni 56,83 % des voix. Même la présence d'un candidat bayrouiste ne devrait pas gêner la réélection du nouveau ministre de la Défense.
À l'Élysée, on rappelait hier la règle selon laquelle un ministre battu ne peut pas rester au gouvernement.
Bruno Jeudy (Le Figaro), le 22 mai 2007, 10h28
Battu aux législatives, François Fillon quitterait son poste
PARIS (AP) - Le Premier ministre François Fillon a annoncé qu'il quitterait Matignon s'il était battu dans sa circonscription de la Sarthe où il se présente pour les législatives car il n'aurait "pas la légitimité pour diriger le gouvernement".
"La logique, quand on est battu, cela veut dire qu'on n'a pas le soutien du peuple, on ne peut pas rester au gouvernement: c'est une règle que je m'appliquerai à moi-même puisque j'ai décidé d'être candidat à l'élection législative", a-t-il expliqué sur Europe-1.
S'il était battu par le socialiste Sébastien Le Foll dans son fief de la Sarthe, François Fillon démissionnerait de Matignon car "il n'aurait pas la légitimité suffisante pour diriger le gouvernement de la France s'il n'avait pas le soutien de (s)es propres électeurs".
Quant au cumul des mandats, le nouveau Premier ministre a réaffirmé son opposition au principe instauré sous Lionel Jospin jugeant qu'il est "hypocrite". "Du temps de Lionel Jospin ou de Jacques Chirac, les ministres démissionnaient de leur poste de maire et se faisaient élire premier adjoint".
"En réalité, c'est eux qui gouvernaient leur ville par intermédiaire ce qui n'est pas conformer à la vision que j'ai de la démocratie et de la clarté", a-t-il expliqué. Donc "les ministres qui ont des responsabilités locales pourront les conserver".
"C'est très important parce que cela les ramène aux réalités, on a besoin de sortir de la bulle dans laquelle il sont dans leur ministère", a-t-il conclu.
Mercredi 23 mai 2007, 10h28