Le centre part divisé à la bataille des législatives

La scission de l'UDF, redoutée par des parlementaires centristes au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, est en train de se concrétiser: après le MoDem lancé le 10 mai par François Bayrou, les députés UDF ayant rejoint la majorité présidentielle ont à leur tour annoncé dimanche la création d'un nouveau parti, qui présentera "une centaine" de candidats aux législatives.
Ils espèrent entraîner avec eux "de nombreux militants et sympathisants UDF qui ne se reconnaissent pas dans la démarche de François Bayrou", selon le député de Côte d'Or François Sauvadet, ex-porte-parole de l'UDF.
Le parti centriste comptait 31 000 adhérents au congrès de janvier 2006.
"Dans la perspective des municipales et cantonales de 2008, de nombreux élus locaux UDF nous rejoindront", affirme un autre parlementaire.
Les candidats aux législatives qui se présenteront sous le label "majorité présidentielle" se sont inscrits dans les préfectures sous l'appellation Parti social libéral européen (PSLE) en attendant que le parti se baptise, le "Nouveau centre" faisant partie des pistes à l'étude. Ses fondateurs doivent tenir une conférence de presse vers le 29 mai.
Le MoDem, parti du centre "indépendant", revendique "70.000 adhérents" et présentera 535 candidats aux législatives. Il lancera sa campagne jeudi, lors d'une réunion publique au Zénith à Paris.
Mais alors que les UDF de la majorité présidentielle, forts de leur accord avec l'UMP, comptent obtenir une "trentaine" de sièges à l'Assemblée, ce qui leur permettrait de constituer un groupe parlementaire (20 minimum), le MoDem n'est crédité par les sondages que de 2 à 10 sièges (TNS Sofres), voire 0 à 4 (BVA), malgré un score de premier tour entre 12% et 15%.
Et ceci alors que son fondateur a réalisé un score de 18,57% au premier tour de la présidentielle. Pour M. Bayrou, qui réclame depuis longtemps l'introduction de la proportionnelle aux législatives, ce "scandale démocratique" découle du fait que le MoDem refuse de "faire allégeance à un camp ou à l'autre", refusant ainsi les précieuses alliances nécessaires dans le mode de scrutin actuel.
Mettant en avant la nécessité de bâtir "un contre-pouvoir" à la majorité de Nicolas Sarkozy, M. Bayrou a fustigé dimanche soir sur France 3 ses anciens amis: les citoyens doivent avoir "des avocats à la tribune, et pas seulement des béni-oui-oui qui vont ratifier une décision prise ailleurs", a-t-il lancé.
Le député Gilles Artigues, l'un des rares à lui être resté fidèle, a pour sa part qualifié ce nouveau parti de "satellite de l'UMP".
Soulignant qu'en comptant les UMP et les UDF ralliés, la majorité présidentielle pourrait compter quelque 390 députés (sur 577), le député européen Bernard Lehideux, candidat du MoDem dans les Hauts-de-Seine, espère pour sa part que les Français percevront le besoin de députés exerçant un rôle de "vigie, d'alerte".
De leur côté, les UDF ralliés à Nicolas Sarkozy mettent en avant leur volonté de s'inscrire "dans l'action". "Nous voulons être acteurs, pas spectateurs", dit le député du Loir-et-Cher Nicolas Perruchot, tandis que Rudy Salles (Alpes-Maritimes) assure que les futurs députés ne seront "pas aux ordres" mais constitueront "une force de propositions".
Par Pascale Juilliard, le lundi 21 mai 2007, 17h28
MoDem contre PSLE, la guerre des centres est déclarée
Face aux amis de Bayrou, ceux d'Hervé Morin s'organisent.
« J'aime tellement le centre que je suis ravi qu'il y en ait deux », pourrait-on dire, en paraphrasant la formule de François Mauriac à propos de l'Allemagne. Entre le MoDem, le Mouvement démocrate de François Bayrou, et le Parti social libéral et européen (PSLE) des UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, la compétition risque en tout cas d'être rude aux législatives des 10 et 17 juin. Avec, à la clé, un enjeu de taille, la constitution d'un ou de deux groupes à l'As semblée nationale, l'un s'inscrivant dans la majorité présidentielle, l'autre affichant sa volonté d'être « un contre-pouvoir », dans le droit-fil de la campagne présidentielle de Bayrou.
Dans cette compétition, le PSLE part avec une longueur d'avance. La quasi-totalité des députés sortants - 22 sur 29 - seront candidats sous cette étiquette, avec de grandes chances de succès. Le 23e, Gérard Vignoble (Nord), ne se représente pas et soutient le candidat UMP. François Bayrou ne peut donc compter que sur lui-même et cinq sortants, tous en position difficile : Anne-Marie Comparini, Jean Lassalle, Gilles Artigues, Philippe Folliot et Jean-Christophe Lagarde. Celui-ci, député maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), se fait très discret et n'a pas d'adversaire UMP, contrairement aux autres, Bayrou en tête.
« Le PSLE, satellite de l'UMP »
Le MoDem présente 535 candidats, un chiffre jamais atteint par l'UDF, qui appliquait depuis longtemps une stratégie de candidatures uniques avec le RPR, puis l'UMP, avec désistement réciproque au second tour. La constitution des listes n'a pas été chose facile, en raison de défections de dernière minute. Les pro-Bayrou l'affirment, « ce sont les élus qui sont partis, pas les militants, ni les électeurs ». Ils en veulent pour preuve les quelque 70 000 adhésions enregistrées par ce parti en gestation, alors que l'UDF totalisait 31 000 adhérents au congrès de janvier 2006. Jeudi, Bayrou lancera la campagne des candidats orange au cours d'une soirée qui se veut festive, au Zénith à Paris.
De leur côté, les députés ralliés à Nicolas Sarkozy, derrière le nouveau ministre de la Défense, Hervé Morin, ont annoncé dimanche leur volonté de créer un nouveau parti du centre, résolument ancré dans la majorité. Le nom de ce mouvement politique, qu'ils présenteront à la presse la semaine prochaine, sans doute le 29 mai, n'est pas encore choisi. Ce pourrait être « le Nouveau centre ». En attendant le congrès constitutif, les députés sortants partiront à la bataille législative sous l'appellation PSLE. Au total, selon François Sauvadet, député UDF de Côte-d'Or, il y aura une centaine de candidats, ce qui ouvre droit au financement public.
« Bayrou a choisi de se situer dans l'opposition, voire dans la résistance. Nous, nous nous engageons courageusement et loyalement dans la majorité élargie voulue par le président de la Ré pu blique », explique Sauvadet. Selon lui, c'est la phrase de Bayrou annonçant, entre les deux tours, qu'il ne voterait pas pour Sarkozy, qui est la cause du divorce. « Nous voulons répondre aux attentes des électeurs et des militants qui ont été désorientés par ce choix », affirme l'élu de la Côte-d'Or.
Autre rallié à Nicolas Sarkozy, Rudy Salles confirme que la prise de position de François Bayrou a dérouté « les électeurs de centre droit ». Toutefois, le député de Nice « refuse toute attitude belliqueuse » envers le MoDem. « Nous avons fait des choix politiques différents. Il faut l'assumer sans drame, cela ne remet pas en cause ce que nous avons vécu ensemble », dit-il, en soulignant ses liens d'amitié avec le président de l'UDF.
Les uns et les autres affûtent leurs arguments. Fidèle à François Bayrou, Gilles Artigues ne voit dans le parti que vont créer les ralliés qu'« un satellite de l'UMP » qui « ne repose sur aucune légitimité, ni militante ni électorale ». « Nous voulons être acteurs et pas spectateurs », réplique le député maire de Blois, Nicolas Perruchot.
Philippe Goulliaud (Le Figaro), le 22 mai 2007, 10h28
Bayrou renouvelle ses cadres
Les candidats du MoDem qui le pourront se maintiendront au second tour des législatives.
Baptême du feu pour le MoDem, le Mouvement démocrate, appelé à dépasser l'UDF. François Bayrou donnera le coup d'envoi de la campagne au cours d'une réunion publique au Zénith de Paris, jeudi. Fort de ses 18,57 % du 22 avril, il devrait être très présent sur le terrain pour tenter d'enrayer le déclin annoncé. Notre sondage TNS Sofres crédite le MoDem d'un score honorable de 15 % des intentions de vote, qui ne lui permettrait d'obtenir qu'entre deux et dix élus.
Au total, l'UDF MoDem présentera 200 femmes et 355 hommes, soit 535 candidats. Beaucoup plus que les 217 de 2002. Traditionnellement, les candidats UDF respectaient les accords de désistement avec le RPR, puis avec l'UMP, en se retirant systématiquement lorsqu'ils étaient devancés. Même s'ils étaient arrivés seconds Désormais, changement de stratégie, les démocrates se maintiendront au second tour dès qu'ils seront en situation de le faire.
François Bayrou aborde cette bataille législative dans des conditions difficiles. Presque seul. À l'exception d'Anne-Marie Comparini (Rhône), Gilles Artigues (Loire), Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis) et Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques), tous les autres sortants UDF l'ont lâché. Ils se présenteront sous l'étiquette Parti social libéral européen (PLSE), avant de constituer un parti du Nouveau centre, ancré dans la majorité. Sans Bayrou.
Djamel Bouras à Saint-Denis
Le MoDem ne leur opposera généralement pas d'adversaire. À quelques exceptions près, notamment dans les Hauts-de-Seine, contre André Santini à Issy-les-Moulineaux, où Bayrou mise sur un jeune chef d'entreprise, Christophe Ginisty. Le nouveau ministre de la Défense, Hervé Morin, devrait également avoir un adversaire MoDem.
Bayrou a été contraint de renouveler les cadres. Les députés européens mouillent leur chemise : Marielle de Sarnez et Claire Gibault à Paris, Bernard Lehideux à Meudon (Hauts-de-Seine), Jean-Marie Cavada à Saint-Maur (Val-de-Marne), Anne Laperrouze dans le Tarn, Thierry Cornillet dans la Drôme.
Le MoDem donne leur chance aux représentants de la diversité. L'ancien ministre Azouz Begag se présente à Lyon, Aziz Senni à Mantes-la-Jolie (Yvelines), Slimane Azzoug, figure emblématique de la communauté maghrébine, dans les quartiers Nord de Marseille. Sans oublier le judoka Djamel Bouras, champion olympique en 1996, candidat à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Des militants écolos de Cap 21, le mouvement de Corinne Lepage, et des Verts en rupture de parti sont également sur les rangs. À Paris, Danielle Auffray, adjointe de Bertrand Delanoë, et deux Verts, Olivier Pagès et Violette Baranda, se présentent sous les couleurs du MoDem.
Philippe Goulliaud (Le Figaro), le 21 mai 2007, 10h31
Les députés UDF ralliés à Sarkozy veulent fonder leur propre parti au centre
Les députés UDF ralliés à Nicolas Sarkozy vont créer un nouveau parti centriste au sein de la majorité présidentielle. Une initiative qui vient contrer le lancement du Mouvement Démocrate (MoDem), le nouveau parti de François Bayrou.
"Pour répondre aux attentes des nombreux militants et sympathisants UDF qui ne se reconnaissent pas dans la démarche de François Bayrou et de son Mouvement démocrate, nous avons décidé de lancer un nouveau parti politique", a déclaré, hier dimanche, le député de Côte d'Or François Sauvadet.
Ce parti, dont le nom est en discussions, sera lancé officiellement dans les tout prochains jours, lors d'une conférence de presse. Il présentera "une centaine de candidats" aux législatives de juin, d'après Nicolas Perruchot, député du Loir-et-Cher.
Cette décision a été prise lors d'une réunion d'une quinzaine de députés UDF autour d'Hervé Morin, nouveau ministre de la Défense et ex-président du groupe UDF à l'Assemblée. Ils représentaient les 22 députés UDF ayant pris l'engagement de se situer dans la majorité présidentielle, tout en conservant leur "autonomie au Parlement".
Dans le même temps, François Bayrou, le président de l'UDF, a annoncé que son nouveau parti, le Mouvement Démocrate (MoDem) présentera 535 candidats aux élections législatives, dont la campagne officielle débute ce lundi. Seuls cinq députés UDF sortants ont rejoint les rangs du MoDem, les autres se sont ralliés à Nicolas Sarkozy.
La Tribune, le lundi 21 mai, 6h08
Législatives : François Bayrou réaffirme son indépendance
PARIS (Reuters) - François Bayrou réaffirme son refus d'être "inféodé" à un camp politique et avisera en toute indépendance au soir du premier tour des élections législatives, le 10 juin.
"Nous voterons en fonction de ce qui nous paraîtra dans l'intérêt du pays, pas en fonction des ordres qu'on nous donnera", a dit l'ancien candidat centriste à la présidentielle interrogé sur France 3, dans l'émission "France Europe Express".
En présentant 535 candidats sous l'étiquette UDF-Mouvement démocrate (MoDem), Français Bayrou a souligné la nécessité d'un contre-pouvoir face à "la puissance" de l'UMP à l'Assemblée nationale". "Nous avons besoin d'avoir du pluralisme", a-t-il dit.
François Bayrou a réaffirmé que sa famille politique était le centre et milité pour une "alliance et non un ralliement" à d'autres partis.
"Je serai très vigilant sur la manière dont nous allons maintenir le lien social en France", a prévenu François Bayrou, en dénonçant "la sensibilité" du président Nicolas Sarkozy pour "la société anglo-saxonne".
Evoquant le Parti socialiste, il a estimé que celui-ci était face à "une crise très lourde". "Viendra le jour où l'UMP devra elle aussi réfléchir à ses choix", a-t-il prédit.
Lundi 21 mai 2007, 7h52
Législatives : trois élus venus des Verts dans la liste MoDem de Paris
PARIS (AFP) - Trois élus venus des Verts, dont une adjointe de Bertrand Delanoë, Danièle Auffray, figurent parmi les candidats du Mouvement Démocrate (MoDem) à Paris, selon la liste rendue publique jeudi soir par Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou.
Cette liste comprend aussi l'eurodéputée et chef d'orchestre Claire Gibault, qui se présente dans la 4ème circonscription (VIII et IXe arrondissements).
Mme de Sarnez, conseillère de Paris, élue du XIVe, ex-directrice de campagne de M. Bayrou, est candidate dans la 11ème (ouest du XIVe arrondissement), face au sortant Vert Yves Cochet et à l'ex-ministre UMP Nicole Guedj.
Il y a 12 femmes parmi les 21 candidats MoDem à Paris.
Parmi les 9 hommes figure l'économiste Christian Saint-Etienne, membre du conseil d'orientation des finances publiques, qui avait collaboré à l'élaboration du programme du président de l'UDF pour l'élection présidentielle. Il se présente contre Jean Tiberi dans le Quartier latin (2e circ).
Outre Mme Auffray, deux autres conseillers de Paris élus en 2001 sur les listes des Verts ont rejoint le Mouvement Démocrate : Olivier Pagès, qui se présente dans la 6e circ (XIe arrdt) et Violette Baranda (20e circ, XIXe arrdt).
Mmes Auffray et Baranda avaient annoncé dès la fin mars qu'elles quittaient le groupe municipal écologiste pour siéger comme non inscrite.
Beaucoup sont des nouveaux venus dans la liste bayroutiste, mais il y a aussi quelques vétérans : Jean-François Pernin, ex-maire UDF du XIIe arrondissement (8e circ) et Didier Bariani (21e circ), vice-président de l'UDF.
Le candidat de la 1e circ (I, II, III, IV) est l'avocat Mario Stasi.
Jeudi 17 mai 2007, 21h24