On savait que José Bové s’était réjoui du dernier jugement le condamnant à de la prison ferme. Même s’il a été convaincant lorsqu’il a expliqué qu’il ne pouvait pas aller en prison avec plaisir vu l’état lamentable des prisons, José Bové pouvait ainsi avoir un nouveau brevet d’insoumission, de résistance à l’oppresseur OGM.
Or, sa déclaration de candidature anti-mondialiste, qui n’a rien à voir avec une candidature de rassemblement de l’ultragauche, vu que celle-ci est déjà représentée par trois candidats trotskistes, une candidate écologiste et une candidate communiste, ne résulte en fait que d’un ego assez proéminent. Le Ministre de la Justice ne lui fera donc certainement pas le cadeau de le jeter en prison pendant sa campagne. Il n’attend que ça.
LE PEN
Voici un nouveau mot de trop que Jean-Marie Le Pen a prononcé à La Croix, en disant que les attentats du 11 septembre 2001 n’étaient qu’un « incident » de l’histoire, s’enfonçant en expliquant que trois mille morts, c’est moins que les pertes en un mois en Irak.
Alors, qu’en déduire de l’auteur du « détail de l’histoire » ? Est-ce volontaire ou est-ce un lapsus spontané ? Le fait même qu’on s’interroge sur ce sujet le renforce forcément.
Spontanéité : et alors, il remontre son vrai visage d’extrémiste, après avoir pourtant cherché à se bonifier et à se revendiquer « du Centre ». Ou savant calcul : car dans ce qu’il dit, il y a au fond un peu de vrai, George W. Bush a fait mourir beaucoup plus de monde que les seuls attentats du World Trade Center.
ROYAL
Décidément, Ségolène Royal est incapable d’avoir une équipe cohérente. Alors que les sondages commencent à se réembellir pour elle, Éric Besson, député bien connu de la Drôme, spécialiste jospinien de l’économie et responsable du volet économique du projet socialiste claque la porte. Il quitte le bureau national du parti socialiste, mais pire, il quitte le partit socialiste, il quitte même la politique, refusant de se représenter dans sa circonscription. Et hésitant sur son vote du 22 avril 2007.
Bizarrement, les déclarations d’Éric Besson font nettement plus mal que les menaces supposées de Georges Frêche (1), soutien zélé de Ségolène Royal au moment des primaires, sur les supposées affaires politico-financières des socialistes. En effet, Besson évoque les errements et les flottements du projet de Ségolène Royal, incapable de donner des consignes claires sur la fiscalité, sur les trente-cinq heures et sur bien d’autres sujets. J’imagine la gêne et le malaise des militants et élus socialistes, sur le terrain, dans les marchés, aux paliers des immeubles, incapables de répondre correctement aux principales questions qu’on leur pose : « que pensez-vous de... ? ».
En général, ils réussissent toujours à répondre... selon leur propre opinions... mais c’est là où le problème est grave au sein du parti socialiste : la césure provenant du référendum sur le Traité constitutionnel européen de mai 2005 n’est toujours pas refermée. Il y a au sein de ce parti des personnes qui ont une vue diamétralement opposée de la société : entre les tenants du pragmatisme économique de type strausskahnien et les ringards altermondialistes proches de l’ultragauche, comme Jean-Luc Mélenchon ou Henri Emmanuelli, il y a un fossé bien plus important que la différence entre la droite et la gauche que stigmatise François Bayrou.
Et étrangement, ce ne sont pas les gauchistes du PS qui boudent Royal, mais plutôt son courant social-libéral qui n’est pourtant pas si éloigné des positions personnelles de Ségolène Royal (quand on parvient à les connaître). Peut-être parce que son pacte présidentiel regorge de cent propositions gauchisantes dans l’assistanat et le tout-étatique, ressemblant plus à la démagogie mitterrandienne des années 1980 qu’à un réel plan pour le pays d’aujourd’hui.
Pour plomber encore un peu plus la campagne de Royal, le lendemain même de la prestation réussie sur TF1, l’un des barons les plus importants du socialisme parisien est condamné à de la prison avec sursit, à une forte amende et à un an d’inéligibilité. En effet, Jean-Paul Huchon, Président du Conseil Régional d’Ile-de-France, et son épouse ont été reconnus coupables d’avoir profité de la position d’élu (2), mais Huchon jouera avec les procédures d’appel pour conserver ses mandats après les élections de 2007.
DUHAMEL
Pour avoir publié en début 2002 un bouquin d’interview avec Lionel Jospin, Premier Ministre de l’époque et candidat à l’élection présidentielle, Alain Duhamel a été déclaré persona non grata dans les médias pendant la campagne présidentielle de 2002, ce qui, depuis 1974, était une première, tant cet éditorialiste était réputé pour la pertinence de ses analyses politiques et électorales.
Ce manque se poursuivra donc aussi pour la campagne présidentielle de 2007 pour une raison différente. En ayant affirmé qu’il voterait sans doute Bayrou en raison de ses positions européennes, dans une conférence en amphi qui ne peut jamais être considéré comme privée, et retransmise sur internet, Alain Duhamel a dû quitter provisoirement ses fonctions sur France 2 et sur RTL.
Cela ne l’empêche pas de claironner que s’il est victime d’internet, la campagne présidentielle s’y déroule également, notamment avec les vidéos montrant Ségolène Royal dénigrer les professeurs ou Nicolas Sarkozy se contredire sur la sécurité. Ce nouvel outil est peut-être l’élément nouveau des comportements de campagne.
Et quand on s’aperçoit que l’audience de ces sites internet n’a rien à envier à celle des grandes émissions politiques à la télévision, on peut se dire que l’influence d’internet ne sera plus négligeable (3).
(2) http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20070220.FAP4801/jeanpaul
_huchon_condamne_a_six_mois_de_prison_avec_surs.html
(3) http://lesjeuneslibres.hautetfort.com/archive/2006/12/14/grace-au-web-adieu
-politique-politicienne-article-publie-auj.html
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