(dépêches)
Mort de Claude Tchou à 86 ans, éditeur (et mari de Michèle Cotta), le 31 mars 2010
http://bibliobs.nouvelobs.com/20100402/18716/la-mort-de-claude-tchou
Il avait publié tout Paulhan et les graffitis de mai-68
La mort de Claude Tchou
Par BibliObs.com
Claude Tchou, l'éditeur mythique des années 1960 et créateur du Club du Livre du mois, est mort ce mercredi 31 mars 2010 à Paris. Il avait 86 ans.
Il faut croire que ses origines le prédestinait à la curiosité, qui est sans doute la première des qualités nécessaires à la profession d'éditeur : Claude Tchou était né en Belgique en 1923, d'un père diplomate chinois. Cela l'incita-t-il, quelques décennies plus tard, à publier « les Murs ont la parole : mai 68 », cette joyeuse et immortelle compilation de graffitis rédigés par des étudiants suffisamment réalistes pour demander l'impossible ?
C'est aussi que Tchou, qui avait fondé sa propre maison d'édition en 1962 (après avoir été journaliste, patron de l'agence Inser de 1945 à 1949, et créateur en 1951 du Club du Livre du mois), devait avoir quelques comptes à régler avec le vieil ordre moral : il avait été condamné à six mois de prison ferme, du jamais vu depuis bien longtemps, pour s'être spécialisé dans la publication d'ouvrages rares consacrés à l'érotisme et à la sexualité. Le jugement fut annulé en appel.
Mais il était aussi bien capable d'éditer Sade et Kafka que Zola, la correspondance de Napoléon Ier, ou les oeuvres complètes de Jean Paulhan : c'était entre 1966 et 1970, avec le concours de Pierre Oster, à une époque où le responsable de la «NRF», peut-être parce qu'il avait condescendu à se faire élire à l'Académie française en 1963, n'était plus en aussi bons termes qu'autrefois avec Gaston Gallimard.
Comme la valeur n'a rien à voir avec le nombre des années, on doit encore à Tchou d'avoir, en 1999, fondé la Bibliothèque des Introuvables, qui (ré)édite de beaux livres rares, conme l'« Histoire des deux Indes » de l'Abbé Raynal (10 volumes), ou cette monumentale « Histoire générale du Languedoc » en seize volumes et 20.000 pages, qui avait été rédigée en latin et vieux français par des moines bénédictins entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
On voit par là que Claude Tchou ne fut pas seulement le mari de la journaliste Michèle Cotta, mais bien un digne confrère de Pierre Bordas, ou Jean-Jacques Pauvert, comme le rappelle l'Afp. Trois semaines après la disparition de René Rougerie, ses obsèques seront célébrées le 7 avril à 14H30 en l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris.
G.L. (avec Afp
02/04/2010 742 lectures
http://www.livreshebdo.fr/les-gens/actualites/la-mort-de-claude-tchou/4271.aspx
La mort de Claude Tchou
Publié le 02 avril 2010 par af
(Photo : Claude Tchou ©DR)
Décédé mercredi 31 mars à 86 ans, le fondateur du Club du livre du mois et des éditions Tchou était une figure de l’édition de la deuxième moitié du XXe siècle.
Né à Bruxelles d’un père diplomate chinois et d’une mère issue de la grande bourgeoisie belge, l’éditeur Claude Tchou, figure singulière de l’édition de la deuxième moitié du XXe siècle, est décédé mercredi 31 mars, à 86 ans, des suites d’une longue maladie, ont indiqué ses proches.
Claude Tchou, qui fut le mari de la journaliste et ancienne présidente du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Michèle Cotta, avec laquelle il eut deux enfants, n’était pas a priori destiné à devenir un éditeur parisien marquant, un personnage parfaitement original, un esthète au parcours professionnel très turbulent.
Après des années d’apprentissage, qui passent par l’édition sur beau papier de poèmes écrits par ses camarades de classe et par l’expérience du métier de représentant dans la banlieue bruxelloise, Claude Tchou s’installe à Paris, la ville dont il a toujours rêvé, pour créer en 1950 le Club du livre du mois, antenne française du club belge l’Ambassade du livre. Il en sera totalement patron de 1951 à 1958.
Des clubs de livres à l'édition traditionnelle
Pendant ces années d’opulence pour les clubs de livre en France – il participe aussi à la création du Grand livre du mois –, il publiera environ 2 000 livres.
Il fondera ensuite le Club du livre précieux, où il éditera, entre autre, des œuvres de Jean Paulhan, d’Emile Zola ou de Franz Kafka, et des œuvres érotiques, dont celles de Sade, qui lui vaudront quelques ennuis avec la censure.
Claude Tchou aborde l’édition traditionnelle à partir de 1964, en créant les éditions Tchou, où il privilégie l’astrologie, l’ésotérisme, la psychologie, la littérature.
Pendant plusieurs années il publie pour la vente par correspondance et pour la librairie, et crée parallèlement un département de vente par correspondance chez Robert Laffont.
Sa vie professionnelle est jalonnée de difficultés financières, de dépôts de bilan, de reprise (par le groupe L’Express en 1970), puis de retour vers l’édition et de nouveaux dépôts de bilan.
A partir de 1979, sa maison est reprise par Carl Van Eiszner pour être développée sous le nom des éditions Sand, puis Sand et Tchou. Claude Tchou revient en 1999 dans l’édition, en créant la Bibliothèque des introuvables, dans laquelle il réédite des textes rares.
Un amoureux du beau livre
Cet amoureux des livres soignés, des beaux papiers et des belles typographies, personnalité tout à fait atypique dans le paysage éditorial, parfois controversée, aura marqué les collaborateurs qui ont travaillé auprès de lui.
Dans sa maison sont passés plusieurs éditeurs de premier plan que l’on retrouvera ensuite à des postes clés, dont Denis Roche, Françoise Perrot, Philippe Schuwer, François Caradec, Jean-Pierre Sicre ou encore Robert Pépin, Pierre Oster et Diane de Selliers.
Une cérémonie religieuse aura lieu mercredi 7 avril à 14h30 à l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris (6e).
ttp://avantderniereschoses.blogspot.com/2010/04/claude-tchou-1923-2010.html
05 avril 2010
Claude Tchou (1923-2010)
France Culture, A voix nue, 8-12 avril 2007
Par Philippe Garbit. Réalisation Mydia Portis Guérin.
Sa mère était belge, son père chinois et fils d’ambassadeur de Chine en Europe. Claude Tchou est né à Bruxelles, a passé une partie de son enfance à Pékin puis à Shanghai. Il prétend avoir toujours détesté la Belgique et la Chine, s’être toujours senti avant tout français-mieux : parisien, et éditeur.
Éditeur, en fait, Claude Tchou l’est devenu très jeune. Au lycée, pratiquement, en faisant imprimer les poèmes de ses camarades de classe, puis en les leur vendant ; en découvrant l’odeur du plomb, celle de l’encre d’imprimerie ; en devenant représentant d’un éditeur-libraire.
Claude Tchou sait depuis longtemps qu’il est capable de tout vendre – en tout cas de vendre des livres ! Les lecteurs français ont manqué de littérature anglo-saxonne durant les années de guerre ? De « nouvelles » traductions leur seront proposées. Ils ont soif d’informations ? Il créera une agence de presse ! « Il y a une fortune à faire… ! »
La vraie aventure commence à Paris, bien sûr, et par la reprise du Club du Livre du Mois. Claude Tchou sait convaincre que ses livres sont beaux, essentiels. Chaque lettre adressée aux membres du Club semble être une lettre personnelle, bienveillante… Alors, dans les années 50 et 60, vient en effet la fortune… puis des faillites, puis la fortune, etc. Vient aussi l’heure de l’érotisme, suivie d’un procès, qui verra Claude Tchou condamné à six mois de prison ferme… du jamais vu en France depuis des décennies… Mais un deuxième jugement mettra fin à ce retour d’un ordre moral.
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