(dépêche)
Vladimir Poutine reconnaît la responsabilité russe du massacre de Katyn devant Donald Tusk, Premier Ministre polonais
http://www.lematin.ch/flash-info/monde/poutine-katyn-crime-ne-justifie-maniere
Poutine à Katyn: "Un crime ne peut être justifié d'aucune manière"
Un crime "ne peut être justifié d'aucune manière", a déclaré le Premier ministre russe Vladimir Poutine mercredi à Katyn, lieu du massacre en 1940 de milliers d'officiers polonais par la police politique de Staline.
AFP - le 07 avril 2010, 15h32
Un crime "ne peut être justifié d'aucune manière", a déclaré le Premier ministre russe Vladimir Poutine mercredi à Katyn, lieu du massacre en 1940 de milliers d'officiers polonais par la police politique de Staline.
M. Poutine est venu pour la première fois à Katyn, près de Smolensk dans l'ouest de la Russie, en compagnie de son homologue polonais Donald Tusk, pour rendre hommage à la fois aux officiers polonais et aux victimes soviétiques de la terreur stalinienne qui reposent en ces lieux.
"Un crime ne peut être justifié d'aucune manière. Nous sommes tenus de préserver la mémoire du passé. Nous n'avons pas le pouvoir de changer le passé, mais nous pouvons rétablir la vérité et la justice historiques", a estimé le dirigeant russe au cours d'une cérémonie officielle au cimetière de Katyn.
Pendant un demi-siècle, l'URSS a rejeté sur l'Allemagne nazie la responsabilité du massacre d'officiers polonais. Ce n'est qu'en 1990 que Mikhaïl Gorbatchev a reconnu la culpabilité de Moscou.
Au total quelque 22.000 officiers polonais, capturés par l'Armée rouge après son invasion de l'Est de la Pologne en vertu du pacte germano-soviétique Ribbentrop-Molotov, ont été exécutés sommairement en avril et mai 1940 par le NKVD, la police politique soviétique.
"Un mensonge a été entretenu pendant des décennies, mais on ne doit pas faire endosser ce mensonge au peuple russe", a insisté M. Poutine, en soulignant "le côté inhumain du totalitarisme", responsable à la fois "d'une mort en martyrs de citoyens soviétiques et d'officiers polonais".
Le Premier ministre russe n'a toutefois prononcé à aucun moment le mot de pardon, que certains attendaient de lui en Pologne.
"Au nom des relations futures entre nos deux pays, nous devons éviter l'écueil des malentendus", a-t-il dit.
"Dans l'Europe du XXIè siècle, il n'y a pas d'alternative à un bon voisinage entre la Pologne et la Russie", a-t-il ajouté.
Pour sa part, M. Tusk a insisté sur le sort individuel des victimes de Katyn, alors que de nombreux documents sur ce massacre sont toujours classés secrets en Russie.
"Nous voulons conserver le souvenir de ce crime et de ses victimes qui ne sont pas pour nous une entité statistique. Ils ont été tués un à un. Nous voulons connaître chaque nom, chaque témoignage", a-t-il dit.
"Un mot de vérité peut mobiliser nos deux peuples qui cherchent la voie de la réconciliation. Sommes-nous capables de transformer un mensonge en réconciliation? Nous devons y croire", a-t-il ajouté, tout en estimant que la Russie et la Pologne avaient encore "du chemin à parcourir en vue de la réconciliation".
Le souvenir de Katyn continue à peser sur les relations polono-russes, devenues difficiles depuis le choix résolu de la Pologne, satellite de l'URSS pendant un demi-siècle, de rejoindre le camp occidental avec l'adhésion à l'Otan en 1999 et à l'Union européenne en 2004.