(dépêches)
La mort de René Monory, ancien président du Sénat
Samuel Potier (lefigaro.fr)
11/04/2009 | Mise à jour : 22:26 | Commentaires 76 | Ajouter à ma sélection
René Monory, ici en mars 2005 à Poitiers. (Derrick Ceyrac / AFP) Crédits photo : AFP
Le fondateur du Futuroscope de Poitiers est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 85 ans. Ministre centriste à plusieurs reprises, il avait présidé la Haute-Chambre de 1992 à 1998.
Affaibli par la maladie, René Monory est décédé dans la nuit de vendredi à samedi. Agé de 85 ans, il dirigea le Sénat de 1992 à 1998, devenant ainsi le deuxième personnage de l'Etat sous les présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac.
Il s'était retiré de la politique en 2004, sa santé commençant alors à décliner. Cette année-là, le créateur du Futuroscope, deuxième parc d'attractions de France, qu'il a présidé de 1987 à 2000, ne s'était représenté ni aux cantonales de mars ni aux sénatoriales de septembre. Maire de Loudun, dans la Vienne, durant quarante ans (1959-99), il avait été réélu huit fois président (UDF) du Conseil général de la Vienne à partir de 1977.
«Le garagiste de Loudun»
Né le 6 juin 1923 à Loudun, René Monory est garagiste (on le surnommera «le garagiste de Loudun») lorsqu'il est élu maire de sa ville natale, début d'une carrière de notable dont il gravit sans hâte les degrés : conseiller général de la Vienne (1961), sénateur (1968), président du Conseil général en 1977. Cette même année, il entre dans le gouvernement de Raymond Barre, d'abord comme ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, puis comme ministre de l'Economie (1978-81).
Elu président du Conseil régional de Poitou-Charentes en 1985, il abandonne ce mandat l'année suivante pour participer au gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac. Cet autodidacte, qui répète volontiers n'avoir que son certificat d'études primaires (obtenu dans la petite ville de Thouars, dans les Deux-Sèvres), est alors nommé ministre de l'Education nationale, fonction qu'il occupe jusqu'en 1988.
Membre de l'UDF depuis sa fondation en 1978, il est premier vice-président du Centre des Démocrates sociaux (CDS) de 1984 à 1995. Longtemps sénateur de la Vienne (1968-77, 1981-86 et 1988-2004), René Monory succède donc en 1992 à Alain Poher à la présidence du Sénat. Mais en 1998, il est écarté au profit du RPR Christian Poncelet. L'année suivante, il abandonne la mairie de Loudun mais reste conseiller municipal. Marié et père d'une fille, René Monory, chevalier de la légion d'honneur, est l'auteur de «Combat pour le bon sens» (1983), «Des Clefs pour le futur» (1995) et «La volonté d'agir» (2004).
«Un homme attachant au profil exceptionnel»
Les réactions du monde politique après son décès sont unanimes, à droite comme à gauche. Le président Nicolas Sarkozy a salué son «humanisme» qui «s'exprima non seulement dans sa conception de l'homme qu'il plaçait au coeur de l'action publique, mais également dans sa conviction de la nécessité d'offrir à ses contemporains la possibilité d'accéder au plus vaste savoir». Quant au premier ministre, François Fillon, il a exprimé sa «très grande tristesse», saluant «le parcours exceptionnel d'un homme d'origine modeste», «exemple remarquable de réussite individuelle au service de la France», alors que le président du Sénat Gérard Larcher l'a qualifié de «visionnaire».
L'ex-président de la République Jacques Chirac a lui aussi salué avec «grande émotion» cette «figure» de la Ve République, tandis que Valéry Giscard d'Estaing a rendu hommage à «un homme attachant au profil exceptionnel». Christian Poncelet (UMP), qui avait battu René Monory en 1998 alors que ce dernier était candidat à sa reconduction à la présidence du Sénat, a rendu hommage à l'«homme de réformes» et à «l'enfant de la République». Le président du MoDem François Bayrou a pour sa part souligné sa «liberté de penser» et à gauche, Martine Aubry, première secrétaire du PS, a salué la mémoire d'un «grand humaniste tourné vers l'avenir».
L'ancien président du Sénat René Monory est mort
LEMONDE.FR avec AFP et AP | 11.04.09 | 09h01 • Mis à jour le 11.04.09 | 09h41
René Monory, ancien président du Sénat (1992-1998), est mort, samedi 11 avril dans la nuit, dans sa maison de famille près de Loudun, selon la préfecture de la Vienne. Il avait 86 ans. La santé de cet ancien ministre centriste s'était gravement détériorée depuis 2007. Il avait notamment été hospitalisé pour une occlusion intestinale, et, il y a un an, pour de graves problèmes respiratoires.
Né le 6 juin 1923 à Loudun (Vienne), cette figure du centre-droit a exercé, comme son père, le métier de garagiste, avant d'entrer en politique. En 1959, il s'empare de la mairie de Loudun, qu'il tiendra pendant 40 ans.
Cet autodidacte revendiqué a connu une ascension fulgurante : il est conseiller général de la Vienne en 1961, sénateur en 1968, ministre de l'industrie en 1977. Alors qu'il clame n'avoir jamais lu un livre d'économie, et prône le "bon sens" comme règle de vie, il devient ministre de l'économie de Raymond Barre en 1978, jusqu'en 1981.
L'HOMME DU FUTUROSCOPE
Le retour de la droite en 1986 ramène René Monory au gouvernement, avec le portefeuille de l'éducation nationale dans le gouvernement Chirac. Il tente une réforme des universités qui déclenche des protestations lycéennes et étudiantes dans tout le pays. Le mouvement se solde par le retrait du "plan Devaquet", du nom de son ministre délégué, après la mort de Malik Oussekine, un étudiant tué par la police en marge des manifestations.
En 1992, René Monory, unique candidat de l'UDF, prend la présidence du Sénat et devient le deuxième personnage de l'Etat. En 1998, à 75 ans, il est battu à ce poste, à la surprise générale, par le RPR Christian Poncelet, qui met fin à 30 années de présidence centriste de la Haute assemblée.
Très attaché à sa région d'origine, René Monory est resté jusqu'en 2004 sénateur de la Vienne. Sa grande oeuvre, sur laquelle il se montrait intarissable, c'est le Futuroscope de Poitiers, parc scientifique de loisirs, dont les portes ouvrent en 1987. Depuis, le par a accueilli plus de 30 millions de visiteurs.
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"Un homme tourné vers l'avenir et les sciences"
Le président Nicolas Sarkozy a salué, samedi, la mémoire de l'ancien président du Sénat, soulignant que "sa carrière, à l'image de sa vie, s'était inscrite dans le respect intransigeant des valeurs humanistes". Pour le président de la République, René Monory "laissera, avant tout, le souvenir d'un homme tourné vers l'avenir et les sciences". (AFP)
René Monory rattrapé par son âge
LEMONDE.FR | 11.04.09 | 12h27 • Mis à jour le 11.04.09 | 12h27
En octobre 1998, René Monory était battu à la présidence du Sénat par Christian Poncelet. Le Monde racontait alors comment l'ancien ministre de l'économie avait été trahi par les siens.
Article publié le 3 octobre 1998.
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Le 2 octobre 1992, 19 h 50 : proclamé président du Sénat, René Monory gravit les marches qui le conduisent au perchoir. Son ascension a débuté à l'aube des années 50, dans un garage de Loudun, lorsqu'il avait imposé à son père de lui céder la place. Elle ne s'est jamais interrompue depuis. Sûr de sa bonne étoile et de ses choix, qu'invariablement il présente frappés au coin du « bon sens », il a su déblayer le terrain autour de lui, dans la Vienne comme au Palais du Luxembourg. Devenu le « deuxième » personnage de l'Etat au second tour d'un scrutin tranquille, il est bien certain de pouvoir remplir la mission dont il se sait investi : secouer et moderniser une institution traumatisée par la fin de règne d'Alain Poher. N'a-t-il pas porté à bout de bras un Futuroscope que chacun croyait a priori dénué d'avenir ?
Chamboulant l'administration du Sénat comme il avait bousculé les fonctionnaires de la Rue de Rivoli lors de son passage au ministère des finances, de 1978 à 1981, ou ceux de la Rue de Grenelle lorsqu'il détenait le portefeuille de l'éducation nationale, de 1986 à 1988, René Monory bataille pour faire parler de la seconde Chambre du Parlement. Les efforts sont réels notamment en matière de modernisation des moyens de communication , la volonté sans doute intacte. Mais la politique est aussi affaire d'image, et celle que renvoie à ses pairs un président peu à peu rattrapé par son âge traduit la lassitude et l'inertie.
La première alerte trente-neuf voix de la droite évaporées dans la nature lors de sa réélection, le 2 octobre 1995 le cueille à froid. Deux ans et demi plus tard, l'affaire est, pour lui, oubliée : le Sénat est sur Internet, René Monory à nouveau candidat à sa succession. Sa reconduction ne faisant officiellement aucun doute, l'intéressé ne prend pas la peine de se déclarer auprès de ses collègues. Quant à dire qu'il fait campagne alors que fleurissent, au printemps, toute une série de documents à sa gloire et que son agenda du mois de septembre se remplit à vue d'oeil , ce serait alors commettre un crime de lèse-majesté. Dans les couloirs du Palais du Luxembourg, pourtant, on « s'interroge », comme l'on dit pudiquement.
Au printemps, tandis que le président du Sénat sollicite le soutien du chef de l'Etat pour répondre aux attaques du premier ministre, qui avait qualifié l'institution d'« anomalie parmi les démocraties », un mot revient dans la bouche de sénateurs de tous bords : la « pohérisation ». De mauvais, très mauvais souvenirs reviennent à l'esprit de ceux qui ne se pardonnent pas d'avoir, en 1989, offert un huitième mandat à un vieil homme de quatre-vingts ans, rapidement contraint par la maladie à déléguer l'essentiel de ses pouvoirs à son directeur de cabinet. Ironie de l'histoire, face à Alain Poher, très contesté sur les bancs de la majorité sénatoriale, René Monory avait alors fait un galop d'essai en se présentant au deuxième tour de scrutin. Jean Arthuis, lui, avait plus modestement pris date, en empochant 40 voix au premier tour. A la tête d'un groupe de « quadras » dans l'air du temps, le sénateur centriste de la Mayenne venait de cosigner avec Hubert Haenel (RPR), fin juin, une sorte de manifeste de la rénovation du Sénat.
Souvenirs contre souvenirs : le Petit Luxembourg s'inquiète, en mai, lorsque le même Jean Arthuis, cette fois « quinqua », obtient du président du groupe centriste, Maurice Blin, l'autorisation de prendre la tête d'un groupe de travail aux objectifs passablement flous. Officiellement, il s'agit d'élaborer « une charte du sénateur centriste » destinée à servir d'argumentaire aux candidats soumis à renouvellement. En pratique, le débat est plus ouvert : méthodes de fonctionnement du groupe, renforcement du rôle du Sénat, perception par l'opinion publique, etc. Le groupe doit se retrouver tous les mardis à 18 heures, salle Champetier-de-Ribes. Le 26 mai, à la fin de la première réunion, inévitablement, « la » question surgit, sur fond de spéculations sur l'état de santé du président. Dans les jours qui suivent, certains centristes envisagent d'aller en délégation interroger M. Monory sur ses intentions. Ils n'auront pas à se donner cette peine.
Le 2 juin à 18 heures, Jean Arthuis ouvre la deuxième séance de son groupe... en remerciant René Monory de l'intérêt qu'il manifeste, par sa présence, aux travaux du groupe. Car le président du Sénat est là, entouré de plusieurs membres de son cabinet, dont son directeur, Jean-Dominique Giuliani. L'ambassade de la présidence a décidé de prendre de court les « conspirateurs » en les mettant devant le fait accompli, et, au passage, de tester une stratégie qui pourra, le cas échéant, resservir. Quelques minutes plus tard, M. Monory demande la parole : « J'ai bien réfléchi depuis deux mois pour savoir si j'étais ``pohérisé`` ou non. Qu'est-ce que vous en pensez ? » (Le Monde du 31 juillet). Et l'auditoire, naturellement, de se récrier. Fin août, Jean Arthuis, qui vient de se voir interdire toute nouvelle réunion de son groupe en septembre, est invité à passer une journée à Loudun et à Poitiers. Fermez le ban.
FORT du succès tactique qu'il considère avoir obtenu ce 2 juin, le président du Sénat se décide, deux semaines plus tard, à employer la même méthode : le passage en force. « Tous les présidents de groupe de la majorité RPR-UDF m'ont demandé de me représenter », affirme-t-il, le 16 juin, sur France 3. Y aller au culot, toujours et encore, parier sur un silence contraint des intéressés qui, estime-t-il, n'oseront pas lui faire l'affront de démentir ses propos.
Mais, cette fois, il a poussé le bouchon un peu loin. Tout en se disant favorable à « un candidat d'union de la majorité sénatoriale », et en soulignant que M. Monory « n'a pas démérité », Josselin de Rohan, président du groupe RPR, s'empresse de faire savoir qu'il n'est pas possible de préjuger de la position des groupes à l'issue du renouvellement du 27 septembre. Quant au président des Républicains et Indépendants, Henri de Raincourt, il n'apprécie pas du tout. Le 23 juin, lors d'une réunion de son groupe, il enregistre, déjà, quelques démangeaisons de candidature. Les sénateurs RI décident toutefois de ne pas s'exprimer sur l'élection à la présidence avant les élections sénatoriales. Ce qui se traduit par un communiqué dont les premiers mots sont pesés au trébuchet : « Depuis plusieurs jours, des informations incertaines et contradictoires à l'origine mal identifiée circulent à propos de l'élection à la présidence du Sénat... »
Le 17 septembre, se sachant cette fois sérieusement menacé, le sénateur de la Vienne change de cible. Lors de la passation de pouvoir entre François Léotard et François Bayrou, nouveau président de l'UDF, M. Monory, qui venait de s'entretenir, comme tous les mois, avec le président de la République à l'Elysée, déclare à la presse : « Jacques Chirac m'a autorisé à dire ceci : "Je suis plus que jamais pour l'union (...). Au moment où il va y avoir une élection au Sénat et qu'il n'y a pas d'autres candidats UDF, je déplore et je regrette beaucoup qu'il y ait une autre candidature RPR, et je le dirai." » Quelques minutes plus tard, un communiqué de l'Elysée évoque les « liens anciens d'amitié et d'estime » du président de la République avec M. Monory, mais précise que M. Chirac ne souhaite « intervenir ni de près ni de loin dans l'élection du président du Sénat ». Une forme de démenti qui blesse M. Monory, inquiète ses amis et encourage ses adversaires.
Depuis plusieurs semaines, le sénateur RPR des Vosges, Christian Poncelet, multipliait les déplacements sur le terrain, allant soutenir ses collègues renouvelables, testant ses appuis au sein du groupe... Ce vendredi 4 septembre, il décide de se jeter à l'eau. Depuis Tokyo, où il conduit une délégation de la commission des finances, il affiche, en réponse aux questions du Monde, son intention d'être candidat à la présidence contre René Monory. Son slogan qui servira par la suite d'intitulé à une lettre-programme adressée à ses collègues est prêt : « Une présidence modeste pour un Sénat ambitieux. » Le sénateur des Vosges met l'accent sur la nécessité de renforcer le rôle du Sénat, en prenant soin de ne pas s'en prendre à M. Monory sauf pour souligner discrètement que celui-ci n'avait pas fait le plein des voix lors de sa réélection en 1995. Ses soixante-dix ans contre soixante-quinze à son rival ne font pas de lui l'archétype du renouvellement qu'il préconise, mais son profil, qui ne suscite guère d'animosité de la part de ses collègues, est dès le départ celui d'un outsider crédible. Une fois entré dans la course, il se fait plutôt discret, tout à sa volonté de ne pas heurter les soutiens non RPR dont il a besoin.
Cette relative discrétion, tout comme la volonté de M. Poncelet d'afficher une candidature personnelle en ne sollicitant pas l'investiture du mouvement gaulliste, est appréciée, sinon voulue par le chef de l'Etat. Il reste que l'embarras de l'Elysée est à la mesure des sollicitations pressantes dont il est l'objet et de la multiplicité des paramètres à prendre en compte : les bonnes et très anciennes relations liant MM. Monory et Chirac, gages d'une bonne coordination avec le dernier bastion de droite que représente le Sénat, le souci de ne pas se mettre à dos les centristes pouvaient faire pencher la balance en faveur du sénateur de la Vienne, en dépit d'une image qui ne collait guère avec le souci de modernisation voulue par Jacques Chirac. Mais comment l'ancien président du mouvement gaulliste pouvait-il se dresser sur la route de l'un des siens ?
Décidant d'afficher sa neutralité, le président de la République veille scrupuleusement à ce que ce message soit entendu : présent, le 9 septembre, à l'inauguration de l'exposition Média Sénat, au Musée du Luxembourg, après avoir été accueilli par René Monory, il prend soin de saluer M. Poncelet d'un « Christian, tu vas bien ? ». Dans son compte rendu de l'inauguration, l'Agence France-Presse fait savoir que le sénateur des Vosges sera reçu le lendemain à l'Elysée. Un partout. La balle au centre... ou au RPR ? Dans les jours qui suivent, l'entourage de Jacques Chirac se charge d'entretenir la confusion, en laissant filtrer des indications contradictoires sur les dispositions d'esprit du chef de l'Etat. Tant et si bien que les partisans de M. Monory misent encore, peu avant le scrutin, sur des messages de l'Elysée susceptibles de provoquer quelques défections côté gaulliste.
Faute de pouvoir revendiquer le soutien du chef de l'Etat, on se prévaut, chez M. Monory, de celui de son épouse. Dimanche 27 septembre, lors de la soirée électorale organisée au Palais du Luxembourg, on répète à qui veut l'entendre que Bernadette Chirac, avec laquelle M. Monory vient de s'entretenir quelques instants au téléphone, ne se fait « pas de souci » pour le président sortant et que « toute la Corrèze le soutient ». Et comme rien ne saurait être négligé, on fait savoir, au cours de la même soirée, que M. Monory recevra à dîner, le lendemain soir, Valéry Giscard d'Estaing.
Le mutisme officiel de l'Elysée renforçant l'incertitude du scrutin, ce qui devait rester l'« affaire des sénateurs », selon M. de Rohan, est devenu peu à peu une bataille d'états-majors. Oubliée, la fausse assurance du sénateur de la Vienne, qui faisait part de son « dévouement » en ces termes, le 25 juin : « Si je partais aujourd'hui, ce serait un symbole d'abandon, de désertion. » A la mi-septembre, l'heure n'est plus aux faux-semblants et le péril justifie qu'au nom de l'UDF François Bayrou et Philippe Douste-Blazy donnent de la voix. Pour le RPR, Nicolas Sarkozy esquive, Philippe Séguin fixe rendez-vous à ses partenaires de L'Alliance après le premier tour. Libéraux et centristes, qui craignent désormais de perdre leur fief du Palais du Luxembourg, ne peuvent plus se permettre de laisser René Monory gérer seul cette affaire de famille. Les menaces grondent sur L'Alliance, on promet des mesures de rétorsion contre le parti gaulliste et on va même jusqu'à agiter le chiffon rouge de l'échec de la liste commune aux élections européennes.
Rien n'y fait. René Monory, qui fut le véritable « patron » des centristes, qui se voulait plus jeune que les jeunes, qui recevait au Sénat Helmut Kohl et Bill Gates, est rattrapé par son âge. Le vieillissement est inscrit sur son visage, dans son élocution sa difficulté à prononcer l'éloge funèbre de Maurice Schumann a provoqué dans l'hémicycle un malaise durable , dans sa démarche. Lui qui se vante de n'avoir jamais perdu une élection n'a pas vu venir cet ennemi-là, principal allié, jamais nommé à visage découvert, de ses hypocrites adversaires.
Jean-Baptise de Montvalon
Article paru dans l'édition du 03.10.98
Décès de Monory: le Futuroscope rend hommage à son "illustre fondateur"
12 avril 2009 - Il y a 2 jours
POITIERS (AFP) — La direction du Futuroscope, parc de loisirs situé près de Poitiers et fondé par l'ancien président du Sénat René Monory, décédé samedi, a salué la disparition de l'homme ayant "eu l'idée géniale de +faire pousser le futur dans un champ+".
"C'est avec une profonde tristesse et particulière émotion que les personnels du parc du Futuroscope viennent d'apprendre la disparition de René Monory", "illustre fondateur" de ce parc à thèmes, déclare la direction, dans un communiqué.
Les salariés "garderont le souvenir d'un homme respectueux des autres, soucieux de l'intérêt général, très présent pendant toutes ces années où il était aux commandes du parc" (1997-2000) et "qui a eu l'idée géniale de +faire pousser le futur dans un champ+ comme il aimait à répéter", poursuit le communiqué.
"Tout René Monory se résume dans sa capacité de surprendre et de frapper fort. Bref, d'avoir toujours un temps d'avance", ajoute Dominique Hummel, actuel président du directoire du parc.
Un message devait être lu en soirée par la direction du parc devant le public avant un spectacle nocturne, "avec une demande d'applaudissements pour geste de reconnaissance pour l'oeuvre accomplie" par M. Monory, précise la direction.
Situé à Jaunay-Clan, près de Poitiers, le Futuroscope a accueilli plus de 35 millions de visiteurs depuis sa création en 1987.