Je n’ai pas regardé toute l’émission, mais il est clair que déjà face à des professionnels des médias, Sarkozy est à l’aise, alors, face à des personnes hésitantes, à l’élocution incertaine et à l’intimidation des sunlights certaines, Sarkozy a brillé de mille paillettes.
L’émission a l’avantage d’éprouver la spontanéité et l’esprit de répartie du candidat, même si sa crédibilité a été déstabilisée lorsqu’il avouait ne pas boire de vin devant une viticultrice médusée à qui il venait juste de faire sa tirade clientéliste : Il faudra faire une campagne en faveur du vin français.
En revanche, ce type d’émission ne pourra jamais clarifier la cohérence d’ensemble du projet d’un candidat. Or, c’est un peu ça que voudrait jauger l’électeur...
Jeudi 8 février 2007, nouvelle soirée politique dans l’émission d’Arlette Chabot sur France 2. Là, c’est Jean-Marie Le Pen l’invité principal.
La bête n’est pas morte. L’animal est là, avec toute ses dents, toute son agressivité et tout son dynamisme. Toute son habileté, après plus de cinquante ans de vie politique (rappelons que Le Pen a été élu député poujadiste en 1956).
À 78 ans, Le Pen est au sommet de son expérience. Cinquième candidature à l’élection présidentielle. Il est juste dépassé par Arlette Laguiller (Mitterrand et Chirac n’ont été candidats que quatre fois).
Et il a hélas excellemment assuré devant des interlocuteurs inexpérimentés mais surtout hésitants. Avec des chiffres trouvés d’on ne sait où, Monsieur Le Pen s’est plu à sans arrêt revenir à ses obsessions sur l’immigration, sur le chômage (disputant un représentant patronal du bâtiment en lui disant que les salaires étaient trop faibles) et sur la préférence nationale.
Numéro d’équilibriste à la question des PV, alors que janvier a connu 14% d’augmentation du nombre des tués sur la route. Monsieur Le Pen est d’accord pour faire une pause au pauvre automobiliste sous la contrainte, et met en doute l’efficacité (pourtant démontrée) des radars. Très démagogique, mais avec doigté, comme il sait faire.
Le Pen a toujours progressé au fil des élections. Il a obtenu toujours plus de suffrages que les sondages ne le prédisaient. Les électeurs sont de plus en plus déroutés face aux relents sécuritaires de Sarkozy et face aux tentatives populistes de Royal. Le Pen, ça pourrait bien devenir le candidat de la conservation... Se méfier de lui, il est encore là.
Plus pluraliste que TF1, France 2 a laissé quand même un peu de place aux petits candidats. Ensemble. Dominique Voyet, Olivier Besancenot et Nicolas Dupont-Aignan.
On ne le dit pas beaucoup, sans doute car elle compte pour du beurre, mais le discours de Dominique Voynet est encore plus creux que celui de Ségolène Royal. Incapable de répondre à une question, deux ou trois slogans toujours à la bouche à chercher à replacer. Le pire, c’est qu’on va me dire que je fais du sexisme. Ben non, j’adore les femmes, et je souhaite qu’elles obtiennent les plus hautes responsabilités, mais désolé, je combattrai autant les femmes creuses que les hommes creux.
Olivier Besancenot, voici un jeune homme bien sorti du casting d’Alain Krivine d’il y a cinq ans. Jeune, maniant avec aisance concept et discours. Il peut faire quelques dégâts face à des électeurs gauchistes oubliant le danger Le Pen. Il est tellement sympathique qu’on voudrait être d’accord avec lui. Pourtant, lui-même s’est qualifié (en plaisantant) d’horrible révolutionnaire. Il a évoqué de façon arrogante la dette de l’État : l’État possède un patrimoine qui vaudrait 70% de plus que le montant de sa dette. Et les exonérations d’impôts, faites pour les plus riches, les enrichiraient doublement, car à cause d’elles, l’État s’endetterait et négocierait des emprunts... avec les mêmes (les riches). C’est simplificateur et mal présenté, mais on voudrait avoir quelques répliques à ce genre d’arguments boiteux.
Enfin, Nicolas Dupont-Aignan, jeune député de l’Essonne, ancien de l’UMP qui a décidé de vivre sa vie en tentant d’être candidat à l’élection présidentielle (ses cinq cents signatures ne sont pas encore gagnées). Il a du tempérament, du courage, du dynamisme. Son langage est accessible, frais. Mais parmi certaines mesures qu’il prônait jeudi soir, il y a par exemple celle de rajouter une taxe douanière. Pas forcément un gage d’ouverture alors que la France y gagne à se mondialiser (en terme d’emplois et de chiffres d’affaires).
Mais j’ai apprécié sa réplique face à Arlette Chabot qui lui demandait de ne pas lui refaire le coup d’être présent au second tour, ce qui est, de sa part, un mépris de la décision des électeurs. Dupont-Aignan lui a répondu que c’est comme elle, avant petite journaliste inconnue et maintenant, directrice de l’information reconnue. Bref, pour Dupont-Aignan, un tour d’essai...
C’est clair que tout va se cristalliser au cours des deux prochaines semaines, lorsque Ségolène Royal aura enfin (?) un projet (elle est attendue à Villepinte dimanche 11 février) et lorsque Jacques Chirac confirmera (sans doute après le 19 février, date de la réunion en congrès du Parlement) qu’il ne sera pas candidat (même si le suspens continue d’être vaguement entretenu).
Et pendant ce temps, François Bayrou monte, monte...
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