« Je crois à l’Europe. Pas seulement par amour pour ce projet que je trouve le plus beau de l’Humanité. J’y crois aussi par raison. Aucune des grandes questions que nous avons devant nous dans la société française -ni l’immigration, ni la biodiversité, ni la protection du climat, ni la politique énergétique, ni la politique industrielle, ni la politique de recherche- aucune des grandes questions qui vont se profiler dans ce XXIe siècle ne peut se résoudre s’il n’y a pas une action concertée et volontaire des grands pays européens. Tout cela a été évidemment perdu de vue depuis que le référendum en France et aux Pays-Bas a mis à bas le projet de Constitution européenne. Mais cette nécessité s’impose et demeurera. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une stratégie européenne. La vérité oblige de dire qu’elle ne peut être portée que par un président européen. Un président de conviction européenne dirigeant la République française. A la fois historiquement et géographiquement, la France est au cœur du projet européen.
Cette reprise de l’idéal européen doit être transparente vis-à-vis des Français. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal évoquent l’idée que l’on pourrait sortir de cette crise en allant en catimini devant les deux Assemblées, dont le vote suffirait pour retrouver la légitimité du projet. Je suis opposé à cette idée. Ce que le peuple français a fait, seul le peuple français peut le changer. La décision, qui a été prise lors du référendum, ne peut être, éventuellement modifiée, sur des bases nouvelles, que par un nouveau référendum. C’est l’engagement que je prends devant les Français.
La Constitution européenne a entraîné un "non" de la part des citoyens pour trois grandes raisons. Elles s’expliquent toutes trois par l’Europe et pas seulement par des raisons de politique intérieure comme l’on a trop souvent voulu le dire. Le texte était premièrement illisible. Il s’y trouvait tellement de parties, tellement de chapitres en dehors du projet constitutionnel lui-même que les Français ont pensé qu’il recélait un piège. Deuxième raison, les Français ont crû qu’on allait leur imposer un modèle de société dont ils ne voulaient pas, fondé sur la finance et le commerce et pas sur les valeurs communes qui nous réunissent. Enfin, ils ont ressenti que la manière fort aventureuse et très risquée dont a été conduit l’élargissement et notamment la décision d’ouvrir des négociations avec la Turquie, allait mener vers la perte de leur identité.
Ces trois raisons doivent trouver une réponse. Je présenterai pendant la campagne électorale un texte court, simple, compréhensible, qui sera un texte de principes démocratiques, qui garantira aux citoyens que toutes les décisions prises par l’Europe le seront en pleine transparence, en faisant appel à leur participation. Ce qui doit rester le principe premier de tout projet constitutionnel. Ce texte devra être présenté à nos partenaires et soumis à référendum le même jour dans tous les pays européens. Une idée belle et juste pour sortir de la crise dans laquelle nous nous trouvons. »