"J'ai 17 ans en 1968. Donc De Gaulle est arrivé au pouvoir j'avais sept ans...pas encore sept ans. Vous voyez bien que pour moi c'était l'éternité.
Et puis le gaullisme finissant, on ne peut pas prétendre non plus que c'était l'idéal de l'idéal. Parce qu'il y avait beaucoup de gaullisme immobilier. Et puis de réseaux, le S.A.C., et puis le verrouillage de l'information. Et puis, il avait un hiatus dans l'affaire algérienne...Je reviens au pouvoir en disant : avec moi, c'est "je vous ai compris et vive l'Algérie française". Et puis au bout du compte c'était pas tout à fait ça... Il y avait donc une grande brûlure dans la société française sur cette déclaration initiale.
Tout cela nourrissait en effet une image - on va dire - "contrastée" comme disent les imbéciles du gaullisme.

Mais le gaullisme dans ce que c'est une résistance, dans ce que représente l'acceptation sereine d'une traversée du désert. Dieu sait que je ne me compare pas à... Mais je sais ce que c'est que d'accepter sereinement une traversée du désert.
Je sais très bien ce que c'est que de refuser d'entrer au Gouvernement. J'ai refusé plusieurs fois. Parce qu'on sait que là n'est pas le chemin. Et voir tous les autres autour de vous pris dans une agitation frénétique, et courir ou avoir envie de courir... De Gaulle l'avait pris au premier chef.
Alexandre Sanguinetti a écrit autrefois avant de mourir un livre qui s'appelait "j'ai mal à ma peau de gaulliste". Moi je suis bien dans ma peau de gaulliste, dans ce que j'ai de peau de gaulliste ou de gaullien, enfin, en tout cas, dans ce qu'il y avait de grand dans l'aventure du général de Gaulle.
Et si on veut réfléchir un tout petit peu plus loin. Il y a eu quelque chose de grand dans l'aventure du Général De Gaulle dont la France a éminemment besoin. Et ce qu'il y a eu de limité, de contingent ou de pas formidable, c'est parce que les institutions n'obligeaient pas De Gaulle à être au sommet de lui-même. Parce qu'il y avait trop de pouvoir et donc de l'abus de pouvoir."
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