
La loi, entrée en vigueur le 15 mars sous la houlette du tandem conservateur des frères Kaczynski, exige de quelque 700.000 personnes, y compris les professeurs d'Université, les journalistes et les hommes politiques, qu'ils rendent des comptes sur d'éventuelles collaborations passées.
Il y a quelque mois, le tout nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, avait brutalement démissionné suite à des révélations sur sa collaboration avec la police politique de l'époque communiste.
"C'est un fait grave qui est en train de se dérouler en Europe et c'est en Pologne que ça se passe", a dénoncé le président de l'UDF au cours de sa conférence de presse à Paris.
"Cela crée une sorte de ministère de la Vérité, et rend les citoyens sans défense quand ils sont confrontés à une campagne de dénigrement", a déclaré Bronislaw Geremek, 75 ans, devant les députés européens à Strasbourg.
Tous les groupes du Parlement européen, unanimes, ont défendu l'action et la position de l'historien. C'st un "scandale absolu que la Pologne agisse ainsi", a jugé Martin Schulz, président du groupe socialiste européen. La Commission européenne a de son côté fait savoir qu'elle serait "très attentive (...) au respect des droits fondamentaux".
"La Pologne a fait adopter une loi d'épuration", a déclaré François Bayrou à Paris. Cette loi "consiste à organiser ou à obliger tous les hauts fonctionnaires, les enseignants, tous les responsables politiques et syndicaux à faire une déclaration sur leur passé indiquant qu'ils n'avaient jamais collaboré avec l'ancien régime".
"Un certain nombre d'intellectuels ont décidé de résister à cette injonction", a-t-il poursuivi. L'ancien ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000, aujourd'hui député européen, proche de Lech Walesa à la grande époque de Solidarnosc, Bronislaw Geremek en fait partie.
"Mon ami Bronislaw Geremek s'est opposé à ces pratiques", a expliqué François Bayrou pour que "l'on n'entre pas dans ce cycle d'épuration perpétuelle. Il avait d'autant plus de mérite à le faire qu'il avait déjà, il y a plusieurs années (...) déposé une déclaration semblable".
"Cette fois-ci par un geste de résistance morale, il a refusé de déposer à nouveau une telle déclaration et l'Etat Polonais et en train de déchoir Bronislaw Geremek de son mandat de député européen", a dénoncé le député UDF.
Selon Milosz Wilkanowicz, expert juridique, le président de la Diète polonaise peut désormais révoquer de son mandat M. Geremek, un des responsables politiques polonais les plus respectés.
"Ceci est une honte sachant qui" est cet homme et "le rôle qu'il a joué à Solidarnosc", a ajouté François Bayrou. "Il n'est pas imaginable que les démocraties particulièrement la France et l'Union européenne dans son ensemble acceptent qu'une telle forfaiture soit perpétrée", a conclu François Bayrou.
Mercredi 25 avril 2007, 17h04