La séparation Hollande-Royal ébranle le Parti socialiste
PARIS (Reuters) - La séparation du couple Hollande-Royal a alimenté la chronique politique lundi au grand dam des dirigeants socialistes qui ont tenté de minimiser l'impact de cette annonce sur l'avenir du parti.
Après la divulgation de cette séparation dimanche au soir du second tour des élections législatives, le premier secrétaire et l'ancienne candidate présidentielle se sont expliqué par médias interposés et ont, chacun, posé leurs jalons.
La rupture n'aura "pas de conséquence politique", a assuré sur France Info François Hollande, avant de dérouler son calendrier idéal pour le PS jusqu'en 2012, qu'il soumettra au Conseil national, le parlement du parti, samedi à Paris.
Celui qui ne briguera pas un nouveau mandat prévoit que le congrès se tiendra en 2008, peut-être "au lendemain" des municipales prévues au printemps. Avant cela, "nous avons besoin de tout comprendre, de tout regarder, de tout réfléchir et je l'espère demain de proposer une nouvelle donne aux Français", a-t-il dit, répondant à ses détracteurs qui lui reprochent d'avoir enlisé le parti dans un consensus mou depuis dix ans.
Après un "résultat loin d'être mauvais" aux législatives, "là où on avait l'occasion d'une expression politique forte, notre parole a été rendue plus difficile" par la divulgation de la séparation au sommet, a déploré Benoît Hamon pour qui cette annonce a "brouillé les cartes".
Ségolène Royal a démenti avoir programmé la médiatisation de sa séparation en pleine soirée électorale. Elle a mis en avant des "raisons intimes" et publiques, notamment les "dégâts de la rumeur" sur les quatre enfants du couple, pour justifier une révélation qui lui permet de passer à une "nouvelle étape".
"Je souhaite continuer si je peux cet itinéraire politique et je le fais en femme libre assumant ses responsabilités et qui a clarifié sa situation personnelle", a-t-elle expliqué.
François "Hollande était utile pour bien figurer dans la course présidentielle, c'est tout", dit sous couvert de l'anonymat un dirigeant du PS, persuadé que le couple "joue la comédie depuis l'été dernier".
"DEVOIR D'INVENTAIRE"
Après avoir annoncé qu'elle présenterait une motion au prochain congrès du PS - les programmes électoraux sur lesquels doivent se prononcer les militants - Ségolène Royal ne cache plus son ambition de prendre la tête du parti, tout en respectant le timing fixé par son ex-compagnon. "Je crois que ne ferai rien contre lui", a-t-elle dit lundi.
Ses proches se sont chargés de repartir à la charge pour elle dès les résultats des législatives publiés, qui confortent la présence des "Ségolènistes" au sein du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
"Il faut que l'on choisisse le plus vite possible un leader, je pense qu'il faut le faire avant les municipales" de 2008, a déclaré dimanche Jean-Louis Bianco qui ne doute pas que "quand ce vote interviendra, ce sera Ségolène Royal qui sera choisie".
Pour Julien Dray, "il ne faudrait pas que ce résultat serve à nouveau d'alibi pour que rien ne bouge au PS ou que rien ne change" car le PS ne peut s'exonérer d'un "devoir d'inventaire".
Repousser les clarifications, "je connais la technique", "je l'ai déjà vécue en 2002", a ajouté sur Europe 1 le député de l'Essonne, dans une allusion à peine voilée à la gestion du PS par François Hollande post-21 avril.
Pour preuve de sa sérénité face à l'offensive des "Ségolénistes", le premier secrétaire se dit prêt, dans Le Monde, à soumettre son projet "le cas échéant" au vote des militants en plus du Conseil national.
Ce faisant, il montre "qu'il n'a peur de rien ni de personne au sein du PS alors que certains préféreraient qu'on se contente (de consulter le) collège militant", explique un de ses proches.
En novembre dernier, Ségolène Royal avait été élue par 60% des adhérents du PS alors que le Conseil national est un décalque des courants internes du parti issus du congrès du Mans - une instance dans laquelle elle n'est donc pas majoritaire.
La page électorale tournée, les courants internes reprennent vie cette semaine avec en ligne de mire la présidence du groupe PS à l'Assemblée - qui devrait être abordée au Bureau national mardi soir - et le Conseil national de samedi.
Laurent Fabius doit déjeuner avec ses troupes mardi ou mercredi. Dominique Strauss-Kahn réunit ses proches mardi soir et vendredi soir comme les membres du Nouveau Parti socialiste d'Henri Emmanuelli et Benoît Hamon.
Ségolène Royal voit plus loin et annonce la réunion d'une "grande réunion participative" mardi prochain à Paris intitulée "Faisons grandir nos Désirs d'avenir".
Lundi 18 juin 2007, 19h29
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