Sarkozy se fait pédagogue sur TF1 pour expliquer ses réformes
PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy s'est fait pédagogue mercredi soir sur TF1 pour expliquer aux Français les réformes qu'il s'est engagé à mener pour moderniser le système de santé, les universités ou la démocratie.
Le président de la République, déjà présent sur tous les fronts mercredi, a répondu pendant une cinquantaine de minutes aux deux journalistes vedettes de TF1 Patrick Poivre d'Arvor et Claire Chazal, en direct depuis son bureau de l'Elysée, sur fond de drapeaux français et européen.
Plus tôt, c'est pratiquement un discours de politique générale qu'il avait prononcé devant les parlementaires de la nouvelle majorité réunis à l'Elysée, martelant sans relâche: "Je prendrai mes responsabilités".
Il avait en particulier annoncé que la "TVA sociale" serait "expérimentée", et généralisée si ce projet critiqué par la gauche portait ses fruits.
"S'abstenir sur la TVA sociale et regarder passer le train des délocalisations serait non seulement une faute économique, mais une faute morale et une faute politique", avait-il lancé.
Pour sa première interview télévisée depuis sa prise de fonctions le 16 mai, il est apparu détendu, avec le souci d'être didactique et pragmatique. "Je ne suis pas un théoricien, je ne suis pas un idéologue, je ne suis pas un intellectuel, je suis quelqu'un de concret", a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy a aussi dressé le portrait du président qu'il voulait être, "un homme vivant, avec une famille, comme les autres", ajoutant: "je ne pense pas que les Français veuillent un président glacé et qui finit par être glaçant, immobile, comme un masque".
Il a une nouvelle fois attaqué la "pensée unique", s'insurgeant contre les sondages, prétextes à l'inaction. "J'ai été élu pour agir et trouver des solutions", a-t-il assuré. A ceux qui disent "on ne peut rien faire sur rien, eh bien moi j'ai été élu pour faire quelque chose sur tout".
Le président de la République a ainsi rappelé le projet sur le service minimum prévoyant que "toutes les entreprises de transport seront obligées d'avoir un plan de transport minimum les jours de grève".
Même chose pour l'autonomie des universités, en dépit des menaces de grève des syndicats étudiants. "Cette réforme, on va la conduire", a-t-il dit.
Le lendemain de la formation du gouvernement Fillon 2, il a affirmé que l'ouverture n'était pas "un coup" ni "un truc sans lendemain". "J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français, y compris de ceux qui n'ont pas voté pour moi", a-t-il insisté.
Il a indiqué qu'il allait prendre, au cours de l'été, des "initiatives assez fortes" pour "faire de la démocratie française une démocratie exemplaire". Il a ainsi confirmé qu'il entendait élaborer un statut de l'opposition, confier à l'opposition la présidence de la puissante commission des Finances et encadrer le pouvoir de nominations du président de la République.
Il s'est aussi dit "assez tenté" d'introduire "une dose de proportionnelle au Sénat ou à l'Assemblée pour assurer la diversité des courants politiques".
Dans le même esprit, il a défendu son invitation au leader du FN Jean-Marie Le Pen, dans le cadre de ses consultations avant le sommet européen, jeudi et vendredi à Bruxelles, expliquant que ce geste était non pas en direction de M. Le Pen mais de ses électeurs.
Sans surprise, le PCF a dénoncé un "exercice d'autosatisfaction" auquel s'est selon lui livré M. Sarkozy sur TF1, tandis que le PS jugeait qu'il avait dressé une liste de "cadeaux fiscaux" qui seraient payés par "tous les Français".
Par Michel Leclerq, le mercredi 20 juin 2007, 22h46
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