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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 13:51

Ségolène Royal donne son soutien pour le 2e tour de la primaire socialiste.

 

Elle a annoncé le 12 octobre 2011 qu'elle soutient François Hollande en vue du second tour qui aura lieu le 16 octobre 2011.

 

SR

 

 

 

 

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 19:36

(Verbatim)

 

Les quatre pages de la lettre d'Arnaud Montebourg du 11 octobre 2011 à Martine Aubry et François Hollande.

 

LettreMontebourg20111011p1

 

LettreMontebourg20111011p2

 

 LettreMontebourg20111011p3

 

LettreMontebourg20111011p4

 

(issue du site Libération)

 

 

 

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 07:09

Nombreux sont les commentateurs qui pensent que le PS n’est pas génétiquement adapté au culte de la personnalité providentielle qu’impose le principe de l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Et pourtant… Seconde partie.


yartiPSinstit43Dans la première partie, j’ai exposé que le PS, dans son passé, avait grandi avec un leader naturel, François Mitterrand mais que la défection des deux héritiers potentiels, Michel Rocard et Jacques Delors, a plongé le PS dans une incertitude de grande ampleur. Pourtant, un leadership, ça peut se reconstruire.


Jospin, nouveau leader du PS de 1995 à 2002

C’est là que j’affirme que le PS est capable de se doter de leadership incontestable. La bonne tenue du PS à l’élection présidentielle a rendu Lionel Jospin indispensable. Naturellement, Henri Emmanuelli s’est effacé le 14 octobre 1995 et a laissé à Lionel Jospin le poste de premier secrétaire du PS.

La dissolution improbable du 21 avril 1997 a ensuite hissé le 2 juin 1997 Lionel Jospin mécaniquement à Matignon (à sa grande surprise) ce qui a rendu inévitable sa nouvelle candidature en 2002. Il faut se rappeler que si en 1995, Laurent Fabius s’était effacé en raison de son implication judiciaire dans l’affaire du sang contaminé, ce n’était plus le cas en 2002 et il aurait pu également contester cette candidature, mais le leadership naturel de Lionel Jospin comme Premier Ministre de cohabitation le rendait incontournable.

En fait, le PS n’a plus de leader seulement depuis le 21 avril 2002, le jour où Lionel Jospin, aigri par sa défaite dès le premier tour, avait annoncé qu’il quittait définitivement le paysage politique : « Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, j’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique, après la fin de l’élection présidentielle. ».


Le PS sans leader confirmé depuis 2002 ?

François Hollande, premier secrétaire du PS, a essayé tant bien que mal à "manager" la campagne des socialistes aux élections législatives de juin 2002, s’imaginant même comme un possible futur nouveau Premier Ministre de cohabitation de Jacques Chirac. Sans succès.

Depuis 2002, le PS n’a jamais su se donner les moyens d’avoir une personnalité incontestable qui le tire vers une victoire présidentielle. Ni en 2007, ni, peut-être, en 2012.

Pourtant, il en avait les moyens.

Malgré les fortes divisions et les nombreuses chapelles, la primaire interne du 16 novembre 2006 avait désigné Ségolène Royal dès le premier tour avec une large majorité (60,7%) face à deux poids lourds du PS (Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn).

Malgré ses handicaps, malgré les contestations internes (le PS ne l’a pas beaucoup aidée), Ségolène Royal a mené une campagne présidentielle très entraînante, tout comme ses adversaires Nicolas Sarkozy et François Bayrou, et a réussi à réunir sur son nom neuf millions et demi d’électeurs au premier tour, c’est-à-dire 25,9%, soit plus que le candidat Jospin en 1995, et presque dix-sept millions d’électeurs au second tour (soit 46,9%).

Malgré la défaite, la performance de la candidature de Ségolène Royal n’était pas négligeable, nettement supérieur au lamentable résultat de 2002, et légèrement supérieur à celui de 1995.


Ségolène Royal, leader incontournable du PS depuis 2007

Un peu comme Lionel Jospin en 1995, Ségolène Royal a considéré cet échec comme un commencement : « Je mesure leur déception et leur peine. Mais je leur dis que quelque chose s’est levé, qui ne s’arrêtera pas. J’ai donné toutes mes forces et je continue avec vous, et près de vous. Ce que nous avons commencé ensemble, nous allons le continuer ensemble. Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C’est la conditions de nos victoires futures. Je sera au rendez-vous de ce travail indispensable et j’assumerai la responsabilité qui m’incombe désormais. Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l’idéal qui nous a rassemblés et nous rassemble, et qui va, j’en suis sûre, nous rassembler demain pour d’autres victoires. ».

L’expression « autres victoires » a fait évidemment sourire plus d’un observateur. Pourtant, sa position était typiquement …gaullienne, ou mitterrandienne.

yartiPSinstit01
(Dessin issu de "Monsieur le Ministre, tome 2" par Binet).


La logique institutionnelle aurait alors effectivement voulu que dès quelques semaines après l’élection présidentielle de 2007, soit en automne 2007 par exemple, François Hollande cédât son poste de premier secrétaire du PS et le léguât à Ségolène Royal avec le soutien de tous les autres éléphants pour lui permettre d’organiser le PS selon sa propre perception de la politique afin d’atteindre 2012 de façon bien plus préparée qu’en 2007.

Exactement comme en 1995 avec Lionel Jospin.

Or, cela ne s’est pas passé comme cela. François Hollande a tergiversé et attendu dix-huit mois avant de lâcher prise, et tous les éléphants se sont ligués (au congrès de Reims) contre Ségolène Royal en plaçant Martine Aubry dont l’ambition présidentielle était inversement proportionnelle à celle de ses soutiens.

Sans doute serait-il ici déplacé de parler de misogynie (argument souvent employé à tort par Ségolène Royal) dans la mesure où sa rivale, Martine Aubry, est également une femme (ce qui, il faut bien le dire, a été assez habile de la part de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius).

En comprenant bien la logique institutionnelle de l’élection présidentielle, comme son mentor François Mitterrand, Ségolène Royal s’est donné les moyens de gagner une primaire face à deux dilettantes, Dominique Strauss-Kahn, qui voudrait être "nommé" Président de la République mais qui n’aime pas faire campagne (on a vu dans la rivalité Balladur/Chirac l’importance très ponctuelle d’une campagne présidentielle), et Martine Aubry, aussi velléitaire que son père pour une mise en avant personnelle.

L’histoire donnera évidemment la suite avec sa logique et ses surprises, mais à mon sens, les éléphants auraient dû ouvrir les yeux et voir en Ségolène Royal celle qui serait la plus capable de placer le PS dans une perspective de victoire présidentielle, quitte à l’accompagner si intensément qu’ils resteraient maîtres, après un éventuel succès, d’un programme gouvernemental.


Entre l’expérience d’une candidature et la popularité dans les sondages

En résumé, la logique présidentielle de la Ve République a donné au PS deux leaders incontestables : François Mitterrand et Lionel Jospin. L’échec sévère de 2002 a plongé le PS dans une guerre des sous-chefs si basse qu’une quasi-inconnue, Ségolène Royal est sortie du lot en 2006 pour faire en 2007 la meilleure performance en nombre de suffrages que la gauche a pu faire depuis le début de la République.

Malgré ses réels inconvénients et malgré des sondages désastreux, sa candidature resterait aujourd’hui probablement la plus valable face à tous les autres prétendants car elle est celle qui le veut le plus (elle ne cesse de parler de désir d’avenir), qui en veut le plus, et pour 2012, qui a, au moins, l’expérience d’une campagne présidentielle qui est toujours une très rude épreuve personnelle (et n’est donc pas accessible psychologiquement à tous).

Notons que ni Michel Rocard après son ralliement au PS en 1974, ni Laurent Fabius, ni Simone Veil, ni Jacques Delors, ni Edgar Faure, ni Pierre Mendès France, ni Jean-Jacques Servan-Schreiber, ni François Léotard, ni Philippe Séguin, ni Charles Pasqua ni même Pierre Mauroy n’ont été candidats à l’élection présidentielle alors qu’ils en avaient les moyens politiques et financiers. Ni même Jean-Louis Borloo qui a abandonné très récemment.

Dans quelques heures, le corps électoral dans sa globalité aura la possibilité d’arbitrer entre les six candidats de la primaire ouverte du PS. Première historique, évidemment, mais est-ce vraiment le rôle des électeurs de régler les problèmes chroniques de leadership internes d’un parti ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (7 octobre 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Lassitude des coureurs de fond.
La primaire et l’esprit des institutions.
Le parti théorique.
Le congrès de Reims.
Le congrès de Metz.

 

yartiPSinstit03 

 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-parti-socialiste-et-la-logique-102004

 

 

 

 

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 07:42

Nombreux sont les commentateurs qui pensent que le PS n’est pas génétiquement adapté au culte de la personnalité providentielle qu’impose le principe de l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Et pourtant… Première partie.


yartiPSinstit41La gauche a souvent été victime de ses divisions. La droite et le centre également. Si bien que les élections se déroulent depuis longtemps avec des choix par défaut.

Le troisième échec des socialistes depuis la fin des septennats de François Mitterrand, le 6 mai 2007, avait beaucoup encouragé les analystes politiques à affirmer que le PS n’était pas dans la culture de l’homme (ou la femme) providentiel(le) et qu’il était un parti trop collectif pour se permettre d’affirmer un leadership personnel.

Avoir dans ses rangs un leader charismatique est une nécessité dans un pays où l'élection présidentielle régule tout le paysage politique.

La précampagne présidentielle qui s’est ouverte depuis le début de l’été 2011 pourrait montrer que, décidément, les socialistes seraient structurellement incapables de s’organiser autour d’une personnalité forte et incontestable.


Un calendrier politique en porte-à-faux avec les institutions

Le calendrier du PS imposé par Martine Aubry pour l’élection présidentielle de 2012 est d’ailleurs le même que celui imposé par son prédécesseur François Hollande pour 2007 : construire un programme présidentiel avant de désigner, tardivement, un candidat qui, de toute façon, ne serait pas incontesté.

Or, la logique de la Ve République qui voulait, initialement, remiser les partis politiques en lisière de l’élection présidentielle, et donc, qui ne pourrait se satisfaire du principe qu’un parti impose un programme à son candidat puisque l’élection présidentielle est un dialogue entre une personne et le peuple français, va à l’encontre de ce type de calendrier.

D’ailleurs, Ségolène Royal l’a confirmé après 2007 : sa candidature avait été enfermée dans des positions politiques qui n’étaient pas les siennes et dont elle n’était elle-même pas convaincue (comme le SMIC à mille cinq cents euros).

yartiPSinstit01
(Dessin issu de "Monsieur le Ministre, tome 2" par Binet).


La logique aurait voulu au contraire que le PS se choisît le plus rapidement possible son candidat et que ce dernier, éventuellement accompagné du PS, élaborât son propre programme présidentiel, avec sa personnalité propre, ses priorités, ses analyses, ses missions, sa vision.

Les commentateurs se disent alors, impuissants observateurs, qu’à part l’exception notable de François Mitterrand, les socialistes n’ont jamais réussi à avoir un leader incontestable depuis une cinquantaine d’années.

À cela, je dirais oui et non.


R
apide historique de l'aventure mitterrandienne

Même le leadership de François Mitterrand était contesté au sein du PS avant 1981. Au fameux congrès d’Épinay du 11 au 13 juin 1971, il a pu "s’emparer" du Parti socialiste (dirigé alors par Alain Savary) grâce  au soutien intérieur (François Mitterrand venait de l’extérieur du PS) de Pierre Mauroy, le dauphin désigné de Guy Mollet.

Ensuite, François Mitterrand a dû batailler pour verrouiller en interne son parti et également pour imposer son idée d’union de la gauche qui devait être le seul vecteur d’une victoire électorale (il a eu raison sur ce point). Notamment, le congrès de Metz des 6 au 8 avril 1979 a été très difficile pour lui à la suite de la défaite électorale de mars 1978 pour contenir les ambitions présidentielles de Michel Rocard, allié à Pierre Mauroy, grâce au soutien de Laurent Fabius et à celui, plus capricieux, de Jean-Pierre Chevènement.

Même à l’Élysée, François Mitterrand ne maîtrisait pas beaucoup le Parti socialiste. Pour la campagne des élections législatives du 16 mars 1986, il n’a pas pu empêcher de s’affirmer la rivalité suicidaire entre ses deux héritiers directs, Laurent Fabius, alors jeune Premier Ministre depuis le 17 juillet 1986, et Lionel Jospin, premier secrétaire du PS depuis le 24 janvier 1981.

Et sa perte de contrôle sur le PS fut totale en mai 1988 après sa réélection, puis lors du congrès de Rennes des 15 au 18 mars 1990, quand son protégé Laurent Fabius fut battu par Pierre Mauroy (soutenu par Lionel Jospin et Michel Rocard) à la tête du parti.

Donc, d’une certaine manière, on pourrait dire que le PS n’a jamais eu de leader incontesté depuis sa naissance le 4 mai 1969.

Mais d’une autre manière, on pourrait dire qu’au contraire, jusqu’en 2007, le PS n’a jamais eu de problème de leadership. L’élément majeur est la désignation et le soutien d’un candidat (unique) à l’élection présidentielle.


Des candidatures de Mitterrand naturelles

En 1974 et en 1981, la candidature de François Mitterrand avait été incontestée. Même Michel Rocard, qui avait annoncé le 19 octobre 1980 sa candidature (à l’époque il avait à peu près l’âge d’Arnaud Montebourg ou de Manuel Valls), s’était immédiatement effacé lorsque François Mitterrand était sorti du bois le 8 novembre 1980.

Évidemment, le statut de Président de la République sortant rendait sa candidature également évidente (ou prioritaire) en 1988, malgré, là aussi, une déclaration de candidature de Michel Rocard avant la décision hésitante de François Mitterrand annoncée le 22 mars 1988.


La défaite annoncée de 1995

En 1994, les sondages laissaient à Jacques Delors un boulevard, un peu à la manière de Dominique Strauss-Kahn avant mai 2011. Pourtant, les socialistes avaient subi une défaite monumentale aux élections législatives de mars 1993 (jusqu’à entraîner Pierre Bérégovoy au suicide le 1er mai 1993). Leur véritable "chance" était la terrible division du RPR qui, lui, avait un lourd problème de leadership entre balladuriens et chiraquiens.

Le renoncement de Jacques Delors le 11 décembre 1994 a rendu les socialistes quasiment orphelins. La candidature de Michel Rocard n’était politiquement plus envisageable après son échec des élections européennes du 12 juin 1994 qui avait mis sa liste quasiment au même niveau que celle conduite par Bernard Tapie, respectivement à 14,5% et à 12,0%.

Une primaire interne au PS s’était donc organisée, initialement entre trois candidats : Lionel Jospin (qui a annoncé sa candidature le 4 janvier 1995), qui avait eu des tentations de quitter définitivement la politique après son échec personnel dans sa circonscription en 1993, Henri Emmanuelli (un ancien jospiniste et premier secrétaire de l’époque) et Jack Lang (chouchou des sondages).

Après la défection de Jack Lang, la désignation de Lionel Jospin s’était imposée naturellement le 5 février 1995 au sein des fédérations socialistes dans la mesure où sa stature politique était bien plus importante que celle de son rival interne.

L’enjeu de l’élection présidentielle de 1995 chez les socialistes était cependant très faible puisque personne n’imaginait une victoire, et le débat public se faisait plutôt autour d’un duel entre Édouard Balladur et Jacques Chirac. À l’époque, certains socialistes avaient même envisagé de proposer une candidature "morale" et pas politique, histoire de témoigner pour l’honneur, en investissant une personnalité comme Robert Badinter ou Pierre Joxe.

Finalement, le premier tour de l’élection présidentielle de 1995 fut surprenant dans la mesure où Lionel Jospin est arrivé premier avec 23,3%, dépassant les deux duettistes de la campagne de plusieurs pourcents. Son combat pour le second tour fut cependant perdu d’avance (autant dans les sondages que dans sa propre psychologie), mais son score de 47,4% était finalement assez honorable après la défaite cuisante de 1993 : le PS avait réussi à faire bonne figure grâce à Lionel Jospin.

Ce dernier a ainsi déclaré au soir de sa défaite du 7 mai 1995 : « Dans ce grand moment de confrontation démocratique qu’est une campagne présidentielle, j’ai senti se créer autour de ma candidature et de mes propositions un profond mouvement de renouveau. Il n’a pas permis aujourd’hui la victoire, mais il ne s’arrêtera pas car il est porteur d’espérance. J’invite toutes celles et tous ceux qui croient aux valeurs de justice et de progrès à se rassembler pour prolonger cette espérance et préparer les succès de demain. ».


Dans la seconde partie, j’évoquerai un processus très particulier qui est la cristallisation d’un nouveau leadership au parti socialiste.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (7 octobre 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Lassitude des coureurs de fond.
La primaire et l’esprit des institutions.
Le parti théorique.
Le congrès de Reims.
Le congrès de Metz.




yartiPSinstit44
 

 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-parti-socialiste-et-la-logique-102003

 

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 07:19

Il n’avait pas grand chose à dire mais il avait besoin de s’expliquer franchement auprès des Français, notamment de ceux qui lui avaient fait confiance pendant de nombreux mois. Retour sur une interview somme toute courageuse et lucide.



yartiDSK2011091801Introduit par Claire Chazal dès vingt heures, Dominique Strauss-Kahn est apparu le dos droit, sans sourire, comme une statue du commandeur désaffectée. Il a fallu attendre la neuvième minute du journal télévisée de TF1 de ce dimanche 18 septembre 2011 pour entendre les vingt-quatre minutes d’interview de l’ancien directeur général du FMI qui est revenu sur ces quatre derniers mois d’une vie bien secouée.

Exit le sourire presque triomphateur de son retour à Paris, exit les nouilles aux truffes hors de prix, et place à la gravité, une gravité qui inspirait la sincérité au contraire de celle, feinte, de François Hollande.

Car c’est un homme blessé qui parade ce dimanche soir devant les Français. Et il a montré beaucoup de lucidité, et finalement, beaucoup de courage à exprimer par des mots simples son état d’esprit et sa réflexion intérieure.

Certes, dès les premières réponses, on peut être complètement étonné, voire agacé, de passer autant de temps sur une affaire de mœurs finalement bien misérable, et heureusement malgré tout que DSK a pris un peu de temps à parler de la crise des dettes souveraines et des carences des gouvernements des pays européens, mais toute l’émission restait bien sûr centrée sur sa personne.

Ni délictueuse contrainte, ni violente ni tarifée, sa relation avec la femme de chambre de la suite 2806, sans vraiment affirmer qu’elle fût consentie (le mot n’a pas été prononcé), mais Dominique Strauss-Kahn a reconnu clairement qu’elle fut inappropriée et surtout une faute, pour ses proches (Anne Sinclair avant tout) et pour les Français, une faute dont il n’est pas fier.

Pas d’excuse, certes, mais une reconnaissance d’une faute grave qu’il a mise sur le compte d’une légèreté qu’il voudrait définitivement révolue : « Cette légèreté, je l’ai perdue pour toujours. ».

Cela explique ainsi qu’il n’a souri qu’une seule fois pendant toute l’interview, un sourire d’ailleurs quasi-mitterrandien (voir photo). Comme fut mitterrandienne sa réponse, à la question sur ses intentions de candidature avant le 14 mai 2011 : « Oui, je voulais être candidat ! ». Un "oui" aussi clair et direct que celui de François Mitterrand qui annonça à Henri Sannier dans le journal télévisé d’Antenne 2 du 22 mars 1988 sa décision de se représenter à l’élection présidentielle d’avril et mai 1988.

Une candidature à laquelle il a dû renoncer à la suite de la secousse politico-judiciaire du 14 mai 2011 en avouant très lucidement : « J’ai manqué mon rendez-vous avec les Français. » même si j’aurais tendance à dire que Dominique Strauss-Kahn avait manqué son rendez-vous avec les Français dès le lendemain de l’élection présidentielle de 2002. En s’exprimant publiquement ce dimanche soir, il a également conforté l’esprit de la Ve République qui veut que l’élection présidentielle soit une rencontre entre une personne et le peuple, même quand la rencontre est ratée !

Reconnaître une faute grave, c’est très rare en France dans la vie politique. Beaucoup de personnalités ont au contraire soutenu le contraire du bon sens pour avoir l’air de ne pas perdre la face. Et il a honnêtement affirmé que cette faute, « je crois que je n’ai pas fini de la regretter ».

Cela n’empêche pas que DSK a été très combatif, au risque de choquer toutes les femmes victimes de violences sexuelles, en ne donnant jamais sa version personnelle des faits mais, par sophisme, en relisant à plusieurs reprises le fameux rapport du procureur Vance chargé de l’accusation. Habile communication de se réfugier derrière un rapport qui le blanchit de toutes les accusations initiales.

Il est même allé plus loin puisque s’il a exclu, pour le moment, l’hypothèse d’un complot, il est convaincu que cette affaire fut un « piège » et que la direction de l’hôtel aurait aidé l’avocat de son accusatrice. Une impression qui laisserait entendre que la direction d’Accor, le groupe propriétaire du Sofitel, serait impliquée dans sa mésaventure new-yorkaise...

Sur l’affaire Tristane Banon, il n’a pas non plus mâché ses mots ; il a rejeté en bloc une « version imaginaire » et a confirmé qu’il avait déposé une plainte pour diffamation. Il est vrai que lorsqu’il s’en est expliqué auprès de la police il y a quelques jours, il avait affirmé qu’il avait cherché à embrasser la jeune romancière. Encore une légèreté qu’il regrettera peut-être dans quelques temps.

La situation a bien changé. Maître des sondages, DSK est aujourd’hui derrière Marine Le Pen en popularité. Réaliste de sa situation actuelle, il a renoncé à toute activité politique dans l’immédiat, refusant de s’immiscer dans la primaire socialiste et veut d’abord… se reposer !

L’immense gâchis ne peut être que ressenti lorsqu’on voit à quel point les problèmes financiers et monétaires vont être l’enjeu principal de la prochaine élection présidentielle.

Car, si Dominique Strauss-Kahn a montré bien des légèretés sur ses relations avec les femmes, et plus généralement, ses relations parfois arrogantes avec certaines personnes, il n’a jamais perdu ses solides compétences en matière économique et financière qui l’ont amené à devenir l’un des rares hommes d’État capables d’assumer pleinement un destin national en temps de crise mondiale.

Sa prestation télévisée n’a donc eu d’autre but que de vider l’abcès d’incompréhension qui a enflé depuis plusieurs mois et de remettre ses "compteurs politiques" à zéro. Probablement pas pour un ministère après 2012, mais peut-être une nouvelle responsabilité internationale. Mais quel responsable politique osera sérieusement lui proposer une nouvelle mission, avec tout ce fâcheux précédent ? La mémoire réussira-t-elle à s’effacer ? J’en doute…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (19 septembre 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le premier débat de la primaire socialiste.
DSK, un immense gâchis.
Où vont les strauss-kahniens ?
Les rendez-vous manqués de DSK.

Vidéo de l'interview de DSK du 18 septembre 2011.


yartiDSK2011091802

 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/dsk-le-retour-j-ai-manque-mon-100957

 

 



 

 

 

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 21:00

(Vidéo)

 

 

 

 

 

 

 

 

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 20:20

Quelques heures avant le début du premier débat télévisé de la primaire des socialistes (sur France 2 à 20h30), l'un des symboles de la France mitterrandienne meurt.

Né le 7 juillet 1929, Georges Fillioud fut journaliste de la radio Europe 1 pendant dix ans avant de s'engager en politique aux côtés de François Mitterrand dans la Convention des institutions républicaines au milieu des années 1960. Il fut élu député FGDS de la Drôme en 1967 puis régulièrement réélu député PS en 1973, en 1978, et en 1981. Maire de Romans-sur-Isère de 1977 à 1983, il fut Ministre de la Communication du 22 mai 1981 au 12 mars 1986 (avec la rétrogradation de "Secrétaire d'Etat" le 24 mars 1983. Il fut à l'origine des lois sur les radios libres et la Haute autorité de l'audiovisuel. Je conseille de relire les Cahiers secrets de Michèle Cotta sur la période 1981-1986 (2e tome) dont l'observation fut très instructive.

Georges Fillioud fut nommé Conseiller d'Etat, président de l'Institution national de l'audiovisuel (INA) de 1990 à 1994, membre du conseil de surveillance de la chaîne de télévision "La Sept", membre du conseil d'administration de l'AFP de 1993 à 1996 et président de l'assemblée générale d'Arte de 1999 à 2002. Depuis le 14 septembre 1996, il était l'époux de l'actrice Danièle Evenou qui, selon Wikipédia, a eu des relations amoureuses avec Jacques Brel et avec le présentateur Jacques Martin.

SR

 

 

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 07:08

République laïque et Europe fédérale, tel est le double credo du candidat radical de gauche à la primaire socialiste d’octobre 2011.


yartiBaylet01Il est l’intrus des candidats à la primaire socialiste : Jean-Michel Baylet (prononcer comme pour Bayrou, [baille-let]) n’est pas socialiste mais veut être le candidat des socialistes à l’élection présidentielle. Président du Parti radical de gauche (PRG), à 64 ans, il est le concurrent le plus âgé mais aussi le moins connu de cette compétition.

« Par cette candidature, j’entends défendre le principe de justice qui est au cœur de la pensée radicale, notamment par l’exigence d’une authentique laïcité républicaine, la lutte audacieuse pour l’égalité sociale et fiscale, la marche déterminée vers l’horizon fédéral européen, la moralisation, spécialement monétaire, de l’économie globalisée, la sauvegarde des équilibres naturels de notre pays, de notre continent et de notre planète, le combat incessant pour l’égalité hommes femmes et contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme. ». Plus d’un mois après sa déclaration de candidature, son message officiel a été visionné seulement par moins de six cents internautes !


La dernière candidature

Après Arnaud Montebourg (48 ans) le 20 novembre 2010, après Ségolène Royal (58 ans) le 29 novembre 2010, après François Hollande (57 ans) le 31 mars 2011, après Manuel Valls (49 ans) le 7 juin 2011 et après Martine Aubry (61 ans) le 28 juin 2011, Jean-Michel Baylet a été le dernier à déclarer sa candidature à la primaire le 6 juillet 2011 [âges au moment de la primaire les 9 et 16 octobre 2011], avalisée par le comité directeur du PRG, sans qu’il n’ait eu besoin de recueillir les parrainages demandés pour les membres du PS (l’ancien ministre rocardien Christian Pierret, 65 ans, député-maire de Saint-Dié, n’a pas réussi, ainsi, à faire valider sa candidature).

Une candidature qui fut le résultat de bien des hésitations : alors que le 1er septembre 2010, Jean-Michel Baylet envisageait très sérieusement la candidature de Bernard Tapie à l’élection présidentielle de 2012 sous les couleurs radicales de gauche, il voulait quelques semaines après participer à la primaire du PS puis, en décembre 2010, s’était retiré, enfin en juin 2011, revenait en arrière dans l’intention d’impliquer finalement le PRG à la primaire.

Pour le PS, sa candidature semble déranger. Jean-Michel Baylet a critiqué le 16 juillet 2011 le fait que le PS préparait la primaire avec les autres candidats mais sans aucune concertation avec lui : « Quand mes amis sont allés déposer ma candidature, nous avons bien senti que nous étions des empêcheurs de tourner en rond dans une organisation huilée pour des courants socialistes. ».

Pourtant, ce serait plutôt une "divine surprise" pour le PS car grâce à Jean-Michel Baylet, la primaire s’ouvre vers une démarche qui n’est pas seulement socialo-socialiste mais avec une assise plus large : « Le PS devrait être enchanté de tout cela. ».


Baylet en campagne

La première difficulté de Jean-Michel Baylet reste encore de faire accepter sa candidature auprès des instances socialistes. Très énervé par les déclarations d’Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du PS, sur la tenue de débats contradictoires entre les cinq seuls candidats socialistes à La Rochelle entre le 26 et le 28 août 2011, Jean-Michel Baylet a menacé le 26 juillet 2011 : « Si les socialistes continuent à ne tenir aucun compte de leurs engagements et à considérer que cette primaire leur appartient pour en faire un simulacre de démocratie, les radicaux en tireront vite toutes les conséquences. ».

yartiBaylet04Dès sa première journée de campagne, à Iffendic, près de Rennes (dans une terre pourtant très catholique) le 5 août 2011, les supputations restaient nombreuses : Jean-Michel Baylet serait candidat uniquement pour mieux négocier son accord avec le PS pour les législatives de juin 2012. Son objectif serait de faire élire au moins quinze députés PRG, de quoi créer son propre groupe parlementaire (dans l’état des négociations, il n’en serait qu’à onze, en faisant fi de la volonté des électeurs dont le choix serait préconçu).

L’accord avec le PS pour les sénatoriales du 25 septembre 2011 a été validé par le bureau national du PS le 5 juillet 2011. Quant à la participation de ministres PRG dans un éventuel gouvernement socialiste, Jean-Michel Baylet n’est pas très inquiet car son parti a toujours été associé à la gouvernance à gauche.

François Mitterrand avait même pris l’habitude de nommer le président en titre de ce parti au gouvernement : Michel Crépeau, Roger-Gérard Schwartzenberg et… Jean-Michel Baylet.


PRG ?

Rappelons ce que représentent historiquement les radicaux de gauche. Ils ont formé la partie qui s’est séparée du séculaire "Parti radical et radical socialiste" de Clemenceau et de Mendès France en 1972, lors de l’Union de la gauche.

La majorité des radicaux de l’époque avait refusé une alliance avec le Parti communiste français et s’était engagée derrière Jean-Jacques Servan-Schreiber dans une alliance avec le Centre démocrate de Jean Lecanuet au sein du Mouvement réformateur, dernière tentative du regroupement des centres avant l’UDF.

La minorité se constitua quelques mois plus tard en Mouvement des radicaux de gauche (MRG) sous la houlette de Robert Fabre et de Maurice Faure qui négocièrent le programme commun de la gauche avec François Mitterrand et Georges Marchais. Ce mouvement a changé plusieurs fois d’appellation jusqu’au Parti radical de gauche (PRG) en 1998.

En quarante ans, il n’y a eu que deux candidats radicaux de gauche à l’élection présidentielle. En 1981, le député-maire de La Rochelle Michel Crépeau (ancien mentor de l’écologiste Jean-Vincent Placé, nouveau patron des transports franciliens et probable futur sénateur de l’Essonne en septembre) et en 2002, la députée de Guyane Christiane Taubira qui ont totalisé chacun un peu plus de 2% des voix (certains considèrent que la candidature de Christiane Taubira a été l’un des facteurs de l’échec dès le premier tour de Lionel Jospin).

Le MRG s’était également désolidarisé du PS aux élections européennes du 17 juin 1984 en nouant une alliance avec les certains écologistes et en présentant la liste ERE menée par Olivier Stirn, Brice Lalonde et François Doubin (initiative qui avait échoué avec seulement 3,3% légèrement dépassée par la liste officielle des Verts menée par Didier Anger qui avait obtenu 3,4% ; à elles deux réunies, ces listes auraient pu atteindre le seuil de 5% pour avoir des élus).

En pratique, le PRG a toujours été un allié fidèle au PS et n’a pas souvent combattu électoralement sous ses propres ailes en raison de sa faible audience, à l’exception du 12 juin 1994 où la liste dirigée par Bernard Tapie aux élections européennes avait fait quasiment jeu égal (12,0%) avec la liste PS menée par Michel Rocard (14,5%), performance qui n’avait pas pu se renouveler à cause des affaires judiciaires impliquant Bernard Tapie.

Selon certains, ces deux listes soutenues par le MRG (ERE en 1984 et Tapie en 1994) auraient été téléguidées par l’Élysée pour réduire l’influence respectivement des écologistes et de Michel Rocard.

Aujourd’hui, le PRG compte onze députés et onze sénateurs. C’est un petit moins que son parti frère, le Parti radical valoisien, présidé par Jean-Louis Borloo, qui a dix-neuf députés, six sénateurs et trois députés européens.

Depuis plusieurs années, comme un serpent de mer, le thème de la réunification des radicaux est régulièrement abordé avec toujours cette ligne de césure entre, d’une part, ceux qui font partie de la majorité présidentielle et qui ont rejoint l’UMP en 2002 et, d’autre part, ceux qui restent fidèles à l’union de la gauche dans des accords de désistement mutuel avec notamment des candidats communistes. Au "milieu", le MoDem campe dans un refus d’alliance à droite ou à gauche, séparant en deux le courant radical.


Trajectoire du candidat

Jean-Michel Baylet a de nombreuses casquettes depuis le début de sa (longue) carrière politique, ce qui en fait une personnalité politique très habituée des lieux du pouvoir, locaux ou nationaux.

Journaliste par tradition familiale, fils de Jean Baylet, directeur de la "Dépêche du Midi" dont il devient PDG à partir de 1995 (à sa direction générale dès 1975), Jean-Michel Baylet est avant tout un entrepreneur qui connaît les contraintes économiques mais aussi qui se place à la tête d’une véritable fortune (estimée à 50 millions d’euros par le magazine "Challenges", parmi les mille familles les plus riches de France).

Il a été élu maire de Valence-d’Agen en mars 1977 (à 30 ans) succédant à sa mère Évelyne Baylet qui avait elle-même succédé à son mari Jean à la mort de celui-ci en 1959, puis député en mars 1978 (à 31 ans), réélu en juin 1981, et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne à partir de mars 1985 (à 38 ans), succédant également à sa mère élue à ce poste en 1970.

En 1983, il succéda à Michel Crépeau à la tête du MRG, ce qui le fit naturellement entrer à 37 ans au gouvernement de Laurent Fabius du 24 juillet 1984 au 20 mars 1986 comme Secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Il fut nommé à nouveau au gouvernement pendant toute la législature socialiste du second septennat de François Mitterrand, d’abord Secrétaire d’État chargé des Collectivités locales du 28 juin 1988 au 17 juillet 1990 puis Ministre délégué au Tourisme du 17 juillet 1990 au 28 mars 1993.

Entre temps, il se fit élire sénateur en septembre 1986, député en juin 1988, réélu sénateur en septembre 1995, septembre 2004 et est candidat à sa succession le 25 septembre 2011.

Après avoir quitté la présidence du MRG en 1985, il l’a retrouvée en 1995 jusqu’à aujourd’hui, totalisant pour l’instant dix-huit années de direction du parti.

N’hésitant pas à cumuler, Jean-Michel Baylet est donc une personne très influente dans la région de Toulouse, à tel point que Dominique Baudis lui a reproché d’avoir véhiculé des rumeurs à son encontre à propos de l’affaire Alègre. Le patron de la "Dépêche du Midi" a également eu une condamnation judiciaire en 2003 pour abus de bien sociaux pour avoir confondu ses dépenses personnelles avec les comptes de son groupe.

En quelques sortes, en bon "rad soc cassoulet" de Midi-Pyrénées, héritier familial, Jean-Michel Baylet fait encore de la politique à l’ancienne, gardant tous les mandats qu’il peut : mandats électoraux (siège de sénateur, présidence de conseil général, mairie de petite ville) et mandats politiques et professionnels (présidence de parti, , ministère, présidence de groupe de presse).


Programme de Jean-Michel Baylet

Si le programme du candidat Baylet n’est pas encore rigoureusement finalisé (cela devrait être le cas à la fin du mois), ses idées sont déjà bien connues.

Tout son projet s’articule autour de deux points majeurs : renforcer la République laïque, c’est-à-dire, en bon successeur d’Émile Combes, réaffirmer avec force les valeurs républicaines de laïcité et de neutralité de l’État dans la gestion des religions ; construire l’Europe fédérale afin de définir une politique économique commune.

Comme Daniel Cohn-Bendit en juin 2009, comme Bernard Tapie en juin 1994, Jean-Michel Baylet est l’une des rares personnalités yartiBaylet06politiques françaises à prôner ouvertement une Europe fédérale, au contraire d’un François Bayrou ou d’une Martine Aubry, eux aussi favorables à une telle évolution européenne mais plus prudents dans leurs prises de position en raison d’un électorat parfois réticent.

À propos de la crise financière depuis 2008, Jean-Michel Baylet expliquait clairement, en septembre 2009, son approche économique : « Las, au-delà des déclarations d’intentions et des "réformes d’affichage", on constate que le renversement de paradigme n’a pas eu lieu, faute d’une réelle gouvernance économique mondiale. La crise, si elle a ébranlé l’édifice capitaliste, nous a confortés dans notre conception d’une économie libérale mais fermement régulée. Pour les radicaux, l’économie doit être au service de l’Homme. Ni tout État, ni tout marché, nous devons rechercher une synthèse entre l’individu et le collectif. » en ajoutant : « Humaniste, solidaire, laïque, garante des libertés, juste, voilà la République telle que nous ambitionnons de la construire. C’est au confluent de ses valeurs que naît le radicalisme. ».

En outre, le 16 juillet 2011, Jean-Michel Baylet a prévenu Nicolas Sarkozy que ses parlementaires ne voteraient pas la règle d’or budgétaire : « L’encadrement des déficits dans la Constitution est une fausse solution, comme le montre par ailleurs la crise du plafond de la dette aux États-Unis. » tout en confirmant que « la lutte contre les déficits est une priorité sociale » et qu’il est « favorable à un retour, dès 2013, à un déficit public de 3% du PIB » (comme le gouvernement actuel s’y est engagé !).

Jean-Michel Baylet l’a redit le 5 août 2011 : « La crise économique et financière que nous traversons est liée à l’incapacité des pays européens d’avoir une politique budgétaire commune et d’avoir une vision commune quant au rôle de la Banque centrale européenne. (…) Il faut un gouvernement économique européen pour ajuster les politiques budgétaires des États. (…) L’Europe fédérale est la seule réponse qui puisse s’inscrire dans la durée et traiter au fond les difficultés que l’on connaît aujourd’hui. ».

yartiBaylet05Critiquant le projet socialiste, Jean-Michel Baylet a par ailleurs affirmé le 16 juillet 2011 : « Par principe, je ne suis pas favorable à une généralisation des emplois aidés, qui sont des emplois à court terme. Ce qu’il faut, ce sont des emplois durables. Pour cela, la priorité est de faire redémarrer l’économie. ». Il est également opposé à la proposition de Bertrand Delanoë de créer un impôt exceptionnel sur les hauts revenus : « Je me méfie des impôts "exceptionnels", qui ont en fait la fâcheuse tendance à devenir pérennes. ».

Éléments moins importants qui dressent une plaisante devanture pour montrer l'esprit progressiste des radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet est favorable aux mariages homosexuels et à l’euthanasie, ce qui, à mon sens, n’est en rien une preuve de modernité mais plutôt un surf sur une vague sociétale à la mode dans les "milieux branchés".


Audace et bon sens

N’ayant que deux mots à l’esprit, audace et bon sens, malgré ses 1 à 2% d’intentions de vote dans les sondages, Jean-Michel Baylet a pour ambition de gagner cette primaire afin de porter haut son programme d’alternance.

Mais il n’a pas rejeté non plus l’idée du témoignage : « Le fait de présenter un candidat à nous, comme nous l’avons fait en 2002, représente un risque, d’autant plus que Marine Le Pen est haut dans les sondages. À l’inverse, ne pas être du tout présent à un moment aussi important de notre vie politique n’aurait aucun sens. D’où l’idée de la primaire, que nous défendons depuis des années. ».

Des déclarations qui devraient d’autant plus rassurer le futur candidat socialiste que Jean-Michel Baylet sera beau joueur : « Je prends l’engagement ferme, sans hésitation aucune, [à soutenir le vainqueur de la primaire]. » dit-il le 13 juillet 2011 ou encore le 16 juillet 2011 : « Nous nous rangerons sans barguigner derrière le vainqueur. ».

Que le meilleur gagne !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 août 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Programme du PRG de septembre 2009 (à télécharger).
Primaire socialiste.

Jean-Louis Borloo.

Les trois visages du PS.



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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/jean-michel-baylet-le-sixieme-98835

 





 

 

 

 

 

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 08:49

Le 13 juillet 2011, l’Assemblée Nationale a adopté en troisième lecture le texte définitif modifié en deuxième lecture par le Sénat concernant l’insertion dans la Constitution de la règle d’or pour équilibrer les finances publiques. Troisième partie.


yartiRegleDor09Après avoir expliqué la procédure de révision constitutionnelle puis présenté le contenu du texte du 13 juillet 2011, je passe à l’attitude du PS qui est une pièce essentielle puisque l’UMP et ses alliés n’ont pas la majorité des trois cinquièmes et après les élections sénatoriales du 25 septembre 2011, les groupes majoritaires risquent d’être encore moins nombreux.


Guerre de positions entre le PS et l’Élysée

Le Parti socialiste a clairement laissé entendre que ses parlementaires ne voteraient pas le texte si le Parlement était convoqué en congrès à Versailles.

Martine Aubry a ainsi déclaré le 26 juillet 2011 : « La France n’a pas besoin de nouvelles fausses promesses, mais de vrais engagements. À la fausse règle d’or d’un Sarkozy qui a plombé les comptes de la nation, je préfère une vraie règle de conduite, celle que je m’engage à suivre si je suis élue Présidente de la République en 2012 : affecter la moitié des marges de manœuvre au désendettement du pays, qu’il s’agisse de celles issues de la réduction des niches fiscales injustes et inefficaces, ou des fruits de la croissance. ».

Quant à François Hollande, il a été tout aussi explicite à Asnières-sur-Seine le 26 juillet 2011 : « Nicolas Sarkozy n’a aucune leçon à donner. Il a même plutôt une repentance à avouer : c’est sous son mandat que les comptes publics se sont dégradés avec la plus grande rapidité et, hélas, la plus grande intensité. (…) La première décision que devrait prendre Nicolas Sarkozy, avant d’envoyer une lettre, ça serait de remettre en cause les mesures qu’il a lui-même fait voter au lendemain de son élection, et qu’il affirme là la nécessité de redresser les comptes publics. ».

Pourtant, le Président Nicolas Sarkozy ne s’est pas encore avoué vaincu et a commis effectivement un acte sans précédent dans l’histoire républicaine puisqu’il a purement et simplement écrit une lettre le 25 juillet 2011 à l’ensemble des parlementaires pour leur exprimer implicitement l’importance de ce vote : « En France, dans les mois qui viennent, nous avons besoin aussi de nous rassembler sur ces questions essentielles, au-delà des intérêts partisans. La représentation nationale que vous incarnez jouera, j’en suis sûr, un rôle majeur pour assurer le sens de notre responsabilité commune face à l’Histoire. ».

L’été pourrait peut-être changer certains élus d’avis…

La position du PS se tient à peu près à deux arguments : d’abord, le critère du quinquennat passé du "faites ce que je vous dis, pas ce que je fais" ; ensuite, l’inutilité du texte.


Des "nouvelles fausses promesses" ?

Prenons d’abord le dernier argument. Le PS considère que cette règle d’or n’est pas si contraignante que cela puisqu’il suffirait de voter une modification à la loi-cadre pour faire évoluer les objectifs. Par ailleurs, elle n’a pas empêché l’Allemagne (ce dispositif est inscrit dans sa loi fondamentale de 1949) d’être déficitaire quatre fois depuis 1970.

C’est donc le contraire de l’argumentation des souverainistes qui, eux, ne cessent de clamer (à tout bout de champ) que ce texte est d’une redoutable efficacité dans la réduction de la souveraineté nationale. Comme je l’ai expliqué précédemment, le texte au contraire redonne du pouvoir aux parlementaires français dans les procédures européennes.

Mais c’est aussi un argument de mauvaise foi. On ne peut critiquer ce texte car il ne serait pas assez contraignant ; il est en effet déjà plus contraignant que le statu quo actuel, et renforcer encore plus les contraintes pourraient effectivement réduire l’expression de la volonté populaire. La possibilité de modifier les lois-cadres (qui durent au moins trois ans) est par exemple bien normale quand une nouvelle majorité parlementaire a été élue. Il serait antidémocratique que la nouvelle majorité soit prisonnière d’une loi-cadre adoptée par la majorité sortante. D’ailleurs, il est fort probable que cette loi-cadre soit en pratique étendue à la durée de la législature (ou du quinquennat).

Cette stabilité des lois de finances serait un pas franchi supplémentaire pour en finir à la grande précarité des règles sociales et financières qui ne font que la joie des experts mais sûrement pas des contribuables ou des entreprises qui aimeraient bénéficier d’un peu plus de visibilité fiscale sur plusieurs années.


Une "repentance à avouer?

En revanche, le premier argument est recevable même si ce n’en ai pas vraiment un. Le fait est que les déficits publics ont effectivement énormément crû depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy et cela n’aide pas à la clarté des enjeux. François Hollande n’a pas manqué de fustiger Nicolas Sarkozy qui « demande à son successeur de faire ce que lui-même n’a pas réussi à réaliser ».

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On pourrait toujours polémiquer sur l’origine de ces déficits. La crise financière de 2008 n’y est pas pour rien quand même et la courbe des déficits français suit la moyenne des déficits dans les États comparables. Selon Martine Aubry qui cite la Cour des Comptes, un tiers des déficits serait imputable aux conditions particulières des crises financières.

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La responsabilité de la dette très élevée

Les déficits ont toujours été une solution de facilité des gouvernements pour ne pas trop imposer les contribuables tout en développant différents clientélismes. Si on suit la courbe dans le temps, ce n’est qu’après le premier choc pétrolier que les déficits deviennent récurrents et en particulier à partir de 1981 (Raymond Barre avait réussi à stabiliser la situation malgré le second choc pétrolier).

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Si on essaie de trouver une couleur politique aux déficits, c’est à mon avis assez difficile. Depuis ces trente dernières années, la gauche a été au pouvoir quinze ans et la droite tout autant. Il semble que c’est en début de législature, toutes majorités confondues, que les déficits sont les plus gros (que ce soient les gouvernements Mauroy, Chirac II, Balladur, Juppé et Fillon). Je n’ai pas cité ni le gouvernement Rocard ni celui de Jospin car ils ont bénéficié d’une période de prospérité économique exceptionnelle mais ils n’en ont pas pour autant profiter pour rééquilibrer les comptes publics. Ils ont juste évité l’accroissement de la dette.

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Pour le gouvernement Jospin, l'année 1999 s'était soldée avec la fameuse "cagnotte" de 30 milliards de francs supplémentaires (c'est-à-dire que le déficit était passé de 80 à 50 milliards de francs) et au lieu d'utiliser ce "surplus" à rembourser la dette, Lionel Jospin l'a dépensé dans un but purement électoraliste.

Le principe même de croire qu'il y avait une cagnotte à dépenser (alors que c'était juste une réduction du déficit grâce à une croissance internationale sans précédent, faite des bulles NTIC) montre d'une part que la mauvaise gestion des comptes publics est bien générale (à droite et à gauche) et pas dans un seul camp et que la période 1997-2000 avait bénéficié d'une conjoncture internationale très favorable.


Réduire la dette

À ce sujet, tout le monde est pourtant d’accord : il est très mauvais de créer des déficits publics, surtout s'ls ne sont que pour du fonctionnement, donc sans rentabilité pour l’avenir, car ils accroissent la dette publique ce qui devient très coûteux en raison de la charge des intérêts (second poste de l’État).

François Bayrou a été le premier leader politique d’importance nationale à avoir pointé cet enjeu en 2007 (voir entre autres l'émission sur TF1 du 26 février 2007, son meeting du 21 mars 2007 au Zénith ou son discours du 18 avril 2007 à Bercy où il fustigeait « la France de la dette et des déficits »). Il a rappelé que la dette d’aujourd’hui va devoir être payée par les générations futures et qu’il y a une sorte de fuite en avant qui a fait le nid à toutes les démagogies clientélistes.

Étrangement, François Bayrou s’est abstenu lors de la première lecture de la loi, probablement pour signifier qu’il était à la fois d’accord avec le principe de la règle d’or (c’est lui-même qui l’avait proposée dans son programme présidentiel de 2007) et en désaccord avec la politique du gouvernement.

Cette dette est de plus socialement injuste car ceux qui prêtent, via des organismes financiers, ce sont ceux qui peuvent épargner et par conséquent, les plus aisés. En d’autres termes, lorsque l’État emprunte, les plus aisés gagnent les intérêts et ce sont tous les contribuables qui les financent. Pas très juste socialement, donc. (Je n’évoque pas cette utopie irresponsable de vouloir emprunter sans intérêt, ce qui reviendrait à créer de la monnaie et à accroître l’inflation ; elle se base sur la contestation assez stupide et quasi-obsessionnelle de la loi du 3 janvier 1973, stupide car cette loi a été abrogée au 1er janvier 1994 avec la réforme de la Banque de France).

La faiblesse de la croissance et le déficit du commerce extérieur vont de toute façon obliger le prochain gouvernement à augmenter les prélèvements obligatoires d’une manière ou d’une autre. En ce sens, la règle de l’équilibre budgétaire est plus une idée "de gauche" dans le sens où la dépense doit être compensée par une imposition supplémentaire (supposée plus "juste") qu’une idée "de droite libérale" qui cherche à baisser les impôts sans réellement réduire les dépenses (l’économie de la règle peu pertinente de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux est quasi-microscopique au regard de l’immensité des déficits).


Responsabilité historique

Le PS est complètement d’accord sur la réduction des déficits.

François Hollande a en effet rappelé à Asnières son engagement qu’à « la fin de l’année 2013, nous ayons un redressement qui nous permette d’avoir 3% de la richesse nationale en déficit » (Il l’avait déjà exprimé dans "Le Monde" le 16 juillet 2011).

Un objectif auquel s’est rallié Martine Aubry sur Europe 1 le 17 juillet 2011 : « Nous nous sommes engagés, dans le projet socialiste, à respecter les engagements de la France, 3% en 2013, puisque c’est la règle aujourd’hui. (…) Et nous avons construit le quinquennat et la première année sur laquelle nous travaillons actuellement sur ce principe-là. ».

Alors, ma question est la suivante : si le PS est d’accord sur le fond, pourquoi refuserait-il cette règle d’or ? Par antisarkozysme primaire ? Même pas ! Par électoralisme. Double électoralisme. D’abord, il y a la primaire du PS qui va donner la prime au moins coopératif avec le pouvoir actuel (le PS se gagnerait généralement sur sa gauche, raisonnement qui tenait jusqu’en 2006 et la désignation de Ségolène Royal). Puis, l’élection présidentielle renforcera mécaniquement la démagogie à bon compte.

Les déclarations de François Hollande à Asnières sont même d’une grande limpidité : « La proposition que je fais, c’est que nous réglions cette exigence de redresser les finances publiques au lendemain de 2012. Tout ce qui sera annoncé avant sera de l’affichage. ».

Une position qui fait penser à celle de Lionel Jospin repoussant la réforme des retraites au-delà de l’élection présidentielle de 2002 après cinq années au pouvoir. Nicolas Sarkozy a au moins le courage de ne pas repousser cet effort nécessaire aux calendes… grecques.

C’est donc très clair : le PS est d’accord avec la règle d’or (l’instaurerait même une fois au pouvoir) mais ne veut pas le montrer à ses électeurs potentiels…

Pourtant, il est des moments où il faut savoir aller au-delà du simple opportunisme électoral. On ne peut pas faire des déclarations dans un sens et agir dans le sens opposé. C’est tromper les Français.

Mesdames et Messieurs les parlementaires du PS, prenez donc vos responsabilités.
Allez jusqu’au bout de vos convictions !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 juillet 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le texte intégral du projet de loi constitutionnelle (adopté le 13 juillet 2011).
Quels parlementaires ont voté pour ou contre ce texte ?

La loi de 1973…

Lettre de Nicolas Sarkozy aux parlementaires.

Position du PS sur la règle d’or.


yartiRegleDor06


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/regle-d-or-d-equilibre-budgetaire-98195

 

 

 

 

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 10:21

Après une période d’abstinence médiatique, Ségolène Royal revient dans les médias : sur LCP hier soir, sur France Inter ce matin. Avec une combativité toujours aussi surprenante.


yartiRoyal20110702Les sondages pour la primaire socialiste ne sont pas vraiment encourageants pour Ségolène Royal, et pourtant, elle ne désarme pas et continue sa campagne comme si tout allait bien. Je pense qu’elle n’a pas forcément tort.

Car les sondages sont des denrées difficiles à analyser. Certes, ils apportent une photographie plus ou moins exacte d’un état de l’opinion publique, mais justement, le dispositif très nouveau de cette primaire ouverte rend les choses très difficiles à anticiper et appréhender.


Les sondages…

Ainsi, s’agissant des seuls sympathisants socialistes (ceux qui sont susceptibles de se déplacer pour choisir le candidat du PS), les sondages sont bien incapables d’en avoir un échantillon représentatif et suffisamment large pour qu’il ait une signification statistique. La probable désignation d’Eva Joly (résultat le 12 juillet) dans la primaire écologiste (semi-ouverte) serait même la preuve que les instituts de sondages sont bien en peine de définir correctement leurs échantillonnages (parfois, j’ai lu des études qui, finalement, réduisaient à quelques centaines les sondés qui allaient participer à la primaire).

En revanche, on peut imaginer que ces études d’opinions ont un sens en considérant le potentiel électoral dans l’élection présidentielle elle-même de chaque candidat à la primaire. Et il ne fait nul doute que ce genre d’études, comme à chaque période préprésidentielle, influencent les futurs électeurs d’une manière ou d’une autre (pour diminuer l’avance d’un candidat ou au contraire compenser le retard d’un autre).


La grande nouveauté de 2011

Ségolène Royal a compris que la primaire socialiste version 2011 n’avait plus rien à voir avec les primaires d’avant, celle de 2007 ou même celle de 1995 au sein du PS. Car au contraire des précédentes, ce ne sont plus des militants encartés, donc, des gens convaincus, qui vont choisir le candidat, mais n’importe quel citoyen, vous, moi…

Et cette différence est essentielle, car les militants qui sont déjà des personnes convaincues (comme je l’ai dit) veulent absolument la victoire de leur parti (c’est bien normal) et c’est donc naturel que chez eux, le réalisme l’emporte sur l’idéalisme : ils ont toujours choisi le candidat qui était le plus apte (selon les sondages évoqués plus haut) à mener leur parti au plus haut. C’est peut-être une erreur car les sondages n’apportent pas des prédictions mais seulement une vision instantanée qui peut évoluer. Par exemple, DSK (avant l’affaire) aurait été probablement choisi non par strauss-kahnmania mais par volonté de gagner l’élection si la primaire avait été fermée, c’est-à-dire réservée à ceux qui sont sensibilisés par le destin de leur parti. Tout comme Ségolène Royal avait été choisie en novembre 2006.

Or, ici, ce ne sont pas seulement les militants, mais tous les électeurs qui peuvent contribuer au choix du candidat, et bien évidemment, ces électeurs sont beaucoup moins sensibles à la défaite de ce Parti socialiste que ses adhérents. Ils pourraient même préférer un candidat hors du PS si leur candidat PS préféré n’était pas désigné. Ces électeurs n’ont pas de patriotisme de parti et sont donc plus enclins à voter selon leurs préférences sincères plutôt que par calculs pour gagner coûte que coûte.


Le peuple versus le parti

Ce n’est pas un hasard, donc, si de tous les candidats déclarés à la primaire socialiste, Ségolène Royal est la seule à rappeler que tous les électeurs (vous, moi… je me répète) peuvent voter (sous réserve de payer un euro et de signer une chartre des valeurs de gauche qui devra être détruite juste après la primaire pour ne pas être en mesure de constituer un fichier ; autrement dit, cette signature ne vaut pas grand chose en tant qu’engagement social, seulement par rapport à soi, et au regard qu’on peut avoir dans le miroir, ce qui est déjà beaucoup).

C’est encore ce qu’elle a redit ce mercredi 6 juillet 2011 à "Questions d’Info" sur LCP-France Info-AFP où elle refusait obstinément de donner son opinion concernant la fédération des Bouches-du-Rhône du PS en considérant que ce n’étaient pas les adhérents qui allaient faire cette primaire et que les électeurs se moquaient bien de la cuisine interne du PS (en précisant au passage qu’elle n’a jamais fait partie de ses instances dirigeantes).


Mauvaise foi et arguments qui marquent

Les journalistes de "Questions d’Info" n’ont pas été très perspicaces et heureusement que Patrick Cohen sur France Inter ce matin du jeudi 7 yartiRoyal20110703juillet 2011 a insisté et rappelé qu’en novembre 2008, Ségolène Royal s’était beaucoup intéressée à cette fédération des Bouches-du-Rhône puisque c’est dans celle-ci que les résultats ont porté Martine Aubry à la tête du PS.

Un Patrick Cohen capable aussi de redresser quelques inexactitudes de Ségolène Royal qui s’évertue en ce moment à dire par exemple que Nicolas Sarkozy avait promis en 2007 une augmentation de 25% des retraites ! Si sur LCP, aucun journaliste n’a percuté (je rêverais de journalistes connaissant un peu mieux les dossiers), sur France Inter, Patrick Cohen a corrigé fermement en disant que Nicolas Sarkozy avait promis une augmentation de 25% …du minimum vieillesse, pas des retraites, et que cette promesse avait été réalisée. Un argument de Ségolène Royal également démonté par Daniel Scheidermann qu'on ne peut pas taxer de sarkozyste virulent.


Sur LCP, Ségolène Royal a néanmoins était très convaincante quand elle a martelé qu’elle savait ce qu’était une campagne présidentielle, que c’était éprouvant, qu’elle avait le cuir pour cela et qu’elle avait réussi au moins à être présente au second tour (au contraire de 2002, a-t-elle perfidement rappelé !) en rassemblant quand même près de dix-sept millions d’électeurs.


Ailleurs qu’en Ségolénie

Pendant ce temps-là, François Hollande engrange de nouveaux soutiens et est résolument le candidat des élus socialistes : après André Vallini (député et président du Conseil général de l’Isère), Pierre Moscovici (député du Doubs), Jean-Pierre Bel (président du groupe PS au Sénat et probablement candidat à la Présidence du Sénat dans quelques semaines), Gérard Collomb (sénateur-maire de Lyon), François Rebsamen (sénateur-maire de Dijon), Julien Dray (député), Vincent Peillon (député européen), il vient de recevoir l’appui de l’influent Jean-Marc Ayrault (député-maire de Nantes et président du groupe PS à l’Assemblée Nationale) et du président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, Jérôme Cahuzac, successeur de Didier Migaud (et dans le civil, parfois donneur de gifle).

Au même moment, le président du PRG (radicaux de gauche), Jean-Michel Baylet, sénateur et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne, ancien ministre de 64 ans, a annoncé sa candidature à la primaire socialiste. Elle a l’avantage pour le PS d’externaliser le champ de bataille et pour lui de négocier sans doute un groupe pour le PRG dans la future Assemblée Nationale qui sera élue en juin 2012.

Quant à Martine Aubry, le retournement de l’affaire DKS trois jours seulement après son ennuyeuse déclaration de candidature a cassé la possibilité d’une dynamique autour d’elle, tant l’attentisme des strauss-kahniens risque de lui être fatal. Jean-Marie Le Guen n’a toujours pas exclu le retour dans la compétition de son mentor. L’incertitude nuit à sa campagne interne.


Émanation…

Soutenue entre autres par Harlem Désir, Benoît Hamon, Claude Bartolone et Jean-Christophe Cambadélis, Martine Aubry est la candidate des apparatchiks alors que François Hollande est le candidat des élus et que Ségolène Royal cherche à amadouer …tout simplement les électeurs, qui formeront le gros des bataillons de la primaire.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (7 juillet 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Martine Aubry.
François Hollande.

Ségolène Royal.

Primaire ouverte.

Les trois visages du PS.

Où vont les strauss-kahniens ?


yartiRoyal20110704


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/segolene-royal-et-les-surprises-de-97214

 

 





 

 

 

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