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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 12:43
Son excellence dans ses analyses politiques, dans ses analyses historiques des deux derniers siècles, son engagement religieux, son intégrité reconnue de tous, bref, tout cela a fait que la disparition, le 14 avril 2007, de René Rémond à 88 ans et demi a créé un vide immense dans le monde intellectuel français.

Ses obsèques auront lieu le vendredi 20 avril à 9h30 en l'église
Saint-Pierre de Montrouge, 82 avenue du général Leclerc, Paris 14ème,
métro Alésia.



Je retransmets ici l'éloge de Richard Descoing, directeur de l'Institut d'Études Politiques de Paris.


Hommage de Richard Descoings

René Rémond est mort. Il a présidé la Fondation nationale des sciences politiques pendant un quart de siècle. Depuis quelques mois, il luttait avec une détermination totale contre la maladie : la force de son esprit, le goût de vivre ont tenu longtemps la mort à distance. Il a suivi personnellement et constamment le processus qui a conduit au renouvellement du Conseil d' administration de
la FNSP durant l'automne dernier. Le 30 janvier 2007, il remettait son mandat de Président au Conseil. Jean-Claude Casanova lui a succédé, à l'unanimité. En sortant de la salle du Conseil, qui porte le nom de son prédécesseur, François Goguel, René me dit : « Je quitte cette séance avec
un peu de nostalgie, mais avec infiniment de soulagement ». Il avait au plus haut degré le sens de l'institution et voulait que la transmission des pouvoirs soit empreinte de sérénité et de légitimité. Il avait largement atteint son but. Il est mort à la veille de la réunion suivante du Conseil d 'administration, celle qui se tient lundi matin.

René Rémond a été mon Président pendant dix ans, après avoir été celui de Michel Gentot et d'Alain Lancelot. Dans le livre qu'il a relu et annoté avec précision, fermeté et bienveillance et qu'il a accepté de préfacer, j'ai essayé de dire ma dette et mon affection respectueuse à son égard. D'autres beaucoup mieux que moi montreront en quoi il a été l'un des grands historiens de notre temps, et un analyste étincelant de la vie politique française. Son magistère moral s'étendait bien au-delà de Sciences Po, bien au-delà de sa discipline universitaire. Le témoignage que je peux apporter de façon plus personnelle est d'un autre ordre. René Rémond avait une jeunesse d'esprit, une générosité de cour et une soif de vivre que j'ai rarement rencontrées en une telle alliance. Professeur dans l'âme, il aimait les élèves passionnément. Accueillir à chaque rentrée universitaire les nouveaux élèves admis en AP puis en Premier cycle était une joie à laquelle il n'a jamais renoncé. Avant d'entrer dans l'amphithéâtre Boutmy, il passait me chercher dans mon bureau : noué par le trac, tant il craignait de ne pas savoir les convaincre, les rassurer, les encourager aux premiers jours de leurs études supérieures. Toujours courtois avec les élus syndicaux, il était le premier à rappeler qu'il fallait savoir passer outre à certains de leurs excès - parce qu'ils sont presque toujours sincères et que ni le savoir, ni l'expérience, ni le sentiment d'avoir raison ne justifient que l' on manifeste trop vivement son impatience à l'égard de la représentation étudiante.

Son goût immodéré pour la liberté de pensée et son ambition constante pour l'institution qu'il présidait l'on conduit à être de tous les combats de ces dernières années : l'adoption des normes européennes d'organisation des cursus ; l'année d'étude ou de stage obligatoirement passée hors du pays natal ; les premiers cycles de Sciences Po en région, les droits de scolarité modulés en fonction des revenus ; les conventions « Education prioritaire » ; l'essor de la recherche ; l'extension immobilière au 13, rue de l'Université. Il n'était pas un sujet qui le laissait indifférent.

De petits-déjeuners hebdomadaires en participation commune à des colloques, des réunions trimestrielles avec les directeurs des IEP de province à la préparation des séances du Conseil d'administration, René Rémond a fait de ses moments que nous partagions autant d'occasions pour le fonctionnaire que je suis d'apprendre l'indépendance d'esprit et la liberté de ton.

A la famille de René Rémond, j'adresse des condoléances profondément désolées et sincères.

Richard Descoings 




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