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27 novembre 2024 3 27 /11 /novembre /2024 03:21

« On ne saurait admettre le succès, et encore moins la suprématie, d'un empire qui récuse nos leçons de morale politique. » (Alain Peyrefitte, 1994).



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L'ancien ministre gaulliste Alain Peyrefitte est mort il y a exactement vingt-cinq ans, le 27 novembre 1999, de maladie (à l'âge de 74 ans). Celui qui aurait pu être nommé Premier Ministre deux fois, en 1979 et en 1986, pouvait être considéré comme un "vieux schnoque" parmi les barons gaullistes vieillissants des années 1970 et 1980, mais c'était une vision déformée de la réalité. Il a d'abord été un jeune loup d'une très grande ouverture intellectuelle et d'une brillante intelligence.

Certes, les diplômes ne sont pas tout, mais suivre des cours à Normale Sup. et à l'ENA, c'est déjà quelque chose. En faire plus qu'une simple base initiale pour construire une très riche existence intellectuelle, c'est encore autre chose. Alain Peyrefitte a été chargé de recherches au CNRS, maître de conférences à l'ENA, anthropologue, diplomate, docteur d'État (sur "la phénoménologie de la confiance") et évidemment homme politique, éditorialiste au journal "Le Figaro" et grand écrivain (vendant des essais issus d'une pensée originale avec succès). Il a été consul général en Pologne, député gaulliste à 33 ans, sénateur, député européen, maire de Provins, conseiller général (et même vice-président du conseil général de Seine-et-Marne), secrétaire général de l'UDR, de nombreuses fois ministre sous trois Présidences de la République entre 1962 et 1981 (entre autres : Information, Recherche, Éducation nationale, Culture, Environnement, Justice). Enfin, auteur d'une trentaine d'ouvrages, principalement des essais, il a été élu membre de l'Académie française le 10 février 1977 (reçu le 13 octobre 1977 par un autre anthropologue, Claude Lévi-Strauss). On peut relire en détail sa trajectoire ici.

Parmi les livres majeurs d'Alain Peyrefitte, trois se détachent nettement : "Quand la Chine s'éveillera... le monde tremblera" publié en 1973 (éd. Fayard), une réflexion très visionnaire sur la Chine et son avenir (suivi d'autres essais complémentaires), "Le Mal français" publié en 1976 (éd. Plon), une réflexion sur le fonctionnement administratif de la France (centralisation excessive, manque de confiance aux entrepreneurs, hyperbureaucratie, etc.), et "C'était De Gaulle" publié en 1994 (éd. Gallimard), premier tome d'une série très volumineuse de confidences qu'il a eues avec De Gaulle pendant sa Présidence (il a attendu un quart de siècle avant d'en publier quelques extraits d'une masse exceptionnelle et non publiée). J'ajouterai aussi pour la cerise sur le gâteau ce petit essai politique "Encore un effort, Monsieur le Président" publié le 25 septembre 1985 (éd. Jean-Claude Lattès), sorte de longue supplique à François Mitterrand et plaidoyer pour le nommer Premier Ministre de cohabitation en mars 1986.

Dans cet article, je souhaite proposer quelques extraits de deux livres, "Quand la Chine s'éveillera" et "C'était De Gaulle". Si ce dernier livre a été publié bien plus tard (près de vingt ans) après le premier, il faut comprendre que les propos de De Gaulle rapportés dans "C'était De Gaulle" ont été bien sûr prononcés avant la fin de la Présidence de De Gaulle en 1969 et sont donc antérieurs à l'essai sur la Chine issu de son voyage parlementaire en Chine effectué en 1971.



1. Dans "C'était De Gaulle" (Gallimard, 1994)

Pour replacer dans le contexte historique, le mieux est de relire Wikipédia : « La position de De Gaulle face au monde communiste est sans ambiguïté : il est totalement anticommuniste. Il prône la normalisation des relations avec ces régimes "transitoires" aux yeux de l'Histoire de façon à jouer le rôle de pivot entre les deux blocs. La reconnaissance de la République populaire de Chine dès le 27 janvier 1964 va dans ce sens. De même sa visite officielle en République populaire de Pologne (6-11 septembre 1967) fut un geste qui montre que le président français considère le peuple polonais dans son ancrage historique. ». Il faut donc bien retenir cette date du 27 janvier 1964, et regarder la date des propos de De Gaulle rapportés par Alain Peyrefitte sur la Chine. Ce qui est entre parenthèses est donc de De Gaulle, au contraire des autres livres où c'est Alain Peyrefitte qui s'exprime.

Confidences du 6 juin 1962 (parlant de sa convesation avec Harold MacMillan, Premier Ministre britannique, le 3 juin 1962) : « Bien sûr, [les Chinois] pourront un jour faire des bombes atomiques, mais ce ne sont pas elles qui les feront manger. Ils ne pourront s'en sortir que s'ils s'ouvrent au monde entier, et que le monde entier vienne les aider. (…) L'intérêt du monde, un jour ou l'autre, sera de parler avec eux, de s'entendre avec eux, de faire des échanges commerciaux avec eux pour leur permettre de sortir de leurs murailles. La politique du cordon sanitaire n'a jamais eu qu'un résultat, c'est de rendre dangereux le pays qui en est entouré ; ses dirigeants cherchent des diversions à leurs difficultés, en dénonçant le complot impérialiste, capitaliste, colonialiste, etc. Ne laissons pas les Chinois mijoter dans leur jus. Sinon, ils finiraient par devenir venimeux. Il se pourrait bien qu'un jour ou l'autre, nous soyons amenés à les reconnaître et à donner l'exemple au monde. Naturellement, pas un mot de tout ça. » [en note, Alain Peyrefitte remarquait à quel point De Gaulle pensait à l'avenir alors que la France était embourbée en plein problème algérien].


Conseil des ministres du 7 novembre 1962 : « Nous assistons à l'affrontement de deux énormes masses, la Russie et la Chine, qui vont se séparer de plus en plus. Les Russes seront dans une position de plus en plus difficile. De deux choses l'une. Ou ils restent avec la Chine, mais elle les boulottera quand elle sera la plus forte. Ou ils sont contre, mais alors c'est la fin des Rouges et le camp communiste s'effondrera. C'est peut-être déjà fait. ».

Confidences du 24 janvier 1963 : « [Adenauer] considère, lui aussi, que la Chine va tout faire, dorénavant, pour accroître sa puissance et pour peser tant sur les Occidentaux que sur la Russie. Raison de plus pour ne plus la laisser s'enrager dans l'isolement. ».

Confidences du 13 mars 1963 : « Un jour ou l'autre, [les Chinois] chercheront à retrouver leurs frontières de jadis, à la grande époque de la dynastie mandchoue. (…) Ils commenceront par faire retomber dans leur mouvance Hong Kong, Macao et Formose. Nehru, quand il a voulu mettre la main sur nos établissements de l'Inde et sur les comptoirs portugais, n'y est pas allé par quatre chemins. Il a envoyé ses chars et un ultimatum. Fatalement, un jour ou l'autre, les Chinois en feront autant. Puis, viendra le moment où ils se sentiront assez fort pour exiger le retour des régions concédées à la Russie. Mais ils ont l'éternité devant eux, puisqu'ils l'ont derrière eux. (…) Il y a quelque chose d'anormal dans le fait que nous n'avons pas de relations avec le pays le plus peuplé du monde, sous prétexte que son régime ne plaît pas aux Américains et que ça les dérangerait si nous y faisions notre entrée. (…) Je n'ai jamais rien lu ni entendu [sur la Chine] qui ne fût ou totalement pour, ou totalement contre... (…) De toute façon, si nous reprenons un jour des relations avec Pékin, nous ne reconnaîtrons pas un régime politique en tant que tel. Nous ne nous inclinons pas devant le communisme. Nous reconnaissons un fait évident, c'est qu'il y a un État qui gouverne la Chine. Il la gouverne depuis quatorze ans. Bien ou mal, selon nos préférences ou pas, ce n'est pas notre affaire. Ce qui est sûr, c'est qu'il la gouverne. ». Rappel : Formose est une autre appellation de Taïwan.


Et de poursuivre : « Il faut toujours des alliés de revers. Ça a toujours été la politique de la France. Nos rois ont fait alliance avec le Grand Turc contre le Saint Empire romain germanique. Ils ont fait alliance avec la Pologne contre la Prusse. Moi, j'ai fait alliance avec la Russie pour nous renforcer en face de l'Allemagne. Et un jour, je ferai alliance avec la Chine pour nous renforcer face à la Russie. Enfin, alliance, nous n'en sommes pas là. Il s'agira d'abord de renouer des relations. (…) Il est probable qu'après nous, il y aura des moutons de Panurge ; tout le monde voudra reconnaître la Chine et se trouver dans les premiers à la reconnaître. Et vous allez voir que les États-Unis vont être obligés de nous suivre. Avouez que ça vaudra la peine d'être vu ! ».

Conseil des ministres du 8 janvier 1964 (quelques jours avant la reconnaissance officielle) : « La Chine est une énorme chose, elle est là, elle existe. Vivre comme si elle n'existait pas, c'est irréaliste. (…) L'ONU ? De toute façon, la Chine y entrera. Peu à peu, l'ONU votera pour elle. Elle ne déparera pas la collection. Si elle y est, il n'est pas sûr qu'elle n'en tirera pas avantage pour troubler l'eau. (…) Le fait chinois est là. C'est un pays énorme. Son avenir est à la dimension de ses moyens. Le temps qu'il mettra à les développer, nous ne le connaissons pas. Ce qui est sûr, c'est qu'un jour ou l'autre, peut-être plus proche qu'on ne croit, la Chine sera une grande réalité politique, économique et même militaire. C'est un fait et la France doit en tenir compte. (…) Nous avons des alliés. Nous conservons ces alliances. (…) Que fera le gouvernement de Formose ? Ça le regarde, mais nous ne prendrons aucune initiative hostile contre lui. ».

Confidences du 8 janvier 1964 : « L'option se réduit à un constat simple : la reconnaissance de la Chine par le monde occidental est quelque chose d'inéluctable. Ne nous laissons pas confisquer le bénéfice d'être les premiers. Mais du fait que nous prenons les devants, nous recevrons des coups. ».

Conseil des ministres du 22 janvier 1964 (l'intention de la France de reconnaître la Chine a fuité après que la France en a informé ses partenaires) : « Quel qu'eût été le moment, on aurait dit : "le moment est mal choisi". (…) Notre exemple sera suivi. Ça ne changera rien au fait que la Chine communiste est communiste à sa façon. Avant d'être communiste, la Chine est la Chine. ».

Confidences du 22 janvier 1964 : « [Lester Pearson, Premier Ministre canadien,] m'a quand même dit une chose qui n'est pas sotte. C'est qu'il serait grave que nous reconnaissions la souveraineté de la Chine continentale sur Formose. Je l'ai rassuré en lui précisant bien que nous ne souhaitons pas que les communistes s'installent à Formose et que nous n'accepterions pas que Pékin exige que nous rompions avec Tchang Kaï-Chek. (…) Le rétablissement des relations avec la Chine, ça veut dire que nous allons tourner la page coloniale, celle de nos Concessions en Chine, celle de l'Indochine française. Ça veut dire que la France revient en tant qu'amie, respectueuse de l'indépendance des nations. (…) Les moyens de la Chine sont virtuellement immenses. Il n'est pas exclu qu'elle redevienne au siècle prochain ce qu'elle fut pendant tant de siècles, la plus grande puissance de l'univers. ».


2. Dans "Quand la Chine s'éveillera..." (Fayard, 1973)

Une tentative de compréhension de la Chine communiste : « Comment comprendre le maoïsme sans mesurer, d’abord, la somme de souffrance et de deuils que Mao et les siens ont endurée ? ».

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Changer l'histoire : « La Révolution culturelle a été pendant quatre ans la grande lessive de la société, le grand décapage des cerveaux. Puisqu’on ne pouvait pas changer les choses, il fallait changer la façon dont les Chinois les voyaient. La Révolution culturelle est une révolution du regard. ».

Le pragmatisme politique et la répartition des rôles entre Mao Tsé-Toung et Zhou Enlai : « Dans les vagues successives et tourmentées de la révolution chinoise, Mao et Zhou, ce couple contradictoire et indissociable, souvent cachés par le creux de la vague, ont toujours réapparu au sommet : le paysan prophétique et le mandarin subtil, l'incantatoire et l'opérationnel. Dans ce système dont la description appelle si naturellement le vocabulaire religieux, Mao, tel un Esprit Saint de la révolution, s'est contenté, hors quelques manifestations foudroyantes, d'agir à travers le pontificat très romain de Zhou Enlai. ».

Clef pour réussir une révolution : « Parmi les diverses méthodes que les sociétés ont inventées pour entraîner les hommes à l'effort, les dirigeants chinois semblent avoir compris que la moins efficace était l'obligation autoritairement imposée à des sujets passifs : elle provoque un énorme gaspillage, à cause des freinages dus à l'inertie, à l'indifférence, à la malveillance, au sabotage larvé. Ils ont constaté que la méthode la plus positive était l'enthousiasme, qui recule au loin les barrières du supportable, grâce au don volontaire que font de leur force les esprits portés à l'incandescence. ».



3. "La Chine s'est éveillée" (Fayard, 1996)

Sous-titré : "Carnets de route de l'ère Deng Xiaoping".

Le totalitarisme : « Dans les systèmes totalitaires, la libéralisation s'arrête là où les dirigeants croient l'équilibre du régime menacé ; si ces dirigeants, du moins, en conservent les moyens et gardent en eux la certitude d'avoir raison. La Chine devient semblable à une huître qui s’entrebâillerait vers le grand large, mais demeurerait inébranlablement fixée du rocher par sa dure coquille totalitaire. ».


Deux puissances mondiales : « Depuis l'effondrement de l'URSS, voici deux ans, on va répétant qu'il n'y a plus qu'une superpuissance. C'est une erreur. Il y en a désormais deux. Et la deuxième a de bonnes chances de dépasser la première dans le nouveau siècle, du moins en production ; peut-être, même, beaucoup plus tôt qu'on ne pense - non à la fin, mais au milieu ; voire dans les premières décennies du XXIe siècle. Toutefois, en France, on ne l'a pas encore compris. On ne saurait admettre le succès, et encore moins la suprématie, d'un empire qui récuse nos leçons de morale politique. Pourtant, il suffit d'ouvrir les yeux. ».

Comme on le lit avec ces extraits, tant Alain Peyrefitte que De Gaulle étaient de grands visionnaires, indépendants l'un de l'autre, sur le développement de la Chine moderne.



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 novembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les 75 ans de la Chine communiste.
De Gaulle et les communistes.
Le diplomate académicien du gaullisme triomphant.
Alain Peyrefitte.
Michel Barnier.

Roger Karoutchi.
Jean-Louis Debré.
Jacques Chirac.
Bruno Le Maire.

Édouard Philippe.
Gérard Larcher.
Gérald Darmanin.
Bruno Retailleau au Sénat.
François Fillon.

Nicolas Sarkozy.
Éric Ciotti.
Vaudeville chez Les Républicains.
Marie-France Garaud.

Valéry Giscard d'Estaing.
Lucien Neuwirth.
Édouard Balladur.
Georges Pompidou.
Philippe De Gaulle.
Catherine Vautrin.
Rachida Dati.

Dominique de Villepin.
Laurent Wauquiez.
Vincent Jeanbrun.
Bernadette Chirac.
Carla Bruni.
La présidence de LR en décembre 2022.
Patrick Balkany.
Xavier Bertrand.
Bruno Retailleau à LR.

Caroline Cayeux.
Christophe Béchu.
Aurélien Pradié.
Valérie Pécresse.

François Baroin.
Christian Jacob.
François-Xavier Bellamy.

Guillaume Larrivé.
Nadine Morano.
Philippe Juvin.
Frédéric Péchenard.
Christine Lagarde.

Damien Abad.
Roselyne Bachelot.
Jean Castex.
Jean-Paul Delevoye.
Thierry Breton.
Franck Riester.
Christian Estrosi.
Renaud Muselier.
Éric Woerth.

De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
Bernard Pons.
Le naufrage du parti Les Républicains.
La sagesse inattendue de Jean-François Copé.
Yvon Bourges.
Christian Poncelet.
René Capitant.
Patrick Devedjian.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241127-alain-peyrefitte.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/alain-peyrefitte-la-chine-et-de-256969

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/26/article-sr-20241127-alain-peyrefitte.html


 

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1 octobre 2024 2 01 /10 /octobre /2024 03:26

« Nous devons considérer la situation économique actuelle de manière globale, objectivement et sereinement, affronter les difficultés sans détour et renforcer la confiance. » (26 septembre 2024).


 


C'est le 1er octobre 1949, il y a soixante-quinze ans exactement, que les forces communistes ont gagné sur les forces nationalistes : la République populaire de Chine, autrement dite, la Chine communiste a été proclamée par Mao Tsé-Toung au balcon de la Cité interdite, à la Porte céleste de la Place Tiananmen, au cœur de Pékin. Événement historique qui dure encore.

Car le régime communiste chinois est celui qui a duré le plus longtemps dans l'histoire récente. L'Union Soviétique, effectivement, n'aura duré que soixante-quatorze ans (1917-1991). Le régime chinois dure et est conçu pour encore durer longtemps avec son leader Xi Jinping qui revendique l'héritage des deux grands fondateurs, Mao Tsé-Toung et Deng Xiaoping.

Cette Chine-là est très difficile à comprendre. Rien n'est simple et une vision simpliste resterait toujours erronée. Je m'amusais à entendre ma (regrettée) grand-mère, férue d'actualités, qui ressortait des pays qu'elle n'avait jamais visités comme la Russie ou la Chine des clichés éculés qui ont la vie dure. Au contraire de la Russie (que j'ai connue un petit peu pour avoir travaillé avec des scientifiques russes fort sympathiques et de haute performance), je ne suis jamais allé en Chine, mais j'ai eu quelques amis chinois très sympathiques aussi qui m'ont beaucoup appris.


Il serait illusoire de croire que la Chine soit un ennemi pour le monde dit occidental. D'une part, la Chine n'a jamais cherché à s'étendre comme la France, l'Italie, l'Allemagne, la Russie, mais en revanche, elle a toujours considéré que ses territoires devaient être réunifiés (d'où la bombe à retardement de Taïwan). D'autre part, malgré des différences culturelles très fortes, il y a quelques points communs comme un élitisme très fort. La France a ses classes préparatoires et ses écoles à haute valeur ajoutée en système parallèle au système universitaire classique. La Chine aussi fait des concours très sélectifs pour permettre aux meilleurs d'atteindre les plus hauts postes.
 


Ainsi, il faut comprendre l'acceptabilité de l'absence de démocratie par des personnes culturellement et scientifiquement éclairées ainsi : la démocratie, c'est-à-dire les élections pluralistes avec vote secret, libre, sincère, cela aboutit à des pertes de temps et parfois à des blocages politiques ; le système chinois (un système cryptocommuniste à la sauce chinoise) fonctionne bien parce que ce sont les meilleurs qui sont au pouvoir. En somme, le régime communiste depuis 1949 serait le fameux despotisme éclairé cher aux philosophes des Lumières. Le système de cooptation pourrait être apparenté à une sorte de grand concours général pour les postes au pouvoir. L'intérêt, c'est qu'il n'y aurait pas d'incompétents aux postes à responsabilité. Bon, bien sûr, c'est la théorie, et le régime de Mao a même été particulièrement désordonné entre le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle. La corruption reste encore très présente et si régulièrement, des potentats sont disgraciés pour raison de corruption, c'est plus un prétexte pour purger politiquement et asseoir un nouveau pouvoir que pour réellement sortir de la corruption.

C'est évident que la liberté d'expression laisse à désirer en Chine. La moindre manifestation est interdite et la moindre critique envers le régime est une crime de haute trahison. Et pourtant, d'où le fait que rien n'est simple, il y a parfois des choses étranges, des tolérances qui n'existeraient pas en France, par exemple. Ainsi, on voit une petite maison toute seule au milieu d'un énorme boulevard au milieu d'un nouveau quartier bétonné. C'est impressionnant. Le propriétaire refusait de quitter sa maison. En France, l'expropriation aurait été décidée. Il suffit de revoir l'excellent film "Le Chat" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 24 avril 1971) avec Jean Gabin et Simone Signoret (et Annie Cordy), qui se passe sur fond de construction du nouveau quartier de La Défense. Une maison à Courbevoie (je crois), celle des héros, va être immanquablement détruite, sans prendre en compte l'avis des propriétaires et des habitants.


 




Pendant trop longtemps, on a considéré que la Chine n'était que l'usine du monde, que c'étaient les petites mains de la planète en ne voyant pas que chaque année, des dizaines de milliers de Chinois sortent diplômés de leurs écoles d'ingénieur, qu'ils sont aussi dans la capacité à faire de la haute valeur ajoutée, tant technologique que culturelle (la Chine est présente dans le secteur de la haute couture, par exemple, ou du cinéma de grande qualité).

Pays de paradoxes incontestablement quand on imagine que ce pays communiste fabrique le plus de nouveaux millionnaires chaque année dans le monde. Sorte de nation au capitalisme étatique, à la mort de Mao, Deng Xiaoping a tout misé sur l'économie au contraire de la Russie. Mikhaïl Gorbatchev, pour réformer un système sclérosé, a voulu ouvrir progressivement sur les libertés politiques avec la perestroïka et la glasnost, mais son économie a été reconfisquée par toute une nouvelle nomenklatura appelée oligarchie. C'est le cas aussi en Chine où les dignitaires communistes sont très riches et leur famille aussi. Mais sans ouverture politique. Ce choix a été formellement pris au printemps 1989, en ordonnant la répression de la Place Tiananmen.

L'objectif de la Chine est la paix parce qu'on ne fait pas beaucoup d'affaires en période de guerres, d'instabilités politiques, de désastres économiques. J'ai eu l'occasion de mesurer le niveau d'agressivité commerciale de certaines entreprises chinoises, très impressionnant. Impression et efficace. La Chine est fascinante.

 

 

 


Dans le compte rendu publié par l'Agence Chine Nouvelle à l'occasion de la réunion du bureau politique du parti communiste chinois le 26 septembre 2024, une critique a été reconnue : la Chine va mal, son économie est terne, et les objectifs sont loin d'être atteints. En cause, la crise de l'immobilier. L'État va devoir injecter des ressources supplémentaires dans ce secteur en crise. Cette reconnaissance de l'imperfection sort de la langue de bois habituelle où tout va toujours bien madame la marquise.

Dès 1973, ministre et écrivain, Alain Peyrefitte avait pressenti le surgissement de la Chine comme acteur économique mondial incontournable (dans "Quand la Chine s'éveillera... le monde tremblera"), et à l'époque, ce n'était pas évident de l'anticiper tant le niveau de pauvreté était énorme et l'économie peu développée (épuisée et détruite par l'ère Mao). Il est coutume d'expliquer que la Chine a connu un siècle d'humiliation (1842-1949), elle à la culture millénaire, devenu une sous-culture par un monde dit occidental qui se croyait tout permis, depuis la première guerre de l'opium. La fin de l'empire en 1912 et la guerre civile entre communistes et nationalistes (1927-1949) ont fini d'achever le délitement de la société, sur fond d'invasion japonaise en Mandchourie.

La période Mao (1949-1976) a été un nouveau calvaire chinois par la répression et des décisions économiques complètement stupides. Mais Deng a su redresser la Chine vers une modernité que les dirigeants des trente dernières années ont choyée et encouragée.


Jean-Luc Domenach, interviewé par la revue "Histoire" de juillet 2005, a raconté ainsi : « Les communistes n’ont pas seulement su se maintenir puis vaincre militairement, ils ont fait leurs classes dans les zones de guérilla, puis dans les zones libérées ; ils ont appris à établir leur pouvoir en s’appuyant sur les élites locales, avant de liquider celles-ci progressivement. Et les dirigeants, Mao en tête, se sont révélés d’une extrême lucidité stratégique et habileté tactique. Excellent stratège, Mao s’est solidement installé à la tête du parti dans les années 1938-1945, à la faveur d’une manipulation cynique du pouvoir. Très tôt, par exemple, il prend le contrôle de la communication avec Staline. ». Et de compléter : « En revanche, l’inexpérience économique des dirigeants communistes et leur absence de programme précis les contraignent à se tourner exclusivement vers le modèle soviétique. Ce qui rend les choses très dangereuses, c’est qu’ils arrivent au pouvoir portés par un enthousiasme populaire inimaginable. La majorité de la population va suivre les yeux fermés ce pouvoir qui ne sait pas très bien où il va... ».
 


Les années après Mao ont vu la population se consacrer totalement dans le développement économique : « Bien des cadres locaux ont cherché à soulager les populations, des habitudes aussi se sont prises. Bien souvent, l’horreur du totalitarisme a été quelque peu étouffée par le désir commun de survivre et de s’en sortir. À mon avis, on ne comprend pas la violence avec laquelle cette société s’est jetée, après 1978, dans un développement brutal et inégal si on ne tient pas compte du sentiment, largement partagé, que l’on a trop longtemps souffert, qu’il faut créer l’irréversible. Au fond, l’idée d’une sorte de deuxième Grand Bond pour que les horreurs du temps de Mao ne soient plus possibles. ».

Petit à petit, la Chine a imité les sociétés capitalistes avec leur propre système, et depuis plus de dix ans, voici la Chine communiste classée au deuxième rang mondial pour le PIB (produit intérieur brut), derrière les États-Unis (la première place sera très difficile à atteindre), acteur majeur de l'économie mondiale, renonçant à développer une classe moyenne au profit des millionnaires et de la course en avant de la croissance (5% comme objectif pour l'année 2024), avec des enjeux puissants, l'ambition de devenir durablement une puissance militaire et diplomatique (ce qu'elle est déjà avec l'arme nucléaire et le droit de veto au Conseil de Sécurité de l'ONU) et consolidant son dynamisme par une démographie que seule l'Inde est en mesure d'égaler.

Le Président chinois actuel Xi Jinping l'a d'ailleurs bien formulé lors de son intervention au Forum de Davos le 17 janvier 2017 : « La Chine est devenue la deuxième plus grande puissance économique du monde grâce à trente-huit années de réformes et d’ouverture. Un chemin droit mène à un avenir brillant. La Chine est arrivée à ce niveau parce que le peuple chinois, sous la direction du parti communiste chinois, a ouvert une voie de développement qui correspond aux conditions réelles de la Chine (…). La Chine a, ces dernières années, réussi à s’engager dans une voie de développement qui lui convient, en s’appuyant à la fois sur la sagesse de sa civilisation et sur les pratiques des autres pays de l’Est et de l’Ouest. En explorant ce chemin, la Chine refuse de rester insensible à l’évolution des temps ou de suivre aveuglément les pas des autres. ».

C'est cette constante réorientation qui a permis au régime communiste de durer aussi longtemps. La question maintenant est la suivante : l'avenir permettra-t-il un assouplissement politique sur les libertés individuelles, l'ouverture démocratique, la défense des droits humains, le respect de la vie et la protection des minorités ? Pour l'heure, l'enjeu est autre : il est dans l'hypersurveillance de la société chinoise par des moyens technologiques ultraévolués (reconnaissance faciale, système de points du comportement individuel, etc.). Cette société, au fond, se projette bien plus rapidement que le monde dit occidental dans une société décrite par exemple dans "Le Cinquième élément", le film de science-fiction de Luc Besson (sorti le 7 mai 1997) avec Bruce Willis et Milla Jovovich, où la surveillance devient massive et totale (comme aussi dans "Bienvenue à Gattaca" d'Andrew Niccol, sorti le 24 octobre 1997, avec Ethan Hawke, Uma Thurman et Jude Law).



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les 75 ans de la Chine communiste.
Xi Jinping, le nouveau maître du monde ?
Covid-19 : de bonnes nouvelles de Chine (et de moins bonnes nouvelles).
Jiang Zemin.
Xi Jinping confirmé empereur de Chine.
Xi Jinping sort renforcé du 20congrès du PCC.
À la veille du 20e congrès du parti communiste chinois...
Ieoh Ming Pei.
Zao Wou-Ki.
Laisser jaillir l'émotion intérieure.
Chu Teh-Chun.
De la théocratie à la démocratie laïque.
Les frontières arrêteront-elles le coronavirus ?
Le docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte de l’épidémie de coronavirus.
Li Peng, de Tiananmen à Hongkong.
Manifestations à Hongkong.
La Paix céleste selon la Chine.
La Chine au cinéma : une fidélité à soi-même, dans le film "Les Éternels".
La Chine communiste peut-elle devenir une grande démocratie ?
Li Rui.
Li Peng a 90 ans.
La maoïsation de Xi Jinping.
Zhou Enlai.
La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
La Chine à Davos.
Deng Xiaoping.
Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
La Chine et le Tibet.
Les J.O. de Pékin.
Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.
 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241001-chine-communiste.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/les-75-ans-de-la-chine-communiste-256582

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/30/article-sr-20241001-chine-communiste.html




 

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14 juin 2023 3 14 /06 /juin /2023 05:30

« Je pense que la Chine et la France, en tant que membres permanents du Conseil de Sécurité, puissances dotées, compte tenu de leur histoire, de leur amour de l'indépendance et de leur attachement profond à celle-ci, ont à œuvrer ensemble pour essayer de bâtir, en tout cas préserver, un ordre international capable de répondre aux défis du temps. Et c'est d'abord essayer de garantir la stabilité et la paix partout où elles sont menacées, mais également d'avoir la juste ambition qui permet d'embrasser les défis contemporains. » (Emmanuel Macron avec Xi Jinping, le 6 avril 2023 à Pékin).




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Le chef incontesté de la Chine populaire Xi Jinping fête son 70e anniversaire ce jeudi 15 juin 2023. Cela fait plus de dix ans qu'il est au pouvoir et cette année 2023, il peut savourer les fruits d'une dizaine d'années de mainmise totale et personnelle sur tous les leviers du pouvoir, et cela malgré des risques de contestations internes ou externes (gestion de la crise du covid-19 par des confinements systématiques, manifestations populaires à Hong-Kong, répression contre les Ouïghours dans la région autonome du Xinjiang, etc.).

L'année 2023 est donc pour Xi Jinping celle de la pleine puissance, de la toute puissance politique et aussi de la stabilité. En 2018, Xi Jinping a modifié la Constitution sur principalement deux points : la suppression de la limite à deux mandats successifs de cinq ans pour les fonctions de Président de la République et l'insertion des pensées de Xi Jinping, devenant l'égal idéologique et historique de Mao Tsé-Toung et de Deng Xiaoping.

Si les véritables successeurs de Mao avaient des fonctions très diverses (Deng Xiaoping n'a jamais été que Vice-Premier Ministre), à partir de 1989-1992, avec Jiang Zemin, il y a eu une rationalisation des fonctions : le "chef" de la Chine populaire cumulerait désormais les fonctions de Secrétaire Général du parti communiste chinois (PCC) et les fonctions de Président de la République. Le renouvellement de ces fonctions se ferait tous les cinq ans, le parti juste avant l'État, le parti ayant évidemment le rôle prééminent dans l'État, comme dans toute dictature communiste.

Mais le "chef" a aussi une autre casquette (double aussi), qu'avait d'ailleurs Deng Xiaoping et finalement, c'est le nerf de tout pouvoir politique en Chine communiste : il est aussi le Président de la Commission militaire (en fait, il y en a deux, confondues, une commission dans le parti et une commission dans l'État), en d'autres termes, chef des armées, ce qui revient à faire de ce régime une junte militaire depuis au moins la mort de Mao.

Depuis les années 1990, le régime politique était donc très réglé : chaque "chef" exerçait deux mandats de cinq ans, c'est-à-dire dix ans. C'était le cas de Jiang Zemin et de Hu Jintao. Xi Jinping aurait pu continuer dans cette tradition, mais cela aurait signifié qu'il devait quitter le pouvoir en 2023. Pendant ses dix premières années de pouvoir, il a posé progressivement ses jalons pour passer d'une dictature collective à une dictature personnelle, en employant d'ailleurs les mêmes ficelles que Mao, le noyautage des instances dirigeantes et le culte de la personnalité.

En permettant à nouveau le cumul de plus de deux mandats successifs, Xi Jinping s'achemine donc vers une Présidence à vie, car, au contraire des démocraties, les élections sont pipées puisqu'il est le seul candidat ! Ce sont donc de grandes cérémonies qui n'ont qu'un seul objectif, montrer le pouvoir absolu d'un seul homme.

En octobre 2022, a eu lieu le 20
e congrès du parti communiste chinois qui a abouti, le 23 octobre 2022, à la reconduction de Xi Jinping au Secrétariat Général du PCC. À cette date étaient alors annoncés les noms des prochains responsables de l'État, en particulier du nouveau Premier Ministre Li Qiang, appelé à succéder à Li Keqiang. Or, le Premier Ministre est désigné officiellement par les parlementaires qui n'étaient pas encore élus !

En effet, la deuxième cérémonie de pouvoir absolu, c'est la désignation de tous les responsables de l'État pour cinq ans qui a lieu au mois de mars, cette année. Li Qiang (63 ans) a ainsi été désigné Premier Ministre formellement le 11 mars 2023.

Entre octobre 2022 et février 2023 ont eu lieu les élections législatives en Chine, ou plutôt (car le mot "élections" est ici usurpé car il n'y a jamais qu'un candidat ou qu'une liste de candidats dans chaque circonscription électorale), la désignation de l'Assemblée Nationale Populaire (la Chambre des députés). Il s'agit de la 14
e législature. 2 977 députés ont été désignés, avec un fort renouvellement (seulement 790 sortants ont été renouvelés). La session a commencé le 5 mars 2023.

Le 10 mars 2023 a eu lieu l'élection présidentielle, le Président de la République est désigné par l'ensemble des députés. Et pour Xi Jinping, c'est un triomphe : il a été réélu avec 100,0% des voix ! En effet, sur les 2 952 députés ayant pris part au vote (soit 99,1% de participation), 2 952 ont choisi Xi Jinping, c'est-à-dire 100,0% ! Aucun n'a voté nul ou blanc, ni ne s'est reporté sur un autre candidat inexistant. Pour rappel, aux deux précédentes élections, Xi Jinping avait eu le même triomphe. Et même, plus grand triomphe le 17 mars 2018, puisque 2 970 avaient voté (99,7% de participation, plus élevée qu'en 2023), tous évidemment pour Xi Jinping à 100,0%. Lors de sa première élection le 14 mars 2013, la "contestation" était forte, puisque, des 2 956 votants (99,2% de participation), "seulement" 2 952 députés avaient voté pour Xi Jinping (c'est-à-dire 99,9%) et 4 députés avaient mal voté, un vote blanc (mais à l'époque, le régime n'était pas encore xijinpingisé).

Le même jour (10 mars 2023), le Président de l'Assemblée Nationale Populaire a également été "élu", Zhao Leji (66 ans), qui a succédé à Li Zanshu (membre du Comité permanent de 2017 à 2022). Han Zheng (69 ans) a été élu aussi le 10 mars 2023, Vice-Président de la République, ancien maire de Shanghai de 2003 à 2012 et Premier Vice-Premier Ministre du 19 mars 2018 au 11 mars 2023. Le nouveau Premier Ministre Li Qiang a été "élu" le lendemain, 11 mars 2023.

Zhao Leji et Li Qiang ont été élus membres du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois au 20
e congrès le 23 octobre 2022 (Zho Leji l'était depuis 2017), tandis que Han Zheng en est sorti. Ainsi, celui qui occupe un poste qui pourrait s'apparenter à celui du dauphin (Vice-Président de la République : Xi Jinping l'a été lui-même du 15 mars 2008 au 14 mars 2013), Han Zheng, a été écarté de l'instance la plus décisionnelle de la Chine communiste (seulement sept membres du Comité permanent), un moyen de diluer les pouvoirs et d'éviter que se précise un successeur.

Toutes ces formalités administratives et grandes messes sont fastidieuses et, comme leur nom l'indique, sont très formelles, si je puis dire, car ces élections sont surtout une sorte de grand concours général dont le vainqueur se serait auto-désigné.

Au niveau intérieur, Xi Jinping jouit ainsi d'un pouvoir complètement verrouillé et bien assis (d'autant plus que l'établissement d'une société de surveillance sociale généralisée avec les moyens technologiques avancés est en cours), un pouvoir qu'il pourra donc renouveler tous les cinq ans, en 2027, 2032, 2037, etc. tant que son âge et sa santé le lui permettront.

Depuis sa "réélection", Xi Jinping se tourne maintenant vers le monde extérieur, avec une ambition diplomatique importante mais aussi géopolitique. L'ambition affichée est de reprendre Taïwan, considéré, comme Hong-Kong, comme un territoire chinois et à ce titre, devant réintégrer les frontières de la Chine communiste. Rappelons très rapidement que Taïwan a été l'île de refuge des opposants aux communistes à l'époque de Mao, les troupes de Tchang Kaï-Chek s'étant repliées sur l'île en 1949 et la situation s'est figée.

Le différend territorial de Taïwan est bien plus grave de conséquence que celui de l'Ukraine avec la Russie. Taïwan est sous protection de ses alliés, les États-Unis et pour les Américains, la reprise de Taïwan par la Chine serait un casus belli. Même si le territoire est assez petit (près de 36 000 kilomètres carrés), il est situé à un endroit stratégique en mer de Chine, et la Chine communiste souhaite maîtriser militairement ces eaux. De plus, sur le plan philosophique et politique, Taïwan est la preuve que la culture chinoise n'est pas incompatible avec la notion de démocratie puisque Taïwan, après un régime autoritaire, est devenue une démocratie classique, comparable à la Corée du Sud. Rien n'empêche la Chine populaire de se transformer en démocratie s'il y a une volonté politique de ses dirigeants en ce sens.

Si la Chine populaire revendique le gouvernement de Taïwan, il faut aussi savoir que la réciproque est vraie, Taïwan, qui est officiellement appelé "République de Chine", revendique, dans sa Constitution du 1
er janvier 1947, le gouvernement de toute la Chine continentale (ce qui n'est qu'un leurre depuis le 1er octobre 1949). Xi Jinping est très sensible à ce sujet. Ainsi, il a organisé des exercices militaires à grandes échelles entre le 8 et le 11 avril 2023 autour de Taïwan, mobilisant des dizaines de navires de guerre chinois dans une optique d'invasion de Taïwan, en représailles à la venue de la Présidente de la République de Taïwan Tsai Ing-Wen aux États-Unis (reçue le 4 avril 2023 par Kevin MacCarthy, le Président de la Chambre des représentants des États-Unis). Une démonstration de force qui a rappelé que la Chine communiste avait la puissance militaire pour annexer Taïwan.

Jouissant de la durée et de l'assise très solide de son pouvoir, Xi Jinping voudrait rendre incontournable le rôle de la Chine dans la résolution du conflit en Ukraine. Alliée traditionnelle de la Russie, la Chine a pris des positions très mesurées et plutôt neutres afin de se positionner dans le rôle d'arbitre ou de médiateur (pour l'instant, bien moins crédible que le Président turc Erdogan). La Chine bénéficie du conflit ukrainien en ce sens qu'elle peut plus facilement "coloniser" la Russie qui a besoin d'alliés.

C'est un peu le sens de la visite d'État qu'a faite Xi Jinping en Russie les 20 et 21 mars 2023 pour son premier déplacement international après sa réélection. Xi Jinping y a été reçu en grandes pompes par le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine qui préfère recevoir à visiter ses amis diplomatiques dans la mesure où il est sous le coup d'un mandat international de la Cour pénale internationale de La Haye (pour crime de guerre).


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Les deux chefs d'État ont le même âge à quelques mois près (Vladimir Poutine a eu 70 ans en octobre 2022) mais la situation s'est inversée en dix ans. En 2013, Vladimir Poutine était au pouvoir depuis treize ans et pouvait être une sorte de parrain pour Xi Jinping qui arrivait au pouvoir. En 2023, les rapports de force ont changé. Le grand frère, c'est plutôt Xi Jinping tandis que Vladimir Poutine est en position de faiblesse avec l'Ukraine. Sa tentative d'invasion de l'Ukraine s'est soldée par la démonstration d'une très grande faiblesse de l'armée russe, un échec complet en renforçant les liens de l'OTAN (même la Finlande y a adhéré) et en devenant un "pestiféré" de la communauté internationale (les votes à l'ONU sont éloquents ; il ne peut compter que sur très peu de pays comme la Syrie ou la Corée du Nord !). Le journal allemand "Die Zeit" a bien résumé l'objectif chinois : « Une Russie affaiblie mais raisonnablement stable et dépendante de la Chine serait sans doute ce que Xi Jinping préférerait dans sa confrontation avec les États-Unis. ».

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Xi Jinping et Vladimir Poutine ont déclaré vouloir ouvrir une « nouvelle ère » dans les relations internationales et ont renforcé leur coopération économique et diplomatique. La coopération économique s'est traduite par une déclaration commune sur le plan du développement des priorités de la coopération sino-russe d'ici à 2030, notamment la construction du gazoduc "Force de Sibérie 2" (pour approvisionner la Chine de 50 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires par an). Les relations commerciales entre les deux pays ont fait un bond de 30% en un an. La Chine a beaucoup augmenté les importations d'hydrocarbures russes. Et la coopération diplomatique s'est traduite par une déclaration commune sur l'approfondissement du partenariat de coopération stratégique globale de l'ère nouvelle, considéré par les médias européens comme un document « largement anti-occidental » selon les termes du journal "Le Monde".

Mediapart a rappelé : « Les deux régimes ont bâti leur légitimité sur le nationalisme et un sentiment de "forteresse assiégées" face aux forces hostiles occidentales. ». L'objectif des deux chefs d'État est de montrer qu'il y a le camp de la paix et de la stabilité, et le camp des États-Unis qui arment l'Ukraine. Il faudra cependant se lever tôt pour réussir à convaincre que Vladimir Poutine est un homme de paix ! Même si Xi Jinping n'a jamais évoqué la "guerre" en Ukraine ni que la Russie était l'agresseur, la Chine est très réticente avec cette guerre en Ukraine, car elle a déstabilisé les relations économiques internationales, et aussi soudé les liens entre les États-Unis et ses alliés européens et asiatiques. La Chine a ainsi vu d'un mauvais œil le renforcement des relations entre l'Allemagne et le Japon.

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L'autre événement diplomatique du printemps, ce fut la visite d'État du Président de la République française Emmanuel Macron en Chine populaire du 5 au 8 avril 2023. L'objectif de la France était d'encourager la Chine à convaincre Vladimir Poutine de faire un cessez-le-feu en Ukraine et de renoncer à installer des missiles nucléaires en Biélorussie. Le 6 avril 2023, Emmanuel Macron et Xi Jinping ont eu plusieurs entretiens, un en tête-à-tête de plus d'une heure et demie et un autre avec la Président de la Commission Européenne Ursula von der Leyen qui, dans un discours, a fortement critiqué la dégradation des droits de l'homme en Chine (notamment au Xinjiang) et a menacé la Chine dans le cas où elle aiderait militairement la Russie en Ukraine. Elle a également annoncé qu'il faudrait revoir l'accord d'investissement conclu en 2020 entre l'Europe et la Chine après de très longues négociations.

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De son côté, plus diplomate que la Présidente de la Commission, Emmanuel Macron n'est pas parvenu à obtenir de Xi Jinping sur l'Ukraine autre chose que des déclarations de principe. Les deux seules petites avancées, c'est que Xi Jinping a exclu tout recours à l'arme nucléaire et qu'il était prêt à téléphoner au Président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Si la visite d'Emmanuel Macron a été décevante d'un point de vue diplomatique, elle a été bien moins décevante sur le plan économique. Venu avec plus de cinquante chefs d'entreprise (dont ceux de Veolia, EDF et Airbus), le Président français a obtenu quelques commandes de la part de Xi Jinping, notamment l'achat de 150 avions A320 Neo et de 10 avions A350 (soit 36 milliards d'euros), la reconduction de l'accord de partenariat global de 2007 entre EDF et CGN, le groupe chinois du nucléaire, et aussi des coopérations culturelles. Pour conclure son voyage, Emmanuel Macron a retrouvé Xi Jinping le 7 avril 2023 à Caton où il était attendu pour une conférence devant plus de mille étudiants.

Nul doute que 2023 a marqué le retour diplomatique et politique de la Chine. Xi Jinping est devenu un dirigeant du monde essentiel et très influent. Il le prouvera encore lors du prochain sommet des BRICS, le quinzième, qui aura lieu du 22 au 24 août 2023 à Durban (Emmanuel Macron a même demandé le 13 juin 2023 au Président sud-africain Cyril Ramaphosa s'il pouvait venir pour discuter de la paix). Xi Jinping y sera probablement vu comme le nouveau maître du monde...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (14 juin 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Xi Jinping, le nouveau maître du monde ?
Covid-19 : de bonnes nouvelles de Chine (et de moins bonnes nouvelles).
Jiang Zemin.
Xi Jinping confirmé empereur de Chine.
Xi Jinping sort renforcé du 20congrès du PCC.
À la veille du 20e congrès du parti communiste chinois...
Ieoh Ming Pei.
Zao Wou-Ki.
Laisser jaillir l'émotion intérieure.
Chu Teh-Chun.
De la théocratie à la démocratie laïque.
Les frontières arrêteront-elles le coronavirus ?
Le docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte de l’épidémie de coronavirus.
Li Peng, de Tiananmen à Hongkong.
Manifestations à Hongkong.
La Paix céleste selon la Chine.
La Chine au cinéma : une fidélité à soi-même, dans le film "Les Éternels".
La Chine communiste peut-elle devenir une grande démocratie ?
Li Rui.
Li Peng a 90 ans.
La maoïsation de Xi Jinping.
Zhou Enlai.
La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
La Chine à Davos.
Deng Xiaoping.
Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
La Chine et le Tibet.
Les J.O. de Pékin.
Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230615-xi-jinping.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/xi-jinping-le-nouveau-maitre-du-248684

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/06/12/39939411.html












 

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10 mars 2023 5 10 /03 /mars /2023 17:38

« Je pense que la Chine et la France, en tant que membres permanents du Conseil de Sécurité, puissances dotées, compte tenu de leur histoire, de leur amour de l'indépendance et de leur attachement profond à celle-ci, ont à œuvrer ensemble pour essayer de bâtir, en tout cas préserver, un ordre international capable de répondre aux défis du temps. Et c'est d'abord essayer de garantir la stabilité et la paix partout où elles sont menacées, mais également d'avoir la juste ambition qui permet d'embrasser les défis contemporains. » (Emmanuel Macron avec Xi Jinping, le 6 avril 2023 à Pékin).




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Le chef incontesté de la Chine populaire Xi Jinping fête son 70e anniversaire ce jeudi 15 juin 2023. Cela fait plus de dix ans qu'il est au pouvoir et cette année 2023, il peut savourer les fruits d'une dizaine d'années de mainmise totale et personnelle sur tous les leviers du pouvoir, et cela malgré des risques de contestations internes ou externes (gestion de la crise du covid-19 par des confinements systématiques, manifestations populaires à Hong-Kong, répression contre les Ouïghours dans la région autonome du Xinjiang, etc.).

L'année 2023 est donc pour Xi Jinping celle de la pleine puissance, de la toute puissance politique et aussi de la stabilité. En 2018, Xi Jinping a modifié la Constitution sur principalement deux points : la suppression de la limite à deux mandats successifs de cinq ans pour les fonctions de Président de la République et l'insertion des pensées de Xi Jinping, devenant l'égal idéologique et historique de Mao Tsé-Toung et de Deng Xiaoping.

Si les véritables successeurs de Mao avaient des fonctions très diverses (Deng Xiaoping n'a jamais été que Vice-Premier Ministre), à partir de 1989-1992, avec Jiang Zemin, il y a eu une rationalisation des fonctions : le "chef" de la Chine populaire cumulerait désormais les fonctions de Secrétaire Général du parti communiste chinois (PCC) et les fonctions de Président de la République. Le renouvellement de ces fonctions se ferait tous les cinq ans, le parti juste avant l'État, le parti ayant évidemment le rôle prééminent dans l'État, comme dans toute dictature communiste.

Mais le "chef" a aussi une autre casquette (double aussi), qu'avait d'ailleurs Deng Xiaoping et finalement, c'est le nerf de tout pouvoir politique en Chine communiste : il est aussi le Président de la Commission militaire (en fait, il y en a deux, confondues, une commission dans le parti et une commission dans l'État), en d'autres termes, chef des armées, ce qui revient à faire de ce régime une junte militaire depuis au moins la mort de Mao.

Depuis les années 1990, le régime politique était donc très réglé : chaque "chef" exerçait deux mandats de cinq ans, c'est-à-dire dix ans. C'était le cas de Jiang Zemin et de Hu Jintao. Xi Jinping aurait pu continuer dans cette tradition, mais cela aurait signifié qu'il devait quitter le pouvoir en 2023. Pendant ses dix premières années de pouvoir, il a posé progressivement ses jalons pour passer d'une dictature collective à une dictature personnelle, en employant d'ailleurs les mêmes ficelles que Mao, le noyautage des instances dirigeantes et le culte de la personnalité.

En permettant à nouveau le cumul de plus de deux mandats successifs, Xi Jinping s'achemine donc vers une Présidence à vie, car, au contraire des démocraties, les élections sont pipées puisqu'il est le seul candidat ! Ce sont donc de grandes cérémonies qui n'ont qu'un seul objectif, montrer le pouvoir absolu d'un seul homme.

En octobre 2022, a eu lieu le 20
e congrès du parti communiste chinois qui a abouti, le 23 octobre 2022, à la reconduction de Xi Jinping au Secrétariat Général du PCC. À cette date étaient alors annoncés les noms des prochains responsables de l'État, en particulier du nouveau Premier Ministre Li Qiang, appelé à succéder à Li Keqiang. Or, le Premier Ministre est désigné officiellement par les parlementaires qui n'étaient pas encore élus !

En effet, la deuxième cérémonie de pouvoir absolu, c'est la désignation de tous les responsables de l'État pour cinq ans qui a lieu au mois de mars, cette année. Li Qiang (63 ans) a ainsi été désigné Premier Ministre formellement le 11 mars 2023.

Entre octobre 2022 et février 2023 ont eu lieu les élections législatives en Chine, ou plutôt (car le mot "élections" est ici usurpé car il n'y a jamais qu'un candidat ou qu'une liste de candidats dans chaque circonscription électorale), la désignation de l'Assemblée Nationale Populaire (la Chambre des députés). Il s'agit de la 14
e législature. 2 977 députés ont été désignés, avec un fort renouvellement (seulement 790 sortants ont été renouvelés). La session a commencé le 5 mars 2023.

Le 10 mars 2023 a eu lieu l'élection présidentielle, le Président de la République est désigné par l'ensemble des députés. Et pour Xi Jinping, c'est un triomphe : il a été réélu avec 100,0% des voix ! En effet, sur les 2 952 députés ayant pris part au vote (soit 99,1% de participation), 2 952 ont choisi Xi Jinping, c'est-à-dire 100,0% ! Aucun n'a voté nul ou blanc, ni ne s'est reporté sur un autre candidat inexistant. Pour rappel, aux deux précédentes élections, Xi Jinping avait eu le même triomphe. Et même, plus grand triomphe le 17 mars 2018, puisque 2 970 avaient voté (99,7% de participation, plus élevée qu'en 2023), tous évidemment pour Xi Jinping à 100,0%. Lors de sa première élection le 14 mars 2013, la "contestation" était forte, puisque, des 2 956 votants (99,2% de participation), "seulement" 2 952 députés avaient voté pour Xi Jinping (c'est-à-dire 99,9%) et 4 députés avaient mal voté, un vote blanc (mais à l'époque, le régime n'était pas encore xijinpingisé).

Le même jour (10 mars 2023), le Président de l'Assemblée Nationale Populaire a également été "élu", Zhao Leji (66 ans), qui a succédé à Li Zanshu (membre du Comité permanent de 2017 à 2022). Han Zheng (69 ans) a été élu aussi le 10 mars 2023, Vice-Président de la République, ancien maire de Shanghai de 2003 à 2012 et Premier Vice-Premier Ministre du 19 mars 2018 au 11 mars 2023. Le nouveau Premier Ministre Li Qiang a été "élu" le lendemain, 11 mars 2023.

Zhao Leji et Li Qiang ont été élus membres du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois au 20
e congrès le 23 octobre 2022 (Zho Leji l'était depuis 2017), tandis que Han Zheng en est sorti. Ainsi, celui qui occupe un poste qui pourrait s'apparenter à celui du dauphin (Vice-Président de la République : Xi Jinping l'a été lui-même du 15 mars 2008 au 14 mars 2013), Han Zheng, a été écarté de l'instance la plus décisionnelle de la Chine communiste (seulement sept membres du Comité permanent), un moyen de diluer les pouvoirs et d'éviter que se précise un successeur.

Toutes ces formalités administratives et grandes messes sont fastidieuses et, comme leur nom l'indique, sont très formelles, si je puis dire, car ces élections sont surtout une sorte de grand concours général dont le vainqueur se serait auto-désigné.

Au niveau intérieur, Xi Jinping jouit ainsi d'un pouvoir complètement verrouillé et bien assis (d'autant plus que l'établissement d'une société de surveillance sociale généralisée avec les moyens technologiques avancés est en cours), un pouvoir qu'il pourra donc renouveler tous les cinq ans, en 2027, 2032, 2037, etc. tant que son âge et sa santé le lui permettront.

Depuis sa "réélection", Xi Jinping se tourne maintenant vers le monde extérieur, avec une ambition diplomatique importante mais aussi géopolitique. L'ambition affichée est de reprendre Taïwan, considéré, comme Hong-Kong, comme un territoire chinois et à ce titre, devant réintégrer les frontières de la Chine communiste. Rappelons très rapidement que Taïwan a été l'île de refuge des opposants aux communistes à l'époque de Mao, les troupes de Tchang Kaï-Chek s'étant repliées sur l'île en 1949 et la situation s'est figée.

Le différend territorial de Taïwan est bien plus grave de conséquence que celui de l'Ukraine avec la Russie. Taïwan est sous protection de ses alliés, les États-Unis et pour les Américains, la reprise de Taïwan par la Chine serait un casus belli. Même si le territoire est assez petit (près de 36 000 kilomètres carrés), il est situé à un endroit stratégique en mer de Chine, et la Chine communiste souhaite maîtriser militairement ces eaux. De plus, sur le plan philosophique et politique, Taïwan est la preuve que la culture chinoise n'est pas incompatible avec la notion de démocratie puisque Taïwan, après un régime autoritaire, est devenue une démocratie classique, comparable à la Corée du Sud. Rien n'empêche la Chine populaire de se transformer en démocratie s'il y a une volonté politique de ses dirigeants en ce sens.

Si la Chine populaire revendique le gouvernement de Taïwan, il faut aussi savoir que la réciproque est vraie, Taïwan, qui est officiellement appelé "République de Chine", revendique, dans sa Constitution du 1
er janvier 1947, le gouvernement de toute la Chine continentale (ce qui n'est qu'un leurre depuis le 1er octobre 1949). Xi Jinping est très sensible à ce sujet. Ainsi, il a organisé des exercices militaires à grandes échelles entre le 8 et le 11 avril 2023 autour de Taïwan, mobilisant des dizaines de navires de guerre chinois dans une optique d'invasion de Taïwan, en représailles à la venue de la Présidente de la République de Taïwan Tsai Ing-Wen aux États-Unis (reçue le 4 avril 2023 par Kevin MacCarthy, le Président de la Chambre des représentants des États-Unis). Une démonstration de force qui a rappelé que la Chine communiste avait la puissance militaire pour annexer Taïwan.

Jouissant de la durée et de l'assise très solide de son pouvoir, Xi Jinping voudrait rendre incontournable le rôle de la Chine dans la résolution du conflit en Ukraine. Alliée traditionnelle de la Russie, la Chine a pris des positions très mesurées et plutôt neutres afin de se positionner dans le rôle d'arbitre ou de médiateur (pour l'instant, bien moins crédible que le Président turc Erdogan). La Chine bénéficie du conflit ukrainien en ce sens qu'elle peut plus facilement "coloniser" la Russie qui a besoin d'alliés.

C'est un peu le sens de la visite d'État qu'a faite Xi Jinping en Russie les 20 et 21 mars 2023 pour son premier déplacement international après sa réélection. Xi Jinping y a été reçu en grandes pompes par le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine qui préfère recevoir à visiter ses amis diplomatiques dans la mesure où il est sous le coup d'un mandat international de la Cour pénale internationale de La Haye (pour crime de guerre).


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Les deux chefs d'État ont le même âge à quelques mois près (Vladimir Poutine a eu 70 ans en octobre 2022) mais la situation s'est inversée en dix ans. En 2013, Vladimir Poutine était au pouvoir depuis treize ans et pouvait être une sorte de parrain pour Xi Jinping qui arrivait au pouvoir. En 2023, les rapports de force ont changé. Le grand frère, c'est plutôt Xi Jinping tandis que Vladimir Poutine est en position de faiblesse avec l'Ukraine. Sa tentative d'invasion de l'Ukraine s'est soldée par la démonstration d'une très grande faiblesse de l'armée russe, un échec complet en renforçant les liens de l'OTAN (même la Finlande y a adhéré) et en devenant un "pestiféré" de la communauté internationale (les votes à l'ONU sont éloquents ; il ne peut compter que sur très peu de pays comme la Syrie ou la Corée du Nord !). Le journal allemand "Die Zeit" a bien résumé l'objectif chinois : « Une Russie affaiblie mais raisonnablement stable et dépendante de la Chine serait sans doute ce que Xi Jinping préférerait dans sa confrontation avec les États-Unis. ».

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Xi Jinping et Vladimir Poutine ont déclaré vouloir ouvrir une « nouvelle ère » dans les relations internationales et ont renforcé leur coopération économique et diplomatique. La coopération économique s'est traduite par une déclaration commune sur le plan du développement des priorités de la coopération sino-russe d'ici à 2030, notamment la construction du gazoduc "Force de Sibérie 2" (pour approvisionner la Chine de 50 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires par an). Les relations commerciales entre les deux pays ont fait un bond de 30% en un an. La Chine a beaucoup augmenté les importations d'hydrocarbures russes. Et la coopération diplomatique s'est traduite par une déclaration commune sur l'approfondissement du partenariat de coopération stratégique globale de l'ère nouvelle, considéré par les médias européens comme un document « largement anti-occidental » selon les termes du journal "Le Monde".

Mediapart a rappelé : « Les deux régimes ont bâti leur légitimité sur le nationalisme et un sentiment de "forteresse assiégées" face aux forces hostiles occidentales. ». L'objectif des deux chefs d'État est de montrer qu'il y a le camp de la paix et de la stabilité, et le camp des États-Unis qui arment l'Ukraine. Il faudra cependant se lever tôt pour réussir à convaincre que Vladimir Poutine est un homme de paix ! Même si Xi Jinping n'a jamais évoqué la "guerre" en Ukraine ni que la Russie était l'agresseur, la Chine est très réticente avec cette guerre en Ukraine, car elle a déstabilisé les relations économiques internationales, et aussi soudé les liens entre les États-Unis et ses alliés européens et asiatiques. La Chine a ainsi vu d'un mauvais œil le renforcement des relations entre l'Allemagne et le Japon.

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L'autre événement diplomatique du printemps, ce fut la visite d'État du Président de la République française Emmanuel Macron en Chine populaire du 5 au 8 avril 2023. L'objectif de la France était d'encourager la Chine à convaincre Vladimir Poutine de faire un cessez-le-feu en Ukraine et de renoncer à installer des missiles nucléaires en Biélorussie. Le 6 avril 2023, Emmanuel Macron et Xi Jinping ont eu plusieurs entretiens, un en tête-à-tête de plus d'une heure et demie et un autre avec la Président de la Commission Européenne Ursula von der Leyen qui, dans un discours, a fortement critiqué la dégradation des droits de l'homme en Chine (notamment au Xinjiang) et a menacé la Chine dans le cas où elle aiderait militairement la Russie en Ukraine. Elle a également annoncé qu'il faudrait revoir l'accord d'investissement conclu en 2020 entre l'Europe et la Chine après de très longues négociations.

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De son côté, plus diplomate que la Présidente de la Commission, Emmanuel Macron n'est pas parvenu à obtenir de Xi Jinping sur l'Ukraine autre chose que des déclarations de principe. Les deux seules petites avancées, c'est que Xi Jinping a exclu tout recours à l'arme nucléaire et qu'il était prêt à téléphoner au Président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Si la visite d'Emmanuel Macron a été décevante d'un point de vue diplomatique, elle a été bien moins décevante sur le plan économique. Venu avec plus de cinquante chefs d'entreprise (dont ceux de Veolia, EDF et Airbus), le Président français a obtenu quelques commandes de la part de Xi Jinping, notamment l'achat de 150 avions A320 Neo et de 10 avions A350 (soit 36 milliards d'euros), la reconduction de l'accord de partenariat global de 2007 entre EDF et CGN, le groupe chinois du nucléaire, et aussi des coopérations culturelles. Pour conclure son voyage, Emmanuel Macron a retrouvé Xi Jinping le 7 avril 2023 à Caton où il était attendu pour une conférence devant plus de mille étudiants.

Nul doute que 2023 a marqué le retour diplomatique et politique de la Chine. Xi Jinping est devenu un dirigeant du monde essentiel et très influent. Il le prouvera encore lors du prochain sommet des BRICS, le quinzième, qui aura lieu du 22 au 24 août 2023 à Durban (Emmanuel Macron a même demandé le 13 juin 2023 au Président sud-africain Cyril Ramaphosa s'il pouvait venir pour discuter de la paix). Xi Jinping y sera probablement vu comme le nouveau maître du monde...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (14 juin 2023)
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Xi Jinping, le nouveau maître du monde ?
Covid-19 : de bonnes nouvelles de Chine (et de moins bonnes nouvelles).
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Xi Jinping confirmé empereur de Chine.
Xi Jinping sort renforcé du 20congrès du PCC.
À la veille du 20e congrès du parti communiste chinois...
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De la théocratie à la démocratie laïque.
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Le docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte de l’épidémie de coronavirus.
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Li Peng a 90 ans.
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Le 14e dalaï-lama.
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Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
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Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.

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1 février 2023 3 01 /02 /février /2023 04:54

« Osez vous battre pour la victoire ! » (Xi Jinping, le 22 octobre 2022 à Pékin).




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Cela ne faisait plus aucun doute mais il fallait la confirmation. Elle a eu lieu ce dimanche 23 octobre 2022 avec la première réunion du nouveau comité central du parti communiste chinois (PCC) désigné à l'issue de son 20
e congrès. Le comité central a désigné le nouveau bureau politique, celui-ci le nouveau comité permanent du bureau politique et enfin, Xi Jinping a été réélu Secrétaire Général du parti communiste chinois. Difficile de donner l'ordre des désignations puisque tout a été parfaitement huilé, téléphoné, préparé, avec les sept heureux désignés arrivant sur l'estrade.

Pour Xi Jinping, c'était sans nul doute une nouvelle étape pour son pouvoir. Tant en termes constitutionnels (ravivant le culte de SA personnalité) qu'en termes d'équipe. La consécration de son pouvoir absolu. Le voici seul, en ayant écarté tous ceux qui, à l'intérieur de la direction du parti, aurait pu le gêner, du moins, le freiner. Les "nouveaux maîtres de la Chine communiste" se résument à un seul nom, le sien ! Il suffit de regarder en détail la composition du nouveau "comité permanent du bureau politique du comité central du parti communiste chinois" (ouf !) dont il fait évidemment partie. C'est le cœur du pouvoir en Chine.

Le numéro un
Xi Jinping (69 ans) reste toujours le plus ancien à ce comité, membre depuis le 22 octobre 2007. Désormais, les deux seuls autres plus anciens n'ont été nommés que le 25 octobre 2017, quand il était déjà le chef suprême, à savoir Zhao Leji (numéro trois) et Wang Huning (numéro quatre).

Zhao Leji
(65 ans) sera le prochain Président du comité permanent de l'Assemblée Nationale Populaire (en mars 2023). Il succédera à Li Zhanshu (72 ans) qui a quitté le comité permanent le 23 octobre 2022. Zhao Leji a été le secrétaire du comité central pour l'inspection disciplinaire du parti du 25 octobre 2017 au 23 octobre 2022.

Son prédécesseur à cette dernière fonction était Wang Qishan (74 ans), qui a quitté le comité permanent le 25 octobre 2017 et qui est l'actuel Vice-Président de la République populaire de Chine depuis le 17 mars 2018 (après avoir été Vice-Premier Ministre du 15 mars 2008 au 14 mars 2013). Très proche de Xi Jinping, Wang Qishan l'a représenté aux funérailles de la reine Élisabeth II le 19 septembre 2022.

Wang Huning
(67 ans) est le président de la commission centrale d'orientation sur la construction de la civilisation spirituelle depuis novembre 2017 et a été le premier secrétaire du Secrétariat du parti communiste chinois du 25 octobre 2017 au 23 octobre 2022. Politologue francophone, Wang Huning est considéré comme l'éminence grise de Xi Jinping et comme l'idéologue du parti depuis Jiang Zemin.

Les quatre autres membres du comité permanent sont donc de nouveaux membres, nommés le 23 octobre 2022. Les voici.

Le numéro deux
Li Qiang (63 ans) sera intronisé Premier Ministre de la Chine en mars 2023, qui succédera à Li Keqiang (72 ans), lui-même quittant le comité permanent le 23 octobre 2022. Li Qiang était le chef du parti à Shanghai du 29 octobre 2017 au 28 octobre 2022. Il a été par ailleurs gouverneur du Zhejiang du 21 décembre 2012 au 4 juillet 2016 et chef du parti du Jiangsu du 30 juin 2016 au 29 octobre 2017. Proche de Xi Jinping, il a beaucoup travaillé avec lui au Zhejiang.

Le numéro cinq
Cai Qi (67 ans) est le nouveau premier secrétaire du Secrétariat du parti depuis le 23 octobre 2022, prenant la succession de Wang Huning. Il a été le président du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver à Pékin du 25 février 2018 au 13 mars 2022, maire de Pékin du 31 octobre 2016 au 27 mai 2017 et surtout, chef du parti à Pékin du 27 mai 2017 au 13 novembre 2022. Cai Qi est un très proche de Xi Jinping, il était en mai 1999 maire de Quzhou, en mars 2002 sous-chef du parti du Zhejiang, en avril 2004 chef du parti à Taizhou quand Xi Jinping était le chef du parti de Zhejiang (Taizhou est une ville de Zhejiang), puis en avril 2007 maire de Hangzhou, etc.

Le numéro six
Ding Xuexiang (60 ans) est le directeur de cabinet du Secrétaire Général du parti depuis mai 2013, directeur général du parti depuis le 15 novembre 2017, avec la supervision de nombreux services importants. Il a travaillé longtemps aux côtés de Xi Jinping, tant à Shanghai qu'à Pékin.

Enfin, le numéro sept
Li Xi (66 ans) a pris la succession de Zhao Leji le 23 octobre 2022 comme secrétaire du comité central pour l'inspection disciplinaire du parti. Il a été le gouverneur du Liaoning du 5 mai 2014 au 8 mai 2015, chef du parti du Liaoning du 4 mai 2015 au 28 octobre 2017 et chef du parti du Guangdong du 28 octobre 2017 au 28 octobre 2022. Il avait été auparavant sous-chef du parti à Shanghai. Li Xi est considéré comme un confident de Xi Jinping.

Comme on le voit, Xi Jinping a placé, à ces six postes stratégiques, ses propres hommes, dont il peut s'assurer d'une fidélité sans faille et d'une confiance acquise au fil de leur longue collaboration dans le passé. On note aussi qu'il y a intégré les deux chefs de parti les plus importants, celui de Pékin (Cai Qi) et aussi celui de Shanghai (Li Qiang) qui avait imposé le confinement d'une vingtaine de millions de personnes pendant plusieurs mois en raison de la présence de quelques centaines de cas de covid-19 (la politique du zéro-covid vient d'être énormément assouplie après beaucoup de contestation).

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On notera aussi le caractère "démocratique" du fonctionnement institutionnel de la Chine communiste (je fais dans l'ironie) : tous les cinq ans, un congrès du parti de plus de 2 000 délégués (en principe élus localement, mais avec un seul candidat) se réunit pendant une semaine pour choisir ses instances directives, le lendemain (le 23 octobre 2022 cette année) a lieu toutes les nominations pour les cinq ans à venir. Et en mars de l'année suivante (ici mars 2023) aura lieu l'élection de l'Assemblée Nationale Populaire (l'équivalent du Parlement), toujours avec le mode de la candidature unique, qui élit le Président de la République pour cinq ans et plus généralement, les instances directives non plus du parti mais de l'État.

Ce qui est extraordinaire, c'est la capacité à prédire l'avenir puisque Li Qiang, le nouveau numéro deux, est destiné à devenir Premier Ministre, mais comment peut-il être déjà désigné par avance chef d'un gouvernement qui aura la confiance d'une assemblée qui n'est pas encore élue ? C'est là toute la subtilité chinoise : les élections n'ont aucun rôle et certainement pas celui de choisir librement et en toute sincérité les représentants du peuple, elles ne sont que des procédés de vitrine pour asseoir un pouvoir déjà largement renforcé par les instances du parti. Les députés sont des représentants du chef, pas du peuple.

Peut-on, dès lors, parler de dictature pour qualifier la Chine ? Elle l'a toujours été depuis Mao, mais avant lui, elle n'était pas plus une démocratie. On pourrait envisager, au risque d'un racisme nationaliste, que le peuple chinois ne pourrait pas être dirigé par une démocratie, mais l'exemple de Taïwan, longtemps une autocratie, montre le contraire depuis que la démocratie a été installée avec plus ou moins de succès. Les nominations du 23 octobre 2022 confirment la dictature, c'était prévisible, mais ce qui est maintenant nouveau, c'est que la Chine est devenue une dictature unipersonnelle et non plus collective. En ce sens, ce régime se "poutinise".

Cela dit, pour en avoir discuté longuement avec quelques amis chinois dont la neutralité politique leur assure la bienveillance de leur pays pendant leur séjour d'expatriation en France, pour bien comprendre la vie politique chinoise, c'est l'efficacité qui l'emporte. Pourquoi perdre tant de temps à discutailler pendant des mois voire des années de campagne électorale sans rien construire ? Les campagnes électorales font perdre inutilement beaucoup d'énergie. Alors, selon eux, il vaut mieux dépassionner la désignation des dirigeants, y mettre "les meilleurs", et le pays sera parfaitement dirigé, uni vers un même but (à définir).

Mais partout, on a imaginé ce mode de gouvernement, il était très en cour au Siècle des Lumières, on parlait alors de "despotisme éclairé". Le problème, comme toujours, c'est la définition de "éclairé", de "les meilleurs", qui dit l'éclairage et qui juge du bon éclairage ? En 2022, assurément, en Chine, la réponse à cette question, c'est Xi Jinping.

Pour donner une certaine analogie, il faut imaginer la désignation des dirigeants de la Chine comme un vaste concours général, où les meilleurs atteignent les places supérieures, petit à petit. Ce n'est pas étonnant que la présentation des sept membres du comité permanent s'est faite finalement sur le même mode que la nomination des Césars et autres cérémonies de prix culturels : dans ces grand-messes, il n'y aura jamais de vrai débat sur les orientations politiques du pays. Seulement une attention portée aux personnalités.


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Sylvain Rakotoarison (11 décembre 2022)
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Jiang Zemin.
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La Chine communiste peut-elle devenir une grande démocratie ?
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Li Peng a 90 ans.
La maoïsation de Xi Jinping.
Zhou Enlai.
La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
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Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
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30 novembre 2022 3 30 /11 /novembre /2022 04:41

« Les informations qui ont circulé sur la mort de l'ancien numéro un chinois Jiang Zemin sont de "pures rumeurs", a rapporté (…) l'agence officielle Chine nouvelle, citant des "sources sûres". (…) Pour tenter de mettre un terme aux rumeurs, les censeurs de l'internet en Chine ont récemment bloqué les recherches sur le nom de Jiang Zemin sur le service de micro-blogging Weibo, ainsi que sur les mots "secrétaire général" et "infarctus du myocarde", entre autres. (…) Des médias chinois à Hong Kong et à l'étranger avaient annoncé mercredi le décès de l'homme qui a dirigé la Chine de 1989 à 2003. » (Dépêche de l'AFP du 7 juillet 2011).




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Ces fausses rumeurs, démenties rapidement, sur la mort du successeur de Deng Xiaoping, ont été émises il y a plus de onze ans, en juillet 2011. Aujourd'hui, c'est le régime communiste chinois lui-même qui l'a annoncée, avec le cérémonial qu'il convient d'adopter en de pareilles circonstances. L'ancien dirigeant suprême de la Chine communiste Jiang Zemin est en effet mort ce mercredi 30 novembre 2022 à Shanghai, terrassé par une leucémie à l'âge de 96 ans (il est né le 17 août 1926 à Yangzhou).

Jiang Zemin représentait depuis longtemps le fameux "clan de Shanghai", le patriarche avait "formé" à ses côtés bien des responsables politiques, en particulier l'ancien Premier Ministre Zhu Rongji (à peine plus jeune que lui) de 1998 à 2003, qui avait été maire de Shanghai de 1989 à 1991. Parmi les dirigeants chinois, cette faction avait une influence non négligeable à Pékin. Lors de l'une de ses dernières sorties publiques en juillet 2019, Jiang Zemin avait assisté difficilement à l'enterrement de l'ancien Premier Ministre Li Peng, surnommé le boucher de la place Tiananmen. Parmi les dirigeants communistes en 1989, Jiang Zemin fut de ceux qui avaient soutenu la répression sanglante.

Ingénieur en électrotechnique, il a adhéré au parti communiste chinois (PCC) dès 1946 (avant donc l'arrivée au pouvoir de Mao en 1949). Ce qu'est que sexagénaire que Jiang Zemin a commencé à prendre de l'importance politique, après avoir occupé quelques postes ministériels en poursuivant une carrière technocratique. Il fut maire de Shanghai de 1985 à 1988, puis secrétaire général du comité du PCC de Shanghai à partir de 1987 et bombardé membre du bureau politique à l'issue du 13e congrès, en novembre 1987. Il se retrouvait projeté au cœur du pouvoir communiste suprême, aux côtés de Li Peng, Yang Shangkun (Président de la République de 1988 à 1993 et partisan de la répression), Zhao Ziyang et Hu Yaobang.

Hu Yaobang était le Secrétaire Général du PCC entre 1980 et 1987 et justement, il venait d'être limogé de son poste (le poste le plus élevé dans la hiérarchie communiste chinoise) en raison de son comportement trop réformateur et pas assez ferme face aux manifestations d'étudiants. Il a été remplacé à ce congrès par le Premier Ministre d'alors, Zhao Ziyang qui allait aussi être sanctionné pour son manque de fermeté en juin 1989. En outre, Li Peng avait pris le poste de Premier Ministre de Zhao Ziyang.

La mort de Hu Yaobang le 15 avril 1989 a précipité les événements : considéré comme un héros par les manifestants étudiants, la contestation politique du régime n'a fait que grandir jusqu'au tristement célèbre massacre de la place Tiananmen à Pékin le 4 juin 1989, les chars communistes reprenant la place occupée depuis des semaines par des étudiants faisant des rêves de démocratie et de liberté. J'ai écrit que le poste de Secrétaire Général du PCC était le plus important, mais c'est en fait inexact entre la mort de Mao en 1976 et la mort de Deng Xiaoping en 1997.

Ce dernier, en effet, n'a plus occupé de fonctions officielles malgré son influence politique déterminante, sauf deux postes cruciaux dans les faits : le poste de président de la Commission militaire du parti et le poste de président de la Commission militaire de l'État, ce sont à peu près les mêmes organismes (l'État est un État parti, c'est l'un des principes du communisme), à quelques dates de transition près.

Alors que le pouvoir politique vacillait et envisageait sérieusement de négocier avec les étudiants un assouplissement de la dictature communiste, Deng Xiaoping a finalement choisi la seule méthode qu'il connaissait, dont parfois il a été victime sous Mao, à savoir la méthode forte, c'est-à-dire la répression sanglante. Le solde politique du massacre s'est fait assez rapidement à la suite : Li Peng, l'opérateur du massacre, a vu sa position renforcée, il est resté à la tête du gouvernement chinois encore près d'une décennie, tandis que Zhao Ziyang, sans surprise, a été évincé du bureau politique. Deng Xiaoping a choisi alors Jiang Zemin pour le remplacer, probablement parce qu'il était parmi les partisans de la répression, et pour tenter de tourner définitivement la page de ces événements du printemps.

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Ainsi, Jiang Zemin fut Secrétaire Général du PCC du 24 juin 1989 au 15 novembre 2002 (16e congrès) où il a pris sa retraite (il avait alors déjà 76 ans !). Il fut "réélu" aux 14e et 15e congrès, respectivement le 19 octobre 1992 et le 19 septembre 1997. Les dates des congrès tous les cinq ans sont immuables, chaque fois en automne xxx2 et xxx7. Toutefois, Deng Xiaoping s'est laissé le temps de le tester pendant quelques mois, puisque ce dernier est resté à la tête des commissions militaires encore quelque temps. En effet, Jiang Zemin lui a succédé à la présidence de ces commissions militaires respectivement le 9 novembre 1989 (date symbolique !) pour le parti (jusqu'au 19 septembre 2004) et le 19 mars 1990 pour l'État (jusqu'au 13 mars 2005).

Enfin, le 27 mars 1993, choisi officiellement par l'Assemblée Nationale Populaire, Jiang Zemin s'est fait "élire" Président de la République à la fin du mandat de Yang Shangkun (qui avait alors 85 ans !), écarté du bureau politique du PCC en octobre 1992 par Deng Xiaoping pour lui laisser le pouvoir absolu, et il s'est fait "réélire" le 17 mars 1998, pour un double mandat de dix ans au total, jusqu'au 15 mars 2003. C'est donc à partir de mars 1993 que Jiang Zemin a concentré tous les pouvoirs : chef du parti, chef des armées et chef de l'État. Il a en outre amené la Chine communiste dans un calendrier relativement régulier de ses dirigeants, jusqu'à 2022. En effet, lors de sa "réélection" en 1997 et en 1998 selon les fonctions, il a décidé de prendre sa retraite à la fin de ces mandats, et a ainsi régi la limite de deux mandats de cinq ans pour ses successeurs.

Au cours de sa Présidence, on retiendra surtout le retour sous l'autorité chinoise de Hong Kong et de Macao (rétrocession), tandis que Taïwan reste encore dans l'objectif lointain des dirigeants chinois. On rappellera sans doute aussi la répression au Tibet dont sont responsables Li Peng et Jiang Zemin. En mai 1997, le Président chinois a reçu son homologue français Jacques Chirac et lui a confié qu'il avait lu pendant ses études Victor Hugo, Alexandre Dumas, Romain Rolland, Alphonse Daudet, et qu'il admirait beaucoup la culture française qui l'a partiellement formé. Dommage que ces bagages littéraire ne l'aient pas encouragé à renoncer définitivement aux méthodes répressives.

En novembre 2002 et mars 2003, Jiang Zemin a cédé sa place à son dauphin, Vice-Président de la République en 1998 : Hu Jintao. Lui aussi adopta le double mandat de dix ans au total avant de prendre sa retraite. Jiang Zemin est toutefois encore resté au pouvoir pendant une période transitoire, en différant de deux ans son départ de la présidence des commissions militaires. À grand renfort de paroles officielles et de posters, Jiang Zemin est ainsi représenté en successeur de Mao et de Deng, oubliant les autres secrétaires généraux entre Mao et lui. Ses successeurs Hu Jintao et Xi Jinping allaient compléter le tableau, même si Xi Jinping se proclame désormais l'égal historique de Mao.

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En effet, adoubé au 18e congrès du PCC (le 15 novembre 2012), tant par Hu Jintao, son prédécesseur direct, que par Jiang Zemin, Xi Jinping a continué cyniquement la concentration des pouvoirs et entame depuis un peu plus d'un mois son troisième mandat à la tête du régime communiste. Il l'a fait en éliminant l'influence de Jiang Zemin dès 2012, en disgraciant l'un de ses proches, Zhou Yongkang, influent Ministre de la Sécurité publique de 2002 à 2007, évincé du bureau politique en novembre 2012 et exclu du PCC en décembre 2014 pour "corruption".

Le fils même de Jiang Zemin, Jiang Mianheng, docteur en génie électrique, fondateur de Grace Semiconductor Manufacturing Corporation et vice-président de l'Académie chinoise des sciences de 1999 à 2011, n'était pas parvenu à se faire "élire" au bureau politique en 2007, et avait été disgracié en novembre 2011 pour corruption et détournement de fond.

Aujourd'hui, des larmes de crocodiles vont être associées aux communications officielles pour honorer celui qui n'était plus qu'un vieillard sans influence. Xi Jinping n'a même plus cet œil pseudo-paternel qui aurait pu le freiner dans son exercice solitaire du pouvoir, comme pouvait justement le ressentir Jiang Zemin avec Deng Xiaoping. Après avoir été la patrie du capitalisme d'État, le communisme chinois est désormais devenu une monarchie bonapartiste. Jiang Zemin y a contribué.


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Sylvain Rakotoarison (30 novembre 2022)
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Xi Jinping confirmé empereur de Chine.
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Chu Teh-Chun.
De la théocratie à la démocratie laïque.
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Le docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte de l’épidémie de coronavirus.
Li Peng, de Tiananmen à Hongkong.
Manifestations à Hongkong.
La Paix céleste selon la Chine.
La Chine au cinéma : une fidélité à soi-même, dans le film "Les Éternels".
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Li Rui.
Li Peng a 90 ans.
La maoïsation de Xi Jinping.
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La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
La Chine à Davos.
Deng Xiaoping.
Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
La Chine et le Tibet.
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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 19:59

« Au cours de ces cinquante ans, le peuple chinois a fait preuve de l'esprit intrépide et tenu le cap du développement de la Chine dans les changements, écrivant un chapitre épique dans l'histoire du développement de la Chine et de l'humanité. » (Xi Jinping).



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Et de poursuivre : « Sur la base de la construction et du développement du pays depuis la fondation de la Chine nouvelle, le peuple chinois a ouvert une nouvelle ère historique de la réforme et de l'ouverture, créé et développé avec succès le socialisme aux caractéristiques chinoises. Nous avons œuvré sans cesse à libérer et développer les forces productives sociales et à améliorer les conditions de vie de la population, et réalisé un essor historique permettant à la Chine de passer d'un État relativement arriéré en matière de forces productives à la deuxième économie du monde. (…) Au cours de ces cinquante ans, le peuple chinois a, en solidarité et en coopération avec les autres peuples du monde, défendu l'équité et la justice internationales, apportant une contribution majeure à la paix et au développement dans le monde. Le peuple chinois, très attaché à la paix et profondément conscient de l'importance de la paix et de la stabilité, poursuit depuis toujours la politique étrangère d'indépendance et de paix, travaille à défendre l'équité et la justice et  s'oppose fermement à l'hégémonisme et à la politique du plus fort. Nous soutenons fermement la juste cause des autres pays en développement de préserver leurs souveraineté, sécurité et intérêts de développement. Le peuple chinois œuvre à promouvoir le développement partagé. ».

On dirait le discours d'un dirigeant d'un pays à forte tradition démocratique. Eh non, il s'agit bien de Xi Jinping, dirigeant de la Chine communiste dont les paroles sont toujours lénifiantes, sur la paix, la justice, ainsi que l'équité sociale, la stabilité économique. Il est peu éloigné du discours qu'il avait prononcé il y a déjà plus de cinq à Davos. Il fait un peu penser à "Mars Attacks!", tout va bien, nous venons en paix. Ce récent discours ne date pas de cette semaine mais du 25 octobre 2021 devant l'Assemblée générale des Nations Unis : l'an dernier, la Chine fêtait effectivement le cinquantième anniversaire du rétablissement de son siège à l'ONU et celui de membre permanent au Conseil de Sécurité.

Je vous épargne le discours qu'a prononcé Xi Jinping à l'ouverture du 20
e congrès du parti communiste chinois (PCC) le 16 octobre 2022 où il faisait le bilan élogieux de ses dix années de pouvoir en lisant un rapport intitulé "Porter haut levé le grand drapeau du socialisme à la chinoise et lutter ensemble pour l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne". Ce congrès s'est terminé ce samedi 22 octobre 2022 avec la désignation des 205 nouveaux membres du comité central du PCC.

Selon un décompte de l'AFP, 65% des titulaires sont nouveaux en raison principalement de la limite d'âge à 67 ans (que Xi Jinping n'applique pas pour lui-même, âgé de 69 ans). Ce congrès, qui a fait participer 2 379 personnes, les 2 296 délégués élus le 25 septembre 2022 ainsi que 83 délégués spécialement invités, pendant une semaine au Grand Palais du Peuple à Pékin, a mobilisé les quelque 2 500 journalistes internationaux accrédités. Un événement fortement médiatisé, donc (certains journaux ont parlé d'une "chorégraphie parfaitement huilée").

Sans surprise, Xi Jinping a été renouvelé au comité central. Il faut attendre ce dimanche 23 octobre 2022 et la première réunion du nouveau comité central pour connaître, d'une part, le nouveau bureau politique de 25 membres, puis, choisi par ce dernier, l'organe suprême du pouvoir, à savoir, les 7 membres du comité permanent du bureau politique. Il faut savoir que la plupart des citoyens chinois seraient bien incapables de citer la totalité des 7 membres du comité permanent, même si leur nom revient sans cesse dans les médias (au même titre que la plupart des Français seraient bien incapables de citer au moins sept ministres du gouvernement actuel).

La seule chose qu'on sait au 22 octobre 2022, c'est que parmi ces 205 membres, n'ont pas été renouvelés quatre des sept membres sortants du comité permanent, officiellement pour raison d'âge : il s'agit du Premier Ministre Li Keqiang, du Président de l'Assemblée nationale populaire Li Zhanshu, du Président de la Conférence consultative du peuple chinois (une instance sans pouvoir) Wang Yang et du Vice-Premier Ministre Han Zheng. Il reste donc au comité, outre Xi Jinping, deux autres membres sortants du comité permanent, des proches de ce dernier, Wang Huning et Zhao Leji, probablement renouvelés également au comité permanent dimanche.

Si le retrait de son poste de Premier Ministre en mars 2023 était prévu et annoncé, Li Keqiang aurait cependant pu rester au comité permanent mais il quitte donc même le comité central, ce qui montre la mise en place progressive d'instance en totalité fidèle à Xi Jinping. En outre, l'éviction de Wang Yang, considéré proche du courant libéral et qui était annoncé comme favori et probable futur Premier Ministre, est très significative. Leur éviction dès le comité central montre bien la mainmise totale de Xi Jinping sur l'appareil du parti.

D'ailleurs, un incident qui n'a pas été commenté ni même mentionné par les journaux officiels du régime mais observé par l'ensemble des journalistes internationaux a eu lieu en début de cette séance de clôture du congrès. Il s'agissait de l'éviction physique, manu militari, de l'ancien Président chinois Hu Jintao, le prédécesseur direct de Xi Jinping, qui était installé à la gauche de ce dernier. Ce dernier ("apparu affaibli pendant le congrès" selon l'AFP) s'est vu happer par deux gardes du corps venus le mettre debout et l'accompagner vers la sortie, visiblement sans son consentement. À son départ, il a cherché à s'adresser à Xi Jinping, puis à son voisin Li Keqiang qui n'ont pas répondu à sa demande, l'air presque indifférent. Tout le monde ignore si ce départ précipité est un signe politique d'éviction du courant vaguement libéral du parti ou s'il s'agissait plutôt d'une problème de santé (Hu Jintao va bientôt atteindre 80 ans).

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Au-delà des personnes dont les nominations conforteront à l'évidence Xi Jinping dans ses pouvoirs, ce congrès a aussi été l'occasion d'inscrire, ce 22 octobre 2022, dans les statuts du parti, l'obligation, pour tous les membres du parti, de « défendre la position centrale de Xi Jinping sur le comité central et dans le parti comme un tout ». Ce qui veut dire que toute opposition même interne à Xi Jinping est interdite par les statuts. Dans la charte du parti a été reconnu « le rôle central du camarade Xi Jinping » par une résolution adoptée à l'unanimité.

Et puisqu'il faut montrer sa puissance vis-à-vis notamment des États-Unis, a également été inscrite dans les statuts la motion qu'il fallait « combattre et freiner résolument toutes les tentatives séparatistes prônant l’indépendance de Taïwan ». Au moins, c'est clair. En conclusion du congrès, Xi Jinping a lancé à ses délégués : « Osez vous battre pour la victoire ! ». Pour quelle bataille ?

Après l'étape du 23 octobre 2022 où Xi Jinping devrait être réélu Secrétaire Général pour un troisième mandat, l'étape de mars 2023 verra le renouvellement des instances institutionnels de l'État, et pas du parti, de la République populaire de Chine. À ce titre, le Premier Ministre changera donc, mais à l'évidence, pas le Président de la République qui sollicitera certainement un troisième mandat de cinq ans.

Le 11 mars 2018, par 2 958 voix pour, 2 contre et 3 abstentions, l'Assemblée national populaire avait en effet adopté globalement vingt et un amendements à la Constitution, dont l'amendement à l'article 79 de la Constitution qui supprimait purement et simplement son alinéa 3 imposant la limitation à deux mandats consécutifs (en vigueur depuis 1982). Un autre amendement constitutionnel adopté a également complété l'article premier de la Constitution, d'une part en y intégrant « la pensée de Xi Jinping » et d'autre part, en mentionnant « le rôle dirigeant » du parti communiste chinois. Imaginez un instant que dans l'article premier de notre Constitution française y soit mentionnée la "pensée du citoyen Emmanuel Macron" ainsi que "le rôle dirigeant du parti Renaissance" !...

Pour l'heure, ce samedi 22 octobre 2022 dans la soirée, les 205 membres du nouveau comité central, ceux renouvelés et ceux nouvellement désignés, dont seulement onze femmes, étaient énumérés en boucle dans les médias chinois. De là à les retenir par cœur...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (22 octobre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Xi Jinping sort renforcé du 20congrès du PCC.
À la veille du 20e congrès du parti communiste chinois...
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Zao Wou-Ki.
Laisser jaillir l'émotion intérieure.
Chu Teh-Chun.
De la théocratie à la démocratie laïque.
Les frontières arrêteront-elles le coronavirus ?
Le docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte de l’épidémie de coronavirus.
Li Peng, de Tiananmen à Hongkong.
Manifestations à Hongkong.
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La Chine au cinéma : une fidélité à soi-même, dans le film "Les Éternels".
La Chine communiste peut-elle devenir une grande démocratie ?
Li Rui.
Li Peng a 90 ans.
La maoïsation de Xi Jinping.
Zhou Enlai.
La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
La Chine à Davos.
Deng Xiaoping.
Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
La Chine et le Tibet.
Les J.O. de Pékin.
Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.

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15 octobre 2022 6 15 /10 /octobre /2022 05:55

« Pour [le sinologue Marc Lanteigne], Xi Jinping a tellement concentré les pouvoirs entre ses mains qu’il pourra difficilement se dégager de toute responsabilité si certaines orientations politiques venaient à être remises en cause. Il y aurait donc deux scénarios possibles : un congrès qui confirme ou renforce la mainmise de Xi Jinping sur le parti ou un "sommet qui permettra de constater combien de pouvoir il a réussi à conserver malgré tout". » (Sébastian Seibt, le 14 octobre 2022 sur France 24).



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Le parti communiste chinois (PCC), qui a fêté l'an dernier ses 100 ans (il a été officiellement fondé le 1er juillet 1921, organise à partir de ce dimanche 16 octobre 2022 son 20e congrès national. Cet événement politique a lieu tous les cinq ans et est en principe extrêmement important puisqu'il est destiné à désigner les dirigeants de la Chine communiste pour les cinq prochaines années : les dirigeants du parti, qui compte plus de 96 millions d'adhérents, et par voie de conséquence, les dirigeants institutionnels de l'État dont le renouvellement aura lieu officiellement au printemps prochain.

Toujours en principe, il s'agit d'une assemblée de 2 296 délégués qui ont été désignés (candidats uniques choisis par le PCC) de novembre 2021 à juin 2022 dans les trente-huit unités territoriales du pays. Cette assemblée est censée choisir (élire par candidature unique) les 205 membres du comité central du PCC. Eux-mêmes sont amenés à élire les 25 membres du bureau politique du PCC. Ces derniers enfin sont conduits à choisir les 7 membres du comité permanent du bureau politique, l'instance réelle de direction du pays, eux-mêmes se choisissant en leur sein le Secrétaire Général du parti communiste chinois pour un mandat de cinq ans. Ce pays de plus de 1,4 milliard d'habitants est ainsi dirigé dans une structure hyperpyramidale et élitiste où le mode de désignation est principalement la cooptation.

Interrogée par RFI le 14 octobre 2022, le sinologue Jérôme Doyon a précisé la réalité des désignations : « Les candidats sont sélectionnés à l'avance, il n’y a pas de compétition, ce sont ces candidats-là qui sont propulsés au poste en question. Ce qui est important, c'est que ces candidats sont sélectionnés, mais ce ne sont pas eux qui se présentent : c'est l'organisation qui les a sélectionnés, ils ne font pas campagne, ne proposent pas de programmes politiques, ils héritent du programme qui leur est imposé. Finalement, leur personnalité est censée n’avoir qu’assez peu d’importance. ».

Ce 20e congrès est un moment historique et crucial car il s'agit de consolider définitivement le pouvoir de Xi Jinping, Secrétaire Général du PCC depuis le 15 novembre 2012, élu au 18e congrès, réélu le 25 octobre 2017, au 19e congrès, et désigné délégué le 22 avril 2022 à Nanning par la délégation de la région autonome zhuang du Guangxi. En effet, Xi Jinping a l'ambition de rester longtemps et profondément le leader de la Chine communiste, à l'égal d'un Mao Tsé-Toung et d'un Deng Xiaoping. Pour cela, il a fait amender la Constitution chinoise le 11 mars 2018 en supprimant l'alinéa 3 de son article 79 qui limitait le mandat du Président de la République à deux mandats de cinq ans. Il a fait également intégrer dans la Constitution sa propre pensée politique, aux côtés de celle des deux leaders historiques Mao et Deng, lui permettant d'amorcer un véritable culte de la personnalité.

Par ailleurs, si Xi Jinping va avoir 70 ans le 15 juin prochain, cela ne l'empêchera pourtant pas de rester au pouvoir tandis que la limite d'âge est fixée à 67 ans pour être membre du comité central et membre des instances de direction du parti. Une limite d'âge qui sera certainement appliquée à ses collègues (et éventuels rivaux). Ainsi, le Premier Ministre depuis le 15 mars 2013, Li Keqiang, membre du comité permanent du bureau politique depuis octobre 2007 et numéro deux du régime, considéré comme un réformiste, proche de l'ancien Président Hu Jintao, ne devrait pas être reconduit à la tête du gouvernement, peut-être même plus membre du comité permanent et prendrait sa retraite en mars 2023 (il aura 68 ans le 1er juillet prochain).

Beaucoup d'opacité, plus encore que d'habitude, lors des précédents congrès, entoure la préparation de ce nouveau congrès qui devrait être une chambre d'enregistrement pour confirmer la mainmise de Xi Jinping sur le pouvoir politique en Chine. Rien ne sera improvisé et il n'ya aucun moyen pour les délégués de pouvoir se réunir entre eux ou une partie d'entre eux avant et pendant les débats. Tout a été préparé, répété, organisé pour aller dans le sens de Xi Jinping. Ce dernier a organisé le 9 octobre 2022 une dernière réunion de répétition du comité central sur ce qui va se passer pendant le congrès.

Jérôme Doyon, toujours sur RFI : « Parmi ces délégués, combien seraient en accord ou en désaccord avec telle ou telle politique de Xi Jinping ? On n’en a aucune idée. Tout est fait pour qu'ils ne puissent pas s'organiser, on empêche les membres du parti de parler politique en public, on interdit aux délégués de se réunir en groupes avant l'organisation du congrès lui-même, pour être sûr qu’ils ne s'organisent pas en cliques ou en factions. C’est une obsession récurrente du parti communiste, l'unité et la cohésion du parti contre le factionnalisme. ».

Depuis juin 2022, les forces de sécurité sont en alerte maximale à Pékin. Les employés des grandes entreprises n'auront pas le droit de quitter Pékin pendant la durée du congrès, la police a déjà arrêté plus d'un million de personnes dans l'optique d'éviter toute manifestation, aussi minime soit-elle, contre le pouvoir en place. Il y en a eu, par exemple, des banderoles (accrochées le 13 octobre sur le pont de Sitong à Pékin) dénonçant la dictature de Xi Jinping, principalement en raison de sa politique sanitaire, de l'objectif zéro covid, qui a confiné des dizaines de millions de personnes pendant plusieurs semaines pour quelques centaines de cas de covid-19 (en comparaison, la stratégie française était très libérale, même à l'époque du premier confinement au printemps 2020). Ces banderoles ne sont pas restées longtemps mais ont été relayées dans les réseaux sociaux (comme WeChat et Weibo) mais eux aussi ne sont pas restés longtemps, de nombreux comptes ont été supprimés et des manœuvres de diversion ont eu lieu sur ces réseaux sociaux avec des centaines de comptes envoyant des photographies de jeunes filles sur le même hashtag que ceux utilisés pour la contestation.

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A priori, ce congrès sera celui de la confirmation du pouvoir absolu de Xi Jinping. Il sera dans une situation nouvelle, avec un troisième mandat de cinq ans à la tête du parti communiste chinois et donc, à la tête du pays, et cela est sans précédent depuis la mort de Mao. Malgré la précision de la préparation, peut-il y avoir des surprises ? Probablement pas, malgré des enjeux politiques très importants : l'avenir de Hong-Kong, l'avenir de Taïwan, la trop grande proximité avec la Russie de Vladimir Poutine qui emmène la planète vers un désordre économique global, sinon vers un conflit nucléaire, que la Chine ne voulait absolument pas, les relations difficiles avec les États-Unis dont elle est paradoxalement très dépendante commercialement, les relations avec une Corée du Nord un peu trop agitée, la politique sanitaire très contestée, bien sûr, les droits de l'Homme en Chine, etc. Les sujets d'inquiétude sont nombreux, autant intérieurs qu'extérieurs, mais Xi Jinping devrait être capable de mettre un grand couvercle dans cette marmite en pleine ébullition.

Quelques capteurs sont néanmoins envisagés par certains spécialistes. Le premier est le taux et la nature de renouvellement du comité central, dont la fonction est en principe limitée à 67 ans, ce qui suppose un large renouvellement. Xi Jinping aura-t-il réussi à y intégrer de nombreux (et jeunes) affidés ou, au contraire, doit-il encore tenir compte des autres factions, en particulier celles des deux anciens Présidents, Jiang Zemin (le clan de Shanghai) et Hu Juntao.

L'autre élément est le devenir de Li Keqiang, restera-t-il encore membre du comité permanent ? Et quel sera son successeur à la tête du gouvernement ? Si Xi Jinping n'arrivait pas à faire sortir Li Keqiang du jeu, cela voudrait dire, selon certains spécialistes, que le Président chinois n'aurait pas autant de pouvoir qu'on l'imagine sur le parti. Ainsi, le sinologue Marc Lanteigne a affirmé sur France 24 le 14 octobre 2022 : « Le Premier Ministre, bien qu’effacé, bénéficie d’une image d’homme sympathique qui a ses propres idées économiques [au début des années 2010, il avait été question des "Likonomics", NDLR de France 24]. Si Xi Jinping n’arrive pas à l’écarter, ce sera aussi un signe que le parti peut vouloir essayer une autre approche économique dans le contexte actuel de ralentissement de la croissance. ».

Certains évoquent aussi un changement dans le mode de direction du parti avec la création possible d'un poste de Président du PCC, fonction qu'avait occupée Mao Tsé-Toung entre 1943 et 1976 (avec Deng Xiaoping parallèlement Secrétaire Général de 1956 à 1967) et Hua Guofeng de 1976 à 1981 jusqu'à la suppression de la fonction en 1982, au bénéfice du Secrétaire Général Hu Yaobang.

Enfin, un autre élément symbolique, au-delà du choix des hommes, est la consécration idéologique et historique de Xi Jinping. Selon le sinologue Steve Tsang, directeur du China Institute de la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres, interrogé par France 24 : « L’une des grandes questions sera de savoir si Xi Jinping va réussir à faire raccourcir le titre de son apport idéologique au parti qui s’appelle "La Pensée de Xi Jinping, sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère". ». En d'autres termes, si cela devenait plus sobrement "La Pensée de Xi Jinping", alors cette reformulation signifierait que Xi Jinping serait placé au-dessus du parti communiste chinois, ce qui « détruirait tout l’édifice d’une prise de décision collective et ferait de Xi Jinping non plus l’homme fort d’un parti, mais un dictateur » selon Steve Tsang.

Actuellement les sept membres du comité permanent du bureau politique, désignés au 19e congrès d'octobre 2017, sont les suivants : Xi Jinping (69 ans), Li Keqiang (67 ans), Li Zhanshu (72 ans), Président du comité permanent de l'Assemblée Nationale Populaire et proche de Xi Jinping, Wang Yang (67 ans), Président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, Wang Huning (67 ans), chef de la commission centrale pour la construction d'une civilisation spirituelle du parti communiste chinois et proche de Xi Jinping, Zhao Leji (65 ans), chef de la commission centrale pour l'inspection disciplinaire et proche de Xi Jinping, et Han Zheng (68 ans), premier Vice-Premier Ministre.

Ces cinq derniers membres étaient de nouveaux membres du comité permanent lors du 19e congrès en octobre 2017, au contraire de Xi Jinping et Li Keqiang. Ils ont tous entre 65 et 70 ans. Le futur comité permanent issu de ce 20e congrès donnera donc une indication assez claire du renouvellement et du pouvoir réel que Xi Jinping exerce au sein de l'appareil du parti communiste chinois. Et tout est déjà acté. Que la grand-messe commence !


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (15 octobre 2022)
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Pour aller plus loin :
À la veille du 20e congrès du parti communiste chinois...
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24 juillet 2019 3 24 /07 /juillet /2019 03:58

« La liberté est le pain que les peuples doivent gagner à la sueur de leur front. » (Félicité Robert de Lamennais, 1834).


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L’un des dirigeants chinois les plus importants de l’après-Mao, Li Peng est mort ce lundi 22 juillet 2019 à Pékin, à l’âge de 90 ans (il est né le 20 octobre 1928 à Chengdu). Pour l’histoire, il restera le boucher de Tiananmen, qui prit la pleine responsabilité du massacre du 4 juin 1989 après près de deux mois de manifestations pacifiques sur la principale place de Pékin.

Même si la responsabilité finale de la boucherie est revenue à Deng Xiaoping lui-même, qui craignait que le désordre politique allât mettre en péril ses réformes économiques, ce qui était d’ailleurs paradoxal puisque ces réformes prônaient une certaine ouverture vers le monde extérieur, Li Peng fut toujours considéré comme un conservateur, au point qu’il était lui-même en opposition avec Deng sur le plan économique, cherchant à renforcer ou à maintenir la planification dans l’économie chinoise.

Li Peng a été au sommet du pouvoir dans la Chine populaire pendant une dizaine d’années : il fut Premier Ministre du 24 novembre 1987 au 17 mars 1998, puis, en voie de placardisation (au cause de la limitation à deux mandats de cinq ans, à l’instigation du Président Jiang Zemin), il fut Président de l’Assemblée nationale populaire du 15 mars 1998 au 15 mars 2003. Son influence politique se prolongea cependant jusqu’au 22 octobre 2007, en raison de la présence d’un de ses proches, Luo Gan (84 ans), au sein du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois (PCC), qui occupait la fonction stratégique de secrétaire de la commission des Affaires politiques et juridiques du PCC.

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Bien que conservateur et contre les réformes économiques qui ont fait de la Chine l’un des pays les plus puissants du capitalisme mondial quelques décennies plus tard, Li Peng a dirigé un pays qui fut dans une croissance économique exceptionnelle (à deux chiffres) tandis que les pays européens étaient en pleine crise. Dans sa "retraite" après 1998, Li Peng s’est préoccupé de la bonne avancée de la construction du monumental barrage des Trois-Gorges, barrage très contesté (le plus grand du monde), évoqué notamment par l’excellent film chinois "Les Éternels".

Li Peng aura survécu trente années à la répression de Tiananmen. Au moment où il quitte ce monde, un autre vent de liberté s’est levé. Deng Xiaoping avait choisi l’option du carnage pour qu’il fût exemplaire et que le peuple chinois ne se risquât plus à réclamer sa liberté politique. Il a fallu aussi trente ans pour que ce peuple ressortît avec courage défier le pouvoir chinois central. En fait, ce n’est pas vraiment le même "peuple" puisqu’il s’agit d’une ancienne colonie anglaise.

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En effet, le territoire de Hongkong, qui compte aujourd’hui 7,5 millions d’habitants, anciennement britannique, fut rétrocédé à la Chine populaire le 1er juillet 1997 après l’accord passé entre le Royaume-Uni et la Chine le 19 décembre 1984. La rétrocession s’est réalisée au cours d’une cérémonie officielle en présence du Prince Charles. Hongkong est alors devenu une région administrative spéciale avec une grande autonomie par rapport au reste de la Chine populaire. Chaque 1er juillet, des dizaines de milliers d’habitants ont l’habitude de manifester pour maintenir une organisation démocratique (jusqu’à 500 000 manifestants le 1er juillet 2014).

La Chef de l’Exécutif de Hongkong depuis le 1er juillet 2017 (élue le 26 mars 2017, Carrie Lam a présenté le 29 mars 2019 un amendement à la loi d’extradition qui romprait avec l’indépendance du système judiciaire de Hongkong (les justiciables hongkongais pourraient ainsi être jugés en Chine continentale), ce qui remettrait en cause de manière grave l’autonomie du territoire. L’idée était de formaliser une coopération judiciaire entre Hongkong, la Chine continentale, Macao (une autre région administrative spéciale de la Chine) et Taiwan. Des manifestations pacifiques ont commencé dès que l’idée de cet amendement fut émise, en février 2019, pour s’y opposer. La première importante a eu lieu le 31 mars 2019. L’examen en première lecture de cet amendement a eu lieu le 3 avril 2019 par le Conseil législatif. Une autre manifestation s’est déroulée le 28 avril 2019.

Le 9 juin 2019, les manifestations ont rassemblé plus d’un million de personnes mais Carrie Lam a annoncé qu’elle ne reculerait pas en maintenant l’examen en deuxième lecture de la loi au 12 juin 2019. La fermeté de l’administration a provoqué une manifestation de près de deux millions de personnes le 16 juin 2019, mais elle avait cependant cédé en reportant finalement l’examen de la loi (le Conseil législatif était alors fermé à cause des manifestations), sans pour autant y renoncer.

La poursuite des grandes manifestations a conduit Carrie Lam à finalement renoncer à ce projet d’amendement le 8 juillet 2019, également à présenter ses excuses, mais les revendications des manifestations ont évolué en réclamant sa démission.

Pour l’instant, les manifestations sont restées heureusement pacifiques, accompagnées parfois de grèves, et si les forces de l’ordre ont réagi (on a déploré près de 150 blessés, dont 22 policiers, et une cinquantaine de personnes arrêtées), la situation était pour l’instant pacifique, bien que très tendue. Toutefois, la manifestation du 21 juillet 2019 a connu de grandes violences provenant de groupes mafieux qui auraient été soutenus par des pro-gouvernementaux pour réprimer des militants pro-démocratie (près d’une cinquantaine de blessés par triques et cannes). Un député a aussi menacé de mort un autre député au cours d’un débat télévisé le 23 juillet 2019 (la tombe des parents du député menaçant a été alors vandalisée en réaction à cet échange télévisé).

Par ailleurs, au moins cinq manifestants se sont suicidés pour cette cause du 15 juin au 22 juillet 2019, des jeunes gens âgés de 22 à 35 ans, dont trois femmes (Ling-Kit Leung, Hiu-Yan Lo, Hang-Yan Wu, Mak et Yuen-Chung Fan).

Ce qui n’était qu’une disposition judiciaire pour éviter l’impunité de criminels qui se seraient réfugiés à Hongkong a pris dès le début une tournure politique essentielle. Pour beaucoup de manifestants, cet amendement (désormais abandonné) aurait été le cheval de Troie d’une reprise en main de la Chine continentale sur la Justice hongkongaise. Mais comme dans tout conflit, les revendications vont désormais plus loin en demandant la démission du pouvoir. Ce qu’il se passe à Hongkong est donc, en quelques sortes, un début de renaissance du souffle de liberté que Li Peng avait réprimé à Pékin trente ans auparavant dans le sang.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 juillet 2019)
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Les J.O. de Pékin.
Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.

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4 juin 2019 2 04 /06 /juin /2019 03:58

« Dans la pensée bouddhiste, les gens et les choses sont prédéterminés par le karma, jusqu’aux gestes les plus insignifiants comme ramasser une miette ou boire un verre d’eau. Tout ce qu’on fait aux autres, et inversement, appartient à l’omniprésente chaîne de causalité, bien qu’on ne le perçoive généralement pas sur le moment. Si on pousse le raisonnement jusqu’à la réincarnation, l’homme devient plus ou moins humain en conséquence de ses actes. Et dans une approche postmoderniste, on peut aussi penser que l’être et le devenir se matérialisent à travers les multiples ramifications des relations et interactions avec les autres. Au lieu de survenir comme une métamorphose à un moment donné, la transformation est le fruit d’un long processus rempli d’événements insignifiants tant qu’on ne les considère pas avec un certain recul. » (Qiu Xiaolong, "Becoming Inspector Chen", roman de 2015).


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Un sinistre anniversaire qui n’est (évidemment) pas commémoré en Chine : il y a trente ans, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, les manifestations étudiantes sur la place Tiananmen de Pékin ont été brutalement arrêtées par la force armée, après un mois et demi d’épreuve de force entre des manifestants désireux d’avoir un peu de démocratie et un pouvoir gérontocrate hésitant sur la ligne à tenir, entre la réforme politique et la répression sanglante.

Deng Xiaoping, qui avait une influence déterminante, et malgré le vent de liberté qui se levait dans l’Europe communiste et qui fut confirmé par la chute du mur de Berlin en automne et l’explosion de l’Union Soviétique deux ans plus tard, a préféré la sécurité de la nomenklatura à l’aventure d’une démocratisation en douceur. Pour lui, il était nécessaire de préserver la stabilité du système politique pour garantir le succès de ses réformes économiques, même au prix du sang humain. Le Premier Ministre Li Peng se chargea des basses œuvres. Entre quelques centaines et une dizaine de milliers de victimes ont été tuées dans cette répression qui a touché toutes les grandes villes chinoises (pas seulement Pékin).

L’immense place emblématique a pris le nom de l’entrée sud de la cité impériale, qui s’était appelée d’abord Porte de Chine (Zhonghuamen) avant de devenir Daqingmen (Porte des Qing), et enfin, après la destruction de celle-ci, ce fut, placée un peu plus au nord, Tiananmen, qui signifie la Porte de la Paix céleste.

Trente années plus tard, l’œuvre de Deng Xiaoping est manifestement une réussite économique, malgré les taches de sang. Depuis la fin des années 1970 (après la mort de Mao), Deng avait voulu placer la Chine dans une perspective mondialiste. Pour reprendre le titre d’un livre à succès du ministre Alain Peyrefitte, la Chine s’est réveillée durant ces dernières décennies. Le succès est manifeste puisque le pays est désormais classé au deuxième rang mondial en termes de PIB nominal.

Ainsi, selon le FMI (29 avril 2019 pour les statistiques de l’année 2018), la Chine a produit 13 407 milliards de dollars, encore loin derrière les États-Unis avec 20 494 milliards de dollars et derrière, éventuellement, si l’on se réfère à la puissance européenne (Union Européenne) avec 18 750 milliards de dollars. Le troisième pays est le Japon, près de 5 000 milliards de dollars, puis l’Allemagne 4 000 milliards de dollars, puis trois pays se disputent la cinquième place autour de 2 700-2 800 milliards de dollars : Royaume-Uni, France et Inde (selon d’autres calculs, l’Inde serait devant le Royaume-Uni et la France, pour le FMI, c’est le contraire), puis l’Italie et le Brésil autour de 2 000 milliards de dollars. L’objectif de la Chine à moyen terme, c’est de se retrouver numéro un, en devançant les États-Unis (ce qui nécessite une croissance d’encore 50% de son PIB !).

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Il est très difficile de comprendre la situation du pays. Certes, on parle souvent de "capitalisme d’État", néanmoins, c’est bien en Chine qu’on retrouve majoritairement les nouveaux millionnaires, années après années. La réussite économique de la Chine (qui est parfois contrastée, il ne faut pas sous-estimer certains problèmes) paraît peu compatible avec la dictature communiste qui structure actuellement le pays. D’ailleurs, dans ce classement des pays les plus riches, il faut atteindre la dix-huitième place, l’Arabie Saoudite, pour y trouver une autre dictature. On peut aussi considérer que la Russie, en onzième place, a encore des efforts à fournir pour devenir une démocratie réellement libre et sincère, mais dans les deux cas, ce sont leurs réserves naturelles en énergie qui leur permettent un bon niveau de PIB et pas leur organisation interne. Tous les autres pays jusqu’à cette dix-huitième place sont des démocraties, confirmées ou naissantes comme l’Indonésie mais considérées comme sincères.

Le principe d’une économie globalisée, c’est le commerce international. Un pays ne peut guère s’enrichir s’il ferme toutes ses frontières. Au mieux, il est en autarcie, autosuffisant, au pire, il se retrouve dans des situations terribles qui demandent des aides internationales. Le principe de l’enrichissement, c’est donc l’ouverture des frontières pour le commerce. C’est un point essentiel. Cela signifie aussi l’ouverture des frontières (dans les deux sens, entrée et sortie) pour les personnes. D’où l’arrivée massive de touristes chinois (issus de ceux qui ont "réussi" et se sont enrichis) en Europe et dans le monde en général. Ces touristes étaient inexistants il y a trente ans.

C’est là la contradiction fondamentale, du moins du point de vue des démocraties européennes et américaines : comment les Chinois peuvent-ils désormais circuler dans le monde, et donc, avoir accès, nécessairement et librement, à toutes sortes d’informations et de modes de vie, et accepter de rester dans un régime autocratique à candidature unique. Ne serait-ce que pour le principe de concurrence : les Chinois ont gagné de nombreuses parts de marché grâce à la loi économique sur la concurrence (proposant mieux ou moins cher), et ils ne pourraient pas mettre les candidats de leur gouvernement en concurrence ?

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Malgré le maintien au pouvoir des responsables du massacre de Tiananmen, les autorités chinoises ont cherché jusqu’à récemment une organisation politique plus rationnelle, avec un double mandat de cinq ans attribué à une triple fonction, celle de Secrétaire Général du Parti communiste chinois (PCC), le cœur du pouvoir politique, celle de Président de la République populaire de Chine et celle de Président de la Commission militaire centrale (du parti et de l’État) qui est le commandement suprême des forces armées (c’était la seule fonction officielle importante que Deng Xiaoping avait prise). Le cumul de ces trois fonctions a clarifié nettement la responsabilité du pouvoir réel en renforçant la figure du chef. Pourtant, parallèlement, la limitation à deux mandats, très discrètement imposée, fut à l’origine d’une réelle ouverture politique qui ne disait pas son nom. Un gouvernement, dirigé par un Premier Ministre (exactement Premier Ministre du Conseil des affaires de l’État de la République populaire de Chine) qui, lui aussi, avait ce même mandat de cinq ans reconductible une fois. Il ne manquait que plusieurs candidats (aux sièges de députés de l’Assemblée nationale populaire) pour libéraliser le régime politique.

L’actuel homme fort de la Chine populaire, Xi Jinping, réélu Secrétaire Général du PCC le 25 octobre 2017 et réélu Président de la République le 17 mars 2018 pour un deuxième mandat de cinq ans, a un peu bousculé cet équilibre acquis depuis une vingtaine d’années (depuis 1998).

Deux faits ont montré que ce savant équilibre, qui voulait façonner un État moderne dirigé par les meilleurs dirigeants possibles (une sorte de despotisme éclairé issu du concours général), a été rompu par Xi Jinping à la fin de son premier mandat. En effet le 24 octobre 2017, la "pensée de Xi Jinping" a été incluse dans la charte du PCC, ce qui est inédit depuis Mao et Deng, et le 11 mars 2018, les députés de l’Assemblée nationale populaire qui venait d’être installée ont voté l’abrogation de la limitation à deux mandats présidentiels. On parle même de culte de la personnalité pour celui qui n’hésite plus à se faire passer pour un nouveau "dieu".

Par ailleurs, les nouvelles technologies (génétique et informatique) contribuent largement à la surveillance généralisée des citoyens. Pour autant, la situation est complexe à comprendre. La Chine reste un pays très contrasté, entre entrepreneurs millionnaires des villes et paysans très pauvres et analphabètes des champs. Depuis seulement quelques années, une classe moyenne commence à se développer, ce qui est un phénomène très nouveau et qui pourrait peser sur ce qu’il est encore difficile d’appeler une "opinion publique".

De même, l’État de droit progresse en Chine. C’est même l’un des quatorze principes d’action de Xi Jinping. L’État de droit ne signifie pas la démocratie, et cela signifie encore moins l’abolition de la peine de mort, par exemple. L’État de droit, c’est de faire rejeter l’arbitraire et s’en remettre aux règles (aux lois) du pays. Ces lois peuvent rester iniques.

Deux autres principes de sa pensée sont très positifs. Le premier est : « L’objectif principal du développement est d’améliorer la vie et le bien-être des personnes. » (c’est une phrase très passe-partout). Le second : « Vivre en harmonie avec la nature, en mettant en œuvre des politiques de réduction des dépenses d’énergie et de protection de l’environnement et contribuer à la préservation écologique mondiale. ». Ce dernier principe paraît sincère si l’on en juge par les prises de positions internationales de Xi Jinping. C’est un défi majeur pour un pays qui est l’un des plus gros pollueurs de la planète. C’est sans doute la politique la plus ambitieuse de Xi Jinping.

Et la démocratisation ? Le Premier Ministre de l’équipe précédente, Wen Jiabao a évoqué le 21 août 2010 la possibilité de réformes politiques en considérant que le pouvoir était trop concentré, qu’il devait être contrôlé par le peuple, voire critiqué le cas échéant. Le Prix Nobel de la Paix 2010, Liu Xiaobo (1955-2017), un des courageux "résistants" ("dissidents") de Tiananmen, a demandé, quelques semaines plus tard, à peu près la même chose que le Premier Ministre, à savoir la liberté d’expression ainsi que la fin du rôle dirigeant du PCC.

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Beaucoup de responsables chinois ont expliqué pendant longtemps que la démocratisation serait une étape nouvelle après l’enrichissement économique du pays. Mais aujourd’hui, la concentration nouvelle des pouvoirs, tant par la Constitution que par la technologie, laisse planer beaucoup de doute sur cette volonté future. Pourtant, l’éclosion d’une classe moyenne va poser rapidement la question des réformes politiques. C’est au pouvoir de devancer cet appel pour éviter un nouveau bain de sang.

À défaut de paix céleste, c’est de paix sur Terre qu’il s’agit, et la Chine ne pourrait plus se permettre un nouveau massacre de Tiananmen. Tant sur le plan diplomatique que sur le plan intérieur, la Chine dépend désormais trop des puissances économiques européennes et américaines pour ne pas, un jour, évoluer comme elles vers une voie démocratique, probablement adaptée à la culture chinoise, mais la liberté et l’égalité restent des valeurs universelles. Il y a désormais trop d’imbrications commerciales pour ne pas considérer l’évolution de la Chine autrement que dans le cadre d’une communauté de destin.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 juin 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La Paix céleste selon la Chine.
Chu Teh-Chun.
La Chine au cinéma : une fidélité à soi-même, dans le film "Les Éternels".
La Chine communiste peut-elle devenir une grande démocratie ?
Li Rui.
Li Peng.
La maoïsation de Xi Jinping.
Zhou Enlai.
La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
La Chine à Davos.
Deng Xiaoping.
Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
La Chine et le Tibet.
Les J.O. de Pékin.
Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190604-tiananmen.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-paix-celeste-selon-la-chine-30-215615

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/06/03/37400389.html



 

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