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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 17:59

« Vigilance : 1. Surveillance attentive et soutenue. 2. État psychologique de l’organisme qui reçoit des stimulations et y répond. » (Le Petit Larousse).


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Imaginez-vous un jour en train de prendre tranquillement l’avion pour l’Écosse. À votre arrivée à l’aéroport de Glasgow, vous voici menotté brutalement, mis à l’écart dans une pièce, fouillé (complètement et sans ménagement), et on vous prend les empreintes digitales. Stupéfait, vous lâchez seulement un timide "bêê" ou "mêê" d’opposition, et le soir même, vous apprenez que chez vous, de l’autre côté de la Manche, la police française est en train de faire une perquisition. Ce n’est jamais drôle une perquisition, mais vous n’êtes pas là, puisque vous être en cellule en Écosse. Une nuit à l’ombre. Et puis, très rapidement, les excuses de la maison, on vous relâche, il y avait méprise, vous n’êtes pas le supposé horrible individu qu’on croyait. Bref, vous retrouvez votre liberté après ces quelques heures pénibles. Expérience éprouvante.

Mais ce n’est pas fini, car vous vous rendez compte alors que vous avez fait les titres de tous les journaux du matin. La gloire ! Heureusement, la méprise vous permet d’éviter l’identification dans la rue, nom et photo publiés sont ceux du vilain, pas les vôtres. Désormais, vous cherchez à reprendre votre vie normale, la plus discrètement possible. Espérons que votre propre voyage en Écosse acceptait les indiscrétions auprès de vos proches, histoire de ne pas revenir à la maison avec une scène de ménage en perspective !…

Car la réalité, c’est que vous n’êtes pas Xavier Dupont de Ligonnès. Cinq morts. Affaire terrible, qui fait penser au film "Sept morts sur ordonnance" de Jacques Rouffio (sorti le 3 décembre 1975) avec le redoutable Charles Vanel et les victimes Gérard Depardieu et Michel Piccoli. Ou encore à un autre fait-divers cruel, l’assassinat par Jean-Claude Romand de sa famille, cinq personnes (femme, enfants, parents) les 9 et 10 janvier 1993, condamné le 2 juillet 1996 à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de vingt-deux ans, et mis en liberté conditionnelle il y a quelques mois, le 28 juin 2019.

Une famille nombreuse décimée, sauf le père qui est introuvable. Tout l’accuse mais concrètement, rien n’est sûr. Peu de journalistes laissent encore planer le doute sur la culpabilité du chef de famille, doute d’autant plus grand que quelques heures auparavant, tout le monde y allait sur son arrestation. Seul, le procureur de la République a demandé de la prudence. C’était le moins qu’on puisse faire.

La chance est peut-être que cela se soit passé en début de week-end. Un jour de folie et de désinformation par imprudence, un jour de repentance regénératrice (bref, de rédemption). Et lundi, on passe à une autre "séquence", comme on dit. Il faudra quand même faire le bilan de ce qu’il s’est réellement passé. Qui des policiers ou des médias ont été les plus imprudents, les plus légers ? Et il aurait été plus judicieux de s’appesantir ce week-end dans les médias plutôt sur l’offensive turque contre les Kurdes dans le nord de la Syrie et la libération de 800 proches des jdihadistes de Daech précédemment retenus dans des camps.

On a expliqué que tout a commencé par une dénonciation anonyme en France, mais l’avion est parti trop vite pour permettre l’arrestation de la personne en question en France. Y avait-il une volonté délibérée de mettre en difficulté cette pauvre personne arrêtée pour rien, devenue en l’espace de quelques heures le meurtrier le plus connu de France, ou une volonté délibérée de discréditer encore un peu plus la police française ?

Car je ne peux pas évoquer ce sujet, somme toute sans importance sauf pour la personne arrêtée qui, je l’espère, aura des réparations (et pour les proches de la famille Dupont de Ligonnès qui attendent toujours une explication), et les conséquences de l’attentat de la préfecture de police à Paris le 3 octobre 2019, quatre personnes tuées atrocement par un des leurs, en seulement sept minutes.

Lors de l’hommage national, le mardi 8 octobre 2019 dans la cour de la préfecture de police, hommage à ces quatre victimes, Aurélia Trifiro, Damien Ernest, Anthony Lancelot et Brice Le Mescam, tous les quatre ayant chacun un conjoint et pour trois d’entre eux, deux enfants chacun, le Président de la République Emmanuel Macron est venu « pour m’incliner devant le sacrifice de vos quatre collègues, pour saluer notre héros, pour apporter le soutien de la nation à la préfecture de police si durement éprouvée ».

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Il a surtout évoqué la "société de vigilance" : « Mais je veux aussi vous le dire avec force aujourd’hui : les institutions seules ne suffiront pas. L’administration seule et tous les services de l’État ne sauraient venir à bout de l’hydre islamiste. Non, c’est la nation tout entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir. Nous ne l’emporterons que si notre pays qui est venu à bout de tant et tant d’épreuves dans l’histoire se lève pour lutter contre cet islamisme souterrain qui corrompt les enfants de France. Une société de vigilance, voilà ce qu’il nous revient de bâtir. La vigilance, et non le soupçon qui corrompt. La vigilance : l’écoute attentive de l’autre, l’éveil raisonnable des consciences. C’est tout simplement savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi, les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la République. Une séparation. » (8 octobre 2019).

Sur le principe, Emmanuel Macron a sans doute raison. D’autant plus raison que ce qu’il s’est passé à la préfecture de police aurait pu se passer dans n’importe quelle entreprise, lieu de vie, association, etc. La "séparation" arrive progressivement et peut survenir dans tous les milieux. Le premier signe d’ailleurs très symptomatique, c’est quand un homme, un collègue, refuse de serrer la main à une femme, une collègue. Mais en l’occurrence, pour cet attentat à la préfecture de police, les simples citoyens hors de la police n’avaient pas beaucoup de possibilités pour détecter et mettre hors d’état de nuire ce terroriste alien. C’était ici bien de la police qu’il était question.

Emmanuel Macron a bien insisté qu’il ne voulait pas lever l’ère du soupçon, mais avec cette mésaventure du faux Xavier Dupont de Ligonnès, dont l’origine est une dénonciation anonyme, la "société de vigilance" pourrait rapidement se transformer en "société de délation". C’est pour cela qu’il faudrait être vigilant avant tout à la prudence et ne se baser que des seuls faits.

Lors d’une des auditions devant une commission parlementaire, le Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a énuméré les différents signes qui pourraient révéler une "radicalisation" islamiste… et dans ces signes, il a cité la barbe que la personne laisserait pousser. Heureusement, un des parlementaires présents à cette audition lui a dit : mais vous-même, vous avez une barbe !

Il faut éviter la chasse aux barbus (d’autant plus que la barbe est à la mode), la chasse à toutes sortes de signes de radicalisation, mais qui, en eux-mêmes, ne font pas de la personne un être radicalisé. Au même titre qu’il parle de fraîchement converti qui ferait ses prières, mais tous les pratiquants, a priori, font aussi leurs prières (la République garantit même la libre pratique de son culte, c’est le principe de laïcité). À mon sens, seule une personne compétence, expérimentée en matière de lutte contre le terrorisme islamique, peut comprendre réellement s’il y a possible radicalisation ou pas. Pas les novices, pas les apprentis "vigiles".

Faire du simple citoyen, sans formation et sans expérience, un "vigile" me paraît plus inquiétant que rassurant. On a vu avec l’affaire d‘Outreau en 2004-2005 comment de fausses accusations pouvaient détruire des vies entières de personnes finalement (et heureusement) innocentées. Les leçons de l’histoire ne semblent pas avoir été encore acquises.

La grande mésaventure du malchanceux pris pour Xavier Dupont de Ligonnès nous le rappelle : même si une affaire intéresse beaucoup de gens (et pourquoi ? par voyeurisme ? par la cruauté inimaginable ? par le mystère ?), nul ne peut s’improviser enquêteur. À l’évidence, les "sources" (policières ?) qui auraient informé les journaux ont été au mieux imprudentes et, dans tous les cas, très légères. Comment jeter en pâture aux médias l’honneur d’un homme avant d’avoir l’assurance qu’il s‘agissait bien de la personne recherchée ?

Je termine sur la manière d’identifier une personne. On a parlé des empreintes digitales, et que les empreintes digitales de l’homme arrêté étaient "presque" comme celles de Xavier Dupont de Ligonnès. D’une part, le "presque" est catastrophique à préciser : je crois qu’il y a eu seulement cinq points sur treize qui "matchaient", c’est un peu faible pour avoir l’équivalence. C’est ou ce n’est pas. Les analyses ADN auraient d’ailleurs "innocenté" totalement le malchanceux, mais il a fallu le temps de les réaliser. Temps en prison et sous un déluge de calomnie involontaire.

Le professeur Jacques Testart faisait remarquer dans "Le Monde diplomatique" de juin 2008, que la recherche latente mais réelle d’une centralisation de fichiers d’empreintes génétiques pouvait apparaître particulièrement dangereuse pour nos libertés : « L’anthropologue Gérard Dubey remarque qu’en un siècle seulement, après l’avènement de la biométrie, les repères ont évolué depuis l’être identifié socialement jusqu’à l’être défini biométriquement. Combien de temps faudra-t-il, après l’avènement de la génétique moléculaire, pour définir les êtres génétiquement ? Et en quoi le critère génétique est-il différent des critères biométriques classiques ? On sait que les jumeaux vrais, qui partagent le même ADN, montrent des empreintes digitales différentes (…). Il s’ensuit que la "reine des preuves" que constitue l’ADN pour la justice ne permettrait pas de discriminer des jumeaux aussi bien que le font les empreintes digitales ! (…) Rappelons que la biométrie a toujours fonctionné à la peur, peur de l’autre, et s’est généralisée sans opposition organisée, comme par effet de sidération laissant place à une véritable atonie sociale. ».

Effet de sidération, peur… C’est cette peur qu’il faut éviter d’insuffler dans nos sociétés meurtries par les attentats terroristes islamiques. C’est le but ultime des terroristes de faire peur et de faire modifier notre manière de vivre, en particulier en renforçant la culture du soupçon et en hystérisant sur l’islamisme, provoquant ainsi l’accroissement d’un fossé entre la société et ceux susceptibles d’être radicalisés. La "société de vigilance" ne doit pas évoluer en société de surveillance. C’est là un grand défi quand tant de nouvelles technologies ont déjà réussi à piéger notre simple liberté d’aller et venir où bon nous semble…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 octobre 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La société de vigilance et le faux Xavier Dupont de Ligonnès.
N’oublions pas le sacrifice du colonel Arnaud Beltrame !
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
Mortelle méprise.
L’affaire Seznec.
L’affaire Grégory.
L’affaire Boulin.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20191008-societe-vigilance.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/10/14/37710505.html


 

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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 13:09

Véronique Kantor avait rencontré Coluche au début des années 1970. Ils se sont mariés le 16 octobre 1975, et ont eu deux enfants, Romain en 1972 et Marius en 1976. Ils se sont séparés en 1981. Destinée au journalisme, elle s'est consacrée aux Restos du Cœur. Coluche est mort en juin 1986.

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160619-coluche.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180406-veronique-colucci.html


 

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25 février 2018 7 25 /02 /février /2018 03:34

« Cela pourrait être un os humain, peut-être une tête de fémur. » (Le procureur de Brest, le 24 février 2018 à Morlaix).


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Grands frissons dans un cellier obstrué depuis des décennies et dégagé et fouillé dans la journée de ce samedi 24 février 2018 à Morlaix : un morceau d’os apparemment, une tête de fémur humain, a été découvert dans l’ancienne demeure des Seznec par des bénévoles au cours de fouilles "privées". Les lieux ont été bouclés et les fouilles ont été mises sous le contrôle de la judtice. Le procureur de Brest, qui s’est déplacé sur les lieux, a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire confiée à la police judiciaire de Rennes pour déterminer les circonstances de la mort du propriétaire de cet os.

Il est encore beaucoup trop tôt pour être affirmatif, la prudence doit évidemment dominer, mais cet élément nouveau pourrait se révéler décisif dans la compréhension de l’affaire Seznec, près de 95 ans après les faits !

De quoi s’agit-il ? L’affaire Seznec a été beaucoup médiatisée dans les années 1980 et 1990 par un des petits-fils de Guillaume Seznec, Denis Le Her, qui a passé sa vie à vouloir réhabiliter son grand-père. Selon lui, Guillaume Seznec était innocent et a été injustement condamné du meurtre d’un notable de province dont on n’a jamais retrouvé le corps. Cet os, cela pourrait bien appartenir à cette personne disparue, justement.

Guillaume Seznec (1878-1954) et Pierre Quémeneur (1877-1923) furent deux hommes d’affaires plus ou moins honnêtes qui s’appréciaient et étaient devenus des amis. Les deux étaient issus d’un milieu paysan assez pauvre et tous les deux avaient la volonté de monter dans l’échelle sociale en s’occupant de diverses entreprises.

Guillaume Seznec n’a cependant jamais réussi à bâtir une fortune, au contraire de Pierre Quémeneur qui profita de la Première Guerre mondiale pour faire fortune (il a fourni des poteaux en bois pour les tranchées). Pierre Quémeneur a même entamé une carrière politique, élu conseiller municipal en 1914, puis élu conseiller général du Finistère en 1919. Ce dernier était très chaleureux et savait convaincre ses électeurs en leur promettant de s’occuper de leurs problèmes personnels, tandis que Guillaume Seznec était plus réservé.

J’ai écrit "plus ou moins honnêtes" car leurs affaires étaient parfois à la limite de la légalité sans forcément que cela fût prouvé. Ainsi, Guillaume Seznec a bénéficié deux fois d’un remboursement d’assurances à la suite de deux incendies qui ont ravagé ses entreprises (l’un des incendies l’a d’ailleurs blessé avant la guerre, le brûlant au visage et aux mains). En mai 1923, il était question d’une affaire de voitures Cadillac provenant d’un stock de guerre américain revendu à des Russes que les deux hommes d’affaires voulaient racheter et les revendre avec une forte plus-value. À cette occasion, Guillaume Seznec avait remis la quasi-totalité de sa fortune en espèces à son compagnon d’affaires.

Ils devaient se rejoindre le 24 mai 1923 à Rennes, l’un en train et l’autre en voiture. Puis faire la route ensemble jusqu’à Paris. Mais la voiture de Guillaume Seznec était tellement pourrie qu’ils sont tombés souvent de pannes. Dans la nuit du 25 au 26 mai 1923, ils décidèrent de se séparer à Dreux : Pierre Quémeneur reprendrait le train pour Paris afin de ne pas rater leur important rendez-vous d’affaires et Guillaume Seznec repartirait à Morlaix pour faire réparer la voiture. Il y arriva effictivement le 27 mai 1923.

Mais Pierre Quémeneur, qui avait prévenu sa famille qu’il reviendrait le 28 mai 1923, n’a jamais été plus revu après ce 25 mai 1923 et Guillaume Seznec fut la dernière personne connue à l’avoir vu. Ce dernier retourna à Paris le 1er juin 1923 mais n’a pas retrouvé Pierre Quémeneur, qui, pourtant, envoya un télégramme à sa famille (il était célibataire et sans enfant) daté du 13 juin 1923 depuis Le Havre. Ce télégramme suffisamment louche a été suspecté d’être un faux et la famille a averti la police sur sa disparition qui a ouvert une instruction judiciaire le 22 juin 1923 à Brest.

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Très vite, Guillaume Seznec fut suspecté d’avoir tué Pierre Quémeneur. Il fut arrêté le 1er juillet 1923 et inculpé d’assassinat le 7 juillet 1923. Les expertises judiciaires ont prouvé qu’il avait réalisé plusieurs faux en écriture, après la disparition de Quémeneur, en particulier le télégramme du Havre (on l’a même aperçu au Havre à la date d’envoi) et une promesse de vente d’une propriété luxueuse de Pierre Quémeneur signée de Guillaume Seznec mais dont la signature de Quémeneur semblait être un faux.

Le procès s’est déroulé du 24 octobre 1924 au 4 novembre 1924 à Quimper, pour juger un assassinat sans cadavre. Guillaume Seznec fut reconnu coupable du meurtre sans préméditation de Pierre Quémeneur, par la majorité des douze jurés, et a évité de justesse la peine de mort, condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il quitta la métropole le 7 avril 1927 pour être interné dans un bagne en Guyane.

Pendant tout le restant de sa vie, Guillaume Seznec a toujours proclamé son innocence dans cette affaire. Marie-Jeanne, qu’il a épousée le 18 juillet 1906, l’a toujours soutenu pour faire reconnaître son innocence. Elle est morte de maladie à Paris le 14 mai 1931.

Le 18 février 1934, six des jurés ont regretté leur décision et ont demandé la révision du procès. Il faut se rappeler qu’il n’était pas possible, jusqu’à récemment, de faire appel à un verdict des assises, et la cour de cassation avait rejeté le pourvoi le 8 janvier 1925 (par ailleurs, les députés ont voté à l’unanimité, le 23 juin 1989, une loi pour faciliter la révision d’un procès, puis une autre loi adoptée le 20 juin 2014). En 1938, la peine de Guillaume Seznec fut commuée en détention pour encore vingt ans (à partir de cette date).

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Le 2 février 1946, il fut gracié (on a expliqué que c’était De Gaulle qui l’aurait gracié, mais De Gaulle venait de démissionner de la Présidence du Conseil quelques jours auparavant). Guillaume Seznec fut finalement libéré le 14 mai 1947, et quitta la Guyane le 20 juin 1947 pour arriver au Havre le 1er juillet 1947, après vingt-quatre ans d’incarcération. La plupart des Français l’ont traité comme un héros. Il a pu revoir sa famille (il avait quatre enfants et beaucoup de petits-enfants). Il est mort des suites d’un accident de la circulation le 13 février 1954 à l’âge de 75 ans (il est né le 1er mai 1878).

La lutte n’est pas interrompue par la mort de Guillaume Seznec. Sa fille Jeanne (troisième enfant, née le 8 novembre 1912), puis un des fils de celle-ci, Denis Le Her, ont poursuivi la cause pour réhabiliter leur père et grand-père, en ayant déposé quatorze requêtes en révision qui furent, toutes, rejetées par la justice jusqu’à maintenant, notamment : le 7 décembre 1926, le 9 avril 1935, le 7 juillet 1949, en 1951, en 1956, le 28 juin 1996 et le 14 décembre 2006 (la dernière).

Pourtant, le portrait d’un homme qui a consacré sa vie (né le 26 décembre 1946) à demander la réhabilitation de son grand-père n’est pas si "idyllique" que cela. En effet, selon Denis Le Her (qui s’est fait appeler Denis Seznec à partir des années 1990 et qui est passé de l’extrême gauche en mai 1968 au soutien à la candidature de Marine Le Pen en 2012), son grand-père était totalement innocent, y compris des faux en écriture, et aurait été victime d’une machination de l’inspecteur de police Pierre Bonny (1895-1944), qui fut parmi les chargés de l’enquête, futur révoqué de la police en 1935 pour une affaire de corruption liée à l’affaire Stavisky, proche de la Cagoule et futur responsable de la gestapo en 1942, fusillé en 1944 lors de l’épuration.

Le problème, c’est que Pierre Bonny n’a effectué que 5 actes sur les 500 relevant de l’enquête, il n’a donc été impliqué qu’à la marge (cette hypothèse de machination a été définitivement écartée par la cour de révision le 14 décembre 2006). Plus grave, Denis Le Her aurait mal étudié le dossier judiciaire car les faux en écriture ont été scientifiquement établis.

Denis Langlois fut l’avocat de la famille Seznec de 1976 à 1990, à titre bénévole. Mais il fut congédié par Denis Le Her qui n’a pas apprécié la dénonciation par l’avocat de la stratégie adoptée (innocence totale et médiatisation) qui a toujours abouti au rejet des requêtes en révision.

Denis Le Her a intensifié sa campagne médiatique. Un livre à 200 000 exemplaires vendus, des milliers de conférences un peu partout en France, un dépôt de plainte contre la République française le 20 décembre 1996 auprès de la Cour européenne de justice, un appel solennel au Président Jacques Chirac le 28 janvier 1997 et même une Ministre de la Justice, bretonne, Marilyse Lebranchu, touchée par son combat, qui voudrait rouvrir le procès le 3 avril 2001.

Denis Langlois a écrit en 2015 : « L’échec survient logiquement en 1996, et là, il est difficile de comprendre que la stratégie reste imperturbablement la même. Des révélations ont montré pourquoi les magistrats de la commission [de révision] ont rejeté la demande. Ils ont été heurtés essentiellement par la médiatisation excessive de l’affaire et l’affirmation de l’innocence pleine et entière de Guillaume Seznec, alors que sa participation aux faux leur paraît indiscutable. ». En d’autres termes, les magistrats refusent la pression des médias et l’officialisation de la thèse peu défendable de Denis Le Her.

Parmi les faits troublants, le procureur général de la République près la Cour de cassation a révélé le 13 janvier 1997 que le dossier criminel de Guillaume Seznec avait été détruit dans l’incendie du Parlement de Bretagne, à Rennes, en 1994.

Pourtant, ce petit-fils n’est pas forcément le seul représentant de cette famille qui est divisée. Son frère aîné, Bernard Le Her, a considéré qu’il y avait une autre version que l’innocence complète de son grand-père.

Ce fut dans un livre qui est sorti le 12 février 2015 ("Pour en finir avec l’affaire Seznec", Éditions de la Différence) que l’ancien avocat Denis Langlois a finalement "lâché le morceau", ayant peur de mourir avec ce "secret". En effet, en 1978, Bernard Le Her lui a appris que son oncle Petit-Guillaume, le fils aîné (et deuxième enfant né le 14 mars 1910) de Guillaume Seznec, avait entendu sa mère crier chez eux.

L’hypothèse proposée est donc la suivante : Pierre Quémeneur serait revenu chez les Seznec le 27 mai 1923 en absence de Guillaume Seznec, aurait fait des avances à son épouse Marie-Jeanne qui, pour se défendre, l’aurait frappé avec un chandelier, il serait tombé et serait accidentellement mort. Quand Guillaume Seznec est arrivé, il aurait enterré le corps dans un cellier qu’il a ensuite muré. Petit-Guillaume et une employée de maison furent témoins de cette scène et s’engagèrent à garder le silence. Bernard Le Her a enregistré à son insu le témoignage de Petit-Guillaume qui est mort en 1982.

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Pour Denis Langlois, le corps de Pierre Quémeneur devrait donc toujours être dans cette maison à Morlaix. La justice ayant refusé d’effectuer des fouilles (refus de l’ancien procureur de Brest le 26 mai 2015), l’avocat à la retraite a réussi en décembre 2017 à convaincre le propriétaire de la maison d’accepter des fouilles dans sa propriété. Après un appel à des dons et la mobilisation des volontaires, il a pu constituer une équipe d’une dizaine de bénévoles, dont un archéologue qui a pu apporter sa caution scientifique et surtout, la manière de procéder selon les règles de l’art (avec numérotation des objets découverts, etc.).

Ces fouilles ont commencé ce 24 février 2018 et comme un os d’origine apparemment humaine a été trouvé immédiatement, la justice a pris le relais : enfin, la vérité sur Pierre Quémeneur pourra peut-être sortir, près d’un siècle après sa disparition. Ce fut une stratégie donc fort habile pour remettre la justice dans la boucle, elle qui a toujours refusé, depuis 1924, de revenir sur le jugement de culpabilité.

Pour Denis Langlois, la découverte du corps de Pierre Quémeneur serait un élément décisif dans la validation de cette nouvelle hypothèse, qui innocenterait Guillaume Seznec du meurtre, au moins au bénéfice du doute (puisque sa femme aurait pu aussi l’avoir tué). En revanche, la validation de cette hypothèse laisserait un goût assez amer sur la moralité et l’honnêteté de Guillaume Seznec puisque les faux en écriture avaient pour but de récupérer l’argent transmis au noir à Quémeneur qu’il n’aurait jamais pu reprendre s’il avait alerté la police au moment de l’accident.

La réaction de Denis Le Her, interrogé à chaud par "Le Télégramme", fut la suivante, emprunt d’une grande lucidité : « Je suis perplexe. (…) Si c’était effectivement Quémeneur, cela remettrait beaucoup de choses en question. Ce serait quand même vraiment étonnant. Mais c’est assez facile de savoir si c’est lui. Il avait un nez cassé et une dent en or (…). Si c’est le cas, ça prouve que la police n’a pas fait son travail. La piste des fouilles n’a jamais été explorée par la justice. Cela prouverait que mon grand-père est innocent. Mais ça voudrait dire qu’il a quand même fait une erreur, celle de couvrir sa femme. » (24 février 2018).

Note du 28 février 2018 à 13 heures :
Les deux bouts d'os trouvés le 24 et le 25 février 2018 proviennent d'un animal. Mais les fouilles continuent...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 février 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L’affaire Seznec.
L’affaire Grégory.
L’affaire Boulin.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180224-seznec.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/affaire-seznec-un-rebondissement-201845

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/02/25/36173055.html


 

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18 janvier 2018 4 18 /01 /janvier /2018 21:49

Née le 3 mai 1960, Jacinte Giscard d'Estaing, quatrième enfant de Valéry Giscard d'Estaing et d'Anne-Aymone Sauvage de Brantes, fut vétérinaire soignant les chevaux. Elle a pris plusieurs initiatives pour l'équitation (a créé en 1990 Poneyland) et fut commissaire générale du Generali Open de France à Lamotte-Beuvron (quinze mille cavaliers). Elle a eu beaucoup de notoriété lors de la campagne présidentielle de son père en 1974 où elle fut représentée, à l'âge de 14 ans, sur une affiche avec son père. Elle s'est éteinte le 16 janvier 2018 des suites d'une douloureuse maladie.

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180116-jacinte-giscard-d-estaing.html

 

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16 décembre 2017 6 16 /12 /décembre /2017 22:34

Condoléances aux familles et proches des six enfants décédés au cours de cet accident et aussi aux proches des autres blessés très graves, à quelques jours de la fête de Noël.

La question de la responsabilité est essentielle dans un accident aussi grave que celui qui a eu lieu sur un passage à niveau de Millas le jeudi 14 décembre 2017 à 16 heures 30. En d'autres termes, les barrières de sécurité ont-elles été baissées ou pas lors du passage du TER de Perpignan.

Voici trois photos publiées dans la presse. La barrière en sens inverse s'est normalement relevée après le passage du train, en revanche, la barrière dans le sens du car a été brisée.

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SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20171214-photo-millas.html




 

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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 03:27

« On a cherché à faire de moi un bouc émissaire. J’assume effectivement certaines erreurs de procédure, mais j’aurais aimé que tous en fassent autant, et ce n’est pas le cas. » (Jean-Michel Lambert, le 17 juin 2017 sur France 2).



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Malédiction ? Le tintamarre infernal des médias s'est remis en marche. L’ancien premier juge d’instruction dans la triste affaire Grégory, Jean-Michel Lambert, a été retrouvé sans vie à l’âge de 65 ans dans sa résidence du Mans le mardi 11 juillet 2017 au soir. Son enterrement est prévu pour ce jeudi 20 juillet 2017. L’autopsie du 13 juillet 2017 a permis d'établir avec plus de certitude qu’il s’est agi d’un suicide. Avant d’être un nouveau "rebondissement" dans l’affaire Grégory, c’est d’abord un drame humain et familial d’une profonde horreur. Jean-Michel Lambert avait terminé de rédiger le manuscrit de son onzième roman qui devrait être publié en octobre prochain ("Témoins à charge", éd. De Borée) et dont le héros lui ressemble étrangement, qui se suicide dans des conditons similaires à sa propre fin tragique. Le journal "L'Est Républicain" a rendu publique, le 19 juillet 2017, une lettre du juge expliquant son geste tragique et fustigeant la "machine à broyer".

Le juge Lambert (né à Jarnac le 19 mai 1952) avait pris sa retraite le 8 septembre 2014 après avoir été vice-président du tribunal de grande instance du Mans. Il avait démarré sa carrière notamment avec l’affaire Grégory, de manière très maladroite et critiquable, mais au-delà de ses propres erreurs, les dysfonctionnements avaient également montré des problèmes du système judiciaire lui-même : l’affaire en question était sa 181e sur les 237 dont il avait la charge, parce qu’il était l’unique juge d’instruction dans le département des Vosges. L’instruction de l’affaire a pris fin le 23 avril 1986.

Après en avoir été dessaisi en 1987 par la Cour de cassation qui l’a confiée au juge Maurice Simon, président de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Dijon, Jean-Michel Lambert avait pris une année sabbatique pour rédiger un livre témoignage (où il livra certaines informations professionnelles concernant l’affaire) puis fut affecté comme juge d’instance d’abord à Bourg-en-Bresse de 1988 à 2003 puis au Mans de 2003 à 2014.

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À sa retraite, le juge avait publié un nouveau livre : "De combien d’injustices suis-je coupable" (éd. du Cherche Midi) où il fustigeait le système judiciaire français et le principe de la détention provisoire : « Est-il normal qu’aujourd’hui, quelques centaines de personnes soient détenues en moyenne trois cents jours avant d’être innocentées ? (…) Est-il normal que les préjudices subis par les victimes d’erreurs judiciaires soient réparés chichement ? (…) Mon imperfection a remis à sa place ma prétention à vouloir rendre la justice. ». Effectivement, il a lui-même mis en prison des innocents.

La journaliste Laurence Lacour qui a suivi l’affaire dès le début a noté, à propos du juge Lambert : « Ce n’était pas un mauvais bougre. Mais son insouciance et sa mauvaise maîtrise de la procédure ont entraîné l’annulation de nombreuses pièces du dossier. Il n’a pris aucune disposition pour protéger Bernard Laroche. ».

C’est le 14 juin 2017 que l’affaire Grégory est revenue dans l’actualité médiatique, trente-deux ans après l’assassinat du petit Grégory, par l’action d’un magistrat qui a mis en garde-à-vue puis en examen et en détention provisoire certains membres de la famille de Grégory. Le vrai déclencheur de ce "rebondissement" semblerait être un texte manuscrit sur le livre d’or de l’église de Lépanges-sur-Vologne daté du 13 mai 2008 (mais la page précédente est datée de 2016) qui dénonce la culpabilité de Bernard Laroche (qui avait été assassiné en 1985 par le père de Grégory après sa libération).

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Les erreurs de la justice mais aussi les excès des médias avaient provoqué au moins deux drames, l’assassinat d’un membre de la famille accusé de l’assassinat de l’enfant et, le 5 juillet 1985, l’inculpation pour assassinat (à tort) de la mère de Grégory (qui fut "blanchie" plusieurs années plus tard : le non-lieu n’a été prononcé que le 3 février 1993 pour "absence totale de charges" !).

Mais les juges d’aujourd’hui sont-ils vraiment plus responsables que ceux d’il y a trente-deux ans ? Et l’autre question vient également : les médias d’aujourd’hui sont-ils plus responsables que ceux d’il y a trente-deux ans ?

La conséquence de cette relance, c’est qu’on a mis en détention provisoire deux septuagénaires (les époux Jacob) pendant cinq jours (du 16 au 20 juin 2017) pour "enlèvement et séquestration suivie de mort", ainsi qu’une adolescente à l’époque des faits, Murielle Bolle, depuis le 28 juin 2017, pour "enlèvement de mineur de 15 ans suivi de mort", incarcération qu’elle a trouvée tellement injuste qu’elle a fait une grève de la faim du 6 au 11 juillet 2017. Enfin, la mort du juge Lambert pourrait être, elle aussi, la conséquence de la relance de l’affaire Grégory qui s’est faite tant judiciairement que médiatiquement.

Le suicide est toujours un acte particulier, singulier, qui peut avoir plusieurs causes, qui est le résultat d’une fragilité ancienne peut-être. Il n’est donc pas pertinent de trouver des raisons rapidement et simplement, d’autant plus que l’ancien juge n’a laissé aucun écrit d’explication. C’est, en outre, un drame privé qui devrait le rester dans le respect des proches.

Néanmoins, un fait est troublant : le matin même de la découverte macabre, la chaîne BFM-TV avait révélé une partie des carnets secrets qu’avait rédigés le juge Maurice Simon (qui avait repris l’affaire en 1987), décédé depuis longtemps (et dessaisi lui-même de l’affaire le 28 janvier 1990 lorsqu’il est tombé dans le coma à la suite d’un infarctus et devenu amnésique à son réveil). Dans ces carnets, le juge Simon avait été particulièrement sévère à l’égard du juge Lambert : « On reste confondu devant les carences, les irrégularités, les fautes (…) ou le désordre intellectuel du juge Lambert. Je suis en présence de l’erreur judiciaire dans toute son horreur. ».

Le 12 juillet 2017, le journaliste Daniel Schneidermann est allé brutalement dans ses accusations contre BFM-TV : « À quoi ça ressemble, un journaliste sur qui s’abat une accusation implicite de meurtre involontaire ? (…) Et ce plateau irréel funambulise entre ces deux informations, le scoop du matin [la révélation des carnets secrets du juge Simon] et la mort du soir, sans jamais poser la question sacrilège : par hasard, pourrait-il y avoir un lien entre les deux ? Par hasard, ne se trouverait-on pas au cœur d’un nouveau dérapage journalistique d’anthologie, après les dérapages canoniques du siècle dernier ? (…) À cette question (…), il n’est évidemment pas de réponse évidente. ».

Il n’a peut-être pas tort dans sa chronique. Déjà le 9 janvier 2015, BFM-TV avait diffusé une information qui avait mis en danger la vie d’un otage dans la course-poursuite des assassins des journalistes de "Charlie-Hebdo".

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Il semblerait que l’on n’ait pas appris grand-chose en trois décennies pour éviter les débordements anciens. Les médias, à l’évidence, du moins, certains, n’ont rien appris si ce n’est qu’il faut toujours du sensationnel pour l’audience, pour le prix de la minute de publicité.

Les juges, je n’ai aucune connaissance de leurs motivations à relancer l’affaire : selon les avocats des personnes mises en examen depuis juin 2017, il n’y aurait aucun élément nouveau depuis plusieurs années, et ces mises en examen seraient comme le "test" de la dernière chance, dernière chance car les survivants, acteurs, témoins, certains sont déjà âgés et vont mourir, et "test" car la justice ne ferait qu’une partie de poker, espérant qu’un des protagonistes ne craque, espérant des aveux, des témoignages, faute de mieux, faute d’éléments factuels établis. La seule chose de vraiment nouvelle, ce serait que l’assassinat serait le résultat d’un complot familial : plusieurs personnes seraient impliquées dans cette abomination.


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La vraie question est, à mon humble avis, la suivante : fallait-il encore remuer la boue, au risque des éclaboussures, ou pas ? C’est sûr, sans rebondissement judiciaire, pas de grève de la faim, peut-être pas de mort prématurée de l’ancien juge (mais cela, on ne le saura jamais, il est parti avec ce secret), et sûrement pas le retour à une sorte de folie médiatique que les réseaux sociaux, l’immédiateté des chaînes d’information continue compensent largement les règles de réserves médiatiques adoptées par la justice depuis l’analyse de la communication judiciaire au cours de cette affaire.

Pourtant, il y a une nécessité. Une nécessité pour la mémoire de Grégory, garçon innocent assassiné à 4 ans, pour ses parents, pour la justice et aussi pour la société elle-même, moi, nous. C’est celle de la vérité. Celle de connaître enfin la vérité. Il ne s’agit pas de vengeance, et je pense que la pire des vengeances, c’est de vivre avec ces remords, mais de vérité, et aussi de faire le deuil pour les proches. Sans vérité, pas de deuil réel. C’est aussi la mission de la justice, l’une des missions régaliennes essentielles de l’État. Ne pas connaître la vérité, c’est montrer un grave dysfonctionnement de l’État.

Certes, l’affaire Grégory n’est pas la seule, ni la première ni la dernière, affaire "non élucidée", il y en a eu dans l’histoire même ancienne, mais la possibilité d’élucider une affaire qui a suscité autant de passion, autant d’emballement, autant d’émotion aussi, doit pouvoir être exploitée, la piste explorée, avec les risques d’erreurs, avec les risques d’errements, avec les risques d’emballement. La technologie a évolué, les méthodes scientifiques au service de la criminologie sont maintenant très perfectionnées, très efficaces.

Il faut refuser cette sorte de chantage : ne cherchons pas la vérité car cela remuerait trop la boue. Il faudrait certainement remuer la boue avec subtilité, avec prudence, avec délicatesse, mais dans une affaire pareille, où toutes les langues se sont tues pendant plus d’une génération, la vérité ne se trouverait forcément que dans la boue, et à aucun prix il ne faut la perdre de vue…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (15 juillet 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le juge Jean-Michel Lambert.
La relance judiciaire de l’affaire Grégory.
Histoire encore à suivre.
Documents sur l’affaire Grégory.
Traçabilité de la vite privée.
Les drones.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20170711-juge-lambert.html

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/affaire-gregory-la-verite-sans-la-195034

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/07/20/35472384.html


 

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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 06:18

« Il semble que l’on soit moins jaloux par amour que par haine. » (Louis Scutenaire, dans "Mes Inscriptions").


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Il y a eu une grande surprise médiatique le mercredi 14 juin 2017 avec l’annonce d’une triple garde-à-vue dans l’affaire Grégory, suivie d’une double mise en examen le 16 juin 2017 pour enlèvement et séquestration suivie de mort (accompagnée de détention provisoire jusqu'au 20 juin 2017). Nouveau rebondissement d’un fait-divers particulièrement sordide, l’assassinat d’un enfant que 4 ans retrouvé ligoté et sans vie au fond d’une rivière vosgienne le 16 octobre 1984.

En trente-deux ans, la science a énormément progressé. Pour s’en rendre compte, comme les enquêtes policières sont un genre très fréquent dans les séries télévisées, il suffit de regarder les deux séries américaines "Columbo" et "Les Experts".

Dans la première, le pauvre lieutenant est incapable de connaître les interlocuteurs des appels téléphoniques de ses suspects, analyse les empreintes digitales mais ne ramasse les résidus sanguins que pour connaître le groupe sanguin.

Dans la seconde, tout peut être connu des criminologues, impossible de ne pas laisser une petite molécule de sang malgré un nettoyage intensive de la scène du crime, et ce n’est pas le groupe sanguin mais carrément l’ADN qui est analysée, ce qui permet d’avoir beaucoup plus de renseignements.

Inutile d’ajouter que la société d’aujourd’hui peut mieux tracer la vie des personnes grâce aux nombreuses caméras de surveillance, à l’utilisation de cartes bancaires, des smartphones, de l’Internet, et même à des moyens très intrusifs dont se dotent les pouvoirs publics, etc.

Il y a donc le rêve de vieux juge d’instruction qui voudrait qu’on reprenne les anciennes affaires non élucidées avec les moyens technologiques d’aujourd’hui. Ce qui signifie que les pièces à conviction fussent conservées sans détérioration par le temps et que les témoins majeurs aient survécu à toute cette période.

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Pour l’affaire Grégory, en 2008 puis 2010, des analyses ADN avaient été réalisées sur un résidu de salive retrouvé sous le timbre d’une des lettres de menace du "corbeau". Malheureusement, elles n’ont pas abouti à des éléments concluants.

Ce retour en surface de cette affaire serait la conséquence de l’utilisation d’un logiciel particulièrement efficace d’analyse de toutes les données factuelles, des témoignages, etc. donnant une vue d’ensemble sur les incohérences du dossier.

Cette affaire a eu une malheureuse victime, innocente, Grégory, devenu simple objet, devenu l’instrument d’une vengeance incroyablement bête et méchante contre ses parents. Au lieu de crever les pneus de la voiture, l’assassin a tué l’enfant pour nuire, simplement nuire. La lettre de revendication postée le jour même, avant la fermeture de la poste, est très significative. La plupart des meurtres sont motivés par l’argent ou par l’amour. Certains le sont aussi par la jalousie, c’est le cas pour l’enfant souriant au destin tragique.

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Elle a eu une autre victime, Bernard Laroche, accusé dans un premier temps d’être l’auteur de l’assassinat (dénoncé puis innocenté par une belle-sœur adolescente), puis relâché, sans avoir de protection, et finalement assassiné par le père de Grégory après plusieurs menaces très claires. La mort de Bernard Laroche, s’il était l’assassin, empêcherait de le juger aujourd’hui, et même s’il était le coupable, il n’aurait plus mérité la peine de mort, abolie trois ans auparavant.

Dans le traitement de cette affaire, tous les protagonistes ont failli. La police et la gendarmerie, en concurrence pour l’enquête, avec des conclusions différentes. La justice particulièrement incohérente, avec une instruction menée par un juge débutant visiblement dépassé dès le départ par les événements (reconnaissons humblement qu’à sa place, je ne sais vraiment pas comment j’aurais agi et si je me serais mieux comporté de lui), on a d’ailleurs vu cette carence du juge dépassé se renouveler avec l’affaire d’Outreau. L’absence de protection d’un accusé relâché qui pouvait devenir la cible de la vengeance des parents meurtris. L’accusation vraiment abominable portée contre la mère de l’enfant. Les médias, aussi, qui ont joué un rôle odieux dans le but de vendre du papier ou de l’audience : certains journalistes étaient très partiaux, et même l’assassinat de Bernard Laroche devait faire l’objet d’un scoop journalistique (le père de l’enfant avait pris sur lui un magnétophone qu’il a finalement oublié sur les lieux du nouveau drame).

La médiatisation a été bien au-delà des frontières nationales voire européennes. Dans les villages reculés de Sibérie, on s’intéressait aussi à l’affaire ! Des paysans russes pouvaient demander à un visiteur français de passage : vous croyez vraiment que la maman du petit Grégory l’a tué ? (C’est ce qu’a raconté Philippe Vandel qui s’était intéressé à l’affaire au début des années 1990).

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Car oui, l’un des drames dans le drame a été en effet l’accusation portée par la justice contre la mère de Grégory, celle d’avoir tué son propre fils, basée sur aucun fait et qui a rajouté de la souffrance à la souffrance. Une histoire d’infanticide devenait encore plus scandaleuse et donc plus sensationnelle pour les médias. Il n’y avait pas besoin de chaîne d’information continue, ni de réseaux sociaux sur Internet, ni de smartphone à caméra intégrée pour pouvoir voir, lire, écouter n’importe quoi sur le sujet.

Mais dans les failles, il faut aussi rajouter toute la famille qui a été particulièrement confuse et hostile, incohérente, divisée dans cette histoire. La mise en examen de deux des membres de la famille n’aboutira peut-être pas à connaître enfin la vérité et selon leur avocat, cette nouvelle mise en accusation ne repose sur pas grand-chose de factuel. C’est pourquoi il faut de l’extrême prudence et ne pas jeter de nouveau en pâture de nouveaux noms dans le cirque médiatique. La reconnaissance des erreurs anciennes de la justice n’empêche pas de nouvelles erreurs de celle-ci…

Néanmoins, le procureur général de Dijon a pu établir avec certitude que l’assassinat de Grégory n’était pas un acte individuel mais l’aboutissement d’un "complot" probablement familial (motivé par la jalousie et le désir de vengeance) car plusieurs personnes seraient nécessairement impliquées dans cet assassinat (ne serait-ce que pour exprimer les menaces écrites ou orales) : « À ce stade, les investigations corroborées par l’analyse criminelle de la gendarmerie montrent que plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime. » (15 juin 2017). Le motif des garde-à-vue est d’ailleurs très clair : « complicité d’assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime ».

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C’est certainement cette caractéristique qui distingue cet assassinat d’autres assassinats d’enfant : l’implication de plusieurs personnes d’une famille qui a nourri, à un niveau très élevé, la haine et la jalousie, provenant peut-être de générations antérieures… Cette affaire si longue et encore si mystérieuse est une sorte de miroir de la société pour illustrer la fameuse formule du romancier sublime André Gide : « Familles, je vous hais ! ».

Mais plutôt que finir par la littérature, je finirais par la science : celle-ci est en train de permettre la résolution de certaines affaires anciennes. Il serait donc à espérer qu’on puisse à terme résoudre non seulement l’affaire Grégory mais aussi, par exemple, l’affaire Boulin, la thèse du suicide de l’ancien ministre étant peu compatible avec les faits, même si les pièces à conviction ont peu de chance d’être aujourd’hui exploitables. Pas sûr d’ailleurs que cet espoir soit partagé par tout le monde…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 juin 2017)
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Pour aller plus loin :
"Rebondissement" dans l’affaire Grégory.
Histoire encore à suivre.
Documents sur l’affaire Grégory.
Traçabilité de la vite privée.
Les drones.

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 06:13

« Le football est un jeu avant un produit, un spectacle avant un busines et un sport avant un marché. » (Michel Platini, le 26 janvier 2007).



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Eh oui, cela se passe depuis trois semaines ! Du vendredi 10 juin au dimanche 10 juillet 2016, la Gaule vit à l’heure du football. Toute la Gaule ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à…

Parallèlement à toute la mousse médiatique mais aussi sociale que provoque la compétition sportive, il y a une partie de la population pour qui le football ne représente rien.

J’ose le dire au risque d’être "stigmatisé" (une stigmatisation que j’assumerais volontiers) : peu me chaut du football. Donc, impossible de le détester, car pour le détester, il faudrait que je le connaisse, que je m’en passionne. Moi, cela me rend indifférent, peut-être juste une pointe d’agacement contre ce matraquage audiovisuel mais je ne suis pas non plus obligé d’écouter la radio, de lire les journaux, de regarder la télévision.

J’ose dire d’ailleurs que le seul nom de footballeur que je connaisse vraiment, c’est Platini, pour des raisons familiales et personnelles, pour des raisons géographiques, pour des raisons aussi d’époque. Les autres noms, je ne dis pas que je n’en ai jamais entendu parler (le matraquage a cela de bien que le cerveau se remplit d’informations inutiles), mais je ne sais pas si ce sont des sportifs ou d’autres génies dont l’importance m’aurait échappé.

C’est vrai que tous ces messieurs (je crois qu’il n’y a pas beaucoup de femmes dans ce milieu, à part peut-être les joueuses) au costume bien épinglé, à l’air très important, à qui on tend un micro à chaque pet de joueur mal léché, tout cela pour un ballon qu’on tape dessus du pied, cela fait un peu sourire.

Ah oui, j’oubliais, ce milieu brasse des sommes folles d’argent. Le football est une économie avant tout, et l’argent, c’est quelque chose de sérieux, d’où la cravate de l’endimanchement. Et si cela produit autant d’argent, c’est parce qu’il y a un public, parce que beaucoup de monde achète des billets pour assister au match, ou regarde les matchs à la télévision, ce qui rend la minute de publicité télévisée hors de prix.

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Pour autant, dès lors que tout se passe dans la légalité (ce n’est pas forcément le cas), dès lors que le sport est vécu comme une fête, tout cela m’est égal et indifférent.

Donc, pas question de jouer à l’intello de service qui irait crever un ballon sur la place centrale en plein soleil au risque de se faire lyncher par des armées de supporteurs en tuniques bleu blanc rouge.

Parce qu’après tout, tout le monde a bien le droit de se détendre, a bien le droit de s’amuser, d’apprécier des choses futiles, d’être léger. Et même, la starisation des sportifs peut avoir quelques conséquences heureuses, comme encourager à faire soi-même du sport (ma meilleure résolution à chaque nouvel an !), ou même préférer le sport à d’autres activités de loisir peut-être contraires au code pénal. Certaines mauvaises langues seraient même prêtes à dire malicieusement que ce sont toujours des voitures qui ne seront pas brûlées pendant ce temps.

Le fait d’ailleurs de ne pas suivre le mouvement m’encourage. L’anticonformisme est finalement un conformisme comme un autre. D’ailleurs, suis-je si seul que cela à ne pas m’intéresser au football ? Eh bien non, je suis même majoritaire si j’en crois le sondage de YouGov pour "20 Minutes" publié le 10 juin 2016 : 62% des sondés (1 117 personnes représentatives interrogées du 2 au 6 juin 2016) se déclareraient "pas intéressés" par la compétition de football. C’est même rassurant : le chômage, le logement, les examens de fin d’année, la maladie, les attentats (comme l'attentat à l'aéroport international d'Istanbul qui a fait au moins 43 morts ce 28 juin 2016), les misères d’un monde qui ne s’arrête pas de tourner pour un ballon rond, tout cela semble préoccuper un peu plus de monde, c’est sain.

Pourtant, tout le monde s’y met, au football, et même moi qui y consacre cette réflexion. Il faut dire que le sport a toujours été intriqué dans la politique et réciproquement. J'ai même vu par hasard Rama Yade jouer à la commentatrice sur LCI le 19 juin 2016 ("À fond les ballons") au lieu d'expliquer ce que pourrait apporter sa candidature à l'élection présidentielle (déclarée le 21 avril 2016).

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Sans aller jusqu’à Hitler et les jeux olympiques de Munich en 1936, les jeux olympiques de Moscou avaient été boycottés par de nombreux pays en raison de l'invasion soviétique en AfghanistanJacques Chirac et Lionel Jospin avaient bénéficié d’un regain de popularité lors de la victoire de l’équipe de France en 1998 (ils n’en étaient pourtant pas responsables !!), le gouvernement chinois a bénéficié aussi de l’organisation des jeux olympiques à Pékin en 2008, et même Vladimir Poutine à Sotchi en 2014.

L'ex-député UMP Christian Vanneste a même écrit le 10 juin 2016 : « La religion du football entretenue par les politiciens n’a rien de rassurant. La victoire éventuelle d’une équipe de joueurs professionnels surpayés par des clubs souvent étrangers n’a aucune signification pour notre pays. Entretenir cette illusion, c’est vouloir tromper le peuple et c’est révéler du même coup le cynisme des dirigeants. (...) Il est quand même plus important d’attirer les investissements et les touristes réguliers que les supporters surexcités qui ont déjà montré à Marseille ce dont ils sont capables. ».

François Hollande, qui a préféré parler de football à s’expliquer sur le chômage sur France Inter le 5 juin 2016, a voulu instrumentaliser la compétition sportive en mettant la CGT face à ses responsabilités… sans assumer les siennes ! Le mardi 14 juin 2016, une manifestation était prévue pour exprimer la colère des gens… mais est-ce compatible d’être à la fois gréviste et supporteur, par exemple ? Les manifestations qui ont suivi, en particulier celle du 28 juin 2016, ont beaucoup moins mobilisé.

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Le 9 juin 2016, Joseph Macé-Scaron rappelait sur i-Télé que François Hollande n’a jamais misé que sur sa chance personnelle : la disqualification de Dominique Strauss-Kahn avant 2012, et depuis qu’il est élu, il a toujours misé sur un retour à une conjoncture plus clémente, et croit toujours à un événement national heureux qui redresserait son image personnelle avant Noël 2016. "L’Obs" a évoqué le 7 juin 2016 le fait que dans l’esprit de François Hollande, ce mois de football serve …de « séance de psychothérapie à un pays au bord de la crise de nerf ». Le Brexit, à défaut du football, pourrait donner l'opportunité de rebondir à François Hollande.

Il est utile de rappeler cette réflexion d’Hannah Arendt : « Accomplir de grandes actions et dire de grandes paroles ne laisse point de trace, nul produit qui puisse durer après que le moment aura passé de l’acte et du verbe. (…) Les hommes de parole et d’action (…) ont besoin de l’artiste, du poète et de l’historiographe, du bâtisseur de monuments ou de l‘écrivain, car sans eux le seul produit de leur activité, l’histoire qu’ils jouent et qu’ils racontent ne survivrait pas un instant. » ("Condition d’un homme moderne", 1958).

On pourrait rajouter les sportifs dans la liste des artistes, architectes, historiographes… mais le sport n’est pas seulement un faire-valoir politicien pour dirigeants en mal de popularité, c’est aussi de véritables ouvertures pour l’amitié entre les peuples. Rappelons par exemple que c’est le sport qui a été le premier sas d’ouverture entre l’Iran et les États-Unis, comme la musique l’a été (très brièvement) entre la Corée du Nord et l’Europe (le 14 mars 2012).

Car la compétition entre deux équipes nationales, il ne faut pas la voir comme une guerre, mais comme un dialogue, comme un échange, avec un consensus sur les règles et une acceptation de la défaite chez les vaincus. C’est plus une élection qu’une guerre.

Je ne m’aventurerais cependant pas plus dans l’esprit sportif, surtout quand on voit le nombre d’affaires et de scandales de toutes sortes, qu’ils soient pécuniaires, sexuels, racistes, etc. car cela ne m’intéresse pas.

Lorsqu’ils ont à faire à des personnalités qui sont devenues très connues (sauf de moi !) ou très riches (mais l’un engendre l’autre souvent), les médias tombent souvent dans la confusion et ne comprennent pas que cela ne suffit pas pour parler correctement, pour ne pas être vulgaire, pour développer une pensée subtile et cohérente voire pour disserter des choses complexes du monde de manière plus intéressante que devant la machine à café à son travail.

En 2016, le principal enjeu de cette compétition de football, c’est bien sûr la sécurité et le prolongement, depuis le 14 novembre 2015, de l’état d’urgence. Un attentat durant ce mois serait catastrophique pour la classe politique. Et le risque d’attentat est grand puisque les services secrets ukrainiens ont même arrêté le 6 juin 2016 un citoyen français qui préparait une quinzaine d’attentats, contre une mosquée, contre des supporteurs, etc. apparemment plus issu de l’extrême droite que de l’islamisme. Le danger n’est donc pas forcément de là où l’on le supputerait.

Pour autant, fallait-il renoncer à organiser cette compétition sportive ? Non, bien sûr. Il faut continuer à vivre. Il faut continuer à regarder des caricatures peut-être pas du meilleur goût, il faut continuer à assister à des concerts peut-être pas du meilleur goût, il faut continuer à se prélasser sur des terrasses de café quand la semaine est terminée et que c’est l’heure de la détente, il faut continuer à prendre l’avion en cas de déplacement utile, il faut continuer à s’allonger sur les plages et à faire bronzette (sous réserve de bien se protéger des UV quand même !) pour se régénérer avant une rentrée difficile, bref, il faut continuer à vivre même si l’idée qu’en faisant cela, on peut se faire massacrer à la kalachnikov peut désormais traverser l’esprit.

Car si l’on s’arrêtait de vivre, ce serait une véritable victoire (posthume) des terroristes : ils auraient réussi à révolutionner le mode de vie, ils auraient eu raison car ils auraient été efficaces. C’est, je pense, le pire des hommages à rendre à leurs malheureuses victimes. Il ne s’agit pas d’être imprudent mais de laisser vivre les 67 millions de Français et ceux qui seraient de passage en France et de ne pas laisser quelques dizaines voire centaines d’individus fanatisés voire drogués prendre en otage tout une nation voire tout un continent.

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Sur la sécurité dans le sport, le problème n’est d’ailleurs pas nouveau et ne s’arrête pas au terrorisme. Il y a toujours eu des problèmes d’ordre public aux abords des stades. La vulgarité de quelques-uns, aidée de l’alcool, a souvent eu raison de l’esprit léger et festif d’une rencontre sportive. On le voit d'ailleurs avec les violences à Marseille le 11 juin 2016 entre hooligans anglais et hooligans russes qui ont fait cinq blessés graves dont un entre la vie et la mort.

Il y a quelques temps, j’habitais près de la Porte de Saint-Cloud et je me souviens d’un retour depuis l’autoroute du nord. Gros bouchons sur le périphérique extérieur à l’ouest, assez ordinaire un dimanche soir, mais là, c’était vraiment bloquant. Une fois que je suis arrivé près du Parc des Princes, j’ai vu une cinquantaine de camionnettes de CRS, autant de camions de pompiers, les rues bouchées par des stationnements à trois ou quatre niveaux (du triple ou quadruple file de stationnement !), tout le monde bloqué, et la seule place qu’il me restait d’ailleurs pour me garer sans gêner personne était sur un trottoir… devant un commissariat de police ! Renseignement pris, il s’agissait d’un match PSG vs OM !

Il y a aujourd’hui 100 000 personnes chargées d’assurer la sécurité des spectateurs durant ce mois de compétition qui tombe aussi au même moment que le mois du ramadan. Faut-il alors dépenser des sommes aussi vertigineuses pour assurer la sécurité de ces matchs de football ? La réponse est oui puisque ce sport est la passion de très nombreuses personnes, y compris de personnes qui sont pourtant parmi ce qu’on appelle des intellectuels (comme lui).

Le contexte actuel est mauvais, certes, pour l’image de la France : au-delà des risques d’attentat, la crue de la Seine et les grèves des transports (RATP, SNCF, Air France), les poubelles pas ramassées à Paris, l’électricité sauvagement coupée, les raffineries bloquées, etc. n’aideront pas beaucoup le tourisme cet été, assurément. Et réduisent les chances de Paris pour les jeux olympiques de 2024. Le 9 juin 2016, si le RER-C ne roulait pas, ce n’était plus à cause des inondations comme la veille, mais à cause des grèves !

Ceux qui se désintéressent du football pourraient toutefois trouver matière à se réjouir pendant cette période de surconsommation footballistique.

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Par exemple, j’étais allé, lors d’un match où l’équipe de France était en demi-finale il y a une dizaine d’années, au Louvre en nocturnes. À part un très petit groupe de Japonais, j’étais seul devant la Joconde. Cela méritait bien le foot, non ?! Profitez-en, les musées sont un peu plus vides, en ce moment !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 juin 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Football 2016 en France.
Jeux olympiques de Londres en 2012.
François Hollande.
Le patriotisme.
Nuit Debout.
La France archaïque.
Les attentats de 2015.
Daech.
La crue de la Seine.
Grèves illimitées.
Secteur de l’énergie.

_yartiFootball201605


http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160610-football.html

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/faut-il-hair-le-football-en-2016-181806

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/07/01/33941964.html


 

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6 septembre 2015 7 06 /09 /septembre /2015 09:29

Né le 18 janvier 1995 à Montreuil-sur-Mer, Bastien Damiens a été un champion du canoë-kayak de 2010 à 2015. Il fut une fois champion du monde (en 2013 à Liptovsky Mikulas), deux fois champion d'Europe (en 2012 à Augsbourg et en 2015 à Cracovie) et trois fois champion de France (en 2010 à Bourg-Saint-Maurice, en 2011 à Metz et en 2013 à L'Argentière-la-Bessée). Il préparait les jeux olympiques de Rio pour l'été 2016. Il a fait une chute du cinquième étage d'un immeuble du centre ville de Lille par accident.

SR

 

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23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 09:43

Né le 12 juillet 1930 à Vichy, orphelin à l'âge de 7 ans, il fut apprenti boucher, champion d'aviron, rugbyman et militaire. En 1959, il fut champion de France de moto. Il créa une entreprise de travaux publics pour construire des infrastructures routières. Ce n'est qu'au milieu des années 1960 qu'il participa à des grands prix de Formule 1 (de 1964 à 1973). Il créa sa propre écurie de course de Formule 1 (1976 à 1992) qui fut rachetée par Alain Prost en 1997 (en faillite en 2002). Il fut également un constructeur automobile.

SR

 

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