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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 04:06

« Les gens doivent savoir qu’il ne s’agit pas d’une expérience unique que nous avons réalisée et que le vaccin n’a pas été fabriqué en dix mois. Nous avons modifié l’ARN messager et nous avons eu les honneurs, mais les vaccins sont basés sur plus de vingt ans de travail par Kati et moi et sur le travail de centaines, voire de milliers d’autres scientifiques. » (Drew Weissman, le 2 octobre 2023 au "New York Times").





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Je reviens sur l'attribution du Prix Nobel de Médecine de l'année 2023, annoncé le lundi 2 octobre 2023 par le Comité Nobel : cette prestigieux récompense, aboutissement de grandes recherches, s'est portée sur le vaccin à ARN messager adapté à combattre le covid-19 et ses deux principaux "inventeurs", Katalin Kariko, d'origine hongroise, et l'Américain Drew Weissman, tous les deux travaillant dans une université américaine, celle de Pennsylvanie, à Philadelphie. Les deux lauréats recevront leur prix dans quelques jours. Inutile de dire que j'ai été très ému à l'annonce de ce Nobel.

Ce Prix Nobel répond à tous les impératifs de la recherche : un travail en équipe, un saut technologique voire une véritable révolution technologique, une réalisation concrète qui a sauvé des millions de vies humaines et aussi, et c'est peut-être le plus important, un espoir pour de nombreuses autres maladies, en particulier le sida et le cancer, même s'il faut toujours resté prudent dans ce domaine puisque d'optimisme n'ont pas toujours été tenues dans le passé.

Et en cerise sur le gâteau, ce Prix Nobel, qui donne une autorité morale indéniable (quoi qu'on en dise ! ceux qui le critiquent sont très loin de pouvoir y prétendre !), répond par excellence à tous ces complotismes antivax qui truffent le Web de fausses informations aux conséquences parfois mortelles (j'en prends pour exemple les frères Bogdanoff qui avaient refusé le vaccin à ARN messager, qui attendaient un vaccin classique et qui sont morts du covid-19). Il rappelle que la science médicale avance mais aussi qu'aucune avancée ne peut se faire sans argent (heureusement que des initiatives privées ont cru au vaccin à ARN messager et ont investi massivement).

En janvier 2021, j'avais envisagé (je n'étais pas le seul, bien sûr !) le Prix Nobel pour Katalin Kariko pour ce vaccin (on peut y lire son histoire), mais je pense que le Comité Nobel avait préféré prendre du recul sur ce vaccin et attendre deux années supplémentaires pour en confirmer tant l'efficacité que l'innocuité, deux éléments majeurs d'un vaccin ou d'un médicament. Je rappelle que jamais il n'a été dit, sinon par des déformateurs professionnels ou des ignorants qui s'ignorent, que le vaccin à ARN messager empêchait avant tout la contamination du covid-19, il réduit la contagiosité mais elle ne l'élimine pas massivement ; en revanche, et c'est ce qui avait été annoncé dès l'automne 2020, ce vaccin réduisait drastiquement (de l'ordre de 90% !) les risques de développer une forme sévère de la maladie qui, elle, peut aboutir en salle de réanimation voire à la morgue.

Aujourd'hui, il n'y a plus de doute sur son efficacité et son innocuité. Plus de 15 milliards de doses ont été injectées dans le monde et les agences de santé dans le monde considèrent que cette vaccination a sauvé une vingtaine de millions de vies humaines. Ce dernier chiffre, on y croit ou on n'y croit pas, on ne pourra jamais le confirmer sans refaire l'histoire et mettre en danger les personnes, mais ce qui est clair, c'est que finalement, malgré les nombreuses mutations du coronavirus SARS-CoV2, on en est enfin venu à bout (même si le covid-19 n'a pas disparu et continue à tuer, mais comme d'autres maladies infectieuses, grippe, tuberculose, etc.) et, pour répondre aux délires des complotistes antivax, il n'y a pas eu d'hécatombe due à la vaccination ; l'hécatombe, elle avait eu lieu avec la maladie, pas le vaccin (7 millions de décès déclarés dans le monde, probablement le double).

Pourquoi les antivax semblent-il si enragés encore aujourd'hui ? Probablement parce que jamais une vaccination n'a été aussi mondialement généralisée (15 milliards de doses en trois ans) et jamais elle n'a été aussi transparente. En effet, chaque personne vaccinée pouvait signaler un effet secondaire sur le site Internet adéquat, éventuellement aidé de son médecin, mais parfois tout seul. On peut imaginer, au-delà des médisances, qu'avec toutes les peurs (moyenâgeuses) véhiculées sur Internet, le moindre pépin de santé fasse croire à un effet du vaccin. Malheureusement, le vaccin en question réduit énormément les risques de mourir du covid-19, mais pas d'autre chose, n'empêche ni le cancer de naître, ni les embolies pulmonaires de survenir, ni les AVC de surgir, et l'étude détaillée des statistiques ne montrent pas une augmentation de ces affections depuis la vaccination contre le covid-19.

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Ces attaques contre le vaccin à ARN messager sont d'autant plus étonnantes (et malveillantes) qu'il répond justement aux arguments (souvent erronés) des antivax du vaccin classique qui sont principalement : d'une part, l'adjuvant à l'aluminium qui serait mauvais pour la santé (rien ne l'indique et cela a fait perdre beaucoup de temps pour la vaccination contre l'hépatite B au début des années 2000) ; d'autre part, l'inquiétude d'inoculer le virus de la maladie dans l'organisme avec le risque d'être atteint par cette maladie. Le vaccin à ARN messager n'a pas besoin d'adjuvant (il aurait plutôt besoin du contraire) et, au contraire du vaccin classique, le vaccin à ARN messager ne provoque pas la formation du virus lui-même mais d'une protéine particulière au virus pour inciter le corps à créer des anticorps contre ce virus.

Mais ces attaques sont peu scientifiques et qu'importe la rationalité : les complotistes s'amusent avant tout à casser, à tromper, à s'opposer, même si cela peut se révéler très irresponsable. Heureusement, nous sommes en liberté d'expression, ce qui signifie que ce genre d'excès ne peut donc être évité, il s'agit donc d'opposer des arguments éclairés par la science et le Prix Nobel donne ainsi une auréole qui, pour bien des profanes, n'est certainement pas inutile.

Rappelons l'histoire humaine. Katalin Kariko travaille sur l'ARN messager depuis plus d'une trentaine d'années. Cela n'a rien à voir avec la recherche génétique : justement, la mode, ce n'était pas l'ARN messager, mais l'ADN, tout simplement. Les thérapies génétiques relèvent de l'ADN et pas de l'ARN. En principe, ceux qui ont étudié jusqu'au baccalauréat devraient avoir ce minimum de culture scientifique, la différence entre ADN et ARN messager, mais je doute que cela suffise à éviter les peurs qui, comme pour le nucléaire ou les ondes des smartphones ou de la wifi, font appel avant tout à l'ignorance scientifique du trouillard. Donc, pour faire honteusement très court, disons que l'ARN messager est une molécule très instable servant uniquement à dupliquer une série de protéines de l'ADN. L'ADN est stable, c'est même une sorte de Graal, notre code génétique, notre QR code, notre carte d'identité, quand j'écris "notre", c'est celle de tous les vivants, c'est large, alors que l'ARN messager n'est qu'un facteur furtif qui disparaît après avoir acheminé le courrier. Katalin Kariko cherchait, difficilement car peu de budget était alloué (sujet pas à la mode), à utiliser l'ARN messager à la lutte contre les cellules cancéreuses.

Drew Weissmann, lui, travaillait sur la confection de vaccins contre le sida à base d'ADN. Et malheureusement, l'ADN étant très stable, les effets secondaires de ces candidats vaccins étaient déplorables puisqu'il était possible de provoquer des mutations génétiques (d'où les peurs, pour le coup justifiées). Les deux chercheurs se sont rencontrés un peu par hasard devant une photocopieuse en 1998. Ce fut le départ d'une coopération longue et fructueuse.

La collaboration des deux chercheurs (jusqu'en 2013) a permis la confection d'un vaccin à ARN messager. L'une des principales difficultés, c'était que l'injection d'ARN messager provoquait une surréaction immunitaire de la part de l'organisme. Il a fallu ainsi modifier l'ARN messager pour en garder le fonctionnement tout en évitant cette réaction immunitaire. Cela a donné lieu à un brevet majeur en 2010 qu'ont utilisé, entre autres, les entreprises BioNTech et Moderna (dont c'est la dénomination provient de "Modified RNA").

L'intérêt de l'ARN messager, c'est qu'il ne peut pas s'intégrer au noyau de la cellule, cette molécule ne peut donc pas modifier le génome. En revanche, comme elle est très instable, il a fallu trouver des solutions technique et ce fut là le point critique de la confection du vaccin : garder stable l'ARN messager jusqu'au but recherché (duplication de protéines à un endroit donné). C'est pour cela qu'il y a des contraintes sur le transport et le stockage, notamment en température, pour ne pas perdre l'ARN messager qui est stabilisé dans une sorte de bain d'huile à l'intérieur de nanobilles en graphène (du coup, de la part des complotistes, on a pu entendre n'importe quoi sur le graphène).

Cette stabilisation de l'ARN messager a été aussi le fruit de nombreuses autres études de chercheurs qui n'ont toutefois pas été récompensés par le Nobel à cette occasion. Ainsi, "Le Monde" du 2 octobre 2023 a rappelé : « Le palmarès laisse ainsi dans l’ombre ceux qui sont venus avant, tels les Américains Robert Malone et Philip Felgner, les premiers à avoir montré, en 1990, qu’un mélange d’ARN messager et de graisses pouvait entrer dans des cellules et produire des protéines. Ou encore les Français Frédéric Martinon et Pierre Meulien, qui établirent, en 1993, que des ARN messagers encapsulés dans des sphères de lipides pouvaient déclencher une réponse immunitaire. Il oublie leurs contemporains, comme l’Allemand Ingmar Hoerr et le Français Steve Pascolo, fondateurs de la start-up CureVac, les premiers à avoir réalisé, entre 2003 et 2006, l’essai clinique d’un "vaccin anticancer" appuyé sur cette technique. Et tous ceux qui, plus tard, chez BioNTech et Moderna, ont œuvré pour assembler ce puzzle révolutionnaire. Il laisse encore de côté le Canadien Pieter Cullen, concepteur de l’armure de nanoparticules lipidiques indispensable à l’acheminement du fameux ARN. Une longue chaîne, en vérité. Mais le règlement du Nobel impose de limiter à trois le nombre de lauréats. » (Nathaniel Herzberg).

En quoi ce vaccin est-il révolutionnaire ? La première chose, comme écrit plus haut, il ne joue pas avec le feu en inoculant le virus de la maladie. Ensuite, il prend en compte seulement une protéine particulière, pour le covid-19, la molécule spike qui a surtout la capacité de faire la contamination (s'intégrer dans une cellule de l'organisme). Bien sûr, et c'était le problème sur ces deux ou trois dernières années, la protéine spike du coronavirus a également muté et il fallait donc, pour préserver l'efficacité du vaccin, adapter le vaccin à cette mutation. Du reste, c'est bien la preuve que les encouragements à faire des rappels de vaccination dictés par les gouvernements n'ont pas pour but d'écouler un stock de vaccins déjà produits, puisqu'il s'agit de vaccins adaptés à la situation du moment (les vaccins qui servent aujourd'hui ont été introduit sur le marché français au début du mois d'octobre 2023).

Dans la production du vaccin, ce qui est important est la connaissance génétique du virus ou de la bactérie à combattre. C'est donc un décodage du génome qui est nécessaire (pour le SARS-CoV2, le génome a été connu dès la troisième semaine de janvier 2020). C'est la raison pour laquelle le vaccin a pu être fabriqué et mis sur le marché aussi rapidement. Ce qui était le plus long, c'était les inévitables (et toujours obligatoires, malgré l'urgence sanitaire) tests cliniques qui permettent d'évaluer l'efficacité et l'innocuité du vaccin. Pour le covid, ces tests ont démarré dès avril 2020, en pleine première vague. La rapidité des contaminations et leur globalisations ont permis d'aller vite pour les tests cliniques (au contraire du virus d'Ebola, par exemple), dans la mesure où l'éthique médicale interdit heureusement qu'on inocule le virus aux patients testés (on doit donc attendre qu'ils soient contaminés naturellement).

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En fait, c'est bien dans le développement et la production que sont les avantages majeurs du vaccin à ARN messager, surtout dans le cas d'une pandémie soudaine et généralisée comme on l'a connu en 2020 : on peut garder les mêmes unités de production avec des ARN différents, il suffit de modifier l'ARN messager en question pour adapter l'outil de production à une autre infection. C'est un avantage compétitif complètement fou par rapport aux autres médicaments ou vaccins, l'adaptabilité et la rapidité.

L'espoir, c'est l'utilisation de cette technologie pour le cancer. Le problème du cancer est qu'il est individuel et propre à chaque patient. C'est pour cela que certains réagissent à certains traitements et d'autres pas. Avec l'ARN messager, on peut identifier celui des cellules cancéreuses, avec de l'argent (le métal, pas la monnaie !), on peut localiser la sortie de l'ARN dans le corps par simple laser (en pointant à l'endroit voulu). Et donc faire un traitement très localisé du cancer. Ainsi, on peut concevoir un vaccin spécifique à un patient particulier, et dans l'avenir, chaque hôpital devra avoir sa machine lui permettant de délivrer la molécule ARN messager voulue, comme maintenant il a son scanner et son IRM.

Pour en savoir plus, j'incite vivement le lecteur à regarder l'excellent documentaire de Raphaël Hitier et Fabrice Delaye qui a été diffusé sur Arte le samedi 7 octobre 2023 et qui rappelle notamment l'origine de la découverte : « En 1965, les Français François Jacob, Jacques Monod et André Lwoff remportent le Nobel de Médecine pour avoir identifié le processus par lequel l'ARN messager, fabriqué à partir de l’ADN, dirige la production de toutes les protéines dans les cellules. Un processus auquel sont soumis tous les êtres vivants, qui permet notamment aux cellules du foie de fournir de l’insuline ou à celles de la peau de produire les cheveux. Mais dans les années 1980, alors qu’à l’aube de la révolution des thérapies géniques, l’argent afflue vers les laboratoires pour lutter contre le sida, le roi ADN concentre tous les moyens et l’attention aux dépens de l’ARN messager. » (Attention, cette vidéo est disponible jusqu'au 6 juin 2024).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 novembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
7 questions sur les vaccins contre le covid-19.
Covid-19 : vaccins et informations parcellaires.
Katalin Kariko : bientôt un Nobel ?
Katalin Kariko et Drew Weissman Prix Nobel de Médecine 2023 : le vaccin à ARN messager récompensé !
Covid : la contre-offensive du variant Eris.
Hubert Reeves.
Prix Nobel de Physique 2023 : les lasers ultrarapides, la physique attoseconde... et la France récompensée !
Des essais cliniques sauvages ?
John Wheeler.
La Science, la Recherche et le Doute.
L'espoir nouveau de guérir du sida...
Louis Pasteur.
Howard Carter.
Alain Aspect.
Svante Pääbo.

Frank Drake.
Roland Omnès.
Marie Curie.








https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231002-kariko-weissman.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/katalin-kariko-et-drew-weissman-250721

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/10/03/40061615.html





 

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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 13:02

« Les contaminations repartent à la hausse, comme les passages aux urgences, portés par un nouveau variant baptisé Eris. Fortes fièvres, fatigue, courbatures… le virus qu’on avait un peu oublié gâche même les vacances de certains. » ("Le Parisien" du 10 août 2023).





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Ce lundi 2 octobre 2023, Katalin Kariko et Drew Weissman viennent de recevoir le Prix Nobel de Médecine 2023 pour leur contribution au « développement des vaccins à ARN messager efficace contre le covid-19 ». Je reviendrai sur cette très intéressante nouvelle et c'est une troublante coïncidence des dates.

En effet, c'est aussi ce lundi 2 octobre 2023 que débute la nouvelle campagne de vaccination contre le covid-19. Elle a été avancée de deux semaines. Pourquoi ? Qu'en est-il du covid-19 aujourd'hui ? Depuis le début du mois d'août 2023, le nombre de cas remonte. Faut-il s'alarmer ? Non, si l'on en croit l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un nouveau variant est devenu majoritaire en France, et dans le monde. En fait, il s'agit d'un sous-sous-variant. Il est appelé Eris comme la déesse grecque de la discorde, ce qui est plus joli que son nom réel, EG.5. Santé Publique France a annoncé le 25 septembre 2023 qu'il était maintenant majoritaire en France (le plus détecté en France le 31 août 2023).

Il était en forte expansion dès le mois de mai 2023 en Chine, Japon et Corée du Sud puis aux États-Unis et Canada, enfin en Europe, surtout Royaume-Uni et France. Au 25 septembre 2023, il correspondait à 38% des détections au niveau mondial sur les deux derniers mois, contre 28% le mois précédent.

Ce variant est un sous-lignage de XBB.1.9 et un descendant d'omicron. Il a été pour la première fois détecté le 17 février 2023, classé par l'OMS le 19 juillet 2023 comme un "variant sous surveillance" et le 9 août 2023 comme un "variant d'intérêt à suivre".

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Pourquoi est-il ainsi pointé du doigt ? Parce que sa spécificité est d'avoir une mutation sur la zone de la molécule spike utilisée comme cible par les anticorps neutralisants. Le risque est donc un trou dans la raquette immunitaire. Les vaccins d'avant 2023 protègent donc beaucoup moins bien du variant Eris. C'était la raison pour laquelle la pandémie a duré aussi longtemps : la survenue de nouveaux variants qui renouvelaient l'offensive virale. Depuis décembre 2021, c'était toujours omicron et c'est pour cela que nous avons été en fin d'épidémie. La survenue de ce nouveau variant nécessite donc quelques précautions.

Le sous-variant Eris n'a pas beaucoup de différence en ce qui concerne les symptômes : rhume, fatigue, mal de tête, mal de gorge : « Rien n'indique à ce jour qu'EG.5 ait une présentation clinique différente ou une sévérité accrue. » a assuré Santé Publique France.

Interrogé par "Capital" le 10 août 2023, l'épidémoliogiste montpelliérain Mircea Sofonea a expliqué : « Eris a acquis deux mutations d’acides aminés sur la protéine spike. (…) Il est associé à une propriété avantageuse qui lui permet de bénéficier d’un échappement immunitaire. (…) avec une mutation, la reconnaissance se fait moins bien, et le corps ne produit pas autant de défenses immunitaires. D'où le développement d’Eris. (…) Les formes graves sont cependant très rares au vu de l’immunité de la population. ».

Et d'ajouer :
« Que l’on soit dans une phase épidémique ou non, et qu’il y ait un nouveau variant ou non, il y a forcément un déclin immunitaire à partir du quatrième mois qui suit un vaccin. Ajoutons à cela le risque d’échappement immunitaire, et enfin des conditions comportementales et météorologiques. La reprise scolaire et professionnelle, mais aussi une météo plus froide sont propices au développement d’Eris. (…) Si inquiétude il doit y avoir, elle doit se faire de façon raisonnable dans les services spécialisés de l'État et du soin, et elle ne doit pas jouer contre nous. Angoisser une population est toujours défavorable. (…) Cependant, la vigilance doit être constante, car plus on avance dans le temps, plus la pandémie nous semble lointaine. Cela entraîne forcément un relâchement du comportement, notamment sur les gestes barrière ou le port du masque. ».

La disparition de la base de données et la fin du dépistage systématique ont rendu beaucoup plus floue l'évolution de l'épidémie en France, mais le 12 septembre 2023, Santé Publique France constatait une augmentation de 30% par rapport à la semaine précédente des passages aux urgences pour des suspicions de covid-19 :
« Même en l'absence de nouveaux variants, une diminution de la protection conférée par la vaccination ou par une infection antérieure ainsi qu'une circulation soutenue du virus pourraient entraîner une recrudescence des formes sévères, en particulier chez les personnes vulnérables. » rappelait déjà un document ancien daté du 18 mai 2022.

C'est la raison pour laquelle le Ministre de la Santé Aurélien Rousseau a avancé le début de la compagne de vaccination contre le covid-19 initialement prévu le 17 octobre 2023 en même temps que la campagne contre la grippe. Il s'agit d'un vaccin qui est adapté au sous-lignage XBB.1.5. qui était majoritaire en France au printemps ("vaccin à ARN messager monovalent Comirnaty de Pfizer/BioNTech"). D'autres vaccins sont possibles, VidPrevtyn Beta de Sanofi et Nuvaxovid de Novavax, mais pour ce dernier, il sera disponible seulement en novembre pour XBB.1.5.

On peut se faire vacciner en pharmacie, chez le médecin, auprès d'un infirmier ou d'une sage-femme, et les résidents en EHPAD peuvent être vaccinés sur place. Il est possible de se faire vacciner contre le covid-19 et contre la grippe en même temps, mais pas sur le même bras.


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En effet, dans un document daté du 22 juin 2023, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconisait ainsi la double vaccination : « Au terme de son évaluation, et afin de simplifier le parcours vaccinal, la HAS confirme sa recommandation de proposer l’administration concomitante des vaccins contre la covid-19 et contre la grippe saisonnière, dès lors qu’une personne est éligible aux deux vaccinations, quel que soit son âge. Le cas échéant, la HAS rappelle que les injections doivent être pratiquées sur deux sites d’injection différents. En outre, si les vaccins contre la grippe et contre la covid-19 ne sont pas administrés au même moment, la HAS rappelle qu’il n’y a pas de délai à respecter entre les deux vaccinations et que de façon générale, il n’est pas nécessaire de respecter un délai minimum entre un vaccin contre la covid-19 et tout autre vaccin du calendrier vaccinal. ».

"20 Minutes" a cité le 1er octobre 2023 des réactions de lecteurs énervés sur cette nouvelle campagne de vaccination, comme celle de Dorothée, quadragénaire, significatve : « Ras le bol ! Qu’on nous foute la paix et qu’on arrête de vouloir nous faire peur. Cette maladie tue les plus faibles comme d’autres maladies, alors arrêtons de dramatiser et de vouloir vacciner à tout-va parce qu’il faut écouler le reste des vaccins qu’on a payés au prix fort. ». Sauf que cette lectrice se trompe en croyant qu'on veut écouler les vaccins anciens, puisque, comme indiqué plus haut, il s'agit de nouveaux vaccins adaptés justement au sous-lignage majoritaire actuel. Les commandes de vaccins n'ont d'ailleurs commencé en France que le 18 septembre 2023.

 

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Interrogé par le même journal, le docteur Benjamin Davido, de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches, s'est inquiété de cette désinformation qu'il a mise aussi sur le compte du gouvernement qui ne communique plus sur le sujet : « Il subsiste une désinformation et une méconnaissance sur le risque actuel et sur l’arrivée de nouveaux vaccins, avec et sans ARN messager. Et c’est extrêmement néfaste : l’absence d’information et d’accompagnement des pouvoirs publics alimente ce complotisme. (…) Il n’y a pas assez de pédagogie et d’anticipation de la part des autorités. Personne ne peut dire le nombre de contaminations cette semaine, puisqu’on n’a plus d’outils de surveillance. C’est compliqué pour inciter la population à se faire vacciner, quand on ne peut même pas quantifier la menace sanitaire, même à l’hôpital ! En ce moment, au sein de l’AP-HP, il y a de grands débats pour savoir si nous, les soignants, remettrons le masque à l’hôpital en cas de reprise de triple épidémie de covid-19, grippe saisonnière et bronchiolite, alors que celle vécue l’année dernière a mis l’hôpital en surtension. C’est tout sauf de la prévention, ça ! (…) On a déjà un mois de retard sur la campagne de rappel. Elle aurait dû démarrer début septembre, en amont de la reprise épidémique. Aujourd’hui, il n’y a pas de mesures de freinage, pas de suivi des contaminations, pas de gestes barrières, pas de vaccination précoce, et trop peu de communication. Pourquoi les autorités sanitaires, qui prônent le "vivre avec le virus", n’ont-elles pas réussi à mettre en place les mêmes actions de communication et de prévention que pour la grippe, pour laquelle les patients ne se posent pas la question de se faire vacciner ou non, ils le font. Beaucoup de patients s’interrogent sur l’intérêt d’un rappel anti-covid alors qu’ils sont à risque. Beaucoup ont perdu de vue l’intérêt de cette vaccination : se protéger contre les formes graves et alléger le fardeau que le covid-19 fait peser sur l’hôpital et les urgences. On a pourtant un vaccin mis à jour et efficace, une réponse sur mesure face au virus. (…) On a tous les moyens nécessaires pour se protéger, à nous de faire ce qu’il faut pour que cette campagne soit efficace. ».

Le gouvernement a arrêté de communiquer sur le covid-19 à partir du début de la campagne présidentielle de 2022. On pouvait le comprendre pour des raisons électorales. Mais ce relâchement pourrait bien précipiter une nouvelle crise sanitaire si on n'y prend pas garde. Comme l'a dit le docteur Davido, nous avons les moyens de stopper le covid, par la vaccination qui empêche le développement des formes graves, et par un peu de vigilance avec les gestes barrières dans certaines circonstances.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (02 octobre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Covid : la contre-offensive du variant Eris.
Zéro covid ?
Covid-19 : Didier Raoult et des essais cliniques sauvages ?
La Science, la Recherche et le Doute.
Les confinis de Pierre Perret.
Covid-19 : il y a trois ans, le choc, la sidération et la désolation...
Covid-19 : de bonnes nouvelles de Chine (et de moins bonnes nouvelles).
Covid-19 : où en est l'épidémie en France au 12 janvier 2023 ?
Réintégration du personnel soignant non-vacciné.
Vaccination contre le covid-19 : l'égarement du gouvernement.
Covid-19 : le Père Noël va-t-il devoir surfer sur la 9e vague ?
Contagion.
La sécurité des personnes face aux dangers : meurtres, route, covid-19, environnement, climat...
Covid-19 : alerte au sous-variant BQ1.1 !
Covid-19 : faut-il s'inquiéter de la vague de la rentrée 2022 ?
Le covid-19 a-t-il disparu ?
Covid-19 : une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
Covid-19 : 150 000 décès en France et l’omicron BA.5 en pleine hausse.
Attention, le covid-19 est de retour !
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Covid : fin des restrictions sanitaires et extrême vigilance.
Inquiétudes covidiennes : la pandémie est-elle vraiment terminée ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231002-covid-gi.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/covid-19-la-contre-offensive-du-250720

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27 juillet 2023 4 27 /07 /juillet /2023 05:43

« La rhétorique de crise se développe en une progression argumentative pseudo-dialectique qui tend à narrativiser l’argumentation, à partir d’une modalité faussement interrogative ou, inversement, d’une rhétorique de l’évidence. Se demander si la crise est là (ou partir de l’évidence qu’elle est là) implique une posture prescriptive, une proposition de solutions économiques, politiques permettant d’éviter la catastrophe ou, à l’inverse, une déploration emphatique et catastrophiste. » (Yoan Vérilhac, maître de conférences de langue et littérature françaises à Nîmes, le 23 avril 2023).




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Un événement est passé un peu inaperçu en France le samedi 22 juillet 2023 : pour la première fois depuis janvier 2020, il n'y aurait plus aucune personne en France qui serait atteinte du covid-19. Le conditionnel s'impose en effet car c'est probablement faux, mais les statistiques de l'OMS annoncent qu'il n'y a plus de cas actif de covid-19 en France depuis le 22 juillet 2023. En fait, bien sûr que si, qu'il y en a encore, mais depuis le 30 juin 2023, Santé Public France, à ma connaissance, ne communique plus aucune statistique concernant l'épidémie de covid-19.

Ainsi, après plusieurs semaines d'absence théorique de nouveaux cas, c'est logique de ne plus avoir de cas actif. La France n'est pas le seul pays à ne plus communiquer ses statistiques. L'Allemagne avait arrêté quelques semaines avant la France.

Concrètement, depuis environ mai 2022 en France, l'épidémie de covid-19 a perdu de sa vigueur. J'ai connu des personnes contaminées encore au milieu de juin 2023, mais depuis un an un quart, environ, quelques vagues ont eu lieu, certes, mais c'étaient plutôt des vaguelettes. Au 1
er juillet 2023, en France, il devait y avoir environ entre 500 et 1 000 nouveaux cas par jour (et ça a dû encore baisser par la suite), et environ 10 décès par jour. C'est beaucoup, hélas, mais cela correspond, sur une année, au nombre de décès "habituel" pour la grippe, par exemple, dont on ne se préoccupait pas vraiment avant 2020 (et dont on devrait un peu plus se préoccuper maintenant, enfin, je l'espère).

Dans le monde, la situation est moins bonne qu'en France. En tout, parmi les cas et décès recensés (donc non compris la France, l'Allemagne, et tous les pays désormais muets), il y a eu encore près de 310 000 nouveaux cas ces sept derniers jours (en baisse de 6%), principalement la Corée du Sud (230 000), puis les États-Unis (21 000), le Brésil (12 000), la Nouvelle-Zélande (3 000), la Russie (3 000), l'Australie (3 000), la Bolivie (3 000), etc. mais comme on le voit, à part la Corée du Sud, ce n'est qu'une "fin de courbe" Pour le deuxième pays le plus atteint dans le recensement, il n'y a que 3 000 nouveaux cas par jour (21 000 pour sept jours), en chute de 53%, et il faut le rapporter à la population, l'équivalent de 600 nouveaux cas en France, ce qui doit être à peu près le cas aussi en France (comme je l'ai écrit plus haut).


Pour les décès, 576 décès ont été recensés par l'OMS dans le monde sur les sept derniers jours, soit moins d'une centaine par jour partout, ce qui, du point de vue absolu, est toujours trop, mais qui reste très faible par rapport à ce qu'on a vécu depuis trois ans. On peut dire clairement que la pandémie de covid-19 est terminée (l'OMS l'a officiellement déclaré il y a quelques semaines, lire plus bas), même si cela ne signifie pas que le covid-19 ne tuera plus. Au contraire, comme la grippe, il faudra vivre avec, mais on sait comment s'en prémunir, ou du moins, comment réduire le développement de la forme sévère du covid-19. Je n'insiste pas, mais la vaccination contre le covid-19 a donc encore un sens.

En France depuis mai 2022, il y a eu deux effets : la réalité de l'épidémie qui a effectivement diminué, mais est restée encore bien prégnante jusqu'au printemps 2023 (qui n'a pas connu, dans son entourage ou lui-même, de personnes atteintes du covid-19 au premier semestre 2023 ?), mais aussi la campagne présidentielle qui a entraîné une forte motivation du gouvernement à ne pas trop communiquer sur le sujet pour ne pas "emmerder" les Français avec le covid-19 tandis que bien d'autres sujets anxiogènes étaient apparus entre-temps (la guerre et ses massacres sur le continent européen, le prix de l'énergie, les risques de pénurie d'énergie pendant l'hiver, l'inflation en général, etc.).

De fait, la plupart des Français ont repris leurs comportements d'avant-covid, en particulier, dans leur manière de saluer (on refait la bise à ses collègues femmes, par exemple), et c'est tant mieux (rappelons-nous à quel point on pouvait croire que les modes de vie seraient irréversiblement changés). En ce qui me concerne, j'ai vite enlevé le masque lors de réunions professionnelles ou autres, car le masque empêche véritablement le dialogue et la prise de parole.

En revanche, depuis mai 2022, je m'étais encore restreint à deux contraintes, celle de porter le masque dans tous les lieux médicaux ou paramédicaux (hôpitaux, cabinets médicaux, pharmacies, laboratoires d'analyse), et aussi celle de porter le masque dans les lieux où il y a une très grande fréquentation de personnes hétérogènes (métro, RER, gare, aéroport, hypermarchés et grands magasins, grands concerts, etc.).

En mai 2023, j'ai retiré le masque même pour les hypermarchés parce qu'à moins de 5 000 nouveaux cas par jour (soit 50 nouveaux cas par jour et par département en moyenne), le risque d'être contaminé et de contaminer les autres devenait très faible, mais je l'avais encore gardé pour les lieux médicaux, notamment parce qu'ils le demandaient. Et puis la semaine dernière, en accompagnant une personne à l'hôpital, j'avais mis le masque la première minute en entrant, et puis je l'ai retiré, parce que plus personne ne l'avait mis (ce qui, paradoxalement, aurait dû m'inciter au contraire à la garder !), et même dans ces lieux où le covid-19 peut devenir un risque de maladie nosocomiale très grave, il est considéré comme fort peu probable. Je sais que certains ont enlevé le masque dans tous les lieux publics depuis plus d'un an (je sais observer et dans les hypermarchés, cela fait bien longtemps qu'il n'y a quasiment plus de masque porté et plus de gel hydroalcoolique), mais j'ai senti que cette volonté d'en finir (que le covid-19 n'est plus un problème) a été un peu anticipé par mes contemporains.

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Officiellement, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré le vendredi 5 mai 2023 à Genève
« la fin du covid-19 en tant qu'urgence de santé publique de portée internationale, soulignant que cela ne signifie pas que la maladie n'est plus une menace mondiale ». L'urgence avait été proclamée le 30 janvier 2020. Il a donné ces statistiques : depuis le début de la pandémie, il y a eu 765 222 932 cas de covid-19 confirmés ayant entraîné exactement 6 921 614 décès (au 3 mai 2023). Et au 30 avril 2023, 13 440 670 055 doses de vaccin ont été administrées, ce qui a abouti à 5 106 051 703 personnes entièrement vaccinées (sur les 8 milliards que compte la planète) et 5 548 001 227 personnes vaccinées avec au moins une dose.

Dans cette conférence de presse d'il y a deux mois et demi, le chef de l'OMS a déclaré :
« La semaine dernière, la covid-19 a coûté la vie d’une personne toutes les trois minutes, et ce ne sont que les décès que nous connaissons. (…) [Le virus] tue toujours et il continue de changer. Le risque demeure que de nouveaux variants émergent qui provoquent de nouvelles poussées de cas et de décès. ». Sans oublier que pendant qu'il parlait, des milliers de personnes luttaient pour survivre en soins intensifs, et des millions de personnes continueraient à avoir des séquelles très handicapantes avec un covid long. Il a néanmoins confirmé que depuis un an, la tendance est à la baisse : « Cette tendance a permis à la plupart des pays de revenir à la vie telle que nous la connaissions avant la covid-19. ».

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Tedros Adhanom Ghebreyesus a aussi voulu faire un premier bilan de cette pandémie qui « a érodé la confiance entre les personnes, les gouvernements et les institutions, alimentée par un torrent de mésinformation et de désinformation », engendrant d'énormes bouleversements économiques « effaçant des milliards de dollars du PIB, perturbant les voyages et le commerce, fermant des entreprises et plongeant des millions de personnes dans la pauvreté ». Il a conclu ainsi, après avoir évoqué les erreurs de gestion de crise, notamment un manque de coordination, d'équité et de solidarité : « Nous devons nous promettre, ainsi qu'à nos enfants et petits-enfants, que nous ne ferons plus jamais ces erreurs (…). Cette expérience doit tous nous changer pour le mieux. ».

L'épidémie aura duré environ trois ans (finalement, elle se termine en Asie, là où on pensait que les habitants étaient les mieux protégés) et aura coûté très cher à l'humanité dans son ensemble. L'OMS a donc communiqué à ce jour plus de 6,9 millions de décès, mais ce ne sont que les cas recensés et l'estimation de la réalité serait plus proche de 15 millions de décès. Il y a eu pire, mais ce n'est pas négligeable non plus et cela en prenant en compte tout ce qui a permis de réduire le phénomène par les gestes barrières et la vaccination.

En France, 167 642 décès ont été à déplorer à la fin du mois de juin 2023 pour l'ensemble de la période pandémique. C'est énorme mais inférieur à la plupart des pays comparables en population et en mode de vie comme l'Italie et le Royaume-Uni. Même l'Allemagne a dépassé la France au début de cette année (exactement le 10 janvier 2023) et compte depuis un mois près de 7 000 décès supplémentaires (en revanche, la situation de l'Allemagne est meilleure si on prend à population constante).

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Toutes les mesures sanitaires des gestes barrières, comme cela avait été précisé dès le début de la pandémie en France, dès février 2020, plus encore lors du confinement de mars 2020, n'ont pas empêché la contamination d'une grande proportion de la population, mais a servi à la retarder, ce qui a permis d'éviter tant bien que mal la saturation du système de santé (en particulier les services de réanimation). Le fait que l'épidémie reste encore très active dans les pays asiatiques montrent que personne ni aucun pays n'y aura échappé (même les plus isolés économiquement ou politiquement), même ceux qui s'étaient beaucoup protégés.

L'épidémie a été sévère parce qu'elle n'a pas disparu au bout de deux ou trois vagues. Il y en a eu une dizaine, les dernières de très faible intensité, mais si elles ont été aussi nombreuses, c'est que le caractère global de la pandémie a renforcé l'accélération des mutations du virus, et l'arrivée systématique d'un nouveau variant à chaque nouvelle vague n'a pas contribué à la faire disparaître au début, jusqu'à ce que le variant soit de moindre létalité et de très forte contamination (omicron, en fin 2021 et début 2022 en France). Sur le plan scientifique, la période a été paradoxalement intéressante car on a pu observer en temps réel le principe de l'Évolution en accéléré.

Que ce soit en France ou dans le monde, la forte contamination a aussi contribué à stopper l'épidémie : en France, pour 67 millions d'habitants, plus de 40 millions de cas ont été déclarés (détectés et communiqués, ce qui ne correspond pas au nombre exhaustif ; en revanche, de nombreuses personnes ont eu le covid-19 plusieurs fois en trois ans), cela donne une population qui a eu une double immunité collective à la fois par le virus et par le vaccin (qui, insistons, n'a pas pour effet d'empêcher la contamination, seulement de la freiner, et surtout, il a pour effet d'éviter les formes sévères, celles qui entraînent hospitalisation et parfois décès).


La bonne nouvelle de la fin de l'épidémie de covid-19 (qui ne date donc pas d'hier) est, comme toutes les fins de crise, passée inaperçue. Qui a eu conscience de la fin de la crise de l'inflation des années 1970 et 1980 ? Personne, parce qu'il y avait le chômage qui s'était enflammé pendant que l'inflation s'était calmée. En fait, une crise chasse l'autre et si le covid-19 avait particulièrement pourri nos vies pendant deux ans, nous avons peu profité, du moins psychologiquement, de l'arrivée des "jours heureux", selon l'expression du Président Emmanuel Macron qui appelait ainsi la fin de l'épidémie, parce que les jours ne sont justement pas heureux, il y a trop d'inquiétudes, de soucis, de crises par ailleurs pour pouvoir revenir dans l'insouciance (même si, convenons-en, la plupart des gens n'étaient plus dans l'insouciance depuis une bonne quarantaine d'années !).

Beaucoup ont critiqué la gestion de la crise sanitaire, mais les faits sont là et ont montré que la France s'est plutôt bien "débrouillée" même si cela aurait pu être mieux, bien sûr (manque de masque, de respirateurs artificiels, de tests PCR, etc. à la première vague). Il manque encore, et j'espère qu'elle est en cours, une étude détaillée pour faire le bilan exhaustif et objectif de cette gestion de crise, avec des comparaisons avec les autres grands pays, dire ce qui a été négatif (le démarrage de tout) et dire aussi ce qui a été positif (la très bonne couverture vaccinale, par exemple), sans arrière-pensées politiciennes qui n'apporteraient rien, car jusqu'à maintenant, soit c'était "rien à signaler, tout est bien madame la marquise" (et on sait que ce n'est pas le cas), soit le désastre complet pour charger au maximum Emmanuel Macron par une haine qui, fort heureusement, n'a pas su compenser ses voix aux élections (il a été réélu et sa majorité parlementaire aussi, même si elle est relative).

La vérité est entre les deux, et c'est important d'analyser objectivement ce qui s'est passé (ou pas passé) pour préparer les pandémies futures, car malheureusement, il n'y a aucune raison qu'un autre virus ne fasse pas une apparition plus tard. Le monde en est d'autant plus sensible qu'il est ouvert, globalisé ; il n'y a jamais eu autant de circulation de personnes et de biens matériels qu'à notre époque.



Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (26 juillet 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230726-covid-gg.html

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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 05:38

« La prescription systématique aux patients atteints du covid-19, quels que soient leur âge et leurs symptômes, de médicaments aussi variés que l’hydroxychloroquine, le zinc, l’ivermectine ou l’azithromycine, sur des ordonnances préimprimées, s’est d’abord effectuée sans bases pharmacologiques solides, et en l’absence de toute preuve d’efficacité. Ces prescriptions systématiques ont été poursuivies, ce qui est plus grave, pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité. » (Tribune cosignée par la "communauté scientifique", "Le Monde" du 28 mai 2023).



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Une tribune cosignée par ce que j'appelle être la "communauté scientifique" (française), plus précisément seize sociétés savantes de médecine et plusieurs chercheurs à titre personnel, comme le professeur Alain Fischer, président de l'Académie des sciences, a été publiée dans le journal "Le Monde" ce dimanche 28 mai 2023.

Ces chercheurs ont rappelé l'importance de respecter la loi et les procédures lorsqu'on réalise des essais thérapeutiques et ont blâmé le professeur Didier Raoult qui n'aurait pas, selon eux, respecté les procédures. La charge contre le célèbre virologue controversé, qui a quitté en septembre 2022 la direction de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection (à Marseille), est d'autant plus sévère que c'est sa propre compétence de chercheur qui est ainsi mise en cause.

À l'origine de cette initiative, inédite dans la communauté scientifique, il y a eu la publication, le 4 avril 2023, en preprint, c'est-à-dire avant l'éventuelle ratification par un comité de lecture d'une revue scientifique (le papier a déjà été rejeté par une revue scientifique), d'une grand étude de l'IHU Méditerranée Infection sur les effets supposés positifs de l'hydroxychloroquine prônée dès le 25 février 2020 par Didier Raoult pour le traitement du covid-19. Cette étude porte sur le cas de 30 423 patients atteints du covid-19 qui ont été soignés par l'hydroxychloroquine associée au zinc ou à l'azithromycine (le fameux protocole Raoult) dans l'établissement dirigé par Didier Raoult entre 2 mars 2020 et le 31 décembre 2021.

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Cette publication, en preprint, c'est important d'insister, c'est-à-dire, qui n'a pas trouvé d'éditeur à l'heure actuelle, prétend que le protocole Raoult aurait fait baisser d'un facteur cinq la mortalité du covid-19 par rapport aux autres traitements thérapeutiques.

Une revendication qui a agacé la communauté scientifique et qui a donc riposté avec cette tribune du 28 mai 2023, qualifiée de « tribune d'imbéciles » par Didier Raoult interrogé sur France Info le jour même. En effet, ces sociétés savantes ont attaqué non seulement le fond (car Dider Raoult a utilisé un biais, lire plus loin) mais aussi la forme, car, à leur connaissance, les patients n'ont pas donné leur accord pour expérimenter ce protocole en toute conscience avant le début de leur traitement. En ce sens, l'IHU Méditerranée Infection se serait placé dans l'illégalité notamment de la loi n°2012-300 du 5 mars 2012 relative aux recherches impliquant la personne humaine (dite loi Jardé, du nom du député centriste Olivier Jardé, un chirurgien d'Amiens, qui en a proposé le texte).

Ces scientifiques ont en effet écrit : « La prescription systématique aux patients atteints du covid-19, quels que soient leur âge et leurs symptômes, de médicaments aussi variés que l’hydroxychloroquine, le zinc, l’ivermectine ou l’azithromycine, sur des ordonnances préimprimées, s’est d’abord effectuée sans bases pharmacologiques solides, et en l’absence de toute preuve d’efficacité. Ces prescriptions systématiques ont été poursuivies, ce qui est plus grave, pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité. ».

C'est cette dernière phrase qui est la plus importante : l'inefficacité de l'hydroxychloroquine sur le covid-19 a été démontrée dès juin 2020 (je ne parle pas de l'article du "Lancet" du 22 mai 2020 qui a été dénoncé en raison d'une fraude malveillante, je reviendrai peut-être sur cet épisode, mais je parle de nombreuses études cliniques concordantes qui ont été conduites selon les règles de l'art ; et maintenant, on a plus de trois ans de recul), et la prescription massive d'hydoxychloroquine a engendré plus de mortalité qu'aucun traitement (en raison des complications cardiaques que le médicament provoque).

Il ne faut pas être naïf : la publication en reprint a été mise en ligne deux jours avant la sortie du livre de Didier Raoult au titre simple mais évocateur "Autobiographie", le 6 avril 2023, chez Michel Lafon, qui promet d'être un best-seller en raison de la personnalité très médiatique de son auteur. Refaire parler de lui, remettre une pièce dans le nourrain, provoquer une nouvelle polémique n'est donc pas gratuit mais fait vendre.

Non seulement cette tentative désespérée de dire qu'il avait raison, seul contre tous (car les rares autres scientifiques, autres qu'à l'IHU Méditerranée Infection, qui y ont "cru", partout dans le monde, en sont revenus depuis très longtemps) est assez pitoyable (scientifiquement), mais il s'est lui-même renié en annonçant finalement le 4 mai 2023 sur Twitter que l'hydroxychloroquine n'avait aucun effet positif sur les patients contaminés au variant omicron ! (Un renoncement très tardif car le variant omicron est ultra-majoritaire depuis janvier 2022).

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Au lieu de se faire très discret (il n'est plus en odeur de sainteté chez les complotistes depuis qu'il a pris position en faveur de la vaccination contre le covid-19), lui qui n'a pas été très pertinent dans ses prévisions ou intuitions (le 25 février 2020, alors que l'hôpital de Mulhouse commençait à être saturé, croulant sous les personnes à réanimer, il a déclaré que le covid-19 serait
« probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter », une infection qui, en trois ans et demi, a déjà fait plus de 15 millions de décès dont près de 170 000 en France, y compris aujourd'hui encore où environ 30 personnes meurent chaque jour du covid-19), il préfère laisser éclater son orgueil et son ego pour dire qu'il avait raison, au risque de tordre la réalité.

Car les faits scientifiques, on ne peut pas les tordre. Le principal biais dans ce qu'affirment les chercheurs de Didier Raoult, c'est l'épidémiologiste Mahmoud Zureik, de l'Université de Versailles, qui l'a commenté dans "Le Monde" du 28 mai 2023 :
« Le biais le plus flagrant, c’est ce biais de contre-indication. Aucune méthode statistique ne peut rendre ces groupes comparables, il n’y a rien à y faire… ». Effectivement, les patients ne pouvaient pas tous être traités avec l'hydroxychloroquine, notamment ceux qui présentaient des risques cardiaques. Or, on les a écartés du protocole Raoult alors que, justement, ils avaient une comorbidité qui pouvait donner une forme sévère du covid-19 et entraîner le décès. En clair, Didier Raoult n'a soigné que les bien-portants (sans comorbidité) avec son protocole, d'où, bien sûr, une mortalité moindre que la population générale où demeurent des personnes avec des comorbidités. Mahmoud Zureik a ajouté : « Le risque majeur lié à la publicité faite à l’hydroxychloroquine, c’est plutôt que les gens se soient détournés de solutions qui ont fait leurs preuves, comme la vaccination. ». Et "Le Monde" de citer les frères Bogdanoff...

Le plus inquiétant, c'est que dès le 27 mai 2020, le Haut Conseil de la santé publique a mis fin aux dérogations pour les prescriptions de médicaments hors autorisation de mise sur le marché, et après une demande du 3 août 2020, comme le note "Le Monde" du 28 mai 2023, l'IHU Méditerranée Infection s'était vu refuser par l'Agence nationale de la sécurité du médicament une autorisation de prescription de l'hydroxychloroquine. Du reste, en tant que producteur de l'hydroxychloroquine, le président de Sanofi France a lui-même alerté le Ministre de la Santé et des Solidarités le 30 octobre 2020 que les chercheurs de l'IHU marseillais prescrivaient massivement ce médicament (Sanofi a alors décidé de ne pas honorer les commandes de ces médecins marseillais pour ne pas être tenu, par la suite, comme responsable des effets collatéraux).


Gilles Rof, le correspondant du "Monde" à Marseille, a posé ainsi le problème : « Comment et pourquoi les pharmaciens de l’AP-HM ont-ils pu continuer à assurer les prescriptions, souvent préremplies et en si grand nombre, des médecins de l’IHU, jusqu’à fin 2021 ? » [l'AP-HM, c'est l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille].

Les scientifiques qui ont signé la tribune du "Monde" du 28 mai 2023 se sont surtout penchés sur l'absence de sanction des autorités de l'État et du conseil de l'ordre sur les conditions de réalisation de l'étude publiée par l'IHU Méditerranée Infection le 4 avril 2023, considérée comme « le plus grand essai thérapeutique sauvage connu à ce jour ». Didier Raoult avait déjà répondu par livre interposé à cette critique en soutenant mordicus : « À l’IHU, il n’y a pas plus d’essai clinique sauvage que de beurre en branche ! ».

Les signataires de la tribune du 28 mai 2023 craignent donc pour l'avenir de la recherche clinique : « Il y va de la sécurité des patients et de leur confiance dans la recherche médicale. Il y va aussi de la crédibilité de la recherche médicale française sur le plan national et international. En l’absence de mesures appropriées, ce qui s’est pratiqué restera ainsi perçu par un grand nombre de nos concitoyens comme un comportement finalement acceptable, voire souhaitable, et sèmera un doute qui ne pourra avoir qu’un effet dramatique sur la participation des patients à la recherche. Les graves manquements constatés pourraient alors devenir progressivement la norme, avec de lourdes conséquences sanitaires. L’inaction n’est plus une option ! ».

Au fond, le professeur Didier Raoult, depuis 2012 (et pas seulement depuis 2020), est habitué que ses confrères le dénigrent sévèrement et il les croit jaloux de lui, de son génie revendiqué et de ses prétendus succès scientifiques. Pourtant, il y a une consœur dont l'opinion ne lui est pas indifférente, il s'agit de sa fille, également médecin, spécialiste de médecine vasculaire à l'hôpital Saint-Marguerite (AP-HM), Magali Carcopino-Tusoli, qui a probablement lâché la critique la plus féroce dans "L'Express" du 21 mai 2023 : « Mon père Didier Raoult se rêvait Prix Nobel, il est devenu leader des complotistes (…). Je suis affligée par ce qui s’est passé là-bas. Arriver à faire à ce point n’importe quoi relève, effectivement, du génie ! ». Bon, c'est vrai, depuis dix ans, le père et la fille ne se parlent plus... que par presse interposée. Mais cela donne une idée du génie en question.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Veut-on vraiment virer le professeur Didier Raoult de la direction de l’IHU Méditerranée Infection ?
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël.
Les supposés "bons" résultats de l’IHU Méditerranée du professeur Didier Raoult…
Didier Raoult, candidat des populistes à l’élection présidentielle de 2022 ?
Hydroxychloroquine : l’affaire est entendue…
Didier Raoult, médecin ou gourou ?
Hydroxychloroquine : attention au populisme scientifique !
Polémique avec le professeur Didier Raoult : gardons notre sang-froid !
Hydroxychloroquine vs covid-19 : Didier Raoult est-il un nouveau Pasteur ?
Covid-19 : Didier Raoult et des essais cliniques sauvages ?
Publi en preprint (à télécharger) : "Early Treatment with Hydroxychloroquine and Azithromycin: A ‘Real-Life’ Monocentric Retrospective Cohort Study of 30,423 COVID-19 Patients" (4 avril 2023).
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230528-didier-raoult.html

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 04:14

Attention, cette publication est en preprint, cela signifie qu'elle a été mise en ligne sans avoir été approuvée (encore) par le comité de lecture d'une revue scientifique.

Titre :
Early Treatment with Hydroxychloroquine and Azithromycin: A ‘Real-Life’ Monocentric Retrospective Cohort Study of 30,423 COVID-19 Patients
View ORCID Profile
Matthieu Million, Sébastien Cortaredona, Léa Delorme, View ORCID ProfilePhilippe Colson, Anthony Levasseur, Hervé Tissot-Dupont, Karim Bendamardji, Salima Lahouel, Bernard La Scola, Laurence Camoin-Jau, Florence Fenollar, Philippe Gautret, Philippe Parola, Jean-Christophe Lagier, Stéphanie Gentile, Philippe Brouqui, Didier Raoult
doi: https://doi.org/10.1101/2023.04.03.23287649
This article is a preprint and has not been peer-reviewed [what does this mean?]. It reports new medical research that has yet to be evaluated and so should not be used to guide clinical practice.
History

    April 4, 2023.

Copyright
The copyright holder for this preprint is the author/funder, who has granted medRxiv a license to display the preprint in perpetuity. It is made available under a CC-BY-NC-ND 4.0 International license.

Author Information :
    Matthieu Million123*&, Sébastien Cortaredona234*, Léa Delorme13, Philippe Colson123, Anthony Levasseur123, Hervé Tissot-Dupont123, Karim Bendamardji13, Salima Lahouel13, Bernard La Scola123, Laurence Camoin-Jau125, Florence Fenollar234, Philippe Gautret234, Philippe Parola234, Jean-Christophe Lagier123, Stéphanie Gentile67, Philippe Brouqui123 and Didier Raoult123#

    1 Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection, Marseille, France
    2 Aix-Marseille Université, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), UMR Microbes Evolution Phylogeny and Infections (MEPHI), Marseille, France
    3 Assistance Publique Hôpitaux de Marseille (APHM), Marseille, France
    4 Aix Marseille Université, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Service de Santé des Armées, AP-HM, UMR Vecteurs Infections Tropicales et Méditerranéennes (VITROME), Marseille, France
    5 Haematology Laboratory, Hôpital de la Timone, APHM, Marseille, France
    6 Equipe de Recherche EA 3279 "Santé Publique, Maladies Chroniques et Qualité de Vie", Faculté de Médecine, Aix Marseille University, 13005 Marseille, France
    7 Service d’Evaluation Médicale, Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, 13005 Marseille, France


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30 mars 2023 4 30 /03 /mars /2023 19:38

« Ce texte vise la politique conduite par le gouvernement précédent, approuvée par cette assemblée à plusieurs reprises et qui, ne vous en déplaise, permet à la France d’être le pays qui se sort le mieux de l’épidémie, qu’on prenne en considération le bilan humain ou les performances économiques. » (François Braun, le 24 novembre 2022 dans l'hémicycle).




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Les antivax et les opposants à la politique sanitaire du gouvernement vont être contents. Mais aussi tous les Français, car cela signifie que l'épidémie est enfin derrière nous. La Haute Autorité de Santé a indiqué ce jeudi 30 mars 2023 qu'elle ne voyait désormais aucun obstacle sanitaire à la réintégration des soignants qui avaient refusé de se faire vacciner pendant la pandémie de covid-19. Comme il l'avait toujours affirmé auparavant, le gouvernement tiendra compte de l'avis de l'HAS et préparera un décret pour aller dans ce sens. Rappelons-nous une soirée très chaude au Palais-Bourbon il y a quatre mois qui avait enflammé les esprit à ce sujet très polémique.

Effectivement, la soirée du jeudi 24 novembre 2022 à l'Assemblée Nationale a été particulièrement mouvementée. L'hémicycle était en pleine ébullition, les députés parfois parlant au-delà de leurs pensées et, en tout cas, allant au-delà de la bienséance et de la courtoisie, au-delà de la dignité qu'une telle institution devrait inspirer à tous les représentants du peuple français. Un député en est même venu, alors qu'il faisait un rappel au règlement, à lâcher comme une "racaille" : « Tu vas la fermer ! » (et pourtant, ce député de Guadeloupe faisait partie d'un petit groupe centriste, généralement beaucoup plus modéré que la moyenne). Ce qui a eu pour effet une suspension de séance (en fait, la séance du soir a été suspendue de nombreuses fois afin de tenter de calmer les esprits). Les députés étaient pires que des gosses dans une cour de récréation.

La cause ? L'obligation de la vaccination contre le covid-19 des personnels soignants des établissements de santé, leur suspension en cas de non-vaccination, et leur éventuelle réintégration. Certains députés évoquaient de telles réintégrations dans d'autres pays pour la proposer en France. Beaucoup y étaient opposés pour deux raisons : pour une raison éthique (de principe) et pour une raison sanitaire (risque de contaminer les patients à l'hôpital ou dans les EHPAD).

Mais avant, rappelons le contexte parlementaire. Chaque groupe dispose d'une journée de "temps parlementaire" où il peut définir l'ordre du jour. C'est l'occasion pour chaque groupe d'examiner une proposition de loi spécifique à ce groupe. On appelle cela une niche parlementaire. La journée commence à 9 heures et finit à minuit. Entre les deux, le groupe maîtrise l'ordre du jour.

Le jeudi 24 novembre 2022, c'était au tour du groupe France insoumise. Il a d'abord présenté la proposition de loi visant à inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution. La discussion s'est avérée plutôt fructueuse, car la proposition, modifiée par l'apport d'autres groupes, a été adoptée. Pourtant polémique, ce sujet a donc été exemplaire dans la conduite d'une discussion sereine sur un thème important.

Malheureusement, à la deuxième puis troisième séances de la journée, présidées par la vice-présidente Horizons de l'Assemblée Nationale Naïma Moutchou, cette sérénité s'est effondrée et on peut dire (en pesant les mots) que ce fut l'une des pires journées parlementaires de la Cinquième République.

Passant en deuxième proposition, la proposition de loi visant à interdire la corrida a été présentée par son rapporteur, un nouveau député connu pour ses envolées (que je ne qualifierais pas) sur les plateaux de télévision depuis quelques années. Il ne faut pas oublier que derrière une présentation de proposition de loi, des dizaines de personnes ont travaillé en amont, un administrateur de l'Assemblée Nationale, d'autres services, et enfin, des auditions et un examen en commission avec les députés membres de celle-ci.

Or, le groupe FI a été très manipulateur dans la présentation des débats : en effet, après avoir exposé ses arguments, après avoir laissé une ministre exprimer la position du gouvernement (négative, car la proposition était mal préparée, sans étude d'impact, et il y a d'autres sujets plus urgents), puis un représentant du groupe FI donner également son opinion (forcément favorable puisque la proposition émanait de ce groupe), le rapporteur a décidé soudainement de retirer son texte, prétextant le trop grand nombre d'amendements, ce qui a pour effet d'avoir rendu inutiles les centaines d'heures de préparation pour ce débat, pour ou contre.

Le président de la commission des lois, Sacha Houlié, en était assez contrarié : « Monsieur le rapporteur, vous aviez pris une décision courageuse en inscrivant à l’ordre du jour un texte qui divise et met chacun devant ses responsabilités : abolir la corrida, au prétexte du bien-être animal, ou bien refuser l’abolition, au motif de la protection des traditions. Ce texte a été examiné en commission des lois. Un administrateur vous a été affecté et les services de la commission ont accompli un travail important. Nos collègues, quelle que soit leur opinion, elles sont toutes respectables, ont déposé des amendements, parfois dilatoires, je le dis en toute transparence, et parfois d’obstruction. Or le groupe FI-Nupes se livre lui-même à cet exercice d’obstruction assez régulièrement, il faut le reconnaître. Le groupe FI-Nupes a eu l’occasion de dire ce qu’il pensait de votre proposition, monsieur le rapporteur. Tous les députés inscrits dans la discussion générale auraient mérité eux aussi d’exposer la position des différents groupes, ne serait-ce que pour la faire connaître à nos concitoyens. Ainsi, chacun aurait su comment se positionnent les différents groupes et vous auriez eu une réponse à la question que vous avez posée. De même, un amendement de suppression devait être discuté. Vingt amendements de suppression, me corrige-t-on, qui ont été adoptés par la commission, on en pense ce qu’on veut. Si ces amendements avaient été examinés, chacun aurait pu connaître la position et le vote de tous les députés, puisque vous n’auriez pas manqué de demander un scrutin public. Si tel était votre but, il aurait été possible d’identifier les opposants à l’abolition de la corrida. Chacun aurait pu constater la décision des uns et des autres, prise en toute responsabilité. Je regrette sincèrement que tout le travail effectué au préalable ait été vain et que cette clarification n’ait pu avoir lieu. Vous avez finalement fait preuve de bien peu de courage aujourd’hui, comparé à celui que vous aviez rassemblé jusqu’alors. ».

Anne-Laurence Petel (députée Renaissance) a exprimé les mêmes regrets : « Nous avions la possibilité d’avoir un vrai débat démocratique et, peut-être, de construire un compromis, d’effectuer des rapprochements, de confronter des idées et des points de vue, tout ce que nous devons faire dans l’hémicycle. Ce qui se passe aujourd’hui est conforme à l’attitude que vous avez eue en commission des lois, monsieur le rapporteur : une telle condescendance vis-à-vis de vos contradicteurs que même les indécis ne se sont pas rangés dans votre camp ! Vous avez réussi à unir les gens contre vous ! Quand on écrit la loi, on doit fabriquer du compromis, ce que vous n’avez pas su faire. Je le regrette. Je déplore également que vous ayez choisi d’arrêter la discussion générale après une prise de parole d’une députée de la Nupes. Je suis désolée, je n’ai pas été élue députée pour utiliser cet hémicycle comme un plateau de télévision ; je le considère pour ce qu’il est, à savoir le lieu où l’on fabrique la loi. ».

D'où cette troisième proposition concernant la réintégration du personnel soignant qui avait refusé de se faire vacciner contre le covid-19, dont la rapporteure était Caroline Fiat, vice-présidente FI de l'Assemblée Nationale, aide-soignante et députée de Meurthe-et-Moselle.

Pour le gouvernement, il n'était pas question de l'approuver, d'autant plus que l'épidémie de covid-19 est encore loin d'être terminée. C'est ce qu'a rappelé Agnès Firmin Le Bodo, la Ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé : « Le gros de la tempête est peut-être derrière nous, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle bourrasque, par exemple de l’émergence d’un nouveau variant inquiétant. Nous ne devons à aucun moment oublier que le covid-19 n’est en aucun cas une maladie bénigne. On en meurt, toujours, tous les jours, partout dans notre pays. Encore aujourd’hui, la vaccination, qui nous a permis de dépasser cette pandémie, joue un rôle décisif. C’est grâce à elle que nous avons pu retrouver une vie normale et mieux protéger les plus fragiles d’entre nous. J’en profite d’ailleurs pour rappeler que les campagnes hivernales de vaccination contre la grippe et la covid ont commencé. J’invite tous nos concitoyens les plus fragiles, et ceux qui les entourent, à se faire vacciner contre ces deux maladies. ».

Du reste, la reprise épidémique de la fin de l'année impose de renforcer la vigilance : « Dans ce contexte, l’obligation vaccinale est essentielle : d’une part pour limiter les risques de contamination et protéger ainsi les patients fragiles et hospitalisés, les personnes âgées et les personnes à risque de forme grave, notamment les personnes immunodéprimées ; d’autre part pour protéger les personnels soignants et réduire les risques d’absentéisme dans les services déjà en tension. En un mot, nous devons rester vigilants face à l’épidémie et les établissements de santé et médico-sociaux ne sont pas dispensés de ce devoir de vigilance. ».

Reprenons les arguments sur la forme et le fond.

Sur la forme, le retrait de la proposition contre la corrida (qui, semble-t-il, aurait eu peu de chance d'être adoptée ce jour-là) a surpris l'ensemble des groupes qui avaient beaucoup préparé ce dossier très médiatisé. Le passage de la troisième proposition, beaucoup plus politique, beaucoup plus polémique, nécessitait la mobilisation de tous les députés, y compris les absents, en raison de la faible majorité sur laquelle pouvait compter le gouvernement et d'une collusion Nupes-RN-LR. Or, à ce moment-là dans l'hémicycle, il y aurait eu arithmétiquement plus de députés favorables à cette proposition de réintégration que de députés opposés.

Notons que si la proposition de loi avait été adoptée ce soir-là, elle aurait dû ensuite passer au Sénat, puis serait probablement repassée en seconde lecture à l'Assemblée où la majorité aurait fait en sorte que les majoritaires d'un soir se retrouveraient alors minoritaires. Sur le processus législatif, la réalité d'une loi adoptée et promulguée ne dépend pas juste d'une négligence, de l'absence ponctuelle de quelques députés,bref d'une situation fortuiyte, mais bien de la volonté de la représentation nationale mûrement réfléchie, qui est renouvelée et confirmée à plusieurs reprise lors des différentes lectures. En revanche, évidemment, l'adoption d'une telle proposition de loi aurait été un camouflet cinglant contre la majorité. Il y avait donc dans ce petit jeu surtout un enjeu de vitrine ou d'emballage, pas un enjeu de fond.

Face à cette infériorité numérique très ponctuelle, le gouvernement et la majorité ont donc utilisé toutes les possibilités que permet le règlement de l'Assemblée Nationale, des rappels au règlement et des amendements, supposés faire tenir les débats, selon les promoteurs de la proposition, jusqu'à minuit, heure de la fin de la récréation, euh, non, heure de la fin de la journée consacrée au groupe FI. Pour l'opposition, cette attitude serait donc assimilée à une obstruction, mais c'est l'hôpital qui se moque de la charité, puisque c'est généralement l'opposition qui, n'ayant jamais la supériorité arithmétique, fait plutôt dans l'obstruction pour ralentir l'adoption d'un projet de loi contesté (entre autres, la réforme des retraites il y a trois ans).

Or, pendant toute cette soirée, les orateurs favorables à la proposition de loi n'ont cessé de dénoncer les prétendues atteintes à la démocratie qui auraient été commises par le gouvernement et la majorité sous prétexte que ceux-ci utilisaient toutes les possibilités que leur donnait le règlement intérieur de l'Assemblée.

Le règlement intérieur de l'Assemblée Nationale établit justement la règle du jeu démocratique des débats et travaux de l'Assemblée. Tout ce qui est possible par ce règlement est donc démocratique ou alors, il va falloir dénoncer le caractère antidémocratique de ces dispositions. En d'autres termes, on ne peut pas fustiger un prétendu caractère antidémocratique d'initiatives totalement constitutionnelles, légales et réglementaires, qu'en plus, on pratique soi-même dans d'autres débats, sans se discréditer soi-même.

Venons-en au fond.

Le débat a eu lieu entre des députés raisonnables qui ont bien compris l'objectif du vaccin et de la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, et des députés visiblement qui flirtent avec des positions quasi-complotistes en remettant en cause l'intérêt même de la vaccination en général.

La ministre Agnès Firmin Le Bodo a insisté sur le fait que cette obligation vaccinale n'était pas nouvelle : « Je rappelle également que l’obligation vaccinale pour les professionnels exerçant dans les secteurs sanitaire et médico-social, si elle a fait beaucoup de bruit, n’est ni nouvelle ni inédite. Prenons l’exemple de l’hépatite B : l’obligation vaccinale des personnels de santé a permis, de longue date, une très forte diminution du nombre de cas d’origine professionnelle, alors qu’ils étaient très fréquents dans les années 1970. Cette obligation est tout simplement la contrepartie d’une responsabilité à part de nos soignants vis-à-vis des personnes qu’ils prennent en charge et qui sont, par définition, souvent fragiles. La loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire a donc prévu, dans le cadre de notre combat contre le covid-19, l’obligation vaccinale contre ce virus, pour les personnes travaillant dans les secteurs sanitaire et médico-social. Il s’agit d’une mesure justifiée de protection des publics les plus fragiles, de limitation de la propagation du virus et de protection du système de santé. Bien sûr, la liste des vaccins obligatoires pour les professionnels de santé évolue au fil des années et des épidémies. ».

Benjamin Haddad (député Renaissance) posait donc la question aux députés antivax : « Vous voulez vraiment envoyer des personnes non vaccinées dans les EHPAD pour soigner nos grands-parents ? ».

La proposition de loi "portant réintégration du personnel des établissements de santé et de secours non vacciné grâce à un protocole sanitaire renforcé" (n°322 et 493) permettrait en effet la réintégration des soignants non-vaccinés sous condition d'un protocole sanitaire supplémentaire, à savoir, un test de dépistage négatif du covid-19 tous les jours. Cette idée est irréaliste. Selon la ministre : « Le protocole sanitaire que propose le texte n’est ni réaliste, ni pratique. Très honnêtement, je pense qu’il est trop complexe, et inapplicable en pratique. (…) Il serait très lourd, pour les établissements de santé, ainsi que pour les établissements sociaux et médico-sociaux, de contrôler que les personnels non vaccinés ont bien effectué régulièrement les tests. En bref, le protocole proposé est impossible, non seulement pour les professionnels concernés, à réaliser, mais aussi pour les établissements, à contrôler. ».

Même son de cloche de la part de Philippe Vigier (député MoDem) : « Ne me dites pas à moi, qui suis biologiste, que nous pourrons faire un test PCR le matin aux soignants et que le résultat sera immédiatement connu pour leur donner la possibilité de travailler jusqu’au soir. On voit que vous n’êtes jamais venus dans un labo ! Venez voir de quoi il en retourne, car il est inacceptable de dire cela. Cela ne tient pas la route une seule seconde ! (…) Je vous propose de passer aux travaux pratiques : venez lundi matin, à sept heures, et vous verrez comment les choses fonctionnent. (…) Enfin, si vous me le permettez, je terminerai en évoquant un élément plus personnel. Je vous en fais part avec beaucoup de gravité : mon frère, qui était membre de la réserve sanitaire, est mort au combat pour protéger des gens. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas vacciné et qu’il a contracté la covid-19. Alors, de grâce, soyez prudents. Je ne voudrais pas que dans quelques années, un ministre de la santé soit convoqué devant la Cour de justice de la République pour avoir insuffisamment protégé nos personnels soignants. ».

Éric Alauzet (député Renaissance) a affirmé la même chose : « Votre proposition est risquée, car les masques et les tests antigéniques quotidiens sont insuffisants pour protéger d’une contamination. Ils sont utiles en complément du vaccin, mais pas à la place de celui-ci. De plus, rien ne nous assure que les personnes concernées, qui ne sont pas par nature les plus collaboratives, auront un comportement irréprochable à chaque instant de la journée et qu’elles se priveront des pauses cigarette ou des repas avec les collègues, qui sont autant de circonstances désormais bien identifiées comme présentant des risques. On peut même supposer que nombre d’entre elles, très rétives aux contraintes et aux règles, accepteront mal cette nouvelle contrainte du test quotidien. ».

L'argument de la pénurie de personnel soignant n'a pas de sens puisque le nombre de personnes concernées est très faible (de l'ordre de 1 000 à 4 000 personnes). Voici l'estimation de la ministre citée plus haut : « Ce phénomène reste très minoritaire, voire marginal. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 99% des professionnels concernés ont rempli leur obligation. Je tiens à leur rendre hommage. Ce pourcentage confirme l’adhésion des professionnels à l’obligation vaccinale. Ils ont compris qu’elle s’inscrivait dans une logique d’éthique du soignant et qu’il s’agissait d’une mesure de protection d’autrui. Il reste environ 0,5% de professionnels considérés comme non vaccinés, plus précisément, 0,3% des personnels du secteur sanitaire. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement des soignants, mais aussi de personnels administratifs et techniques. En outre, ces chiffres sont ceux élaborés par le ministère au mois de mai : il est très probable qu’ils soient encore moins élevés aujourd’hui. Nous avons donc demandé qu’ils soient actualisés afin que nous puissions mesurer le phénomène à ce jour. Selon l’Ordre national des infirmiers, il reste aujourd’hui 1 000 infirmiers suspendus pour une population de 637 000 personnes, soit environ 0,16% des effectifs. Selon la Fédération hospitalière de France, les personnes concernées seraient de l’ordre de 4 000, sur plus de 1,2 million d’agents. Vous le voyez, dans l’ensemble, il serait trompeur de penser que le phénomène de non-vaccination des personnels soignants concerne plus qu’une infime minorité. ». Caroline Yadan (députée Renaissance) a aussi balayé cet argument : « Qui peut soutenir que réintégrer 1 050 infirmières sur 240 000 ou 75 médecins sur 85 000 permettra de résoudre le manque de personnel ? ».

Il y a enfin l'argument éthique qui souligne la vocation du soignant à prendre soin de ses patients. Pour Agnès Firmin Le Bodo : « Plus profondément, il y a un enjeu d’éthique auquel je serai très attentive. Je sais que les professionnels du soin y sont particulièrement attachés, d’où les chiffres colossaux de vaccination de ces femmes et de ces hommes, qui se sont avant tout engagés pour soigner, guérir et prendre soin des personnes les plus vulnérables. Les professionnels sont, pour beaucoup, les premiers à nous dire être totalement opposés à la perspective d’un retour de leurs collègues qui n’ont pas joué le jeu de la vaccination, et cela alors qu’ils sont les premières victimes du manque de personnels dans les établissements de santé. Je peux donc déjà vous dire que le remède que vous proposez est pire que le mal. Beaucoup de professionnels se sont accordés sur le fait que l’hésitation vaccinale était éthiquement inacceptable dans leur profession. ».

Tous les arguments énumérés par le gouvernement pour s'opposer à cette proposition de loi étaient raisonnables, rationnels et compatibles avec la science. En revanche, le gouvernement, à mon sens, a eu tort de dépolitiser la question en disant s'en remettre uniquement aux avis des sociétés savantes et "sachantes", en particulier à la Haute Autorité de la santé (HAS). Car cette obligation vaccinale des soignants est au contraire éminemment politique. C'est le gouvernement qui a pris ses responsabilités et qui l'a décidée pour protéger avant tout les patients. Ce ne sont pas aux sociétés savantes de prendre cette décision, elles n'ont pas cette légitimité institutionnelle, elles ne peuvent que conseiller, mais pas prendre de responsabilité. Refuser l'aspect politique de ce sujet est une erreur parce que justement, l'opposition en fait un sujet politique et la majorité doit l'affronter sur ce même terrain, celui de la politique.

Après les arguments, je propose quelques citations de la discussion parlementaire. Les sélections sont arbitraires, uniquement de mon fait, donc forcément contestables, pour mieux appréhender les positions des uns et des autres ou les enjeux qui en découlent.

Philippe Vigier : « Je vous invite à lire la dernière publication de la revue Nature Human Behaviour. Que dit-elle ? Que de tous les pays développés, la France est celui où l’espérance de vie est la plus élevée. Nous avons en effet regagné deux mois d’espérance de vie grâce à l’importance de notre taux de protection vaccinale. Ne l’oubliez jamais. ».

Thomas Mesnier (député Horizons) : « En réalité, par ce texte, vous envoyez un signal désastreux au monde hospitalier et un message formidable aux complotistes. (…) Je le répète, votre texte envoie un signal véritablement désastreux à nos soignants. (…) Le covid-19 tue encore chaque jour dans notre pays. Il est de notre responsabilité de nous assurer que nos concitoyens soient aussi protégés que possible et que les soignants le soient eux-mêmes, afin d’être moins contaminés et de moins contaminer les patients qu’ils soignent au quotidien. ».

Olivier Serva (député LIOT de Guadeloupe) : « Permettez-moi, madame la ministre déléguée, de douter de vos intentions. Vous dites attendre l’avis de la HAS pour vous prononcer sur la réintégration de ce personnel, mais en catimini, ce sont des départs à la retraite anticipés ou encore des reconversions professionnelles qui leur sont proposés, tout au moins en Guadeloupe. Pire, des pressions sont exercées sur certains d’entre eux par les autorités sanitaires afin de les pousser à la démission. Tout cela dépasse l’entendement. Tout cela dépasse la raison. (…) Imaginez-vous, dans vos professions respectives, suspendus du jour au lendemain, sans salaire, avec vos enfants à charge et le coût de la vie qui devient insoutenable, a fortiori en outre-mer ! Ce scénario catastrophe est celui que la France inflige à une partie de ses soignants depuis maintenant un an. Et ce n’est pas comme si nous pouvions nous payer le luxe de nous affranchir de leurs compétences ! En Guadeloupe, d’où je viens, qui figure en tant que territoire d’outre-mer parmi les premiers déserts médicaux de France, le délai moyen d’attente pour un rendez-vous chez le cardiologue est de dix mois. ».

Éric Alauzet : « Finalement, votre proposition pourrait conduire au résultat inverse à celui attendu. Des professionnels réintégrés pourraient renâcler à appliquer de nouvelles contraintes, comme celle de se mettre un écouvillon tous les matins dans le nez, des soignants vaccinés pourraient être conduits à quitter leur poste, en exerçant leur droit de retrait, et des usagers pourraient refuser d’être pris en charge par des personnels non vaccinés, ce qui conduirait à leur exclusion de fait. Le point le plus faible de votre proposition de loi est qu’elle remet en cause l’obligation vaccinale. Il y a là une terrible contradiction, que vous avez évidemment perçue, comme en témoignent les efforts que vous déployez pour persuader les uns et les autres que ce n’est pas le cas. Le Rassemblement national, qui soutient des deux mains et des deux pieds votre proposition de loi, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui qui a combattu ardemment l’obligation vaccinale. Ce n’est certes pas votre cas, madame la rapporteure, mais la vaccination devient bel et bien facultative pour les soignants non vaccinés si vous les réintégrez, et elle le devient pour tous puisque, en République, tous les citoyens sont libres et égaux en droits. Si elle est facultative pour tous, elle n’est donc plus obligatoire. (…) Madame la rapporteure, votre proposition de loi, contrairement à ce que vous et vos collègues de la France insoumise avez martelé et tenté de faire croire lors des débats en commission, remet tout simplement en cause l’obligation vaccinale. Nous ne pouvons pas l’accepter. Le vaccin a été et reste, rappelons-le, notre meilleure arme pour lutter efficacement contre les formes graves de la maladie. Si votre proposition de loi était adoptée, contre l’avis des sociétés savantes, contre l’avis des patients et contre l’avis des soignants, vous sèmeriez un immense trouble chez nos concitoyens qui ont consenti, pour l’intérêt général et pour eux-mêmes, à se faire vacciner. Une telle décision provoquerait rapidement une remise en cause des autres vaccinations, telles que celles contre l’hépatite B, contre la poliomyélite, contre la diphtérie, contre le tétanos ou encore contre la tuberculose. En d’autres termes, vous ouvrez la boîte de Pandore ! Disons-le, votre proposition de loi est très politique et vise, au détour d’une noble préoccupation, lutter contre la pénurie des personnels de santé, à raviver vos critiques sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, alors que vous êtes les tenants de solutions simples, pour ne pas dire simplistes et miraculeuses. Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire, même si elle est mise au second plan actuellement. ».

Yannick Neuder (député LR) : « Vous essayez de cacher vos incohérences derrière les avis de la Haute Autorité de santé qui, comme toutes les sociétés savantes françaises, européennes et internationales, est pour la vaccination. Comment expliquez-vous dès lors la spécificité de la France, qui est quasiment le seul pays européen à ne pas réintégrer les soignants ? Dans les régions frontalières, les infirmières non vaccinées, qui ne peuvent donc travailler dans nos hôpitaux, où elles manquent pourtant, traversent la frontière et se rendent en Italie, et surtout en Suisse, pour y travailler dans des hôpitaux où elles sont accueillies à bras ouverts. Il y a trois semaines, vous avez à nouveau saisi la Haute Autorité de santé. Ne vous entêtez pas et arrêtez de la saisir. Votre choix n’est pas scientifique, il est politique. Assumez-le ! Vous auriez l’ensemble des élus et des députés avec vous. Nous ne sommes pas tous des petits scientifiques, mais nous souhaitons tous qu’il y ait un maximum de personnels soignants dans nos hôpitaux et dans nos EHPAD pour faire face aux infections qui arrivent. ».

Cyrille Isaac-Sibille (député MoDem) : « Comme je l’ai indiqué en commission, il est symptomatique que les positions de l’intergroupe Nupes et du groupe Rassemblement national se rejoignent en la matière, c’est assez impressionnant. ».

Vincent Thiébaut (député Horizons) : « Ce sujet est important. J’avoue que même moi, il me gêne, à titre personnel. Nos débats mélangent de nombreuses questions. La première est celle de l’efficacité du vaccin. Oui, celui-ci protège, même si ce n’est pas à 100%, ce qui n’est d’ailleurs le cas d’aucun vaccin. Nous savons qu’il réduit la probabilité de contagion et le nombre de formes graves ; il n’y a pas lieu d’en douter. La deuxième question est celle de la situation personnelle des soignants non vaccinés. Je suis d’accord avec vous, ils vivent un drame personnel ; chacun d’entre nous en connaît dans sa circonscription. Il nous faut trouver les moyens de les accompagner. La troisième question est plus grave. Je suis membre du conseil de surveillance de mon hôpital. Tous les médecins, tous les chefs de service demandent que la vaccination soit obligatoire au sein de l’établissement. Je vous rappelle que les infirmières sont obligatoirement vaccinées contre l’hépatite B quand elles entrent en milieu hospitalier, et personne ne conteste cette obligation. Nos débats mélangent ainsi de nombreuses questions. Le plus grave est toutefois que nous remettons en cause la parole des sachants, avec celle des médecins. Tous demandent le maintien de cette obligation. Ne mélangeons donc pas notre préoccupation pour des situations personnelles qui ne peuvent nous laisser indifférents et le respect de la parole des sachants. Nous, politiques, ne pouvons la remettre en cause. Sinon, quel sera leur poids demain ? Ils seront tout le temps contredits, alors qu’ils doivent être respectés. Écoutons-les. Enfin, nous parlons de 600 infirmières sur 240 000 ; de 75 médecins sur 85 000. Non, ce n’est pas la réintégration de ces soignants qui résoudra toutes les difficultés que rencontre le milieu hospitalier. Nous voterons donc pour les amendements de suppression. ».

Michel Lauzzana (député Renaissance) : « Alors que nous avons beaucoup évoqué le personnel soignant, remettons au centre du débat les patients et l’éthique que nous devons, nous, soignants, à ceux qui nous confient leur santé. Je rappelle que dans les contentieux médicaux, ce ne sont pas les résultats qui sont jugés, mais les moyens employés pour soigner un patient. Or les moyens nécessaires pour faire face à la pandémie du covid sont les gestes barrières que nous connaissons tous, mais aussi et surtout la vaccination, promue par toute la communauté scientifique. Je suis choqué par cette proposition de loi qui donne raison aux réseaux sociaux, aux populistes, aux obscurantistes, contre la communauté des scientifiques. ».

Julien Rancoule (député RN) : « La situation est scandaleuse (…). [Ces soignants] se trouvent suspendus, sans salaire, alors qu’ils ont des familles, je le rappelle. C’est inhumain. J’ai moi-même été suspendu. (…) Je trouve cette proposition de loi relativement timide. Alors que nous savons que le vaccin n’empêche ni la contamination, ni la transmission, les tests obligatoires sont inutiles en l’absence de symptômes, y compris pour les personnels soignants non vaccinés. Nous souhaitons la réintégration de tous les soignants. ».

Philippe Juvin (député LR) : « Je veux d’abord dire une chose très simple : le refus de se faire vacciner pour des raisons personnelles est respectable, et personnellement, je le respecte. Toutefois, ce refus n’est pas sérieux de la part d’un soignant au contact des malades. (…) Plusieurs d’entre vous ont déclaré que le vaccin ne protégeait pas contre la contamination. C’est faux, mesdames et messieurs ! Il est vrai qu’il subsiste des doutes quant à la contamination par des soignants vaccinés : on ne sait toujours pas si un individu vacciné et infecté transmet moins le virus qu’un individu non vacciné et infecté. On sait, en revanche, qu’une personne vaccinée est moins souvent malade. C’est le propre du vaccin : il protège contre la maladie, et pas seulement contre ses formes graves ! Quand vous êtes vacciné, vous êtes moins souvent malade. Et quand vous n’êtes pas malade, vous ne risquez pas de transmettre le virus. ».

Arrivé tardivement dans la soirée, le Ministre de la Santé et de la Prévention François Braun : « J’ai écouté vos propos avec attention. Permettez-moi d’abord de répondre à quelques questions. Vous souhaitez savoir, monsieur Hébrard [député RN], si je suis vacciné. Vous me l’avez pourtant demandé. Je suis poli : je réponds. J’ai contracté le covid le 7 juin dernier. En raison des facteurs de risque que je présente, je dois attendre six mois avant de recevoir une prochaine dose de vaccin. Je ne manquerai pas de me faire vacciner dès que je le pourrai, c’est-à-dire à compter du 7 décembre. Ensuite, vous évoquez une "néopolitique sanitaire expérimentale basée sur le mensonge et la peur". Je veux bien tout entendre, mais ne racontons pas n’importe quoi ! Ainsi, l’ensemble de la communauté scientifique internationale mentirait et répandrait indûment la peur à propos de cette épidémie de covid, qui a fait des millions de morts ? Il me semble que nous pouvons débattre raisonnablement et échanger des idées sans dire n’importe quoi. Le texte que vous proposez ne concerne pas la réintégration d’une poignée de soignants. Il porte sur le covid, c’est-à-dire sur une pandémie dont je n’ai pas besoin de vous rappeler qu’elle a fait des millions de morts et qu’elle continue de faire des morts, en France comme dans d’autres pays. (…) L’éthique du personnel soignant, c’est de soigner et de protéger. Ce texte touche aussi les centaines de milliers de soignants qui ont tenu la ligne pendant les premières vagues. Croyez-moi, je sais ce que c’est : j’y étais ! Je ne crois pas que ce soit le cas de beaucoup d’entre vous. Ce texte concerne les 600 000 infirmières vaccinées, et non les 1 050 qui ne le sont pas. Quel signal voulons-nous donner à ces personnes qui étaient en première ligne, qui se sont fait vacciner, qui ont eu peur tous les soirs de choper cette cochonnerie et de la transmettre à leurs enfants ou à leur conjoint ? (…) Que me disent les soignants, quand je les rencontre ? Que si nous réintégrons les soignants non vaccinés, ce sont eux qui partiront ! Vous voulez donc réintégrer 1 000 infirmières pour encourager les 600 000 qui sont en poste à quitter l’hôpital ! Est-ce ainsi que vous entendez régler les problèmes de notre système de santé ? ».

Après une suspension de séance parce que les députés de l'opposition voulaient empêcher le ministre de parler, François Braun a repris la parole pour s'interroger sur le protocole à mettre en place en contrepartie d'une réintégration : « Je veux simplement expliquer pourquoi ce protocole est irréaliste. Je voulais prendre l’exemple des services de réanimation, où est établi un ratio soignants-patients, ce dont chacun peut se réjouir. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes confrontés à de grandes difficultés actuellement, je ne reviendrai pas sur les fermetures de lits dues au manque de soignants. Imaginons un soignant qui n’a pas voulu se faire vacciner. Par chance, on a trouvé un autre soignant pour le remplacer (…). Ce soignant se rend donc à l’hôpital pour travailler, il est inscrit au planning de telle sorte que le personnel soignant est en nombre suffisant par rapport au nombre de lits. Il se fait tester. Le résultat est positif. Dès lors, que fait-on ? Doit-il rentrer chez lui ? Dans ce cas, qui le remplace ? Qui va s’occuper de ses patients ? Va-t-on imposer à une infirmière de service de prendre en charge deux fois plus de patients ? C’est totalement irréaliste ! Par conséquent, cette mesure ne sera pas appliquée et nous mettrons alors en danger les patients les plus fragiles qui se trouvent dans nos hôpitaux. Je le répète, ce texte concerne une poignée de soignants, 1 sur 600. Tout à l’heure, je parlais d’éthique. Il se trouve que j’ai un autre objectif, que vous connaissez et que vous avez même approuvé : la prévention. En effet, l’article 17 du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui porte sur la mise en place de rendez-vous de prévention, a été adopté par les sénateurs à l’unanimité. Or, à présent, vous affirmez que la vaccination ne sert plus à rien. Quel message ! En outre, vous l’envoyez au moment où nous voulons développer une politique de prévention et alors que, dans cette assemblée, vous avez tous voté pour une meilleure vaccination des enfants. De même, quel message si l’on songe aux autres vaccinations à venir ! Que me direz-vous, par exemple, lorsque je viendrai vous proposer une vaccination contre le papillomavirus ? C’est un vaccin qui permettra d’éradiquer le cancer du col de l’utérus ! Direz-vous alors que vous vous en moquez, que ce n’est pas une vaccination obligatoire ? C’est aberrant. Ce message ne passera pas car il revient à dire aux soignants que nous ne nous occupons pas d’eux et aux patients que nous nous moquons de la prévention. C’est impossible. Je vous l’ai dit, ce texte ne sera pas appliqué. Dieu sait que, dans cette assemblée, nous devons éviter les textes inapplicables, je vous rejoins sur ce point. Vous êtes les premiers à vous plaindre de notre bureaucratie, vous dénoncez ces textes que l’on ne peut appliquer dans les hôpitaux, et vous avez raison. Or vous voulez rendre la situation encore plus complexe avec ce nouveau texte inapplicable et mensonger. J’aimerais mettre en parallèle les différentes stratégies adoptées face à la crise sanitaire. Celle que vous proposez, et qui consiste à se faire tester à tout instant, pour pouvoir sortir ou travailler, a été mise en œuvre par un seul pays au monde. Lequel, et avec quel succès ? La Chine. Nous voyons bien dans quelle situation se trouve aujourd’hui ce pays. La Chine est confrontée à une nouvelle vague de covid-19, probablement pire que la première, une vague qui la dépasse totalement. Cette stratégie du test systématique afin de pouvoir se déplacer, et qui s’apparente à une stratégie zéro covid, ne marche pas. ».

Philippe Vigier : « Va-t-on, ce soir, rayer d’un trait de plume plus de 260 ans d’histoire de la vaccination en rendant celle-ci non obligatoire ? Je vous en laisse seuls responsables ! Toutes les maladies qui ont été éradiquées l’ont été grâce à la vaccination. Ne dites pas le contraire, c’est la vérité scientifique ! ».

Élie Califer (député PS de Guadeloupe) : « Il y a manifestement un désir d’éviter le vote sur le texte, car celui-ci aurait recueilli une majorité. Après avoir fait 7 000 kilomètres pour porter la parole d’un peuple qui est un peuple français depuis bien longtemps, avant bien d’autres dans certains territoires, voilà ce qu’on nous offre comme récompense pour avoir servi cette nation pendant des décennies, pendant toutes les guerres où nous avons été présents pour défendre l’esprit de la République : aujourd’hui, la République nous empêche de nous exprimer et de porter la parole de notre peuple. Aucun ministre ne nous a répondu quand il n’y avait pas de respirateurs ni de masques pendant le covid-19 ; aucun ministre ne nous a indiqué ce qu’il fallait faire. Les soignants étaient en première ligne, ils étaient là lorsque nous avons eu 1 000 morts ! C’est quand ils ont vu ce qu’était le vaccin qu’ils ont décidé de ne pas se faire vacciner, acceptant d’être suspendus. Suspendus, oui ! Mais quel est cet état de suspension qui dure à tout jamais ? C’est que vous vous êtes trompés : vous avez voulu dire, certainement, qu’il fallait les licencier. Alors, il faut le dire ! Il faut revoter la loi en remplaçant la suspension par le licenciement, sans quoi la Haute Autorité de santé finira un jour par dire qu’il faut que les soignants suspendus reprennent le travail, et ce sera la même chose, monsieur le ministre : il y aura les suspendus, les vaccinés et les non-vaccinés. ».

Caroline Fiat : « Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, tout à l’heure, vous avez fait un très long discours dans lequel vous nous avez demandé qui avait été, comme vous, en première ligne. Je vais vous répondre : moi, j’y étais ! Et, puisque M. Véran est à côté de vous, je rappellerai que j’y étais sans masque, sans gants, sans blouse ! Je vous rappelle aussi que, quand le vaccin est arrivé, il fallait avoir plus de 50 ans pour y avoir droit ; que vous avez demandé à mes collègues de retourner travailler avec le covid alors qu’ici même, vous nous faisiez la leçon en disant : "Il faut que les soignants se vaccinent par altruisme", "Vous pensez bien, les pauvres patients…" On a entendu cela toute la journée. Mais pensez-vous au patient à qui l’on ne précise pas que le soignant qui arrive dans sa chambre est positif au covid et que c’est vous qui lui avez demandé d’être là ? ».

Olivier Véran (Ministre délégué au Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement) : « Avant que vous ne m’accusiez de faire de l’obstruction, je rappelle que je suis entré dans l’hémicycle il y a une heure et quart, que c’est ma première prise de parole et que, sur l’heure et quart qui s’est écoulée, il y a eu une heure de parole pour les oppositions, contre à peu près quinze minutes pour la majorité. Vous reconnaîtrez qu’en termes d’obstruction parlementaire, on a déjà vu plus efficace. (…) Je vous suggère d’éviter de hurler et je ne hurlerai pas moi-même. Cela m’est arrivé dans le passé, quand j’avais 500 heures de débat derrière moi, mais, ce soir, j’arrive tout frais, tout neuf et très heureux de vous retrouver. Je serai donc d’un calme olympien. Je suis venu car j’ai participé à 500 heures de débat sur l’état d’urgence sanitaire et à quelques dizaines d’heures de débat sur l’obligation vaccinale ; de ce fait, on m’a vu comme une sorte de tablette de la République des débats législatifs sur le covid. Je voudrais donc rappeler quelques faits qui me semblent intéressants à l’heure où certains prennent position par leur vote. Le premier, c’est que, quand nous avons discuté de l’obligation vaccinale des soignants, vous étiez là, monsieur Marleix, et vous avez voté pour ; madame Bonnivard, vous avez également voté pour l’obligation ; monsieur Minot, aussi. (…) La très grande majorité du groupe Les Républicains a voté l’obligation vaccinale des soignants. J’avais remercié M. Ciotti, qui avait lui-même voté en faveur de la mesure. (…) Les députés socialistes considéraient à l’époque que nous n’allions pas suffisamment loin dans l’obligation vaccinale en la limitant aux soignants, ce n’est pas faire injure que de le rappeler. Vous étiez favorables à étendre cette obligation à toute la population. Je n’y étais pas favorable. Nous avions examiné les dispositifs de contrôle, les amendes qu’il aurait fallu infliger aux Français qui n’auraient pas été vaccinés, notamment. (…) Les socialistes étaient donc favorables à la généralisation de l’obligation vaccinale. Vous avez le droit de changer d’avis. Si quelque chose change, mesdames et messieurs les membres des groupes Les Républicains et Socialistes et apparentés, c’est bien votre avis ! La situation sanitaire, elle, n’a pas changé : nous connaissons une épidémie, le virus circule activement ; toutes les heures, des malades sont admis à l’hôpital ; tous les jours, des malades y meurent du covid. Le vaccin non plus n’a pas changé, pas davantage que le virus. Vous avez changé d’avis, c’est votre droit, mais assumez-le. (…) Deuxièmement, la première fois que j’ai porté la blouse (…), j’étais étudiant en médecine, j’arrivais à l’hôpital de Grenoble, très fier de la porter ; on m’a demandé un extrait de casier judiciaire pour vérifier qu’il était vierge parce que je voulais être fonctionnaire, ainsi qu’un certificat de vaccination attestant que j’étais bien vacciné contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, et l’hépatite B, conformément à l’obligation légale. (…) Je pourrais lire le dernier avis de la HAS, mais vous me reprocheriez d’être trop long. Je vous conseille néanmoins de le lire, car il est intéressant. Elle écrit noir sur blanc qu’il n’est pas éthique de proposer de réintégrer les soignants et qu’il n’est pas prudent que des malades fragiles, immunodéprimés, hospitalisés en cancérologie, en gériatrie ou en pédiatrie courent le risque d’être contaminés à l’hôpital par un virus hautement contagieux que leur transmettraient des soignants non vaccinés. Il ne s’agit pas d’une décision politique, mais d’une décision sanitaire, humaine et éthique étayée, ne vous en déplaise. (…) Enfin, je veux répondre à la contrevérité, formulée par Mme Fiat, que j’ai déjà entendue plusieurs fois. Non, les soignants positifs au covid qui ont pu être amenés à travailler n’ont pas exercé dans des services où étaient hospitalisés des malades fragiles, mais dans des services dédiés aux malades du covid. (…) Je le répète, les soignants positifs au covid ont eu des dérogations uniquement pour travailler dans les services accueillant des patients déjà contaminés par le covid. Encore une fois, le débat est légitime. Je m’étonne un peu du niveau de tension, tel que je n’en avais jamais vu en douze ans de Parlement. Mesdames et messieurs les députés des oppositions, j’aurais aimé que vous mettiez la même énergie, le même enthousiasme et la même volonté de bien faire lorsqu’il fallait voter des mesures difficiles pour protéger les Français, telles que les couvre-feux, les confinements et le "quoi qu’il en coûte" ! ».

Mathilde Panot (présidente du groupe FI) : « Le gouvernement vient de franchir une ligne rouge ! Je le dis solennellement : ce qui est en train de se passer est grave ! Le gouvernement supplante la souveraineté de l’Assemblée Nationale et ses décisions. ».

Après que le ministre François Braun a redemandé la parole, les députés FI ont quitté bruyamment leurs bancs avec de vives protestations, leur présidente lançant irrespectueusement : « Respectez l’Assemblée Nationale, madame la présidente ! Le gouvernement fait de l’obstruction pendant une niche parlementaire, c’est honteux ! On n’a jamais vu ça ! ». Laquelle présidente de séance a décidé de lever la séance. Il était minuit moins cinq et les parlementaires étaient dans un état très élevé d'excitation. Triste soirée pour la démocratie parlementaire française. Les députés n'auront pas besoin d'y revenir.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (30 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Réintégration des soignants non-vaccinés : feu vert de la Haute Autorité de Santé.
Verbatim du débat parlementaire du 24 novembre 2022.
Réintégration du personnel soignant non-vacciné : surmenage chez les députés !
Climatisation : faut-il sanctionner les portes ouvertes ?
Sobriété énergétique : froid et fatigue chez les députés !
Incident à l'Assemblée : la sanction disciplinaire la plus lourde de la Ve République !
Incident raciste : 89 nuances de haine à la veille du congrès du RN ?

Emmanuel Macron : climat, industrie et souveraineté ...et colère contre le cynisme de l'ultragauche.
Interview du Président Emmanuel Macron dans "L'Événement" le 26 octobre 2022 sur France 2 (vidéo).

Bruno Le Maire salue la majorité de la justice fiscale.
3 motions de censure pour le prix de 2 articles 49 alinéa 3 !
Emmanuel Macron s'exprime sur l'Ukraine et sur la pénurie d'essence : nous devons nous serrer les coudes !
Interview du Président Emmanuel Macron dans "L'Événement" le 12 octobre 2022 sur France 2 (vidéo).

Emmanuel Macron et la menace de la dissolution.
Le point chaud de la rentrée d’Emmanuel Macron : l’énergie.
Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 5 septembre 2022 sur l’énergie.
28 juillet 2022 : jour du dépassement de la Terre.
Le Conseil national de la refondation (CNR).
Le feu sacré d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron à Pithiviers.
Pas de session extraordinaire en septembre 2022.
Jacques Attali et Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron persiste et signe !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230330-reintegration-soignants.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/reintegration-des-soignants-non-247618

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/03/31/39863375.html







 

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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 04:09

« Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l'ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. Nous sommes en guerre. Toute l'action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l'épidémie. De jour comme de nuit, rien ne doit nous en divertir. (…) Nous sommes en guerre. J’appelle tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, associatifs, tous les Français à s’inscrire dans cette union nationale qui a permis à notre pays de surmonter tant de crises par le passé. Nous sommes en guerre. La Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité. Ils ont des droits sur nous. Nous leur devons évidemment les moyens, la protection. Nous serons là. » (Emmanuel Macron, allocution télévisée du 16 mars 2020).




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En observant aujourd'hui dans les rues, dans les supermarchés, même dans les cabinets médicaux, où l'usage du masque devient de plus en plus rare, on a rapidement oublié la pandémie dans laquelle le monde était plongé il y a pourtant très peu de temps. On peut désormais dire à ce troisième anniversaire qu'on est au bout du tunnel depuis quelques mois. On ne pouvait encore pas dire cela en mars 2022, il y a un an. En France, la véritable de prise de conscience a eu lieu le lundi 16 mars 2020 avec l'allocution présidentielle : « Jamais la France n'avait dû prendre de telles décisions, évidemment exceptionnelles, évidemment temporaires, en temps de paix. Elles ont été prises avec ordre, préparation, sur la base de recommandations scientifiques avec un seul objectif : nous protéger face à la propagation du virus. ».

C'était il y a trois ans seulement, et on a maintenant l'impression que c'était une époque très lointaine, affreuse, véritablement affreuse. Reprenons le contexte : le dimanche 15 mars 2020, c'était aussi le premier tour des élections municipales.

La situation sanitaire est devenue véritablement catastrophique à partir du début de la semaine. Certes, dès février 2020, on aurait pu anticiper, d'ailleurs, sans promouvoir les EHPAD qui ont fait scandale (Orpéa), scandale très justifié sur lequel je reviendrai, dès le mois de février 2020, les EHPAD Orpéa avaient adopté des protocoles très stricts et l'interdiction des visites parce que le groupe était aussi présent en Chine et leurs informations étaient alarmantes.

Il faut reprendre la chronologie. Je me souviens bien car je menais campagne aux élections municipales. Le jeudi 12 mars 2020 au soir, Emmanuel Macron a fait sa première allocution pour annoncer la fermeture des écoles dès le lundi 16 mars 2020. Je distribuais des tracts électoraux à la sortie des écoles le vendredi 13 mars 2020 et je me sentais un peu comme un cheveux sur la soupe, quelqu'un de hors sol : les parents d'élèves avaient bien d'autres soucis que savoir pour qui voter. Ils devaient s'organiser, ils devaient rapporter les livres et documents de l'école. Les cartables étaient gros (portés par les parents). J'ai cependant réussi à discuter avec quelques parents et j'ai été étonné par l'exceptionnel réactivité des parents. En moins de 24 heures, tous avaient réussi plus ou moins à s'organiser pour garder les enfants : ils s'étaient mis d'accord avec leur employeur pour faire du télétravail une semaine sur deux, le conjoint l'autre semaine, etc. (on allait savoir que toute cette savante organisation allait éclater d'un coup quelques jours plus tard).

Mais avant même cette décision de fermer les écoles, Emmanuel Macron se posait la question qui tuait : fallait-il organiser, repousser, annuler le scrutin des municipales ? Poussé par le Président du Sénat Gérard Larcher qui voyait l'importance de renouveler les conseils municipaux, pour des raisons démocratiques, mais aussi pour des raisons constitutionnelles (en septembre 2020, le renouvellement de la moitié du Sénat ne pouvait se faire avec des municipalités non renouvelées et rien n'indiquait que la situation sanitaire en juin 2020 serait meilleure qu'en mars 2020), Emmanuel Macron a choisi en son âme et conscience de maintenir le scrutin (après avoir consulté le Président de l'Assemblée Nationale Richard Ferrand, le Président du Sénat Gérard Larcher, le Président du Conseil Constitutionnel Laurent Fabius, les anciens Présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande). Je pense (je me trompe peut-être mais pour avoir été très présent à ces élections et n'ayant jamais eu à ma connaissance de fait indiscutable) que cela a provoqué peu de contaminations parce que tout le monde, électeurs et assesseurs, a été très prudent.

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Le protocole sanitaire était très strict, les électeurs devaient garder une distance de sécurité (avec indications au sol), montrer eux-mêmes leurs papiers d'identité sans être touchés par les assesseurs, avoir accès à des distributeurs de gel hydroalcoolique partout, à l'entrée, à la sortie, les électeurs étaient encouragés à apporter leur propre stylo pour parapher le liste d'émargement, sinon, un crayon de la mairie était utilisé, nettoyé au gel à chaque utilisation, etc. Au dépouillement, il y avait aussi ces contraintes. Je me souviens d'une amie qui avaient décidé de porter des gants, mais qui s'était touchée le visage, ce qui faisait qu'elle n'était pas plus protégée que les autres (ni ne protégeait mieux que les autres). Les gants sont plutôt des traîtres, en matière sanitaire (quand un boulanger vous rend la monnaie avec des gants, c'est bien, mais s'il a touché aussi la baguette qu'il vous vend, c'est comme s'il n'avait pas mis de gants pour vous). Quant aux masques, évidemment, il n'y en avait aucun, même les médecins avaient du mal à en trouver pour leurs malades (ceux qui en avaient vraiment besoin pour ne pas contaminer leurs proches).

Dès son allocution du 12 mars 2020, Emmanuel Macron se posait les bonnes questions pour l'avenir : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. ».

Et pour le court terme, son urgence absolue était celle-ci : « L’urgence est de protéger nos compatriotes les plus vulnérables. L’urgence est de freiner l’épidémie afin de protéger nos hôpitaux, nos services d’urgence et de réanimation, nos soignants qui vont avoir à traiter (…) de plus en plus de patients atteints. Ce sont là nos priorités. C’est pour cela qu’il nous faut continuer de gagner du temps et suivre celles et ceux qui sont les plus fragiles. Protéger les plus vulnérables d’abord. C’est la priorité absolue. ».

Dès le 12 mars 2020 aussi, la doctrine du "quoi qu'il en coûte" a été esquissée : « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu’il en coûte. Beaucoup des décisions que nous sommes en train de prendre, beaucoup des changements auxquels nous sommes en train de procéder, nous les garderons parce que nous apprenons aussi de cette crise, parce que nos soignants sont formidables d’innovation et de mobilisation, et ce que nous sommes en train de faire, nous en tirerons toutes les leçons et sortirons avec un système de santé encore plus fort. ».

Le samedi 14 mars 2020 au soir, le Premier Ministre Édouard Philippe a fait une déclaration pour fermer les restaurants et les bistrots, et plus généralement, tous les commerces "non essentiels". Ce week-end-là, le dernier de l'hiver, était particulièrement clément, ensoleillé et doux, et on voyait partout dans les villes de nombreux promeneurs, des attroupements, de la détente dans les centres-villes, et cela a fait peur au gouvernement car les recommandations de distanciation physique, de non-embrassades, de non-poignées de main étaient rarement suivies des faits.

Parallèlement, un institut de recherches britannique (l'Imperial College of London) avait prédit entre 300 000 et 500 000 morts du covid-19 en France si aucune contrainte sanitaire n'était mise en œuvre. On ne saura bien sûr jamais ce qui se serait passé sans les mesures de confinement (c'est comme le choix de la file aux caisses de supermarché), donc, on pourra dire ce qu'on veut (le confinement a sauvé de nombreuses vies humaines, ce que je crois mais c'est plutôt de l'ordre de la croyance même si une étude a tenté de le confirmer, 60 000 vies sauvées au premier confinement, ou au contraire, cela n'a servi à rien, l'épidémie aurait suivi son cours plus ou moins de la même manière), mais il faut avant tout se rappeler deux choses : la première chose, c'est que nous ne disposions pas de masques, ce qui était la première protection pour se protéger d'une infection contagieuse principalement des voies respiratoires, et la seconde chose, c'est qu'on ne savait rien ni de l'agressivité du virus, ni de sa puissance. Tout était possible, les pires cauchemars, à un moment où de nombreuses personnes commençaient à occuper les services de réanimation et même, hélas, y mouraient.

J'ai été assesseur durant la journée de dimanche et participé à la supervision du dépouillement d'un bureau de vote le dimanche soir. Pendant les opérations de vote, j'étais étonné par le calme, la sérénité, et aussi, par l'esprit de responsabilité des électeurs (sens du sérieux qu'on allait retrouver avec la vaccination). En ma présence, je n'ai connu aucun incident d'un électeur refusant d'appliquer l'une des mesures du protocole. Au moment du dépouillement, tout s'est bien passé jusqu'à un moment, l'équipe gagnante (nous !) avait apporté le champagne et on trinquait allègrement sans faire attention, embrassades, effusion... (pas très responsable mais la joie l'avait emporté sur le protocole).

En fait, non ! La joie d'avoir gagné a été vite éclipsée par les pires rumeurs que nous avions avec les téléphones portables des uns et des autres, des sources vaguement identifiées, vaguement officielles, la préfecture, ou le ministère de l'intérieur, ou encore une grande entreprise (un employeur), etc. Bref, diverses sources disaient la chose suivante : dès ce soir, peut-être demain matin, le Président de la République allait prendre la décision d'un confinement total. Il aurait mis en alerte maximale les forces armées, elles se déploieraient déjà cette nuit. J'avais raté la soirée électorale à la télévision puisque j'étais sur le terrain (nous n'avions pas de téléviseur dans le bureau de vote, à la mairie) et rentré chez moi, j'ai foncé sur ma boîte emails pour alerter mes proches de ce qui se préparait (en fait de résultats électoraux, les chaînes de télévision n'évoquaient que ces dites rumeurs !).

Pourtant, le lendemain, lundi 16 mars 2020, aucune information palpable, juste la continuation des rumeurs (et je suppose, quelques ulcères du côté du gouvernement). Ce n'est qu'à 20 heures, dans une allocution qu'on dira donc historique, que la Président Emmanuel Macron a annoncé la décision du confinement total de la population française, initialement prévu pour seulement quinze jours (mais tout le monde se doutait que cela durerait plus longtemps). Pour se déplacer, il faudrait ainsi signer une autorisation personnelle afin de limiter les déplacements seulement au strict nécessaire. C'est dans cette allocution que le Président de la République a parlé maladroitement de "guerre", il a répété six fois « Nous sommes en guerre ! » (en n'imaginant pas une seconde que deux ans plus tard, une guerre impitoyable serait déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine).

En imposant le confinement total de la population, Emmanuel Macron en a profité pour presque s'ingérer dans la vie personnelle de chacun, de manière très paternaliste : « Je vous le dis avec solennité ce soir, écoutons les soignants, qui nous disent : si vous voulez nous aider, il faut rester chez vous et limiter les contacts. C’est le plus important. Évidemment, ce soir, je pose des règles nouvelles, nous posons des interdits, il y aura des contrôles. Mais la meilleure règle, c’est celle qu’en tant que citoyen, vous vous appliquez à vous-mêmes. Une fois encore, j’en appelle à votre sens des responsabilités et de la solidarité. (…) En restant chez vous, occupez-vous des proches qui sont dans votre appartement, dans votre maison. Donnez des nouvelles, prenez des nouvelles. Lisez, retrouvez aussi ce sens de l’essentiel. Je pense que c’est important dans les moments que nous vivons. La culture, l’éducation, le sens des choses est important. (…) Croyez-moi, cet effort que je vous demande, je sais qu’il est inédit mais les circonstances nous y obligent. ».

Ce fut la sidération totale. La peur du vide. Le vertige du silence (dans le ciel, sur les grandes avenues, le vide des lieux touristiques, des Champs-Élysées, etc.). Avec deux injonctions particulièrement contradictoires pour les gens : il ne faut plus se déplacer ET il faut continuer à travailler pour préserver un minimum d'économie (et de survie).

Je me permets de reprendre mon article du 17 mars 2020 : « C’est une situation totalement inédite. Inédite dans la brutalité soudaine de ces mesures dont on polémiquera plus tard sur le calendrier : le gouvernement aurait-il dû prendre ces mesures il y a une ou deux semaines ? Peut-être, car d’un point de vue épidémiologique, nous avons pris du retard par rapport à la Chine, mais on voit bien aussi qu’il a fallu un temps de prise de conscience sociale et sans l’adhésion d’une grande majorité de la population, ces mesures seraient inefficaces. ».

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A commencé ainsi une période particulièrement anxiogène pour la plupart, très étrange, inimaginable même dans les pires scénarios, avec une énorme chance quand même : la technologie a permis de continuer les liens sociaux, avec Internet, les smartphones, etc. Beaucoup ont pu faire du télétravail. L'humour, les dessins, les blagues ont pris aussi le relais dans un pays resté libre d'expression sinon de circulation. L'enseignement continuait à la maison, de manière très contrastée (des familles pouvaient ne pas avoir Internet, ou ne pas s'occuper de leurs enfants). Les enseignants ont fait preuve d'une exceptionnelle réactivité en poursuivant les cours par visioconférence, les parents ont compris quel était le travail harassant des enseignants (se coltinant leur progéniture en temps réel d'instruction), et il y a eu les fameux applaudissements de 20 heures pour le personnel soignant... parallèlement à ces conférences de presse quotidiennes du directeur général de la Santé (le professeur Jacques Salomon) qui énonçait désespérément le nombre de nouveaux cas et de décès du jour. Sur les plateaux de télévision, les médecins ont remplacé les politologues (les généraux allaient les remplacer deux ans plus tard).

Malgré quelques répits (été 2020, été 2021), la période pandémique a duré véritablement jusqu'en mai 2022 avec des contraintes sanitaires plus ou moins élevées. Plus de deux ans qui ont été épuisants dans la vie de chacun. Beaucoup de dépressions, beaucoup de remises en cause, de séparations, de démissions aussi. La France s'en est-elle bien tirée ? Avec plus de 165 000 décès, cela restera un traumatisme collectif pesant durablement dans la conscience nationale.

Mais on a limité des désastres bien plus grands encore. Grâce à l'audacieuse politique d'Emmanuel Macron, la France a été l'une des nations qui a été la mieux vaccinée contre le covid-19 et grâce à cette forte couverture vaccinale, l'immunité de groupe est désormais avérée depuis l'été 2022. Les deux dernières vagues depuis l'automne 2022 ont été de faible intensité car la plupart des personnes sont désormais protégées, soit parce qu'elles sont vaccinées (plus de 94% des Français d'au moins 12 ans), et dans ce cas, lorsqu'elles ont le covid-19, elles n'ont que les symptômes d'un gros rhume ou d'une grosse fièvre (pour la plupart des personnes contaminées), soit qu'elles ont déjà été au contact du virus (comme près des trois cinquièmes de la population).

Les comparaisons internationales plaident en faveur de la gestion du covid-19 par la France (même par rapport à l'Allemagne, au Royaume-Uni, à l'Italie, aux États-Unis).

En revanche, on n'a rien appris : les masques qu'on achète ne sont pas français, les médicaments sont encore rarement produits en France, les services de réanimation risquent toujours la saturation en cas d'autres épidémies (bronchiolite, grippe, etc.).

Et surtout, la classe politique n'a rien appris et est retombée dans une sorte de stériles divisions politiciennes qui ne sont pas propices à renforcer notre Nation. En somme, tout est redevenu "normal", cette "normalité" avec ses défauts mais aussi, ce qu'on a attendu pendant des mois, avec son insouciance et son mode de vie. C'est comme avec les attentats, l'inquiétude s'estompe avec le temps. Jusqu'à la prochaine catastrophe...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (13 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Covid-19 : il y a trois ans, le choc, la sidération et la désolation...
Covid-19 : de bonnes nouvelles de Chine (et de moins bonnes nouvelles).
Covid-19 : où en est l'épidémie en France au 12 janvier 2023 ?
Réintégration du personnel soignant non-vacciné.
Vaccination contre le covid-19 : l'égarement du gouvernement.
Covid-19 : le Père Noël va-t-il devoir surfer sur la 9e vague ?
Contagion.
La sécurité des personnes face aux dangers : meurtres, route, covid-19, environnement, climat...
Covid-19 : alerte au sous-variant BQ1.1 !
Covid-19 : faut-il s'inquiéter de la vague de la rentrée 2022 ?
Le covid-19 a-t-il disparu ?
Covid-19 : une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
Covid-19 : 150 000 décès en France et l’omicron BA.5 en pleine hausse.
Attention, le covid-19 est de retour !
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Covid : fin des restrictions sanitaires et extrême vigilance.
Inquiétudes covidiennes : la pandémie est-elle vraiment terminée ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230316-covid-gd.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/covid-19-il-y-a-trois-ans-le-choc-247181

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/03/12/39842739.html








 

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7 février 2023 2 07 /02 /février /2023 04:59

« Omicron est une maladie majeure et elle est très transmissible (…). La Chine n'a pas vraiment le choix sur la manière dont elle s'attaque à cette vague. Si elle assouplit ses restrictions, il y aura inévitablement un grand nombre d'infections et de décès (…). Si la Chine décidait soudainement d'adopter la politique de vivre avec le virus, le système de santé serait débordé » (Pr. Zhengming Chen, cité le 20 avril 2022 dans "The Lancet").




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Le professeur Zhengming Chen, épidémiologiste de l'Université d'Oxford, en Grande-Bretagne, envisageait le pire l'an dernier, dans le cas où le gouvernement chinois modifierait voire abandonnerait sa politique zéro covid. Nous y sommes...

Actuellement, l'épidémie de covid-19 semble se ralentir un peu partout dans le monde. En France, on est au minimum de l'épidémie, le plus bas depuis janvier 2022 (depuis le début de l'apparition du variant omicron), avec moins de 4 000 nouveaux cas par jour en moyenne sur sept jours (3 667 cas en moyenne le 7 février 2023). La situation est rassurante car les indicateurs sanitaires sont aussi à la baisse : moins de 14 000 personnes sont encore hospitalisées pour covid-19 (13 801 au 6 février 2023, en baisse de 10% en une semaine), moins de 800 personnes en soins critiques pour covid-19 (789 au 6 février 2023, en baisse de 10% en une semaine), et 35 décès chaque jour en moyenne sur sept jours au 6 février 2023, en baisse de 13% en une semaine. Au 6 février 2023, seulement 81 590 personnes avaient le covid-19 et étaient contagieuses en France, ce qui est très bas depuis octobre 2021 (cela signifie, en moyenne, moins de 1 000 personnes par département).

Lorsque nous savons que depuis plus de six mois, les Français en général respectent de moins en moins les gestes barrières, en particulier porter le masque dans des lieux très fréquentés et se laver les mains régulièrement au gel hydroalcoolique, nous pouvons raisonnablement nous dire que la pandémie est derrière nous.

Certes, cette pandémie a beaucoup tué en France, 164 427 décès ont été à déplorer ce 6 février 2023 depuis le mois de janvier 2020, ce qui fait beaucoup même si c'est moins que la plupart de nos voisins, et cela augmente tous les jours (35 décès par jour, ce qui est faible par rapport au passé, cela correspond quand même à plus de 1 000 décès par mois).

Avec plus de 39,5 millions de cas de covid-19 détectés par les tests en France, et la très forte couverture vaccinale (94,8% des personnes âgées de 12 ans et plus), la population française bénéficie, comme ses voisins européens, d'une certaine immunité collective.

Le taux de reproduction effectif repart cependant à la hausse : après une baisse à sa plus faible valeur depuis mars 2020, il remonte depuis trois semaines et il devrait dépasser 1 cette semaine ou la semaine suivante (lorsqu'il est en dessous de 1, cela signifie que le nombre de nouveaux cas baisse, au-dessus, ce nombre monte). La nouvelle vague qui devrait arriver en mars 2023 ne devrait pas être très forte s'il n'y avait aucun nouvel événement épidémique (l'apparition d'un nouveau variant par exemple).

C'est d'autant plus heureux que depuis plus de six mois également, les échanges internationaux ont repris. Si officiellement, près de 6,8 millions de personnes sont morte du covid-19 dans le monde depuis le début de la pandémie (nombre qu'il faudrait multiplier par 2 ou par 3 pour avoir une approximation plus juste), moins de 900 décès ont été constatés dans le monde le 6 février 2023 alors qu'il y avait parfois des sommets atteignant les 14 000 décès par jour (14 860 décès le 26 janvier 2021 sur une moyenne de sept jours). Il faut toujours être prudent avec les statistiques car il y a eu un relâchement dans le comptage des nouveaux cas, plusieurs pays européens communiquent moins fréquemment leurs données, et d'autres ont réduit le nombre de tests. Mais globalement, la situation s'améliore tant en France que dans le monde en général.

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La vraie inquiétude vient de l'Asie. Plusieurs pays asiatiques ont été très fortement touchés par une nouvelle vague il y a quelques mois, en particulier le Japon, la Corée du Sud, le Vietnam, la Thaïlande, Taïwan, etc. et ses pays, qui avaient été extrêmement prudents au début de la pandémie en 2020, et avaient réussi à limiter les dégâts, sont désormais dans la tourmente. Les populations ayant été moins au contact avec le virus qu'en Europe, leur immunité est encore trop faible pour être protégées.

La situation de la Chine est évidemment la plus inquiétante. Dans l'incapacité à éviter une nouvelle vague, la Chine a dû renoncer à la politique de zéro covid le 7 décembre 2022, également sous pression populaire. C'est une date importante car toutes les digues qui avaient été mises ont sauté. Mais cet abandon s'accompagne d'un flou statistique particulièrement inquiétant.

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Dans une publication de la revue scientifique "The Lancet" qui date du 20 avril 2022, le journaliste médical Talha Khan Burki indiquait : « Une étude menée par des chercheurs de l'Université de Hong Kong a conclu que les deux doses du vaccin Sinovac covid-19 présentaient des taux d'efficacité de 60% contre les maladies graves et de 67% contre les maladies mortelles, dans les populations âgées de 80 ans et plus. L'ajout de la dose de rappel a poussé les deux taux au-dessus de 95%. L'étude n'a pas été évaluée par des pairs. Si la politique zéro covid devait être interrompue avant que la Chine ne soit en mesure de vacciner complètement (…) ses populations âgées ou vulnérables, le pays serait confronté à un fardeau important de morbidité et de mortalité. "Zéro covid signifiait qu'il n'y avait pas assez de personnes âgées vaccinées, mais cela ne laissait à la Chine d'autre choix que de continuer avec zéro covid", a déclaré Huang. "La politique est devenue sa propre justification". L'absence d'épidémie importante de covid-19 au cours des 2 dernières années a laissé la population avec peu d'immunité engendrée par l'infection. ». Yanzhong Huang est un chercheur de très haut niveau en santé publique, travaillant pour le think tank américain The Council on Foreign Relations (à New York).

Pendant longtemps, le nombre de décès dus au covid-19 était extrêmement faible en Chine depuis janvier 2020, entre mars 2020 et janvier 2023, la situation a à peine évolué. Au 14 janvier 2023, seulement 5 273 décès étaient déclarés pour une population de 1,4 milliard d'habitants. Mais la digue statistique aussi est en train de sauter. Les autorités sanitaires chinoises ont communiqué à partir de janvier 2023 des statistiques relativement plus cohérentes : 65 168 décès au 15 janvier 2023, et 87 468 décès au 4 février 2023, dernière mise à jour. En effet, la directrice du bureau de l'administration médicale au sein de la commission nationale de santé Jiao Yahui a reconnu qu'entre le 8 décembre 2022 et le 12 janvier 2023, il y a eu 59 938 décès à cause du covid-19 dans les hôpitaux. Bien entendu, ce nombre beaucoup trop sous-évalué reste encore peu cohérent avec la réalité. Beaucoup de personnes atteintes du covid-19 meurent à leur domicile faute d'avoir une place à l'hôpital, et celles-ci ne sont pas décomptées.

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Le nombre de cas déclarés en Chine est aussi en question : la forte vague a dû trouver un sommet le 2 décembre 2022 avec près de 41 000 nouveaux cas quotidiens sur une moyenne de sept jours. Un autre pic a eu lieu le 8 janvier 2023 avec 9 000 cas quotidiens en moyenne sur sept jours. Là non plus, ce n'est pas cohérent. Car il suffisait d'écouter quelques données dès décembre 2022 communiquées par des autorités sanitaires locales, notamment dans certaines grandes villes, avec des chiffres astronomiques comme 500 000 nouveaux cas en une journée et seulement localement, pour se donner une idée du désastre épidémique. C'est d'autant plus incohérent que le virus est aussi un des sous-variants d'omicron (voir plus loin) et donc, très transmissibles (comme en France en janvier 2022 dont quasiment le quart voire le tiers de la population a été contaminée).

Une autre donnée confirme cette incohérence : le nombre total de cas de covid-19 détectés depuis le début de la pandémie est de 2,02 millions au 8 janvier 2023 (il n'y a pas eu de mise à jour depuis cette date) alors qu'aux États-Unis, un pays quatre fois moins peuplé, ce nombre cumulé est de 105 millions de cas. Ce qui signifierait pour la Chine l'équivalent de 400 millions de cas (voir plus loin).

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Certains estiment que ces données communiquées officiellement par le gouvernement chinois à l'OMS (Organisation mondiale de la santé) ne concerneraient que la ville de Pékin.

Ce qui est sûr, c'est que la catastrophe sanitaire est en cours. Les hôpitaux des grandes villes sont saturées, dans les zones rurales, il n'y a pas d'hôpital, et les décès sont nombreux. En décembre 2022, la situation économique des grandes villes était très faible, mais une reprise a été observée depuis janvier 2023.

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La courbe des cas sévères aurait atteint son maximum le 5 janvier 2023 avec 128 000 cas, selon les statistiques gouvernementales. Le 12 janvier 2023, ce nombre de cas sévères serait redescendu à 105 000, ce qui correspondrait à un taux d'occupation des lits en soins intensifs de 75,3%. Mais malgré ces données, des éléments indiquent au contraire la saturation des hôpitaux.

Ainsi, des experts français en Chine, de l'association Solidarité Covid, ont observé : « Le taux de personnes hospitalisées par rapport au nombre de cas est très inférieur au taux calculé sur la France (…), preuve d’une saturation importante (…). la simulation du nombre de cas sévères sur la base des observations en Chine [avant le 7 décembre 2022] est trois à quatre fois supérieure aux données du rapport. Il y a donc beaucoup de malades graves hors hospitalisation, et donc de décès non hospitalisés. » ("Le Monde" du 16 janvier 2023).

D'autres rappellent qu'il y a 36 000 hôpitaux en Chine et qu'ils ne pourraient pas être saturés s'il n'y avait que 60 000 décès en quelques semaines, ce nombre est donc largement sous-évalué. Un article du journal "Le Monde" du 25 janvier 2023 a aussi confirmé le « recours à au moins un entrepôt pour gérer les cadavres qui dépassent les capacités des morgues et des crématoriums » à Shanghai.

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Le "New York Times" a de son côté essayé de donner une évaluation avec quelques données. Il s'est basé pour cela sur la mortalité de grands instituts de recherches en lisant avec attention les faire-part de décès. Ses conclusions publiées le 5 février 2023 sont assez instructives : dans deux de ces grandes institutions scientifiques qui comptent en tout 1 700 personnes, on est passé de quelques décès par mois avant la fin du zéro covid à 23 en décembre 2022 et 17 en janvier 2023, des scientifiques de très haut niveau, certes âgés, mais qui meurent en plus grand nombre qu'auparavant, sans cause de décès (les médecins sont encouragés à ne pas donner la cause du décès).

Les experts de la société londonienne Airfinity, spécialisée dans les modélisations sanitaires, évaluaient en novembre 2022 le nombre de décès dus au covid-19 en Chine à entre 1,3 et 2,1 millions, pour une population de 1,4 milliard d'habitants (pour rappel, plus 1,1 million de personnes sont mortes du covid-19 aux États-Unis depuis 2020). Cette information a été notamment présentée par le "Washington Post" du 18 décembre 2022. Cette estimation est plausible. Si on reprend l'estimation de nombre de cas réels faite plus haut, à savoir 400 millions (au lieu de 2 millions), et qu'on prenne le taux de létalité apparent (le rapport du nombre de décès déclarés sur le nombre de cas déclarés, soit environ 0,4% en France et 1,1% aux États-Unis), cela donne une terrible estimation du nombre de décès entre 1,6 et 4 millions.

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L'une des raisons de cette catastrophe sanitaire, c'est aussi la faible protection de la population. Le vaccin Sinovax est effectivement peu protecteur (mais c'est mieux que rien) et le gouvernement chinois refuse d'utiliser des vaccins à ARN messager pourtant beaucoup plus efficaces (pour des raisons principalement géopolitiques).

Dans cette mauvaise nouvelle d'une Chine qui est embourbée par l'épidémie de covid-19 (elle a commencé en Chine et elle se terminera peut-être en Chine), il y a cependant deux informations intéressantes et positives.

La première est à destination des expatriés français habitant en Chine, qui, souvent, ont été bloqués en Chine depuis trois ans : selon le correspondant de RFI à Pékin Stéphane Lagarde, la France a obtenu que ses ressortissants de plus de 12 ans puissent bénéficier gratuitement de vaccins à ARN messager. Il faut s'inscrire sur une plate-forme Internet de l'ambassade avant le 9 février 2023.

Conseiller des Français de l'étranger en Chine, Franck Pajot s'en est réjoui : « C’était une forte attente et j’ai déjà beaucoup de retour depuis l’annonce faite par l’ambassade ce matin. J’avais interpellé les autorités sur cette question de la disponibilité des vaccins ARNm pendant la vague omicron en Chine. Il y a des personnes âgées et fragiles dans notre communauté. Or, on sait que le vaccin chinois, cela a été largement commenté, n’est pas très efficace. Et puis, il y a les questions des voyages : de nombreux Français ici ne sont pas retournés en France depuis le début de la pandémie. Cela, sans parler de la forte probabilité que la Chine soit confrontée à une nouvelle vague covid au printemps, en juin et juillet prochain. ».

Les Français ne sont pas les premiers à bénéficier d'une telle dérogation, les Américains, les Allemands, les Britanniques, les Espagnols en avaient également bénéficié. Cette annonce du 6 février 2023 arrive peu avant le changement d'ambassadeur de France à Pékin (l'actuel vient d'être nommé pour Washington) et la venue prochaine du Président Emmanuel Macron en Chine, probablement en avril 2023.

L'autre bonne nouvelle est très rassurante sur l'une des craintes majeure de la situation chinoise : le risque de nouveaux variants. Or, une étude publiée ce mardi 7 février 2023 dans "The Lancet" permet d'être optimiste : sous la direction de George Gao, virologue à l'Institut de microbiologie à l'Académie chinoises des sciences, des scientifiques chinois ont analysé 413 échantillons prélevés à Pékin et séquencés entre le 14 novembre 2022 et le 20 décembre 2022. Plus de 90% des cas étaient des sous-variants d'omicron appelés BF.7 et BA5.2 (75% des cas pour le premier et 15% pour le second) : « Notre analyse suggère que deux sous-variants déjà connus d’omicron ont été principalement responsables de la poussée de cas à Pékin, et probablement en Chine dans son ensemble. ».

Certes, cette étude est insuffisante pour être complètement rassuré. Ainsi, il faudrait avoir des séquençages de prélèvements en janvier 2023 car avant, ce serait un peu tôt pour voir l'apparition de nouveaux variants, et si possible, des prélèvement provenant de toutes les régions chinoises touchées. Mais cette première étude est plutôt rassurante et plutôt logique : un grand nombre de nouveaux cas se détecte aussi à l'extérieur de la Chine et un nouveau variant pourrait très bien se révéler en Europe ou en Amérique autant qu'en Asie.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (07 février 2023)
http://www.rakotoarison.eu


(Toutes les courbes proviennent du site OurWorldInData).


Pour aller plus loin :
Covid-19 : de bonnes nouvelles de Chine (et de moins bonnes nouvelles).
Covid-19 : où en est l'épidémie en France au 12 janvier 2023 ?
Réintégration du personnel soignant non-vacciné.
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230207-covid-gc.html

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13 janvier 2023 5 13 /01 /janvier /2023 04:12

« Cette pandémie [de covid-19] nous a rappelé de façon brutale ce que le monde serait sans vaccin. Les vaccins, comme les antibiotiques, nous sauvent. Ne l'oublions pas. » (Pr. Anne-Claude Crémieux, infectiologue, le 12 octobre 2022).




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Très bonne nouvelle sur le front du covid-19 en France : la 9e vague est en train de s'achever de manière rapide et, surtout, pour l'instant, aucune perspective à court et moyen termes d'une 10e vague n'est en vue. C'est surtout la seconde partie de la phrase qui est importante puisque l'épidémie, désormais, semble n'être qu'une succession de vagues depuis près de trois ans.

Or, en plein hiver, et avec la rentrée scolaire en début du mois de janvier 2023, on aurait pu imaginer qu'après une baisse, l'épidémie se remette à monter. Pour l'instant (je touche du bois), le taux de reproduction effectif qui mesure la tendance générale de l'épidémie est largement en dessous de 1 (selon les calculs, 0,46 ou 0,60), ce qui est très favorable (en dessous de 1, l'épidémie régresse, au-dessous de 1, elle progresse), mais aussi, ce taux continue à descendre et il semble n'avoir jamais été aussi bas depuis le début de la pandémie en France.

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Cette bonne tenue limitée de l'épidémie est d'autant plus surprenante que les gestes barrières sont très peu respectés, en particulier le port du masque dans des lieux très fréquentés. Les membres du gouvernement ont beau porter un masque depuis un mois devant les caméras lors des séances à l'Assemblée, le réflexe de les porter est tombé en désuétude, même dans les pharmacies et dans les laboratoires d'analyses.

Quelles sont les raisons de cette situation plutôt positive ? Sans doute un ensemble de causes dont les principales sont une certaine immunité collective : effectivement, le fort taux de vaccination (95% des 12 ans et plus, soit 81% de la population totale) et le grand nombre de personnes ayant déjà contracté le virus depuis le début de l'épidémie (39,4 millions de cas) ont permis de donner à la population française une certaine protection. Même si les doses de rappel n'ont pas eu le succès escompté (seulement 47% des plus de 80 ans ont reçu au moins deux doses de rappel en deux ans ; 60,3% de la population totale a reçu au moins une dose de rappel), les deux premières doses ont donné déjà une protection suffisante pour la grande majorité des personnes (les doses de rappel servent à rebooster la défense immunitaire apportée par le vaccin, dont l'efficacité s'affaiblit six mois après son injection).

Par ailleurs, au début du mois de décembre 2022, la France a été confrontée à trois épidémies : bronchiolite, covid-19 et grippe, cette dernière étant la plus pressante à l'hôpital dans les services des urgences et des soins intensifs. Si l'absence de port du masque cet hiver n'a pas eu de conséquences désastreuses pour le covid-19, elle a fait néanmoins réapparaître les infections contagieuses "classiques" disparues les deux hivers précédents, en particulier la grippe. Du reste, la plupart des tests de dépistage du covid-19 sont désormais doublés d'un dépistage du virus de la grippe.

Le nombre de nouveaux cas de covid-19 s'écroule depuis trois semaines et il ne semble pas que ce soit à cause d'un élément artificiel (les laboratoires d'analyses avaient annoncé ne plus transmettre les résultats au serveur central au début du mois de janvier 2023) car l'allure de la courbe de cette vague est cohérente avec les précédentes et le taux de positivité, lui aussi, s'effondre et va bientôt passer en dessous du seuil de 10% (10,5% au 9 janvier 2023 ; il était au-dessus de 20% au pic de la vague). Actuellement, on en est à environ 10 à 11 000 nouveaux cas en moyenne chaque jour, sur les sept derniers jours (7 159 nouveaux cas pour la journée du 12 janvier 2023). Le taux d'incidence, logiquement, s'écroule aussi, redescendant en dessous de 100 nouveaux cas pour 100 000 habitants en une semaine (92,8 au 9 janvier 2023). En France, on est redescendu en dessous des 320 000 personnes encore contaminantes, ce qui est un niveau assez faible depuis trois ans, et cela continue de chuter.

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L'étau se desserre ainsi à l'hôpital : le nombre de personnes hospitalisées pour cause de covid-19 a chuté à 20 399 le 12 janvier 2023 et continue à baisser rapidement (au pic, le seuil de 25 000 avait été atteint), et le nombre des personnes admises en réanimation pour covid-19 diminue également, avec un rythme plus lent. On en est à 1 233 le 12 janvier 2023 (au pic, le seuil de 15 000 avait été atteint) ; seulement 65 nouvelles entrées ont eu lieu le même jour, largement compensées par les sorties.

Le nombre de décès dus au covid-19 aussi se réduit, heureusement, mais il est encore très élevé et la diminution est lente. 53 décès ont été à déplorer le 12 janvier 2023, et cela fait en moyenne 93 décès par jour sur les sept derniers jours. En tout, au 12 janvier 2023, 163 246 personnes ont perdu la vie en France à cause du covid-19 depuis le début de l'année, ce qui est très élevé, évidemment. Le seuil des 160 000 décès avait été atteint le 13 décembre 2022.

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Dans son bulletin hebdomadaire de surveillance sanitaire de la mortalité toutes causes confondues du 10 janvier 2023, Santé publique France publie un graphique qui montre l'importance de l'épidémie de covid-19 dans la mortalité depuis trois ans.

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Cependant, les statistiques montrent avec le recul que la France s'en est plutôt bien sortie, bien que faisant partie des pays ouverts aux échanges internationaux et du cœur de l'Europe. En effet, en absolu, pour la plupart des grands pays européens comparables, le nombre des décès depuis le début de la pandémie est plus important qu'en France : au 12 janvier 2023, 201 028 décès au Royaume-Uni, 185 417 décès en Italie (pour ces deux premiers pays, sous réserve de mise à jour des données car elles ne sont plus fournies de manière quotidienne), et 163 625 décès en Allemagne.

Je m'arrête un instant sur la situation en Allemagne. On avait dit au début de la pandémie que l'Allemagne se débrouillait beaucoup mieux que la France. C'était une erreur car c'était plutôt le hasard qui a fait que l'Allemagne a été épargnée durant la première vague au printemps 2020, sauf dans les régions proches de Mulhouse. Effectivement, à l'époque, Berlin avait été la seule capitale à n'avoir été que faiblement touchée par le covid-19 malgré son caractère international et cosmopolite. C'est pour cette raison qu'un écart d'environ 20 à 30 000 décès avait été constaté entre la France et l'Allemagne au début de l'été 2020 (plus de décès en France).

Mais toute l'Europe de l'Est a été ensuite très durement touchée (de la Russie jusqu'à l'Allemagne) par la deuxième vague en octobre-novembre 2020. Ces pays ont été alors plus secoués que la France, l'Italie et l'Espagne. Par la suite, en 2021 et 2022, probablement parce que la vaccination a été moins massive qu'en France, l'Allemagne a connu un taux de décès dus au covid-19 (sur le nombre de personnes contaminées) plus élevé que la France, ce qui a fait que l'écart s'est maintenant inversé. Effectivement, depuis le 10 janvier 2023, le nombre de décès dus au covid-19 en Allemagne est supérieur à celui en France. Certes, la mortalité par covid-19 est plus basse en Allemagne qu'en France car la population allemande est beaucoup plus importante (0,1951% en Allemagne et 0,2489% en France).

Si l'on prend cette mortalité par rapport aux principaux pays industriels européens ou nord-américains (dont le mode de vie est sensiblement similaire), on constate aussi que la France se tient encore honorablement (au 12 janvier 2023) : Canada (0,1291%), Allemagne (0,1951%), France (0,2489%), Espagne (0,2513%), Royaume-Unis (0,2935%), Italie (0,3077%), Pologne (0,3143%), États-Unis (0,3358%). On remarquera que les pays avec de grands espaces à densité de population réduite comme le Canada ont été plus épargnés que les pays avec une forte densité de population (pour une même politique de protection sanitaire).

Si on rajoute quelques autres pays qui ont beaucoup souffert de la pandémie, malgré leur superficie, voici leur mortalité covid au 12 janvier 2023 : Iran (0,1682%), Turquie (0,1186%), Mexique (0,2519%), Ukraine (0,2567%), Russie (0,2704%), Colombie (0,2762%), Argentine (0,2831%), Brésil (0,3228%), etc.

Pour l'Asie, les statistiques de l'Inde et de la Chine sont sujets à caution. Ce qui est aussi un constat, c'est que l'Asie subit en ce moment l'épidémie de covid-19 très durement, beaucoup plus durement que l'Europe et l'Amérique. L'explication est assez simple : ayant pris des mesures sanitaires drastiques pour empêcher les contaminations, ces pays ont moins d'immunité collective (d'autant plus qu'en Chine, la vaccination a été moins répandue et avec un vaccin moins efficace).

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C'est aussi la leçon concrète des confinements : toutes les mesures très contraignantes contre l'épidémie n'ont jamais eu pour but d'empêcher la contamination de la population, mais de freiner la circulation du virus, c'est-à-dire, que la propagation se fasse suffisamment lentement pour que le système de soins puisse prendre en charge toutes les personnes affectées. C'était ce qui avait été dit très clairement au début du premier confinement en France : le confinement avait pour but de ne pas saturer les hôpitaux. C'était aussi une course de vitesse, le temps de développer un nouveau vaccin, qu'on ne pensait pas arriver sur le marché aussi rapidement.

À l'heure actuelle, le pays le plus impacté par la pandémie est le Japon avec un taux d'incidence d'environ 1 000 nouveaux cas pour 100 000 habitants en sept jours, soit plus de 1,2 million de personnes contaminées en sept jours, et ce nombre a progressé de 46% en sept jours. La progression est de même ordre pour les décès qui en sont la conséquence différée, avec une moyenne de 400 décès par jour sur les sept derniers jours (489 rien que pour la journée du 12 janvier 2023). Le Japon est toutefois très loin des conséquences du covid-19 dans les pays précédemment cités ; en tout, il faut y déplorer "seulement" 61 281 décès depuis le début de la pandémie, soit une mortalité relativement très faible de 0,0488%. La Corée du Sud et Taïwan suivent le même processus avec un taux d'incidence respectivement de 600 et 700 nouveaux cas pour 100 000 habitants en sept jours, et une mortalité aussi relativement très faible, respectivement de 0,0639% et 0,0657%.

Parmi les statistiques incertaines, il y a celles de la Chine. Depuis la fin de la politique zéro covid, l'épidémie en Chine a explosé. Malheureusement, les statistiques fournies par la Chine sont largement en deçà de la réalité et des autorités sanitaires locales ont parfois transmis des données particulièrement inquiétantes, comme 500 000 nouveaux cas en une seule journée dans une grande agglomération. Actuellement, la Chine reconnaît officiellement un peu plus de 40 000 nouveaux cas en une semaine (moins que la France !) et 13 décès. Mais les statistiques de Hong Kong, qui ne devraient pas être très différentes du reste des agglomérations chinoises, est à près de 90 000 nouveaux cas en une semaine et une mortalité de 0,1660% (en tout, 12 622 décès sont à déplorer à Hong Kong, dont 74 pour la seule journée du 12 janvier 2023).

Selon un certain nombre de spécialistes, 1 milliard de Chinois pourraient être contaminés dans les trois prochains mois, ce qui signifierait plus de 1 voire 2 millions de décès, d'autant plus que dans les zones rurales, il y a très peu de structures hospitalières pour accueillir les personnes affectées gravement, ce qui pourrait renforcer les conséquences désastreuses par manque de soins.

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Faut-il pour autant s'inquiéter pour le reste de la planète avec le risque de l'arrivée d'un nouveau variant ? A priori, non : le risque d'expansion d'un nouveau variant est le même en Europe ou en Amérique du Nord qu'en Chine, car l'épidémie n'est terminée dans aucune zone du Globe. C'est du moins l'avis de Brigitte Autran, immunologue et présidente du COVARS qui a succédé au Conseil scientifique. De plus, le risque qu'un voyageur chinois contamine la population française lors de son arrivée en France est plus faible que le risque de contamination par un Français puisqu'il y a encore plus de 300 000 Français susceptibles de transmettre le virus (à moins qu'il n'y ait plus de 300 000 voyageurs chinois arrivant en France en une semaine).

Il serait très prétentieux de dire qu'on en a fini avec l'épidémie de covid-19 en France, d'autant plus que le nombre de décès est encore très élevé chaque jour, mais on peut raisonnablement (et prudemment) penser que la population française a su s'adapter et vivre avec le covid-19 en reprenant ses habitudes de vie antérieures au covid-19. Ce qui est une très bonne nouvelle... jusqu'à une nouvelle alerte.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (12 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Covid-19 : où en est l'épidémie en France au 12 janvier 2023 ?
Réintégration du personnel soignant non-vacciné.
Vaccination contre le covid-19 : l'égarement du gouvernement.
Covid-19 : le Père Noël va-t-il devoir surfer sur la 9e vague ?
Contagion.
La sécurité des personnes face aux dangers : meurtres, route, covid-19, environnement, climat...
Covid-19 : alerte au sous-variant BQ1.1 !
Covid-19 : faut-il s'inquiéter de la vague de la rentrée 2022 ?
Le covid-19 a-t-il disparu ?
Covid-19 : une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
Covid-19 : 150 000 décès en France et l’omicron BA.5 en pleine hausse.
Attention, le covid-19 est de retour !
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Covid : fin des restrictions sanitaires et extrême vigilance.
Inquiétudes covidiennes : la pandémie est-elle vraiment terminée ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230112-covid-gb.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/covid-19-ou-en-est-l-epidemie-en-246026

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/01/07/39772685.html






 

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9 décembre 2022 5 09 /12 /décembre /2022 04:31

« Une recommandation n'est pas une interdiction pour les autres. Donc toute la population peut se faire vacciner. » (Brigitte Autran, le 6 décembre 2022).



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Ces trois derniers jours, c'est le retour des mauvais jours : +105 516 nouveaux cas le mardi 6, +75 752 nouveaux cas le mercredi 7 et 71 597 nouveaux cas le jeudi 8 décembre 2022. C'est vraiment reparti ; la 9
e vague de covid-19 a dépassé depuis quelques jours la 8e vague. Elle sera dévastatrice, principalement pour le système hospitalier : près 22 000 patients actuellement hospitalisés pour cause de covid-19 et plus de 1 200 personnes en réanimation pour covid-19. Il faut hélas s'attendre à de nombreux décès dans les semaines à venir, plus d'une centaine par jour.

Si la campagne de la primovaccination a été un grand succès en France en 2021, avec un taux de vaccination de 94,7% pour les personnes de 12 ans et plus, les campagnes pour les rappels de vaccination laissent beaucoup à désirer. La faute à qui ? Principalement au gouvernement dont la communication a été défaillante.

Ce n'est que depuis quelques jours que le gouvernement a pris la mesure du désastre. Peut-être à cause des risques de coupures d'électricité, de l'inflation galopante, des problèmes récurrents sur les carburants, le gouvernement n'a pas voulu ni oser rajouter une nouvelle source d'anxiété. Mais il y a une urgence face à une épidémie qui reprend de l'ampleur, alors que nous avons maintenant les outils pour se protéger : le port du masque et la vaccination.

Que sait-on du vaccin ? En gros, qu'au bout de trois à six mois, son efficacité diminue énormément. Des améliorations ultérieures pourraient être envisageables dans le futur, mais ce n'est pas pour maintenant. Si on ne fait pas un rappel tous les six mois, cela veut dire qu'on est très mal vacciné. La vaccination, je le rappelle, empêche les formes graves de la maladie et réduit la charge des hôpitaux (et des morgues). D'où l'importance de faire des rappels régulièrement.

Le contexte de forte vague nécessite donc un renforcement de la vaccination. Or, au 28 novembre 2022, selon Santé publique France, seuls 7,2% des 60-79 ans et 9,4% des 80 ans et plus avaient reçu une dose de rappel. Au 5 décembre 2022, ces deux proportions sont passées respectivement à 8,8% et 11,2%.

Dans une telle situation, la parole gouvernementale est essentielle. C'est d'autant plus important que les rappels de vaccination sont désormais fait avec des vaccins bivalents, équivalent à la première génération mais aussi qui agit sur les sous-variants omicron (B.4 et B.5), donc beaucoup plus efficaces que les premiers.

Il suffit de voir d'ailleurs comment, en quelques jours, le début d'une communication gouvernementale est parvenue déjà à faire redresser la courbe des vaccinations (nombre d'injections par jour).

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J'ai bien compris que le gouvernement ne voulait ni rendre obligatoire à nouveau le port du masque dans certains lieux, ni revenir au passe vaccinal, car les Français sont suffisamment cernés de toutes sortes de contraintes et obligations. Cela signifie cependant que la responsabilité soit hautement encouragée. Et pas de responsabilité si on ne donne pas de consignes claires et simples aux Français. C'est là la défaillance du gouvernement. Il a fallu attendre la séance des questions au gouvernement du 6 décembre 2022 pour voir tous les ministres portant de nouveau un masque dans les travées de l'hémicycle du Palais-Bourbon. Quant à la vaccination, le Ministre de la Santé et de la Prévention François Braun a lancé un « appel solennel à la vaccination » seulement le 4 décembre 2022, alors que cela fait plus d'un mois qu'on savait que la vaccination patinait.

Même les pharmaciens, les principaux acteurs de la vaccination aujourd'hui, sont parfois dans l'hésitation à interpréter les consignes gouvernementales, car qui peut aujourd'hui vraiment répondre à la question : qui a droit au second rappel du vaccin ? Tout le monde ou seulement les personnes fragiles et leurs proches ?

Pierre-Olivier Variot, le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officines, a demandé au gouvernement une clarification sur franceinfo le 6 décembre 2022 : « On doit pouvoir vacciner tout le monde mais les consignes ne sont pas forcément très claires (…). On a besoin d'une consigne claire du ministère, sous la forme d'un DGS-Urgent par exemple disant "vaccinez tous les gens qui vont vous le demander". La cible reste les plus fragiles, mais on doit pouvoir vacciner tout le monde. Il faut qu'on ait un écrit clair. ».

Un DGS-Urgent est un message adressé à tous les professionnels de santé, le dernier a été envoyé le 21 novembre 2022 qui détaillait la cible de la campagne d'automne du vaccin anti-covid : « les personnes vivant dans l'entourage ou en contact régulier avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables (…), [par exemple] une personne jeune, sans comorbidité, qui voit régulièrement des proches dans la cible ».

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Interrogé par franceinfo le 6 décembre 2022, la docteure Brigitte Autran a dit les choses sans ambiguïté. Qui est-elle ? La présidente du COVARS, le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, qui succède au Conseil scientifique présidé par le professeur Jean-François Delfraissy mis en place au début de la crise sanitaire. Elle a plaidé pour des « encouragements extrêmement forts à renforcer le port du masque » dans les transports et les lieux clos.

Pour la vaccination, Brigitte Autran a appelé toute la population à faire son rappel : « Actuellement 2,5 millions de doses de rappel ont été injectées (…). La recommandation est destinée aux personnes les plus fragiles, celles qui ont plus de 60 ans, celles qui ont des maladies qui les rendent fragiles, et leur entourage. La personne qui vit avec. Mais une recommandation n'est pas une interdiction pour les autres. Donc toute la population peut se faire vacciner. Vous pouvez le faire. ». Dit comme cela, c'est clair, mais elle n'est pas aux responsabilités. Ce serait mieux si un ministre le disait lui-même.

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Brigitte Autran a néanmoins rappelé le schéma vaccinal à respecter : « Cette campagne automnale fait suite à la campagne qui, jusqu'au 30 septembre, consistait à faire un deuxième rappel. Il y a donc certaines personnes qui se sont vaccinées il y a moins de six mois et qui ne sont pas encore éligibles à ce nouveau rappel. Ce rappel n'est utile que si on a un délai d'au moins six mois depuis la dernière vaccination et pour les personnes de 80 ans, d'au moins trois mois. Il ne faut pas le faire de façon plus rapprochée, sinon le rappel ne servirait à rien. ».

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Le lendemain, le 7 décembre 2022, la Première Ministre Élisabeth Borne, invitée de RTL, a affirmé : « Il faut vraiment se faire vacciner. Si vous allez chez votre pharmacien et que vous dites "je vais voir ma grand-mère pendant les vacances", alors vous avez accès gratuitement au vaccin. Il faut que chacun y aille, il faut être attentif pour les personnes fragiles en se faisant vacciner si on doit aller voir sa famille pendant les fêtes. ».

La période des fêtes de fin d'année est normalement un moment propice de joies et de bons vœux, le meilleur moyen de se préparer, le meilleur moyen que cela ne devienne pas une période funeste, c'est en particulier d'être à jour dans sa vaccination.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (08 décembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Vaccination contre le covid-19 : l'égarement du gouvernement.
Réintégration des personnels soignants suspendus pour cause de non-vaccination.

Covid-19 : le Père Noël va-t-il devoir surfer sur la 9e vague ?
Contagion.
La sécurité des personnes face aux dangers : meurtres, route, covid-19, environnement, climat...
Covid-19 : alerte au sous-variant BQ1.1 !
Covid-19 : faut-il s'inquiéter de la vague de la rentrée 2022 ?
Le covid-19 a-t-il disparu ?
Covid-19 : une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
Covid-19 : 150 000 décès en France et l’omicron BA.5 en pleine hausse.
Attention, le covid-19 est de retour !
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Covid : fin des restrictions sanitaires et extrême vigilance.
Inquiétudes covidiennes : la pandémie est-elle vraiment terminée ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221208-covid-fz.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/vaccination-contre-le-covid-19-l-245436

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