Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 04:17

« Oh là là, comment ai-je pu te résister ?
(…)
Oh là là, combien tu m'as manqué !
Oui, j'ai eu le cœur brisé,
J'ai été triste depuis le jour où on s'est séparés,
Pourquoi, pourquoi t'ai-je laissé partir ?
(…)
Oh là là, je ne pourrais jamais te laisser partir ! »
(ABBA, "Mamma Mia !", septembre 1975).





_yartiABBA04

C'était il y a cinquante ans. Un samedi, comme en 2024. À Brighton, le samedi 6 avril 1974 a eu lieu la 19e édition du concours d'Eurovision de la meilleure chanson. Dix-sept pays ont participé à la compétition. Pas la France : pourtant, elle avait sélectionné la chanson de Dani ("La Vie à 25 ans"), mais la mort du Président Georges Pompidou et son enterrement le jour du concours ont empêché cette participation, et la diffusion de l'émission en France a eu lieu avec trois jours de différé. A participé une chanteuse qui n'était pas encore la star mondiale qu'elle allait devenir quatre ans plus tard, Olivier Newton-John, représentant le Royaume-Uni, qui a été classée quatrième. Et en premier, très largement, le groupe ABBA pour sa chanson "Waterloo".

Cette victoire fut le véritable amorçage de la carrière internationale de ce groupe suédois devenu mythique, alors qu'il était encore peu connu. Beaucoup de ses chansons ont fait le tour du monde et "Waterloo" fait partie des chansons les plus écoutées. Entre 1972 et 1982, la durée du groupe, ABBA aurait vendu plus de 400 millions de disques (dont 180 millions certifiés). Certes, cela ne vaut pas les Beatles (600 millions de disques vendus), ni Elvis Presley (500 millions), ou encore Michael Jackson (500 millions millions). Cela reste toutefois impressionnant.

Composé de quatre personnes, deux femmes et deux hommes, ou plutôt, deux couples : Agnetha Fältskog (née en avril 1950) et Björn Ulvaeus (né en avril 1945), et Anni-Frid Lyngstad (Frida, née en novembre 1945) et Benny Andersson (né en décembre 1946), le groupe ABBA (reprenant l'initiale des prénoms) s'est formé le 1
er novembre 1971 à Stockholm. Le premier disque enregistré est sorti le 1er juin 1972 (avec "People Need Love").


Très typés dans des costumes excentriques dignes des pires années kitsch, celles des gros cols et des pat' d'éléphant, aux couleurs et style des Bogdanoff, les membres du groupe ont créé une identité très forte et ont été parmi les premiers à réaliser des vidéo-clips.

La notoriété du groupe a explosé avec sa victoire à Eurovision (ce qui est finalement assez rare), et ses chansons ont envahi le monde entier pendant la période disco (des années 1970). Si vous aviez entre 10 et 30 ans au milieu des années 1970, ABBA doit vous dire quelque chose !


Le risque des couples est la séparation, ce fut le cas pour ces deux couples séparés dans la vie privée le premier en 1979 et le second en 1981. L'envie de créer ensemble s'est progressivement éteinte. Le dernier album est sorti le 30 novembre 1981. Les quatre artistes ont tenu leur dernière journée en studio en août 1982 et le 11 décembre 1982, ils sont apparus pour la dernière fois ensemble dans une émission de télévision. Sans l'officialiser formellement, le groupe s'est disloqué pour laisser à chacun le désir de poursuivre une carrière individuelle.

Toutefois, en 2016, ils ont renoué et en avril 2018, ils ont annoncé l'enregistrement de nouveaux titres, puis d'un nouvel album qui est sorti le 5 novembre 2021. Le groupe s'est même produit sur scène le 27 mai 2022, mais pas en vrai, avec des hologrammes de leurs personnages jeunes des années 1970 (les membres avaient alors autour de 75 ans).

Pendant ces quarante ans d'absence, toute une ABBA-mania s'est développée à travers la planète. Deux films inspirés du groupe ABBA sont sortis, les comédies musicales "Mamma Mia !" de Phyllida Lloyd (sortie le 10 juillet 2008) avec Meryl Streep, Amanda Seyfried, Pierce Brosnan, Colin Firth, Stellan Skarsgard, Julie Walters et Christine Baranski, puis "Mamma Mia! Here We Go Again" d'Ol Parker (sortie le 18 juillet 2018) avec, en plus, Lily James et Cher.

On peut réentendre les grands succès d'ABBA sur Internet.
En voici quelques-uns...


1. "People Need Love" (1972)






2. "Waterloo" (1974)






3. "SOS" (1975)






4. "Mamma Mia !" (1975)






5. "Dancing Queen" (1976)






6. "Money, Money, Money" (1976)






7. "The Name of the Game" (1977)






8. "Take a Chance On Me" (1977)






9. "Chiquitita" (1979)






10. "Gimme ! Gimme ! Gimme !" (1979)






11. "Super Trouper" (1980)






12. Documentaire 50 ans 1972-2022 (en anglais)






13. Compilation (3 heures 21)



 



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 avril 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
ABBA.
Fanny Ardant.
Alain Bashung.
Alain Chamfort.
Micheline Presle.
Plastic Bertrand.
Jacques Dutronc.

Françoise Hardy.
Guy Marchand.
Maria Callas.
Catherine Deneuve.
Gérard Depardieu.
Stéphanie de Monaco.
Jane Birkin.
Fernand Raynaud.
Marcel Zanini.
Patricia Kaas.
Kim Wilde.

_yartiABBA01

 



https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240406-abba.html







 

Partager cet article
Repost0
21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 04:12

« C'est magnifique de pouvoir tout d'un coup inventer une chose qu'on aurait aimée. (…) Dans ces mensonges, on va peut-être avoir l'occasion de s'infiltrer pour dire une vérité. » (Fanny Ardant dans "Apostrophes", émission animée par Bernard Pivot).


 


L'actrice française Fanny Ardant fête son 75e anniversaire ce vendredi 22 mars 2024. Celle qui a incarné à la fois la liberté absolue, la jeunesse, hors des codes, est-elle devenue une vieille dame ? Sûrement pas ! « Depuis que je suis une petite fille, j’ai l’impression d’avoir mille ans ! », confiait-elle à Pierre Mathieu dans "La Dépêche" le 24 novembre 2013.

En tout cas, elle n'a pas peur de se montrer âgée. Elle n'a jamais été convaincue par la chirurgie esthétique (tant pis pour Olivier Véran !) et c'est pour cette raison qu'elle a été recrutée par la réalisatrice Carine Tardieu pour son film "Les Jeunes Amants" (sorti le 2 février 2022) où une femme de 71 ans, veuve, rencontre l'amour avec un homme marié de 45 ans (avec Melvil Poupaud, Cécile de France et Florence Loiret Caille). C'est sa mère et sa grand-mère qui l'ont toujours convaincue d'assumer son âge. Pourtant, Fanny Ardant n'a pas toujours accepté son corps. Adolescente, elle se croyait laide et se maquillait à outrance. De même qu'elle n'a jamais voulu dévoiler sa nudité derrière la caméra, ce qui est assez rare pour une actrice d'une telle importance (« Je ne me suis jamais montrée nue à l'écran. C'est un truc personnel, je ne porte aucun jugement, mais si pour certains le rapport au corps est clair et net, pour moi, il l'est beaucoup moins. (…) La nudité totale filmée, c'est trop réaliste. D'un seul coup, on considère le corps de l'autre. Ce n'est plus le corps du personnage, c'est celui de l'actrice. » disait-elle à Léa Cardinal dans "Gala" le 27 janvier 2022). On la retrouve toujours avec des bagues à chaque doigt, une croix tatouée sur une paume, deux yeux hypermaquillés, etc.

Dans son documentaire diffusé sur Arte le 27 septembre 2023, le réalisateur William Karel, qui a eu la chance d'avoir aussi été le photographe de François Truffaut pour ses deux derniers films, toujours excellentissimes, "La Femme d'à côté" (sorti le 30 septembre 1981) avec Gérard Depardieu et Henri Garcin, et "Vivement dimanche !" (sorti le 10 août 1983) avec Jean-Louis Trintignant, qui ont été les deux premiers grands films de l'actrice en rôle principal, William Karel l'a décrite comme un ovni du cinéma français : « Elle a continué à s'affranchir des codes comme aucune autre, jusqu'à incarner dans le cinéma français une figure de liberté, une actrice à part, insaisissable, incandescente, rebelle dans l'âme, imprévisible et anticonformiste. ».

Elle se prenait tellement au jeu de la caméra et de son anticonformisme singulier qu'elle a proposé à Williarm Karel qui voulait faire un documentaire sur elle d'en faire un complètement faux, en quelque sorte, de construire une fake-news ! Et en effet, elle s'est mise à évoquer son enfance, une fausse enfance, avec un faux papa qui aurait été accessoiriste, ce qui lui aurait permis de jouer le bébé du landau qui roulait sur les marches du grand escalier dans le film culte d'Eisenstein "Le Cuirassé Potemkine", etc. La tromperie est très grosse puisque les dates ne coïncident pas, elle n'est née qu'en 1949 alors que le film est sorti le 24 décembre 1925, mais c'est justement sa pudeur de se retrancher derrière un masque, derrière une histoire fausse, derrière une vérité alternative... (chaque scénario de fiction est une vérité alternative, c'est le quotidien d'un comédien).

Son regard mystérieux donne une sorte de parallèle avec les hommes : elle est à Catherine Deneuve ce que Jean-Louis Trintignant est à Alain Delon. On a redécouvert d'ailleurs les relations tumultueuses entre Fanny Ardant et Catherine Deneuve dans le très intéressant film de François Ozon, "Huit femmes" (sorti le 6 février 2002), avec aussi Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart, Danielle Darrieux, Ludivine Sagnier, Virginie Ledoyen, Firmine Richard, etc.

Fanny Ardant a sans doute été la première actrice à laquelle j'étais secrètement amoureux, comme de nombreux de mes congénères ! Sa diction parfaite (qu'elle a utilisée pour des séances de lecture et pour le théâtre), avec ce petit air d'aristocrate, appuyé de ce regard si profond et secret, m'avait définitivement conquis. Elle était ce qu'on pouvait dire "classe" ! Peut-être aussi parce qu'elle est la première femme (la seule ?), à ma connaissance, qui apprécie le désordre, les fouillis ?

 


Aristo, elle l'était un peu puisque son père, officier de cavalerie, était un grand copain du prince Rainier de Monaco où elle a passé son enfance. Honteuse de sa haute taille, elle se réfugia, solitaire, dans la lecture devenue sa passion (elle habite près d'une librairie) et son seul rêve était de déclamer la littérature, de jouer au théâtre, de sortir ces tirades parfois longues comme pour sortir de tous ses complexes d'adolescente. Et son père l'a accepté, cette famille aisée mais stricte (elle a été scolarisée dans un pensionnat sévère qui lui a donné le goût de la rébellion et surtout de la liberté, le même que celui de Caroline de Monaco) qui lui a permis de faire des études au conservatoire après ses années à l'Institut d'études politiques (IEP) d'Aix-en-Provence. Le théâtre, au début, était donc plus une activité annexe alors qu'elle comptait avoir un vrai métier avec son diplôme de sciences politiques en relations internationales en poche.

Elle a eu sa chance avec Nina Companeez pour une série télévisée, "Les Dames de la côte" (diffusé à partir du 22 décembre 1979 sur Antenne 2, avec Michel Aumont, Edwige Feuillère, Hélène Vincent, Hélène Duc, Francis Huster, Denise Grey, Françoise Fabian, etc.) qui a très bien marché. Mais c'est avec François Truffaut, foudroyé par un coup de foudre en voyant cette série télévisée, qu'elle a amorcé sa carrière de star. Il voyait en Gérard Depardieu, acteur simple qui est en fait un homme compliqué, et en Fanny Ardant, actrice compliquée qui est en fait une femme simple, un couple particulièrement original et riche en ambiguïté, qui a fait de cette histoire terrible dans une banlieue lointaine de Grenoble, "La Femme d'à côté", un grand classique du cinéma français.

Ce fut le grand amour, hélas gâché par un cancer du cerveau qui a emporté le grand réalisateur à seulement 52 ans. Dans "Le Monde" du 14 mars 2021, Fanny Ardant revenait sur François Truffaut : « Il y avait chez François Truffaut ce que j'ai toujours aimé chez les êtres passionnés par ce qu'ils font, ce qu'ils disent, ce qu'ils sont. François était un outsider, quelqu'un qui s'était fait tout seul, il n'avait pas de snobisme, il ne cherchait pas à plaire, il ne se vendait pas. Comme moi, il mettait l'amour au-dessus de tout. Il m'a réconciliée avec la douceur. Il m'a appris qu'on pouvait être doux et passionné à la fois, avoir des fêlures, des excès. Il est mort et tout a sombré. (…) Très jeune, l'idée de la mort m'a accompagnée, peut-être à cause de mon éducation religieuse. Je n'ai pas attendu de la connaître pour savoir qu'elle arrivait très vite, j'ai toujours eu le sentiment de l'éphémère. Pourtant, il y a eu un avant et un après. C'est comme si j'avais mis longtemps à plonger et que quand j'avais réussi à le faire, la piscine s'était vidée. Je me suis fracassée. ». Truffaut lui a laissé quand même une fille, Joséphine, deuxième d'une "fratrie" de trois filles.

Elle a reçu, entre autres récompenses, le César 1997 de la meilleure actrice pour "Pédale douce" de Gabriel Aghion (sorti le 27 mars 1996, avec Patrick Timsit, Richard Berry, Michèle Laroque, Jacques Gamblin, etc.), l'Ours d'argent de la meilleure contribution artistique à la Berlinale de 2002 pour "Huit femmes" (pris partagé avec les sept autres actrices), le César 2020 de la meilleure actrice dans un second rôle pour "La Belle Époque" de Nicolas Bedos (sorti le 6 novembre 2019, avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Pierre Arditi, Doria Tillier, Denis Podalydès, etc.). Elle a eu en outre six autres nominations pour les Césars et deux nominations pour les Molières.

L'exquise marquise Fanny a eu de la chance, dans sa carrière : « Mon seul luxe, ma seule liberté, c'est de n'avoir fait que des rôles que j'aimais. Donc, chaque fois que j'allais sur un plateau de cinéma, j'étais très heureuse. C'était une joie intense. ». Au cinéma, au programme, beaucoup de réalisateurs prestigieux : François Truffaut, Alain Resnais, Anne Fontaine, Claude Lelouch, Nadine Trintignant, Costa-Gabras, Michel Deville, Claude Berri, Sydney Pollack, Patrice Leconte, Diane Kurys, François Ozon, Jean Becker, etc.

Mais aussi à la télévision, souvent avec Josée Dayan (elle a joué Alexandra Federovna dans "Raspoutine" diffusé le 25 décembre 2011 sur France 3, avec Gérard Depardieu dans le rôle de Raspoutine), etc. Elle a fait aussi beaucoup de théâtre (de 1976 à 2019), elle a chanté, lu des textes (elle a enregistré une quinzaine de livres audio)... et a même participé au clip de "Madame rêve" d'Alain Bashung en 1990. Enfin, elle a réalisé quatre films donc "Le Divan de Staline" (sorti le 13 novembre 2016) avec Gérard Depardieu et Emmanuel Seigner.

L'actrice admire énormément la philosophe Simone Weil et Marguerite Duras. Elle refuse aussi la demi-mesure : « Je refuse ce que j’appelle le "complexe de la caisse d’épargne", cette petite réserve à côté, au cas où. J’aime la phrase de Bernanos  : "J’ai compris que vivre était un risque mais que c’était un risque à courir". C’est encore plus vrai à notre époque, où on cherche à traverser la vie et ses combats sans douleur. Tout ce qui m’a bouleversée dans la vie m’a donné envie de vivre encore plus ou de mourir tout de suite. » (22 novembre 2023 dans "Vanity Fair").

Fanny Ardant n'hésite pas à choquer par des déclarations qui peuvent sembler intempestives simplement parce qu'elle est mue par un sentiment d'extrême liberté. Parfois, elle, qui se sent simple et ordinaire, ne se rend pas compte que sa parole compte plus d'autres, en tout cas, plus qu'elle ne le pense et qu'elle devrait faire preuve d'un peu plus de prudence. Ainsi en est-il de l'expression de son antiaméricanisme et de son soutien à la Russie en 2017, sans rien connaître ni surtout comprendre la géopolitique (elle l'a reconnu : à chacun son métier, mais alors, pourquoi évoque-t-elle ces sujets ?).


On lui reprocha aussi ses fidélités à des anciennes stars du cinéma qui sont maintenant controversées : elle a soutenu ainsi Roman Polanski en 2022, Gérard Depardieu en 2023 (« Si vous trahissez votre ami, vous êtes une balance ! »), etc.
 


Interviewée par "Vanity Fair", Fanny Ardant a convenu qu'elle aimait les clivages : « C’est au cours de mes études à l’université que j’ai rencontré des camarades, des adversaires ou des alliés dans la façon de penser le monde, la politique. Une des grandes richesses de l’être humain, c’est la conversation. J’aime la dialectique. Même s’engueuler : quand on se dispute, il faut nourrir et étayer sa pensée pour argumenter et convaincre... S’exposer dans le verbe, se lancer dans la polémique, ça architecture la pensée, dès le plus jeune âge. (…) Toutes les conversations, les argumentations, les disputes me passionnent... J’ai toujours aimé parler à un enfant. Je mets toute ma force à leur faire aimer les loups. "Oui mais ils mangent les autres". "Et toi, tu manges bien du poulet". Plus difficile, j’essaye de leur faire aimer Dracula. "Mais tu le connais, Dracula ?" ils me demandent. "Oui, les jours de grand vent, j’entends quelqu’un qui frappe à ma fenêtre, j’ouvre, et là il y a Dracula qui dit  : 'Je veux entrer'. Et tu sais, il m’a dit que si j’avais n’importe quelle sorte de problème, il viendrait m’aider". Alors après, si je prends le métro avec cet enfant, et s’il me dit  : "Mais pourquoi tu t’assieds pas là  ?", je lui dis  : "Parce qu’il y a Dracula". Donc lui, sur ce strapontin vide, il ne s’assied pas, jamais. » (22 novembre 2023).

L'un de ses derniers films est sorti le 20 décembre 2023, "Ma France à moi" de Benoît Cohen ; elle joue une veuve, la vraie mère du réalisateur, qui prend sous son aile un réfugié afghan. Mais ce n'est pas son dernier film sorti puisqu'il y a aussi "Les Rois de la piste" de Thierry Klifa sorti le 13 mars 2024, avec Mathieu Kassovitz, Laetitia Dosch et Michel Vuillermoz ; Fanny Ardant y joue une sorte de mamie arnaqueuse chef de gang. Et elle a encore d'autres films en préparation pour continuer de faire rayonner son magnétisme fatal...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Fanny Ardant.
Alain Bashung.
Alain Chamfort.
Sophia Aram.
Plastic Bertrand.
Micheline Presle.
Sarah Bernhardt.
Jacques Tati.
Sandrine Bonnaire.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Comment va Alain Delon ?
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.













https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240322-fanny-ardant.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/fanny-ardant-singuliere-et-absolue-253353





 

Partager cet article
Repost0
14 mars 2024 4 14 /03 /mars /2024 04:27

« Souhaitons-nous une année resplendissante ! » (28 février 2009).


 


Cela fait exactement quinze ans, le 14 mars 2009, que l'auteur compositeur interprète français Alain Bashung est parti sur la pointe des pieds des suites d'une méchante maladie, une qui est sans pitié et qui est si répandue hélas. À 61 ans, il laissait une œuvre musicale importante, une quinzaine d'albums, et surtout, des admirateurs innombrables qui n'ont toujours pas compris ce méchant coup du destin.

Il faut dire que quelques jours auparavant, le 28 février 2009, c'était comme une montagne d'honneurs et d'émotions qui s'était dressée devant lui. À la soirée des Victoires de la Musique, il a remporté trois victoires, grâce à son dernier album enregistré en 2008 ("Bleu pétrole") et à sa tournée, une entreprise complètement folle et inconsciente pour laquelle il avait embarqués quelques amis et collaborateurs. En tout, d'ailleurs, il a reçu quatorze Victoires de la Musique, soit un record pour cette récompense, dont deux à titre posthume (deux albums sont sortis en 2011 et 2018). Le 1er janvier 2009, on lui attribuait aussi la Légion d'honneur, mais je doute qu'il en fît une montagne.

S'il a enregistré son premier disque en 1966, ce n'est qu'à partir du début des années 1980 qu'il a réellement décollé avec deux grands succès, "Gaby Oh Gaby" puis "Vertige de l'amour" (500 000 exemplaires vendus pour l'album "Pizza"). Indépendant, il n'hésita pas à prendre des risques artistiques tout au long d'une carrière musicale qui a parfois étonné. Voici une quinzaine de pensées musicales en attendant de le rejoindre...


1.
"Gaby Oh Gaby" (1980)






2. "Vertige de l'amour" (1981)
 






3. "Reviens va-t-en" (1981)






4. "Chaque nuit bébé" (1983)






5. "Camping Jazz" (1986)






6. "Tu touches pas à mon pote" (1986)






7. "Les européennes" (1986)






8. "Osez Joséphine" (1991)






9. "Madame rêve" (1991)






10. "Ma petite entreprise" (1994)






11. "La nuit je mens" (1998)






12. "2043" (1998)






13. "Ode à la vie" (1998)






14. "Bleu pétrole (album)" (2008)

 

 


15. "Immortels" (2018)






16. "Un jour, un destin" (12 décembre 2023)


 


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Alain Bashung.
Alain Chamfort.
Micheline Presle.
Plastic Bertrand.
Jacques Dutronc.

Françoise Hardy.
Guy Marchand.
Maria Callas.
Catherine Deneuve.
Gérard Depardieu.
Stéphanie de Monaco.
Jane Birkin.
Fernand Raynaud.
Marcel Zanini.
Patricia Kaas.
Kim Wilde.

 

 





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240314-bashung.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/alain-bashung-si-tu-me-quittes-est-253169





 

Partager cet article
Repost0
2 mars 2024 6 02 /03 /mars /2024 04:49

« J'ai souhaité rester discret car je ne voulais pas attirer la compassion et changer les regards sur moi. Je voulais vivre cette expérience de façon extrêmement intime. » (novembre 2019).




 


Pendant trois ans, entre 2016 à 2019, il a gardé le silence sur une grave maladie dont il est désormais guéri. Le chanteur français Alain Chamfort (Alain Le Govic à l'état-civil) fête son 75e anniversaire ce samedi 2 mars 2024. Pianiste à l'origine, il est principalement l'interprète et le compositeur de ses chansons, plus rarement le parolier.

Il a commencé sa carrière en 1966, et a décidé de l'achever cette année 2024, par son seizième et dernier album "L'Impermanence" qui sortira le 22 mars 2024, et ce sera son point final, dans une collaboration avec Sébastien Tellier qui le produit. Rescapé des années 1970 et 1980, Alain Chamfort a rebondi plusieurs fois avec une diversité de style et de nombreuses collaborations avec plusieurs de ses collègues. On le qualifie souvent de dandy de la chanson française.

À ses débuts dans la région parisienne, il a croisé Jacques Dutronc qui l'a gardé quelques années comme pianiste pour quelques chansons comme "J'aime les filles" (à la fin des années 1960). Il en a profité pour enregistrer quelques disques qui n'ont pas eu de succès. Au début des années 1970, Claude François l'a découvert, surtout pour composer des chansons. Alain Chamfort, prenant un pseudonyme qui ne soit pas trop marqué géographiquement, est devenu aussi interprète et a enregistré son premier album en 1972 dans la maison de disque de Claude François. Pendant quatre ans, il a eu du succès mais ce type de chansons ne lui correspondait pas.

En 1976, Alain Chamfort a rompu avec Claude François et démarra une carrière en solo, dans une autre maison de disque, avec des chansons qui lui correspondaient. Sa rencontre avec Serge Gainsbourg fut alors révélatrice de son talent : à Gainsbourg les paroles, à lui la musique et l'interprétation. D'autres l'ont aussi aidé pour les paroles, principalement, Jean-Michel Rivat et Jacques Dewall.

Son plus grand succès fut "Manureva" sorti le 15 septembre 1979. Il a eu du mal à trouver les paroles avec Serge Gainsbourg jusqu'à ce que ce dernier imagina une chanson en hommage au navigateur Alain Colas disparu en mer le 16 novembre 1978 au bord de son bateau baptisé Manureva. Disque d'or, en tête du hit-parade en France (2e au classement en 1980), "Manureva" a été vendu à plus d'un million d'exemplaires. Alain Chamfort est alors placé comme un grand de la chanson française. Cela lui a permis de rester libre et de se diversifier.


Au début des années 1980, plusieurs "tubes" furent de nouveaux succès d'Alain Chamfort après "Manureva", comme "Géant" (celui que je préfère), intégré dans son album "Poses" sorti le 1er octobre 1979, écrit par Jean-Michel Rivat, qui fut vendu à plus de 150 000 exemplaires. "Géant" est une chanson en hommage à sa fille de 2 ans et demi, Clémentine (né le 11 mai 1977). D'autres chansons ont cartonné, comme "Bambou" sortie avec l'album "Amour année zéro" le 15 mai 1981, écrite par Serge Gainsbourg et vendue à plus de 200 000 exemplaires, "Chasseur d'ivoire" (également écrite par Serge Gainsbourg et intégrée au même album). Jacques Duwall a écrit aussi "Paradis" et a commencé une collaboration de parolier très fructueuse avec Alain Chamfort.

Très prolifique, il a sorti quinze albums avant son dernier définitif dans quelques jours. Voici quelques morceaux choisis, parmi les plus connus et les plus entendus.



1.
"Le train de Moscou" (1972)





2. "Manureva" (1979)









3.
"Palais Royal" (1979)






4. "Géant" (1979)






5. "Bébé Polaroid" (1979)






6. "Bambou" (1981)






7. "Chasseur d'ivoire" (1981)












8. "Paradis" (1981)






9. "Bons baisers d'ici" (1983)






10. "Rendez-vous" (1983)






11. "Traces de toi" (1986)






12. "Souris puisque c'est grave" (1990)









13. "Clara veut le lune" (1993)






14. "Le grand retour" (2003)






15. "Les beaux yeux de Laure" (2004)






16. "Le désordre des choses" (2018)






17. "Exister" (2018)






18. "Tout est pop" (2018)






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Alain Chamfort.
Micheline Presle.
Plastic Bertrand.
Jacques Dutronc.

Françoise Hardy.
Guy Marchand.
Maria Callas.
Catherine Deneuve.
Gérard Depardieu.
Stéphanie de Monaco.
Jane Birkin.
Fernand Raynaud.
Marcel Zanini.
Patricia Kaas.
Kim Wilde.





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240302-alain-chamfort.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/alain-chamfort-star-discrete-253020





 

Partager cet article
Repost0
24 février 2024 6 24 /02 /février /2024 04:02

« Il y a dix albums, on retrouve tous les styles. Ce qui m'intéresse, c'est ma liberté. » (Plastic Bertrand, le 15 décembre 2020 sur France Inter).





_yartiBertrandPlastic01

Le chanteur belge Plastic Bertrand fête ses 70 ans ce samedi 24 février 2024. Pas si vieux que ça, dirons-nous pour celui qui, de silhouette comme de gueule, est resté toujours un jeune ado. Tout en lui semble un peu artificiel, ou plutôt article, et pourtant, il y a un peu de densité en lui au fil du temps. Les nostalgiques des années 1980 ne peuvent avoir qu'un peu de tendresse pour ce drôle de chanteur (qui ne s'est pourtant pas du tout arrêté au seuil des années 1980).

Drôle de nom déjà, plastique, comme cette décennie de l'essor de la société de consommation, du gadget tout-en-plastique fabriqué... à Hong-Kong à l'époque (ou Taïwan). Au départ, c'est l'histoire d'un passionné de musique, chanteur et batteur, qui officiait dans des petits groupes, les siens, le dernier Hubble Bubble (créé en 1973, il n'avait pas encore 20 ans). Il s'appelait encore Roger Jouret, né à Bruxelles.

Et puis, ce fut la chance de sa vie. Le croisement d'une autre trajectoire. En 1977, le producteur Lou Deprijck (mort l'automne dernier, le 19 septembre 2023) est mis au défi de produire la première chanson punk en français. Ce fut très vite "Ça plane pour moi" (composition et interprétation de Lou Deprijck et paroles d'Yvan Lacomblez), en reprenant le titre d'une chanson de Michel Delpech et en y mettant plus de fantaisie (on peut regarder ci-dessous la vidéo n°4 d'André Manoukian qui explique la genèse de cette chanson). Rythme saccadé et flux très rapide des paroles (je vous déconseille de choisir cette chanson pour un karaoké). Lou Deprijck a fait la maquette en 30 minutes, demandant à l'ingénieur son de faire aussi la guitare.

Mais son problème, c'est qu'il n'avait pas le look punk pour en faire un tube. Il est allé alors dans les cabarets, boîtes de nuit, et a découvert ce Roger Jouret qui pourrait faire l'affaire. La magie a opéré dès la sortie du disque le 1er décembre 1977 (face A : "Pogo Pogo" ; face B : "Ça plante pour moi"). Dès sa première émission de télévision, Plastic Bertrand a crevé l'écran et fait sauter l'audience (ah oui, on lui a aussi trouvé un pseudo, entre-temps). La carrière de Plastic Bertrand était lancée. Le jeune homme n'en est encore jamais revenu. Les millions sont arrivés immédiatement.

"Ça plante pour moi" a apporté la célébrité et la fortune à Plastic Bertrand à l'âge de seulement de 23 ans. Il a eu la grosse tête, a tout flambé comme un immature, a eu des problèmes fiscaux, mais il s'est redressé (et le fisc aussi) et a retrouvé le chemin de la raison et du travail grâce à sa famille, sa femme, ses deux enfants, puis ses deux petites-filles.

Ce fut ensuite d'autres tubes, aussi à succès, comme "Sentimentale moi" et surtout "Tout petit la planète", celle où va ma préférence, très représentative d'une époque, qui, finalement, pouvait se comprendre comme anticipant la future rigueur écologiste qui veut culpabiliser les passagers de vols aériens. Comme toujours avec Plastic Bertrand, ses morceaux sont un tout, les paroles (pas forcément les plus riches), le rythme, mais aussi le look (toujours décoiffé), la tenue (très colorée), le sourire, les yeux brillants, le mouvement.

Tout est un peu n'importe quoi chez lui, loufoque, déjanté. Il y a un petit air de folie de Richard Gotainer mais aussi d'autres inspirations. Plastic Bertrand a fait beaucoup de coopération internationale, il est connu très largement à l'étranger, des producteurs de cinéma ont intégré une de ses chansons dans leur bande originale (par exemple, il a fait équipe avec le grand Vladimir Cosma en 1985 pour "Astérix et la Surprise de César"), etc.

Et le loustic n'a pas fini, il a sorti son dixième album le 13 novembre 2020, en plein confinement pour cause de covid-19. "L'expérience humaine" recueille les adieux à la Terre d'un extraterrestre qui l'a aimée mais qui n'a jamais compris pourquoi tout y était compliqué.

Et Plastic Bertrand continue régulièrement à faire des concerts, à remplir des salles de spectacle (jusqu'en Chine l'été dernier !). Il a aussi ouvert une galerie d'art contemporain et a coopéré avec le musée d'art contemporain de Valenciennes (qui est une ville très culturelle). S'il a animé quelques émissions télévisées, il a aussi participé à une émission de téléréalité en 2005 avec d'autres anciennes stars déchues ("La Ferme des célébrités"), ce qui l'a conduit à faire gagner 60 000 euros à une association caritative, Perce-neige (fondée par Lino Ventura).

Plastic Bertrand a aussi tenu des concerts pour aider les Ukrainiens plongés dans une guerre sordide. Pas étonnant puisque sa mère est ukrainienne et son père français, lesquels se sont rencontrés dans un camp de concentration pendant la guerre (en 1942) : « Ils se sont croisés dans un camp de concentration, ont eu un coup de foudre et se sont enfuis jusqu'à Bruxelles. Par hasard. Il n'y avait pas beaucoup de sous à la maison, mais ils m'ont appris à être curieux et à refuser la paresse. J'ai essayé de transmettre cela à mes deux enfants, dont je suis très proche. », a-t-il précisé dans "Le Parisien" du 23 novembre 2020.

Trente ans après son succès de "Ça plane pour moi", on a découvert que finalement, la bande sonore n'était pas chantée par Plastic Bertrand mais était l'original de la maquette, chantée par Lou Deprijck. Cela ne fait pas de Plastic Bertrand un imposteur, puisque c'était Lou Deprijck lui-même qui lui avait demandé d'interpréter cette chanson sur scène et sur les plateaux de télévision. La collaboration avait duré pour les quatre premiers disques de Plastic Bertrand, mais ils se sont quittés fâchés pour toujours. Amer et écœuré, Plastic Bertrand a dit à "Libération" le 29 juillet 2010, à propos de Lou Deprijck : « Ce producteur m'a fait chanter dans tous les sens du terme ! ».

À ce jour, Plastic Bertrand a vendu plus de 20 millions de disques dans le monde entier et ses tubes sont vus par plus de 40 millions d'internautes. Il a été couronné par seize disques d'or et cinq disques de platine, et de nombreux prix dont le Grand Prix de l'Académie du Disque en France. En voici quelques illustres échantillons.


1. "Pogo Pogo" (1977)






2. "Ça plane pour moi" (1977)






3. "Ça plane pour moi" (version de la jeune chanteuse américaine Billie Eilish)






4. "Ça plane pour moi" (raconté par André Manoukian)






5. "Bambino" (1978)






6. "Tout petit la planète" (1978)






7. "Tout petit la planète" (version longue)






8. "Tout petit la planète" (version du 28 avril 2020 : confinement covid)






9. "Sentimentale moi" (1979)






10. "Hula Hoop" (1980)






11. "Stop ou encore" (1980)






12. "Jacques Cousteau" (1981)






13. "Plasticubration" (2003)






14. "L'expérience humaine" (2020)






15. Émission de Thierry Ardisson (2012)






Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (24 février 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Biographie officielle de Plastic Bertrand.
Plastic Bertrand.
Jacques Dutronc.

Françoise Hardy.
Guy Marchand.
Maria Callas.
Catherine Deneuve.
Gérard Depardieu.
Stéphanie de Monaco.
Jane Birkin.
Fernand Raynaud.
Marcel Zanini.
Patricia Kaas.
Kim Wilde.

_yartiBertrandPlastic05





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240224-plastic-bertrand.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/ca-plane-toujours-pour-plastic-252435

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/02/22/40214243.html








 

Partager cet article
Repost0
21 février 2024 3 21 /02 /février /2024 21:25

« Pendant longtemps une des trois stars préférées des Français avec Danielle Darrieux et Michèle Morgan, elle était aussi une des rares actrices établies qui donnèrent beaucoup à des cinéastes débutants. » (Anne Audigier, sur France Inter, le 21 février 2024).




_yartiPresleMicheline02

Elle a tourné son premier film (et lequel, "La Fessée" !) il y a quatre-vingt-sept ans. Elle est devenue une très grande star il y a près de soixante-dix-sept ans avec "Le Diable au corps", un film de Claude Autan-Lara avec Gérard Philipe. Micheline Presle, qui a été une actrice monument de la culture française (exportée aux États-Unis au début des années 1950), vient de s'éteindre ce mercredi 21 février 2024 à Nogent-sur-Marne où elle habitait. Elle allait avoir 102 ans cet été et avait plus de 150 films au compteur. C'est son gendre qui l'a annoncé à l'AFP.

Bombardée même femme de la modernité par ce film, "Le Diable qu corps" qui était politiquement incorrect pour au moins deux bonnes raisons de l'époque, l'adultère et le pacifisme (aujourd'hui, cela semblerait excessif), elle a accompagné l'évolution de la société par ses rôles emblématiques.

Les téléspectateurs français l'ont aussi découverte comme héroïne de la série télévisée "Les Saintes Chéries" de 1965 à 1971 (elle avait alors entre 43 ans et 49 ans), jouant dans le couple héroïque (ou hystérique ?) la femme de Daniel Gélin. C'était de l'humour et de la chronique sociale dans une époque de reconstruction politique et économique où la femme commençait à prendre son indépendance matérielle (les femmes peuvent gérer leurs biens seules, sans leur mari, depuis la loi du 13 juillet 1965). Le producteur Dominique Besnehard, qui l'avait regardé quand il avait 10 ans à la télévision, se souvenait d'elle dans sa chronique du 10 février 2019 sur France Inter : « Cette série me semblait plus dynamique et originale que ce que je voyais à l’époque. Je la trouvais en mère farfelue, foldingue et sexy, absolument épatante. L’image contraire de ma mère. Très vite, j’ai découpé les articles la concernant dans notre "Télé 7 jours" familial, la seule revue à laquelle nous étions abonnés. Je les ai collées sur la couverture de mes cahiers à spirale avec une étiquette : VEDETTE PRÉFÉRÉE. ».

À l'instar de quelques autres anciennes jeunes stars comme Simone Signoret, Michèle Morgan, Jeanne Moreau, Danielle Darrieux, Annie Girardot, j'en oublie (pour les disparues, mais il y a aussi Line Renaud et d'autres parmi les vivantes), Micheline Presle a voulu jouer la comédie jusqu'au bout, malgré les rides et la vieillesse, car elle voulait encore vivre et n'imaginait s'arrêter que lorsque son état l'y obligerait, bref, le contraire de Brigitte Bardot qui a voulu laisser l'image de jeunesse au cinéma (ce qui est d'ailleurs son droit le plus respectable). Elle a même joué son propre rôle comme "guest star" dans la série télévisée hopistalo-loufoque déjantée "H" avec les comiques Djamel Debbouze, Éric Judor et Ramzy Bedia (elle avait alors 76 ans). Elle a arrêté le cinéma à l'âge de 84 ans en 2016, après une carrière bien remplie de quatre-vingt et un ans ! (au diable la retraite à 64 ans !). Mais elle était aussi une découvreuse de talents, de nouveaux réalisateurs, de nouveaux producteurs, elle encourageait la profession à se renouveler, à innover, à initier, à recréer.

_yartiPresleMicheline04

Micheline Presle, qui ne manquait pas d'humour, a aussi participé au "Tribunal des flagrants délires" sur France Inter, jugée le 10 mai 1983. Son acte d'accusation était sans complaisance (le procureur n'était alors pas Pierre Desproges, mais Guénolé Azerthiope) :
« Tout au long de votre carrière, de votre vie, vous avez dérouté vos admirateurs, vos confrères et consœurs, les producteurs et les critiques. Après des débuts prometteurs, vous devenez l'une des plus grandes stars du cinéma français. Les meilleurs rôles vous sont offerts. On vous propose même, fait très rare, de choisir vous-même vos réalisateurs, scénaristes et partenaires. Mais vous préférez partir aux États-Unis, tout abandonner pour épouser l'homme de votre vie, à l'époque. À votre retour, après un temps de pénitence, dans le domaine professionnel on s'entend, la chance vous a souri dans des films que l'on appelle très commerciaux, avec, entre autres, Jean Gabin. Et non, vous préférez le théâtre. Vous faites un triomphe avec un feuilleton télévisé et au lieu de persévérer, vous partez rejoindre la troupe du Grand Magic Circus en tournant des premiers films d'inconnus en participation (…). ».

Wikipédia s'était intéressé à la mettre dans la catégorie des actrices centenaires encore en vie, et cite ainsi d'autres comédiennes encore de ce monde malgré leur âge plus que canonique (j'avoue n'en avoir connue aucune de nom) : la Belge Sabine André (plus de 110 ans et demi !), doyenne du monde des actrices (elle a tourné au cinéma de 1941 à 1966), la Britannique June Spencer (plus de 104 ans et demi), connue pour sa participation dans "The Archers", le feuilleton radiophonique (diffusé à la BBC) le plus long de l'histoire (plus de 20 000 épisodes depuis 1954), la Française Jacqueline Ferrière (102 ans et demi) connue pour les doublages notamment d'Ava Gardner, Jane Russel, Sophia Loren, etc., et la Britannique Annable Maule (101 ans et demi) qui a tourné entre 1938 et 1985.

Au-delà du seul métier d'acteur (ou actrice), il est notable que notre époque héberge beaucoup de personnes de grand talent devenues maintenant centenaires. Quand j'étais gosse, à l'école, on citait allègrement Fontenelle comme (rare) centenaire, ce qui était faux (il lui a manqué quelques semaines), laissant ainsi l'Académie française avec des Immortels qui n'avaient jamais été centenaires. Cela jusqu'à Claude Lévi-Strauss qui fut le premier centenaire académicien, d'autres allaient suivre, au moins un, René de Obaldia, et avant eux, Antoine Pinay était aussi connu pour être invité à la radio à son anniversaire, dépassant aussi le centenaire tout en commentant l'actualité politique avec un esprit encore alerte. À l'instar d'Edgar Morin qui ne comprend pas comment le temps passe plus vite que lui (103 ans cet été), on avait annoncé que la société allait voir ses centenaires croître exponentiellement, cela semble s'affirmer parallèlement aux personnes connues (il faudra se demander aussi à quel prix ? ou dans quel état ?).

_yartiPresleMicheline03

Mais revenons à Micheline Presle dont l'esprit vif était aussi jeune que ses années étaient nombreuses. Théâtre, cinéma, télévision, radio, elle a joué sur tous les supports, à tous les âges, donc, la jeune héroïne émouvante qui a marqué à vie de ses éclats le cinéma français jusqu'à la vieille grand-mère qui ne pouvait être que cela, plus longtemps, vu la tête de l'emploi, mais les yeux brillaient tellement.


Pourquoi ne pas retenir un navet, puisqu'elle en a tourné aussi, mais un film, même un téléfilm, sympathique, bon enfant, sans prétention, juste l'amour de la comédie, comme "Le Voyage de Pénélope" réalisé par Patrick Volson et diffusé le 26 mars 1996. Elle y jouait une vieille dame avec son complice, joué par Claude Piéplu, un petit couple de vieux qui ne voulaient pas s'ennuyer et qui ont pris leur liberté. Avec ces deux acteurs, le navet a brillé le temps de l'incandescence de leur jeu d'acteurs un tantinet cabotin. Et par ce message plein de tendresse sur la vieillesse : laisser les vieux libres !

Laissons encore Dominique Besnehard rappeler quelle fut cette femme si brillante qu'était Micheline Presle :
« Ce qui me frappe dans un film comme "Paradis Perdu" d’Abel Gance de 1940, film à tout point décisif dans sa carrière, c’est de constater à quel point son jeu est moderne. Sa performance ne ressemble en rien à la manière de jouer des comédiennes de cette époque. D’une certaine façon, bien avant Jeanne Moreau dans "Jules et Jim", Brigitte Bardot dans "Et Dieu créa la femme", Sophie Marceau dans "La Boum", ou Béatrice Dalle dans "37°2 le matin", Micheline Presle a porté une liberté de jeu et un souffle nouveau chez les actrices. Micheline est une actrice qui a, selon moi, le regard droit, qui a de l’humour, et qui sait se moquer des autres autant que d’elle-même. Micheline Presle, après une carrière unique faite d’immenses succès inscrits dans des réalités sociales différentes et de traversées du désert affrontées avec dignité sans jamais verser dans la médiocrité, est une femme en mouvement. » (France Inter, le 10 février 2019).


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (21 février 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L'étoile de la voûte céleste du cinéma.
Légende centenaire.
Micheline Presle.
Lee Marvin.
Françoise Hardy.

Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Michel Bouquet.
Juliette Carré.
Gérard Depardieu.
Carole Bouquet.
Guy Marchand.
Claude Villers.
Cyril Hanouna.
Maria Callas.
Bernard-Henri Lévy.
Catherine Deneuve.
Fernand Raynaud.
Hubert Deschamps.
Marcel Zanini.

Roman Polanski.
Roger Pierre.
Jean-Marc Thibault.
Richard Attenborough.

Jean-Pierre Melville.
Maria Pacôme.
Serge Gainsbourg.
Jane Birkin.
Justine Triet.
Clint Eastwood.
Les Randonneuses (série télévisée).
L'Affaire d'Outreau (documentaire télévisé).
Lycée Toulouse-Lautrec (série télévisée).
À votre écoute, coûte que coûte !

Tina Turner.
Florent Pagny.
Claude Piéplu.
Arielle Dombasle.
Jacques Dutronc.

Richard Gotainer.
Sarah Bernhardt.
Jacques Tati.
Sandrine Bonnaire.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Comment va Alain Delon ?
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.









https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240221-micheline-presle.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-presle-du-cinema-francais-253264

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/02/21/40213910.html










 

Partager cet article
Repost0
18 février 2024 7 18 /02 /février /2024 04:41

« Dès que les gens voient mon visage sur un écran de cinéma, ils savent deux choses : premièrement, je n'aurai pas la fille, et deuxièmement, j'aurai droit à des funérailles bon marché avant la fin du film. » (Lee Marvin).





_yartiMarvinLee01

L'acteur américain Lee Marvin est né il y a 100 ans le 19 février 1924 à New York (il est mort à l'âge de 63 ans le 29 août 1987 à Tucson, en Arizona, d'une crise cardiaque). Si Lee Marvin ne peut pas vraiment être comparé à une star classique du cinéma américain, il en est cependant l'un des acteurs emblématiques par le côté "dur" des personnages qu'il a incarnés dans de nombreux films, en particulier des films de guerre et des westerns (une soixantaine de films entre 1951 et 1986, et quelques séries télévisées dans les années 1950, à ses débuts).

Un personnage dur, en bien ou en mal, c'est en effet ce que Lee Marvin incarnait la plupart du temps, cette dureté très typique des Américains, celle du cow-boy, pour qui la force, ou l'intimidation, l'emporte sur la raison et les arguments. C'est dans ce genre d'atmosphère que des Présidents américains ont été élus (heureusement, pas toujour), de George W. Bush (face à Al Gore) à Donald Trump (face à Hillary Clinton). Le gueulard préféré à l'intello, l'homme du terrain préféré au candidat de "l'etablishment".

Pendant longtemps, Lee Marvin n'était pas une "star" parce qu'il s'est fait connaître en jouant des rôles de méchants, révélé par Fritz Lang comme un meurtrier sadique qui a défiguré Gloria Grahame avec une cafetière brûlante dans "Règlement de comptes" ("The Big Heat"), sorti le 14 octobre 1953. Il a ainsi eu beaucoup de rôles du "camp du mal", au point que Sergio Leone avait songé à lui pour son célèbre western spaghetti "Le Bon, la Brute et le Truand" (sorti le 23 décembre 1966), dont il aurait été bien sûr la Brute (ce fut finalement Lee Van Cleef qui s'y colla). Ce fut aussi le bandit tueur Liberty Valance dans "L'Homme qui tua Liberty Valance", un très beau western de John Ford, l'une de ses dernières grandes productions (sortie le 12 avril 1962), avec John Wayne et James Stewart. Parmi les rôles de "méchants", il y a aussi ce colonel qu'il a joué, aux côtés de Jack Palance, dans le film de guerre "Attack" de Robert Aldrich (sorti le 19 septembre 1956), dont l'attitude est particulièrement peu morale.

Lee Marvin a évolué ensuite avec des rôles de héros à partir du début des années 1960, ce qui lui apporta un Oscar du meilleur acteur, décerné pour "Cat Ballou", un western comique d'Elliot Silverstein (sorti le 24 juin 1965) où il joua deux personnages en réplique à l'héroïne Jane Fonda. Passé policier dans une série télévisée diffusée sur la NBC entre 1957 et 1960 ("M Squad"), le voici porté en triomphe avec le rôle principal du "film culte" de Robert Aldrich, "Les Douze Salopards" ("The Dirty Dozen") sorti le 15 juin 1967. En somme, il est passé de "salaud" à "salopard" !


Je reviendrai très vite sur les Douze Salopards qui est un film très important et très intéressant. À l'origine, d'ailleurs, le producteur (la MGM) voulait John Wayne dans le rôle phare mais le réalisateur Robert Aldrich voulait absolument Lee Marvin, qui était lui-même un ancien marine et un vétéran de guerre, qui allait recevoir le 18 avril 1966 son Oscar du meilleur acteur (je suppose qu'il a été recruté pour "Les Douze Salopards" avant cette cérémonie des Oscars, mais peut-être pas ?).

Lee Marvin est devenu alors un acteur "classique" dans de belles productions comme "Point de non-retour" (sorti le 31 août 1967) et "Duel dans le Pacifique" (sorti le 18 décembre 1968) de John Boorman ou encore dans le film de guerre "Au-delà de la gloire" de Samuel Fuller (sorti le 28 mai 1980). On peut aussi citer les deux westerns "La Kermesse de l'Ouest" de Joshua Logan (sorti le 15 octobre 1969), avec Clint Eastwood et Jean Seberg, et "Monte Walsh" de William A. Fraker (sorti le 2 octobre 1970), avec Jack Palance et Jeanne Moreau, et ces trois autres films, "Carnage" ("Prime Cut") de Michael Ritchie (sorti le 28 juin 1972), "Gorki Park" de Michael Apted (sorti le 15 décembre 1983), avec William Hurt, et "Canicule" d'Yves Boisset (sorti le 11 janvier 1984), avec Miou-Miou, Jean Carmet, Victor Lanoux, Bernadette Lafont et Grace de Capitani (c'est très rare qu'un réalisateur français recrute un grand acteur américain dont le cachet demandé est souvent dissuasif).

Revenons aux Douze Salopards. On sait que le nombre 7 comme le nombre 12 sont des symboles souvent utilisés. Au cinéma, il y avait déjà "Les Sept Samouraïs" d'Akira Kurosawa (sorti le 26 avril 1954), un film d'anthologie se déroulant dans le Japon médiéval, puis son remake en western "Les Sept Mercenaires" de John Sturges (sorti le 23 octobre 1960), avec Charles Bronson, Steve MacQueen et James Coburn.

Le scénario est assez simple : au cours d'une guerre, un officier constitue un commando de têtes brûlées, des gars qui n'ont plus rien à perdre car ils ont été condamnés à mort. L'idée est de faire une action quasiment suicidaire avec, donc, une forte probabilité que les membres du commando n'en réchappent pas. S'ils en réchappent, ils seront graciés. Dans ce genre d'histoire, "L'Invasion secrète" de Roger Corman (sorti le 16 septembre 1964) bénéficie de l'antériorité sur "Les Douze Salopards", mais c'est ce dernier, excellent film, qui est devenu le standard du genre et le modèle de nombreux autres remakes ou même de suites (dont une avec Lee Marvin et Ernest Borgnine, "Les Douze Salopards 2", en titre original "The Dirty Dozen : Next Mission", un téléfilm d'Andrew V. MacLaglen, diffusé le 4 février 1985).


Le film "Les Douze Salopards" est très long, près de deux heures et demie, mais sans qu'on puisse s'ennuyer. Parmi les acteurs, aux côtés de Lee Marvin, instructeur et chef du commando, il y a ses membres, dont Charles Bronson, John Cassavetes et Telly Savalas dans le rôle du psychopathe inquiétant. Ernest Borgnine est le général Worden très cynique. L'histoire comprend le recrutement, la formation à la dure et la préparation de la mission suicide qui est l'attaque d'un château français où se sont réunis des dignitaires nazis et l'objectif est d'en tuer le plus possible. La scène finale est cette attaque.

_yartiMarvinLee02

C'est l'idée de tuer le plus possible, sans qu'il n'y ait d'intérêt tactique formel dans la guerre, qui a sans doute fait perdre à Robert Aldrich l'Oscar du meilleur réalisateur pour ce film (qui a eu cependant l'Oscar du meilleur montage), parce que des scènes sont très difficiles à regarder (enfants s'abstenir), avec la volonté de massacrer tous les Allemands repliés dans la cave du château. Robert Aldrich ne voulait pas couper cette scène, car justement, pour lui, la guerre était cruelle et parfois inutilement cruelle, et qu'il fallait la montrer telle qu'elle était, horrible.


Comme très souvent dans un film américain, la morale est "sauve". Ainsi, des douze membres du commando condamnés à mort, onze sont probablement vraiment coupables d'atrocité, mais l'un, joué par Trini Lopez, artiste, a toujours nié être impliqué dans le crime qui l'a fait condamner, et celui-ci se fait tuer avant d'avoir tué le moindre Allemand, il reste donc innocent jusqu'au bout (du reste, Robert Aldrich ne tourna pas cette scène car le manager de l'acteur avait voulu renégocier à la hausse son cachet).

C'est un film qui a eu beaucoup de succès, mais sous deux angles de vue : comme un film de guerre qui montre les horreurs de la guerre (et donc, qui est en fait antimilitariste, voire antiaméricain car les Américains sont montrés comme inutilement cruels), et comme un simple film de guerre, excellent mais très bourrin (au premier degré). "Les Douze Salopards" s'est inspiré d'une nouvelle de guerre au même titre d'Erwin Nathanson (1928-2016) publiée en 1965. Si cette histoire est une pure fiction, l'auteur aurait toutefois entendu parler de ce genre de commando dans la réalité, mais celui-ci n'a jamais été confirmé d'une manière ou d'une autre aux États-Unis.

Pour la petite anecdote, à la fin du tournage, un cocktail était organisé à Londres. Lee Marvin, qui avait trop bu, y a apostrophé un peu trop vulgairement une dame parmi les invités, et celle-ci était la tante de Sean Connery qui a failli casser la gueule à Lee Marvin, retenu de justesse par un producteur qui lui a demandé de l'épargner car Lee Marvin avait encore des gros plans du visage le lendemain matin et il le voulait donc en bon état, ce qui a fait rigoler Sean Connery.

Le film, qui a eu aussi beaucoup de succès en France (la preuve, sa dernière diffusion à la télévision sur le réseau TNT, est récente, le 3 janvier 2024 sur France 3, profitant des vacances scolaires pour le rediffuser en pleine journée, et la chaîne Arte l'a diffusé aussi de nombreuses fois), est une bonne base pour réfléchir sur l'actualité qui ne s'honore pas d'être plus "civilisée" que dans le passé.

Ainsi, l'idée de recruter des repris de justice, des criminels condamnés qui n'ont rien à perdre pour faire la guerre et perpétrer des crimes de guerre fait bien sûr penser à la guerre que la Russie impose à l'Ukraine depuis deux ans et à la Russie qui a recruté de tels hommes pour six mois, dans l'armée russe ou dans des milices de type Wagner, avec au bout, s'ils reviennent vivants, ce qui est d'une faible probabilité, la certitude de retrouver la liberté dans la vie civile (malgré leur lourd passif). C'est pourquoi je recommande ce film qui reste toujours très actuel, hélas, et avoir un regard très lucide (et sévère) sur ce qu'est une guerre, comme l'avait eu Robert Aldrich, excellemment servi par Lee Marvin.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (17 février 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Lee Marvin.
Françoise Hardy.

Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Michel Bouquet.
Juliette Carré.
Gérard Depardieu.
Carole Bouquet.
Guy Marchand.
Claude Villers.
Cyril Hanouna.
Maria Callas.
Bernard-Henri Lévy.
Catherine Deneuve.
Fernand Raynaud.
Hubert Deschamps.
Marcel Zanini.

Roman Polanski.
Roger Pierre.
Jean-Marc Thibault.
Richard Attenborough.

Jean-Pierre Melville.
Maria Pacôme.
Serge Gainsbourg.
Jane Birkin.
Justine Triet.
Clint Eastwood.
Les Randonneuses (série télévisée).
L'Affaire d'Outreau (documentaire télévisé).
Lycée Toulouse-Lautrec (série télévisée).
À votre écoute, coûte que coûte !

Tina Turner.
Florent Pagny.
Claude Piéplu.
Arielle Dombasle.
Jacques Dutronc.

Richard Gotainer.
Sarah Bernhardt.
Jacques Tati.
Sandrine Bonnaire.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Comment va Alain Delon ?
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.

_yartiMarvinLee05




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240219-lee-marvin.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/lee-marvin-les-douze-salopards-et-252950

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/02/18/40209868.html














 

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 04:12

« Partir quand même
pendant qu'il dort
pendant qu'il rêve
et qu'il est temps encore »
("Partir quand même", 1988).




_yartiHardyFrancoise01

La célèbre chanteuse Françoise Hardy fête son 80e anniversaire ce mercredi 17 janvier 2024. On présentera inutilement cette star qui, à l'instar de son amie Jane Birkin et quelques autres, a séduit les Français des années 1960, 1970 et 1980 pour ses chansons intemporelles qui rappellent aujourd'hui l'ancien temps, celui de la jeunesse et de l'insouciance.

Au risque de paraître vieux jeu, l'épouse de Jacques Dutronc (ils n'ont pas divorcé) rappelait dans un livre sorti le 9 octobre 2008 (chez Robert Laffont) la grande différence dans la recherche de nouveaux talents entre son époque et l'époque actuelle : « Les critères de sélection de Mireille étaient aux antipodes de ceux de la Star Academy et autres émissions similaires d’aujourd’hui. (…) L’élève devait être différent, avoir un univers, un timbre, un physique, une façon d’être bien à lui. Le contraire des clones que la téléréalité du troisième millénaire nous impose en général. ».

Vieux jeu encore d'imaginer, à l'image peut-être de sa génération (ce qui reste à démontrer), que Françoise Hardy était une électrice fidèle de Nicolas Sarkozy en 2007 et 2012 et d'Emmanuel Macron en 2017 et 2022, rejetant la vitrine faussement généreuse d'un François Hollande démagogue et assommeur fiscal. Tout comme elle a soutenu vivement la réforme des retraites au printemps 2023 et ne comprenait pas les manifestations et les grèves qui donnaient une image déplorable de la France à l'étranger.

Mais on ne pourra pas dire qu'elle est vieux jeu sur l'euthanasie, elle qui est une partisane récurrente de l'euthanasie et du suicide assisté pour ceux qui, comme elle, souffrent de la maladie. C'est d'ailleurs étrange à quel point beaucoup d'artistes sont dans cet état d'esprit (c'est le cas de l'acteur Alain Delon, par exemple, à qui la vie a déjà tout apporté).

_yartiHardyFrancoise02

Depuis une vingtaine d'années, Françoise Hardy est atteinte de plusieurs cancers, un du système lymphatique (un lymphome) qui semble être guéri en 2016, mais elle a été atteinte d'un autre cancer en 2018, au pharynx. Au journal "Le Figaro", elle expliquait le 5 mars 2015 : « J'ai été diagnostiquée il y a plus de dix ans de cela. Mais c'est surtout depuis trois ans que mes symptômes se sont aggravés. J'ai aussi beaucoup de difficultés à marcher. Je suis très isolée, très handicapée par la maladie. Il y a des périodes où je ne peux absolument voir personne et je ne peux pas sortir. ».


Le 8 mars 2015, elle disait à Marie-France Chatrier, de "Paris Match" : « C’est une dévastation. L’insupportable déchéance du corps. Non seulement il fonctionne moins bien, mais il se déforme. Personne ne peut nier les difficultés motrices ni les pertes de mémoire du troisième âge. Je n’invente rien. Me concernant, à 71 ans, je suis tellement mal en point que j’ai perdu 7 kilos par rapport à mon poids de base, déjà très bas. Et il y a ce ventre énorme, on dirait que je suis enceinte… (…) Les vieux tendent un miroir de la dégradation que nul n’a envie de saisir. Pour ne pas vivre cette exclusion, je reste seule, chez moi. (…) [La mort ne me fait pas peur], moins que la souffrance. (…) Depuis ma jeunesse, je suis une farouche partisane du droit à mourir. Quand les gens souffrent trop, ils n’ont aucune envie de soins palliatifs. Ils veulent cesser de vivre. ». Quant à Jacques Dutronc : « Son couplet sur le fait qu’il “ne ferait pas de vieux os” et qu’en revanche je “ferais une jolie veuve”,  je l’ai entendu cent fois. Les années passant, il est toujours là, bien vivant. Nous sommes tous les deux condamnés à être vieux et moches. ». Et sa disparition serait évidemment catastrophique : « Oui, bien sûr, je serais triste. Mais il y a aussi tout l’aspect matériel. La maison en Corse m’appartient, mais c’est Jacques qui la gère. Je n’aurais pas la force de prendre cela en charge. ».

Son état de santé étant toujours très faible depuis longtemps, elle a plongé dans des thérapies complètement bidon et elle n'a pas hésité à les dénoncer dans son livre "Avis non autorisés..." sorti le 5 mars 2015 (éd. des Équateurs) : « Je liste une bande de thérapeutes surréalistes : celui qui plongeait sa main dans mon vagin, sans bouger, pendant quinze minutes ; l’étiopathe dont la méthode tellement douce n’avait aucun effet ; le chercheur d’amibes ; l’iridologue. Enfin celui qui, pour me donner un petit coup de jeune, me défigura avec des ampoules de vitamines. Résultat : une énorme bosse sur le front pendant quarante-huit heures. ».

Le 2 juin 2016, l'auteure-compositrice-interprète racontait à Éric Bureau, pour "Le Parisien" : « J'ai mal partout. Mais comme me disait Jean-Marie [Périer, son ancien compagnon] il y a déjà vingt ans, si on se réveille et qu'on n'a mal nulle part, c'est qu'on est mort ! Je vais plutôt bien, j'ai repris 17 kg. Je fais 56 kg, une grosse dondon. Je suis une miraculée, passée par tellement de choses terrifiantes pendant deux-trois ans... Il y a un an, les médecins ont téléphoné à Thomas [Dutronc] pour lui dire : "C'est la fin, il faut prévenir votre père". (…) J'ai toujours une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, mais bizarrement j'arrive à ne pas y penser. ».

Plus récemment, le 15 juin 2021, Françoise Hardy expliquait son état à Stacie Arena pour "Femme actuelle" : « [Les effets secondaires] me pourrissent la vie depuis deux ans et m'affaiblissent de plus en plus à cause de l'absence de salive, du manque d'irrigation de toute la zone ORL, d'un assèchement généralisé et des hémorragies nasales, des détresses respiratoires (…). Je ne peux plus avaler grand-chose, et la préparation d'une alimentation, toujours la même, que je puisse avaler, me prend plus de cinq heures par jour (…). Je n'ai plus rien qui fonctionne normalement depuis ces thérapies et mes nuits sont pires que mes jours. Il y a toujours pire que ce dont on souffre soi-même, mais ce n'est pas une consolation. (…) La morphine étant asséchante, on ne pourra me l'administrer qu'en doses massives pour que je décède, et pas en doses plus légères pour que je souffre moins. (…) J'ai peur aussi de l'immense chagrin de la forme de séparation avec les êtres qu'on aime le plus au monde qu'est la mort. ».

Comme c'est le cas de temps en temps pour des célébrités, la mort de Françoise Hardy a été annoncée par erreur par "Le Dauphiné libéré" le 18 juin 2021, une nouvelle crédible puisque chanteuse s'était déclarée proche de la fin. Son fils Thomas Dutronc a dû démentir le lendemain sur le ton de l'humour dans Instagram en disant qu'il avait eu des nouvelles de sa mère et qu'elle était bien vivante !

_yartiHardyFrancoise03

Dans "Gala" le 22 novembre 2023, Thomas Dutronc confiait cependant à Thomas Durand son inquiétude pour sa mère : « Maman ne va pas bien (…). Sa vie est devenue si douloureuse qu'on se demande parfois s'il n'aurait pas mieux valu la laisser partir quand elle a frôlé la mort, il y a huit ans... ». Encore plus récemment, le 14 décembre 2023, interrogée par Marie-Laure Delorme pour "Paris Match", Françoise Hardy a répété vouloir « partir le plus tôt et le plus vite possible », et son souhait est que cela se passe en France.


C'est pourquoi elle milite pour le droit à l'euthanasie parce que ses traitements sont terribles à supporter : « Je suis dans un état de souffrance vraiment cauchemardesque la plupart du temps. » a-t-elle raconté en 2021, apportant d'ailleurs une révélation sur sa propre mère atteinte de la maladie de Charcot : « Le médecin de ma mère lui avait dit : Madame Hardy, le jour où vous le déciderez, vous me le dîtes et vous pourrez compter sur moi. Il lui a envoyé, le jour où elle l’a décidé, un médecin hospitalier. Celui-ci devait élaborer avec moi une sorte de scénario pour que le médecin légiste ne se doute de rien et fasse le nécessaire. Je ne me posais absolument pas la question d’outrepasser la loi. C’était la volonté de ma mère et c’était tellement compréhensible. ». Mais ce qui s'est passé pour sa mère en 1991 pourrait difficilement se renouveler pour elle-même aujourd'hui : « J'aimerais avoir cette chance, mais étant donné ma petite notoriété, personne ne voudra courir encore plus le risque d'être radié de l'ordre des médecins. ».

Le 18 mars 2021, Françoise Hardy exposait sa conviction : « À partir d'un certain moment où il y a beaucoup trop de souffrance et où il n'y a aucun espoir, il faut abréger les souffrances. C'est la moindre des choses. C'est humain. » ("Paris Match"). Françoise Hardy aimerait mourir dans son sommeil et en finir avec ses traitements. Son point de vue est respectable et, au contraire de beaucoup de brillants zélateurs de l'euthanasie qui sont en bonne santé (et qui n'accepteraient pas l'idée d'être diminués, même un peu), la chanteuse vit dans sa chair la grande souffrance de sa maladie.

Mais il est inconcevable de vouloir légiférer sur l'euthanasie car la loi est faite pour un cadre général, et celle qui existe déjà depuis le 2 février 2016, la loi Claeys-Leonetti, est déjà allée très loin et est sans ambiguïté pour éviter aux malades de souffrir, ce qui est l'essentiel. Permettre par la loi de tuer ou d'aider à tuer (suicide assisté) aurait des conséquences très graves pour l'avenir car, comme en Belgique, les exigences et les conditions seront toujours revues à la baisse. La tolérance d'exceptions ne peut se comprendre que par un engagement de responsabilité des soignants et des proches, afin d'éviter tout abus qu'on imagine hélas très bien (héritiers pressés, État qui souhaite réduire le coût des soins des patients en fin de vie, etc.). En outre, aucune maladie grave n'aurait pu trouver des thérapies qui réduisent énormément la mortalité si, comme seule solution, on proposait l'euthanasie aux patients.

Françoise Hardy a "quand même" franchi ses 80 ans alors qu'elle imaginait peut-être même pas franchir ses 75 ans. Je lui souhaite une vie la moins douloureuse possible et la plus ensoleillée possible, car malgré l'hiver et les nuages, le soleil est toujours là pour éclaircir la vie et le chemin. Petit retour sur sa carrière exceptionnelle réalisé par l'INA.


« Et les yeux dans les yeux, et la main dans la main, ils s'en vont, amoureux, sans peur du lendemain. » ("Tous les garçons et les filles", 1964).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 janvier 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jacques Dutronc.
Françoise Hardy.
Guy Marchand.
Maria Callas.
Catherine Deneuve.
Gérard Depardieu.
Stéphanie de Monaco.
Jane Birkin.
Fernand Raynaud.
Marcel Zanini.
Patricia Kaas.
Kim Wilde.








https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240117-francoise-hardy.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/depuis-plusieurs-annees-francoise-252350

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/01/17/40177779.html



 

Partager cet article
Repost0
23 décembre 2023 6 23 /12 /décembre /2023 04:06

« Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (…). Il rend fière la France ! » (Emmanuel Macron, le 20 décembre 2023 sur France 5).




_yartiDepardieuH02

Dans "monstre sacré", il y a "sacré" et s'en prendre à du "sacré" signifie d'une certaine manière qu'on transgresse un ordre établi. D'un autre côté, il y a aussi "monstre" et dans le genre de personnalité, un "monstre sacré", qu'il soit du cinéma français, de la chanson ou de toute autre discipline, c'est un être exceptionnel, très talentueux, largement reconnu depuis des dizaines d'années mais qui, nécessairement, parce que cette situation n'est pas ordinaire, n'est pas une personne "normale". Et qui a, comme pour toutes les personnalités très célèbres, ses côtés sombres.

C'est une personnalité hors-sol, qui n'est plus préoccupée par des contingences alimentaires, qui se moque beaucoup du qu'en-dira-t-on, qui jouit d'une totale liberté de penser et de s'exprimer en privé comme en public. Cela n'excuse en rien toute sorte de délit voire de crime dont une telle personnalité pourrait être responsable, mais encore faut-il qu'elle en soit l'auteure et que ce soit établi sur des bases solides, des bases réelles et judiciaires.


Profitant d'une célébrité à bon compte, s'en prendre à un monstre sacré devient ainsi un sport national, un sport médiatique bien sûr. C'était l'objectif de France 2 le 7 décembre 2023 lorsque la chaîne publique a fait son buzz sur des rushs récupérés dans les poubelles anciennes d'une production cinématographique médiocre et oubliée.

Résultat, une série de réactions particulièrement désagréables pour l'impétrant, victime d'un véritable procès médiatique sans défense et sans instruction : radié sans préavis de l'Ordre national du Québec, retiré du Musée Grévin, titre de citoyen d'honneur de la commune belge d'Estaimpuis retiré... et sans doute, la plus grave des conséquences, la décision de France Télévisions de ne plus diffuser ni de financer des films où l'acteur est en première ligne.

Alors, Gérard Depardieu, car il s'agit bien sûr de lui, doit goûter à sa juste valeur le cadeau de Noël mais aussi le cadeau d'anniversaire, car il fête ses 75 ans le 27 décembre 2023, que lui a offert sur un plateau (de télévision) le Président de la République Emmanuel Macron le 20 décembre 2023 sur France 5 en lui apportant un soutien quasi-inattendu, tant la pression du wokisme et du politiquement correct voudrait qu'on soit aux ordres de ce nouvel ordre moral.

En prononçant explicitement le mot "fierté" (« Il rend fière la France. »), Emmanuel Macron a clairement désapprouvé l'initiative de la Ministre de la Culture Rima Abdul-Malak qui voulait remettre en cause la Légion d'honneur du grand acteur en faisant engager une procédure disciplinaire par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur. Elle l'avait justifiée par ces mots : « Il fait honte à la France ! ».

Sur France Inter le 21 décembre 2023, François Hollande, qui n'a pas honte de courir après son successeur qu'il a pourtant contribué, lui seul, à lancer dans la vie politique, a fustigé l'attitude présidentielle en expliquant qu'il aurait préféré qu'Emmanuel Macron parlât des femmes, de la détresse des femmes agressées ou violées, en oubliant un élément pourtant essentiel dans un État de droit, la présomption d'innocence (on a vu à quel point elle peut être bafouée dans l'affaire avec Éric Dupond-Moretti). Faut-il écouter les plaignantes ? Certainement, mais c'est au juge de proclamer la culpabilité, pas aux beaux parleurs dans les médias ou les réseaux sociaux.

Casser un monstre sacré à l'unisson des élites wokistes ou défendre l'artiste le plus populaire, je ne sais pas (encore) ce qui est le plus populiste ou démagogique, mais il est clair que si Gérard Depardieu devait répondre devant la justice, ce n'est certainement pas pour des paroles de fin de banquet prononcées par provocation devant une caméra, car Gérard a toujours été un provocateur, mais pour des faits un peu plus sérieux qui auraient été établis contre des femmes bien précises.


Du reste, il est n'est pas seul et beaucoup de ses amies l'ont défendu ces derniers temps, elles sont montées au créneau car le "lynchage médiatique" devenait excessif. Ainsi, Catherine Deneuve, Nathalie Baye, aussi Carole Bouquet qui a été sa compagne pendant dix ans le soutiennent (cette dernière a déclaré : « Je sais qui est Gérard ! »). Toutes considèrent que Gérard Depardieu est avant tout un doux, qu'il est un provocateur, que ses propos sont certes lourds mais ne signifient nullement qu'il est un violeur et que la confusion entretenue par ce procès médiatique mettant sur le même plan des propos graveleux (sans conséquence) et des viols est une manipulation grossière.

Même Brigitte Bardot, qui ne connaît pas Gérard Depardieu pour avoir arrêté le cinéma avant son arrivée, a fait ce commentaire, dans le genre tout-va-mal : « Chacun est responsable de ses actes. Tout ça est lamentable. Il y a des choses plus graves et plus dramatiques. ».

BFMTV, qui avait consacré de nombreuses unes sur "l'affaire Gégé" (de manière assez puante, il faut bien le dire), a quand même appelé à la barre des témoins de la défense. Ainsi, Fanny Ardant, qui a formé avec Gérard Depardieu un duo inoubliable dans "La Femme d'à-côté" de François Truffaut (sorti le 30 septembre 1981), a affirmé : « Une fois que l'on a un ami, si on trahit notre ami, on est une balance, c'est un terme de prison. C'est-à-dire qu'il faut rester fidèle aux gens qu'on aime. ».


La fille de l'acteur est aussi descendue dans l'arène. Julie Depardieu a déclaré : « Il est radicalement exclu de cette société parce qu'il a la liberté de parler comme il l'entend. (…) Est-ce que, quand il dit des trucs comme ça, il les fait ? Souvent, non. Souvent, plus t'en dis, moins t'en fais, enfin, c'est le proverbe. ».

Plus collectivement, la famille de Gérard Depardieu lui a apporté une soutien unanime dans le "Journal du dimanche" du 17 décembre 2023 (avant l'émission présidentielle). Il s'agit d'une lettre ouverte signée notamment de Julie, Roxane, Jean, Delphine et Élisabeth Depardieu qui considèrent qu'il y a une « cabale inédite » contre le comédien : « Nous assistons effrayés à cette démence collective terrifiante, cette confusion totale qui dépasse la personne de Gérard. Nous appelons à la raison et à laisser travailler la justice. (…) Il faut absolument cesser l'amalgame entre les paroles et les actes. (…) Grossier, grivois, gaulois, lourd parfois oui, mais pas violent ! (…) Se servir des provocations verbales de Gérard pour venir appuyer d’autres accusations relève d’une grande malhonnêteté. (…) Il est étonnant de voir aujourd’hui le monde s’offusquer des outrances de Gérard, quand, il y a peu de temps encore, c’est en partie pour cela qu’on l’aimait. ».

À propos de l'émission "Complément d'enquête" du 7 décembre 2023, la famille de l'acteur a fustigé « la manipulation monstrueuse pratiquée par un journaliste qui n’a pas hésité à fouiller dans les poubelles pour y repêcher les images des chutes du film de Yann Moix tourné en Corée du Nord ». Elle a ainsi accusé l’auteur du reportage d’avoir « mis en scène » les images et en particulier la séquence avec la fillette montant à cheval : « Gérard appelle tout le monde fifille : les femmes, les hommes, les animaux. L’objectif était-il de faire passer Gérard Depardieu pour un pédophile ? ».

Enfin, la famille a assuré que l'acteur était « dans le privé quelqu’un d’extrêmement pudique, délicat et même pudibond » et que, devant une caméra, il aimait jouer la provocation : « Bien sûr, ces propos sont choquants et n’ont plus lieu d’être. Mais notre père/grand-père/oncle ne mérite pas un tel sort ! ».

Sur ce, dans l'attente d'une éventuelle décision judiciaire, joyeux Noël et bon anniversaire, Gégé !


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (23 décembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Un cadeau d'anniversaire à Gérard Depardieu face à la démence collective.
Faut-il lyncher Depardieu ?
La russitude de Gérard Depardieu.
Barbara chantée par Depardieu.
Lettre de Gérard Depardieu à Jean-Marc Ayrault du 16 décembre 2012.
Nationalité russe le 3 janvier 2013.

La belgitude de Gérard Depardieu.
Un sex symbol pourtant bien français.

_yartiDepardieuH04






https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231227-depardieu.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/un-cadeau-d-anniversaire-a-gerard-252159

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/12/21/40151393.html





 

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 04:44

« Il ne faut pas avoir peur de la mort. Sinon, à ce compte-là, on ne fait rien de ses jours. » (Claude Villers, 1994).




_yartiVillersClaude01

Ce n'est pas avec Votre honneur qu'on s'adresse à un juge, en France, mais avec Monsieur le Président, le président du tribunal bien sûr. Paradoxalement, c'est au juge qu'on pense lorsqu'on évoque Claude Villers qui vient de partir ce samedi 16 décembre 2023 à la suite de problèmes de santé, dans une commune de Dordogne, à six mois de ses 80 ans (il est né Claude Marx le 22 juillet 1944 à Everly.

L'information a été annoncée le dimanche 17 décembre 2023 par "Sud-Ouest" confirmée par France Inter. La dernière fois que j'avais vu Claude Villers, c'était le 18 avril 2018 dans le mythique Studio 104 de la Maison de la Radio à l'occasion d'une soirée pour fêter Pierre Desproges (cela faisait trente ans qu'il nous avait fait faux bond). En fait, pas vraiment vu, ou plutôt, vu sur écran car très fatigué, il n'avait pas fait le déplacement, il s'était contenté d'un message vidéo et si Claude Villers m'avait paru méconnaissable, il n'avait pas perdu de son humour et esprit de répartie qu'il déployait comme président du tribunal il y a une quarantaine d'années.

Un président de tribunal parce que Claude Villers avait eu cette idée géniale, celle de faire un tribunal d'une joyeuse émission de radio, une émission culte pourrait-on dire désormais. "Le Tribunal des flagrants délires", avec environ 250 émissions diffusées sur France Inter, a régné sur l'audiovisuel pendant quelques années, entre le 15 septembre 1980 (avec Pierre Perret) et le 24 juin 1983 (avec Julien Clerc), en fait, seulement deux saisons et pas trois : 1980-1981 et 1982-1983 (parce que Claude Villers s'est engagé entre-temps sur RMC, ce qu'il a regretté par la suite). Bref, une émission furtive, regrettée, exemplaire, qui sert à la nostalgie des anciens jeunes auditeurs.


L'idée de Claude Villers était simple : « Un tribunal est un spectacle. C'est en pensant à cela qu'est né "Le Tribunal des flagrants délires" le 15 septembre 1980, sur France Inter. À cela et à mes souvenirs de jeune journaliste débutant en "chiens écrasés", c'est-à-dire, en argot de métier, les séances de "flags" ou flagrants délits dans les palais de justice de la République : des audiences bâclées où son jugés à la chaîne les malfrats et autre menu fretin pris sur le "fait de leurs méfaits", la veille... Mais dans tribunal, il y a aussi tribune. Comme dans les procès plus "hauts de gamme" où chacun a le temps de s'exprimer. Enfin, c'est la théorie. Dans notre juridiction radiophonique, cela dérape souvent. ». On sent bien chez lui le sens de la formule, la rigueur du sérieux associée à la dérision.

Concrètement, Claude Villers avait à ses côtés Pierre Desproges, le procureur général, qui faisait des réquisitions impitoyables contre le prévenu (au point que parfois, cela n'avait aucun rapport), et Luis Rego, aujourd'hui le dernier survivant de ce brillant trio, qui avait la lourde et ingrate tâche de défendre l'accusé (bien sûr indéfendable). À la place du prévenu, des célébrités de la télévision, de la chanson, de la politique, etc. dont Jean-Marie Le Pen, le 28 septembre 1982, pour l'une des rares émissions filmées par Claude Berri (avec les procès de Patrick Poivre d'Arvor le 29 octobre 1982 et de Jean Carmet en mars 1981, cette dernière finalement censurée).

La petite musique du procès prenait ces paroles :

« Ils sont le tribunal
Dont on parle dans le journal

Qui juge et qui condamne
Les messieurs comme les dames.
Avec eux, pas d'innocents
Tout le monde est coupable
Ils en font le serment
Avant qu'on ne passe à table
Pas question de mentir
Pas moyen de s'en sortir
Y a vraiment rien de pire

Qu'les Flagrants Délires... »

_yartiVillersClaude03

Pourtant, Claude Villers n'était pas un juriste, pas même un humoriste, même si c'était un impayable animateur de radio, meneur de bande de joyeux lurons (bien avant Laurent Ruquier), mais avant tout un journaliste. Un journaliste et une voix, une des voix historiques de France Inter, même s'il a collaboré, tout au long de sa carrière, avec beaucoup d'employeurs différents car il refusait les habitudes. Un journaliste atypique, biberonné de Jean Yanne et Jacques Martin (avec qui il a travaillé à ses débuts dans l'émission "L'Équipe n°1"), incapable donc de se poser, refusant les ronrons quotidiens d'une vie pépère, toujours à l'affût de la nouveauté, de la création, de l'aventure.

Jean-Luc Hees, président de Radio France de 2009 à 2014 après avoir été directeur de France Inter de 1999 à 2004, interrogé par France Inter ce lundi 18 décembre 2023, l'a confirmé : « Il ne voulait pas faire la même chose chaque année. J'aime bien cette idée parce que j'étais patron d'antenne et franchement, j'aurais aimé que tous les producteurs de la chaîne aient le même souci de renouvellement. À l'époque, il y avait Pierre Bouteiller, il y avait José Arthur, il y avait lui. Et c'était vraiment des gens qui n'avaient pas peur du talent des autres, qui essayaient de développer le talent des autres. Claude Villers était quelqu'un qui poussait en avant les gens, et c'est un truc absolument merveilleux, je trouve. (…) C'était un incubateur d'idées, ce type-là, et de talents. ».

José Arthur, avec qui Claude Villers a fait ses débuts à l'ORTF en 1964 avec "Table ouverte" et aussi pour préparer et démarrer l'émission "Pop-Club", a été un remplaçant occasionnel de Claude Villers au Tribunal des flagrants délires. Avant cette émission, Claude Villers était déjà connu comme l'une des voix de France Inter, animant et produisant des émissions de radio comme "Pas de panique" (avec notamment Nicolas Hulot) et "Marche ou rêve" (il aimait jouer avec les mots et encore plus tendre de gentils pièges à ses collègues qui présentaient le flash et lui redonnaient l'antenne en annonçant …"Marche ou crève" !). Le 16 octobre 2011, dans son blog, Radio Fanch décrivait ainsi l'homme de radio : « Avec subtilité, cachées derrière de bons mots, les piques au pouvoir en place. Claude Villers a la voix qui captive et transporte l’auditeur. ».

Claude Villers a aussi conté "Le petit peintre viennois" (autrement dit, la vie d'Adolf, un feuilleton plein d'humour). Il a créé en 1986 la radio Pacific FM et a continué à animer sur France Inter des émissions comme "Marchands d'histoires" et "Les routes du rêve". Sa dernière émission s'intitulait : "Je vous écris du plus lointain de mes rêves". Il a pris sa retraite en juin 2004, à 60 ans exactement, l'occasion pour lui de sortir ses mémoires "Paroles de rêveur" (éd. Pré aux Clerc), et il s'est installé à Pessac-sur-Dordogne, en Gironde.


Mais ce n'était pas le seul livre que Claude Villers a publié, car ce conteur exceptionnel avait aussi une belle plume, il avait commencé sa carrière dans la presse écrite, et il l'a beaucoup utilisée à partir des années 1990 pour publier une trentaine d'ouvrages où il racontait les explorateurs, les découvreurs, les aventuriers. Il était passionné par les expéditions, les grands voyages, des tragédies comme le Radeau de la Méduse, etc. Il aimait raconter la vie de Clément Adler ou d'Alexandra David-Néel, ou encore d'Henri de Monfreid, etc. (parfois en reprenant ses émissions de radio). Pas étonnant donc qu'il ait voulu être correspondant de l'ORTF à New York en 1968 et qu'il ait couvert les premiers pas sur la Lune de Neil Armstrong le 20 juillet 1969.

Claude Villers a eu cette caractéristique d'avoir été le journaliste le plus jeune de France, il a eu sa carte de presse à l'âge de 17 ans. Dans une interview réalisée par Anouk Alitta et publiée dans "Paris Match" le 23 février 2010, Claude Villers racontait goulûment ses débuts : « J'ai toujours voulu marcher sur les pas de Tintin. À 11 ans, je dévore les albums de ses aventures. Grâce à lui, je suis allé au Congo, en Amérique, et même sur la Lune ! Et, comme mon personnage de BD, je veux être reporter et voyager. Mon père, massicotier dans l’imprimerie, en décide autrement : "Mon fils, tu seras employé de banque !". En 1958, certificat d’études en poche et examen d’entrée réussi, me voilà assis derrière un guichet. Deux mois plus tard, je m’enfuis de l’agence et de chez mes parents. J’ai 14 ans. Persuadé que mes géniteurs feront rechercher leur fils unique par la police, je décide de changer de nom. Et, souhaitant écrire, mon patronyme de naissance, Marx, me semble quelque peu encombrant. Un cousin du côté d’Alençon s’appelle Villers. Claude Villers, je trouve que ça sonne bien. C’est rond, comme moi. Bien en chair depuis toujours, j’ai traversé mes années d’écolier marqué par la cruauté des autres. "Patate" et autres quolibets m’ont conduit à pratiquer la lutte pour casser la gueule aux moqueurs. Livré à moi-même, j’ai la chance d’être hébergé clandestinement à Paris dans une chambre de bonne, avenue de Wagram. Je ne possède aucune fortune personnelle. Comment gagner ma vie ? Ne sachant rien faire d’autre, je commence donc par vendre mes talents de catcheur dans les fêtes foraines. Baptisé "L’homme au masque de soie", en référence à un tueur en série, mon personnage est un méchant. Blouson noir, chaîne de vélo à la main et rock’n’roll à plein tube, je joue mon rôle en véritable professionnel. Je gagne ainsi ma pitance. Trois années passent. (…). Un jour, un copain m’informe de la vacance d’un poste d’agent de sécurité au Salon de la radio et de la télévision, porte de Versailles. Je me présente. On m’embauche pour ­garder l’entrée des studios d’enregistrement et escorter les invités. Un certain Jacques Chancel réalise les interviews. Il est alors chef de l’information au journal "Paris Jour". Je lui répète inlassablement que je me fiche éperdument de ma fonction de vigile et souhaite devenir journaliste. Et je lui casse les pieds quotidiennement avec ça ! Il finit par craquer et me dit : "Passe à la rédaction, on verra ce qu’on peut faire". Je m’y précipite. Il me charge de rédiger quelques textes pour la rubrique des chiens écrasés. Plongé dans l’univers médiatique, j’apprends que "Radio Magazine" cherche quelqu’un. Je tente ma chance, je me présente devant Rémy Le Poitevin, rédacteur en chef. Sans sourciller, j’annonce avoir 23 ans et, fort de mon expérience de pigiste, être candidat au poste de journaliste. Dubitatif, il me scrute et lance : "Impossible ! J’ai un fils de cet âge-là... Montrez-moi votre carte d’identité !". Je deviens rouge écarlate et sors timidement la preuve de mon mensonge. Il l’observe et rameute toute la rédaction en hurlant : "Il n’a que 17 ans !". Puis ajoute : "Votre culot me plaît, je vous prends à l’essai". Trois mois plus tard, le 16 mai 1962, la commission m’attribue la carte de presse numéro 20 004. Je suis fier. Très fier. Mon statut de plus jeune journaliste professionnel me vaut une page entière dans "La correspondance de la presse". Ma carrière est lancée ! Enfin... il me faut encore sept années pour me retrouver correspondant de l’ORTF à New York. ».

Réagissant à la disparition de Claude Villers le dimanche soir, Adèle Van Reeth, directrice de France Inter depuis un an, a déclaré : « La satire, l’humour, l’intelligence, la voix, c’était lui. L’esprit de France Inter, c’était lui ! Claude Villers vient de nous quitter, nous continuerons à chérir son héritage. ». Le dimanche soir encore, un autre producteur de Radio France lui a aussi rendu hommage, Denis Cheyssoux : « Ce soir les paquebots, les trains à vapeur, les Micheline, les autorails, les chemins faits pour le pas et le rêve versent une larme en regardant la lune. Quand une voix vous emmène si loin en vous, en France, au bout du monde, quand une voix ouvre autant de fenêtres et de rires, la radio peut sourire, France Inter est fière. Claude est un bout de sa chair, nous sommes héritiers de ton exigence, de ta liberté, de tes pas de côté, de ton impertinence, de ton lien d'humanité. Oui, avec lui on écoutait la différence. Nous fabriquons des images. La radio, me disais-tu, c'est trois choses : 1 - une histoire, 2 - une histoire, 3 - une histoire. À Inter, même si on ne l'a pas connu, on devrait tous avoir en nous quelque chose de Claude Villers. Ce soir, l'histoire continue par "Il était une voix"... Merci Claude, et salue Desproges ! ».


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (18 décembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Soirée spéciale Pierre Desproges sur France Inter le 18 avril 2018.
Claude Villers.
Fernand Raynaud.

_yartiVillersClaude04





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231216-claude-villers.html

https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/le-president-claude-villers-252083

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/12/17/40146963.html










 

Partager cet article
Repost0


 




Petites statistiques
à titre informatif uniquement.

Du 07 février 2007
au 07 février 2012.


3 476 articles publiés.

Pages vues : 836 623 (total).
Visiteurs uniques : 452 415 (total).

Journée record : 17 mai 2011
(15 372 pages vues).

Mois record : juin 2007
(89 964 pages vues).