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27 octobre 2024 7 27 /10 /octobre /2024 03:34

« Naufragés des légendes, victimes raides et hâtives, je sais que vous n'êtes pas morts de la mer, que vous n'êtes pas morts de la faim, que vous n'êtes pas morts de la soif, car, ballottés sous le cri des mouettes, vous êtes morts d'épouvante. Ainsi ce fut bientôt pour moi une certitude : beaucoup de naufragés meurent bien avant que les conditions physiques ou physiologiques ne soient devenues, par elles-mêmes, mortelles. Comment combattre le désespoir, meurtrier plus efficace et plus rapide que n'importe quel facteur physique ? » (Alain Bombard, 1953).


 


Le médecin et biologiste français Alain Bombard est né il y a 100 ans, le 27 octobre 1924, à Paris. Il est difficile de présenter Alain Bombard qui a aussi goûté à la vie politique avec l'arrivée au pouvoir de la gauche, parce qu'il fait partie des héros des temps modernes, de ces explorateurs de la mer qui ont apporté quelque chose au monde, notamment sur la capacité de survivre en pleine mer. Son intuition de départ, c'est que c'est d'abord l'esprit qui flanche quand le naufrage s'effondre. Avant le corps. Et il a tenté de le prouver.


On pourrait dire comme La Palice qu'avant d'être vieux et de ressembler, avec sa barbichette, aux savants comme les représentaient Hergé dans Tintin voire Franquin dans Spirou ou Morris dans Lucky Luke, un look très représentatif avant même de voir ses cheveux blanchir, il était jeune. Et c'est bien le jeune, très jeune, avant les 30 ans, qui a fait l'exploit qui a marqué son époque et son destin.

Et d'abord, un contexte, ses années d'études au lycée Henri-IV et à l'École alsacienne, puis à Saint-Brieuc. Pendant ses vacances en Bretagne, il a découvert sa passion de la voile, sur une plage fréquentée depuis des décennies par de grandes familles de scientifiques, Jean Perrin,
Marie Curie, et il a connu Frédéric Joliot-Curie qui a été son moniteur de voile. Pour terminer ses études de médecine, il s'est installé à Boulogne-sur-Mer.

Dans un livre autobiographique, il a raconté un événement déclencheur qui n'a pas été exactement ce qu'il a raconté, à savoir qu'au printemps 1951, il a dû s'occuper des corps de 43 marins morts dans le naufrage de leur chalutier. En fait, le naufrage aurait fait plutôt une dizaine de morts, mais qu'importe, les statistiques étaient monstrueuses : il y a 200 000 morts en mer chaque année, dont 50 000 dans des bateaux de sauvetage. Son objectif, c'était de trouver des moyens de survivre à un naufrage en pleine mer : résistance à la soif, à la faim, à la fatigue, à l'hypothermie, etc.. et surtout, au moral et à la dépression.


Alain Bombard a traversé la Manche à la nage, ce qui relevait déjà d'un exploit sportif exceptionnel : il fallait beaucoup de préparation, s'enduire le corps de graisse pour résister au froid de la mer, etc. Cet événement a notamment permis à la romancière Marie Vareille d'écrire son excellent roman "Désenchantées" sorti en 2022 (éd. Charleston). À l'époque, cet exploit a été déterminant pour Alain Bombard qui a pu ainsi trouver des sponsors et financer son propre laboratoire intégré à l'Institut océanographique de Monaco. Il voulait montrer qu'on pouvait éviter la déshydratation en buvant de l'eau de mer et de l'eau de pluie, ainsi que se prémunir de la faim en mangeant des planctons.

Petit rappel : les naufragés qui n'ont pas d'eau potable refusent généralement de boire l'eau de mer car elle est beaucoup trop salée ce qui flingue les reins et accélère la déshydratation du corps. Alain Bombard voulait montrer qu'en prenant une quantité raisonnable d'eau de mer (un demi-litre par jour), on pouvait survivre à un absence d'eau potable, mais cette ration était insuffisante et on devait quand même trouver de l'eau ailleurs, en pressant les poissons pêchés (sauf la raie) ou en récupérant l'eau de pluie (cet aspect essentiel de survie reste encore en débat, notamment sur l'eau présente dans les poissons).
 


Après quelques traversées seul ou accompagné, Alain Bombard a effectué en solitaire la traversée de l'Atlantique. Son périple est allé de Tanger le 13 août 1952 à La Barbade le 23 décembre 1952 (avec une étape à Las Palmas le 19 octobre 1952), à bord de L'Hérétique, son petit Zodiac, se laissant dériver volontairement sans nourriture ni eau (avec seulement une voile, deux avirons, quelques instruments de navigation, un couteau et quelques livres) pendant cent treize jours pour montrer qu'on pouvait en survivre, mais il a bien cru qu'il allait en mourir. Il a perdu vingt-cinq kilogrammes et a été hospitalisé à son arrivée (il a fêté son 28e anniversaire seul en pleine mer). Il a survécu grâce au croisement avec un cargo qui lui a permis de prendre un repas et de corriger son orientation. Il a survécu aussi en pêchant des poissons, en attrapant des oiseaux, qu'il mangeait crûs faute de pouvoir les cuire, etc. Il relevait quotidiennement sa tension artérielle (les faibles tensions étant une alerte des moments de désespoir).
 


Cette traversée a montré par l'exemple qu'on pouvait survivre en pleine mer sans rien avec de soi. Sa thèse, c'était que les naufragés mouraient plus de désespoir que de faim et de soif, ou, plus exactement, qu'ils mouraient d'abord de désespoir avant de mourir de faim et de soif. Il a raconté sa terrible traversée dans "Naufragé volontaire" sorti en 1953 (Éditions de Paris), premier des onze essais ou récits qu'il allait publier jusqu'à la fin de sa vie. Cela a inspiré, entre autres, le film "All Is Lost" de J. C. Chandor (sorti le 18 octobre 2013) avec pour seul acteur Robert Redford au dialogue très léger (inexistant : il est naufragé tout seul). Considéré comme un chef-d'œuvre, j'ai quand même trouvé ce film un peu ennuyeux !

En tout cas, la notoriété d'Alain Bombard était faite, et il l'utilisa tant pour la construction d'équipements de navigation que pour des combats pour l'environnement et la protection de la mer, en particulier en 1963 contre le déversement des boues rouges dans la Méditerranée par une usine de Péchiney à Gardanne. Il a donc été parmi les premiers lanceurs d'alerte écologique à une époque où on ne s'en préoccupait pas vraiment.


Alain Bombard a participé à la conception de radeaux de sauvetage dont la présence sur les embarcations était devenue obligatoire par la réglementation à partir des années 1950. Notamment, on l'appelle désormais par son nom, un Bombard, un radeau de sauvetage pneumatique à gonflage rapide conçu en 1972. Il a milité pour le caoutchouc au détriment du bois dont étaient constituées traditionnellement les chaloupes de sauvetage. Les travaux d'Alain Bombard ont toutefois provoqué un tragique drame accidentel le 3 octobre 1958 dans la baie d'Étel où le navigateur a profité d'une alerte météorologique de forte tempête pour justement tester son canot de sauvetage. Très rapidement, les sept occupants du canot ont été éjectés dans la mer, et le bateau chargé de les secourir a lui-même eu un accident et a chaviré, ce qui a fini par un bilan très lourd, neuf morts, dont quatre occupants du canots et cinq marins sauveteurs.

L'enquête a mis hors de cause Alain Bombard dans la responsabilité de cet accident mais il en est toutefois ressorti un amer goût de faute. Cela l'a entraîné dans une dépression dans les années 1960 dont il est sorti grâce à sa rencontre avec l'entrepreneur Paul Ricard, fondateur du célèbre pastis et maire d'une commune du Var dans les années 1970, Signes, près du circuit de Castellet qu'il a contribué à financer et qui a pris son nom, et mécène d'Alain Bombard, Alain Colas et Éric Tabarly.

Remis en état de travailler avec ce nouveau laboratoire financé par Paul Ricard, Alain Bombard a adhéré au PS dans sa lancée, en 1974, s'est fait élire conseiller général de Six-Fours-les-Plages (dans le Var) de 1979 à 1985 (pour un mandat de six ans), et, présent sur la liste du PS aux élections européennes de 1979, 1984 et 1989, il a été député européen de septembre 1981 à juillet 1994. Entre-temps, François Mitterrand l'a nommé Secrétaire d'État auprès du Ministre de l'Environnement dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy du 22 mai 1981 au 23 juin 1981, mas il n'a pas été reconduit après les élections législatives de juin 1981 en raison de ses déclarations souhaitant l'interdiction de la chasse à courre. Il a donc fait partie de ces ministres météores, à l'instar de Jean-Jacques Servan-Schreiber en 1974 et de Léon Schwartzenberg en 1988, qui n'ont pas beaucoup duré pour la raison que fondamentalement, leur personnalité n'était pas compatible avec les responsabilités politiques qui imposent nécessairement d'avaler quelques couleuvres (Nicolas Hulot, c'est différent car il a avalé quelques couleuvres avant de démissionner).
 


La vie d'Alain Bombard est très riche et déconcertante car son esprit a toujours été hors des sentiers battus. Médecin, il a pris la mer pour passion : « Nous devons quitter la Méditerranée pour rentrer dans quelque chose de beaucoup plus grand, qui me semble démesuré. L'Atlantique, cet océan qui a englouti un continent pour lui prendre son nom, que serait-ce pour lui de submerger notre frêle esquif ! » (1953).

Dans "Au-delà de l'horizon" sorti en 1978 aux Presses de la Cité, le célèbre naufragé volontaire a expliqué en particulier ceci : « On me pose souvent la question : comment avez-vous fait pour traverser l'Atlantique, sur un bateau qui faisait quatre mètres cinquante de long ? C'est relativement simple. Sur un grand océan, deux vagues sont séparées par deux cents mètres, il y a deux cents mètres de longueur d'onde ; avec un petit bateau de quatre mètres cinquante, on épouse sans difficulté les différents reliefs de la mer. Tandis qu'un navire de cent mètres de long aura l'avant dans le creux, le cul sur le sommet de la vague, et c'est ce qui provoque roulis et tangage qui mettent à mal les gros bateaux. D'où l'idée orgueilleuse des hommes née au XVIe et XVIIe siècles : "construisons des navires incoulables, des navires qui ne feront jamais naufrage". Tous, sauf un, seront vaincus par ma mer... ».

Alain Bombard était également passionné par la musique au point d'envisager de devenir compositeur ou chef d'orchestre : « J’ai un grand besoin de ressentir la filiation des œuvres les unes avec les autres. Pour moi, il n’y a pas de rupture entre cette petite phrase pensive dans L’Estro Armonico de Vivaldi, et cette grande pensée triste de Beethoven dans son quatuor à cordes n°10. Il y a une continuité… » avait-il confié sur France Musique en 1980. Il était l'ami d'Igor Stravinsky, de Fernandel, de physiciens, de vendeurs d'alcool, de François Mitterrand, etc., bref, de personnalités de domaines et d'univers très différents. Volontiers cabotin, il était conteur ; il adorait depuis toujours raconter de belles histoires, au risque de les embellir. En somme, Bombard et Bobard, il n'y a qu'un m qui sépare ces mots, celui d'aimer l'aventure, les aventures.

Homme de médias depuis les années 1950, Alain Bombard a participé à de nombreuses émissions de radio et de télévision, en particulier l'émission "Radioscopie" produite par Jacques Chancel le 5 mai 1980 sur France Inter. Alain Bombard est mort à Toulon il y a un peu moins de vingt ans, le 19 juillet 2005 à l'âge de 80 ans, inscrit depuis longtemps dans tous les livres d'histoire comme une légende de la navigation en mer.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 octobre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Alain Bombard.
Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap.
Le génie olympique français !
Festivité !
Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
Adèle Milloz.
Éric Tabarly.

Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
France-Argentine : l'important, c'est de participer !
France-Maroc : mince, on a gagné !?
Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
Neil Armstrong.
John Glenn.
Michael Collins.
Thomas Pesquet.
Youri Gagarine.
Le burkini dans les piscines.
Les seins nus dans les piscines.
Roland Garros.
Novak Djokovic.
Novax Djocovid.
Jean-Pierre Adams.
Bernard Tapie.
Kylian Mbappé.
Pierre Mazeaud.
Usain Bolt.

 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241027-alain-bombard.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/alain-bombard-l-aventure-c-est-l-256736

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/10/25/article-sr-20241027-alain-bombard.html




 

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16 octobre 2024 3 16 /10 /octobre /2024 03:14

« On a beaucoup parlé du juge Lambert. Ce n'est pas le fiasco d'un seul homme, hein, c'est le fiasco de tout le monde, cette histoire-là, y compris des journalistes, d'ailleurs. (…) C'est aussi pour ça qu'on en parle autant d'années après. Parce que cette affaire, au-delà de tous les ingrédients qu'elle regroupe, d'un petit enfant qui disparaît, d'une histoire familiale hors normes, d'un lieu hors normes, et d'un raté global de tout le monde, c'est pour ça qu'elle continue aujourd'hui à passionner aussi. » (Damien Delseny, rédacteur en chef adjoint du "Parisien", le 20 avril 2024 sur France 5).



 


Sinistre anniversaire. Il faut l'imaginer aujourd'hui. Il aurait pu être un homme déjà bien accompli, quadragénaire à la quarantaine déjà bien entamée, un contre-maître comme son père, ou un avocat pour défendre les causes perdues, un juge pour bien faire la justice, ou encore un journaliste, mais avec une vraie déontologie, ou encore un romancier, celui de polars qui se lisent avec passion, fascination, interrogation... Hélas, il n'est pas tout cela.

Au lieu de quoi, ce triste mardi 16 octobre 1984, dans la soirée, on a retrouvé le corps du petit
Grégory, 4 ans (né le 24 août 1980 à Saint-Dié), dans son anorak, ligoté des poignets et des chevilles, le visage caché par son bonnet, sorti de l'eau de la Vologne, une rivière vosgienne, dont les journalistes charognards se sont emparé tout de suite de la photographie en toute indécence. Entre sa disparition (entre 17h05 et 17h30) et son assassinat (17h50), il n'y a eu que l'instant d'une haine, d'une horreur, d'une jalousie savamment entretenue par des secrets familiaux et la réussite sociale de ses parents.

Est-ce la médiatisation, dès les premières heures, de ce drame sans nom, l'assassinat d'un gosse de 4 ans, plein de vie, plein de sourire, plein de soleil, qui n'a jamais rien fait de mal à personne, sinon jouer quelques minutes dans le jardin pendant que sa mère faisait du repassage en écoutant les
Grosses Têtes à la radio, qui m'a embarqué, comme tant d'autres, dans cette folie de l'émotion ? Ou peut-être ma proximité géographique ? À l'époque, j'étais lorrain, et quand j'entendais certains protagonistes vosgiens, je croyais entendre certains membres de ma famille. Je me sentais concerné, je crois même que j'avais dû me baigner dans la Vologne quand j'étais petit (ou peut-être pas, c'était peut-être la rivière voisine ?).
 


Quand je lisais le déroulé de "l'affaire" dans Wikipédia, il y a une petite rubrique chiffrée également présente dans les sujets guerriers ou les attentats : "Nombre de victimes". Et c'est indiqué : 1. Quelle erreur ! C'est la limite de la rédaction par des encyclopédistes citoyens. Moi, hélas, j'en ai déjà compté trois, voire quatre victimes.
 


Il y a l'enfant, oui, bien sûr, mais aussi le cousin de son père, Bernard Laroche, accusé, inculpé, écroué le 5 novembre 1984, puis relâché le 4 février 1985, et finalement tué le 29 mars 1985 par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, d'un coup de fusil, croyant faire justice lui-même alors qu'en fait, par cet acte irréversible, il a empêché toute enquête possible sur ce potentiel suspect. Bernard Laroche, coupable ou pas, complice (auteur de l'enlèvement) ou pas, on ne le saura certainement jamais. Jean-Marie Villemin, qui a été condamné le 16 décembre 1993 à cinq ans de prison dont un avec sursis par la cour d'assises de la Côte-d'Or, a beaucoup regretté son geste, comme il l'a affirmé plus tard, le 3 octobre 2024, dans la préface d'une bande dessinée sur l'affaire : « J'ai craqué. J'ai pris la vie de mon cousin. Je resterai à jamais un assassin. Je le regrette tant. La vengeance n'est pas une solution. » ("Gregory" par Pat Perna et Christophe Gaultier, éd. Les Arènes).
 


La troisième victime, c'est ce petit juge d'instruction Jean-Michel Lambert, trop jeune, trop immature, trop occupé (il n'avait pas qu'une seule affaire), trop inconscient de la gravité des choses, avec des décisions très déconcertantes, et son lynchage médiatique continu, plus, la goutte d'eau, la publication d'extraits des carnets de son successeur, le juge Maurice Simon, ancien résistant et président de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Dijon, qui l'aurait probablement conduit à se suicider le 11 juillet 2017, quelques heures après leur diffusion par BFMTV. C'était l'humiliation de trop, comme l'a affirmé plus tard sa veuve : « Les médias l'ont quelque part poussé au suicide, notamment un, qui a divulgué un extrait des carnets intimes du juge Simon [où mon époux est durement critiqué]. La presse, c'est une chose. Mais qu'un magistrat, un collègue l'attaque ainsi, c'était pour lui inconcevable. Quand vous voyez ça tourner en boucle toute la journée… S'il avait su, comme on l'a vu par la suite, que ce magistrat critiquait en réalité un peu tout le monde, ça lui aurait sans doute sauvé la vie. ».
 


Dans ses carnets (dont il ne prévoyait certainement pas la publication et remis par son fils à la justice le 28 janvier 2016), Maurice Simon (qui est mort le 23 mai 1994), a décrit son prédécesseur ainsi : « On reste confondu devant les carences, les irrégularités, les fautes (…) ou le désordre intellectuel du juge Lambert. Je suis en présence de l'erreur judiciaire dans toute son horreur. » (14 septembre 1988). Dans une lettre juste avant son suicide, le juge Lambert a écrit : « Si j'ai parfois failli, j'ai cependant la conscience parfaitement tranquille quant aux décisions que j'ai ét amené à prendre. ». Dans cette lettre, également : « J’ai décidé de me donner la mort car je sais que je n’aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m’attendrait. ». Et d'insister : « Je proclame une dernière fois que Bernard Laroche est innocent. ».

L'enquête s'était orientée vers la mère de l'enfant, Christine Villemin, qui a vécu une tragédie supplémentaire jusqu'à son non-lieu le 3 février 1993, rendu par la cour d'appel de Dijon, plus de sept années plus tard, écrouée pendant onze jours, perdant l'un des jumeaux qu'elle attendait parce qu'elle était enceinte à cette époque. Pour ajouter à la confusion, l'écrivaine Marguerite Duras a publié un article jugé délirant le 17 juillet 1985 dans "Libération" qui chargeait Christine Villemin et la justifiait d'être une mère infanticide ("Sublime, forcément sublime Christine V."). La veuve du juge, Nicole Lambert, a voulu préciser dans "Le Parisien" du 22 octobre 2019, que ce n'était pas son mari mais la cour d'appel de Dijon qui a pris la décision incompréhensible du renvoi de Christine Villemin devant la cour d'assises.(Le juge Lambert a pourtant effectivement demandé le renvoi de Christine Villemin devant la cour d'assises des Vosges, ce qui a eu lieu le 9 décembre 1986 par un arrêt de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Nancy qui a été cassé le 17 mars 1987).

La quatrième victime, cela pourrait donc être l'enfant à naître, parmi les deux jumeaux, que Christine Villemin attendait en 1985 et qu'elle a perdu après avoir été mise en prison. On pourrait même parler d'une cinquième victime, puisque le juge Maurice Simon, qui avait retardé son départ à la retraite pour s'occuper de cette "affaire" (il avait une très bonne réputation de compétence et on lui avait demandé de reprendre l'enquête après sa délocalisation à Dijon par la Cour de Cassation le 17 mars 1987), n'a pas vraiment survécu à son enquête.

 


Menacé de mort pendant son instruction, Maurice Simon a comparu en janvier 1990 devant la cour d'appel de Dijon (accusé par des protagonistes de l'affaire). Sa réaction le 25 janvier 1990 : « Toujours aucun signe de vie du premier président ni du procureur général. Cela s’appelle le soutien de la hiérarchie. ». Il a en effet été très affecté par cette comparution alors qu'il se disait près du but, ce qui a précipité une crise cardiaque le 28 janvier 1990 entraînant un coma de trois jours et une amnésie totale sur son enquête. Le 30 octobre 1987, il avait écrit : « Je pense aussi que je laisserai ma vie dans cette affaire. Peut-être que oui, peut-être que non ! En tout cas je porte Grégory dans mon cœur et dans mon âme. ». Le 5 septembre 1988 : « Je sens en effet que, contre toute apparence, les jours me sont comptés car les troubles se multiplient alors je réfléchis, je pense et je me prépare. J’ai d’ailleurs le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, je ne verrai pas la fin de l’affaire de l’assassinat du petit Grégory Villemin. ». En son hommage, les époux villemin ont donné à leur quatrième enfant le prénom Simon (né en 1998).

Du reste, Maurice Simon allait très loin dans ses réflexions puisqu'en juillet 1988, il a indiqué ses soupçons de manière très claire : « Il paraît certain que Bernard Laroche a bien enlevé le petit Grégory Villemin. Il me reste à trouver (…) qui a tué ce superbe enfant. (…) C'est clair, il ne faut pas découvrir le ou les vrais coupables parce que ce sont Laroche et consorts et qu'il y a derrière eux le parti communiste et des élus socialistes. Je m'explique mieux, dès lors, le culot des Bolle qui se croient tout permis. (…) Il existe une volonté absolue de ce côté-là de faire de l'obstruction. (…) Il est clair que c'est la panique et que l'on veut à tout prix m'empêcher d'entendre Murielle Bolle parce qu'on a peur qu'elle craque. ». Il faut rappeler que Bernard Laroche, lui aussi contre-maître (ce qui supprimerait la motivation de la jalousie du statut social), était délégué syndical CGT tandis que son cousin avait refusé, dans son entreprise, se syndiquer à la CGT. Une partie de la famille aurait été syndiquée à la CGT.

Tout depuis le début, dans cette affaire, a été mauvais : les investigateurs de la gendarmerie, la justice incohérente, et surtout, les journalistes qui ont été abominables dans leur surenchère pour faire de l'audience. De très nombreuses erreurs ont eu lieu dès le début de l'enquête, par la perte de nombreuses indices etc. à tel point que la procédure judiciaire a été améliorée après les leçons de cette affaire. À cela, il faut aussi ajouter l'idéologie, car il y a eu un avocat ou des journalistes qui militaient pour le rétablissement de la
peine de mort (abolie quelques années auparavant).
 


La connaissance de la famille, plongée dans la jalousie, l'envie, des secrets qui remontent parfois à trois générations (un inceste qui a donné naissance à un enfant, et aussi un enfant de 4 ans tué par la violence de ses parents et le suicide du père dix ans plus tard par l'abandon de sa femme, la mort de Bernard Laroche à sa naissance et sa proximité comme frère de lait d'un frère de Jean-Marie Villemin, etc.). Dès 1981, la famille Villemin a été victime de nombreuses lettres anonymes et d'appels téléphoniques anonymes (de ceux qu'on a appelés les corbeaux, qui étaient plusieurs), parce que Jean-Marie Villemin a bien réussi dans sa vie professionnelle (il a rapidement été nommé contre-maître) et que le couple a pu s'acheter un pavillon avec jardin, etc. dans une campagne vosgienne à l'esprit rural encore très marqué.

L'hypothèse de complicités, de plusieurs coupables, un qui aurait enlevé, un autre qui aurait tué, était envisageable. Le colonel Étienne Sesmat, le gendarme en charge de l'enquête au début (capitaine, il commandait la compagnie de gendarmerie d'Épinal), est toutefois convaincu du contraire, que l'auteur de l'enlèvement et de l'assassinat est le même, parce que cela s'est déroulé de manière très rapide, entre 17h05 et 17h45, que c'était imprévu (l'occasion de pouvoir enlever l'enfant dans le jardin chez lui), et qu'il n'y avait pas de téléphone mobile. Le courrier annonçant la mort de l'enfant par vengeance a été posté vers 17h50 au bureau de poste (arrivée le lendemain chez les Villemin). Le gendarme croit encore en 2024 en la culpabilité de Bernard Laroche, alors que sa veuve Marie-Ange Larouche, qui a maintenant un petit-fils de 14 ans, crie toujours à l'innocence de son mari mais n'espère plus de nouveaux rebondissements de "l'affaire".

 


Le dernier rebondissement est récent puisqu'il a eu lieu le 20 mars 2024 quand la chambre d'instruction de la cour d'appel de Dijon a ordonné de nouvelles comparaisons d'ADN et d'autres expertises vocales sur les enregistrements des corbeaux (on peut maintenant déterminer scientifiquement l'identité vocale de chacun), selon les demandes des époux Villemin. Les preuves matérielles sont les cordelettes qui ont servi à attacher le malheureux enfant, l'écriture des courriers anonymes et la voix des appels anonymes, en sachant qu'il y a eu plusieurs corbeaux et qu'ils ne sont pas nécessairement les auteurs de l'assassinat.

La seule chose positive dans cette affaire judiciaire, au contraire de celle liée au supposé suicide (et probable assassinat) du ministre
Robert Boulin, c'est qu'elle n'est pas classée car il y a encore des investigations et des actes judiciaires, ce qui laisse encore l'espoir qu'on puisse connaître un jour la vérité. Repose bien aux cieux, petit Grégory !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (12 octobre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le juge Jean-Michel Lambert.
La relance judiciaire de l’affaire Grégory.
Histoire encore à suivre.
Documents sur l’affaire Grégory.
40 ans de confusions dans l'Affaire Grégory.
Philippine : émotion nationale, récupérations politiques, dysfonctionnements de l'État ?
Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
La France criminelle ?
La nuit bleue de Lina.
La nuit de Célya.
La nuit d'Émile Soleil.
Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
Alisha, victime d’un engrenage infernal.
À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
Meurtre de Lola.
Nos enseignants sont des héros.
La sécurité des personnes face aux dangers.






















https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241016-affaire-gregory.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/40-ans-de-confusions-dans-l-256282

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/10/15/article-sr-20241016-affaire-gregory.html



 

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28 septembre 2024 6 28 /09 /septembre /2024 03:47

« Soyez donc les bienvenus vous tous, chrétiens ou non, habitués ou moins habitués des églises, qui venez entourer la famille de Philippine, manifester votre amitié et prier pour elle. Vous pressentez que c’est important d’être là, tels que vous êtes. Merci d’être venus, parfois de loin. » (Père Pierre-Hervé Grosjean, le 27 septembre 2024 à Versailles).



 


À la découverte à la fois du corps inerte de Philippine Le Noir de Carlan et du profil de son meurtrier présumé deux jours plus tard, l'extrême droite a profité de l'occasion pour faire de la récupération politique. Oui, c'est sans doute vrai, mais l'émotion ne signifie pas toujours la récupération et c'était une grande émotion nationale qu'ont ressenti ce vendredi 27 septembre 2024 les près de 3 000 participants aux obsèques de Philippine à la cathédrale Saint-Louis de Versailles, dont 1 000 restés dehors, sur le parvis, faute de place, sous une pluie battante.

Rappelons d'abord les faits : Philippine Le Noir de Carlan, jeune étudiante de l'Université Paris-Dauphine qui allait fêter son 20e anniversaire le 10 octobre prochain, a été déclarée disparue le vendredi 20 septembre 2024 dans la soirée. Sa dernière apparition remontait à 14 heures le même jour, à l'issue de son déjeuner. Elle devait retrouver ses parents dans les Yvelines pour le week-end. Hélas, très rapidement, on en est venu à chercher du côté du bois de Boulogne (proche de la Porte Dauphine), et le soir du samedi 21 septembre 2024, on a retrouvé son corps, enseveli sauf un bras. Une vague d'émotion a alors envahi le pays. Pourquoi ? Parce que, comme toujours avec ce genre de tragédie, on peut s'identifier à la victime. Une jeune étudiante, symbole de toutes les étudiantes, mais aussi les parents de jeunes filles peuvent s'identifier aussi (même la dernière fille du nouveau garde des sceaux a l'âge de Philippine).

De nombreux étudiants, même ceux qui ne connaissaient pas Philippine, sont venus se recueillir le lundi 23 septembre 2024 dans le hall de l'Université Paris-Dauphine pour lui rendre hommage et honorer sa mémoire. Ce qui est arrivé à Philippine aurait pu arriver à n'importe quelle étudiante de cette université et sans doute n'a-t-elle a eu de chance d'avoir croisé son meurtrier.
 


Beaucoup de détails peuvent contribuer à s'identifier à la victime. Ainsi, les lieux. Il y a une vingtaine d'années, je me rendais de temps en temps à cette université Paris-Dauphine parce que j'avais un groupe de travail avec des étudiants de cette université. Parfois, les réunions pouvaient finir tardivement dans la soirée ou en hiver, vers les 19-20 heures, il faisait nuit, et je me faisais la réflexion, lorsque je revenais seul reprendre mon véhicule stationné dans le bois de Boulogne, peu éclairé, que ce serait peut-être dangereux si j'avais été une jeune fille (j'avoue que je n'ai jamais eu peur personnellement d'être agressé, mais à tort, surtout par imprudence car nul n'est épargné ; la témérité était ma seule réponse à une impuissante fatalité). Je connais aussi bien Versailles, et Montigny-le-Bretonneux où Philippine vient d'être inhumée, ce qui renforce l'identification. J'imagine parfaitement son milieu.

L'émotion suscitée par ce drame infini s'est renforcée par la colère. En effet, l'auteur présumé du meurtre a été arrêté à Genève le mardi 24 septembre 2024 (bravo la police !). Il s'agirait d'un Marocain de 22 ans venu illégalement en France en 2019, qui aurait commis un viol alors qu'il n'était pas encore majeur, aurait été condamné à sept ans de prison mais libéré au bout de cinq ans, en juin 2024. Il était condamné aussi à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) d'une durée de dix ans. Il a été placé dans un centre de rétention administrative pendant un peu plus deux mois mais relâché quinze jours avant la tragédie.

On le comprend, le sujet est ultrasensible : meurtre d'une jeune fille, fille croyante et pratiquante, immigration illégale, OQTF non exécutée, récidive. Chaque terme susciterait en lui-même des montagnes de récupérations politiques de l'extrême droite. Insistons sur le fait que si le RN avait été au pouvoir (il n'en était pas très loin au début de l'été), le meurtre aurait hélas été sans doute aussi commis.

Restons encore brièvement dans la récupération politique... mais de l'extrême gauche, pas plus décente à cet égard pour la mémoire de Philippine, et même, pire. Ainsi, on peut lire dans les réseaux sociaux des messages franchement dégueulasses de personnes qui refusent la compassion pour Philippine sous prétexte qu'elle serait catholique pratiquante et que l'extrême droite aurait récupéré son assassinat. Du reste, des militantes d'extrême gauche ont arraché à Science Po les affiches rendant hommage à Philippine. On ne sait plus très bien si les plus dégénérés sont les meurtriers du type de celui de Philippine ou tous ces tordus qui ne voient plus l'humain au travers de leur prisme idéologique et de leurs puanteurs militantes.
 


Le grand nombre de participants à l'enterrement à Versailles montre qu'on n'était pas obligé de connaître Philippine pour être touché dans ses tripes par son meurtre. Des gens qui ne se connaissaient se sont d'ailleurs serrés dans les bras pour exprimer cette émotion et se consoler. Elle ne vient pas de nulle part, elle rassure même, car tout drame mérite respect, émotion et réflexion. Cela s'est passé aussi pour d'autres drames, précédemment, trop nombreux hélas pour les énumérer simplement ici.

Pour autant, la réflexion doit s'amorcer avec cette idée : le meurtre de Philippine pouvait-il être évité ? Et aussi : comment l'éviter dans l'avenir ? Car la première réflexion, logique, c'est de se dire : jamais Philippine n'aurait dû croiser sur son chemin ce jeune criminel marocain qui aurait dû être expulsé depuis plusieurs semaines. Et vient donc la question en d'autres termes : y a-t-il eu des dysfonctionnements dans l'État, c'est-à-dire, des décisions humaines qui, mal inspirées, ont engendré un tel crime ?
 


Pour ma part, sans ôter la moindre responsabilité au moindre responsable, l'entière responsabilité du meurtre provient du meurtrier et de lui seul. Personne ne l'a forcé à tuer Philippine. Il est 100% responsable de son acte odieux.

Il y a d'abord des amalgames à éviter, et à éviter des deux extrêmes. Extrême droite : les immigrés clandestins ne sont pas tous des tueurs. Heureusement. Réduire le meurtre de Philippine à des OQTF mal exécutées est, à mon sens, une erreur de raisonnement. Extrême gauche (chez certains écologistes) : on réfute l'idée que le tueur soit immigré pour qu'il tue, en disant qu'il a tué parce qu'il était un homme ! Là aussi, c'est tout aussi stupide intellectuellement. Dieu merci, les hommes ne sont pas tous des tueurs de jeunes filles (sinon, j'en viendrais à être honteux d'être ce que je suis, un homme).

Premiers éléments de réflexion pour répondre à la question principale (le meurtre aurait-il pu être évité ?). D'après les informations dont je dispose, et donc, sous réserve qu'elles soient exactes et confirmées, j'ai compris que la remise de peine de deux ans est plutôt sévère pour une peine de sept ans. Rappelons aussi que le juge évite le plus possible la prison en temps long en raison des places qui manquent. Donc, le jeune Marocain est relâché et immédiatement placé en centre de rétention administrative pour rendre exécutable son OQTF.

Qu'est-ce qu'on attendait ? Comme le futur expulsé n'a pas de passeport, il lui faut un sauf-conduit (je n'ai pas le terme exact) consulaire délivré par le pays qui l'accueille, à savoir ici le Maroc. Le problème, c'est que les pays de retour sont peu enthousiastes pour délivrer ce genre de papiers officiels. Il y aura bien un rapport de force diplomatique à mener entre les deux pays, mais c'est du long terme et très aléatoire, car concrètement, si le pays de retour ne fait rien, la France est bien ennuyée. Le pire, c'était que des candidats à l'expulsion pouvaient rester des mois voire des années dans des centres de rétention, qui n'est pas autre chose qu'une prison alors qu'on n'est pas condamné (je rappelle : les expulsés n'ont commis que la faute d'être entrés en France illégalement, mais n'ont pas forcément commis des crimes ou autres délits). Une loi a donc établi une durée maximale durant laquelle on pouvait être retenu dans un centre de rétention : 90 jours. Avec une décision de maintien du juge tous les quinze jours. Sur quoi se base le juge ? Sur la probabilité que le pays de retour délivre les documents consulaires avant les 90 jours de durée maximale.

Pour le cas du meurtrier présumé de Philippine, la justice française avait abandonné tout espoir raisonnable que le Maroc fournisse ce document dans les temps, si bien qu'elle a considéré que le retenir plus longtemps n'avait aucune sorte d'utilité (au bout de 90 jours, il serait de toute façon relâché). Donc, à mon sens, blâmer le juge qui a signé sa sortie du centre de rétention est stupide car il n'a fait que son travail selon les critères que la loi lui a imposés. En revanche, l'auteur présumé aurait dû signaler régulièrement sa présence, ce qu'il n'a pas fait. Pourquoi n'a-t-on pas réagi ? (Là encore, regardons l'unité de temps : quinze jours, semble-t-il, entre sa sortie du centre de rétention et le meurtre ; la police n'allait pas réagir plus vite de toute façon).
 


Pour autant, peut-on considérer que c'est satisfaisant ? Certainement pas. Absolument pas. Des vies humaines ont été perdues à cause d'un manque de réflexion. Il ne faut pas idéologiser l'immigration, mais réfléchir de manière pragmatique sur les raisons de non exécution des OQTF. La principale, c'est la mauvaise volonté des pays du retour. Quand la justice française connaît le pays du retour, car ce n'est pas toujours le cas.

Je n'ai pas "la" solution, sinon, elle aurait déjà été trouvée et appliquée depuis longtemps, mais des pistes sur ce cas précis. Deux modestes pistes.

La première est que la condamnation du jeune violeur était de la détention assortie d'une OQTF. On aurait donc pu rechercher les documents consulaires avant sa libération de prison, en vue de son expulsion immédiate dès sa sortie de prison. Après tout, condamné à sept ans de prison, cela laissait deux ans à l'administration française pour obtenir le papier consulaire auprès des autorités marocaines. Mieux que 90 jours. L'obtention de ce papier consulaire devrait même être une condition nécessaire à toute libération anticipée d'un condamné faisant l'objet d'une procédure d'expulsion.

La seconde piste, c'est de différencier les candidats à l'expulsion, car il y en a de deux sortes : il y a la grande majorité d'étrangers clandestins qui doivent retourner chez eux et qui n'ont rien fait d'illégal autre que cette entrée du territoire français ; et puis il y a des gens comme ce violeur condamné qui est un criminel (rappelons que le viol est un crime) et on doit focaliser la surveillance des autorités françaises sur ces personnes sous OQTF tant qu'elles ne sont pas effectivement expulsées car elles sont susceptibles d'être (encore) des dangers pour la société (même si on ne peut pas préjugé d'un crime ou délit futur, "Minority report" n'est qu'une fiction, heureusement). Ou même permettre exceptionnellement le placement en centre de rétention le temps de pouvoir les expulser selon les règles.

Invité de la matinale de France Inter ce vendredi 27 novembre 2024, le nouveau Ministre de la Justice Didier Migaud a manqué manifestement de dose de persuasion pour exprimer pourtant une évidence : « des situations tout à fait objectives, comme sur l'exécution des peines, qui a beaucoup progressé, comme le nombre de personnes qui aujourd'hui sont détenues en prison. Mais je sais que c'est inentendable pour le citoyen ! (…) Je souhaite convaincre les citoyens qu'il faut faire confiance à la justice. Et comme garde des sceaux, ce sera à moi de veiller à ce que la justice puisse avoir les moyens de fonctionner. Je serai toujours le défenseur de l'État de droit, toujours le défenseur de la justice, toujours le défenseur des magistrats, sans être complaisant vis-à-vis de manquements qui peuvent effectivement intervenir. ».
 


Et de répondre aux critiques parce qu'il n'avait pas réagi au meurtre de Philippine : « Vous savez que le garde des sceaux ne peut pas intervenir dans le cadre d'une procédure individuelle. Ça ne m'empêche pas de ressentir aussi fortement que les citoyens l'émotion devant une telle situation. C'est une tragédie. Ma dernière fille, elle a l'âge de la victime ! Donc vous vous rendez compte que je peux imaginer le drame que ça peut représenter pour la famille, et je lui exprime bien évidemment toute ma sympathie. ». Sa mission : « Essayer de travailler pour voir si la réglementation, si la législation est adaptée en toutes circonstances, pour faire en sorte d'éviter ce type de situation et ce type de drame. Et là, je dois travailler avec le Ministre de l'Intérieur : c'est ce que nous efforçons de faire, d'ailleurs, depuis quelques jours pour faire face à cette situation. Mais je comprends que l'émotion est telle qu'elle submerge tous les discours objectifs. ».

La cérémonie religieuse a eu lieu à la cathédrale Saint-Louis de Versailles (où Philippine a fait sa confirmation) parce que l'église de sa paroisse, à Montigny, n'aurait pas été assez grande pour accueillir ces milliers de personnes venues communier à la mémoire de Philippine. La présidente du conseil régional d'Île-de-France Valérie Pécresse était présente, le président de l'Université Paris-Dauphine également. Beaucoup d'élus étaient présents. Une cagnotte mise en ligne pour soutenir financièrement la famille a déjà recueilli les dons de 3 500 généreuses personnes.

Dans son homélie, le curé de la paroisse de Montigny-Voisins-le-Bretonneux, le Père Pierre-Hervé Grosjean, a évoqué trois temps : celui de la tristesse, celui de l'espérance, et celui de l'action.

L'émotion : « Devant le mystère du mal, devant l’injustice insupportable et la violence qui s’est déchaînée, nous sommes sidérés, comme écrasés. Bien sûr, la justice des hommes sera nécessaire. Son temps viendra. Mais aujourd’hui, nous avons besoin de pleurer, de partager et de déposer ensemble notre douleur, notre colère, notre incompréhension. ».
 


L'espérance : « Nous voulons nous accrocher à cette espérance que nous donne Jésus, comme on s’accroche à une ancre pour ne pas couler ou dériver. Oui, en priant pour toi, en te portant devant Dieu, Philippine, nous espérons et nous croyons que le Seigneur t’accueille dans sa paix, dans la joie du Ciel, qu’auprès de Lui tu ne souffres plus, et que tu connais ce bonheur parfait pour lequel nous avons été créés, ce bonheur qu’aucun mal ne pourra plus désormais atteindre ou abîmer, cette joie éternelle dont nous avons tous soif, dont tu avais soif et que les joies de ta vie annonçaient. Nous sommes là, nous accrochant à cette espérance qui nous promet aussi qu’il y aura un jour des retrouvailles. Nous te reverrons Philippine. Cette espérance n’empêche pas nos larmes, mais elle les éclaire. ».

L'action : « Nous avons nous aussi en effet chacun une mission. Nous ne voulons pas que le mal ait le dernier mot. Nous voulons croire que Jésus a vaincu la mort, pour que ceux qui accueillent cet Amour victorieux puissent recevoir la vie éternelle. Mais dès maintenant, nous pouvons répondre à ce mal en le retournant contre lui-même. Comment ? En faisant de ce drame, de cette épreuve terrible, l’occasion d’un sursaut, l’occasion de grandir résolument, généreusement et courageusement dans notre vie, dans la façon de la vivre pleinement, de la donner, dans notre désir de servir et d’aimer. Nous voulons opposer au Mal, à sa violence et à sa laideur, la force de notre amour, de notre espérance, de notre foi, et la beauté de notre unité. Nous voulons répondre à l’horreur du mal par la force plus grande encore du bien, le bien que nous pouvons faire en nous engageant, chacun à notre façon, chacun selon notre vocation, pour servir. ».

Et il a terminé en s'adressant directement à Philippine à propos de sa famille et de ses amis : « Tu es désormais leur grande sœur du Ciel. Encourage-les dans leurs joies, leurs peines et leurs combats. Donne à chacun de pouvoir servir, croire et aimer à son tour avec toute la générosité dont il ou elle est capable. Aide tous ces jeunes à découvrir combien ils sont aimés de Dieu, de façon inconditionnelle, quelle que soit leur histoire ou leurs fragilités. Parce que c’est quand on se sait aimé qu’on devient capable du meilleur ! ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Philippine : émotion nationale, récupérations politiques, dysfonctionnements de l'État ?
Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
La France criminelle ?
La nuit bleue de Lina.
La nuit de Célya.
La nuit d'Émile Soleil.
Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
Alisha, victime d’un engrenage infernal.
À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
Meurtre de Lola.
Nos enseignants sont des héros.
La sécurité des personnes face aux dangers.

 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240927-philippine.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/philippine-emotion-nationale-256968

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/27/article-sr-20240927-philippine.html



 

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22 septembre 2024 7 22 /09 /septembre /2024 03:34

« Depuis que je suis arrivée dans cette salle d'audience, je me sens humiliée. On me traite d'alcoolique. Je serais la complice de M. Pélicot. Il faut avoir un degré de patience pour supporter ce que j'ai pu entendre ! » (Gisèle Pélicot, le 17 septembre 2024 à Avignon).



 


Ce qu'on appelle parfois l'affaire Pélicot mais que je préfère appeler l'affaire des viols de Mazan (car Pélicot est soit une victime soit un criminel, selon le prénom utilisé), est passée au-delà du simple fait-divers, c'est désormais un fait de société, tellement il peut donner un exemple éloquent et glauque de l'existence sociale et de l'organisation systémique de la violence conjugale. Depuis le 2 septembre 2024 devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, se déroute un long procès qui devrait s'achever le 20 décembre 2024.

Je rappelle rapidement l'objet du procès : Dominique Pélicot, un homme de 71 ans, a non seulement violé sa femme Gisèle mais l'a fait violer par des dizaines voire des centaines d'hommes. 92 faits de viol ont été répertoriés par la justice, qui ont été commis entre le 23 juillet 2011 et le 23 octobre 2020, principalement à Mazan, dans le Vaucluse, au domicile du couple, dans la chambre conjugale. 83 violeurs potentiels ont été comptés, dont seulement 54 hommes identifiés, 51 (dont le mari) sont jugés au cours de ce procès, un est décédé et deux autres ont été relaxés faute de preuve.

Jusqu'à cette affaire judiciaire, Gisèle trouvait son mari formidable, « bienveillant et attentionné », « un super mec ». Elle a dit à l'audience : « J'aurais mis mes deux mains à couper que je vivais avec un homme extraordinaire. La première trompée dans ce dossier, c'est moi et mes enfants. ».

Le procédé était particulièrement odieux : le mari recrutait les violeurs sur un site Internet de rencontres à l'occasion d'échanges dans un forum privé (le forum s'intitulait "À son insu" laissant peu de doute sur la réalité des viols) avec un protocole bien précis et rigoureux (éviter d'être parfumé, rester silencieux, etc. pour ne pas réveiller l'épouse ni éveiller ses soupçons) car les viols étaient commis sans le consentement mais aussi sans la conscience de la victime qui était droguée préalablement au Temesta (un anxiolytique). Pendant tous ces viols, Gisèle Pélicot ne savait pas qu'elle était violée, mais elle souffrait de douleurs génitales, de pertes de mémoire pendant la journée, de grosse fatigue, etc. dont elle ne connaissait pas la cause (et elle a même chopé le papillomavirus ; heureusement, pas le sida alors qu'un des violeurs récidiviste était séropositif).

Tout dans cette affaire est instructif, autant instructif que glauque, mais aussi tout ce qu'il y a autour. Avant tout, je souhaite saluer le courage, car c'est bien du courage, de la victime Gisèle Pélicot. Courage pour avoir enduré ce qu'elle a subi, mais aussi courage pour l'extérioriser, courage de s'afficher publiquement, sans anonymat, pour faire éclater la vérité (avec l'accord de sa fille Caroline) et aussi pour faire en sorte que cela ne puisse plus se reproduire. Créer un choc social, un avant et un après ce procès. Chaque fois qu'elle rentre au palais de justice, Gisèle est entourée d'une haie d'honneur qui l'encourage. Des manifestations ont eu lieu pour la soutenir, notamment le samedi 14 novembre 2024, pour soutenir aussi toutes les victimes de viol. Aux milliers de manifestants, Gisèle Pélicot a affirmé : « Grâce à vous, j'ai la force de poursuivre le combat jusqu’au bout. ». Le mérite de la victime, ce n'est pas d'avoir été une victime, d'avoir subi, mais d'avoir voulu médiatiser tout le système dont elle était la victime ignorante pour un combat plus général contre le viol et contre les violeurs.


L'avocat général avait proposé un procès à huis-clos mais la victime a refusé et voulu faire de la publicité à cette affaire judiciaire : « Je n'ai pas à avoir honte ! ». La diffusion d'images pornographiques (scènes de viol, etc.) a cependant été faite dans le cadre d'un huis-clos partiel, le président de la cour ayant faire évacuer la salle de son public (y compris la presse). En raison de la publicité sur les coaccusés, certaines de leurs familles ont été menacées et ont déposé elles-mêmes plainte pour menaces.
 


Il est difficile de savoir exactement quel est le sujet, si c'est le viol collectif, le viol sous soumission chimique, le viol conjugal (le mari peut être considéré comme avoir violé sa femme si les rapports ont lieu sans consentement), le recrutement des violeurs sur Internet, le principe même du procès, son déroulement qui peut aussi provoquer la douleur, la réalité des prédateurs sexuels qui sont souvent très subtils et manipulateurs (loin des dragueurs lourdingues qu'on voit venir à des kilomètres à la ronde), capables de se faire passer pour victimes au lieu de bourreaux, etc. Sans doute tous ces sujets à la fois.

L'origine de l'affaire est aussi assez troublante car c'est par hasard qu'on a découvert ce système dégueulasse. Le mari a été pris le 12 septembre 2020 par un agent de sécurité d'un supermarché de Carpetras en train de filmer sous la jupe de plusieurs clientes du magasin. L'analyse de son ordinateur a montré des dizaines de vidéos et photos de viols de sa femme, ce qui a permis de remonter les dates et les violeurs. Du reste, Dominique Pélicot a avoué le 2 novembre 2020, laissant croire qu'il regrettait les faits. Son épouse a appris l'existence de ces viols le même jour, ce qui a dû provoquer en elle un choc psychologique monstrueux (comment n'ai-je pas pu ressentir de telles atteintes à mon corps pendant si longtemps ?). Elle a immédiatement demandé le divorce et l'a obtenu heureusement avant le début du procès, le 22 août 2024. Les 51 prévenus sont donc jugés pour viols avec circonstances aggravantes.

La lecture des profils de ces 50 coaccusés auteurs de viols avec la complicité du mari semble montrer qu'ils seraient des hommes ordinaires de 26 à 73 ans, de grande diversité de profession, âge, etc. Mais étaient-ce des messieurs toutlemonde ? Pas forcément car certains avaient été déjà condamnés pour viols ou violence conjugale. Les féministes qui voudraient faire l'amalgame entre ces coaccusés et les hommes en général ne vont certainement pas faire avancer efficacement la cause de femmes : non ! tous les hommes ne sont pas comme ça, tous ne sont pas forcément des prédateurs sexuels, tous n'ont pas besoin de contraindre pour aimer, et même, ce qu'il y a de plus beau dans l'amour, c'est justement le consentement libre et réciproque, le sentiment d'être sur la même longueur d'onde.

Après des reports d'audience en raison de l'état de santé du principal prévenu, Dominique Pélicot, hospitalisé pour une infection rénale, ce dernier a pris la parole au procès pour la première fois le 17 septembre 2024 pour reconnaître les faits mais aussi accuser ses complices : « Aujourd'hui, je maintiens : je suis un violeur comme tous ceux qui sont concernés dans cette salle. Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire. Elle ne méritait pas ça, je le reconnais. (…) Je regrette ce que j'ai fait, je demande pardon même si ce n'est pas pardonnable. ».

Lui-même aurait été une victime de viols pendant son enfance, mais les analyses ADN ont révélé qu'il pourrait être coupable du meurtre ou du viol de Sophie Narme, une jeune fille de 23 ans en stage dans une agence immobilière, tuée en décembre 1991 à Paris. Il a été mis en examen le 14 octobre 2022 pour cette affaire parce que le schéma d'agression serait le même qu'une autre agression sexuelle sur une jeune agente immobilière de 19 ans le 11 mai 1999 à Villeparisis pour laquelle il a avoué après avoir nié (en raison de l'ADN retrouvée).

Dominique Pélicot a été confronté le 18 septembre 2024 à des images de sa fille nue endormie, mais il a nié avoir violé sa fille et même avoir pris ces clichés. Certains des coaccusés ont rejeté la réalité du viol dont ils sont accusés, si bien que le tribunal a fait diffuser dans une salle sans public et avec l'accord de la victime, la vidéo qui les incriminent le cas échéant dans toute leur crudité. Pour sa part, Gisèle Pélicot est pour l'étalement médiatique le plus large, selon son avocat : « Il faut qu’on ait le courage de se confronter à ce qu’est véritablement le viol, dans un dossier, justement, où il est exceptionnel d’avoir la représentation précise et réelle de ce qu’est un viol, et pas simplement une description sur un procès-verbal. ».

On voit bien que cette affaire est très compliquée car il faut pouvoir décortiquer la responsabilité des uns et des autres et tous n'ont pas le même intérêt. Ainsi, en faisant embarquer tous les coaccusés dans une responsabilité collective, Dominique Pélicot est autant un accusé qu'un accusateur.

Mais la stratégie de défense de certains des coaccusés est plutôt révoltante. Ainsi, ont été diffusées des images de Gisèle Pélicot dénudée avant ces viols (et même d'autres personnes qui n'ont rien à voir) en renversant le procès comme si c'était le procès de la victime ! Comme si le fait de faire du naturisme ou d'être plus ou moins audacieuse sur le plan moral justifierait le fait d'être violée ! Ce type de dénigrement de la victime est absolument abject et dans tous les cas, un viol reste un viol, quelle que soit la victime, quels que fussent ses faits et gestes avant, pendant, après le viol.

De quoi mettre en colère la victime qui a protesté : « Les 50 [accusés] derrière ne se sont pas posés la question [du consentement]. C'est quoi, ces hommes, c'est des dégénérés ou quoi ? Pas à un moment ils se sont posé la question ! ». Le pire, c'est que la version de certains coaccusés ne serait peut-être pas incompatible avec la vérité, ce sera aux jurés d'en déterminer les exactes limites. En effet, certains coaccusés ont prétendu ne pas savoir qu'il n'y avait pas consentement de la part de Gisèle. Le mari leur aurait fourni le scénario précis de ces "jeux sexuels" et ils devaient trouver Gisèle endormie, comme si elle simulait un endormissement. Toutefois, comme ils ne se connaissaient pas, c'est difficile d'admettre que ces "libertins" n'ont pas cherché à savoir si madame Pélicot était réellement consentante, quels que soient les manipulations ou mensonges de son mari.

Cette réécriture de l'histoire, ce relativisme d'oser dire qu'il y avait « viol et viol », sous prétexte que le violeur n'aurait pas eu conscience de violer, a profondément heurté Gisèle Pélicot : « Quand on voit une femme endormie sur leur lit, il n'y a pas un moment où on s'interroge ? Il n'y a pas quelque chose qui cloche ? (…) Un viol est un viol. Que ça soit trois minutes ou une heure. C'est absolument abject ! ».

Un des coaccusés n'aurait pas violé Gisèle mais aurait obtenu de son mari le médicament incriminé pour endormir sa propre femme et la violer plusieurs fois. Son avocat a déclaré : « Mon client est le produit de la perversion de Pélicot. Je suis intimement persuadé que si X ne rencontre pas Pélicot, il ne se passe rien. ». On voit le niveau de glauque et de dégueulasserie qui va faire surface, avec plusieurs victimes qui ne se savaient pas victimes.

Jouer au faux candide d'un côté, attaquer la victime de l'autre. Ce genre de défense risque fortement d'agacer les jurés qui devront pourtant tenter la neutralité, évacuer toute pression médiatique ou populaire, pour juger en leur âme et conscience sur les faits établis, les seuls faits établis. Mais sans préjuger du niveau de culpabilité, du niveau d'ignorance ou de connaissance, de complicité avec le mari, on peut quand même dire que tous ces coaccusés étaient avant tout de gros dégueulasses. Cela n'en fait pas une raison seule de les condamner, mais le contexte donne une tournure particulièrement grave de leurs dégueulasseries.

Ce procès ne doit donc pas éveiller le combat des féministes contre les méchants hommes. Il est avant tout le combat de toute l'humanité contre les violences faites aux femmes, parmi lesquelles la manipulation et le mensonge sont des moteurs particulièrement efficaces.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
La France criminelle ?
La nuit bleue de Lina.
La nuit de Célya.
La nuit d'Émile Soleil.
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À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
Meurtre de Lola.
Nos enseignants sont des héros.
La sécurité des personnes face aux dangers.

 



https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240921-pelicot.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/viols-de-mazan-quelques-reflexions-256863

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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 03:04

« Certains vont essayer de relativiser l’étendue et l’horreur des violences conjugales. Certains auront peut-être l’indécence de temporiser, au lieu d’agir. Ce n’est pas notre intention. Car on ne le répétera jamais assez : l’absolue singularité des violences conjugales, c’est qu’elles se produisent à l’endroit où l’on devrait se sentir le plus en sécurité. » (Édouard Philippe, le 3 septembre 2019).


 


Ce que disait Édouard Philippe, alors Premier Ministre, le 3 septembre 2019 au Grenelle contre les violences conjugales, est vrai aussi pour les enfants à l'école : en effet, pour les enfants, l'école, comme la famille, doit être le lieu de la sécurité absolue. Sécurité physique et sécurité affective. Alors, lorsqu'il y a des faits de violence à l'école, c'est un véritable scandale.

Souvent, il est question de violences entre élèves, de harcèlement scolaire, voire de violences commises par des élèves sur des enseignants. Le fait médiatique du jour, c'est encore pire : la violence vient de l'autorité, vient de l'enseignant, et encore pire que pire, sur une enfant à peine sortie de la petite enfance.

La vidéo que l'avocate de la famille, Vanessa Edberg, a mise en ligne ce lundi 9 septembre 2024 a provoqué consternation et malaise tant dans la classe politique que dans la communauté éducative. De quoi s'agit-il ? L'unité de lieu : une école maternelle dans le quinzième arrondissement de Paris. L'unité de temps : le jeudi 5 septembre 2024.

Une fillette de 3 ans qui venait de rentrer pour la première fois à l'école (rappelons-nous que l'école est désormais obligatoire à partir de 3 ans) a été frappée par sa maîtresse et aspergée de liquide. En fait, dès le deuxième jour de la rentrée, la petite fille avait expliqué à sa maman que sa maîtresse lui avait donné des coups. C'est la mère d'une autre camarade de la classe, présente, qui, étonnée puis choquée par le comportement de l'institutrice vis-à-vis de ses écoliers, a filmé la scène (cette mère étant étrangère se demandait si c'était normal en France).

Dans son message sur Twitter accompagnant la vidéo, l'avocate a écrit : « Une Maîtresse violente une petite fille de petite section et lui asperge un liquide sur la tête dans une école du 15ème arrondissement de Paris. Une plainte a été déposée. En tant qu’avocate je mènerai ce combat main dans la main avec la famille, en tant que maman mon cœur saigne. ». À la fin de la scène filmée de moins d'une minute, on entend l'enseignante dire à la fillette qui pleurait et criait : « Voilà, ça te fait du bien, là ? ».

Selon la mère de l'enfant (qui a affirmé : « Au départ, je n'y ai pas cru ! »), sa fillette ne fait plus que pleurer à la maison. La famille est sous le choc, et le choc pour l'enfant est énorme car sa première expérience avec l'école, peut-être avec l'extérieur sans sa mère, est de la violence. Elle aura du mal à ne pas avoir peur d'un enseignant dans son avenir proche.

Le parquet de Nanterre a ouvert le 10 septembre 2024 une enquête préliminaire confiée au commissariat d'Issy-les-Moulineaux à la suite de la plainte déposée le 5 septembre 2024 par la famille, pour des « faits qualifiés à ce stade de violence sur mineur de 15 ans sans incapacité ». Selon certains spécialistes, l'institutrice encourrait sept ans de prison en raison de trois circonstances aggravantes : cela se passe à l'école (lieu sanctuarisé pour l'enfant) ; sur une "mineure de 15 ans" (cela veut dire : enfant de moins de 15 ans) ; par une personne ayant autorité (enseignante). Le parquet de Nanterre devrait être rapidement dessaisi de l'affaire au profit du parquet de Paris où se trouve l'école.

De même, le recteur de l'académie de Paris Bernard Beignier a pris immédiatement une mesure de suspension de l'enseignante, dans l'attente des conclusions de l'enquête, visant à mettre en sécurité tant la fillette et les autres écoliers, les collègues de l'institutrice qu'elle-même. : « L’arrêté de suspension de cette enseignante, ce qui n’est pas une sanction mais une mesure de protection et ensuite il y aura à la fois une enquête pénale puisqu’une plainte a été déposée et une enquête administrative qui pourra conduire très certainement à un conseil de discipline, voire des sanctions qui vont du blâme à la révocation. ».

Le maire du quinzième arrondissement de Paris, Philippe Goujon (ancien député) a réagi sur BFMTV : « C’est tout à fait insoutenable, ce comportement est inqualifiable, venant d’une enseignante confirmée, qui était dans cette école depuis déjà une dizaine d’années. [Elle] connaît bien l’école, les parents, les élèves, et c’est une enseignante qui a une cinquantaine d’années (…), qui [ne] se laisse pas emporter normalement par ses émotions. ». Guislaine David, la secrétaire générale de la FSU-SNUIPP, principal syndicat des enseignants du premier degré, s'est déclarée choquée : « En tant qu’enseignants, nous devons assurer la sécurité physique et affective des élèves. ».

De son côté, selon son avocat, l'enseignante suspendue a regretté ses gestes dus, selon elle, à un emportement : « L'institutrice est en état de choc. Elle regrette profondément ce qu'il s'est passé. ». On peut imaginer surtout le choc émotionnel sur les médias et les réseaux sociaux d'être montrée du doigt, mais il y a une part d'indécence à exprimer cet état de choc alors qu'elle est l'auteure de cette violence et que c'est sur la victime, la fillette et sa famille, elles aussi en état de choc, qu'il faut se concentrer, que la société doit se concentrer, du moins les pouvoirs publics.

On pourra s'étonner sans doute de l'explosion médiatique de cette "affaire" alors que l'intérêt de tous les protagonistes (victime, famille, écoliers, établissement) serait plutôt de ne pas enflammer les passions publiques... sauf si c'est pour empêcher d'autres faits de violence à l'avenir, ce qui semblerait être l'objectif de l'avocate. En quelque sorte, le scandale est lui-même très instructif, car cela signifie que la société évolue. Il n'est plus possible de violenter les enfants sans créer un scandale, ce qui est relativement nouveau.

Il y a cinq ans, les parlementaires avaient adopté la loi n°2019-721 du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires. Elle signifiait, surtout aux parents, qu'on n'avait plus le droit de frapper physiquement ses enfants, ni gifles, ni fessées. Pour les "vieux" parmi lesquels je pourrais me compter, on a souvent estimé qu'une bonne claque pouvait être efficace et salutaire, déclencheur d'une maturité qui tardait à venir. La réalité, c'est qu'il y a des nourrissons qui meurent de la violence de leurs parents. Car il y a claque et claque, grosse claque qui blesse profondément le corps et petite tapette qui blesse surtout psychologiquement l'âme. Mais qui est le juge de paix de la pondération des claques ? Interdire sauve des enfants de la maltraitance, d'où cette loi.

A fortiori, un enseignant a encore moins le droit de frapper un élève que ses parents. Selon certains témoignages, ce n'était pas la première fois que cette enseignante frappait, mais pourquoi est-ce seulement aujourd'hui qu'on le lui reproche ? Sans doute un élément simple : la vidéo. L'image est parlante et remplace tout jugement. Cela fait cinquante ans que nous sommes dans une société de l'image (avec la télévision, puis Internet), mais c'est très récemment (depuis une dizaine d'années) que n'importe qui peut diffuser à grande échelle des images (en l'occurrence, ici, une mère sur la violence d'une enseignante).


Les réactions des internautes de Youtube à la vidéo de cette scène sont, elles aussi, instructives (et je soupçonne que ce sont issues de personnes plutôt âgées, en tout cas, qui ont le temps et l'oisiveté de se consacrer à réagir sur Internet). J'en ai pioché quelques-uns sur deux vidéos données. On voit à quel point le relativisme dénoncé par Édouard Philippe (voir au début de l'article) sévit et reste bien vivace.
 


Majoritairement, beaucoup disent qu'il ne faudrait pas exagérer, qu'il n'y a pas mort d'homme, que c'est une petite violence, jusqu'à faire part de leur expérience (j'ai été frappé et tout va bien maintenant, je n'en suis pas mort), voire se retournent contre les parents en demandant ce qu'ils ont fait de leur éducation pour cette pauvre fillette (rappelons-le : c'était sa première rentrée scolaire). Heureusement, d'autres s'insurgent contre cette violence et s'imaginent les parents de cette fillette.
 


Je ne doute pas que ces réactions d'hostilités vont perdurer parce qu'il y a toujours un fond de complotisme résiduel sur Internet et le complot, ici, ce serait de dire que la vidéo était un coup monté pour mettre en difficulté l'enseignante. Que celle-ci en soit consciente ou pas, taper des enfants de 3 ans ne sont pas des méthodes pédagogiques et si elle ne s'en sort pas avec ses élèves dans sa classe, il faudra penser sérieusement à évoluer vers un autre métier que l'enseignement. On s'étonnera aussi que personne, au rectorat, n'avait reçu auparavant de signalement sur cette violence dont serait coutumière cette enseignante.
 


Mais celle-ci ne doit pas payer non plus pour les autres, pour la violence à l'école en général. Les faits sont tristes pour tout le monde. Je laisse la justice enquêter au-delà des apparences médiatiques et donner ses conclusions. Ce que je retiens, c'est que cette sortie médiatique est une bonne mesure préventive voire dissuasive pour les enseignants susceptibles de violenter leurs élèves, surtout s'ils sont en très bas âge, car finalement, un lynchage médiatique peut faire plus mal qu'une véritable condamnation judiciaire. Alors, restons modérés dans les réactions, c'est plusieurs vies qui sont en jeu dans cette triste affaire, et heureusement, toutes ne sont pas finies.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
La foi de Sœur Marguerite contre l'exclusion scolaire.
Il y a 40 ans, l'énorme manifestation pour l'école libre.
Amélie Oudéa-Castéra.
Journée de lutte contre le harcèlement scolaire : est-elle utile ?
Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
L'assassinat de Dominique Bernard au lycée Gambetta d'Arras.
G. Bruno.
Gabriel Attal, nouveau ministre de l'éducation nationale.
Pap Ndiaye.
Les vacances scolaires sont-elles trop longues ?
Nos enseignants sont des héros !
Prime à l'assiduité : faut-il être choqué ?
Violence contre une prof et vidéo dans les réseaux sociaux.
Transgression à Marseille : recruter des profs plus "librement" ?
Samuel Paty : faire des républicains.
Samuel Paty : les enseignants sont nos héros.
La sécurité des personnes.
Lycée Toulouse-Lautrec.
Transgression à Marseille : recruter des profs plus "librement" ?
L’école publique gratuite de Jules Ferry.
Alisha, victime d’un engrenage infernal.
Genrer la part du Lyon ?
Daniel Pennac, ministre de l'éducation nationale.
René Haby.
Le handicap et l'école.
La féminisation des noms de métiers et de fonctions.
Les écoles ne sont pas des casernes.
La laïcité.
La réforme du baccalauréat.
Prime à l’assiduité.
Notation des ministres.
Les internats d’excellence.
L’écriture inclusive.
La réforme de l’orthographe.
La dictée à  l’école.
La réforme du collège.
Le réforme des programmes scolaires.
Le français et l’anglais.
Le patriotisme français.
Jean-Michel Blanquer.
Jean Zay.
Vincent Peillon.
Alain Devaquet.
Alain Savary.


 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240910-violence-scolaire.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/violence-scolaire-quand-une-256724

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/10/article-sr-20240910-violence-scolaire.html



 

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5 août 2024 1 05 /08 /août /2024 03:26

« Ça donne un peu d’espoir pour retrouver une trace. Est-ce qu’elle est vivante ? On l’espère tous... » (un habitant de Plaine, le 27 juillet 2024 sur France Info).


 


Lina Delsarte a été, avec Émile Soleil, l'une de des enfants disparus de l'année 2023, en période estivale (ou quasi-estivale). Les deux disparitions étaient très différentes, l'une concernant un petit bout de chou de 2 ans, disparu le 8 juillet 2023, l'autre une adolescente déjà grande de 15 ans, disparue le 23 septembre 2023. Mais elles avaient un point commun.

Les deux enquêtes étaient telles, dans leur incapacité à privilégier une piste ou l'autre, avec même parfois des fausses pistes, qu'à la fin de l'année 2023, il y avait une quasi-certitude que la disparition de ces deux enfants resterait un mystère complet. Pendant longtemps, les enquêtes ont pédalé dans la semoule, les recherches pourtant très élaborées n'ont abouti à rien, aucun indice, aucune piste sérieuse.

Lina a disparu sur le chemin entre chez elle et la gare pour prendre le train pour Strasbourg et rejoindre son petit ami de 19 ans, le samedi 23 septembre 2023 en fin de matinée. La dernière géolocalisation de son smartphone a été enregistrée à 11 heures 22, ce qui correspond aussi à l'heure où des témoins l'ont aperçue. C'est le petit ami qui l'attendait à la gare de Strasbourg qui a alerté la mère de Lina de son absence, et les caméras de surveillance n'ont pas vu Lina embarquer dans le train prévu. La gendarmerie a publié un avis de disparition inquiétante dès l'après-midi du samedi. Plusieurs opérations de ratissage ont eu lieu les jours qui ont suivi, sans résultat. Le petit ami a été menacé plusieurs fois par des accusateurs qui le considéraient comme responsable de la disparition.

Grâce à l'ADN, les enquêtes ont cependant pu avancer d'un bond. Hélas, pas pour de bonnes nouvelles. Le corps d'Émile a été retrouvé dans une forêt, ses ossements, identifiés par une analyse génétique, ont été retrouvés par une randonneuse et, si on ne sait pas ce qui est réellement arrivé au malheureux Émile, on sait, trois fois hélas, qu'il n'est plus de ce monde depuis longtemps.
 


Pour Lina, qui a disparu à Plaine, dans le Bas-Rhin, la situation reste encore très mystérieuse même si l'enquête a beaucoup avancé grâce à son ADN, le premier indice de cette enquête, qu'on a retrouvé dans une voiture volée qui se trouvait pas loin de lieu de disparition de l'adolescente le jour de sa disparition et qui a été retrouvée dans le Languedoc-Roussillon fin mai et début juin 2024 (cette information a été communiquée par la justice le 26 juillet 2024). La procureure de Strasbourg a annoncé le 30 juillet 2024 que le véhicule volé incriminé a été saisi et son propriétaire, après avoir été entendu par la police pour le vol de son véhicule, s'est suicidé peu de temps après, le 10 juillet 2024 à Besançon, en laissant une lettre à ses deux enfants disant ses regrets et sa honte, sans évoquer Lina.

De nouvelles fouilles ont été effectuées du 30 juillet au 2 août 2024, en Alsace et dans les Vosges, sans résultat non plus, malgré la géolocalisation de la voiture dans cette zone au moment de la disparition de Lina (le conducteur y aurait fait un arrêt d'une heure trente).

Le principal suspect, le propriétaire de la voiture qui aurait transporté Lina le jour de sa disparition, est mort sans avoir indiqué s'il était le responsable de la disparition voire de la mort de Lina et sans avoir indiqué le cas échéant où elle se trouvait, elle ou son corps.

La presse a évoqué largement le profil chaotique de ce suspect, un quadragénaire qui a eu de lourds antécédents de drogue, de bipolarité, de problèmes psychiques, et aussi de vols, d'enlèvements de jeunes filles, etc. Il était très dépressif et connu de la justice. Ce qui est notable également, c'est que, contrairement à un assassin d'enfants comme Michel Fourniret, dont le visage et la silhouette laissent deviner une personne inquiétante, le suspect n'effrayait pas physiquement, semblait tout à fait normal, sans allure inquiétante, avec du reste un nom et une apparence bien français (je le précise car il est souvent de bon ton de répéter, à tort, que les auteurs de meurtres seraient souvent issus de l'immigration, pour rester soft).

La justice a communiqué avec parcimonie et retard ces nouveaux éléments de l'enquête, probablement avec un objectif précis. Peut-être envisage-t-elle une autre personne impliquée ? Les chances de revoir Lina sourire à nouveau, bien vivante, se réduisent malheureusement depuis ces nouveaux faits.

Ce qui est troublant aussi, c'est que deux autres affaires, qui n'ont en principe rien à voir avec sa disparition, ont eu lieu : la mort de son premier petit ami (à 22 ans) le 1er octobre 2023 d'un accident de voiture (il roulait trop vite et a été flashé à 185 kilomètres par heure ; l'enquête a conclu qu'il ne s'agissait pas d'un suicide). En outre, Lina avait déposé plainte en juin 2022 car victime d'un viol en réunion (elle avait 13 ans), plainte initialement classée sans suite mais reprise par l'ouverture d'une information judiciaire en février 2024, là aussi sans rapport avec sa disparition.

Lina avait obtenu le brevet des collèges en juin 2023 et préparait un CAP Aide à la personne. Elle aurait dû fêter son 16e anniversaire ce samedi 10 août 2024. Un anniversaire de larmes.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 août 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La nuit bleue de Lina.
La nuit de Célya.
La nuit d'Émile Soleil.
Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
Alisha, victime d’un engrenage infernal.
À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
Meurtre de Lola.
Nos enseignants sont des héros.
La sécurité des personnes face aux dangers.


 





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240730-lina.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-nuit-bleue-de-lina-256111

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15 juillet 2024 1 15 /07 /juillet /2024 04:20

« Fabuleux, quel bonheur ! C'est juste génial, génial ! Bonheur total, promesse tenue ! Engagement tenu, pari tenu ! (…) C'était un pari, on s'était dit : si je deviens porte-drapeau, on nage dans la Seine ensemble. Ça y est : on l'a fait ce matin ! C'est extraordinaire. C'est vraiment hyper-émouvant ! » (Amélie Oudéa-Castéra, le 13 juillet 2024 à Paris).


 


C'est fait ! La Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et l'un des porte-drapeau français pour les Jeux paralympiques d'été de 2024 à Paris, Alexis Hanquinquant, champion du monde de paratriathlon et médaille d'or aux Jeux paralympiques de 2021 à Tokyo, se sont baignés dans les eaux pas très transparentes (!) de la Seine à Paris, près du pont des Invalides, pas loin de l'Assemblée Nationale et avec la Tour Eiffel à l'horizon.

Le bain a eu lieu peu après 7 heures 30 du matin le samedi 13 juillet 2024, histoire de rester discrets et de ne pas en faire non plus une montagne. Apparemment, seules les caméras de BFMTV étaient présentes pour marquer les mémoires. C'est Amélie Oudéa-Castéra, portant une combinaison de plongeur, qui est entrée la première dans l'eau, glissant sur la rive en raison probablement du sol couvert d'algues.
 


La ministre, comme dans son habitude, était très spontanée et la petite fille sportive a refait surface au-delà de la gestionnaire rigoureuse des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui commencent treize jours plus tard, le 26 juillet 2024. Des cris de gamine, de joie sur l'eau, des mots banals, l'eau est douce, et cette énorme émotion d'être entrée dans les livres d'histoire de la ville de Paris avec l'eau du bain.
 


En effet, la Seine était très polluée déjà en amont et se baigner à Paris était un véritable challenge, une sorte d'Arlésienne qui revenait sans arrêt dans la vie municipale, un pari souvent lancé mais jamais tenu. On se souvient que le maire de Paris, "le" maire historique de Paris, Jacques Chirac, avait lancé un tel pari en 1990 : il s'était engagé à se baigner dans l'eau de la Seine à Paris dans les trois ans. Pari non tenu par le futur Président de la République, et c'était heureux car ce qu'on risque, en plus de maladie de peau, c'est d'être infecté par diverses bactéries qui peuvent mener à la mort. On ne rigole pas avec les eaux polluées. Les sportifs olympiques sont d'ailleurs encouragés à se faire vacciner de diverses maladies (typhoïde, hépatite, etc.).
 


Dans les relevés du vendredi 12 juillet 2024, l'eau était "baignable" en termes de pollution. En revanche, samedi matin, le débit du fleuve était encore très élevé, plus de 500 mètres cubes par seconde, ce qui est trop fort pour la cérémonie d'ouverture et pour les épreuves de natation libre et de triathlon prévues dans la Seine (la ministre a même été un peu emportée par le courant). On n'a plus qu'à espérer qu'il ne pleuve pas dans la seconde quinzaine de juillet.

Le mois dernier, la Seine n'était pas encore "baignable" en raison de la météorologie indélicate avec les nombreuses pluies qui ont entraîné des rejets pollués dans le fleuve. Des épreuves de natation devraient se faire dans ces eaux lors des Jeux olympiques et paralympiques. Un pari donc fou quand on voit d'où l'on part et il a bien fallu une ministre pour convaincre les sportifs olympiques que l'eau serait utilisable.
 


Pour le coup, Amélie Oudéa-Castéra a grillé la politesse à deux autres personnalités qui avaient annoncé qu'elles feraient trempette dans l'eau de la Seine : le Président de la République Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette dernière avait reporté plusieurs fois la date de sa baignade, maintenant prévue le 17 juillet 2024. Ce ne sera donc plus un exploit ni un événement mondial pour madame 1% à l'élection présidentielle de 2022. En raison de la dissolution et du futur changement de gouvernement, Amélie Oudéa-Castéra devait se dépêcher d'aller au bain si elle voulait encore le faire ès qualités, puisque dans quelques jours, elle ne sera plus ministre (elle l'est depuis le 20 mai 2022, avec également un passage éclair de moins d'un mois au Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en janvier 2024).

Je ne sais pas si l'engagement de la maire de Paris de permettre aux Parisiens (et aux autres !), tous, pas seulement quelques sportifs, de se baigner dans la Seine à Paris pour l'année 2025 sera tenu car il est fort probable que la pollution, surveillée au jour le jour avec des seuils bien déterminés, ne donne pas forcément entière satisfaction : en effet, dépendre des conditions météorologiques pour assurer la sécurité d'une baignade serait particulièrement difficile à gérer si c'était accessible au grand public.


Bien entendu, dans les réseaux sociaux, cet exploit a été diversement commenté : admiration pour le courage de la ministre, et, comme souvent avec des oisifs qui passent leur temps sur Internet, aigreurs et dénigrements. Cependant, il y a eu deux autres types de commentaires qui reviennent souvent et qui sont intéressants.
 


Les premiers sont portés à se faire les vertueux du budget de l'État, et ils ont raison avec plus de 3 000 milliards d'euros de dette publique (aujourd'hui, le risque politique que la dette s'aggrave est très élevé), en rappelant que le projet pour dépolluer les eaux de la Seine coûte en argent public autour de 1,4 milliard d'euros (je n'ai pas vérifié mais cela me paraît un ordre de grandeur cohérent). Évidemment, le débat est : qu'aurait-on pu faire avec cet argent pour les hôpitaux, pour les écoles, pour la justice, pour le logement, etc. ?

D'un point de vue théorique, ceux qui s'interrogent ont raison, et l'engagement politique, justement, à mon sens, se résume à faire des priorités budgétaires, des choix de financer tels projets plutôt que tels autres. Mais avec ce raisonnement, on ne ferait plus rien tant que demeureraient la misère humaine, la pauvreté, etc. Or, on sait bien aussi que des projets fous, qu'on penserait même issus de caprices de dirigeants, ont fait beaucoup pour l'humanité, pour les nouvelles technologies, etc. L'exemple le plus démonstratif est sans doute l'homme qui a marché sur la Lune, totalement inutile d'un point de vue scientifique pour l'objectif, mais tellement utile pour la méthode et les moyens avec de nombreuses retombées technologiques (sur l'isolation thermique par exemple). Et puis, il y a aussi un facteur difficilement quantifiable, le facteur d'émotion ou de psychologie : probablement que la victoire lunaire des Américains a contribué, ce n'est pas la seule cause bien sûr, à l'échec définitif du communisme et de l'Union Soviétique.

Alors, faire de ces Jeux olympiques et paralympiques la devanture d'une France qui gagne, qui trouve des solutions technologiques à des problèmes qui n'ont jamais été résolus depuis des dizaines d'années, rendre la France et les Français fiers de leur pays, leur redonner confiance (malgré la pagaille parlementaire ou justement à cause de la pagaille parlementaire), une France qui donne de l'émotion, ce ne sera jamais inutile et cela peut aussi engager les investisseurs, aujourd'hui dans l'expectative depuis la dissolution et les élections législatives, à continuer à faire confiance à la France, à s'y installer et à y créer encore plus d'emplois (pour le bien des Français, et de leurs budgets publics).

 


Les seconds types de commentaires sur lesquels je veux aussi m'arrêter, c'est évidemment l'humour. Et les réseaux sociaux sont très généreux avec l'humour. Beaucoup d'internautes proposent ainsi des photographies de la ministre avant et après son bain, bien sûr, le "après" montre une sorte de monstre avec plein de bouton, c'est selon les trouvailles des uns et des autres. Il y a aussi des jeux de mots sympathiques, comme celui-ci : « Elle est ressortie avec tellement de bactéries que Macron l'a nommée Ministre des Spores. ».
 


Ou quelques moqueries sur la ministre elle-même (si elles sont bon enfant, pourquoi pas ?) : « On annonce son passage à Rouen, en direction du Havre... ».
 


Et la palme, à mon avis, pour cette mise en situation, revient au conseil de cabinet à Matignon, avec Gabriel Attal qui dit : « Je vous propose de reprendre cette réunion un peu plus tard, le temps de trouver d'où vient cette odeur de vase et de rat crevé. » !
 



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 juillet 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Pas d'Éducation nationale pour AOC.
Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
Adèle Milloz.
Éric Tabarly.

Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
France-Argentine : l'important, c'est de participer !
France-Maroc : mince, on a gagné !?
Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
Neil Armstrong.
John Glenn.
Michael Collins.
Thomas Pesquet.
Youri Gagarine.
Le burkini dans les piscines.
Les seins nus dans les piscines.
Roland Garros.
Novak Djokovic.
Novax Djocovid.
Jean-Pierre Adams.
Bernard Tapie.
Kylian Mbappé.
Pierre Mazeaud.
Usain Bolt.












https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-oudea-castera.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/amelie-oudea-castera-se-baigne-255831

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/13/article-sr-20240713-oudea-castera.html







 

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13 juillet 2024 6 13 /07 /juillet /2024 03:55

Tristesse infinie. Petite pitchounette meurtrie. Dont on a ôté la vie.


 


Les téléspectateurs de ce vendredi 12 juillet 2024, dans la soirée, ont pu apprendre la nouvelle : une alerte enlèvement. Le nom de l'enfant disparu, Célya, son âge, 6 ans, ses vêtements, les lieux où elle pourrait être, etc. Et une photo. Rien n'est inutile pour retrouver un enfant. On sait bien que c'est aux premières heures qu'on peut retrouver un enfant et plus le temps s'allonge, plus la probabilité des retrouvailles s'écroule.

Dans une sorte d'insensé espoir, on se dit que c'est une erreur, l'enfant s'est perdue, on va vite la retrouver et on en sera pour une bonne peur, qu'on racontera plus tard, comme souvenir d'un été particulièrement stressant. Peut-être en rigolant. Et puis l'optimisme s'écroule, s'effondre, lorsqu'on lit un macabre communiqué, comme un couperet de guillotine, cette nuit, du parquet de Rouen : « Le corps sans vie de Célya a été retrouvé. ».

Des dizaines, peut-être des centaines de personnes ont communié à cette disparition, ont aidé, ont cherché à s'informer, à avoir des nouvelles de la petite, se sont mis à la place de sa mère, se sont inquiétés pour elle. Incontestablement, même si c'est très anecdotique, il y a encore des pistes de progression pour le Ministère de la Justice dans la communication avec le grand public. Sans ménagement. Sans ambages, on apprend que le pire est arrivé. Effondrement infini.

Un peu plus tard, on apprend que l'alerte enlèvement a été très utile, et il faut s'en féliciter car la procédure est maintenant bien rodée et peut sauver des vies. Hélas, ici, cela n'a pas suffi. Un témoin a pu informer la police qu'il avait vu le véhicule du beau-père de Célya.
 


C'est à partir de cette information que la brigade des recherches de la gendarmerie nationale d'Yvetot, en Seine-Maritime, a pu faire des investigations dans les environs et a trouvé le corps sans vie de Célya dans un bois, pas loin du véhicule. Le propriétaire du véhicule et auteur présumé du meurtre de la petite fille de 6 ans est encore en fuite et peut d'ailleurs être dangereux (des conseils de prudence et de vigilance sont donnés).

Dans le communiqué du procureur de la République de Rouen publié au milieu de la nuit (lire en fin d'article), il est précisé que la mère de Célya a d'abord été victime de coups de son compagnon et a été hospitalisée, sans que ses jours, heureusement, ne soient en danger. Enfin, c'est une façon de parler, car lorsqu'elle s'apercevra de la situation, sa vie sera foutue, elle aura une blessure indélébile, incicatrisable, le monde s'est écroulé pour elle. Perdre un enfant. Toujours innocent. Insurmontable.

Beaucoup de réactions affluent, en particulier sur Twitter, même des politiques, dont le député FI Carlos Martens Bilongo. Soit les internautes s'adressent à l'enfant pour lui souhaiter la paix, un monde doux dans le ciel, soit ils pensent à la famille, à sa mère (qui est hospitalisée). Compassion. Certains se demandent si la mort remonte à avant ou après l'alerte enlèvement, d'autres évoquent la peine de mort, se lâchent même sur leur propre idéologie qui y voit matière à récupération politique, mais heureusement, ils sont très peu nombreux. Face à l'amour d'une vie, au départ d'un enfant, la décence reste relativement bien partagée. Quelques-uns enfin ont publié la photographie du suspect, le compagnon de la mère, comme pour inciter au lynchage, alors qu'il faut rappeler que la sanction doit être prononcée par la justice et tant qu'un suspect n'est pas jugé, il est présumé innocent. Je sais, c'est dur de l'écrire, mais qui est-on pour condamner alors qu'on ne connaît rien de rien ?

Entre les statistiques des homicides volontaires et la photo de la petite Célya, entre les arguments nauséeux de gros bourrins qui se nourrissent, comme des vampires, des victimes, et l'innocence de cette âme assassinée, il y a effectivement un immense fossé. La violence, celle de la maison d'à-côté, la guerre, lointaine ou proche, dans les cœurs, les arguments de force, de brutalité, hélas, font partie inhérente de cette humanité qui peut le meilleur et le pire, et parfois en même temps.


Est-ce un féminicide d'avoir voulu assassiner sa mère, d'avoir assassiné sa belle-fillette ? On pourrait aussi appeler un célyacide, tellement chaque victime, chaque meurtre est une histoire entière, spécifique, singulière et doit prendre un nom différent. Quelles qu'en soient ses raisons, ou ses déraisons, l'auteur de cette horreur définitive, suprême, de prendre la vie d'un enfant a nécessairement tort, mérite jugement, condamnation et châtiment. Mais de grâce, nous, hommes et femmes libres et éclairés de la société des Lumières, endeuillés, enlarmés par cette tragique, par les autres et par les suivantes hélas, restons humains et n'imitons pas les bourreaux. Ce serait assassiner une seconde fois l'enfance.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 juillet 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La nuit de Célya.
La nuit d'Émile Soleil.
Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?

 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-celya.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-nuit-de-celya-255815

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/13/article-sr-20240713-celya.html



 

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 04:30

« La cause de son décès reste inexpliquée (…). Aucune hypothèse ne peut être privilégiée. » (Jean-Luc Blachon, le procureur d'Aix-en-Provence, le 2 avril 2024).


 


Triste journée de Pâques qui aurait dû être la fête de la Résurrection et qui n'est que la confirmation de la mort. Depuis le 8 juillet 2023, le petit Émile Soleil était porté disparu. Un garçon de 2 ans et demi, plein de vie, déjà tout d'un petit homme potentiel. Aucune trace, aucun indice, et même si le temps, surtout pour un enfant de cet âge, ne pouvait que faire grandir le pessimisme, il y avait toujours l'espoir qu'il fût enlevé et qu'il soit toujours vivant. Hélas, ce dimanche 31 mars 2024, les analyses ADN ont parlé et ont confirmé la mort du petit garçon, après que des ossements avaient été retrouvés par une randonneuse la veille. Le crâne et les dents appartiennent bien à l'enfant.

Ces restes ont été retrouvés dans un lieu boisé très escarpé, difficile d'accès, à seulement 1,7 kilomètre du petit village (hameau) où il séjournait avec ses grands-parents, le Haut Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence, soit à 25 minutes de marche à pied d'adulte. Quelques-uns de ses vêtements ont été retrouvés par la suite, à 150 mètres du lieu où se trouvaient les ossements. La gendarmerie continue à fouiller les lieux pour tenter d'établir ce qui s'est réellement passé.

Dans sa conférence de presse du 2 avril 2024, le procureur de la République d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, a admis que tout reste possible sur la cause de la mort d'Émile. Ce qui aurait pu passer pour une nouvelle affaire Grégory pourrait n'être qu'un très malheureux accident.

Pour le procureur, les trois hypothèses sont encore en études, celle de la mort accidentelle par l'enfant lui-même, celle de l'homicide involontaire (un accident de circulation, voire de moissonneuse), et celle du meurtre. Mais la possibilité d'un meurtre devient de plus en plus faible car le crâne n'aurait reçu aucun coup, il aurait été à cet endroit depuis longtemps (ces restes n'ont pas été amenés pour Pâques, juste après une reconstitution, ou plutôt, "mise en situation", rassemblant dix-sept personnes, famille et voisinage, le 28 mars 2024), et présente des traces de morsures qui semblerait être provoquées par des animaux sauvages. Tout laisse entendre que le malheureux Émile ait chuté et que des animaux ou l'eau l'aient transporté plus loin, disséminant restes et affaires. Certes, dans d'autres disparitions, le meurtrier a déjà laissé un corps sans vie, sans l'enterrer, et c'est pour cela qu'il faut garder cette prudence qui n'est pas que verbale. Ainsi, la porte-parole de la gendarmerie Marie-Laure Pezant a déclaré le 31 mars 2024 sur BFMTV : « Il y a la possibilité que ces ossements aient été amenés par une personne, par un animal ou par des conditions météo qui ont pu modifier la zone. ».


Ce n'est pas, hélas, impossible qu'après une chute, dans un relief particulièrement difficile, une personne disparaisse pendant un temps long, voire n'est jamais retrouvée (auquel cas on ne pourrait pas dire s'il s'agissait d'une chute). C'était le cas de la jeune actrice Pauline Lafont, qui avait, à 25 ans, tout son avenir devant elle, promis d'être radieux, et qui a disparu le 11 août 1985 en faisant (seule) une randonnée dans les Cévennes. Comme elle était attendue en Suisse, elle fut recherchée, sur alerte de sa mère, Bernadette Lafont, dès la fin d'après-midi, mais les recherches n'ont pas abouti. Elle a été finalement découverte le 21 novembre 1988, à moitié décomposée, par un berger. Elle avait fait une chute de dix mètres qui l'a tuée sur le coup, et était restée au fond du ravin plus de trois mois, tandis que son frère avait déposé une plainte contre X pour arrestation arbitraire et séquestration et que l'emballement médiatique a fait éclore toutes sortes de thèses parmi les plus fantaisistes.
 


Depuis quelques jours, des détails particulièrement morbides sont développés ad nauseam par certaines chaînes d'information continue sans délicatesse et sans particulièrement de raison sinon de faire de l'audience. Comme lors d'autres tragédies, catastrophes, attentats, etc., il faut toujours penser à la famille, aux proches des victimes. Bien sûr, il faut déterminer la cause du décès, pour savoir si une main humaine en est la cause, volontaire ou involontaire, c'est le rôle de la société, des autorités, de la police (et gendarmerie) et de la justice.

Je pense avant tout aux parents d'Émile, à ses grands-parents, dont la peine infinie les traumatisera de manière irréversible. C'est ce que dit aussi Jérôme Triomphe, l'avocat des parents d'Émile, lors de l'annonce du 31 mars 2024 : « Si cette nouvelle déchirante était redoutée, l’heure est au deuil, au recueillement et à la prière (…). Les enquêteurs continuent leur travail dans le nécessaire secret de l’instruction pour que puissent être découvertes les causes de la disparition et de la mort d’Émile. ». La route du village a été coupée à la circulation pour permettre de continuer les recherches dans les meilleures conditions. Adieu, p'tit bout d'chou souriant !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 avril 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La nuit d'Émile Soleil.
Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?

 





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240331-emile.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-nuit-d-emile-soleil-253962




 

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26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 04:41

L'ancienne candidate à l'élection présidentielle a prétendu qu'il y avait un lien direct entre le glyphosate et les perturbateurs endocriniens et l'augmentation du nombre d'enfants trans.


 


On pourrait bien invoquer le très classique naufrage de la vieillesse dénoncé par De Gaulle dans ses mémoires à propos de Pétain qu'il connaissait bien pour avoir travaillé avec lui, mais la réalité, c'est que si naufrage il y a (et c'est le cas), cela date de bien plus longtemps que cette vieillesse qui arrive. Ségolène Royal, perpétuelle dame sautillant dans les médias malgré ses 70 ans passés (elle les a eus le 22 septembre dernier), n'a jamais cessé de dire n'importe quoi et chaque embardée médiatique me confirme dans ce choix évident que j'ai eu de n'avoir jamais glissé un bulletin portant son nom dans une urne. Ce qui n'est pas le cas de près de 16,7 millions de mes contemporains (à eux : je ne vous félicite pas !).

Depuis quelques semaines, comme Roselyne Bachelot, mais pas en même temps (à ma connaissance), Ségolène Royal, qualifiée de « finaliste de la présidentielle » (comme si l'élection présidentielle était une compétition sportive), émarge à BFMTV. Officiellement, elle est devenue papoteuse attitrée de quelques soirées plateau sur BFMTV. Une joie pour celle qui aime bien mettre son grain de sel sur beaucoup de sujets (je ne la blâmerais pas là-dessus, j'ai aussi cette fâcheuse manie).

Cependant, cette soirée du mardi 19 mars 2024, elle aurait probablement mieux fait d'être silencieuse, car elle s'est surpassée dans le n'importe-quoi, et même dans le plus-que-n'importe-quoi ! Un intervenant (fort sympathique) et une animatrice (faussement éberluée) ont un peu réagi mais trop mollement pour que les affirmations de Ségolène Royal puissent être stoppées net avant l'arrivée dans le cerveau des téléspectateurs. Non seulement Ségolène Royal a dit n'importe quoi, mais elle a ouvert une porte jusque-là jamais ouverte (ni même imaginée) d'un nouveau complotisme, celui du gang du glyphosate !


De quoi s'agit-il ? Le sujet était le changement de sexe et cette idée sage que cette transformation irréversible ne devrait pas se faire avant l'âge de 18 ans. C'est une proposition loi qui va bientôt être déposée par des sénateurs LR inquiets de la hausse croissante des demandes de changement de sexe chez les enfants et les adolescents. Le sujet est donc les enfants transgenres et pas l'écologie (je précise pour ce qui vient).

Ségolène Royal est favorable à cette proposition de loi (présentée par la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice du Val-d'Oise et ancienne maire de Saint-Gratien) : « Je pense en effet que c'est une bonne décision d'interdire les changements quand les enfants sont mineurs. La preuve, c'est qu'ensuite, il peut y avoir des regrets. Et il faut une certaine maturité, ou alors il faut un accompagnement médical, avec une décision médicale, mais je pense en effet que les sénateurs ont raison sur ce point. ». Mais avant ce soutien, elle a balancé une affirmation complètement erronée (et choquante).


Je laisse Ségolène Royal s'exprimer : « Il ne faut pas oublier que l'augmentation de ces cas, vous savez à quoi il [sic] est dû ? Aux perturbateurs endocriniens. Et ça, c'est insuffisamment dit. (…) Ah oui, c'est prouvé ! Mais bien sûr, le glyphosate et tous les perturbateurs endocriniens bouleversent... (…) le cycle hormonal. Et donc, il y a cette incertitude, il y a ces bouleversements hormonaux, et d'ailleurs, dans les territoires où il y a une utilisation du glyphosate massive et des pesticides massifs [sic], l'âge de la puberté des petites filles commence parfois à 8-9 ans. Donc, il y a une perturbation, il ne faut pas cacher ce phénomène-là, liée aux pollutions et aux perturbateurs endocriniens, qui sont aussi dans l'alimentation, qui sont aussi dans les produits de nettoyage... Donc, cette question-là, vous allez voir, elle va revenir sur le devant de l'actualité parce qu'il y a un lien très direct. ».

Après la stupeur (ai-je bien entendu ce que j'ai entendu ?!), les réactions ont oscillé entre tristesse de la pauvreté du débat public, la colère de laisser la parole à tant d'indigence et l'hilarité pour se payer une fois encore la tête de la mère Ségo ! (qui n'en est pas à sa première tentative, comme écrit plus haut). Même les associations de défense des LGBT+ se sont fâchées par ces propos totalement irresponsables qui nient finalement l'idée que les enfants transgenres seraient spécifiquement différents des autres et laissent entendre qu'ils ne seraient victimes simplement que d'une pollution extérieure. Un peu comme, il y a une cinquantaine d'années, lorsque certains considéraient que l'homosexualité était une maladie et qu'il fallait de la charité pour ceux qui en seraient malheureusement atteints. La sénatrice écologiste Mélanie Vogel a été particulièrement dégoûtée par ces propos : « Franchement, c'est insupportable. On peut écouter des personnes qui savent ce que c'est une personne trans plutôt que Ségolène Royal qui raconte juste absolument n'importe quoi ? ».

Dans les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, les internautes ne l'ont évidemment pas ratée. Un premier a dit : « Venant d'une menteuse professionnelle payée par l'industrie agroalimentaire... ça ne manque pas de pesticides crasses dont vous êtes coutumière. Merci de votre bêtise. ». Ce qu'un deuxième a approuvé à sa manière, plus cavalier : « La Royal a sans aucun doute abusé de bon nombre de substances bizarres de chez Monsanto/Bayer pour avoir les tuyaux de la soupière dézingués à ce point là... On la fait redescendre, ou on la laisse collée là-haut ? ». Un troisième a remarqué avec pertinence : « L'excitation de la présentatrice du jeu qui sait qu'elle tient une phrase de "Ségolène" qui va faire mouche... Incroyable... ». Ce qui a fait réagir : « Bah, c'est pour la même raison qu'on donne la parole à des NVB, Philippot et compagnie. Ce sont des bons clients. Va y avoir une punchline, une absurdité, bref, du buzz. ».

Un quatrième internaute a asséné : « Vu les dégâts réalisés en Poitou-Charentes, je ne comprends toujours pas qu’elle soit encore invitée à s’exprimer. ». Plus ironique, une cinquième a lancé : « Elle s’est fiancée avec Francis Lalanne ??? ». Un sixième : « Mais quand tous ces médias populo-populistes vont-ils arrêter d’inviter tous ces has-been qui n’ont apparemment plus leur tête ? ». Un septième, plus vache : « À quel moment s'est-elle dit : je vais faire mieux que le Titanic en terme de naufrage ? ». Plus soupçonneux, un huitième n'a pas hésité à faire des comparaisons osées : « Elle n'est plus très loin des mollahs iraniens qui rendaient les femmes adultères responsables des tremblements de terre. ». Un neuvième éberlué : « Alors là, nous sommes passés dans une autre dimension ! ». Un dixième a décliné la bravitude : « GLY---PH0---SA---TUDE ! ».

Plus précis, un onzième internaute a rappelé : « L'Agence européenne des produits chimiques et l'Autorité européenne de sécurité des aliments ont évalué les preuves disponibles et ont conclu que le glyphosate ne satisfaisait pas aux critères scientifiques pour être classé comme perturbateur endocrinien. ». Un douzième tout aussi précis : « La perturbation endocrinienne est un cut off au niveau de l'EFSA qui rassemble les études sur les pesticides. Si des études fournies ou indépendantes avaient montré le moindre effet PE du glyphosate, il n'aurait pas été réautorisé. Il faut que Ségolène arrête le lait de soja ! ». Très factuel aussi, un treizième a émis une hypothèse, très importante pour le raisonnement scientifique : « C'est parfois à l'adolescence que la quête de changement de genre se manifeste. Les perturbateurs endocriniens sont soupçonnés de favoriser la précocité de l'adolescence. Ça suffit à Ségo pour confondre Concomitance, Corrélation et Causalité. ». Un quatorzième, plus clinique, a tenté l'explication médicale : « Je me demande à quel moment son cerveau a décroché. Serait-ce l'onde de choc de la présidentielle perdue qui la travaille encore ? Elle quand même devenue très bizarre. ».


Un quinzième a lâché sa colère : « Un festival, dans nos médias. Et après, on aura droit à des chroniqueurs et journalistes "étonnés" par les résultats des sondages concernant les différentes théories du complot. Ils participent à la désinformation, c'est dramatique. ». Tandis qu'un seizième était très inquiet : « Alors là c'est officiel, on a totalement et Royalement perdu Ségolène et aucun avis de recherche n'est lancé ! ».
 


Le plus intéressant est sans doute ceux qui argumentaient sur le fond. Un autre internaute a ainsi pensé que l'ancienne ministre de l'écologie a confondu ses lectures car les études scientifiques évoquent des mollusques devenant hermaphrodites à la suite d'une exposition à des perturbateurs endocriniens. En particulier, on peut retrouver les détails dans la publication scientifique qu'il propose, celle de la chercheuse allemande Michaela Tillmann et al., "Effects of endocrine disruptors on prosobranch snails (Mollusca: Gastropoda) in the laboratory. Part III: Cyproterone acetate and vinclozolin as antiandrogens", éditée en décembre 2001 dans la revue "Ecotoxicology" (vol. 10, p373-388).

Je cite la fin du résumé de cette publication : « Each group of endocrine disruptors induces a characteristic set of toxicological effects in prosobranch snails which can be used as endpoints in an organismic invertebrate test for the identification of endocrine mimetic test compounds. Estrogens cause primarily an induction of superfemales resulting in an increased female mortality by the enhancement of spawning mass and egg production. The main effects of androgens are a virilization of females by imposex development and a marked decrease of the fecundity. Compared with estrogens and androgens, the antiandrogen responses seem to be less drastic and might have--in contrast to the two other disruptor classes--no biologically significant effects at the population level. ».

Traduction approximative : « Chaque groupe de perturbateurs endocriniens induit un ensemble caractéristique d'effets toxicologiques chez les mollusques prosobranches qui peuvent être utilisés comme paramètres dans un essai sur des organismes invertébrés pour l'identification de composés de test mimétique endocrinien. Les œstrogènes provoquent principalement une induction de superfemelles, ce qui entraîne une mortalité accrue des femelles par l'amélioration de la masse reproductrice et de la production d'œufs. Les principaux effets des androgènes sont une virilisation des femelles par développement de l'imposex et une diminution marquée de la fécondité. Comparées aux œstrogènes et aux androgènes, les réponses antiandrogènes semblent moins drastiques et pourraient n'avoir, contrairement aux deux autres classes de perturbateurs, aucun effet biologiquement significatif au niveau de la population. » [Certains escargots de mer femelles (gastéropodes) développent des caractéristiques sexuelles mâles à la suite d'une exposition au TBT (tributylétain). On appelle ce phénomène "imposex". ; le terme "superfemelle" est utilisé pour désigner une femelle ayant le syndrome chromosomique triple X].

Du reste, la chaîne BFMTV a fait son travail, même si on peut la suspecter de faire du buzz, car le 21 mars 2024, elle a interrogé le professeur Jean-Claude Carrel, chef du service d'endocrinologie pédiatrique à l'hôpital Robert-Debré à Paris, qui a rétabli la vérité scientifique : « La transidentité est la différence entre l’identité de genre et le sexe chromosomique, génétique. Mais lorsqu’on évalue le profil hormonal des personnes transgenre et de celles qui ne le sont pas, il n’y a pas de différence. Même chose au niveau génétique (…). Les mécanismes de la transidentité ne sont pas connus. Il n’y a pas de base biologique connue. ». Et de clarifier : « Actuellement, aucune donnée solide ne relie l’exposition aux perturbateurs endocriniens à l’âge du début de la puberté, nous sommes au niveau de la suspicion. Il y a un constat que cet âge avance. D’autres facteurs pourraient jouer un rôle comme la nutrition. (…) Le début de la puberté est une notion très variable. On estime que le développement des seins se fait entre 8 et 13 ans; il y a donc 5 ans de variation d'amplitude. ».

Jean-Claude Carrel a estimé que, de façon générale, « les perturbateurs endocriniens peuvent jouer un rôle, ils peuvent être l'un des cofacteurs, mais ne sont pas les seuls responsables » du déclenchement de la puberté. En revanche, il a affirmé : « Sur le plan épidémiologique, il existe des données solides qui lient les perturbateurs endocriniens au risque de cryptorchidie, c’est-à-dire de testicules mal descendus, ou d’hypospadias, une malformation qui touche le pénis. », ce qui n'a absolument rien à voir avec la transidentité.

De même, le 22 mars 2024, "20 Minutes" a contacté le sociologue Arnaud Alessandrin, spécialiste de la jeunesse et des identités de genre : « Il n’y a clairement aucun lien établi entre les perturbateurs endocriniens et le nombre d’enfants trans. Rien dans la littérature scientifique ne permet de l’affirmer. (…) Des modifications dans la sexuation peuvent apparaître chez les animaux (…). Mais chez les humains, l’identité de genre signifie le sentiment d’être un genre ou un autre. La traduction à l’humain est de ce point de vue impossible. (…) Ce mouvement [qui affirme un lien de causalité entre perturbateurs et transidentité] va considérer que l’identité de genre relève de la perturbation. C’est une vision pathologisante, de l’ordre de la suspicion. On considère qu’il n’est pas normal que les jeunes se déclarent trans. ».

L'ancienne ambassadrice des pingouins, qui officie également chez Cyril Hanouna, a bien compris qu'elle avait fait une grosse boulette et a fait du rétropédalage le 21 mars 2024 sur son compte Twitter, bien obligée d'en convenir même si sa grande mauvaise foi lui interdit de le reconnaître ouvertement : « Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit, je n'ai même pas évoqué "le nombre d'enfants trans". J'ai parlé de l’âge de la puberté, fragilisé quand il est impacté par les perturbateurs endocriniens (…). La brièveté de mes propos a pu porter à confusion et je m’en excuse auprès de ceux qui les ont honnêtement mal interprétées. J’ai toujours combattu les théories médicalisées de l’identité de genre, qui me font horreur, comme mes amis le savent. ». Et d'ajouter : « Les accusations de transphobe, proférées ici ou là, sont non seulement diffamatoires mais blessantes car volontairement malhonnêtes. ». Ce que je sais, c'est que lorsqu'on est poli et qu'on s'exprime correctement, on ne s'excuse pas soi-même mais on demande à être excusé par ceux que les propos ont choqués. En tout cas, la France est revenue de loin, le 6 mai 2007 (« En avant vers de nouvelles victoires ! »).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 mars 2024)
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Pour aller plus loin :
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