(dépêche)
Paris dénonce l'"appel à la haine raciste" d'Ahmadinejad
20 avr 2009 - il y a 38 min
Nicolas Sarkozy a dénoncé lundi un "appel intolérable à la haine raciste" après le discours du président iranien devant la conférence de l'Onu sur le racisme, justifiant le départ de la délégation française.
Dans son allocution, attendue comme l'un des moments forts de ce sommet, Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé la création d'un "gouvernement raciste" au Proche-Orient en faisant clairement référence à Israël, sans toutefois citer ouvertement le nom de l'Etat hébreu.
Le discours du président iranien est un "appel intolérable à la haine raciste, il bafoue les idéaux et les valeurs inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme", déclare le chef de l'Etat français dans un communiqué.
Nicolas Sarkozy "condamne totalement" les propos de Mahmoud Ahmadinejad et appelle à une réaction "d'extrême fermeté de l'Union européenne".
Les Etats-Unis, les Pays-Bas, l'Australie et l'Allemagne, ainsi que le Canada, l'Italie et Israël avaient décidé le boycottage de la conférence, craignant qu'elle ne serve de tremplin à des critiques sans mesure contre Israël.
La France avait annoncé sa participation lundi matin, prévenant qu'à la première "provocation", elle quitterait la salle.
"J'ai indiqué très clairement que la France ne tolèrerait pas que quiconque prenne la conférence en otage et s'en serve comme d'une tribune pour tenir des propos haineux", explique le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dans un communiqué.
CELA "DÉPASSE CE QUE NOUS REDOUTIONS"
Pour Bernard Kouchner, "ce geste de protestation" doit provoquer une "prise de conscience" internationale.
"Face à des attitudes comme celle que vient d'adopter le président iranien, aucun compromis n'est possible", insiste-t-il.
Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, a souhaité que la France se retire de "Durban II" après les "propos racistes et antisémites" du président iranien.
"Du fait de ces dérapages, c'est l'ensemble de la conférence qui se trouve discréditée", écrit-elle dans un communiqué. "La France et l'Union européenne doivent tirer immédiatement les conséquences de cet état de fait en se retirant de la conférence de Genève."
La France était représentée à la conférence de "Durban II" par son ambassadeur auprès des Nations unies à Genève, Jean-Baptiste Mattei, qui a été un des premiers à quitter la salle.
"Il est dommage que M. Ahmadinejad tente de prendre cette conférence en otage", a-t-il déclaré à sa sortie. "Nous sommes prêts à des discussions sérieuses mais ce qui vient de se passer dépasse ce que nous redoutions".
Les Nations unies organisent la conférence de "Durban II" dans l'espoir de surmonter les séquelles laissées par son premier forum sur le racisme tenu en 2001 en Afrique du Sud. Israël et les Etats-Unis s'en étaient retirés parce que des pays arabes avaient tenté d'y assimiler le sionisme au racisme.
Bien qu'il ne fasse pas allusion à Israël et au Proche-Orient, le texte négocié cette année "réaffirme" le contenu d'une déclaration adoptée à Durban qui fustigeait l'Etat juif.
Après de longues discussions, le projet de déclaration finale rédigé la semaine dernière est "acceptable", avait cependant défendu Bernard Kouchner dans la matinée.
"Israël n'est pas stigmatisé, la diffamation des religions (...) n'est pas mentionnée, la liberté d'expression est réaffirmée", avait-il expliqué sur France Info.
Laure Bretton, avec Jean-Baptiste Vey