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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 13:57
(Dépêches)


François Fillon en route vers Matignon

Le sénateur de la Sarthe devrait être nommé premier ministre la semaine prochaine.

Le match des premiers ministrables n’aura pas lieu. Si Nicolas Sarkozy s’est bien gardé tout au long de sa campagne d’évoquer le sujet, voire de donner le moindre signe susceptible d’être interprété dans un sens ou dans un autre, c’est parce que la question est dans son esprit tranchée. Initialement, le candidat avait envisagé d’annoncer le nom de son premier ministre ainsi que ceux des principaux ministres avec qui il comptait gouverner avant même d’entrer à l’Élysée. Sous la pression de Claude Guéant et de ses amis, il y a finalement renoncé. «Cela aurait pu créer des tensions et démobilisé certains», explique un membre de l’équipe.

Nicolas Sarkozy s’est donc tu. Il a laissé dire. Laissé faire les «petits jeux politiques» qu’il connaît trop bien. La course à Matignon, il l’a «courue» et «perdue» en 2002. L’ex-ministre de l’Intérieur a donc observé en silence le match des «premiers ministrables ». À vrai dire, un pseudo-match.
Favori au début de la campagne, François Fillon en sort renforcé et «pas très inquiet», dit-il, pour la suite. Présent tous les jours au QG de la rue d’Enghien, le conseiller politique du candidat UMP a fait un sans-faute ou presque. Sa collaboration avec Claude Guéant s’est bien déroulée. Entre ces deux personnalités plutôt calmes, le courant est bien passé. Un moment cité parmi les « premiers ministrables », Claude Guéant a lui-même coupé court à cette rumeur. Le 18 avril, sur le plateau de la chaîne de télévision Public-Sénat , l’ancien préfet évoque lui-même sa nomination au poste de secrétaire général de l’Élysée. Il ne sera, bien sûr, pas démenti.

Dans la majorité, la désignation de François Fillon ne fait guère de doute. Brice Hortefeux lui donne déjà du «Monsieur le premier ministre». «François Fillon a trouvé le bon mode de fonctionnement avec Nicolas», constate le ministre délégué aux Collectivités territoriales et ami de trente ans du président de la République élu. Fillon, lui-même, s’amuse des nombreuses sollicitations dont il fait l’objet de la part des députés. «C’est vrai que je sers beaucoup de café en ce moment», sourit-il.

Cela fait deux ans que Sarkozy et Fillon ont décidé de préparer ensemble la campagne présidentielle et le programme législatif dont il est le principal artisan. En rupture de ban avec Jacques Chirac après sa brutale éviction du gouvernement en 2005, le sénateur de la Sarthe a combattu pied à pied avec les chiraquiens pendant deux ans, s’imposant ainsi comme le véritable numéro deux de l’UMP.

Avec la victoire et la validation de la stratégie de campagne de Sarkozy, sa nomination à Matignon semble presque naturelle tant il connaît le programme et les intentions du prochain chef de l’État. La mise en route de ce nouveau tandem à la tête de l’exécutif en sera d’autant plus rapide. Dans l’esprit de Fillon, ce ne semble, en tout cas, pas faire de doute.

Les déclarations de Michèle Alliot-Marie avant le week-end sur France Info, se voyant bien à Matignon, l’ont laissé totalement de marbre. Sarkozy a pourtant pris garde de ménager le ministre de la Défense jusqu’à son élection. Elle a partici pé à tous les week-ends de travail (Baux-de-Provence, Porto-Vecchio) et aux réunions importantes autour du candidat. Mais de là à la nommer… Ses chances semblent, en réalité, minces, voire nulles.

Tout comme celles de Jean-Louis Borloo, le très populaire ministre de la Cohésion sociale. En retrait pendant plusieurs semaines, il a posé ses conditions pour rallier Sarkozy. Mais celui-ci a refusé, dit-il, de négocier quoique ce soit. Conscient du poids de cet allié face à la montée de François Bayrou, Nicolas Sarkozy a toutefois très largement valorisé la «carte» Borloo. Il a effectué deux déplacements avec lui dont un dans son fief de Valenciennes. Même l’hypothèse Xavier Bertrand, un moment avancée par Jean-Pierre Raffarin, ne tiendra pas la route. En réalité, les jeux sont faits depuis longtemps. Car Sarkozy, qui a horreur de l’im­provisation, a déjà tout prévu...

Benjamin de l’Assemblée nationale en 1981, ancien premier lieutenant de Philippe Séguin, numéro trois du gouvernement Raffarin, « père » de la réforme des retraites, François Fillon devrait donc devenir, à 53 ans, le dix-neuvième premier ministre de la Ve République.

Bruno Jeudy (Le Figaro), le 06 mai 2007, 18h45



Borloo et Fillon favoris des Français pour Matignon

PARIS (Reuters) - Jean-Louis Borloo et François Fillon sont les favoris des Français pour occuper la fonction de Premier ministre, selon plusieurs sondages publiés après l'annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle.

Le ministre de l'Emploi arrive toutefois en tête devant le conseiller politique de Nicolas Sarkozy.

Son nom est cité par 34% des personnes interrogées dans un sondage BVA/Orange pour la presse quotidienne régionale. François Fillon est mentionné par 25% d'entre elles, Michèle Alliot-Marie arrivant en troisième position (15%).

Le ministre de l'Emploi arrive aussi en tête dans un sondage Ipsos/Dell pour France 2-Europe 1-20 Minutes et Le Point avec 38% des personnes interrogées contre 17% pour François Fillon, comme pour Michèle Alliot-Marie.

Le même classement ressort d'une enquête CSA/Cisco pour France 3-France Info-France Inter et Le Parisien, avec 44% des personnes qui souhaitent voir Jean-Louis Borloo nommé à Matignon contre 33% pour François Fillon et 25% pour la ministre de la Défense. Dans cette enquête réalisée auprès de 1030 personnes, l'ancien Premier ministre Alain Juppé est cité par une personne sur cinq et le porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, Xavier Bertrand, par 12% des sondés.

Jean-Louis Borloo bénéficie en particulier d'une meilleure image auprès des sympathisants de gauche, 39% d'entre eux citant son nom contre 13% pour François Fillon et 12% pour la ministre de la Défense, selon BVA. Son score est de 32% pour les sympathisants d'extrême gauche et de 46% pour ceux de la gauche parlementaire, selon Ipsos/Dell.

La victoire du président de l'UMP suscite par ailleurs une adhésion qui va au-delà de son résultat de second tour, 56% des 820 personnes interrogées par BVA se déclarant satisfaites de son élection.

VOTE BAYROU : DES REPORTS DE VOIX EQUILIBRES

Le sondage Ipsos/Dell réalisé auprès de 3.609 personnes montre par ailleurs que 40% des électeurs s'étant prononcés pour le candidat centriste François Bayrou au premier tour se sont reportés au second sur Nicolas Sarkozy qui a aussi bénéficié d'un taux de report de 63% dans l'électorat de Jean-Marie Le Pen.

Alors que le président du Front national avait appelé ses partisans à s'abstenir, 20% d'entre eux auraient suivi cette consigne, selon ce sondage, 12% se reportant sur Ségolène Royal et 5% votant blanc ou nul.

La candidate socialiste a réuni sur son nom 38% des électeurs de premier tour de François Bayrou, qui se sont abstenus pour 15% d'entre eux et ont voté blanc ou nul à hauteur de 7%.

Ségolène Royal a bénéficié à hauteur de 72% des reports de la gauche "non socialiste" dont 8% des électeurs du premier tour se sont portés sur Nicolas Sarkozy.

La forte mobilisation au second tour a plutôt bénéficié à la candidate socialiste, 21% des abstentionnistes du premier tour s'étant prononcés pour elle contre 15% pour Nicolas Sarkozy. Près des deux tiers d'entre eux (64%) se sont toutefois à nouveau abstenus.

Selon l'enquête CSA/Cisco, 58% des électeurs de Jean-Marie Le Pen au premier tour se sont reportés sur Nicolas Sarkozy au second, 24% s'abstenant et 18% votant pour Ségolène Royal.

Les électeurs de François Bayrou se sont portés à hauteur de 47% sur Nicolas Sarkozy contre 45% pour Ségolène Royal, 8% s'abstenant.

La candidate socialiste a bénéficié d'un report à hauteur de 75% des voix d'Olivier Besancenot alors que le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire était arrivé en tête des "petits" candidats au premier tour avec un plus de 4% des suffrages. Plus d'un électeur sur cinq d'Olivier Besancenot (19%) s'est abstenu, 6% d'entre eux se prononçant pour Nicolas Sarkozy.

Lundi 7 mai 2007, 8h06



Les 22 qui comptent

Du premier cercle des collaborateurs à Cécilia, en passant par les poids lourds de la droite, tous occupent une place de choix sur l'échiquier Sarkozy. Et devraient jouer un rôle clef dans les mois à venir.

Le gardien du temple

Il connaissait mal Nicolas Sarkozy il y a à peine cinq ans, il est aujourd'hui celui auquel le nouveau président accorde le plus sa confiance. Ainsi l'histoire s'est-elle accélérée pour Claude Guéant (62 ans). En 2002, quand le ministre de l'Intérieur le sollicita pour qu'il devînt son directeur de cabinet, il demanda une nuit de réflexion. A l'été 2006, lorsque le candidat lui annonça qu'il dirigerait sa campagne, Guéant répondit oui immédiatement. Cet ancien préfet, directeur général de la police nationale (DGPN) entre 1994 et 1998, a pris goût à sa nouvelle vie. Longtemps, les palais de la République l'ont abrité. En janvier, il a dû chercher un logement. Longtemps, il ordonnait, les autres exécutaient. Désormais le premier des collaborateurs de Nicolas Sarkozy, promis au poste de secrétaire général de l'Elysée, il a subi, comme les autres, les emportements de son patron. Y compris pendant cette campagne.

Bienvenue au club.

Ce serviteur de l'Etat au tempérament placide avouait trouver quelque peu «vertigineuse» la tâche qui sera la sienne: «En discutant avec de multiples catégories de Français, j'ai mesuré le conservatisme ambiant. Même en volume, le travail qui nous attend est considérable. Et quand on connaît le système d'exécution dans notre pays, où il faut un an avant l'application d'un décret, on ne doute pas des difficultés à venir.»

L'ami

Au départ, il y a trente et un ans, le schéma était simple: ils étaient deux contre le monde entier. «Tu te souviens de la première petite permanence?» a demandé, à la fin d'avril, Brice Hortefeux (48 ans jusqu'au 11 mai!) à Nicolas Sarkozy. La mairie de Neuilly, les premières responsabilités au RPR, le gouvernement: il le suivait comme son ombre. Quand la terre se déroba sous les pieds du ministre d'Etat, parce que Cécilia s'en était allée, lui n'avait pas bougé. «La seule chose que je sache bien faire, c'est choisir mes collaborateurs, confiait Sarkozy un jour de tourmente. Brice, c'est mon frère. Je sais que, quand il est là, il peut m'arriver moins de choses. C'est la plus belle histoire d'amitié de la vie politique française.»

Et puis la campagne commença. Dès l'automne 2006, le candidat se mit à le rabrouer, lui expliquant que l'ancienneté dans les relations n'apporterait aucun avantage. Il ne voulait pas être prisonnier des siens. C'était déjà beaucoup pour Hortefeux, ce n'était encore rien: Sarkozy s'emporta plus tard avec violence contre le moment choisi par le ministre délégué aux Collectivités territoriales pour proposer l'introduction d'une dose de proportionnelle lors de l'élection des parlementaires. Juste avant l'état de grâce pour le président, le temps de la disgrâce pour son ami? Au lendemain du premier tour, dès 7 heures et quart, c'est encore lui que le futur président appelle. Il a souvent laissé entendre à Hortefeux que le ministère de l'Intérieur lui reviendrait. Le doute s'est installé. «Chacun de ses engagements, petit ou grand, chacune de ses promesses, personnelle ou publique, ont été tenus parce que, pour lui, dans sa morale intérieure, toute promesse affichée doit être un engagement tenu», a cru bon de rappeler, le 28 avril, sur ses terres de Clermont-Ferrand, Brice Hortefeux, en présence du candidat. Parole d'ami.

Le clan

Ceux-là ont pris l'habitude de tout donner, et d'abord leur temps, à Nicolas Sarkozy. Mais la campagne a mis à rude épreuve la solidité de cette équipe de conseillers, sur laquelle plane l'ombre de l'épouse du nouveau chef de l'Etat, soupçonnée d'en écarter certains pour en favoriser d'autres. Piliers du Sarkozy ministre et président de l'UMP, Laurent Solly (37 ans) et Frédéric Lefebvre (43 ans), aux profils si différents - le premier, préfet hors cadre, sait garder un secret, le second, élu dans les Hauts-de-Seine depuis 1989, aime la manœuvre politique - ont connu une campagne difficile. Solly se demande s'il va poursuivre l'aventure, Lefebvre a été privé de badge pour la soirée électorale du premier tour, au QG.

L'Elysée ? Elle aurait aimé se lancer dans la bataille. Matignon ? Elle a pensé son heure venue, après la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne de 2005. Michèle Alliot-Marie (60 ans) est une femme d'ambition, qui soulignait encore, le 4 mai, que sa carrière la «préparait» à diriger le gouvernement. Petit hic: «Elle a aujourd'hui autant envie de devenir Premier ministre que Sarkozy n'a pas envie qu'elle le devienne!» dit en souriant un dirigeant de l'UMP. Certains suggèrent qu'elle aille au Quai d'Orsay, mais elle se retrouverait au cœur du «domaine réservé».

Le nom d'Alain Juppé (61 ans) a aussi circulé, mais sa nomination au ministère des Affaires étrangères constituerait un remake. Le maire de Bordeaux est tenté par la présidence de l'Assemblée nationale, une fonction qui lui permettrait de préserver sa vie familiale: il a beaucoup réfléchi à la manière de revaloriser le travail parlementaire et semble de plus en plus favorable à la fin du cumul de fonctions nationale et locale. Mais le président élu ne cachait pas sa préférence de le voir entrer au gouvernement, par exemple à la tête de ce nouveau ministère du Développement durable et de l'Ecologie.S'il était sûr que la présidence du Sénat ne lui échappe pas, Jean-Pierre Raffarin (58 ans) se consacrerait sans doute prioritairement à cet objectif. Mais il voudrait aussi que l'UMP ne se transforme pas en un RPR bis, comme à la fin du quinquennat de Jacques Chirac - les anciens centristes ou libéraux ont alors perdu toute responsabilité d'envergure. Il estime que les cultures et les tempéraments appellent la diversité au sein du grand parti et ne refuserait pas de mener bataille, en duo avec un ex-RPR, pour la présidence de l'UMP. Problème: Nicolas Sarkozy privilégie l'hypothèse de ne pas avoir de successeur, seulement un secrétaire général.

Les pièces rapportées

Il a autant cru en Jacques Chirac en 1995 qu'il croit aujourd'hui en Nicolas Sarkozy. Henri Guaino (50 ans) est comme ça, capable d'oublier les déceptions d'hier si on lui fait revivre ses passions intellectuelles, au premier rang desquelles figure la République. La vraie, la grande, celle des valeurs et de l'Histoire. Le tournant décisif dans la rhétorique du candidat, c'est lui: tout a changé un jour de mai 2006, à Nîmes, où le futur président a parlé, comme jamais il ne l'avait fait auparavant, de son rapport à la France. Si «la plume» a pu énerver l'entourage en se montrant bavarde pour deux, elle peut désormais penser à juste titre que le Sarkozy d'aujourd'hui, souvent si infidèle à celui du passé, lui doit une part de sa victoire.

Au dernier jour de la campagne, Xavier Bertrand (42 ans) pourrait presque faire figure de sarkozyste historique, tant il a été présent auprès du candidat. «Son physique m'intéresse», avait décrété le président de l'UMP. L'ex-ministre de la Santé n'a pas seulement misé là-dessus pour donner un sacré coup d'accélérateur à une carrière qui progressait déjà à grande vitesse - il a été élu député pour la première fois il y a seulement cinq ans.

Lui n'a jamais connu le suffrage universel: Arno Klarsfeld (41 ans) est avocat et historien. Mais il a pris goût à la campagne, arrivant souvent le premier au QG pour la réunion du matin. «Même si je ne comprends pas toujours tout, il m'envoie quatre idées par jour, me laissant des messages ou des SMS pendant qu'il est en train de courir!» raconte François Fillon. Exemple: il suggère le transfert au Panthéon de la dépouille de Toussaint Louverture, héros haïtien de l'abolition de l'esclavage.

Madame

Du rouge Place Beauvau. Le premier quinquennat de la Ve République, elle l'avait entamé par une première: le 8 mai 2002, Daniel Vaillant quittait le ministère de l'Intérieur, remplacé par Nicolas… et Cécilia Sarkozy, arrivés ensemble à la cérémonie de passation des pouvoirs, elle vêtue d'un tailleur rouge - «C'est vrai que je ne suis pas passée inaperçue», avouera-t-elle. Couple, duo, tandem: l'ascension de l'un n'allait pas sans l'exposition de l'autre. La campagne présidentielle aura été le contraire de cette séquence-là: l'épouse du candidat fut d'une totale discrétion - mais personne ne conteste qu'elle a été influente. Elle est simplement devenue, depuis les quelques mois de séparation de l'année 2005, un sujet tabou. Les conseillers ne parlent d'elle que sous couvert d'anonymat, convaincus qu'ils risquent d'être privés d'un poste si un mot lui déplaît. Elle est maintenant la première dame de France. En 2005, elle confiait à Télé Star: «Je ne me vois pas en First Lady. Cela me rase. Je ne suis pas politiquement correcte: je me balade en jean, en treillis ou en santiags. Je ne rentre pas dans le moule.» -

Chargé des relations avec la presse, Franck Louvrier (38 ans) a suivi Nicolas Sarkozy dans sa traversée du désert, en l'occurrence son refuge de Neuilly-sur-Seine, après la débâcle des européennes de 1999. A Beauvau puis à Bercy, il dut ensuite gérer l'explosion médiatique de son ministre, avant de l'accompagner dans son aventure électorale. Pendant ce temps, Jérôme Peyrat (44 ans), véritable mécano du parti, tentait de corriger les dysfonctionnements entre le QG et le siège de l'UMP. Ils furent tous deux très présents pendant la campagne, de même que David Martinon (36 ans), ex-conseiller diplomatique du ministre, promu chef de cabinet du candidat.

L'une et l'autre ont beaucoup contribué à alimenter le logiciel Sarkozy. Emmanuelle Mignon (39 ans), major de l'ENA, n'a cessé de réunir des experts et de rédiger des notes. Avec sa double casquette de directrice des études de l'UMP et de conseillère auprès du ministre, chargée des discours. De son côté, Rachida Dati (41 ans), magistrate, a été propulsée, après près de cinq ans passés au cabinet du ministre, porte-parole. «Quelqu'un comme moi brouille la lecture de l'élite, pas de la France de base», relève-t-elle. A ceux qui la croient destinée à un portefeuille gouvernemental autour des questions d'intégration, elle répond: «Ils n'ont rien compris au fonctionnement de Sarkozy.»Des relations avec tout ce que Paris compte comme people et journalistes: Pierre Charon (56 ans), conseiller de Paris, est un homme convivial. Mais il peut faire passer des messages qui le sont moins…

Les compagnons de route

Ils connaissent le président depuis des décennies. Patrick Devedjian (62 ans), qui voudrait succéder à Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine, a également rencontré, ces derniers mois, tout ce que le monde judiciaire compte de professions. Mais ne soulevez pas devant lui le problème d'un éventuel cumul entre un exécutif local et un portefeuille ministériel: il cite l'exemple d'un homme qui a si bien réussi à assumer ces deux responsabilités… qu'il en est devenu, le 6 mai, chef de l'Etat!Devedjian est lettré, lui est sportif: Christian Estrosi (51 ans) a longtemps eu le complexe de l'Azuréen dont on se moque à Paris. Il espère venu le temps de la revanche et ne manque pas d'ambitions: un poste au gouvernement ou la présidence du groupe UMP à l'Assemblée et, peut-être, la mairie de Nice l'an prochain.

A 55 ans, Roger Karoutchi voudrait enfin connaître les joies de la vie ministérielle. Son amitié avec le chef de l'Etat est ancienne et solide, pas même troublée par son passé séguiniste.
Les poids lourds

Depuis le début de l'année, Nicolas Sarkozy s'est fait très discret sur ses intentions. Dans un avion, lors d'un déplacement pour un meeting, il a taquiné François Fillon: «Lorsque tu seras secrétaire d'Etat à l'Agriculture…» Le sénateur de la Sarthe (53 ans), qui n'appartient pas au cercle des sarkozystes de toujours - il était même présenté par les proches de Jacques Chirac comme un recours possible durant la première moitié du second mandat - fait figure de grand favori pour Matignon. Il remplacerait alors celui qui l'a chassé du gouvernement en 2005, Dominique de Villepin. Avec une idée en tête: n'imiter ni son prédécesseur ni Jean-Pierre Raffarin. «Nous avons géré avec prudence là où nous aurions dû gouverner avec énergie», assenait-il pendant la campagne.

Déjà, durant la présidence de Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo (56 ans) a rêvé de Matignon. Il n'a jamais été appelé. Cette fois encore, le poste de Premier ministre devrait lui échapper, sauf énorme surprise de dernière minute, et c'est à Bercy qu'il pourrait atterrir. Il souhaite néanmoins ne pas se retrouver à la tête d'un ministère amputé, alors que le candidat a promis de distinguer le portefeuille de la Stratégie économique de celui des Comptes.

Eric Mandonnet (L'Express), le 06 mai 2007.





Quel gouvernement ?

Avec qui gouvernera le ou la prochain(e)Président(e) ? Aucun des deux candidats n'a été très loquace sur ce point, mais on peut, d'ores et déjà, dresser un liste de personnalités qui devraient faire partie de l'équipe qui dirigera le pays, en fonction du choix des électeurs aujourd'hui.

Si c'est lui

Un gouvernement réduit (un Premier ministre, 15 ministres de plein exercice) dans lequel la parité sera respectée. Pas de ministres délégués. Une dizaine de secrétaires d'Etat. L'architecture du futur gouvernement de Nicolas Sarkozy est presque arrêtée. Si le nom de François Fillon revient avec insistance pour Matignon, le choix de ceux qui formeront cette équipe restreinte fera l'objet d'arbitrages jusqu'à la "dernière minute", prévient l'entourage de Nicolas Sarkozy qui a enjoint les "nominés" au silence complet. Le conditionnel est donc de rigueur. "Laissons les Français voter. Après il sera bien temps..."

Nicolas Sarkozy, qui sera un président "à la manoeuvre" et "en première ligne", viendra régulièrement (chaque année ?) faire un bilan d'étape devant le Parlement et tiendra des conférences de presse régulières (une fois par trimestre ?). Il a déjà beaucoup réfléchi à la composition de sa "dream team" : Brice Hortefeux, Alain Juppé, Jean-Louis Borloo, Michèle Alliot-Marie, Patrick Devedjian, Xavier Bertrand, Xavier Darcos mais aussi Valérie Pecresse, Rachida Dati, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez font partie des valeurs sûres, même si, aux dernières nouvelles, seules des personnalités "aguerries" et "confirmées" devraient être nommées ministres tandis que les espoirs les plus prometteurs pourraient être secrétaires d'Etat.

Parce qu'il garde un souvenir amer de 1995 et de la mise à l'écart que lui avait valu son soutien à Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy s'est engagé à ouvrir largement le gouvernement à l'UDF (Christian Blanc ? Hervé Morin ? Maurice Leroy ?) comme à quelques personnalités de gauche. "Je vous promets la réconciliation", a-t-il plusieurs fois répété en petit comité. Des surprises sont à attendre au titre de la société civile. Ces derniers jours, les noms d'Anne Lauvergeon (Areva) et de Nicole Notat circulaient, tout comme celui de Philippe Séguin, l'actuel président de la cour des Comptes (dont François Fillon a longtemps été proche). Celui d'Eric Besson également, plus que Claude Allègre malgré le passage -qu'il aurait sans doute souhaité plus discret- de l'ancien ministre du gouvernement Jospin au QG de la rue d'Enghien vendredi après-midi.

Si c'est elle

La nécessité de séduire le centre a obligé Ségolène Royal à laisser planer l'idée qu'elle pourrait appeler François Bayrou à Matignon ! Une idée qu'elle avouait toutefois "peu probable". Mais cette main tendue aux centristes pourrait, nous dit-on, ramener deux femmes centristes - d'une pierre deux coups - à des postes ministériels : Marielle de Sarnez, directrice de la campagne UDF, et Corinne Lepage, l'ancienne ministre de l'Ecologie et avocate réputée en ce domaine ralliée à François Bayrou. DSK, "talentueux et imaginatif", pourrait être un "très bon Premier ministre... si tel est mon choix", a dit la candidate.

Mais ce choix serait peu conforme au rôle qu'elle veut assigner à son Premier ministre, à savoir "appliquer le pacte présidentiel". La Présidente se voudra seul chef de l'exécutif, le Premier ministre étant un super exécutant. C'est elle qui, au Conseil des ministres, demandera des comptes à ses ministres sur leur action de la semaine. Elle se rendra elle-même devant le Parlement - ce que la Constitution interdit aujourd'hui - au détriment de l'aura du Premier ministre qui pourrait être Jean-Marc Ayrault, excellent député-maire de Nantes.

Jean-Louis Bianco retrouverait plutôt le secrétariat général de l'Elysée. L'équipe Royal, dont François Hollande ne fera pas partie, mêlera hommes et femmes d'expérience, tels Jack Lang (au Quai d'Orsay) et Jean-Pierre Chevènement (Défense), Jean-Jack Queyranne (Culture), Michel Sapin, Elisabeth Guigou, Christiane Taubira et Dominique Voynet. Des talents socialistes confirmés ou des proches tels François Rebsamen (Intérieur), Jean-Marie Le Guen (Santé), Arnaud Montebourg, Jean-Pierre Mignard ou André Vallini (Justice), Vincent Peillon, Bruno Le Roux, Julien Dray, Claude Bartolone. Des talents plus récents comme l'économiste Thomas Piketty, Malek Boutih, David Assouline, Benoît Hamon, Delphine Batho, "l'héritière" de la circonscription de Melle, Aurélie Filippetti, transfuge des Verts, Hélène Mandroux, maire de Montpellier, Alain Rousset, président des présidents de région.

Par Virginie LE GUAY et Pascale AMAUDRIC (JDD), le dimanche 06 Mai 2007




Les suites du second tour

Le nouveau président de la République a été élu avec un peu plus de 53% des voix. Sarko devance donc Ségo de deux millions de voix, une victoire très nette et sans discussion.

D’ailleurs, ce matin, pas un commentateur ne se risque à la contester. Sarko élu pour cinq ans, se profile maintenant deux échéances : la formation de son futur gouvernement, resserré à quinze ministres comme il l’a toujours annoncé, avec à sa tête très probablement François Fillon. Celui-ci avait hier soir sur les plateaux de télévision, l’assurance tranquille de l’homme qui sait. A ses côtés, rien n’est encore sûr, mais on devrait retrouver Alliot-Marie, Xavier Bertrand, Juppé peut-être (sauf s’il préside l’Assemblée), Borloo, Hortefeux à moins qu’il aille présider l’UMP, et quelques jeunes comme Rachida Dati, Rama Yade ou Laurent Wauquier… Il y aura donc beaucoup de déçus, même si quelques secrétaires d’Etat seront nommés après les législatives.

Et voici la deuxième échéance à ne pas rater. Sarko veut une majorité pour gouverner, sachant que le plus souvent sous la Ve République, le président nouvellement élu en bénéficie. Mais Bayrou va jouer son va-tout : soit il arrive à faire exister son Mouvement démocrate, soit il retourne à la case départ avec un parti « croupion ». Mais la plupart des cadres élus de son parti ont rallié la candidature de Sarko, afin de préserver leurs chances d’élection pour les législatives… Et certains pourraient même rejoindre le gouvernement, comme Maurice Leroy… Ce n’est donc pas gagner pour Bayrou qui veut se voir en « contre-pouvoir ».

A gauche, on l’a vu dès hier soir, cela pourrait tourner à la foire d’empoigne au PS. Strauss-Kahn a sonné la charge, Fabius également, mettant tous les deux en cause Hollande en premier lieu, coupable de ne pas avoir engagé la rénovation du parti. Mais Ségo va se dresser sur leurs routes, car elle a bien l’intention d’incarner l’opposition et de mener le PS au combat pour les législatives, avant de revenir, peut-être, en 2012… La bataille interne risque cependant de peser sur la mobilisation des électeurs de gauche pour les législatives. Les semaines qui viennent s’annoncent donc toujours aussi passionnantes.

Dominique ARTUS, le 07 mai 2007, 12:14





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