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13 juin 2007 3 13 /06 /juin /2007 10:49
Future dictature, hégémonie du grand parti godillot, pleins pouvoirs, Assemblée monolithique... Et si c'était les Français qui voulaient une cure de sarkozysme ?


L’entre deux tours d’élections législatives est toujours sujet à caution : pour les uns, le second tour confortera le premier et pour les autres, il le tempérera.

Dans tous les cas, il est désormais évident que l’UMP aura une large majorité à l’Assemblée Nationale le soir du 17 juin 2007, ce qui est cohérent avec l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République.

Dans ces élections à campagne très courte, la majorité présidentielle a été le seul camp qui a présenté un message clair aux électeurs. Les autres partis sont restés nettement dans le flou programmatique.

D’un côté, le Modem semble entrer dans une grande confusion. Version centre gauche de l’UDF, le Modem n’a visiblement pas un discours clair au niveau national.

Si François Bayrou a refusé avec raison le dialogue avec Ségolène Royal afin de préserver son indépendance des deux côtés, et si la plupart de ses partisans ne donnent aucune consigne de vote (c’est cohérent, mais est-ce totalement responsable, quand on est engagé dans la vie politique, de ne jamais prendre position ?), plusieurs candidats du Modem battus au premier tour lancent pourtant des appels pour le moins incohérents, comme Azouz Begag à Lyon appelant à voter pour le candidat socialiste (alors qu’il avait fait partie du précédent gouvernement UMP) ou Thierry Cornillet à Montélimar pour le candidat UMP.

Le Modem risque bien de devenir l’auberge espagnole où chacun fait n’importe quoi. Le fait d’avoir présenté des candidats du Modem contre les députés UDF sortants a montré également une incohérence de fond, puisque ces députés sortants soutenaient les mêmes idées que le Modem. Sauf sa stratégie.

Ceux-ci pourront comme prévu former un groupe parlementaire qui sera pourtant indépendant du gouvernement et de l’UMP.

Malgré les nombreuses intoxications, comme le rappelait Maurice Leroy, aucun candidat du pseudo-Nouveau Centre n’a en effet signé une quelconque allégeance au nouveau pouvoir : aucun contrat obligeant à ne pas voter contre le budget, encore moins aucune démission antidatée…

Ce type de pratique serait non seulement anticonstitutionnelle (le député ne peut pas, comme aux États-Unis, avoir de mandat impératif) mais aussi inutile, puisque finalement, c’est le soutien politique qui compte (du gouvernement par le député ou du député par le parti majoritaire pour sa future réélection). C’est d’ailleurs sur ces mêmes bases que s’était constitué le groupe UDF sortant en juin 2002.

Seul Jean-Christophe Lagarde essaie encore de rester sur une position de type Modem-majorité présidentielle, restant d’accord sur le projet centriste mais désapprouvant le refus suicidaire des alliances.

De l’autre côté, le PS s’enfonce dans la plus grande incohérence stratégique, où l’on voit Ségolène Royal vouloir obtenir vainement à sa botte les candidats du Modem, François Hollande la contredire fermement, Dominique Strauss-Kahn, seul espoir réel de transformer en profondeur le PS pour en faire un parti social-démocrate classique, se gauchiser à outrance (refusant toute main tendue aux centristes) sans doute à cause du risque de son propre échec électoral (il a besoin de remobiliser la gauche à Sarcelles), Pierre Mauroy s'ulcérer que sa candidate protégée bafoue autant les règles de son parti fétiche, Laurent Fabius, le plus archaïque des éléphants, obtenir un beau score dans sa circonscription (ratant de 57 voix sa réélection dès le premier tour)…

Mais d’autres éléphanteaux sont là pour renforcer la confusion. Ainsi, l’efficace maire d’Évry Manuel Valls (jospiniste) ne cesse de marquer son territoire pour faire renvoyer François Hollande le plus tôt possible et mettre une nouvelle génération (en clair, lui) à la tête du PS.

Et pour ponctuer le tout, plusieurs des proches de Ségolène Royal (qui a pour objectif aussi de conquérir la tête du PS) sont en ballottage très défavorable : Jean-Louis Bianco, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Julien Dray, alors qu’elle semble encore très populaire parmi les militants du PS (c’est vrai qu’elle ne les a pas abandonnés malgré sa défaite à l’élection présidentielle).

Face à tout cela, l’UMP fait profil bas, Nicolas Sarkozy fait profil bas. Elle se permet même d’être généreuse, magnanime en aidant François Bayrou (alors qu’il n’en avait pas besoin) par le désistement du candidat UMP (ce dernier a donc obéi malgré sa grande amertume, mais dans ce cas, pourquoi avoir été candidat au premier tour ?) et en précisant bien, selon Jean-Claude Gaudin, qu’aucun accord n'avait été conclu avec le Modem, afin de ne pas mettre à mal la stratégie de François Bayrou (ce dernier le 12 juin 2007 s’est d’ailleurs montré très étonné).

Elle se permet même d’être honnête, d’envisager l’augmentation de la TVA de 5% pour 2009. Sans complexe. Juste annoncer la couleur malgré les cris de l’opposition (la TVA sociale n’est sans doute pas la mesure la mieux adaptée, mais c’est un autre sujet).

Certes, Nicolas Sarkozy a tout intérêt à avoir la plus large majorité parlementaire, pour des raisons financières (dans les deux sens : appauvrir l’opposition et enrichir l’UMP, lui donner des moyens matériels extraordinaires) et pour des raisons médiatiques (le temps de parole sera proportionnel aussi). Encore que Édouard Balladur et Jacques Chirac avaient constaté qu’il était plus facile de museler une majorité de quelques sièges (comme en 1986) qu’une trop large majorité (comme en 1993) où chaque député se permet de s’opposer en interne pour rester à l’écoute de ses électeurs.

Jamais un responsable politique n’avait reçu autant que Nicolas Sarkozy la confiance des Français depuis De Gaulle : 31% au premier tour, 53% au second tour, 46% pour son parti au premier tour des législatives. La pléthore de députés UMP n’est qu’un effet mécanique, mais ce qui est important, c’est d’observer le nombre de voix.

Nicolas Sarkozy a convaincu beaucoup de gens de gauche dans sa démarche, et c’est en cela qu’il est un rassembleur (je ne le dis que factuellement, on peut le regretter).

Les leaders de gauche s’aveuglent en parlant de future dictature, de mauvais mode de scrutin etc. mais c’est quand même bien le peuple qui s’est prononcé.

Et c’était loin d’être évident pour Nicolas Sarkozy, taxé (à juste titre) d’arriviste, d’ambitieux (voire de parvenu) et qui a connu des sommets d’impopularité entre 1995 et 2002, très contesté au sein de sa propre famille politique, le RPR, et plus généralement par l’opinion publique.

Il a combattu une femme très médiatique et populaire qui a réussi pourtant à casser les carcans habituels qui façonnent les leaderships politiques.

Mais ce n’est finalement qu’une conclusion logique : les trois principaux candidats Sarkozy, Royal et Bayrou avaient tous les trois la volonté de faire de nombreuses réformes.

Certes, il ne s’agit pas de réformer pour réformer, le tout est de savoir dans quel sens il faut changer. Mais tous les trois avaient diagnostiqué la nécessité vitale de transformer la société actuelle.

Or, sur le fond, l’UMP a présenté le projet le plus cohérent, le plus préparé, le plus structuré, et aussi, le plus lisible, face au projet léger et rempli de contradictions du PS et au projet encore en construction du Modem.

Les Français l’ont compris, ils vont donc essayer Sarkozy pendant cinq ans, et pour eux, pour leur pays, il y a intérêt à ce que ça marche !

Sylvain Rakotoarison


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