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10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 19:57
La future réforme des régimes spéciaux de retraite commence à échauffer les esprits. En écoutant quelques émissions radiophoniques, l’inquiétude est croissante sur la pertinence des informations qui y sont véhiculées.


Les émissions radiophoniques qui donnent la parole aux auditeurs sont bien sympathiques car elles permettent de faire exprimer de façon développée la vox populi. Mais encore faut-il que le journaliste qui ‘modère’ ce type de discussion ne laisse pas passer quelques incongruités.

Ce lundi midi (10 septembre 2007), j’écoutais donc une émission de ce type à mon autoradio.

Le sujet était la réforme des régimes spéciaux des retraites. Le Président Nicolas Sarkozy devrait donner son carnet de route le 18 septembre prochain mais dès maintenant, les syndicats s’inquiètent (‘il va y avoir du sport’, ou encore ‘risque de conflit majeur’).


Sur le fond, comme sans doute de nombreux autres citoyens, je suis pour une remise à égalité (qui est une valeur constitutionnelle, argument évoqué pour refuser les allégement fiscaux de ceux qui ont déjà emprunté pour leur résidence principale) de tous les régimes de retraite (en tout cas si celui-ci est déficitaire) même si cela ne peut pas être la clef pour résoudre les importants déficits qui vont survenir dans les vingt prochaines années.

Un auditeur prenait donc la parole et évoqua son mécontentement sur ce qu’en disaient les médias, rappelant que lorsqu’on abordait ce sujet, on ne parlait que des employés de la RATP, SNCF, EDF et GDF.

Ce qui est un peu vrai.

Mais voilà qu’il commença à dire qu’il y avait bien d’autres régimes spéciaux et il cita par exemple les enseignants. Malgré quelques étonnements du journaliste, l’auditeur laissa en plan cette catégorie en disant quand même que les instituteurs (au moins) prenaient leur retraite à 55 ans, déjà qu’ils ne faisaient pas beaucoup d’heures dans l’année (et pan pour les profs !).

Le journaliste n’a pas su répliquer alors que l’auditeur poursuivait.

Sur le régime de retraite des députés et des militaires.

Sur les députés, il n’insista cependant pas et le journaliste tenta de rappeler que les députés cotisaient quand même une double part. L’auditeur sauta de sujet en affirmant péremptoirement que les députés avaient droit à une retraite dès la fin de leur mandat.

Mais la cible privilégiée de cet auditeur visiblement mal informé (et pas aidé par le journaliste, je le répète !), c’étaient les militaires. Dès leur 25e année de service, ils avaient droit à leur retraite. Et tout de suite, pas à 60 ans. Et pire encore, s’ils se promenaient en Afrique ou à ailleurs, ce serait beaucoup plus.

Heureusement, le journaliste, temporisateur, a estimé que les missions à l’étranger (notamment en Afghanistan) étaient loin d’être des promenades de santé et que leur vie était souvent en danger…

Et que dans les entreprises publiques, le nombre d’employés était nettement plus important que pour d’autres régimes spécifiques (touchant un million et demi de personnes selon lui).

Qu’importait les inexactitudes répétées de l’auditeur, on passait à l’auditeur suivant.


Pourtant, il aurait fallu lui rappeler, à cet auditeur démagogique, un certain nombre de choses comme, par exemple :

1. Les professeurs des écoles (et pas instituteurs) ont le même type de retraite que les autres fonctionnaires et que les mères ont la possibilité de prendre leur retraite plus tôt (en fonction du nombre d’enfants).

2. Les enseignants travaillent évidemment beaucoup plus longtemps que pendant les seules heures de ‘confrontation pédagogique’, puisqu’il faut qu’ils préparent leurs cours (sans cesse renouvelés), corrigent les copies de leurs élèves, se forment, aillent aux diverses réunions de parents d’élèves et conseils de classe etc.

3. Un député ne peut commencer à prendre de retraite qu’après au moins deux mandats, et comme il cotise doublement, cela correspond à 20 ans d’indemnité (mais ce n’est pas un traitement à taux plein). À ma connaissance (comme pour le système d’indemnité chômage des députés), ce système n’est pas déficitaire et n’est donc renfloué par aucune cotisation de salariés.

4. Les militaires engagés sont payés très peu par rapport à un emploi équivalent dans le secteur privé et leur vie est souvent mise en danger. Leur retraite n’est pas non plus très élevée et souvent, à 45-50 ans, les militaires à la retraite doivent s’insérer dans le marché de l’emploi pour gagner des revenus complémentaires.


Par ailleurs, dans cette brève discussion radiophonique, j’ai constaté que :

1. Le rôle du journaliste est essentiel dans la pertinence des informations (factuelles) évoquées et qu’il est souvent déficient (nous l’avons vu aussi lors des interviews avec les candidats à l’élection présidentielle ce printemps).

2. Le débat sur les régimes sociaux risque d’aboutir à entendre quelques envolées populistes (anti-profs, antiparlementaires, anti-fonctionnaires etc.) et plus généralement, à mettre au pilori un certain nombre de catégories de citoyens.

3. Un journaliste pouvait être très facilement impressionné par un auditeur qui parlait bien (ce qui était le cas) mais qui sortait d’on ne sait où des informations inexactes.


Quel est le principal responsable de ces inexactitudes ?

Ma tentative de réponse serait la suivante, sans vouloir être provocateur : la mauvaise foi des syndicats qui, loin de défendre l’ensemble des salariés, ne semblent être que des syndics des droits acquis sans prendre en compte ceux qui en sont exclus.

Car si les syndicats acceptaient le principe même de la réforme de ces régimes spéciaux (pourquoi les lois Fillon ne les ont-elles pas touchés d’ailleurs ?), il y aurait sûrement une meilleure réflexion, une meilleure concertation et finalement, un meilleur résultat pour savoir comment les supprimer.

Sans s’en prendre à ceux qui en avaient bénéficié jusque là.















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