« Un porte-parole de la compagnie a confirmé au site d'informations russe RBC qu'au moins 6 pilotes ont été mis à pied sans salaire ou placés en congés forcés sans solde et ce depuis plusieurs semaines. (…) En Russie, le code du travail ne permet pas de licencier un salarié qui refuserait d'être vacciné. Mais cet été, le ministre russe du Travail a averti que les travailleurs non vaccinés risquent d’être mis en congé sans solde. Par ailleurs, les entreprises de services, comme les compagnies aériennes, doivent atteindre un taux de vaccination de 60% sous peine d'amendes. » (Olivier Chicheportiche, journaliste sur BFMTV le 8 septembre 2021).
La première compagnie aérienne russe Aeroflot fête le vendredi 17 mars 2023 son centenaire. En comparaison, la compagnie française Air France est un peu plus jeune, fondée le 7 octobre 1933. C'est un peu particulier de parler en ce moment d'une "réussite" industrielle de la Russie, pire, de l'Union Soviétique, mais il faut la saluer comme telle.
Certes, lorsqu'il m'arrivait, pour des raisons professionnelles, de me rendre en Russie (dans les deux principales villes du pays) il y a un peu plus d'une vingtaine d'années (au tout début de la période Poutine), j'insistais toujours auprès des charmantes personnes qui me préparaient mon voyage de ne prendre que des vols Air France pour des raisons de sécurité et de patriotisme.
Aeroflot est l'une des compagnies aériennes les plus anciennes de la planète, et la durée d'exploitation est, dans ce cas-ci précis, une bonne indication de la qualité de l'entreprise (rappelez-vous Air Lib par exemple).
J'avais cependant raison de préférer voyager avec Air France, parce que les statistiques de sécurité n'étaient pas très bonnes pour Aeroflot. Entre 1950 et 2008, Aeroflot a connu 127 crashs, tandis qu'Air France, seulement 22, selon le site Air Disaster.
De toute façon, maintenant, il n'y a plus à réfléchir, Aeroflot est interdit d'accès dans l'espace aérien de l'Union Européenne depuis le 28 février 2022, en raison des sanctions consécutives à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et tous les voyages vers la Russie (depuis la France) sont également fort compromis. L'objectif d'atteindre 100 millions de passagers pour son centenaire, l'année 2023, sera donc impossible à atteindre (projet adopté en décembre 2018).
Aeroflot est l'une des principales compagnies aériennes russes, symbolisant cette nation dans les airs. C'est le 17 mars 1923, il y a cent ans, que la Dobrolet a été créée (qui veut dire bon vol) en URSS pour les vols tant intérieurs qu'internationaux. Le 15 juillet 1923, la première ligne a été inaugurée, reliant Moscou à Nijniy Novgorod (devenue Gorki pendant la période soviétique). Le 1er février 1932, Dobrolet et deux autres compagnies aériennes (une ukrainienne et une caucasienne) ont fusionné pour constituer Aeroflot, le fleuron des vols soviétiques (le nom Aeroflot a été adopté le 25 mars 1932).
Entre le 26 décembre 1975 et 1er juin 1978, Aeroflot est la seule compagnie aérienne à avoir exploité des lignes avec l'avion supersonique Tupolev Tu-144 (avec 55 vols passagers). L'arrêt de l'exploitation a été la conséquence de l'accident du 23 mai 1978 lors d'un test qui a coûté la vie à 2 membres d'équipage (sur les 8 au total), à la suite de l'incendie d'une aile en cours de vol en raison d'une fuite de kérosène.
À la fin de l'ère brejnévienne, Aeroflot employait près d'un demi-million de salariés et bénéficiait d'un grand nombre d'avions, en particulier de 400 Tupolev Tu-154, de 400 Tupolev Tu-134 et de 500 Yakovlev Yak-40.
Trente ans plus tard, en 2012, avec 20 millions de passagers par an, Aeroflot faisait partie de cinq meilleures compagnies européennes pour la modernité de la flotte et faisait travailler plus de 30 000 personnes.
En 2019 (c'est-à-dire avant le covid-19 et avant l'Ukraine), Aeroflot enregistrait un bénéfice de 182 millions d'euros, soit une hausse de 56% pour l'année (données annoncées le 3 mars 2020).
En 2022, la flotte d'Aeroflot disposait de 138 appareils en service, 35 stockés et 67 commandés, et elle était composée majoritairement de Boeing et d'Airbus (ce qui pose désormais des problèmes de sécurité car la compagnie ne dispose plus de pièces de rechange des constructeurs en raison des sanctions économiques). Le 10 septembre 2018, Aeroflot avait commandé 100 avions Superjet 100, le principal avion civil russe (produit par Soukhoï), en plus des 50 moyens-courriers russes MC-21 commandés auparavant, ce qui représentera en 2026 plus de 200 appareils fabriqués en Russie dans sa flotte.
Malgré les sanctions, Aeroflot a maintenu des lignes avec encore beaucoup de pays. Au 25 janvier 2023, la compagnie russe commercialise toujours des lignes commerciales en direction de l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Chine, l'Égypte, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, le Kirghizistan, les Maldives, les Seychelles, Sri Lanka, la Thaïlande, la Turquie, les Émirats Arabes Unis et l'Ouzbékistan. En revanche, du fait de l'effondrement de son activité internationale, Aeroflot a réduit considérablement le nombre de kilomètres parcourus. Le nouveau partenariat avec la Chine de Xi Jinping pourrait ouvrir de nouvelles opportunités pour Aeroflot.
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230317-aeroflot.html
https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/aeroflot-et-l-asphyxie-du-247359
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