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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 15:34

(dépêche)

 

 

France : la crise de l'immobilier pourrait durer jusqu'en 2011 

Par LeMonde.fr - mer 26 nov 2008 - 16h31         
 
Mardi 25 novembre, deux mauvais chiffres, publiés par les services statistiques du ministère du logement et de la ville, sont venus plomber encore un peu plus le moral des professionnels de l'immobilier, qui s'attendent à une année 2009 "horrible".

Tout d'abord, à fin octobre, la construction de logements est en repli de 20,6 %, sur un an. A ce rythme, l'année 2008 s'achèvera sur 360 000 mises en chantiers, loin des 425 500 de 2007. Les perspectives pour 2009 sont aussi sombres, avec un recul supplémentaire de 30 000 à 40 000 unités, soit plus de 100 000 logements neufs perdus en deux ans. "C'est une hémorragie d'une rare intensité, plus grave que dans les années 1990 où, au plus fort de la crise, les mises en chantier reculaient de 28 000 unités par an", se souvient Michel Mouillart, économiste à l'Université Paris-X.

La vente de logements commercialisés par les promoteurs, ensuite, est en repli de 44 %, sur un an, au troisième trimestre. Il faut désormais dix-huit mois pour vendre un logement, contre neuf mois il y a un an. Le quatrième trimestre sera pire. Les promoteurs, qui avaient vendu 127 353 logements en 2007, année record, n'atteindront qu'à peine 80 000 ventes en 2008 et ne devraient pas dépasser 60 000 en 2009. En deux ans, leur chiffre d'affaires va donc être divisé par deux.

Les entreprises du bâtiment anticipent un repli de leur activité de 6 % en 2009, par rapport à 2008, rompant, là encore, avec dix années de croissance continue. Ce secteur, qui a créé 200 000 emplois depuis 2000, va non seulement cesser de recruter mais perdre de 25 000 à 30 000 postes, en 2009, selon les prévisions de la Fédération française du bâtiment (FFB). Sur le marché de l'ancien, le recul de 25 % du nombre de ventes va entraîner des réductions d'effectifs chez les 56 000 agents immobiliers, les 10 000 diagnostiqueurs, les notaires et leurs salariés... "Je suis submergée d'appels de négociateurs, de collaborateurs de promoteurs, licenciés sans aucune mesure d'accompagnement", raconte Elena Stanciu, qui a créé la CFDT Immobilier, un des rares syndicats de salariés du secteur.

Comparé à la crise des années 1990, le désastre de 2008 est d'une tout autre ampleur, puisqu'il touche toute la France et pas seulement l'Ile-de-France. Il est aussi plus brutal et profond, avec des causes et des conséquences très différentes.

Aujourd'hui, c'est toute une économie immobilière, bien plus développée qu'il y a quinze ans, qui souffre. "Dans les années 1990, ce sont les programmes construits et invendus qui ont mis les banques en difficulté. Aujourd'hui, c'est le schéma inverse, avec des banques qui ne financent plus les projets, et des promoteurs qui préfèrent y renoncer plutôt que construire "en blanc"", raconte Jean-François Gabilla, président de la Fédération nationale des promoteurs constructeurs (FNPC).

L'activité est asphyxiée par le manque de crédits consentis aussi bien aux acquéreurs qu'aux professionnels. "Je trouve des financements, mais à des conditions inacceptables, et je préfère ne pas construire plutôt que de le faire à perte", souligne Alain Dinin, le PDG de Nexity.

Sur ce marché tétanisé, avec un stock encore négligeable de logements achevés et invendus (moins de 4 000), l'ajustement par les prix est lent à s'opérer. Tout le contraire de ce qui se produit en Espagne ou aux Etats-Unis, par exemple, où la nécessité de vendre des stocks pléthoriques précipite, au contraire, la baisse des prix. Les logements américains ont perdu plus de 22 % de leur valeur par rapport au point haut de juillet 2007, selon le dernier indice Case Shiller.

En France, où les prix des logements anciens fléchissent depuis la fin de l'été à un rythme annuel de 10 % selon les réseaux d'agences Laforêt et Century 21, les prévisions de baisse oscillent entre 15 % et 30 %. Pour mémoire, lors de la crise immobilière de 1990, les prix à Paris avaient baissé d'environ 50 % en cinq ans. "Les primo-accédants sont, de fait, évincés du marché et ne peuvent acheter, même si les prix baissent de 10 %, car ils sont directement touchés par le chômage ou la stagnation des salaires. Les autres attendent", confirme Nicolas Bouzou, du bureau d'études économiques Astérès.

La récession accentue l'inquiétude. "La préoccupation première n'est plus la restriction du crédit, mais l'absence de confiance et la montée du chômage", observe Philippe Waechter, économiste chez Natixis Asset Management. "La question d'acheter un logement ou d'en changer passe au second plan : les ménages cherchent avant tout à garder leur job et ne peuvent pas se projeter à six, neuf ou douze mois", ajoute M. Waechter.

Economistes et professionnels de l'immobilier ne voient pas de sortie de crise avant fin 2010, et en appellent à l'Etat pour conjurer la récession. "Face à la récession en cours, le gouvernement doit intervenir, mais sans soutenir artificiellement le marché, ce qui empêcherait les prix de s'ajuster à la baisse", résume M. Bouzou.

 

 

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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 02:44

Voici le texte de la loi sur le modernisation économique (en .pdf) :

 


à télécharger
(1,8 Mo)

Source : Legifrance.


SR



http://www.lepost.fr/article/2008/12/03/1345710_modernisation-de-la-vie-economique-le-texte-integral.html






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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 10:59

(dépêche)





Prud'hommes: le vote électronique ouvert

INFO - FRANCE
DROIT DU TRAVAIL

19/11/2008 | 12:44 0 commentaire

Le scrutin renouvelant les prudhommes, arbitres des conflits au travail, s'est ouvert par le vote électronique à Paris
1,3 million de Parisiens (sur 19,1) peuvent voter 24h/24 jusqu'au 26 novembre sur le portail du ministère du Travail. Le vote électronique veut renforcer la participation tombée en 2002 à 33% de votants (salariés) et 27% (employeurs).

Les autres électeurs voteront par correspondance avant le 3 décembre, date du scrutin dans les bureaux de vote.

Dans chacun des 210 conseils locaux de prud 'hommes, chaque électeur vote dans son collège (salarié ou employeur) et dans sa section, en fonction de son secteur d'activité (industrie, commerce, agriculture, activités diverses et  encadrement). 18,670 millions de salariés (y compris les demandeurs d'emploi) et 518.000 employeurs sont inscrits sur les listes électorales.

Les conseillers prud'homaux sont élus au scrutin de liste, à la représentation proportionnelle, par section et par collège: les sièges sont répartis entre les listes en fonction du nombre de voix obtenues par chacune d'entre elles.

Fortement pénalisées par l'abstention croissante, la majorité des organisations syndicales et patronales ont également créé leurs sites dédiés aux prud 'hommes. Mais un dernier sondage Ifop du 23 octobre annonçait un nouveau record d'abstention chez les salariés de 69%.

Mode d'emploi

Le vote par correspondance, déjà utilisé lors des précédents scrutins, a été généralisé. Tous les électeurs ont reçu leurs bulletins de vote et une enveloppe affranchie en même temps que la propagande électorale. Le bulletin, accompagné de la carte électorale signée, doit arriver au  bureau avant le 3 décembre. Le ministère du Travail recommande que le courrier soit posté au plus tard le 29 novembre, afin d'être sûr qu'il puisse être pris en compte.

Les électeurs peuvent également voter le 3 décembre en se rendant au bureau de vote indiqué sur leur carte électorale. Les votes électroniques seront dépouillés le 3 décembre au soir, en même temps que les votes par correspondance et les votes en bureaux.


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16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 23:17

(dépêches)



Journées de l'entrepreneur: Nicolas Sarkozy salue leur "énergie"
16 nov 2008 - 22h02

A l'occasion des Journées de l'entrepreneur, qui ont lieu de lundi à dimanche, Nicolas Sarkozy salue l'"énergie" de ces professionnels et leur "capacité d'innover et de créer des emplois".

"L'ampleur de la crise montre à quel point le monde se met en péril quand l'utilisation du crédit n'est plus contrôlée et quand la finance n'est plus au service de l'économie. Il est plus important que jamais de remettre les entrepreneurs au coeur de notre économie", souligne le président français dans un message rédigé samedi. "Ils sont le principal moteur de notre croissance", poursuit-il.

Pour Nicolas Sarkozy, "les entrepreneurs portent une vision, ils ont l'énergie de se développer, la capacité d'innover et de créer des emplois. Nous avons besoin d'eux, de leur dynamisme et de leur succès pour surmonter cette crise financière, pour nous adapter à ce nouveau monde qui se modèle en ce début du 21ème siècle".



Nicolas Sarkozy salue un sommet du G20 "historique"
16 nov 2008 - 10h43 - Emmanuel Jarry

Nicolas Sarkozy a estimé samedi que la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 à Washington avait été un sommet "historique" mais il a admis que les discussions avec les Etats-Unis avaient été difficiles.

"Pour la première fois, des pays aussi différents que les pays qui étaient rassemblés dans le cadre de ce G20 se sont mis d'accord sur des principes, sur des modalités d'action, sur un plan d'action ambitieux", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse commune avec le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso.

Un peu plus tard, il s'est réjoui que le président chinois Hu Jintao n'ait "rien bloqué", que son homologue coréen ait été "très moteur" et le Premier ministre indien "très coopératif".

Nicolas Sarkozy avait lancé en septembre l'idée de ce sommet pour tirer les conséquences de la crise financière mondiale.

Le président américain George Bush a longtemps été réticent, avant d'accepter d'être l'hôte de cette conférence.

"Je suis un ami des Etats-Unis d'Amérique mais si vous me demandez si ça a été facile, non ça n'a pas été facile", a expliqué le président français. "Ça n'a pas été facile d'obtenir l'organisation du sommet."

"Je ne suis pas sûr qu'on ait fait le tour du monde avec M. Barroso pour le plaisir", a-t-il ajouté. "Si notre bilan carbone n'est pas excellent, c'est parce qu'il a fallu convaincre."

George Bush, qui vit les dernières semaines de son mandat à la Maison blanche, a été un partenaire "pas toujours facile mais loyal", a-t-il néanmoins déclaré.

Il a reconnu que la situation économique difficile que traversent actuellement les Etats-Unis n'avait sans doute pas toujours facilité les choses pour le président sortant.

"Il y avait des habitudes, sur le dollar, sur la puissance de l'économie américaine", a-t-il souligné.

Les dirigeants du G8, des cinq plus grands pays émergents et d'une demi-douzaine d'autres pays se sont notamment engagés à renforcer la régulation des marchés financiers.

"C'est historique qu'ici, aux Etats-Unis, l'administration américaine accepte de faire mouvement sur des sujets où toutes les administrations américaines avaient (jusqu'ici) refusé de faire mouvement", a estimé le président français.

RELANCE ÉCONOMIQUE COORDONNÉE

Il a ainsi souligné que jamais l'idée d'enregistrer et de placer sous surveillance les agences de notation n'avait été, jusque-là, acceptée dans le monde anglo-saxon.

Nicolas Sarkozy s'est montré particulièrement élogieux pour le Premier ministre britannique Gordon Brown, "un partenaire et un ami d'une très grande loyauté, d'une très grande imagination avec un souci du consensus".

Il a estimé qu'un des résultats les plus importants du sommet était que les pays du G20 conviennent de la nécessité d'une relance "coordonnée et concertée" de l'économie mondiale.

"On était parti pour une réponse à la crise financière, on a en plus une réponse à la crise économique, la relance", a-t-il dit, bien que le texte final soit plutôt vague sur ce chapitre.

Les participants sont tombés d'accord "sur la nécessité d'une réponse politique plus large, fondée sur une coopération macroéconomique plus étroite, pour restaurer la croissance, éviter les retombées négatives et soutenir les économies des marchés émergents et des pays en développement".

Ils s'engagent pour l'essentiel à "reconnaître l'importance du soutien que la politique monétaire peut apporter dans les conditions appropriées à chaque pays" et à utiliser des mesures budgétaires pour stimuler leur demande interne, tout en veillant à ne pas laisser déraper leurs déficit au-delà du soutenable.

Ils s'engagent également à faire en sorte que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les autres banques de développement disposent de ressources suffisantes pour aider les pays les plus fragiles à surmonter la crise.

Ils reconnaissent enfin la nécessité d'éviter une "régulation excessive" du secteur financier, qui entraverait la croissance et accentuerait la réduction des flux de crédits.

Pour ce qui est de l'Union européenne, dont la France assume la présidence jusqu'au 31 décembre, Nicolas Sarkozy a dit qu'il ferait avec la Commission européenne des propositions. José Manuel Barroso a précisé qu'il les présenterait le 26 novembre. Elles seront débattues lors du Conseil européen de décembre.

Nicolas Sarkozy a déclaré que ce serait également un "point important" du prochain sommet franco-allemand, en novembre, à la demande de la chancelière Angela Merkel.

Emmanuel Jarry





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23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 10:36

(dépêche)



Nucléaire américain: Areva va construire avec Northrop Grumman un site dédié à la fabrication de composants lourds

23 octobre 2008 - 22h42

Areva et Northrop Grumman vont construire ensemble un site d'une valeur de plus de 360 millions de dollars (278 millions d'euros) dans l'Etat de Virginie afin de fabriquer des composants lourds pour le secteur nucléaire américain.

Dans un communiqué conjoint, le français Areva et le groupe américain précisent jeudi que la coentreprise issue de l'accord, Areva Newport News, sera détenue à 67% par Areva et à 33% par Northrop Grumman. "Investissement majeur pour l'industrie nucléaire américaine", ce site de près de 28.000 mètres carrés sera construit à Newport News et "permettra de créer plus de 500 emplois qualifiés", souligne le communiqué.

Areva Newport News sera, selon les deux groupes, "le premier site industriel entièrement dédié à l'approvisionnement en composants nucléaires lourds, tels que les cuves de réacteur, les générateurs de vapeur et les pressuriseurs", lesquels viendront équiper "les premières centrales nucléaires américaines construites depuis 35 ans".

"Areva Newport News s'inscrit dans le renouveau nucléaire américain", a estimé Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva. "Areva s'est fixé comme ambition de construire un tiers du nouveau parc nucléaire mondial et au moins sept réacteurs aux États- Unis".

Anne Lauvergeon a souligné que la création d'Areva Newport News répondait au "double objectif de satisfaire la demande au plus près des clients et de produire en zone Dollars".

"Après le développement des capacités de notre usine de Chalon/Saint-Marcel (France), cette nouvelle usine viendra renforcer notre capacité à accompagner la renaissance mondiale du nucléaire", a-t-elle observé.

Bénéficiant de l'expérience de Northrop Grumman, Areva Newport News disposera d'un ancrage dans la chaîne d'approvisionnement américaine qui permettra de développer l'EPR américain.

Mike Petters, président de Northrop Grumman Shipbuilding, la filiale de Northrop Grumman qui va créer le site avec Areva, a expliqué que le partenariat s'appuyait "sur les 100 ans de compétence" acquis par son entreprise et "sur son expertise dans les domaines de l'ingénierie et de la gestion de projets illustrée par la construction de bâtiments nucléaires et non-nucléaires pour la marine américaine".

L'annonce de cet accord intervient sur fond de tensions autour de l'attribution du contrat de ravitailleurs de l'US Air Force, affaire dans laquelle Northrop Grumman est partie prenante.

L'avionneur américain Boeing a contesté en mars dernier la décision des autorités américaines d'attribuer au consortium EADS-Northrop Grumman le contrat de 35 milliards de dollars de 179 avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine, en raison d'"irrégularités" dans l'appel d'offres.

En septembre, le Pentagone a décidé de reporter sa décision sur le contrat de ravitailleurs de l'US Air Force. Boeing et le consortium EADS-Northrop Grumman devront patienter jusqu'à la mise en place de la nouvelle administration américaine.


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18 octobre 2008 6 18 /10 /octobre /2008 09:51

Certains semblent ne pas avoir encore compris l'ampleur de la crise financière actuelle et reprennent leurs vieilles habitudes... Exemple, cette interview.

(dépêche)



Bourses : "C'est le moment d'acheter" 

Par LeMonde.fr  mer 15 octobre 2008 à 15h58

AZIZI : Que pensez-vous de la récente reprise du marché : est-ce juste un rebond après la semaine précédente, ou un vrai mouvement de reprise ?

Hervé Picard : On a effectivement un mouvement de rebond qui risque d'être assez prononcé. Les excès commis la semaine dernière étaient très importants, le CAC 40 s'est affiché en recul de plus de 40 % depuis le 1er janvier.

Et à partir du moment où un peu de sérénité, de confiance revient sur le marché boursier, il est normal qu'on assiste à un rebond qui pourrait nous ramener proche des 4 000 points en ce qui concerne le CAC 40.

Maintenant, à plus long terme, la crise bancaire aura un impact très important sur l'économie réelle. On assistera donc à des annonces macroéconomiques, mais également au sein des résultats des entreprises, qui seront plutôt décevants.

Et le marché boursier devrait rester assez fragile dans les mois qui suivent. Il faudra donc être plus patient pour que la hausse se confirme et, pour revoir des niveaux de juin 2007, vraisemblablement pas avant deux ans.

Manu : Une rechute des Bourses est-elle possible, et pour quelles raisons ?

Hervé Picard : A tout moment un mouvement de panique peut se remettre en place sur une annonce de dégradation du système bancaire, et on peut revenir sur des niveaux proches des 3 000 points comme on a pu les avoir la semaine dernière.

Cela dit, le plan annoncé par les gouvernements européens et confirmé encore aujourd'hui par les Etats-Unis est à même de calmer les investisseurs et d'apporter au marché une certaine stabilisation sur des niveaux plus raisonnables, proches des 4 000, voire 4 500 points.

Marco : jusqu'où peut descendre le CAC40, selon vous ?

Hervé Picard : Dans des périodes de panique auxquelles on vient de faire face, plus aucun seuil ne peut tenir. Néanmoins, on sent qu'à l'approche des 3 000 points, un certain nombre d'investisseurs, qui gardent leur sang-froid, sont prêts à racheter des sociétés de très grande qualité à des niveaux de valorisation historiquement faibles.

Ethiop : Il est dit que les banques connaîtraient une nouvelle échéance, liée à une nouvelle période importante de dénouement de subprimes, en juin 2009. N'y a-t-il pas qu'un répit avant une rechute grave mi-2009 ?

Hervé Picard : A ma connaissance, les principales échéances de crédits subprimes sont déjà arrivées, et la crise actuelle n'est plus tant une crise liée aux subprimes qu'une crise de confiance dans la solidité du système bancaire international.

Oliviou : Quel est l'intérêt de garder son argent en Bourse quand la tendance est baissière ? Ne faut-il pas tout vendre ?

Hervé Picard : Oui, bien sûr, il est préférable de réussir à tout vendre avant que la baisse ne soit trop importante.

Maintenant, lorsqu'on arrive sur des niveaux aussi faibles que ceux de la semaine dernière, après 50 % de baisse des marchés par rapport à juin 2007, il est trop tard pour vendre. Ce serait plutôt le moment d'acheter.

lb : Est-il trop risqué aujourd'hui d'investir dans des valeurs bancaires françaises ?

Hervé Picard : Etonnamment, les valeurs bancaires françaises ne sont pas celles qui ont le plus subi la baisse du marché. Pour investir aujourd'hui, il est peut-être préférable de se reporter sur d'autres secteurs, le secteur industriel en particulier, ou le secteur pétrolier.

JOHN : "Secteur industriel", "secteur pétrolier", pouvez-vous être plus précis ?

Hervé Picard : Aujourd'hui, sur le secteur pétrolier, les cours restent élevés, même s'ils ont beaucoup reflué depuis les 140 dollars atteints cet été.

Le baril se redresse depuis hier, on a repassé les 84 dollars sur le WPI. Nous sommes donc tout à fait favorables aux secteurs pétrolier et parapétrolier, et favorisons des sociétés comme Total, ou Vallourec ou CGG Véritas. Ces deux dernières sociétés ont un très bon carnet de commandes et une maîtrise de leurs prix de vente, un très bon "pricing power".

Dans l'industrie, nous sommes acheteurs de très beaux groupes français : Saint Gobain, Schneider, Legrand. En effet, aujourd'hui, ces sociétés se paient cinq à six fois les résultats 2008, qui sont des niveaux de PER (multiple de capitalisation des bénéfices) historiquement faibles et qui offrent des rendement de 7 à 8 % malgré la hausse des cours d'hier et d'aujourd'hui.

Saint Gobain à 32 euros par exemple offre un rendement de 7,80 %, et nous ne sommes pas inquiets quant à sa capacité à verser son dividende en 2009.

Aujourd'hui, nous sommes davantage friands de ces grandes valeurs européennes. C'est en premier sur celles-ci que le rebond s'effectuera, avant de concerner les valeurs moyennes. Les petites capitalisations risquent d'être délaissées pour le moment.

Manu : quelles sont les valeurs Opéables ?

Hervé Picard : Effectivement, ce sont des marchés où l'on pourraitpenser que les OPA ou OPE pourraient se multiplier en raison de lafaiblesse des cours.

Or dans les faits, on observe que les OPA sont plus fréquentes dans lespériodes où les marchés sont haussiers plutôt que dans les périodes decrise comme actuellement. D'autant plus que les fonds de LBO sontactuellement fragilisés par les problèmes de crédit.

Il y a beaucoup de liquidités investies pour l'instant sur desplacements sans risques, qui reviendront sur les marchés financier trèsprogressivement. La confiance se perd rapidement, mais revientdoucement.

Les plus audacieux achètent depuis hier, mais les investisseursinstitutionnels et les épargnants plus prudents mettront beaucoup plusde temps à revenir sur le marché boursier.

manu : Quelles sont les valeurs encore sous-évalées et selon quels critères ?

Hervé Picard : On peut parler de Gaz de France-Suez, ou Lafarge, qui sont des entreprises très internationalisées, en particulier Lafarge. Ce sont des entreprises d'origine françaises mais elles effectuent leur CA à l'international donc bénéficient de la croissance des zones émergentes : en Asie, en Amérique du Sud, sur le pourtour méditerranéen pour Lafarge en particulier. Il ne faut pas anticiper l'évolution de la Bourse de Paris et des grandes valeurs cotées à Paris en s'attachant uniquement à la croissance du PIB de la France ou de la zone euro.

Axelle : Pensez-vous que c'est le moment d'acheter dans l'immobilier ?

Hervé Picard : Je ne conseillerais pas d'investir sur des titres trop spéculatifs. Il y a suffisamment de potentiel sur les grandes valeurs aux fondamentaux solides pour ne pas rêver à de fantastiques plus-values sur des "small caps" extrêmement volatils.

Sur l'immobilier en général, nous pensons que la baisse des prix de l'immobilier en France devrait se prolonger sur plusieurs années, et qu'il est encore vraisemblablement trop tôt, d'un point de vue général, pour se reporter sur l'immobilier.

pascal1998 : Pensez-vous qu'il faille se positionner à l'achat sur le marché action, compte tenu de la récession économique qui s'annonce inéluctable ?

Hervé Picard : Je pense même que c'est le bon réflexe à avoir. Sur le marché actions, soit on joue aujourd'hui le rebond à court terme du marché, qui viendra corriger les excès de la semaine dernière, la baisse de 22 % de la Bourse de Paris, soit on a une attitude plus long terme, et on achète aujourd'hui dans une perspective à deux ans au terme de laquelle on ne devrait pas regretter les achats sur les niveaux actuels.

Les difficultés économiques et la récession qui vont toucher certains pays européens justifient une baisse de 20 à 30 % des marchés boursiers, mais vendredi dernier, on avait perdu plus de 50 %.

Donc, assez logiquement, on devrait revenir sur des niveaux un peu plus raisonnables, même s'il est très difficile de déterminer le niveau d'équilibre.

haim : Investir en obligations, est-ce un bon choix dans la conjoncture actuelle ?

Hervé Picard : Aujourd'hui, le choix est plus à faire entre des supports dynamiques en actions ou des supports monétaires - obligations très court terme qui rapportent déjà plus de 4 %. Dans la conjoncture actuelle, je ne préconise pas de prendre un risque de taux sur des obligations long terme.

marco : Pour l'immobilier, vous voyez une baisse de quel ordre ?

Hervé Picard : Environ 20 à 25 %. C'est un chiffre qu'il faudrait relativiser suivant les différentes zones géographiques en France, qui sont très différentes. Même à Paris, d'un quartier à un autre, d'une rue à une autre, le marché évoluera différemment. On aura des écarts extrêmes entre des programmes Robien qui ne seront même pas vendables quel qu'en sera le prix, parce qu'ils ont été survendus, et des appartements au coeur des principales villes françaises, dont la valorisation devrait très bien résister.

leguneur : La crise est-elle devant nous ou derrière nous ?

Hervé Picard : Je pense qu'on a peut-être vu le point bas la semaine dernière. Maintenant, à tout moment, comme je le disais, on risque de pouvoir y revenir si un mouvement de panique se remet en place.

Si au contraire la sérénité et la confiance s'établissent, nous devrions pouvoir revoir un équilibre de marché au-dessus des 4 000 points sur le CAC 40.

Cocorico : Qu'est-ce qui va diriger les marchés : l'évolution des taux d'intérêt ou les prévisions des bénéfices des entreprises ?

Hervé Picard : Je pense que ce seront plutôt les résultats des entreprises, mais également les chiffres macroéconomiques. Pas tellement les taux d'intérêt qui ont été abaissés par les banques centrales l'année dernière sans grand effet sur les marchés boursiers et le moral des investisseurs, mais plutôt les chiffres de croissance en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, ainsi que les résultats trimestriels des entreprises pour le 3e trimestre qui sont en train d'être annoncés actuellement, et surtout pour le 4e trimestre, qui pourraient se révéler décevants.

Aorte : Est-ce éthique de boursicoter sur le dos de ceux qui sont à la rue du fait de cette crise ?

Hervé Picard : Nous, nous avons une gestion de long terme. Et je pense que c'est l'attitude qu'il faut avoir sur les marchés actuellement : investir sur les grandes entreprises aux fondamentaux solides, et accompagner leur développement sur deux ans au minimum.

Je crois qu'investir aujourd'hui en Bourse, si ce n'est pas pour revendre demain, c'est soutenir l'économie française, c'est freiner les mouvements de panique, très dommageables pour notre économie.



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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 09:31

(dépêches)


Wall Street en forte hausse
16 octobre 2008 à 22:14

La Bourse de New York affichait une nette hausse jeudi peu avant la fin de la séance, sursaut d'optimisme après une longue hésitation dans un marché où une volatilité élevée facilitait les mouvements brusques: le Dow Jones gagnait 3,29% et le Nasdaq 3,90%.

Vers 19H15 GMT, le Dow Jones Industrial Average (DJIA) prenait 282,43 points, à 8.860,34 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 63,51 points, à 1.691,84 points.

L'indice élargi Standard & Poor's 500 avançait de 2,52% (22,90 points), à 930,74 points.


Le baril de brut s'écroule sous 69 dollars à New York, 66 dollars à Londres
16 octobre 2008 à 18:27

Les cours du pétrole ont plongé jeudi sous 69 dollars à New York et sous 66 dollars à Londres, au plus bas depuis 17 mois, après l'annonce d'une forte hausse des stocks pétroliers aux Etats-Unis et d'un indicateur américain catastrophique, bien que l'Opep ait avancé sa réunion d'urgence.

A 16H00 GMT, le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait en baisse de 4,20 dollars à 66,60 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres.

Pendant ce temps, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance perdait 4,27 dollars à 70,27 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Au plus bas, les cours sont descendus jusqu'à 65,45 dollars à Londres et 68,57 dollars à New York.

Passés mercredi sous 70 dollars à Londres, les cours du pétrole ont enfoncé ce seuil à leur tour à New York jeudi après l'annonce d'une progression des réserves américaine.

Signe que l'équilibre du marché continue à se détendre et qu'un surplus pourrait même se former, les stocks de brut se sont étoffés de 5,6 millions de barils la semaine dernière et les stocks d'essence ont bondi de sept millions de barils, des chiffres dépassant largement les attentes des analystes.

Les craintes de récession mondiale, responsables de la chute à grande vitesse des cours de l'or noir depuis mardi, ont par ailleurs été réactivées par un indicateur américain catastrophique : la production industrielle aux Etats-Unis a chuté en septembre, enregistrant une baisse de 2,8%, soit son recul le plus fort depuis décembre 1974.

Si le monde s'enfonce dans une profonde récession, la demande pétrolière devrait durement souffrir, craignent les opérateurs.

Le marché pétrolier a également été influencé par les Bourses d'action, qui ont toutes à nouveau clôturé sur de fortes baisses jeudi soir.

Face à la dégringolade des prix, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur en trois mois et demi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a annoncé jeudi qu'elle avançait d'un mois sa réunion d'urgence prévue le 18 novembre: celle-ci aura lieu le 24 octobre à Vienne.

Le gouverneur iranien de l'Opep, Mohammed Khatibi, a même appelé les producteurs hors-Opep, tels que la Russie, le Mexique, le Soudan ou la Norvège, à s'unir aux initiatives pouvant être prises par le cartel pétrolier vendredi prochain, selon des déclarations à l'agence Dow Jones Newswires.

Le changement de calendrier montre à quel point les producteurs de pétrole sont affolés par la chute des prix. Mais alors qu'il renforce l'hypothèse selon laquelle l'Opep devrait réduire son offre pour enrayer la chute des prix, cela n'a pas eu d'effet sur les cours.

Au rythme où les prix dégringolent, même la banque américaine Goldman Sachs, notoirement "haussière", a prédit qu'un baril à 50 dollars n'était pas à exclure en décembre si la crise s'aggravait.



La Russie injectera des fonds dans des entreprises en difficulté
16 octobre 2008 à 21:26

Plus de 200 milliards de dollars injectés dans le système financier russe devraient aller à des secteurs tels que la construction et les petites entreprises pour leur permettre de faire face à la crise, a déclaré le président Dmitri Medvedev.

La Russie, dont les marchés ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis mai, a décidé de consacrer 220 milliards de dollars en exemptions fiscales et en cash afin de fournir des liquidités aux banques et d'aider les entreprises à refinancer leurs dettes extérieures.

Cette somme inclut d'énormes réserves accumulées pendant les années de boom économique.

"Le principal maintenant est de s'assurer que l'argent est bien distribué (...) contribuant non seulement à dissiper les tensions dans le secteur financier, mais aussi à faire tout ce qui est possible pour le développement stable de l'économie", a dit le président russe lors d'une réunion de ministres chargés de l'économie et de dirigeants de banques.

Medvedev a souligné que les efforts du gouvernement devraient se concentrer sur les industries de la Défense et des machines-outils ainsi que sur les secteurs de l'agriculture, des transports, de la construction, du commerce et des petites entreprises.

Depuis le début de la crise, la Russie a promis 50 milliards de dollars pour refinancer les dettes contractées à l'étranger par les sociétés russes et un prêt sur dix ans de 950 milliards de roubles (26,7 milliards d'euros) aux principales banques du pays afin de leur permettre d'accorder des prêts aux entreprises.

Les dirigeants russes ont assuré que les fondamentaux de l'économie étaient sains et que le pays disposait de suffisamment de liquidités, même en tenant compte de la chute des cours de l'énergie, principale part des revenus nationaux.

"Au début de la semaine prochaine, les fonds seront disponibles", a dit à Medvedev le ministre des Finances, Alexeï Koudrine. "Ils règleront le problème du remplacement des fonds qui quittent maintenant le marché, et il y aura suffisamment de crédit pour l'économie réelle".

Oleg Chtchedrov, version française Nicole Dupont



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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 07:38

(dépêches)



Après la tornade financière, le risque de récession inquiète les marchés
15 octobre 2008 à 10h56

Les places financières étaient nerveuses mercredi et repartaient dans le rouge, inquiètes du risque de récession aux Etats-Unis mais aussi en Europe, où l'UE va tenter de généraliser à ses 27 membres le plan de crise des pays de la zone euro.

Les sommes vertigineuses débloquées par les Européens et les Américains pour soutenir leur secteur bancaire ont certes éloigné la crainte d'un effondrement du système financier mondial et stoppé la glissade historique et incontrôlée des bourses enregistrée la semaine dernière.

Mais la crise financière n'est pas pour autant terminée et une série de mauvais indicateurs nourrissent les craintes de récession aux Etats-Unis et en Europe.

A 08h15 GMT, Paris perdait 2,2%, Francfort 2,3% et Londres 2,6%.

"Il n'y a pas de raison de déclarer la fin de la crise financière et de verser dans l'optimisme exagéré", en dépit de l'euphorie des marchés lundi, a averti Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe.

Le Premier ministre français François Fillon a reconnu mardi que la crise était "profonde" et "exceptionnelle". "Je n'ai jamais pensé que la crise financière était derrière nous", a-t-il dit.

Décidés à agir groupés, les dirigeants de l'Union européenne se réunissent à partir de mercredi après-midi à Bruxelles pour un sommet de deux jours au cours duquel ils vont tenter de généraliser aux 27 pays membres le plan d'aide massif aux banques de près de 2.000 milliards de dollars décidé par les 15 pays de la zone euro et le Royaume-Uni dimanche et lundi.

Ils devront pour cela surmonter les réticences de la République tchèque. Prague a indiqué avoir des "inquiétudes" à propos des garanties bancaires apportées par les Etats, craignant "une fuite des capitaux" tchèques vers des pays "plus grands", comme l'Allemagne.

"Je suis sûr qu'il y aura une position commune, j'ai une confiance totale dans le bon sens et le sens des responsabilités des gouvernements", a déclaré mardi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Paradoxalement, les craintes d'effondrement de la croissance pourraient faciliter un accord.

Dans un discours à Berlin, avant de partir à Bruxelles, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé mercredi matin qu'une réunion du G8 se tiendrait "avant la fin de l'année".

Les grands instituts allemands de conjoncture voient la première économie européenne "au bord de la récession", prévoyant "au mieux" une croissance de 0,2% pour 2009.

Mme Merkel, a prévenu qu'il fallait s'attendre "à ce que la croissance économique (allemande) ralentisse".

M. Fillon a dit craindre "une panne de croissance" pour la France en 2009, avec des "conséquences" sur l'emploi.

La crise a déjà frappé durement le secteur du bâtiment aux Etats-Unis et en Europe, avec une chute des nouveaux chantiers et des permis de construire. Elle se répand à l'automobile, un autre pilier de l'économie très lié au marché du crédit.

En Europe, les ventes de voitures neuves ont plongé de 8,2% sur un an en septembre, après une chute de 15,6% en août et de 7,3% en juillet. Elles ont atteint leur niveau le plus bas depuis 10 ans.

Mauvaises nouvelles aux Etats-Unis également, où les entreprises, inquiètes pour leur rentabilité, commencent à annoncer des plans sociaux. L'allemand Daimler a annoncé mardi 3.500 suppressions d'emplois en Amérique du Nord et l'américain Pepsico 3.300.

Le nombre de "coupons d'alimentation" distribués aux plus pauvres aux Etats-Unis avait approché un record cet été, avec quelque 29,05 millions d'Américains concernés.

Wall Street avait déjà clôturé dans le rouge mardi (-0,82%), à contre-courant de l'euphorie qui régnait en Europe et en Asie depuis deux jours.

Les investisseurs ont apparemment peu apprécié les commentaires de Janet Yellen, présidente de la banque centrale régionale de San Francisco, qui a annoncé une croissance nulle pour l'économie américaine au troisième trimestre et une contraction au quatrième.

"En fait l'économie américaine semble en récession", a-t-elle ajouté.

Autre information inquiétante: le déficit budgétaire des Etats-Unis a été annoncé en forte hausse au cours de l'exercice 2007-2008 clos fin septembre, à 445 milliards de dollars, soit trois fois plus qu'en 2006-2007.

Et les dernières mesures de soutien aux institutions bancaires ne devraient rien arranger.

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a musclé mardi son plan de sauvetage de 700 milliards de dollars, en annonçant l'entrée de l'Etat fédéral américain au capital de plusieurs banques.

Washington a débloqué 250 milliards de dollars pour entrer au capital d'institutions financières, dont neuf des plus grandes banques américaines qui se sont déjà portées candidates et qui doivent absorber la moitié du plan.

Parmi elles, les plus grands noms de Wall Street comme Citigroup, JP Morgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Merrill Lynch.

Les mauvaises nouvelles sont également venues d'Asie, avec la chute de 52,2% de l'excédent courant japonais en août, nettement pire que prévu, la baisse de la demande américaine ayant un impact brutal sur les exportations nippones.

Parallèlement le ministère de l'Economie japonais a révélé une baisse de 6,9% sur un an en août de la production industrielle dans l'archipel.

Le Nikkei a clôturé en hausse de 1,06% à Tokyo, après avoir évolué dans le rouge toute la journée, au lendemain d'une hausse record (+14,15%) mardi.

Après l'annonce du renforcement du plan Paulson, "toutes les bonnes nouvelles sont derrière nous maintenant (...) et l'attention se porte sur l'économie réelle", a cependant souligné Masatoshi Sato, courtier chez Mizuho Investors Securities à Tokyo.

Shanghai a clôturé en baisse de 1,12%, Hong Kong de 4,96%.

Vers 08h15 GMT, Bombay cédait 5,3%.

Autre signe d'un ralentissement de l'économie: la nouvelle baisse des cours du pétrole. Le baril de "light sweet crude" et le Brent sont repassés sous les 80 dollars mercredi.

Les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe étaient également en baisse, la place saoudienne perdant plus de 7% à l'ouverture, après deux jours de hausse importante.





Les marchés replongent dans l'abîme, appels à un sommet mondial anticrise
16 octobre 2008 à 06h48

Les marchés asiatiques replongeaient dans l'abîme jeudi, en proie à un nouvel accès de panique dû à l'effondrement de Wall Street et au spectre de la récession, alors que les Européens insistaient pour convoquer un grand sommet mondial pour réformer le système financier.

La Bourse de New York a connu mercredi sa pire séance en plus de 20 ans, dans un marché paniqué devant la détérioration de l'économie américaine au bord de la récession. Son indice vedette, le Dow Jones, a chuté de 7,87%. Les principales bourses européennes ont également vécu une pénible journée.

La débandade a gagné la Bourse de Tokyo jeudi, l'indice Nikkei dévissant de 9,76% vers 04H30 GMT. Les pertes ont même brièvement dépassé un temps les 10%.

"Après la deuxième plus grande chute de l'histoire à Wall Street, il est inévitable que les actions japonaises plongent", a commenté Hiroaki Hiwata, stratège chez Toyo Securities.

Les autres marchés d'Asie subissaient la même descente aux enfers. Vers 04H30 GMT, Hong Kong perdait 7,58%, Séoul 8,31%, Shanghai 3,68%, Singapour 6,63%, Sydney 6,94%, Bombay 5,57%, Bangkok 4,94% et Taipei 3,25%.

"C'est clairement la panique et celle-ci va durer. Les marchés d'actions ont fondamentalement changé", a prophétisé Clifford Bennett, économiste en chef chez Sonray Capital Markets à Melbourne, en exhortant ses clients à s'abstenir de s'exposer en Bourse. "Vous n'avez pas besoin de monter dans un train qui peut s'écraser brutalement n'importe quand", a-t-il conseillé.

Les dirigeants européens réunis mercredi en sommet se sont mis d'accord pour demander la tenue d'un sommet mondial d'ici la fin de l'année afin de réformer le système financier, renforçant un peu plus la pression sur les Etats-Unis. Washington, d'abord réticent, est désormais d'accord sur le principe. Le G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) s'est dit favorable à une telle réunion de haut niveau "dans un avenir proche".

Le président français Nicolas Sarkozy a suggéré que ce sommet mondial se tienne "de préférence à New York là où tout a commencé". L'Europe reproche aux Etats-Unis d'être en partie responsables de la crise financière après avoir refusé des années durant tout durcissement du contrôle des marchés financiers, au nom de la libre-entreprise. Elle entend à présent peser de tout son poids pour obtenir des avancées au niveau mondial.

"L'Europe présentera une vision commune et ambitieuse: nous ne voulons pas que ça recommence, nous voulons que des conséquences soient tirées de ce que nous connaissons", a dit M. Sarkozy.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont également exhorté Washington à s'impliquer davantage pour améliorer la surveillance du système financier.

Les dirigeants européens, dont le sommet se poursuit jeudi, devaient tenter de définir leurs priorités à l'approche d'une rencontre samedi avec le président américain George W. Bush à Camp David. Les Européens veulent s'attaquer aux agences de notation et aux fonds spéculatifs. La Grande-Bretagne et l'Allemagne proposent même de réformer le Fonds monétaire international (FMI) pour lui donner un rôle de supervision au niveau mondial.

A New Delhi, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, réunis mercredi en sommet, ont fustigé les pays riches pour avoir provoqué la crise. Le leader cubain Fidel Castro s'en est pris quant à lui particulièrement aux "pays capitalistes européens", estimant qu'ils "ne sont pas en position pour imposer leurs conditions et solutions au reste du monde".

La liesse boursière engendrée par les sommes colossales débloquées par les Européens et les Américains pour soutenir leur secteur bancaire aura été de courte durée. Les craintes de récession ont pris le relais, alimentées par des déclarations pessimistes de banquiers centraux aux Etats-Unis. Le mot fatal a été lâché mardi par une responsable de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen, dont les déclarations sont d'habitude très mesurées. Cette présidente de la Fed de San Francisco a affirmé que les Etats-Unis semblaient d'ores et déjà entrés en récession.

Le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, s'il est resté plus prudent, a averti de son côté que la reprise de l'économie américaine n'était pas pour "tout de suite". Et il a noté que l'activité économique "avait déjà ralenti avant l'intensification récente de la crise".

Les cours du brut poursuivaient leur baisse jeudi dans les échanges électroniques en Asie, en recul d'environ 50% par rapport aux records atteints en juillet, selon des courtiers. Le baril de pétrole Brent pour livraison en novembre perdait 1,30 dollar à 69,50 dollars. Celui du baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre reculait de 1,34 dollar à 73,20 dollar.



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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 09:53

(suite de la première page)

M. Christian Eckert s’est associé aux questions posées sur la chronologie des événements et sur l’absence d’informations relatives à la crise, pourtant largement commentée aux États-Unis.

Plus fondamentalement, faut-il craindre une crise de même nature au sujet des mécanismes de type LBO ? De LBO en LBO, les entreprises se rachètent et se revendent avec des crédits gagés sur des bénéfices hypothétiques. On a l’impression d’assister à la formation d’une bulle financière qui, outre la grave crise financière que son éclatement pourrait entraîner, induit une crise industrielle : les vues exclusivement financières des acquéreurs d’entreprises privent celles-ci des stratégies industrielles dont elles ont grand besoin.

M. Jean-Yves Cousin a demandé où en est l’application de Bâle II dans le système bancaire français. Le nouveau dispositif, quand il sera définitivement mis en place, permettra-t-il d’éviter des crises semblables à celles que nous traversons ?

Le Président Didier Migaud a résumé le sentiment général de la commission en formulant l’hypothèse que la crise était pour ainsi dire exagérément sous-estimée par les spécialistes auditionnés.

M. Christian Noyer a convenu que ses propos ont pu paraître trop optimistes. La solidité des banques, l’efficacité du système de supervision mis en place par le législateur, et enfin le fait que la Commission bancaire et le prêteur de dernier ressort soient abrités sous le même toit, ont été autant d’atouts pour faire face à la crise. L’exposition est certes réelle et les montants en cause ne sont nullement négligeables. Cependant, rapportés à l’ensemble des risques portés au bilan des banques françaises, aux fonds propres et aux revenus issus des activités bancaires classiques, les revenus provenant des activités de marché de titrisation sont faibles. Sans exclure l’existence, ici ou là, de poches de pertes, les risques sont limités, d’autant que, lorsqu’il s’agit d’actifs titrisés, certains sont de bonne qualité.

Il n’en reste pas moins que les deux questions posées par M. Gilles Carrez et reprises par plusieurs autres commissaires sont cruciales.

Nous avons assisté à une vraie crise de liquidité. Celle-ci n’est pas terminée. Elle frappe l’ensemble de la zone euro, tout comme la zone dollar et la livre sterling. En France, la liquidité provenait en grande partie des OPCVM.

Depuis cet été, la crainte de retraits les conduit à privilégier des valeurs très liquides. Les titres arrivant à échéance ne sont pas renouvelés dans les mêmes proportions. Dès lors, les gestionnaires apportent leurs liquidités à très court terme en dépôt à vue auprès des banques, lesquelles doivent prendre le relais : c’est ainsi qu’elles pourvoient au financement d’entreprises qui n’arrivent plus à placer leurs billets de trésorerie et, plus généralement, qu’elles assurent le relais de ce qui était autrefois financé par des produits structurés. Dès lors, leurs actifs augmentent et leur passif devient plus liquide.

La crise de confiance généralisée se traduit par une méfiance entre les banques et réduit la portée des ajustements interbancaires : on ne prête à d’autres banques qu’à très court terme, craignant d’être soi-même confronté à des problèmes de liquidités. Il en résulte ces problèmes de désajustement de liquidités : les liquidités sont excédentaires dans certaines banques, déficitaires dans d’autres, suivant les périodes. C’est ainsi que certaines banques sont venues chercher de la monnaie à la banque centrale tandis que d’autres lui laissaient leurs liquidités en dépôt au jour le jour.

Depuis le mois d’août, la Banque de France s’efforce de restaurer la confiance pour faire redémarrer le marché interbancaire. L’entreprise se révèle difficile et prendra du temps. Certaines liquidités ont été fournies à trois mois, mais d’autres à vingt-quatre heures, si bien qu’elles étaient remboursées le lendemain : il ne faut donc pas additionner les montants, comme l’ont fait certains journalistes.

La Fed, pour sa part, a élargi les possibilités d’accès, notamment en modifiant les modalités d’utilisation de sa fenêtre d’escompte, mais les efforts des banques centrales sont loin d’avoir restauré les conditions d’un marché normal.

S’agissant maintenant des incidences sur l’économie, on observera d’abord que la crise s’est produite à un moment du cycle différent aux États-Unis et en Europe. Le ralentissement de l’économie américaine commence au milieu de l’année 2006, alors que la zone euro est encore, au milieu de l’année 2007, dans une phase d’accélération ou de fin d’accélération. Le cycle de politique monétaire des deux banques centrales est lui aussi décalé : la Réserve fédérale a commencé à augmenter ses taux au milieu de l’année 2004 et la BCE à la fin de l’année 2005.

La Fed craint que la crise ne provoque un ralentissement du fait de son impact sur les consommateurs, si bien qu’elle a pour l’instant modifié sa politique monétaire. Dans la zone euro, on n’a pas constaté d’impact macroéconomique. Néanmoins, compte tenu des incertitudes, la BCE a décidé au début du mois de septembre de ne prendre aucune décision de mouvement des taux. On a donc considéré début septembre qu’il était trop tôt pour déterminer si la crise pouvait avoir un impact macroéconomique, et donc des conséquences sur la croissance. L’incertitude quant à l’économie internationale s’étant clairement accrue, des répercussions sont possibles pour nous, notamment l’année prochaine.

En tout état de cause, l’incertitude est bien supérieure à ce que l’on pouvait envisager à la fin de juillet ou au début d’août.

En ce qui concerne Bâle II, le dispositif répond assez bien à la question de la prise en compte des risques – notamment les risques hors bilan – pour les banques. Les lignes de crédit seront prises en compte dans les exigences de fonds propres. Les banques devront donc être plus attentives à la qualité des risques.

Ce progrès important ne permettra cependant pas de tout régler. La question de la liquidité, notamment, n’est pas traitée. La France insiste dans les instances internationales pour que l’on achève les travaux sur ce sujet, et l’on peut espérer que la crise accélérera le processus. En matière de liquidités, les règles sont assez rigoureuses en France – trop, selon certaines banques – mais elles sont beaucoup plus dispersées sur le plan international. Or plus il y a de règles communes, plus le système est sûr et permet d’éviter les effets de contagions.

S’agissant de BNP-Paribas et du risque de réputation, il y a eu confusion entre le risque encouru par la banque elle-même et le risque de sa gestion pour compte de tiers. Le souscripteur d’un produit réglementé de type OPCVM a droit à une information complète et transparente : il doit savoir à quel degré de risque il s’expose. Il faudrait qu’il en aille de même pour les produits de taux, car le risque est très différent selon qu’il s’agit de produits reposant sur des bons du Trésor et des dépôts à court terme ou de produits comprenant des éléments exotiques permettant d’afficher un rendement supérieur pendant quelque temps, mais avec des risques accrus.

Quant à la chronologie des événements, on pourra se reporter au numéro de décembre 2006 de la Revue de stabilité financière de la Banque de France. Tous les éléments d’analyse y figurent : sous-évaluation des risques, appétit excessif pour le risque, problèmes intrinsèques au mécanisme de titrisation, manque de transparence, faible liquidité des produits structurés, incertitudes entourant leur valorisation. L’analyse existait bel et bien : sans doute aurait-il fallu lui donner plus d’écho. Au demeurant, les travaux de la Banque des règlements internationaux aboutissaient aux mêmes conclusions. Il convient donc de réfléchir aux moyens d’exercer une influence plus forte ex ante.

Au sujet du LBO, on assiste en effet à une importante baisse des financements. Ceux-ci étaient extrêmement risqués et déraisonnables, ils avaient suscité l’inquiétude des autorités de supervision. Après leur brutale interruption, la Banque de France sera attentive à ce qu’ils repartent sur des bases plus saines.

M. Michel Prada a estimé que les régulateurs ont toujours un problème de communication. Leur style et leur ton, éloignés de la chaleur des débats, font que leur message ne passe pas toujours très bien.

Pourtant, voilà plus de deux ans que le Forum de la stabilité financière et plusieurs autres instances internationales font état de leurs craintes sur ces sujets. Il faut rappeler à cet égard que, au moment de la bulle Internet, la Commission des opérations de bourse – COB – lançait des avertissements sur plus de la moitié des introductions en bourse. Or ces avertissements avaient presque un effet inverse : plus on formulait d’avertissements sur les risques, plus les souscripteurs se précipitaient ! M. Jean-Pierre Mustier a évoqué les raisons pour lesquelles l’enthousiasme général est difficile à tempérer. A contrario, il est toujours très difficile pour le régulateur de sonner le tocsin car l’impact peut aussi être considérable. Il faut donc convenir que les contraintes de communication auxquelles il est soumis sont spécifiques.

L’AMF pense bien entendu qu’il faut améliorer le fonctionnement de la notation et des systèmes d’évaluation. Il pourrait aussi être intéressant de créer des marchés secondaires sur des produits standardisés, sachant cependant que ce ne sont pas les régulateurs qui créent les marchés. Les marchés organisés répondent en général de façon plus flexible et moins dramatique aux évolutions du type de celle que nous avons connue.

Pour ce qui est de la communication au plan domestique, si des progrès sont en effet souhaitables, il n’en reste pas moins que les informations sur les produits en cause étaient claires. Il n’est pire sourd qui ne veut entendre ! Du reste, la plupart des acheteurs de produits dits « dynamiques » sont des investisseurs professionnels, qui ne peuvent ignorer la prise de risque. Le grand public, lui, n’a guère été touché jusqu’à présent. Les conditions de commercialisation et d’information devront certes être améliorées. La directive sur les marchés d’instruments financiers amènera d’ailleurs les acteurs à améliorer leur comportement et leurs méthodes en la matière et permettra de mieux responsabiliser les professionnels.

S’agissant de BNP-Paribas, on peut en effet parler de problème de communication, puisqu’il y a eu confusion entre les fonds propres de la banque et les produits de gestion pour compte de tiers. Mais, quand BNP-Paribas a estimé être en mesure de pouvoir rouvrir ces fonds, elle a expliqué qu’elle le faisait via le marché, dans des conditions qui prenaient en compte de légères pertes sur les actifs. Ce n’est donc pas la même démarche qu’une « mise en face » du compte propre de la banque.

Au total, on ne saurait considérer que les choses sont réglées. La crise n’est pas terminée au États-Unis, mais elle est en cours de solution. Sans céder à une forme de benign neglect, on peut avoir le sentiment que la situation évolue plutôt dans le bon sens. De sérieuses difficultés demeurent néanmoins et un travail considérable reste à faire, notamment pour mieux prendre en compte les problèmes de liquidité et pour améliorer la transparence et la connaissance de ce qui échappe à la sphère régulée. Le sujet de la compréhension des phénomènes qui interviennent hors marché régulé reste largement devant nous.

M. Jean-Pierre Mustier, revenant sur la question de savoir s’il y a eu crise ou non, a remarqué que l’indice Dow Jones a atteint le 1er octobre son plus haut niveau historique. Sans doute cette hausse est-elle imputable à la baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, mais on constate surtout une déconnexion entre l’approche des investisseurs en actions et l’approche des investisseurs de crédit ou celle des banques dans la gestion de leurs liquidités. Les investisseurs en actions conservent une vision positive. Celle-ci est peut-être aujourd'hui décalée, mais elle se traduit par un mouvement de confiance assez fort quant à la capacité des entreprises à continuer d’accroître leurs profits et à la valorisation des marchés d’actions par rapport au marché de taux d’intérêt. Il convient donc de relativiser la crise et de ne pas ressasser ce sujet : il est préférable d’étudier les moyens permettant d’évoluer.

Par ailleurs, si les appels à la transparence sont légitimes, nul ne peut dire aujourd'hui où sont les risques des subprimes, puisque ceux-ci ont été divisés, répartis et vendus. Il s’agit d’un mauvais débat : dans un marché « désintermédié », l’important est de s’assurer que les principaux intervenants – banques, intervenants régulés – sont transparents sur leurs résultats et leurs risques et que les produits qu’ils vendent à leurs clients sont conformes à ce principe de transparence. En revanche, on ne saurait déterminer où est le risque pour le tracer et l’inclure dans un environnement réglementaire : ce n’est pas le bon débat.

La « désintermédiation » permet de donner beaucoup plus d’amplitude au marché du crédit, ce qui a pour effet de soutenir la croissance économique. S’y opposer serait une erreur. Au demeurant, le marché des actions est depuis longtemps « désintermédié » : lorsque la bourse baisse, on ne cherche pas où sont les pertes. Le marché du crédit est en train de connaître la même révolution. L’important est de s’assurer de la transparence des banques sur leurs risques et sur leur solvabilité, et de retravailler l’ensemble des processus de gestion de la liquidité, dont il faut reconnaître qu’ils ont été quelque peu oubliés.

De plus, la nouvelle directive sur les marchés d’investissement permettra de s’assurer que les banques vendent les bons produits aux bons intervenants. Elle donnera en fait un cadre réglementaire à ce que les banques pratiquent depuis longtemps, tout en formalisant la transparence de l’information sur les produits vendus.

Il faut donc accepter que le crédit se « désintermédie » et trouver la manière de bien encadrer ce processus. À cet égard, il n’est pas certain que la création d’un marché organisé de la titrisation, forcément très complexe, résolve le problème. Bâle II permettra déjà d’encadrer la titrisation, puisque les engagements hors bilan de titrisation donneront une charge de fonds propres pour les banques. S’agissant des règles de liquidité, chaque banque doit pratiquer l’autodiscipline et s’assurer, dans des marchés où il leur revient de financer des actifs servant à la transformation de certains produits, que les financements sont adéquats. Dans cet ordre d’idées, la liquidité doit être bien distinguée de la solvabilité.

En ce qui concerne l’impact de cette crise très spécifique sur l’économie, les économistes prévoient un ralentissement de la croissance aux États-Unis et en Europe mais pas de récession. Il existe certes un risque découlant de la possibilité d’un effet richesse inversé. Les mises en vente de maisons se multiplient aux États-Unis et l’on sait que le consommateur américain finançait en fait la croissance en pratiquant l’« equity withdrawal ». Assurément, cet angle de financement va disparaître. Si le risque de récession n’existait pas, la Réserve fédérale n’aurait pas baissé ses taux de 0,5 point. Ira-t-on très loin dans le ralentissement ? Ni les marchés d’actions ni les économistes ne le laissent à penser, mais la probabilité est plus importante qu’au mois de juin.

Pour ce qui est enfin du refinancement, on notera que les entreprises ont pu se refinancer grâce à la « désintermédiation » du crédit, avec des « spreads » – coûts du crédit imputés par les banques au-delà du taux d’intérêt des banques centrales – qui ont été divisés par plus de deux sur les trois dernières années. Tout le monde voulant investir dans le crédit, les entreprises ont trouvé des conditions de refinancement particulièrement attractives, à des taux beaucoup trop bas par rapport au degré de risque. Dans ces conditions, les banques détruisaient de la valeur en prêtant aux entreprises.

On assiste aujourd'hui à un retour à la normale. Les « spreads », certes toujours très bas, vont revenir au niveau de fin décembre 2004. Le refinancement sera donc un peu plus cher pour les entreprises mais les taux resteront raisonnables. En revanche, en cas de récession avérée, la règle du jeu changera : il y aura une restriction du crédit et les intervenants travailleront différemment. Néanmoins les conditions ne paraissent pas réunies aujourd'hui pour laisser prévoir un retournement de la croissance.

M. Richard Hunter a estimé pour sa part que l’on ne peut affirmer que tout va bien quand on sait que le nombre de défaillances va augmenter. Au cours des trois dernières années, on a observé en parallèle un excès de liquidités et un faible taux de défaillances. Pour autant, les défaillances vont se multiplier, notamment dans le LBO et dans certains compartiments du crédit à la consommation. Heureusement, les agences de notation ne délivrent pas que des « AAA » : il y a aussi des « B », voire des « CCC ». Ce sont ces catégories qui connaîtront le plus de défaillances.

Sur la question de la chronologie de l’intervention des agences, on savait dès 2005-2006 que certains emprunteurs de moindre qualité commençaient à avoir accès au marché du crédit immobilier. Les agences ont alors augmenté leurs prévisions de pertes pour ces structures. Si l’on compare le pool de crédits subprime et le pool de crédits prime – de bonne qualité –, le ratio de défaillances est quatre fois plus élevé pour le premier. Les statistiques ont démontré que le nombre de défaillances qui se sont réellement produites est supérieur aux estimations des agences pour les subprimes.

Il faut rappeler que les hypothèses reposaient sur un historique de données de 15 ans pour l’ensemble du marché, contre seulement quelques mois pour les opérations nouvelles. Or, les agences se sont vues reprocher de surestimer les pertes dans le secteur résidentiel sur les 15 dernières années.

Confrontées à des pertes plus importantes qu’attendu, les agences ont néanmoins dû revoir leurs hypothèses. Nous devions donc choisir entre placer la totalité du secteur sous surveillance ou prendre quelques semaines de plus pour identifier les opérations dont la note devait être abaissée – ce qui n’a finalement été le cas que pour 11 % environ du portefeuille. Si nous avions placé les 500 milliards de dollars sous surveillance négative, il est probable que le marché nous aurait critiqué de la même façon. Nous aurions sans doute apporté moins d’informations et le marché ne s’en serait pas mieux porté.

S’agissant enfin de la responsabilité des agences de notation et de l’idée d’instaurer un « notateur des notateurs », on sait que Bâle II prévoit une procédure d’agrément pour les agences de notation : chaque année, celles-ci devront passer devant la commission bancaire pour lui présenter tous leurs résultats et toutes leurs notations. Si, pour une raison quelconque, la commission n’approuve pas ces résultats, elle peut rayer l’agence de la liste. Pour le reste, les agences sont soumises aux règles habituelles relatives à la responsabilité des entreprises. En réalité, c’est plutôt le marché qui les juge. Ainsi, lorsque Moody a revu cette année la notation de certaines banques, le tollé a été tel qu’elle a dû revenir sur ses évaluations ; de même, cet été, des billets de trésorerie adossés à des actifs n’ont pu être renouvelés parce les acteurs n’accordaient pas foi aux notations. Les agences ne peuvent s’en réjouir mais, si la situation perdure, le marché se passera de leurs services et trouvera d’autres moyens de fonctionner.

M Jérôme Chartier a tout d’abord relevé, concernant BNP-Paribas, que le 23 août cet établissement affirmait que « les conditions étaient réunies pour reprendre le calcul de la valeur liquidative ainsi que le rachat des parts des OPCVM des trois fonds investis partiellement dans des titres liés aux subprimes ».

Il a ensuite remercié M. Richard Hunter pour l’honnêteté dont il a fait preuve dans ses propos. Pour reprendre la formule de Georges Ginesta, le métier des agences de notation ressemble à celui des instituts de sondage : lorsque ces derniers ne se trompent pas, on s’en félicite, mais lorsqu’ils se trompent on saisit la Commission des sondages. Une agence de notation ne lit pas l’avenir dans une boule de cristal. En l’occurrence, le problème avait été repéré et la question se posait de l’attitude à adopter : le dire tout de suite ou laisser passer quelques semaines. Du fait de l’ampleur de la crise financière actuelle, on reproche aux agences de n’avoir pas choisi la première solution, mais, si rien ne s’était passé, les agences auraient fait leur métier et personne ne s’en serait aperçu.

M. Henri Bourguinat a rappelé que M. Michel Aglietta et lui-même avaient produit ces dernières années plusieurs publications sur les risques en question.

Le problème de fond est celui de la titrisation, qu’il serait naïf de vouloir démanteler d’un seul coup. L’idée de « granularité » du risque par la titrisation doit être prise au sérieux. Dans la titrisation de première génération, le banquier se contentait de transférer le risque. La titrisation de deuxième génération constitue en revanche des blocs de crédits regroupant des créances qui n’ont pas du tout le même comportement et ne présentent pas le même coefficient de risque, mais qui évolueront de conserve en ce qui concerne l’opinion qu’en auront les souscripteurs. Il faut que l’on prenne conscience de ce changement de cadre. Une réaction des régulateurs est à cet égard souhaitable.

M. Michel Aglietta a souligné que l’effet de richesse inversé jouera forcément. On peut définir l’effet de richesse par le fait que les ménages peuvent consommer plus que leurs revenus courants lorsque l’accroissement du prix de leurs actifs leur permet d’obtenir du crédit supplémentaire et meilleur marché. Aujourd'hui, la richesse des ménages baissant massivement du fait de la chute des prix de l’immobilier – laquelle est loin d’être achevée –, le crédit devient plus cher. En conséquence, conformément au lissage intertemporel de la consommation, les ménages vont consommer moins que leurs revenus. Une étude récente, réalisée par M. Frederic Mishkin, gouverneur de la Fed, a mis en évidence tous les canaux de transmission entre la situation des ménages et l’économie globale.

Par ailleurs, beaucoup de ménages vont se trouver soumis à des contraintes de cash flow pour rembourser des crédits avec des taux d’intérêts qui auront augmenté. C’est en 2006 que la masse énorme des prêts subprime a été réalisée, si bien que la réévaluation des taux interviendra en 2008, et ce pour des ménages déjà extraordinairement endettés. L’hypothèse moyenne est qu’il en coûtera 1 % de croissance de la consommation aux États-Unis l’année prochaine. Il est heureux, à cet égard, que la Fed n’ait pas attendu que le processus économique soit déjà engagé, car il aurait alors été trop tard. Comme à l’époque de M. Greenspan, la Fed fait du risk management. Elle a donc baissé massivement ses taux bien avant que les effets économiques ne soient tangibles, sachant qu’une baisse de taux ne produit ses effets qu’à échéance de six mois au minimum. Les menaces qui se profilent pour le printemps pourraient donc être écartées par l’action actuelle.

L’autre risque important est la baisse du dollar, qui se poursuivra inévitablement puisque les taux d’intérêt américains baisseront plus qu’ailleurs et que le rendement des actifs en dollars diminuera par rapport aux autres monnaies.

Si le glissement du dollar est assez régulier, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, car cela permettra aux États-Unis de rétablir une partie de leur balance commerciale et, par ricochet, de restabiliser le dollar tout en soutenant la conjoncture. Cependant, au vu de la dette accumulée vis-à-vis des non-résidents, on peut craindre que de gros investisseurs institutionnels du monde entier, perdant patience devant la faible rentabilité des actifs en dollars, ne réalisent des arbitrages et ne fassent basculer la monnaie américaine dans la crise. L’économie mondiale entrerait alors en récession : les taux d’intérêt longs des États-Unis monteraient au lieu de baisser et le financement du déficit courant se reporterait de l’extérieur vers l’intérieur.

Beaucoup de choses tiennent donc au doigté de la Fed, comme à chaque période de crise. On l’a vu au Japon : une politique trop attentiste de la part de la banque centrale peut enfoncer dans la récession un pays déjà en crise financière.

Au sujet des agences, il est bien connu, en théorie économique, que le moins efficace des marchés est l’oligopole, puisqu’il prélève des rentes importantes sur l’économie. À un moment où l’on déréglemente de nombreux marchés de service public, il est scandaleux que l’on n’incite pas au développement de la concurrence entre les agences. La titrisation devenant universelle, la place est libre pour la création de nombreuses agences concurrentielles.

Le Président Didier Migaud a remercié les personnalités invitées et souligné le grand intérêt de ces échanges, qui cependant n’épuisent pas le sujet. La commission des Finances se devra de poursuivre sa réflexion afin de présenter des propositions.




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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 09:47
Séance à la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale du 2 octobre 2008


Mardi 2 octobre 2007
Séance de 16 heures
Compte rendu n° 1

Présidence de M. Didier Migaud Président

– Audition, ouverte à la presse, de M. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, M. Michel Prada, président de l’Autorité des marchés financiers, M. Jean-Pierre Mustier, directeur général adjoint du groupe Société Générale, M. Richard Hunter, directeur général de l’agence de notation Fitch Ratings, M. Michel Aglietta, économiste, conseiller scientifique du CEPII, M. Henri Bourguinat, économiste, fondateur du laboratoire d’analyse et de recherche économiques, sur la crise financière 2


Commission des Finances,
de l’économie générale et du Plan


Le Président Didier Migaud, après avoir souhaité la bienvenue à M. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, à M. Michel Prada, président de l’Autorité des marchés financiers, à M. Richard Hunter, directeur général de Fitch Ratings, à M. Jean-Pierre Mustier, directeur général adjoint du groupe Société Générale, à M. Michel Aglietta, économiste, et à M. Henri Bourguinat, économiste, et rappelé les différentes étapes de la crise financière qui s’est déclenchée cet été, a expliqué qu’au moment de s’engager dans l’examen de la loi de finances, la commission des Finances souhaitait mieux appréhender les raisons de cette crise et ses conséquences sur l’économie réelle, en particulier en Europe et en France.

S’adressant à M. Christian Noyer et à M. Jean–Pierre Mustier, le Président Didier Migaud a demandé, s’agissant de la politique de crédit bancaire, ce qu’il faut penser des règles prudentielles en vigueur et ce qu’on peut attendre de la réglementation dite Bâle II ?

Les banques françaises envisagent-elles de modifier leur politique de crédit, notamment à l’égard des entreprises, le gouverneur de la Banque de France peut-il apporter des précisions sur l’exposition des établissements bancaires, sur la qualité de leurs risques et sur la marge de manœuvre de la Banque centrale européenne ? À cet égard il faut rappeler que M. Christian Noyer est dans la « période de silence » – en l’occurrence sur les taux – à laquelle sont soumis les membres du conseil des gouverneurs de la BCE la semaine précédant la réunion statuant mensuellement sur la politique monétaire.

Il a, ensuite, souhaité que MM. Michel Prada, Richard Hunter et Michel Aglietta apportent des précisions sur les procédés de titrisation actuels et sur l’évaluation des risques dont les produits structurés sont porteurs, se demandant s’il n’y avait pas conflit d’intérêts entre les agences de notation et les émetteurs de produits.

Il a enfin demandé si M. Henri Bourguinat pouvait donner les premières pistes d’un renforcement de la gouvernance du système financier mondial.

M. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, a d’abord répondu que le système traditionnel de Bâle, ou ratio Cook, qui est applicable jusqu’au 31 décembre 2007 et qui datait de la fin des années 80, n’avait pas été conçu spécifiquement pour couvrir les risques liés aux opérations complexes d’aujourd’hui – telle la titrisation, instrument qui avait notamment permis la répartition des risques liés au crédit – qui se sont développées sous l’effet de l’innovation financière, à l’exemple des dérivés de crédits.

Les superviseurs bancaires ont, depuis plusieurs années, renforcé la finesse de leur analyse, en vérifiant auprès des banques le degré réel d’exposition des risques et en exigeant d’elles qu’elles disposent de fonds propres en conséquence. Le système de supervision internationale, le comité de Bâle, se devait cependant d’évoluer afin de mieux prendre en compte l’ensemble des risques. C'est ce à quoi devrait parvenir Bâle II, la philosophie de ce nouveau système de supervision reposant premièrement sur un calcul des risques sur une base économique et non pas seulement juridique – lorsque figureront au hors bilan des lignes de liquidité, Bâle II obligera ainsi à calculer la probabilité de tirage sur ces lignes, ce qui permettra de déduire l’exposition réelle des banques et donc les provisions à mettre en place – deuxièmement, sur la prise en compte de risques très indirects tels que le risque de réputation ou de liquidités ; troisièmement sur le renforcement de la discipline des marchés, grâce à des règles portant sur la transparence de l’information, sur la comptabilité ou encore sur l’activité de titrisation, tous éléments permettant de renforcer la sécurité du système.

Les meilleures règles prudentielles ne peuvent pas remplacer les bonnes législations. À cet égard il faut rendre hommage au législateur français puisque l’activité de crédit dans notre pays est entièrement couverte par la loi bancaire et par une surveillance appropriée, à l’inverse des États-Unis où les établissements prêteurs ne sont pas réglementés et pratiquement pas surveillés.

Il n’a pas été relevé de modifications sensibles de l’attitude des banques en termes de distribution de crédit, à l’exception du secteur Leverage Buy Out – LBO – et du financement de nouvelles activités de titrisation. Tant le crédit aux entreprises que le crédit aux ménages n’ont pas changé, même si les taux d’intérêt pratiqués ont légèrement augmenté en même temps que les taux du marché, sachant que les taux pratiqués par les banques françaises sont inférieurs à la moyenne de ceux pratiqués dans la zone euro. Les conditions du financement en France restent donc très favorables pour les crédits tant aux entreprises qu’aux ménages. La progression des crédits a été de l’ordre de 1 % au cours du mois d’août, ce qui représente 19 milliards d’euros d’encours de crédits supplémentaires.

Pour ce qui est de l’exposition des banques françaises, la situation du système bancaire national est, d’une façon générale, très satisfaisante. Outre le fait que les risques de crédit sur les marchés subprimes sont négligeables, les expositions indirectes, c’est-à-dire le financement d’entités qui elles-mêmes titrisent des crédits hypothécaires, ne représentent à peu près que 0,2 % du bilan des banques françaises, pourcentage qui ne comporte que très peu de subprimes. L’exposition réelle paraît donc marginale.

Quant à l’activité de portage de parts de titrisation, subprimes ou non, elle correspond à quelque 0,3 % des actifs totaux, la plus grande partie de ces derniers ne pouvant être considérés comme étant à risque. L’actif sur le fond est sain, sauf à imaginer que la totalité des ménages américains deviendrait insolvable.

S’agissant des expositions potentielles, c’est-à-dire des lignes de liquidité sur les fameux conduits dont les sous-jacents pouvaient être ou non composés de subprimes, elles représentent des montants un peu plus élevés, soit 1 à 3 % des actifs des grandes banques françaises, sachant cependant que la part du crédit subprime reste là aussi très faible, de l’ordre du quinzième ou du vingtième du total. L’exposition des banques est extrêmement faible.

Pour ce qui est, enfin, des revenus qui pourraient être impactés, ceux-ci sont assez faibles, soit entre 5 et 11 % s’agissant des banques de financement et d’investissement, pourcentage qui, rapporté à l’ensemble des revenus des groupes consolidés, en représente entre 0,4 et 5 %. Quant à l’activité LBO, qui représentait entre 2 et 6 % du produit net bancaire des banques de financement et d’investissement, le pourcentage, rapporté à l’ensemble des groupes, atteint entre 0,7 et 1,9 %, tous ces impacts étant assez minimes par rapport à la rentabilité des banques françaises.

M. Jean-Pierre Mustier, directeur général adjoint du groupe Société Générale, est d’abord revenu sur les raisons de la crise.

Celle des subprimes a en fait été le déclencheur d’un phénomène beaucoup plus profond, celui de l’évolution du marché du crédit depuis les cinq dernières années du fait du phénomène de désintermédiation, les banques revendant leurs créances à des investisseurs de crédits. Ce développement du crédit, bien au-delà de la capacité de financement des banques, a ainsi permis de financer de grandes acquisitions par des industries ou encore des LBO. L’emballement du crédit qui s’en est suivi a fini par créer une bulle. À cet égard, Bâle II, qui était une adaptation par rapport à un environnement qui s’était raffiné – les règles précédentes étant efficaces, mais trop rustres –, permettra d’avoir une vision beaucoup plus fine des risques. Il faut en effet revenir à une normalité en termes de profil de risques et de liquidités fournies sur le marché du crédit.

Toute crise finit par s’arrêter, mais il faut tirer les leçons de celle-ci : d’une part, le phénomène de désintermédiation a beaucoup apporté à l’environnement, et, d’autre part, les avancées doivent, dans ce domaine comme dans d’autres, être mieux encadrées.

Dans ce contexte, les banques françaises vont-elles avoir tendance à moins prêter ?

S’agissant des prêts aux ménages et aux entreprises, elles n’ont pas de raison de faire moins, puisqu’il s’agit de l’activité traditionnelle des banquiers. On relève cependant, comme en matière de LBO, une attitude beaucoup plus prudente, faute pour les banques de pouvoir revendre les crédits portés dans les bilans.

En ce qui concerne la titrisation, la crise a également montré du bon – par exemple les entreprises peuvent avoir, par ce biais, un accès à des montants de financement qui leur évitent de tirer sur leurs lignes bancaires – et du mauvais : d’autres conduits, tels que l’achat d’actifs de longue durée qui ont dû se restructurer en raison des problèmes de liquidités court terme.

En résumé, cette crise aura été paradoxalement une bonne chose puisqu’elle va permettre une approche plus raisonnée de l’évolution du marché du crédit, une rationalisation de certains produits, et, grâce à Bâle II et à d’autres réformes entraînées notamment par la directive MIF sur les marchés d’instruments financiers, l’émergence d’un contexte réglementaire qui saura s’adapter et encadrer le développement des activités de crédit des banques.

M. Michel Prada, président de l’Autorité des marchés financiers, après avoir indiqué qu’il s’exprimerait également en qualité de président du comité technique de l’Organisation internationale des commissions de valeurs – OICV –, qui intervenait en matière de normalisation des règles de surveillance des marchés, a souligné que lui-même et ses collègues ne pourraient apporter véritablement de réponses aux questions posées puisque celles-ci portent sur la première turbulence ou, pour reprendre un mot plus souvent utilisé, sur la première crise née de la combinaison entre, d’une part, un vaste mouvement de désintermédiation intervenu dans un contexte de très forte liquidité, une faible aversion pour le risque, un niveau de taux d’intérêt relativement bas et, d’autre part, une très grande innovation.

Les grands régulateurs, les banquiers centraux et les principales institutions concernées au niveau mondial sont désormais réunis au sein du Forum de stabilité financière, lequel, la semaine dernière, s’est notamment penché sur la crise des marchés en évoquant plusieurs sujets.

La question de la supervision prudentielle a été abordée par les intervenants précédents, mais il y a aussi d’autres sujets. D’abord, le rôle des agences de notation. Ces dernières sont indispensables au fonctionnement du marché et elles ne doivent pas être diabolisées plus que d’autres puisqu’il s’est agi d’un phénomène collectif. En fait, elles interviennent non plus seulement pour noter des émetteurs corporate, mais aussi pour apprécier la solvabilité des sous-jacents des produits de titrisation lorsque le problème n’était pas seulement la mesure de la solvabilité des débiteurs, mais aussi celui de la liquidité des produits structurés.

Répondant à une demande de M. Jean-François Lamour, M. Michel Prada a précisé que les sous-jacents représentaient les actifs correspondant aux crédits qui, inclus dans des produits structurés, sont réunis en paquets que l’on commercialise ensuite par tranche, la difficulté étant de passer de l’identification du risque de chacun des composants à celle de l’ensemble du paquet, avec tous les problèmes de négociabilité de ce dernier que cela entraîne. L’OICV va ainsi examiner les conditions d’élaboration des notations, les possibles conflits d’intérêts, les méthodes de communication, etc.

Il a ensuite abordé le deuxième sujet évoqué par le Forum, à savoir les conditions dans lesquelles les différents produits financiers qui s’échangent sont valorisés, sachant que l’analyse des modèles est d’une très grande difficulté. Si l’on peut estimer que ces derniers fonctionnent de manière satisfaisante dans un contexte donné, ils peuvent en effet, selon les circonstances, ne plus être efficients.

S’agissant du troisième sujet évoqué, la désintermédiation, il faut savoir que, lorsque l’essentiel de l’activité économique est retracé dans les bilans des entités régulées, la maîtrise des phénomènes est sinon facile pour les régulateurs mondiaux, du moins possible. Or, avec la désintermédiation, apparaît nécessairement une perte d’informations. C’est donc la question de la transparence financière qui se pose, question sur laquelle vont se pencher tant le Forum que, sur sa proposition, l’OICV.

Pour ce qui est de la problématique de l’AMF dans ce contexte, le régulateur de marché a une double mission : d’une part, la surveillance du secteur de la gestion d’actifs pour compte de tiers – ou asset management – au moyen de l’agrément et de la surveillance des sociétés de gestion, et, d’autre part, de l’enregistrement des produits afin d’en juger non l’opportunité, mais la lisibilité pour les publics concernés, cela afin de permettre aux investisseurs de prendre leurs décisions en toute connaissance de cause.

Confrontée au problème qui s’est posé dans le courant de l’été, l’AMF a été inspirée par deux considérations principales : l’action des gérants d’actifs confrontés aux difficultés de gestion de certains fonds devait être exclusivement dictée par l’intérêt des clients – ce qui pouvait conduire à prendre des mesures exceptionnelles de suspension des souscriptions et des achats –, et tous les porteurs devaient bénéficier d’une égalité de traitement, le risque étant, dans une situation de demande de rachats importants obligeant à vendre des actifs pour faire face à ces rachats, que l’on vende les actifs les plus liquides, laissant aux derniers porteurs les actifs les plus risqués.

Il faut souligner l’attitude de grande prudence adoptée par l’AMF dans son expression – car intervenaient en cette affaire des éléments non seulement d’ordre technique, mais également d’ordre psychologique –, ainsi que l’étroite coopération entre le régulateur de marché et le régulateur bancaire.

M. Richard Hunter, directeur général, regional credit officer de Fitch Ratings, a d’abord souligné que les notes de son agence de notation internationale sont avant tout des opinions et non des faits, c’est-à-dire des indicateurs de sensibilité relative aux pertes sur créances et non des prédictions sur des taux de défaut. Il est cependant également important de comprendre ce que les notes ne sont pas : elles ne portent pas sur le risque de changement du prix d’une valeur mobilière ou sur sa plus ou moins grande difficulté à être vendue. Elles ne sont en aucune façon une garantie ou une assurance de remboursement, mais constituent un élément d’information parmi d’autres que les gérants et les investisseurs peuvent prendre en considération. Elles ne sont pas non plus des conseils d’investissement ni des recommandations d’acheter ou de vendre.

Pour ce qui est, ensuite, du processus de notation, les critères, publiés sur le site Internet gratuit de l’agence, sont établis, pour les grandes classes d’actifs, par les groupes analytiques et approuvés par des comités méthodologiques, avant qu’un comité, et non un analyste seul, détermine le niveau des notes, l’émetteur pouvant faire appel ou, dans le cas de la finance structurée, pouvant décider de modifier le contenu de son pool d’actifs sous-jacents. La note est ainsi le résultat d’analyses et d’anticipations, et ne reflète pas un fait tangible quelconque. Lorsque les comités méthodologiques décident que les paramètres doivent être modifiés pour mieux tenir compte des informations sur le comportement des actifs sous-jacents, les modèles – qui vont de la simple grille d’évaluation ou de prévision à des outils de régression ou à des simulations stochastiques – sont alors ajustés. Fitch ne structure pas d’opérations pour le compte des émetteurs. Ni l’analyste, ni le comité de notation ne font de propositions sur les actifs à incorporer dans une opération, ni ne suggèrent des niveaux de notes pouvant être visés, ni ne développent des structures juridiques pouvant être appliquées à une opération donnée.

Concernant la notation d’institutions financières, l’analyse ne va pas jusqu’à évaluer chaque instrument de dette détenu en portefeuille par l’entité, mais elle tend à comprendre l’appétit au risque de cette dernière et ses procédures de gestion des risques. Cette analyse reposant sur la communication par l’entité d’informations publiques et confidentielles, cela constitue une difficulté pour le marché entier, compte tenu du faible niveau de transparence en matière de localisation des instruments de dette.

S’agissant, enfin, de la façon dont l’agence gère les conflits d’intérêt inhérents à son modèle économique, le conflit d’intérêt potentiel résulte du fait qu’elle est rémunérée par les entités qu’elle note, ce risque étant géré de plusieurs façons, d’abord en séparant les fonctions commerciales des fonctions d’analyse, ensuite en indiquant clairement qu’elle est rémunérée par les émetteurs, enfin en faisant en sorte que la rémunération des analystes ne dépende aucunement du niveau des honoraires perçus par l’agence dans le cadre des notes sur lesquelles l’analyste lui-même aura travaillé. Les autres modèles économiques ne sont pas nécessairement exempts de conflits d’intérêts potentiels.

Pour autant, l’agence reste ouverte au dialogue et aux suggestions tendant à renforcer la confiance des marchés dans l’indépendance des agences. Ainsi, elle a déjà entrepris de réexaminer les prévisions de pertes en matière de titrisation à la lumière des éléments nouveaux que la crise financière a fait apparaître, en prévoyant de publier prochainement des propositions en forme d’« exposure drafts », afin d’engager un échange constructif avec les acteurs des marchés financiers.

M. Michel Aglietta, économiste, a précisé, faute de pouvoir faire preuve d’autant d’optimisme que les précédents intervenants et estimant, pour sa part, que la crise n’était que dans sa première phase, que le rôle des universitaires est, en la circonstance, de poser des questions.

Si des crises interviennent périodiquement, elles sont toujours différentes dans le détail, ce qui explique que les évaluateurs soient surpris puisque ce sont sur les connaissances passées que l’on fonde les évaluations alors qu’une crise naît toujours d’une innovation.

En l’occurrence, la première caractéristique de la crise a trait à la logique financière : en cas de crise, il y a toujours un lien entre l’expansion du crédit et l’appréciation du prix d’un actif au moins – aujourd’hui l’immobilier ; en 1999, la bourse –, le processus gagnant en puissance suite à l’euphorie des acteurs qui pensent s’enrichir en s’endettant, anticipant une appréciation du prix. Aujourd’hui, il n’existe pas suffisamment de gros investisseurs stabilisants, surtout sur le long terme, pour empêcher cela.

La deuxième caractéristique tient au volume de la titrisation par rapport au crédit bancaire porté au bilan des banques. Si l’on estime, à juste titre, que la titrisation va mieux disséminer le risque, encore faut-il que la qualité des crédits reste la même qu’à l’origine. Or, si l’on était assuré de revendre des crédits dans toutes les conditions, il serait alors certain que ceux-ci ne seraient plus évalués comme avant. Il faut donc que les banques soient incitées à évaluer le crédit titrisé de la même façon que les crédits qu’elles portent elles-mêmes, ce qui implique de leur imposer des règles en la matière.

La troisième caractéristique est que l’investisseur qui achète des crédits structurés ne sait plus quels sont les bons et les mauvais produits structurés, faute de discrimination entre les subprimes et le crédit traditionnel. Alors que le prime mortgage aux États-Unis est de qualité, car garanti par deux agences publiques, le rachat par celles-ci de crédits structurés a conduit les subprimes, anomalie parmi d’autres, à être notés triple A comme le prime mortgage.

Afin d’éviter une telle confusion des investisseurs, il convient de standardiser une grande partie de la titrisation grâce à un marché organisé – telle la bourse de Chicago – qui est plus robuste puisqu’il comprend à la fois de la compensation, un règlement et une instance centrale qui surveille.

Pour M. Henri Bourguinat, économiste, une personne arrivant d’une autre planète aurait pu penser, à entendre les premiers intervenants, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certes, une économie dynamique a besoin d’une finance prospère et inventive, comme cela a été le cas ces dernières années, mais il n’en reste pas moins que la crise est sérieuse, ne serait-ce que par les conséquences de l’injection de 400 milliards de dollars de liquidités par les banques centrales.

Pour expliquer la crise, ont été successivement mis en cause les subprimes, les agences de notation puis les hedge funds, c’est-à-dire les spéculateurs. Cependant, si ces trois facteurs ont eu leur importance s’agissant du déclenchement de la crise, le fait que celle-ci se soit étendue comme une traînée de poudre à l’échelle mondiale tient fondamentalement à l’organisation de la finance, ou plutôt à ce qu’on peut appeler le génome de la finance : dans l’enchaînement des maillons, quelque chose a grippé, la titrisation de deuxième génération commençant à faire problème du fait de l’éloignement croissant entre celui qui ouvrait le crédit et celui qui en portait le risque. On a ainsi abouti à une « granularité » de ce dernier, les petits grains se retrouvant dans des endroits inattendus, jusqu’aux SICAV de trésorerie.

Les faiblesses de la finance moderne – déjà mises en avant en 2004 – tiennent, d’une part, à cette dissociation du risque, d’autre part, au défaut de traçabilité du risque, enfin, au risque moral, c’est-à-dire à la théorie économique du principal agent : si l’établissement qui ouvre le crédit n’en supporte pas le risque, il a tendance à prendre plus de risques.

Sans aller jusqu’à réformer le système financier international, il convient donc, à court terme, d’amener les banques à une meilleure communication sur les expositions au risque, de mieux étiqueter les produits offerts à la clientèle, et, à moyen et long terme, de mieux structurer les informations au niveau international par le biais de la BRI ou du Fonds monétaire – on savait, par exemple, qu’il y avait, depuis 2006, un problème avec les subprimes –, de revoir les pratiques de consolidation des structures que l’on crée pour gérer ces produits afin d’éviter un déséquilibre entre l’actif et le passif, et, enfin, de porter plus d’attention aux conflits d’intérêts, ce qui ne concerne pas seulement les agences de notation.

Il faut donc se hâter de promouvoir Bâle II et de trouver, en amont, de nouvelles obligations de fonds propres, indicateurs dont la banque centrale se sert comme moyen choc d’intervention, des coupe-circuits, bref de mieux décrypter le génome de la finance.

Le Rapporteur général, a relevé, s’il avait bien compris, que l’exposition au risque subprime était donc marginale et que la crise avait été une bonne chose. Cette disproportion entre l’analyse subjective de la crise et les conséquences constatées de cette dernière explique donc, en partie, la crise de défiance actuelle et, surtout, ses impacts.

À cet égard, Bâle II va-t-il permettre de mettre en place un système de traçabilité de ce type de dérivés de crédits, sachant que le niveau national n’est pas suffisant en matière de régulation ?

S’agissant des incidences sur l’économie, les prêts aux entreprises ne vont-ils pas, dans la situation actuelle, devenir plus coûteux du fait d’une hausse des taux d’intérêt ? De façon plus générale, quels sont les risques de contamination sur l’économie de la crise financière, sachant que des millions de ménages aux États-Unis vont se retrouver insolvables, ce qui va avoir des conséquences sur les actifs titrisés qui se promènent à travers le monde ?

M. Jérôme Chartier a fait part de son sentiment que l’on venait de connaître la première crise légale puisque c’était sur la base de l’investment act de 1977 que les banques avaient été encouragées à prêter voire à surprêter aux familles américaines à faibles revenus pour acquérir leur résidence principale, pratique confirmée par l’administration Clinton en 1995. Certes, c’est également ce qui s’est passé en France, sauf que des restrictions prudentielles plus importantes y avaient cours.

Alors qu’en 2006 les actifs immobiliers américains s’élevaient à 10 000 milliards de dollars, dont 56 % étaient titrisés, donc mutualisés partout dans le monde, et que 11 % des prêts immobiliers étaient en situation d’impayés, doublant en un an, il a fallu attendre le 10 juillet dernier pour que Moody’s commence à abaisser la note de 399 titres liés aux prêts subprimes. Pourquoi un tel délai ?

Si l’on peut se féliciter que le petit épargnant français ait contribué au rapprochement franco-américain en finançant les ménages américains à faibles revenus, on peut se demander, au vu de l’exemple de la BNP, qui a suspendu la notation de trois de ses fonds avant d’annoncer que ses engagements hors bilan seraient remboursés, comment on peut dire aujourd’hui que la crise est terminée et que l’épargnant français peut recommencer à investir.

Selon M. Jérôme Cahuzac, il est ressorti des interventions des personnalités auditionnées, d’abord qu’il n’y avait pas eu réellement de crise, puis qu’il y en avait bien eu une mais que c’était une bonne chose, et, en conclusion, que ce n’était pas une crise mais une turbulence. On ne peut dès lors que s’associer aux questions posées par MM. Gilles Carrez et Jérôme Chartier. Les intervenants estiment-ils que ce qui s’est passé influera négativement sur la croissance française cette année et l’année prochaine, au regard notamment à ce que l’on peut observer en Espagne et en Grande-Bretagne ?

M. Charles de Courson a posé cinq questions :

La crise immobilière américaine ne se traduira-t-elle pas par un effet richesse inversé, donc par la chute de la consommation des ménages américains ? On assisterait alors à une véritable crise qui se transmettrait au reste du monde, à commencer par l’Espagne et la Grande-Bretagne.

Est-il possible de créer un marché organisé et contrôlé de la titrisation au plan international, sachant que c’est l’absence d’un tel marché qui a favorisé toute une série d’excès ?

Les futures règles de solvabilité de Bâle II sont-elles adaptées ? Permettraient-elles d’améliorer vraiment la situation actuelle ?

La « désintermédiation » et la titrisation n’ont-elles pas affaibli la responsabilité bancaire ? Si tel était le cas, ce serait à ces évolutions qu’il faudrait porter remède.

La responsabilité des agences de notations est, en droit, pratiquement nulle. Il n’y a pas de « notateur des notateurs ». L’AMF ou d’autres instances ne pourraient-elles remplir ce rôle ?

M. Dominique Baert a relevé que la crise a connu, pour les banques françaises, deux cheminements : l’un direct, via les investissements exposés aux subprimes qu’elles ont réalisés dans une partie de leurs portefeuilles de placement, et l’autre pour ainsi dire connexe. Devons-nous redouter un « effet de portefeuille » provoqué par les pertes possibles de certains établissements bancaires français ? A-t-on seulement une idée du volume global de ces pertes ? Les montants en cause sont loin d’être négligeables. L’exposition aux subprimes est ainsi évaluée à 281 millions d’euros chez Natixis, à 370 millions chez BNP-Paribas, à 800 millions à la Société générale, à 280 millions au Crédit agricole…

Les chiffres du hors-bilan sont également considérables. Les encours de crédit sur les LBO s’élèvent à 6,3 milliards d’euros chez BNP-Paribas, 5,8 milliards chez Natixis, 4,3 milliards au Crédit agricole, 2,7 milliards à la Société générale.

Sur ces sujets, certains établissements, souvent étrangers, se sont montrés plus transparents. L’Union de banques suisse – UBS – a ainsi annoncé une perte probable comprise entre 360 et 480 millions d’euros. Qu’en est-il pour certains établissements français ?

Par ailleurs, doit-on redouter un effet de liquidité, notamment dans les défaillances ? Beaucoup de liquidités ont été en effet injectées, qu’il faudra rembourser. De plus, l’éventuelle réintroduction du hors-bilan dans le bilan des établissements bancaires changera la forme de ce bilan et modifiera du même coup les ratios prudentiels. Les agences spécialisées abaisseront leur notation, ce qui provoquera une hausse des conditions de refinancement.

Enfin, on ne peut que souscrire à la question de M. Jérôme Cahuzac sur l’effet de frilosité et ses conséquences sur la croissance française.



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