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1 septembre 2020 2 01 /09 /septembre /2020 01:28

« Nicolas Sarkozy est un ami, mais contrairement à lui, je ne pense pas que nous devons tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN. » (Christian Estrosi, le 18 décembre 2015).


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Ce n’était pas vraiment un secret mais la clarté est toujours appréciée même si on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses propres dépens. Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV et RMC ce mercredi 6 octobre 2021, le maire de Nice Christian Estrosi a annoncé clairement qu’il soutiendrait la candidature du Président de la République Emmanuel Macron si celui-ci se représentait aux suffrages des Français. Il a aussi fustigé les propos du polémiste Éric Zemmour, notamment sur le choix des prénoms et sur le fait qu’on ne peut pas se réclamer de De Gaulle en faisant l’éloge de Pétain.

Certes, cette idée germait dans sa tête depuis plus d’un an. En effet, il était encore membre de Les Républicains (LR) et dans "Le Figaro" le 31 août 2020, Christian Estrosi a déjà annoncé la couleur : il souhaitait soutenir la future candidature d’Emmanuel Macron sous condition de conclure un accord de gouvernement entre LR et LREM. Un accord qui n’a jamais été esquissé et dont personne ne voudrait.

Mais entre-temps, les relations entre l’élu niçois et son parti se sont considérablement dégradées, surtout à l’époque de la campagne des élections régionales de juin 2021 : partisan d’une liste d’union LR-LREM menée par Renaud Muselier pour sa reconduction à la tête de la région PACA, Christian Estrosi a été très contesté par la direction de LR, si bien qu’il a quitté LR le 6 mai 2021 pour soutenir Emmanuel Macron. Et Renaud Muselier (qui fut son dauphin et remplaçant à la région) a été réélu.

Christian Estrosi a aussi fait partie des 382 maires et élus locaux signataires d’une tribune, dans le journal "Le Monde" le 17 juillet 2021, qui félicitait Emmanuel Macron d’avoir eu le courage d’élargir le passe sanitaire.

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L’attitude recentrée de Christian Estrosi dans la vie politique est un mystère. Christian Estrosi, ancien champion de motocyclisme (appelé par ses détracteurs motodidacte parce qu’il n’a pas de diplôme) engagé en politique par Jacques Médecin, le maire de Nice de l’époque, a été longtemps un second couteau sarkozyste qui se trouvait plutôt à l’aile très à droite du RPR et de l’UMP en dénonçant une cinquième colonne, en bataillant contre l’immigration, etc. avec des thèmes sécuritaires assez "classiques" qu’on retrouve aujourd’hui à l’extrême droite.

Sa carrière politique a été d’ailleurs assez réussie si l’on en juge par ses très nombreux mandats électoraux que les électeurs lui ont attribués.

Carrière tant locale que nationale. Il avait 32 ans en juin 1988 quand il a été élu pour la première fois député des Alpes-Maritimes, il a été réélu sans discontinuité jusqu’en juin 2016 (sauf entre décembre 1993 et juin 1997 où il a été déclaré inéligible pour des raisons de mauvaise déclaration de ses comptes de campagne), et il a quitté son mandat de député lorsqu’il est entré au gouvernement. Trois fois : il a été nommé Ministre délégué à l’Aménagement du territoire du gouvernement de Dominique de Villepin du 2 juin 2005 au 15 mai 207 sous la Présidence de Jacques Chirac, puis Secrétaire d’État chargé de l’Outre-mer du 19 juin 2007 au 17 mars 2008 puis Ministre délégué chargé de l’Industrie du 23 juin 2009 au 14 novembre 2010 dans le deuxième gouvernement de François Fillon sous la Présidence de Nicolas Sarkozy.

Dès 1989, Christian Estrosi est devenu le patron de la fédération du RPR des Alpes-Maritimes (puis de l’UMP et de LR). Jusqu’en octobre 2018, remplacé par Éric Ciotti (qui lui a aussi succédé à la présidence du conseil général des Alpes-Maritimes en 2008). Éric Ciotti, aujourd’hui candidat à la candidature LR, a envisagé un moment de se présenter aux municipales de Nice contre Christian Estrosi en 2020, puis, après des sondages très défavorables, il y a renoncé.

Élu maire adjoint de Nice (chargé des sports) dès mars 1983 (il avait 27 ans), Christian Estrosi fut élu municipal de Nice de mars 1983 à juillet 1990 et depuis mars 2008, il fut alors maire de Nice de mars 2008 à juin 2016 (mandat qu’il a abandonné pour la région PACA, mais il est resté premier adjoint de juin 2016 à mai 2017) puis est redevenu maire depuis mai 2017 (après l’élection présidentielle), également élu président de la communauté urbaine puis de la métropole de Nice depuis avril 2008 ; conseiller général de Nice de mars 1985 à avril 1993 et de mars 2001 à juin 2009, il fut premier vice-président du conseil général des Alpes-Maritimes de mars 2001 à septembre 2003 puis président du conseil général des Alpes-Maritimes de septembre 2003 à décembre 2008 (mandat qu’il a abandonné pour la mairie de Nice) ; enfin élu conseiller régional de PACA de mars 1992 à août 2002, puis depuis décembre 2015, il fut élu premier vice-président du conseil régional de PACA de mars 1992 à mars 1998 et depuis mai 2017, et président du conseil régional de PACA de décembre 2015 à mai 2017 (mandat qu’il a abandonné pour la mairie de Nice).

C’est justement à l’occasion de sa première campagne pour conquérir la présidence du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur occupée par l’ancien ministre socialiste Michel Vauzelle qu’il a commencé à se recentrer. Ces élections régionales furent le fondement de sa "conversion".

En effet, les résultats du premier tour des élections régionales en PACA le 6 décembre 2015 furent catastrophiques pour la liste qu’il a menée, soutenue par LR, l’UDI et le MoDem : il n’a recueilli que 26,5% des voix, dépassé largement par la liste FN menée par Marion Maréchal-Le Pen avec 40,6%. Derrière la liste de la droite et du centre, la liste socialiste menée par le futur ministre Christophe Castaner n’a atteint que 16,6% et la liste de l’union des écologistes et des communistes, avec 6,5%, ne pouvait pas se maintenir au second tour (en cinquième, la liste menée par l’écolo-centriste Jean-Marc Governatori a quand même obtenu 4,1%).

Dans une telle configuration, sans retrait de la liste socialiste, l’élection de Marion Maréchal-Le Pen à la tête de PACA aurait été très probable, ce qui aurait pu avoir des conséquences politiques nationales très graves à l’élection présidentielle de 2017 alors que les sondages plaçaient régulièrement Marine Le Pen en tête du premier tour dans les intentions de vote. Le retrait pur et simple de Christophe Castaner (et donc, l’absence d’élus socialistes, mais aussi de collaborateurs dans la région, ce qui était un lourd sacrifice pour le parti socialiste qui dirigeait la région), a permis finalement l’élection de Christian Estrosi au second tour du 13 décembre 2015, avec 54,8% (il fut élu président le 18 décembre 2015).

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Cette élection inespérée a complètement transformé Christian Estrosi : de représentant de l’aile droitière et sécuritaire de LR, il est devenu un… centriste (rappelons qu’il avait fait liste commune avec l’UDI mais aussi avec le MoDem), ayant une grande reconnaissance pour l’esprit de responsabilité des socialistes et en particulier de Christian Castaner qui est devenu un an plus tard l’un des plus grands soutiens d’Emmanuel Macron. Après son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire LR de novembre 2016 (l’élu niçois avait songé un moment à s’y présenter lui-même), Christian Estrosi a soutenu très mollement François Fillon.

Depuis 2017, Christian Estrosi voit d’un œil bienveillant l’exercice du pouvoir d’Emmanuel Macron qui, lui-même, n’a pas hésité à lui apporter quelques signes convergents. Comme l’ancien ministre Hubert Falco, maire de Toulon, Christian Estrosi fait partie de ces "grands" maires de France qui souhaitent créer un nouveau parti situé au centre droit et qui soutiendra la candidature d’Emmanuel Macron en avril 2022. Un premier rendez-vous est prévu le samedi 9 octobre 2021 au Havre, où l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe devrait fonder un tel nouveau mouvement politique. À 66 ans, Christian Estrosi a assuré depuis plusieurs années qu’il n’était pas demandeur d’un nouveau ministère. Mais qui peut donc le croire ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 octobre 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Christian Estrosi.
Édouard Philippe.
Emmanuel Macron.
Jean Castex.
François Bayrou.
Jean-Louis Borloo.
Nicolas Sarkozy.
Jacques Chirac.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Les Républicains et la tentation populiste.
Éric Zemmour.
Lucette Michaux-Chevry.
Michel Jobert.
Pierre Mazeaud.
Michel Debré.
Bernard Pons.
Pierre Juillet.
Philippe Mestre.
Henry Chabert.
Olivier Dassault.
Éric Raoult.
Yvon Bourges.
Christian Poncelet.
René Capitant.
Patrick Devedjian.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200831-estrosi.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/09/03/38513343.html



 

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