« En somme, la preuve est faite qu'un excès de stabilité peut conduire à une certaine instabilité. » (Georges Bortoli, journaliste d'Antenne 2, le 13 février 1984).
Il y a quarante ans, le 9 février 1984, est mort Youri Andropov. Dirigeant de l'Union Soviétique depuis moins d'un an et demi, son court règne allait laisser ensuite place à un règne encore plus court, celui de Konstantin Tchernenko, qui a mis trois jours pour se faire élire Secrétaire Général du Parti communiste d'Union Soviétique (PCUS), le poste le plus important de l'URSS depuis la Révolution russe. Le lendemain, le 14 février 1984, il présidait les funérailles nationales de Youri Andropov sur la Place Rouge. Wikipédia écrit avec justesse : « Il en découlera un découragement évident du peuple face à cette valse, au sommet de l'État, des vieux caciques du régime, signe de la déliquescence de la toute-puissante Union Soviétique. ». "Le Canard enchaîné" titra à l'époque : « Le triomphe du marxisme-sénilisme » !
Les autorités soviétiques ont d'ailleurs attendu le 10 février 1984 pour rendre publique la mort de Youri Andropov, quasi-invisible depuis environ six mois. À l'époque, pendant cette semaine-là, je séjournais chez mes grands-parents et mon grand-père, qui regardait l'actualité par habitude, le journal télévisé à 20 heures, s'amusait avec les noms de dirigeants soviétiques qu'il ne connaissait pas vraiment. Pendant plusieurs jours, en effet, les journalistes évoquaient les noms en -ov ou en -ev (en général, parfois en -ko), passaient leurs photos en gros plan sur l'écran, annonçaient leurs noms et fonctions, et entendre autant de Popov amusait mon grand-père qui, comme sa femme, considérait la Russie comme un pays très lointain, là-bas vers l'Est et surtout, vers le grand froid (avec port de la chapka de rigueur). Moi, au contraire, j'ai passionné, ou plutôt, fasciné par ces jeux de pouvoirs, immenses (l'URSS avait la bombe nucléaire quand même, et même le plus grand arsenal au monde), dans un pays aussi secret, aussi mystérieux dont on ne connaissait pas les tenants et aboutissants de politique intérieure, à tel point qu'il y avait des kremlinologues, dont les deux plus connus en France étaient Hélène Carrère d'Encausse et Alexandre Adler.
Des noms en -ov ou en -ev, ils étaient nombreux. L'instance cruciale, à cette époque-là, était le politburo (bureau politique) du PCUS. Le politburo qui fut choisi au XXVIe congrès du PCUS fut en fonction du 3 mars 1981 au 6 mars 1986, pendant toute cette succession de vieillards. Sur la vingtaine de membres, six sont morts avant la fin de leur mandat (dont trois chefs d'État). Parmi les membres (dont certains, suppléants, sont devenus titulaires au fil du mandat), on peut citer : Leonid Brejnev, Youri Andropov, Konstantin Tchernenko, Mikhaïl Souslov (l'idéologue du parti, mort le 25 janvier 1982, avant Brejnev), Dimitri Oustinov, Mikhaïl Gorbatchev, Andreï Gromyko, Andreï Kirienko, Grigory Romanov, Nikolaï Tikhonov, Viktor Grichine, et arrivés après 1981, entre autres, Nikolaï Ryjkov, Egor Ligatchev, Edouard Chevardnadze, Viktor Tchebrikov (chef du KGB), Vitaly Vorotnikov, etc. Vassili Kouznetsov, Sergueï Sokolov et Boris Eltsine, quant à eux, en étaient des membres suppléants. Nikolaï Tikhonov avait une position particulière pendant cette période puisqu'il fut le Président du Conseil des ministres du 23 octobre 1980 au 27 septembre 1985.
Revenons un peu en arrière. La Russie depuis la Révolution russe a été gouvernée de manière particulièrement stable. Noyautant tout l'appareil d'État russe puis soviétique (à partir de 1922), le PCUS était l'organe décisionnel majeur. Son parlement était le comité central, ses dirigeants le politburo du comité central, et le chef suprême le Secrétaire Général du PCUS. Or, jusqu'en 1982, il y en a eu peu dans toute l'histoire de l'URSS : Lénine du 8 novembre 1917 au 3 avril 1922, Staline du 3 avril 1922 au 16 octobre 1952 (officiellement, il n'y en avait plus quelques mois avant sa mort mais il dirigeait le PCUS jusqu'à sa mort le 5 mars 1953), Nikita Khrouchtchev du 7 septembre 1953 au 14 octobre 1964, Leonid Brejnev du 14 octobre 1964 au 10 novembre 1982. Quatre dirigeants en plus de soixante ans !
À la différence des dictateurs de républiques bananières, le dirigeant suprême dépendait d'une entité décisionnelle collective (le politburo), et parfois, il pouvait être évincé par ses pairs. Ce fut le cas de Khrouchtchev en 1964 (l'unique cas).
L'époque de Leonid Brejnev était significative. Il formait une "équipe" avec Anastase Mikoyan (Président du Praesidium du Soviet Suprême du 15 juillet 1964 au 9 décembre 1965), Nikolaï Podgorny (Président du Praesidium du Soviet Suprême du 9 décembre 1965 au 16 juin 1977) et Alexis Kossyguine (Président du Conseil des ministres du 14 octobre 1964 au 23 octobre 1980). À partir de juin 1977 et pas systématiquement, le dirigeant suprême du PCUS occupait aussi les fonctions de chef de l'État, à savoir Président du Praesidium du Soviet Suprême. Cette "équipe" était de la génération du siècle (tous nés entre 1903 et 1906, sauf Mikoyan 1895), si bien qu'ils ont pris le pouvoir au moment où ils sont devenus sexagénaires.
Dix-huit ans plus tard, comme l'expliquait le journaliste Georges Bortoli sur Antenne 2 le 13 février 1984, la stabilité en a fait une équipe de vieillards, à peine aptes à se tenir debout (les dernières années de Brejnev furent souvent moquées, avec raison, comme symptomatiques du régime soviétique), et la mort de ce dernier, au lieu de tourner la page, a au contraire renforcé cette impression de régime finissant.
Le choix du politburo à la mort de Brejnev se résumait à deux possibilités : soit le fidèle des fidèles de Brejnev, à savoir Konstantin Tchernenko (71 ans), soit l'irremplaçable Youri Andropov (68 ans), président du KGB du 18 mai 1967 au 26 mai 1982. Andropov, né le 2 juin 1914, fut choisi le 12 novembre 1982, comme numéro un, surtout soutenu par le complexe militaro-industriel soviétique dirigé par le maréchal Oustinov (ce fut Tchernenko qui proposa sa candidature acceptée à l'unanimité du comité central). Son avènement aurait pu inquiéter les Soviétiques car être patron du KGB, c'est-à-dire des actions toujours répressives, laissait un arrière-goût de crainte justifiée, mais en même temps, on le disait parfois "libéral" (un mot avec des guillemets car on était en URSS).
Youri Andropov était un diplomate et s'était retrouvé ambassadeur de l'URSS en Hongrie entre 1953 et 1957. C'est par ses rapports alarmants qu'il a convaincu Moscou d'envoyer des chars soviétiques à Budapest contre l'insurrection populaire. Cela a entraîné la mort de 2 500 personnes. Andropov resta toute sa vie choqué par l'expérience hongroise : il avait vu une véritable insurrection et craignait qu'elle ait lieu également à Moscou. La conséquence a été double : d'une part, tenter de réformer l'URSS pour éviter d'en arriver à une telle extrémité ; d'autre part, empêcher toute critique extérieure du régime soviétique. Lucidité et langue de bois ; lucidité en interne, langue de bois en externe.
Khrouchtchev l'a bien apprécié au point d'en faire, au sein du PCUS, le responsable des relations avec les partis communistes des pays socialistes (entre 1957 et 1967), tout en montant dans les échelons du parti (secrétaire du comité central en 1962). Cité par "Russia Beyond", le politologue Gueorgui Arbatov raconta, de cette époque, qu'Andropov voulait parler avec efficacité et lucidité en annonçant la couleur à ses collaborateurs : « Dans cette salle, nous pouvons tous exprimer nos opinions, de manière absolument ouverte. Mais dès que vous la quittez, respectez les règles ! ».
Ensuite, Brejnev a nommé Youri Andropov à la tête du KGB, où il resta incontournable une quinzaine d'années, durant lesquelles il réprima sévèrement les dissidents soviétiques (les envoyant dans les goulags en Sibérie ou les internant dans des asiles psychiatriques) et il participa notamment aux invasions de la Tchécoslovaquie et de l'Afghanistan. En 1969, Andropov a pourchassé la mafia du caviar en Azerbaïdjan, au Kazakhstan et au Turkménistan. On l'a aussi soupçonné d'être à l'origine de l'attentat contre le pape Jean-Paul II le 13 mai 1981, fiché par le KGB en 1973 comme un "danger potentiel principal" pour ses sympathies avec le Solidarnosc.
Dans son livre "Au cœur du Kremlin" (sorti en 2018 chez Stock), le diplomate et écrivain Vladimir Fédorovski, ami personnel d'Alexandre Iakovlev, expliquait à propos de Youri Andropov : « C'est un bolchevik convaincu, à l'instar de Khrouchtchev, à cette différence près qu'il est intelligent. (…) Il est puritain comme on l'était à l'époque et regarde avec effarement l'évolution de la classe dirigeante qui n'aime que les avantages matériels, les femmes, l'alcool et la triche, pour lesquels il conçoit une sainte horreur. Il hait le laisser-aller général dominant les années Brejnev. Ce qui ne l'empêche nullement de se façonner une image d'homme moderne en écoutant des tubes américains et en sirotant de temps en temps un whisky. (…) Selon (…) Alexandre Iakovlev, Andropov est un néostalinien convaincu, sans le tropisme sanguinaire du petit père des peuples. Doté d'une personnalité complexe, très structurée, il fait de la lutte contre les dissidents un cheval de bataille. (…) S'il pratique la persécution, sa préférence va toutefois à une politique d'expulsion systématique. (…) Contrairement à Khrouchtchev qui pratique l'élimination systématique, Andropov n'aime pas tuer. (…) Son but profond est la stabilisation su pays. ».
Youri Andropov est devenu Secrétaire Général du PCUS du 12 novembre 1982 au 9 février 1984, et Président du Praesidium du Soviet Suprême du 16 juin 1983 au 9 février 1984. Sur le plan intérieur, il voulait réformer en profondeur l'économie soviétique et réprimer le travail au noir. Ainsi, il a lutté contre la corruption, très forte à la fin de l'ère Brejnev (il a limogé dix-huit ministres), contre l'alcoolisme en augmentant considérablement le prix de la vodka (ce qui a fait émerger une vodka à bas prix appelée Andropovka), encouragé la police à arrêter les gens en ville pendant les heures de travail ou d'enseignement pour qu'ils retournassent à leur travail et cours (pour lutter contre l'absentéisme), etc.
Vladimir Fédorovski analysait ainsi l'esprit d'Andropov : « L'entourage d'Andropov se vante d'avoir inventé la perestroïka. Ce n'est pas totalement faux, si ce n'est qu'Andropov est influencé par le style de Deng Xiaoping qui consistait à conserver le système politique tout en pratiquant des ouvertures sur le plan économique. Il est assurément l'homme le mieux informé du pays et le plus lucide sur sa situation réelle. Outre les statistiques de façade qui ont leur utilité pour la propagande, il détient les chiffres exacts. ».
Anatoli Loukianov, le dernier Président du Soviet Suprême du 15 mars 1990 au 25 décembre 1991, évoqua les réformes économiques voulues par Andropov ainsi : « Je ne doute pas que si le destin avait laissé à Youri Vladimirovitch encore quelques années de vie, nous n'aurions pas eu de déstabilisations catastrophiques, pas de conflits interethniques sanglants, pas d'affaiblissement généralisé du pouvoir de l'État. » (cité par "Russia Beyond"). Quant à Alexandre Iakovlev (1923-2005), futur architecte de la perestroïka, il disait non sans ironie : « Les réformes d’Andropov ont été aussi efficaces que d’essayer de perfectionner un train à court de carburant pour le rendre plus rapide ! ».
Sur le plan extérieur, Andropov se retrouvait en pleine crise des euromissiles, face à un Occident renforcé par la Présidence de Ronald Reagan. Il a initié une détente dans différents pays, en Pologne avec la libération de Lech Walesa, en Tchécoslovaquie avec une lettre de sympathie à Alexander Dubcek, en Afghanistan en négociant une trêve avec le commandant Ahmed Chah Massoud, etc. Ce qui n'empêchait pas des fortes tensions, comme les tirs de missile qui ont abattu le Boeing 747 faisant un vol de la Korean Air Lines entre New York et Séoul le 1er septembre 1983 (239 morts).
Youri Andropov n'hésitait toutefois pas à montrer des signes d'ouverture. Ainsi, à son arrivée au pouvoir, il a reçu, parmi des milliers d'autres, la lettre d'une jeune Américaine de 10 ans, Samantha Smith, très inquiète des risques de guerre nucléaire entre les États-Unis et l'URSS. Youri Andropov lui a répondu le 28 avril 1983 en voulant la rassurer en style bisounours : « Oui, Samantha, nous en Union Soviétique tâchons de tout faire pour qu’il n’y ait pas de guerre sur Terre. C’est ce que veut tout Soviétique. (…) Les Soviétiques savent à quel point la guerre est une chose terrible. (…) Nous voulons la paix, et nous avons d’autres occupations : faire pousser du blé, construire et inventer, écrire des livres et s’envoler dans l’Espace. Nous voulons la paix pour nous-mêmes et pour tous les peuples de cette planète. Pour nos enfants et pour toi, Samantha. ». Et il l'invita à venir en URSS pour visiter le pays, ce qu'elle fit du 7 au 22 juillet 1983, comme la plus jeune ambassadrice des États-Unis, dans un voyage très médiatisé. Elle n'a pas pu rencontrer physiquement Youri Andropov parce qu'il était trop malade mais a pu discuter avec lui au téléphone. En visitant le pays (elle est passée par la Crimée), elle s'est fait beaucoup d'amis soviétiques (anglophones). Beaucoup d'Américains y virent quand même une honteuse manipulation de propagande sur une enfant. Démarrant une carrière d'actrice pour une série télévisée, la jeune Samantha trouva hélas la mort avec son père le 25 août 1985 dans le crash de son avion dans le Maine, de retour d'un tournage. Mikhaïl Gorbatchev a envoyé l'ambassadeur soviétique aux États-Unis aux obsèques de la jeune fille de 13 ans.
Très malade, Andropov l'était effectivement tout au long de son court pouvoir d'État. Ses huit derniers mois se passèrent principalement dans les hôpitaux en raison d'une insuffisance rénale chronique qui empirait de jour en jour, ainsi que d'un diabète. Il était sous dialyse permanente à partir de mars 1983 (ce qui faisait dire qu'il était le dirigeant soviétique "le plus branché" de l'histoire !). Son dernier discours public a été prononcé le 1er septembre 1983. Il était absent à l'anniversaire de la Révolution le 7 novembre 1983, et il est tombé dans le coma en décembre 1983 avant de mourir le 9 février 1984 à l'âge de 69 ans (ce qui, vu de 2024, est maintenant relativement jeune pour mourir).
Comme écrit plus haut, Konstantin Tchernenko, né le 11 septembre 1911 d'origine ukrainienne, fut désigné par le politburo comme le successeur de Youri Andropov. Ce fut Nikolaï Tikhonov qui le proposa au comité central. Le clivage était le suivant : ou les dirigeants communistes gardaient la prudence et désignaient le plus âgé (72 ans) au plus haut grade des leurs, Tchernenko, ou ils osaient ouvrir une nouvelle période en désignant le plus jeune (52 ans), Mikhaïl Gorbatchev, le dauphin désigné de Youri Andropov. En effet, Gorbatchev avait compris, lui aussi, la nécessité de faire des réformes économiques parce qu'il avait la même lucidité sur l'impossibilité de pérenniser le régime soviétique en l'État (il s'effondrait de lui-même, ce qu'il fit finalement en 1991). Tchernenko a cumulé son pouvoir, lui aussi, avec les fonctions de chef d'État, Président du Praesidium du Soviet Suprême, du 11 avril 1984 jusqu'à sa mort. Au contraire d'Andropov, Tchernenko était peu instruit, et grabataire, ce qui permettait un statu quo (et quelques affaires en plus pour les plus corrompus).
Vladimir Fédorovski en a parlé sans complaisance : « Tchernenko était le type même de l'apparatchik qui n'avait dû sa providentielle ascension qu'à sa rencontre dans les années 1950 avec Leonid Brejnev, dont il fut le secrétaire personnel. Fils de paysan, et de formation intellectuelle limitée, ce personnage mou et blême avait pour seule caractéristique politique de constituer une alternative au KGB et à l'armée. ». Un peu plus tôt dans son livre, il n'était décidément pas tendre avec Tchernenko « compagnon de beuverie et premier courtisan de Brejnev, surnommé son "ouvreur de bouteilles" ».
L'avènement de Konstantin Tchernenko n'était donc pas un signal très optimiste porté tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'URSS. Gros fumeur, il était déjà très malade, atteint d'insuffisances respiratoire et cardiaque, également d'une cirrhose du foie, et s'était déjà absenté trois mois l'année précédente pour pleurésie et pneumonie. On le décrivait déjà comme un zombie ! Très proche de Brejnev, Tchernenko est entré au politburo le 27 novembre 1978. Il était à peine capable de prononcer l'éloge funèbre de son prédécesseur tant cela supposait un énorme effort physique (on a monté un élévateur mécanique pour lui faire gravir les quelques marches sur la Place Rouge). Il a cependant réussi à participer à l'anniversaire de la Révolution le 7 novembre 1984, mais était souvent absent, le politburo se réunissait sans lui, parfois en prenant lui-même l'initiative des réunions. Et depuis Andropov, c'était Gorbatchev qui faisait office de Secrétaire Général par intérim.
Symbole du communisme déclinant, Tchernenko a même tenté, sans succès, de réhabiliter Staline (il a quand même réintégré l'historique Viatcheslav Molotov, né en 1890, au parti communiste, ce qui faisait dire des plaisanteries par les gens du peuple en considérant Molotov, 94 ans, comme le futur successeur de Tchernenko !). Il refusa qu'Erich Honecker, chef de la RDA (Allemagne de l'Est), se rendît en Allemagne de l'Ouest (RFA). Il a boycotta les Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles en représailles au boycott américain des JO de 1980 à Moscou. Pour autant, les liens n'étaient pas rompus avec "l'Occident", puisque Tchernenko rencontra en juillet 1984 à Moscou François Mitterrand qui avait auparavant rompu avec l'URSS (le Président français assista aux obsèques de Tchernenko au contraire de ses deux prédécesseurs ; Mitterrand évoqua devant lui le sort du dissident Andreï Sakharov, ce qui ne manquait pas d'audace sinon de courgae), il rencontra aussi Neil Kinnock, leader du parti travailliste au Royaume-Uni (et candidat au poste de Premier Ministre britannique), en novembre 1984.
La dernière déclaration publique de Konstantin Tchernenko a eu lieu le 28 février 1985, six jours après que sa maladie fut officiellement annoncée pour la première fois. Hospitalisé à partir de la fin du mois de février 1985, il est tombé dans le coma le 9 mars et est mort le 10 mars 1985 en début de soirée. Cette fois-ci, deux "jeunes" s'affrontaient pour la succession, Grigory Romanov (62 ans), dauphin de Tchernenko, et Mickhaïl Gorbatchev (54 ans), dauphin d'Andropov. Ce dernier, soutenu à la fois par le KGB, l'armée et l'intelligentsia, et présenté par l'indéboulonnable Andreï Gromyko à qui on avait promis le poste de chef de l'État, a convaincu à l'unanimité le politburo qu'il fallait en finir avec cette génération de vieillards. Un nouveau vent arriva à Moscou, celui de la perestroïka et de la glasnost. On connaît la suite.
Quarante ans après cette succession de vieillards au Kremlin, la gérontocratie s'est déplacée à Washington. Lors de la prochaine élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024, tout laisse entendre, même si cela peut changer, que cela se jouera entre deux Présidents vieillards, entre Joe Biden (81 ans) et Donald Trump (78 ans). Quant au Kremlin, la gérontocratie a encore de beaux jours devant elle, puisque Vladimir Poutine (71 ans) a de grandes probabilités d'être réélu Président de la Fédération de Russie le 17 mars 2024 pour six ans (77 ans) voire douze ans (83 ans). Au moins, en France, nous avons des dirigeants jeunes et dynamiques, les deux têtes de l'exécutif, Emmanuel Macron (46 ans) et Gabriel Attal (34 ans), ne totalisent même pas l'âge du Président des États-Unis, seulement 80 ans !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (09 février 2024)
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Pour aller plus loin :
Journal télévisé d'Antenne 2 le 13 février 1984 (INA).
1984, au paroxysme de la gérontocratie soviétique : le marxisme-sénilisme.
Youri Andropov.
Konstantin Tchernenko.
Lénine.
Tchaïkovsky.
Prix Nobel de Chimie 2023 : la boîte quantique.
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https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/1984-au-paroxysme-de-la-252741
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/02/12/40202967.html