(dépêches)
The Times du 21 octobre 1983
Tintin est-il raciste ?
Par Karloff, samedi 14 juillet 2007 à 17:09 dans Cinéma / Culture
Les Anglais ont tiré les premiers! Le groupe américain Borders a déplacé les exemplaires de Tintin au Congo jusqu'aux rayons destinés aux seuls adultes après la dénonciation par la commission anglaise pour l'égalité raciale (CRE) du contenu jugé raciste de la bande-dessinée écrite par Hergé. Soyons franc: je ne suis pas un grand Tintinophile et juge même le mythe déconnecté de la valeur réelle de l'oeuvre. Mais à l'heure où Hollywood s'apprête à porter Tintin sur grand écran, ce politiquement correct a quelque chose de dérangeant. Comme s'il fallait gommer les errements idéologiques du passé plutôt que de les expliquer...
"Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique". Déclaration d'Hergé cité sur la page wikipedia consacrée à l'album. Tout est dit, ou presque, par l'auteur belge. Le propos très colonisateur de la première édition du livre n'est que le triste fruit de l'éducation de l'époque. Agé de 22 ans, lors de la publication de la première édition du livre, il n'avait pas le recul nécessaire pour apprécier la politique de la Belgique au Congo. Lors de la seconde édition, en 1946, il gommera d'ailleurs quelques scories colonialistes, par exemple lors du passage à l'école.
Néanmoins, à la re-lecture du livre aujourd'hui, pas de quoi fouetter un chat et hurler au racisme. D'ailleurs le propos de Tintin au Congo s'oppose à cette vision très manichéenne de l'analyse de la commission anglaise pour l'égalité raciale, Tintin luttant avec les élites noires du pays, contre les petites trafics de la mafia. Bien sûr, difficile de ne pas mentionner le passé de Hergé et ses activités pendant la seconde guerre mondiale - collaboration avec le journal Le Soir qui était aux mains des Nazis -. Mais non seulement, Hergé, par la suite, a dans de nombreux albums développpés une pensée tiers-mondiste (discours sur la traite des esclaves - Coke en Stock-, les mouvements de libération en Amérique du Sud - Tintin et les Picaros -), mais gommer toute pensée colonialiste, la réserver aux seuls adultes, ne peut provoquer que des effets pervers et une fascination pour l'interdit. Une explication de texte ou un simple avertissement comme avant les mangas d'Osamu Tezuka eux-aussi empreints d'un certain "exotisme" colonialiste, n'aurait-il pas été plus appropriée ?
"Tintin au Congo" jugé raciste par un organisme britannique
Culture - Afrique Centrale - R.D.C. - Littérature
L’album de bande dessinée remisé aux rayons adultes et collectionneurs
La Commission britannique pour l’égalité de races, (CRE), un organisme indépendant, a demandé le retrait des rayons de librairies de l’album BD "Tintin au Congo", qu’elle juge raciste. La CRE accuse l’auteur de la bande dessinée, Hergé (anagramme de Georges Remy, son vrai nom) de "faire preuve de racisme à travers cet ouvrage et de faire la promotion de scènes violentes à l’égard des animaux".
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lundi 16 juillet 2007, par Panapress
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ROYAUME-UNI - PANAPRESS
L’organisme britannique trouve scandaleux la manière dont les Congolais sont représentés dans cet album avec notamment de très grosses lèvres, "presque comme des animaux", selon un membre de la CRE. Dans un communiqué remis à la presse à Bruxelles, la CRE souligne que "sous n’importe quel angle, cet ouvrage est délibérément raciste".
Les responsables de la société belge Moulinsart, qui s’occupe de la gestion des albums de Hergé, ont fait savoir que les librairies ont été priées de prendre des précautions en mettant une bande rouge sur la couverture pour signifier que l’ouvrage est destiné aux collectionneurs. A Londres, certaines librairies ont retiré l’album "Tintin au Congo" des rayons pour enfants pour les placer dans ceux réservés aux adultes.
Produits dérivés à Kinshasa
On rappelle que Georges Remy avait publié l’album "Tintin au Congo" en 1933, en pleine époque coloniale. Au total, l’auteur a publié 23 albums des aventures de Tintin dont notamment "Tintin en Amérique". La reproduction des produits dérivés des albums de Tintin est strictement interdite. Seules les boutiques ayant obtenu la licence de la société Moulinsart sont autorisées à vendre les produits dérivés des aventures de Tintin.
Toutefois, à Kinshasa, les artistes congolais reproduisent allégrement les dessins des aventures de Tintin, qu’ils revendent notamment aux touristes belges qui les recherchent spécialement. Certains touristes font faire le dessin de la couverture de l’album avec par exemple "Albert au Congo" à la place de "Tintin au Congo".
Tintin au Congo : le racisme de papa Hergé ne passe plus
Société - Belgique - Congo - Racisme
Un étudiant congolais porte plainte devant la justice belge
Un étudiant congolais a porté plainte contre la société gérante des droits du dessinateur Hergé pour infraction à législation sur le racisme et demande le retrait de la vente de l’album « Tintin au Congo ». Au début du mois de juillet, la Commission britannique pour l’égalité raciale avait déjà qualifié l’ouvrage de raciste.
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mercredi 8 août 2007, par Julien Camboulives 9 réactions
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Pour le centenaire sa naissance, les fans du célèbre dessinateur belge Hergé n’en attendaient certainement pas tant. Après la condamnation de la Commission britannique pour l’égalité raciale, l’album « Tintin au Congo » est de nouveau mis au banc des accusés pour racisme. C’est un congolais, étudiant à Bruxelles, en sciences politiques, qui a porté plainte le 23 juillet dernier devant la justice belge contre X et contre la société Moulinsart, gérante des droits de commercialisation des œuvres d’Hergé. Bienvenu Mbutu Mondondo réclame la fin de la vente de l’ouvrage et un euro symbolique de dommages et intérêts à l’éditeur.
« Je veux qu’on arrête de mettre en vente cette bande dessinée, que ce soit pour les enfants ou pour les adultes. C’est un livre raciste, rempli de propagande colonialiste », a déclaré le plaignant. « Il n’est pas admissible que Tintin puisse crier sur des villageois qui sont forcés de travailler à la construction d’une voie de chemin de fer ou que son chien Milou les traite de paresseux », a-t-il précisé. L’affaire devrait être étudiée au mois de septembre si elle est déclarée recevable par le juge d’instruction.
« Etonnés de cette polémique »
En Angleterre, la Commission britannique pour l’égalité raciale (CRE), saisie il y a quelques semaines par un consommateur, avait jugé l’ouvrage raciste et insultant. « Ce livre contient des images et des dialogues porteurs de préjugés racistes abominables, où "les indigènes sauvages" ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles », avait déclaré une porte-parole de la CRE. A Londres, certaines librairies avaient alors retiré l’album des rayons pour enfants pour les placer dans ceux réservés aux adultes.
« Sur le fond, nous sommes étonnés que cette polémique renaisse aujourd’hui », a réagi un représentant de la société Moulinsart. « Hergé s’était expliqué, disant qu’il s’agissait d’une oeuvre naïve qu’il fallait replacer dans le contexte des années 30, où tous les Belges pensaient faire du très bon travail en Afrique. »
« Des préjugés du milieu bourgeois »
Dans les années 70, l’auteur avait lui-même décrypté le discours positif sur la colonisation de son album : « Pour le Congo, tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. »
Pour Jozef Dewitte, directeur du Centre belge pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, cette affaire relève d’un combat d’arrière garde : « Il s’agit d’une oeuvre d’art, faite par quelqu’un de décédé depuis longtemps (…) On ferait mieux de s’attaquer aux discriminations à l’embauche ou au logement ». Reste que « Tintin au Congo » est aujourd’hui encore une des œuvres les plus populaires d’Hergé, estime Marcel Wilmet, porte-parole des Studios Hergé. Pour une raison simple : « Elle plait beaucoup aux enfants. »
USA: ‘Tintin au Congo’ devient une BD pour adultes car jugée raciste
DIVERS jeu 19 juil 2007
Le groupe américain Borders a demandé mercredi à toutes ses librairies aux Etats-Unis de déplacer leurs exemplaires de l\'album \"Tintin au Congo\" des rayons enfants à la section des BD pour adultes, après la dénonciation par une association britannique de son caractère \"raciste\".
La chaîne Borders avait pris une décision similaire il y a une semaine en Grande-Bretagne. \"Etant donné que \'Tintin au Congo\' peut être considéré comme offensant par certains de nos consommateurs, nous avons décidé de placer ce titre dans la section des livres pour adultes\", a indiqué la société Borders dans un communiqué. Les autres titres de l\'éternellement jeune reporter resteront dans la section des livres pour enfants, a précisé Borders.
La Commission britannique pour l\'égalité raciale (CRE) avait jugé que la vente de cet album \"dépassait l\'entendement\", dans la mesure où il contient \"des éléments potentiellement très choquants\" pour beaucoup de lecteurs. \"Ce livre contient des images et des dialogues porteurs de préjugés racistes abominables, où les \'indigènes sauvages\' ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles\", a déclaré une porte-parole de la CRE.
\"Tintin au Congo\", d\'abord publié dans le journal belge \"Le Vingtième siècle\" en 1930-1931, est l\'un des albums de la série dessinée par Hergé. Cet album du célèbre reporter en culottes de golf a suscité de nombreuses polémiques, en raison de sa présentation crue du colonialisme et du racisme, comme de la violence contre les animaux. Hergé s\'était justifié en affirmant qu\'il n\'avait fait que représenter l\'état d\'esprit \"paternaliste\" de la Belgique coloniale.
Un scoop, Tintin est raciste !
iscarioth - le 17/07/2007 à 00:48
Les Aventures de Tintin - Tome 2 - Tintin au Congo
Pardonnez l'ironie du titre, mais qui a déjà lu la version non épurée (et même celle encore en vente aujourd'hui) de Tintin au Congo le sait fort bien, Tintin est un personnage de son époque. Le personnage d'avant-guerre, pour qui la colonisation était un bienfait civilisateur.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et, sur certains sujets, l'homme a progressé (si peu, il est vrai). Si le temps n'inquiète en rien Tintin, ses cigares de pharaon, son coke en stock ou son vol 714 pour Sidney, les années qui passent sont en revanche bien plus difficiles à supporter pour l'épisode du Congo.
Dernière affaire en date, la Commission for Racial Equality d'Angleterre, qui s'insurge contre l'épisode, par l'intermédiaire de son porte-parole, ayant déclaré à l'AFP : "Ce livre contient des images et des dialogues porteurs de préjugés racistes abominables, où les “indigènes sauvages” ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles".
Oui, ce serait être de mauvaise foi que de ne pas le remarquer, l'album est pétri de préjugés. Hergé s'en est d'ailleurs expliqué de son vivant : "C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique".
Dans toutes les librairies Borders, Tintin in the Congo a été retiré des rayons "enfants". La librairie a pris cette décision après que David Enright ait porté plainte devant l'équivalent anglais de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité). "Mon épouse noire, originaire d'Afrique, est assise là avec mes fils et je suis sur le point de leur tendre ce livre... Quel message suis-je en train de leur délivrer ? Que ma femme est un singe, qu'ils sont des singes ?"
Non, Tintin n’est pas raciste
Tribune Libre
par Criticus (son site) - vendredi 20 juillet 2007
Je ne pensais pas avoir un jour à parler de Tintin. Mais ma tintinophilie de longue date - en fait depuis que je sais lire, puisque c’est à 6 ans tout juste que j’ai découvert le plaisir de la lecture à travers les aventures du reporter bruxellois - m’amène à réagir à l’interdiction de "Tintin au Congo" pour les mineurs du Royaume-Uni.
Le second album des aventures de Tintin et Milou a été jugé raciste par la commission britannique pour l’égalité raciale, dénomination savante pour désigner un organisme chargé avec d’autres de transformer la société britannique, naguère si ouverte, en une marquetterie de communautés distinctes. Il est vrai que le périple de Tintin au Congo belge, dans le contexte de 1930, affiche un colonialisme comparable à celui qui a prévalu un an après lors de l’Exposition coloniale de Paris, de la même manière que le premier tome des aventures du jeune journaliste, Tintin au Pays des Soviets, est un brûlot anticommuniste qui ne brille ni par sa connaissance de l’Union soviétique ni par sa neutralité idéologique.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Hergé avait refusé de rééditer ce premier album controversé, précaution qu’il n’a pas cru devoir prendre pour le second, Tintin au Congo, ni pour le troisième, Tintin en Amérique.
Cela aurait pourtant été louable, car pour moi, l’aventure en deux albums Les Cigares du pharaon/Le Lotus bleu marque le début des vraies Aventures de Tintin et Milou, celles d’un idéaliste internationaliste en butte à l’injustice, et qui parcourt le monde en quête d’aventures et de torts à redresser. C’est d’ailleurs pour cette raison que le général de Gaulle avait considéré Tintin comme étant son "seul rival".
Dans ce premier chef-d’oeuvre, Tintin, de l’Egypte à la Chine en passant par la Péninsule arabique et les Indes, remonte la piste d’un réseau mondial de trafic de stupéfiants. Si le premier tome, qui précède l’arrivée de Tintin à Shanghaï, n’est pas révolutionnaire, le second démontre le courage et la tolérance de son auteur : Hergé, sans doute influencé par son amitié - sa liaison ? - avec Tchang, un jeune Chinois émigré - qui lui inspirera le personnage du même nom que Tintin sauve à deux reprises -, condamne clairement l’occupation de la Chine par les troupes japonaises.
Entre ces deux Tintins en apparence inconciliables, c’est le second, humaniste, qui doit être retenu puisque c’est lui qui a rencontré un succès mondial, et non le premier, anticommuniste et colonialiste, ainsi qu’anti-américain, anti-capitaliste et plein de mépris pour les Amérindiens dans Tintin en Amérique.
Mais il est vrai que quelques réminiscences du premier Tintin apparaissent dans la suite de ses aventures, par exemple dans l’album qui suit, L’Oreille cassée - mon préféré toutefois -, où l’on peut voir Tintin, revenu bredouille d’Amérique latine dans sa quête du fétiche à l’oreille cassée, s’adresser à un marchand qui présente toutes les apparences du cliché du Juif colporté par les milieux antisémites des années 30 : nez crochu, cheveux huilés et crépus, petites bésicles et frottage de mains en signe manifeste d’avarice.
Le Crabe aux pinces d’or, dont une grande partie se déroule dans un Maroc alors sous protectorat français, fait apparaître, pour la dernière fois, un Tintin colonial : l’aventurier à la houpette tutoie en effet un petit boutiquier marocain, lui qui est d’ordinaire si respectueux et ouvert aux autres cultures.
Je passe sur les rééditions ultérieures, qui ont voulu gommer, à la demande de certains pays, les signes qui font apparaître une mauvaise connaissance de la langue française par les amis de Tintin. L’émir Ben Kalish Ezab, par exemple, envoie au début de Coke en stock une lettre au capitaine Haddock par laquelle il lui confie le prince Abdallah "pour son langage française perfectiser" (sic) - en fait pour le mettre à l’abri des troubles qui agitent l’émirat imaginaire du Khemed. Dans l’édition postérieure, les fautes de français de l’émir ont été corrigées.
Tout cela ne peut de toute façon pas faire oublier le Tintin qui empêche l’invasion du royaume de Syldavie, démocratique, par la Bordurie militariste et dictatoriale, dans Le Sceptre d’Ottokar, qui prend la défense du petit Quechua Zorrino contre des Latino-Américains qui le brutalisent dans Le Temple du Soleil, évite que la machine à ultrasons du Pr Tournesol ne tombe aux mains de la même Bordurie, dans L’Affaire Tournesol, et surtout qui démantèle un réseau escalavagiste dans Coke en stock.
C’est ce Tintin-là qui m’a fait rêver et je ne suis pas du tout d’accord avec ceux qui s’emparent de cette interdiction - qui ne démontre d’ailleurs pas un grand souci de liberté d’expression chez les Britanniques - pour tenter de faire le procès de Tintin. Non, Tintin n’est pas raciste. Quand bien même les tout premiers albums pourraient le laisser supposer, la vingtaine qui suit rachète, à mon sens, largement les errements qui ont marqué les débuts de l’aventurier. Pour admettre cela, il faut d’abord être capable de pardon et accepter l’idée de rédemption. Une qualité dont ne semblent pas être doués les donneurs de leçons qui sévissent ici ou là.
Commentaires :
> Non, Tintin n’est pas raciste
par Vilain petit canard (IP:xxx.x55.117.249) le 20 juillet 2007 à 12H47
Je suis bien d’accord avec vous, Richard, Tintin n’est pas raciste. Mais pourquoi en faire un article tout d’un coup, comme ça ? Cependant, en tant que tintinophile maniaque, j’en profite pour m’épancher aussi sur le sujet.
J’ai une théorie: le personnage du Tintin baladeur des années 30 qui visite l’Afrique, l’URSS, etc. correspond à un genre assez spécifique, que j’appellerai le "folklore touristique pour gens enracinés", si vous me pardonnez la lourdeur stylistique... Ces BD s’adressaient à de jeunes belges (scouts et cathos, de plus), et voulaient leur montrer ces contrées lointaines, fatalement à l’aide de gros clichés, ce n’étaient pas de vrais reportages. C’était plutôt censé les faire rire, ou tout au moins les distraire. Les Noirs y sont donc forcément simples et un peu bordéliques, les Américains forcément entreprenants, les Indiens forcément sauvages et cruels, et les Soviets forcément dictatoriaux.
Un peu avant cette époque, on avait en France les vignettes du Chocolat Poulain, décrivant nos "belles colonies", avec des missionnaires forcément chaleureux et charitables, des Noirs forcément pieux et dévoués, roulant des yeux écarquillés dans leurs orbites, et des Arabes forcément fiers et pittoresques, tirant dans tous les sens avec des fusils damasquinés. C’était les clichés de l’époque ! Et je vous passe les manuels scolaires du temps...
Une BD comme Astérix joue de façon très habile avec tous ces clichés nationaux et pseudo-naturalistes, avec une volonté comique plus appuyée, c’est tout. "Astérix et les Corses" n’est pas plus raciste que "Tintin au Congo", le comique en est plus volontaire, c’est tout.
Mais vu d’aujourd’hui, on a perdu cette perspective "distrayante", on décode ça avec les lunettes d’un membre du politburo de SOS-Racisme. Quand ça va dans le "bon" sens, d’ailleurs, et même si c’est énorme, on se tait: les Chinois de Tintin sont bienveillants et vertueux, traditionnalistes jusqu’aux socques. Les Tibétains de Tintin (ah... Foudre Bénie...) sont sages et accueillants, alors que leur pays (qui, quoiqu’on pense de leur religion, était quand même une théocratie rétrograde), était carrément interdit aux étrangers jusqu’à l’invasion chinoise (1949), et justement le seul Chinois qui apparaisse au Tibet dans l’aventure, est le gentil Tchang (on est en 1960 !).
Reste néanmoins qu’Hergé est le seul auteur à ma connaissance à avoir défendu les Gitans (dans les Bijoux de la Castafiore), chose dont devraient s’inspirer pas mal de donneurs de leçons de notre époque.
Quant à la nouvelle que nous donne Marsupilami, elle est assez inquiétante. Astérix va-t-il échouer un jour au rayon "adultes" ? ? ?
> Non, Tintin n’est pas raciste
par Gazi BORAT (IP:xxx.x32.164.192) le 20 juillet 2007 à 13H13
Georges Rémi, l’auteur de Tintin était imprégné des préjugés de son époque, des opinions de son environnement (catholique/conservateur) et de son penchant pour Léon Degrelle, chef du parti rexiste, qui achevera sa carrière en exil en Espagne après un passage dans la waffen SS.
Cela dit, Tintin est-il raciste ?
Comme dans beaucoup de publication pour la jeunesse de cette époque, le personnage de l’étranger est nettement moins valorisé que celui de l’européen intrépide et colonisateur.
Cela dit, interdire certaines aventures de Tintin à l’époque où elles sont parues aurait été une décision présentant une certaine logique.
Aujourd’hui, beaucoup moins.
Le ton, le graphisme, l’univers de ces bandes dessinées présente un tel décalage avec l’époque que nous vivons que je ne pense pas que cela puisse représenter une influence pernicieuse pour la jeunesse de notre temps d’un idéal raciste archaïque.
De la même façon, les westerns d’avant 1965 sont particulièrement négatifs pour l’image des Amérindiens mais nul ne songe à les censurer.