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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 01:19

Les élections législatives ont eu lieu en Biélorussie (Belarus) le 28 septembre 2008.

http://fr.youtube.com/watch?v=i5swVVBI9NI

http://www.dailymotion.com/video/x6wtrg_criticized-elections-in-belarus_news



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10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 21:30

(verbatim)


Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231216-sarkozy.html



DISCOURS DE NICOLAS SARKOZY LE 10 JUILLET 2008
AU PARLEMENT EUROPÉEN DE STRASBOURG


Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur l'avenir du Traité de Lisbonne après le vote négatif des Irlandais et sur les priorités de la Présidence française de l'Union Européenne, à Strasbourg le 10 juillet 2008


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,

C'est un grand honneur pour moi de pouvoir m'exprimer devant votre Assemblée à un moment critique pour l'Europe. J'ai bien le sentiment que nous portons tous une lourde responsabilité. En tant que Président du Conseil en exercice, bien sûr, ma responsabilité est grande mais la responsabilité de tous les Européens convaincus est la même. Comment sortir l'Europe de la crise où elle se trouve ? Comment éviter l'immobilisme ? Comment surmonter nos désaccords pour les mettre au service d'un même idéal européen.

Ici, nous sommes au cœur de la démocratie européenne. Chacun d'entre vous, pour avoir l'honneur de siéger, a dû recueillir le soutien de ses compatriotes. Il y a des femmes et des hommes de gauche, il y a des femmes et des hommes du centre, il y a des femmes et des hommes de droite, il y a des élus de 27 pays mais, aujourd'hui, nous devons faire de nos différences une force au service d'une Union européenne qui souffre. Nous devons faire de ces différences une opportunité pour rassurer des Européens qui sont inquiets. Nous devons faire vivre la démocratie donc assumer nos débats et, en même temps, donner l'image d'une Europe qui refuse l'immobilisme. Nous devons amener tout le monde. La famille, c'est 27 États, nous ne devons laisser personne derrière.

Nous sommes à quelques mois d'une échéance majeure pour le Parlement européen et il est légitime que chacun y pense et, en même temps, nous devons, ce matin, donner le sentiment d'une Europe qui travaille pour tout le monde. J'ai connu des contextes plus faciles que celui dans lequel se trouve l'Europe. Qu'il me soit permis de parler librement en ayant, par ailleurs, conscience qu'en tant que Président du Conseil, je dois parler au nom de tous, tenir compte des sensibilités de tous et, en même temps, apporter des réponses justes.

Première remarque : nous avons un problème institutionnel. Les chefs d'État et de gouvernement ont essayé de trouver une formule de compromis avec le Traité de Lisbonne. Personne n'a dit que le Traité de Lisbonne résolvait tous les problèmes mais il était et il reste l'expression d'un compromis souhaitable pour tout le monde. Moi-même, en tant que Président de la République française, j'ai dû prendre mes responsabilités. La France a voté non en 2005 et ce non était un problème pour la France.

Mesdames et Messieurs, les sujets que nous avons à affronter sont difficiles et complexes. Essayons de donner à chacun le sentiment que nous y travaillons sans a priori et sans arrière-pensée. C'est ce que l'on attend de nous.

J'ai proposé, avant les élections, aux Français, la ratification parlementaire du Traité de Lisbonne. J'ai dit, avant les élections, que je n'organiserai pas de référendum en France. C'est démocratiquement que je l'ai dit aux Français. C'était un choix, trois jours avant mon élection, qui aurait pu être lourd de signification. Je ne regrette pas ce choix. Je pense profondément que les questions institutionnelles, les règles de fonctionnement en Europe sont l'affaire des parlementaires plutôt que l'affaire du référendum. C'est un choix politique que j'assume et c'est un choix politique que j'ai assumé dans mon pays avant les élections. C'est donc un choix parfaitement démocratique.

Nous avons maintenant le problème du non irlandais et ce n'est certainement pas un Français qui peut porter un jugement sur le non irlandais, alors qu'il y a eu avant un non hollandais et un non français. J'irai donc le 21 juillet, pour mon premier déplacement en tant que Président du Conseil, en Irlande pour écouter, pour dialoguer, pour essayer de trouver des solutions. La Présidence française proposera une méthode et, je l'espère, une solution en accord avec le gouvernement irlandais, soit au mois d'octobre soit au mois de décembre.

Le problème est le suivant : il nous faut, à la fois ne pas brusquer nos amis irlandais et, en même temps, savoir dans quelles conditions et avec quel traité nous allons organiser les élections européennes de 2009. Nous avons donc un peu de temps mais pas trop de temps. Nous devons à nos concitoyens de savoir sur quelles bases nous allons organiser les élections européennes. La base, cela sera soit Lisbonne soit Nice. Il n'y aura pas de nouvelle conférence institutionnelle. Il n'y aura pas de nouveau traité. C'est soit Lisbonne soit Nice. J'ajoute, pour être parfaitement clair que c'est mon opinion et ce n'est pas pour cela que c'est la vérité.

J'ai été de ceux qui ont toujours soutenu l'élargissement de l'Europe. L'élargissement de 2004 a été une réussite. La famille est réunie, il ne faut pas le regretter. Mais je suis de ceux qui ont toujours regretté que l'Europe n'ait pas la sagesse de se doter d'institutions avant de s'élargir. Ce fût une erreur que nous payons aujourd'hui. C'eut été plus courageux de se doter d'institutions avant de faire l'élargissement. Que les choses soient claires, l'élargissement, je ne le regrette pas, naturellement. La famille doit être unie. Mais je dis aussi avec la même force, Monsieur le Président PÖTTERING que nous ne devons pas recommencer les mêmes erreurs. Si nous restons à Nice, c'est l'Europe des 27. Si nous voulons -je veux l'élargissement- il faut de nouvelles institutions avant de nous élargir. Qui pourrait comprendre que l'Europe à 27 n'est pas capable de se doter d'institutions et qu'elle n'a comme autre priorité que de s'élargir comme dans une fuite en avant ?

Il faut donc que les choses soient claires : si on veut l'élargissement -et nous voulons l'élargissement- alors il faut de nouvelles institutions. J'ajoute, et je le dis au Président Martin SCHULZ, que je suis favorable à l'élargissement aux Balkans, que nos amis croates, comme nos amis serbes sont incontestablement européens. Mais les pays les plus favorables à l'élargissement ne peuvent pas, dans le même temps, dire : "on ne veut pas de Lisbonne mais, en même temps, on veut l'élargissement". C'est Lisbonne et l'élargissement. Ce n'est pas une question de chantage parce qu'en Europe, on ne fait pas de chantage. C'est une question de cohérence, c'est une question d'honnêteté et c'est une question de logique. S'agissant de la Croatie, il faut donc continuer les négociations. Mais que chacun prenne ses responsabilités. Si l'Europe doit s'élargir et elle doit s'élargir, c'est avec de nouvelles institutions.

Je vais également dire une autre chose. J'entends, ici ou là, dans les débats européens, dire : "après tout ce n'est pas grave, cela sera une Europe à plusieurs vitesses". Peut-être, hélas, un jour, serons-nous obligés de nous doter d'une Europe à plusieurs vitesses mais cela ne peut être que la dernière, l'ultime des solutions. L'Europe a payé cher d'être divisée par un mur honteux. L'Europe a payé cher la dictature imposée à 80 millions d'Européens. Réfléchissons avant de laisser des pays derrière nous. Au moment de la négociation du Traité de Lisbonne à Bruxelles, la France s'est battue pour que la Pologne ait toute sa place dans le Traité de Lisbonne. Comment pourrions-nous dire à 38 millions de Polonais qu'il était décidément plus facile de s'affranchir de la dictature qu'ils subissaient dont ils se sont libérés grâce à des hommes de la qualité de Lech WALESA, de la qualité de Jean-Paul II, que de rester dans l'Europe de la liberté ? La famille, c'est 27. Nous ne devons laisser personne derrière nous, nous devons amener tout le monde dans la famille européenne. C'est, en tout cas, dans ce sens que la Présidence française travaillera.

S'agissant des autres dossiers et je crois que cela peut faire l'objet d'un consensus entre nous, rien ne serait pire que l'Europe donne le sentiment d'être immobile parce qu'une nouvelle fois, l'Europe connaît un psychodrame institutionnel. A ce moment là, nous serions pris dans un piège terrible. On refuse des institutions qui nous condamnent à l'immobilisme et, dans le même temps, des Européens sont impatients parce qu'ils nous trouvent trop immobiles.

Nonobstant le problème institutionnel, peut être même à cause du problème institutionnel, l'Europe a le devoir d'agir et d'agir tout de suite. C'est le message que la Présidence française voudrait, qu'ensemble, nous adressions aux Européens. Nous sommes en train de résoudre les problèmes institutionnels, mais nous ne sommes pas condamnés à l'inaction. Quelles sont, Messieurs les Présidents, nos priorités ? La première, c'est de montrer aux Européens que l'Europe peut les protéger et je voudrais dire un mot de ce vocabulaire, la protection. Mais depuis la plus haute antiquité, si les hommes se sont dotés d'une puissance publique, c'est parce que cette puissance publique se devait de les protéger. Monsieur le Président du Parlement européen, l'Europe doit protéger sans être protectionniste. Le protectionnisme ne conduit nulle part mais c'est un recul en arrière singulier que de voir aujourd'hui des citoyens d'Europe considérer que l'Europe, qui est faite pour les protéger, les inquiète au lieu de les défendre. À nous donc, sur des dossiers concrets de montrer comment l'Europe va les protéger.

Le premier, c'est celui du paquet énergie-climat. S'il est bien un domaine où seules nos nations ne peuvent rien, c'est celui de la préservation des équilibres écologiques de la planète. La pollution, le CO2, la couche d'ozone se moquent bien des frontières entre nos pays. L'enjeu est considérable parce que depuis que les experts du GIEC se sont réunis, aujourd'hui, on sait que nous sommes la dernière génération qui peut éviter la catastrophe, la dernière. Si nous ne faisons rien tout de suite, les générations qui nous suivront pourront limiter les dégâts mais ne pourront pas les empêcher. Or, chaque pays du monde dit : "je suis prêt à faire quelque chose à condition que les autres commencent avant moi". Avec ce type de raisonnement, les petits enfants de nos petits-enfants ne verront rien venir en terme de décisions. Si on doit, nous les Européens, attendre que les autres fassent quelque chose pour agir, nous pouvons attendre longtemps. Nous avons fait l'Europe pour porter un modèle de civilisation et pour défendre des valeurs qui sont les nôtres. Parmi ces valeurs, il y a la certitude que le monde est condamné si nous ne décidons pas tout de suite. L'Europe doit montrer l'exemple. Pour montrer l'exemple, l'Europe doit être exemplaire. Nous avons un objectif. La conférence de 2009. Cette conférence doit gérer, organiser l'après-Kyoto. L'Europe doit venir unie en ayant décidé d'adopter le paquet énergie-climat. Sans le faire, nous n'aurons aucune force pour imposer aux Chinois, aux Indiens, aux pays émergents, aux Américains de faire les efforts que nous aurons décidé d'abord. Il est donc essentiel que, sous Présidence française, nous adoptions le paquet énergie-climat qui a été déposé par la Commission. Ce paquet est exigeant, ce paquet est difficile mais je voudrais en appeler à la responsabilité de chacun. Si chaque pays commence à vouloir renégocier le point qui le gêne, les difficultés qu'il éprouve, Mesdames et Messieurs, nous n'arriverons jamais à un accord. C'est la raison pour laquelle la Présidence française demande au Parlement européen de se mobiliser à ses côtés pour obtenir dans les six mois que le paquet énergie-climat soit adopté. C'est une priorité. Elle n'est ni de gauche, ni de droite, elle est simplement celle du bon sens et si nous rentrons dans une négociation État par État, nous n'avons aucune chance de nous en sortir.

Il y a des éléments sans doute qu'il faut préciser ou adapter. Je pense notamment à une question très difficile qui est celle de nos entreprises auxquelles nous allons justement imposer des règles pour préserver les équilibres planétaires. Est-ce que nous, en Europe, nous devons imposer à nos entreprises des règles vitales et continuer à importer des produits qui viennent de pays qui ne respectent aucune des règles que nous imposons à nos entreprises ? Ce n'est pas une question de protectionnisme, c'est une question d'équité, de justice et de refus de la naïveté. Il y a le problème de la définition d'un mécanisme à nos frontières. Est-ce que cela doit être les quotas gratuits ou les mécanismes d'ajustement ? Je ne le sais pas mais, en tout état de cause, nous devons en débattre.

Autre élément : pour un certain nombre de pays, je pense notamment à ceux qui nous ont rejoint en 2004 dont l'essentiel de l'énergie est composé de l'énergie fossile, j'entends bien que les efforts demandés sont considérables et que ces pays nous disent : "cela fait dix ans que l'on connaît de la croissance, ne venez pas casser la croissance que nous connaissons". Sans doute, il y a un moyen pour emmener tout le monde et il faut qu'avec le Président de la Commission, nous y travaillions de façon à ce que chacun se dise qu'il ne sera pas condamné à la récession, à la misère, à la pauvreté et au chômage mais ce paquet énergie-climat est pour nous, une absolue priorité. Le monde ne peut pas attendre, l'Europe doit montrer le chemin.

Deuxième priorité : voici maintenant que, sur les 27 pays, nous sommes 23 dans l'espace Schengen. C'est-à-dire 23 pays sur les 27, sans compter sur ceux qui ne font pas partie de l'Union européenne mais qui font partie de Schengen. C'est pour cela qu'il y a souvent des débats entre nous. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous avons donc décidé la libre-circulation totale entre les pays de l'espace Schengen. Je voudrais dire aux Présidents de groupe et aux parlementaires qu'au nom de la France, avec Bernard KOUCHNER et Jean-Pierre JOUYET nous avons pris une décision qui n'était pas si facile à prendre. Depuis le 1er juillet, il n'existe plus aucune barrière pour accéder au marche du travail français puisque j'ai annoncé que je supprimerai toutes les restrictions qui avaient été négociées par mes prédécesseurs. Tous les travailleurs de tous les pays d'Europe peuvent venir travailler en France. Ce n'était pas si simple, ce n'était pas si facile. D'ailleurs, je parle sous le contrôle des parlementaires français toutes tendances confondues, on m'annonçait le pire si je prenais cette décision et comme à l'accoutumée, on a pris la décision, le pire ne s'est pas produit. Je n'avais pas aimé la polémique sur le fameux plombier polonais qui a donné une bien piètre image de mon pays, une bien piètre image de l'Europe. Ce n'est pas pour cela que nous avons construit, les uns et les autres, l'Union européenne. Pour autant, à partir du moment où nous n'avons plus de frontière entre nous est-il légitime, est-il raisonnable de continuer à définir chacun de notre côté une politique d'immigration ignorant les contraintes des autres ? Le pacte européen pour l'immigration est un document essentiel pour la Présidence française. De deux points de vue, le premier et qu'il me soit permis de parler à la gauche de l'hémicycle d'abord, parce que si nous tous, les pays européens, nous nous dotons d'une politique d'immigration européenne, nous sortons alors l'immigration de débats nationaux où les extrêmes utilisent la misère des uns et la peur des autres au service de valeurs qui ne sont pas les nôtres. La seule façon de responsabiliser le débat sur l'immigration, c'est d'en faire une politique européenne dénuée d'arrière-pensées politiciennes et obligeant des pays qui ont des sensibilités différentes à travailler ensemble. Ce qui a été proposé par Brice HORTEFEUX, adopté par l'ensemble des ministres qui doit être discutée en COREPER, puis en conseil européen me semblait une priorité qui démontrera que l'Europe ne veut pas être une forteresse, que l'Europe ne refuse pas d'accueillir, que l'Europe a besoin d'une immigration du travail mais que l'Europe ne peut pas accueillir tous ceux qui voudraient venir en Europe. J'ajoute que, s'agissant de l'asile politique, il n'est pas normal qu'une personne puisse déposer 27 dossiers dans 27 démocraties et que les personnes de ces 27 démocraties ne soient pas les mêmes faces du même problème. J'ajoute pour le développement avec l'Afrique, nous serons plus forts à travailler ensemble. C'est la deuxième priorité de la Présidence française.

Troisième priorité : nous souhaitons faire avancer un concept dont on a souvent parlé en Europe mais qui avance bien peu qui est celui de la défense européenne. Je sais parfaitement qu'autour de cette question, il y a bien des désaccords mais qu'il me soit permis de livrer mes convictions. Comment voudriez-vous que l'Europe soit une puissance politique parlant fort si l'Europe n'est pas capable de se défendre et de mettre des moyens au service de sa politique ? Prenons l'exemple du Kosovo qui est à mon sens une réussite de l'Union européenne. C'est un problème européen qui doit être réglé par les Européens. Comment les Européens pourraient-ils continuer à le régler, si les Européens ne se dotent pas des moyens militaires et des moyens humains pour faire respecter les décisions que nous aurions prises ensemble ? Comment imaginer faire de l'Europe l'espace économique le plus prospère sans être capable d'assurer notre propre défense ? Naturellement il y a l'OTAN. Il ne vient à l'idée de personne et certainement pas à moi de contester l'utilité de l'OTAN. Ce n'est pas la politique européenne de défense où l'OTAN, c'est l'OTAN, l'alliance avec les Américains et une politique de sécurité européenne autonome. C'est les deux à la fois pas l'un contre l'autre. J'ajoute que l'on ne peut pas continuer avec une Europe qui assure sa sécurité par la contribution de seulement quatre ou cinq pays, les autres s'en remettant à l'effort de ces quatre ou cinq pays. On ne peut pas continuer à construire des avions chacun dans son coin, avoir une industrie d'armement qui se concurrence, qui se ruine et qui finalement s'affaiblit, tout simplement parce que l'on n'a pas la force de conduire une politique européenne de la défense.

Quatrième priorité : la question si difficile de la politique agricole commune. J'en viendrai à ma conclusion qui est liée d'ailleurs à cela. C'est justement parce que cela est difficile qu'il convient d'en parler. Je sais parfaitement qu'il y a parmi nous des États agricoles qui défendent ardemment le travail de leurs paysans et qu'il y a en même temps, des États qui pensent que cette politique coûte trop cher.

Mesdames et Messieurs, qu'il me soit permis d'en appeler au bon sens de chacun. En 2050, il y aura 9 milliards d'habitants sur la planète. D'ores et déjà, il y a 800 millions d'habitants qui meurent de faim. Il y a un enfant qui meurt de faim toutes les 30 secondes. Est-ce que cela est raisonnable de demander à l'Europe de diminuer sa production agricole alors que jamais le monde n'a eu autant besoin de denrées alimentaires ? Je ne pense pas que cela soit raisonnable.

Ce n'est pas une question d'agriculture française, c'est une question de bon sens. J'ajoute un deuxième point : que l'on soit un pays agricole ou pas, la sécurité alimentaire concerne tout le monde. Est-il raisonnable d'imposer, à juste titre, à nos éleveurs et à nos agriculteurs des règles de traçabilité et de sécurité et de continuer à importer en Europe des viandes qui viennent d'ailleurs et qui ne respectent aucune des règles que nous imposons à nos agriculteurs ?

Jamais les prix agricoles n'ont été aussi élevés. C'est justement le bon moment pour parler des prix, pour parler des subventions et pour parler de la préférence communautaire. Je pense qu'aussi, entre le bilan de santé de la PAC et les arbitrages financiers, on pourrait se mettre d'accord sur des concepts comme la suffisance alimentaire pour l'Europe et la sécurité alimentaire pour l'Europe.

Mesdames et Messieurs il y aurait bien d'autres sujets comme la dimension sociale. Formidable sujet. Mais qu'il me soit permis de dire une chose : je relève parfois une certaine contradiction. Entre la pensée unique qui dit souvent que l'Europe ne doit pas se mêler de tout, que l'Europe doit se mêler de ce qui la concerne et les mêmes qui reprochent à l'Europe de se mêler de tout sont les premiers à dénoncer lorsque l'on ne parle pas d'une dimension sociale alors que, jusqu'à présent, les États membres ont toujours voulu que la politique sociale soit d'abord de dimension nationale. Parce que les retraites, parce que la santé sont d'abord des questions de dimension nationale.

Mesdames et Messieurs, il y a un certain nombre de directives sociales que le Président BARROSO a bien fait de mettre à l'ordre du jour. Je pense aux comités d'entreprise, je pense au travail intérimaire, je pense à un certain nombre de règles minimales qui doivent être imposées à chacun en Europe. La Présidence Française en fera une priorité.

J'ajoute que d'autres sujets devraient être mis à l'agenda de la Présidence française, même s'ils ne sont pas de la compétence européenne. Je prends l'exemple de ce qui nous touche tous, la maladie d'Alzheimer... Monsieur COHN-BENDIT, il ne me serait pas venu à l'idée que quelqu'un de si jeune que vous soit touché pour l'instant par un drame qui, pour peu qu'il ne vous touche pas, touche des millions d'Européens. Cela compte autant à mes yeux, les millions d'Européens que votre santé.

Naturellement, la subsidiarité n'en fait pas une compétence européenne pour autant. J'aimerais que la Présidence française organise une rencontre de tous les spécialistes de tous nos pays européens pour que l'on mette ensemble les meilleures pratiques. Pour qu'ensemble nos chercheurs additionnent leurs compétences. Alors que l'on ne sait rien de cette maladie, que l'on puisse, ensemble, trouver une solution. Imaginez alors ce que les Européens diront de l'Europe : c'est un moyen de faire reculer des maladies épouvantables. Ce que je dis sur Alzheimer, je pourrais le dire sur le cancer qui brise des familles. Il n'y a aucune raison que chacun dans son coin travaille pour trouver des solutions au cancer alors qu'ensemble, nous aurons plus de moyens et nous serons plus forts.

Qu'il me soit permis enfin de dire sur la culture et sur le sport que c'est une grave erreur que de ne pas parler de sujets qui concernent le quotidien des Européens. Il y a une exception culturelle européenne. Nous devons faire de la culture un élément du débat quotidien en Europe. Le monde ne doit pas être aplati devant une seule langue et une seule culture. La question de la fiscalité sur la vidéo, sur le disque, comme la question de la fiscalité sur le livre que vous avez tranchée, doit clairement être posée. Et sur le sport qui est un élément qui transcende les clivages politiques, qu'il me soit permis de dire que j'aimerais qu'il y ait en Europe une exception sportive comme il y a une exception culturelle. Je suis pour la liberté de circulation des personnes et des biens mais je n'accepte pas l'idée que l'on vienne piller nos clubs de football en détruisant l'effort de formation qu'un certain nombre de clubs fait en allant chercher des garçons de 14 ans qui doivent rester dans leur club pour répondre à l'impératif de formation. Une exception sportive qui dirait que le sport n'obéit pas simplement à l'économie de marché devrait rassembler l'ensemble des députés européens.

Au fond, Mesdames et Messieurs et Monsieur le Président, j'en terminerai - en m'excusant certainement d'avoir été trop long - par une dernière remarque. Je sais où je vais faire cette remarque : devant le cœur battant de la démocratie européenne. L'Europe a souffert de beaucoup de choses. L'Europe a d'abord souffert de la lâcheté d'un certain nombre d'entre nous qui étaient bien contents de faire payer à l'Europe des responsabilités qui étaient celles d'un certain nombre de dirigeants politiques qui n'avaient pas osé assumer devant leur opinion publique des choix qu'ils avaient refusé de défendre à Bruxelles. Cela s'appelle de la lâcheté et je le dis au Président du Parlement comme au Président de la Commission : la Présidence travaillera main dans la main avec vous. Si tel ou tel état membre n'est pas d'accord, qu'il le dise. Comme j'ai eu l'occasion de le dire au Président polonais, il a négocié lui-même le traité de Lisbonne, il a donné sa parole, une parole cela doit s'honorer. Ce n'est pas une question de politique, c'est une question de morale.

Mais l'Europe a souffert d'autre chose. L'Europe a souffert d'un manque de débat. Je voudrais terminer par cela parce que cela me tient très à cœur. Nos institutions sont indépendantes. Mais l'indépendance ne veut pas dire l'indifférence. Si nous, les responsables politiques, nous n'avons pas le courage de débattre, de débattre de quoi ? Quelle est la bonne stratégie économique ? Quelle est la bonne stratégie monétaire ? Quelle est la bonne stratégie des taux de change ? Quelle est la bonne stratégie des taux d'intérêts ? Bien sûr chacun, et je le dis à nos amis allemands notamment, peut avoir sa conviction. Mais personne n'a le droit d'empêcher un débat, débat qui est utile. Bien sûr que tout le monde veut un accord, l'accord commercial qui est en train de se négocier. Mais personne ne doit avoir peur de dire que l'Europe n'a pas à être naïve. Nous devons discuter des avantages du libre-échange. Mais nous devons aussi dire aux pays émergents qu'il n'y a aucune raison qu'ils réclament les mêmes droits sans assumer les mêmes devoirs. Le débat européen doit être posé sans crainte. Le débat européen, nous devons l'assumer en nous respectant mais en n'ayant pas peur de défendre nos convictions. On ne met pas en cause nos convictions. On ne met pas en cause l'indépendance de la BCE en s'interrogeant sur le fait de savoir s'il est raisonnable que l'on porte les taux d'intérêts à 4,25 alors que les Américains ont des taux d'intérêt à 2%. On participe à un débat. Un débat tranquille où personne n'a la vérité -certainement pas moi- mais pas forcement non plus des spécialistes qui ont à démontrer l'efficacité de leurs décisions.

Voilà dans quel esprit, Mesdames et Messieurs, j'ai l'intention, avec les ministres français, d'assumer cette responsabilité. Je sais parfaitement que c'est difficile. Je sais parfaitement que, quand on est Président du Conseil, on ne défend pas les intérêts de son pays mais les intérêts de l'Union. Je sais parfaitement, Monsieur le Président, Messieurs les Présidents, que l'on doit jouer collectif pour l'intérêt de l'Europe des 27. J'espère que dans 6 mois chacun pourra dire : l'Europe aura progressé grâce à votre participation, grâce à votre soutien.

Je vous remercie.

Nicolas Sarkozy, le 10 juillet 2008 à Strasbourg.


https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20080710-discours-sarkozy.html

 

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27 mai 2008 2 27 /05 /mai /2008 07:03

Sans arrêt pronostiquée par de nombreux observateurs, la partition de la Belgique est-elle programmée dans ses gênes constitutionnels, ou ce pays pourra-t-il surmonter une nouvelle fois la crise politique ? Nouvelle jetée d'huile sur le feu, une idée saugrenue d'un voisin… Geert Wilders.


Les troubles politiques en Belgique « constituent la preuve que ce pays ferait mieux de s’arrêter d’exister ».

Ce n’est pas la première provocation du populiste néerlandais Geert Wilders, désormais célèbre pour son islamophobie militante. Mais c’est assurément une nouvelle charge contre l’intégrité de la Belgique.


OPA sur la Flandre

Pour lui, la Flandre devrait fusionner avec les Pays-Bas. Il l’a dit dans une interview au journal néerlandais ‘De Telegraaf’ du 12 mai 2008 où il explique doctement que « cela présenterait un intérêt économique » ajoutant : « Les Pays-Bas obtiendrait le port d’Anvers et un aéroport. Nous avons beaucoup de points communs sur le plan culturel. Ce serait aussi avantageux pour l’emploi. Nous aurions plus d’espace. Le système scolaire flamand est bon, les impôts sont plus bas. ».

La guerre à peine larvée que se livrent les Wallons et les Flamands semble être à l’origine de plus en plus de bêtises. Et cette dernière trouvaille de Geert Wilders en est une.

C’est du moins ce qu’essaient d’expliquer certains journalistes néerlandais car en novembre 2007, un sondage avait démontré que la majorité des électeurs de ce démagogue néerlandais y étaient favorables.


Arguments – contre-arguments

Le journal néerlandais ‘De Standaard’ explique ainsi que « la langue fait rarement le peuple », rappelant que jamais, dans l’histoire de l’Europe, la Flandre et les Pays-Bas n’ont été unis, alors que si pour la Belgique et les Pays-Bas entre 1815 et 1830. Et il conclut sur le fait qu’il y a plus de valeurs communes entre Flamands et Wallons, qui ont vécu une histoire belge et catholique commune, qu’entre Flamands et Néerlandais d’un côté, et qu’entre Wallons et Français de l’autre.

Volkskrant’, autre journal néerlandais, rappelle de son côté qu’il n’y aurait qu’une minorité de Belges favorables à la partition de la Belgique, et que les Flamands qui souhaitent leur indépendance ne veulent pas d’une autre dépendance étatique.

L’argumentation économique de Geert Wilders montre également l’arrogance qui revient souvent quand il s’agit pour les Flamands de qualifier les Néerlandais. Les Pays-Bas ont souvent le même problème de pénurie et de vieillissement de la main d’œuvre que la Flandre, et la solution serait plus à rechercher vers la Wallonie qui compte beaucoup de chômeurs. Idem sur la notion d’espace vital où la densité en Flandre est la même qu’aux Pays-Bas alors que celle de la Wallonie est un peu plus faible.

Paradoxalement, Geert Wilders qui plaide pour la fusion entre la Flandre et les Pays-Bas propose que des discussions aient lieu entre le Premier Ministre néerlandais Jan Peter Balkenende et le Premier Ministre belge Yves Leterme alors que la logique voudrait qu’elles soient plutôt avec Kris Peeters, le Premier Ministre flamand.

Autre paradoxe politique, Geert Wilders refuse obstinément de rencontrer les chefs du Vlaams Belang, le parti populiste flamand similaire au sien (Partij voor de Vrijheid).


Le roi est-il nu ?

Bien que sans réflexion et sans logique, cette proposition de fusion pourrait accélérer le processus de délitement de l’État belge.

Beaucoup envisagent aussi un rattachement de la Wallonie à la France. Si les Wallons, plutôt pour le maintien de la Belgique, peuvent commencer à y songer car les Flamands veulent quitter le royaume, la France ne semble pas prête à accueillir la Wallonie même si certains nostalgiques de la grandeur de la France y verraient un signe de renaissance française.

Ne serait-ce que pour une raison très politicienne : la Wallonie est plutôt majoritairement socialiste, et apporter de nouvelles voix à la gauche pourrait défavoriser durablement le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle. Nicolas Sarkozy éviterait sans doute une erreur similaire à celle commise par Valéry Giscard d'Estaing en abaissant la majorité (et donc le droit de vote) de 21 à 18 ans, franche d'une population qui lui était défavorable.

Et aussi pour des raisons économiques et sociales, de nombreuses zones d’emplois très difficiles émaillent la Wallonie autant que le Nord de la France.


Une Europe finalement victorieuse ?

Pourtant, intellectuellement, la fin de la Belgique pourrait rendre gagnante l’Union Européenne.

En effet, dans un tel scénario, ville où cohabitent toutes les communautés belges, Bruxelles pourrait se voir gérer directement par l’Union Européenne en tant que ville ouverte, internationale, et surtout, capitale définitive de l’Europe (au détriment de Luxembourg et de Strasbourg). Une sorte de New York ou de Genève du XXIe siècle qui pourrait devenir un exemple pour… Jérusalem, par exemple.

Mais nous en sommes encore très loin...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 mai 2008)


Pour aller plus loin :

Fusionner avec la Flandre ? Une idée absurde, de Bart Dirks (Volkskrant).

Geert Wilders veut la fusion de la Flandre et des Pays-Bas (vidéo).

La Constitution belge.






http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=40348

http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20080527/tot-a-quand-la-partition-de-la-belgique-89f340e.html





http://www.lepost.fr/article/2008/05/30/1200535_sdgq-sdqgsdgqsdg.html

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 01:31

Prescrite par le Traité de Lisbonne signé le 13 décembre 2007, la suppression de la présidence administrative tournante du Conseil européen au profit d’une véritable présidence politique de l’Union européenne est l’une des innovations majeures des nouvelles institutions de l’Union Européenne.


Alors que la construction européenne peine à trouver une nouvelle relance et que le Traité de Lisbonne cherche à doter l’Union Européenne d’institutions capables de digérer l’adhésion des nouveaux pays d’Europe centrale et orientale depuis mai 2004, la personnalité du premier Président du Conseil européen va devenir essentielle.

En fait, l’appellation change en Président de l’Union Européenne.

Fonction actuellement liée à un pays membre, en rotation tous les six mois, et qui sera assumée par Nicolas Sarkozy du 1er juillet au 31 décembre 2008, la Présidence du Conseil européen est l’un des centres de décision phare de l’Union Européenne.


Rendons à Giscard…

On se le rappelle peut-être moins, mais cette disposition (sommets européens et leur organisation) avait été proposée par… Valéry Giscard d’Estaing, alors Président de la République française qui avait dû d’ailleurs argumenter face aux européanophiles de l’époque qui voyaient, dans l’officialisation des rencontres des chefs d’États et de gouvernements européens, un retour à l’Europe des États. Or, l’expérience a montré que les seules avancées possibles dans la construction européenne l’ont été grâce à ces réunions des dirigeants des États européens.

En aparté, Valéry Giscard d’Estaing a également la paternité du système monétaire européen (qui préfigurera la monnaie unique européenne) et de l’élection au suffrage universel direct des députés européens, avancées pour lesquelles il faudra bien un jour lui rendre hommage.


La recherche du premier visage de l’Europe

La prise de fonction d’un véritable Président de l’Union Européenne, représentant l’Europe notamment dans les grandes rencontres internationales, dépend de la ratification du Traité de Lisbonne et donc plus particulièrement du résultat du référendum prévu le 12 juin 2008 en Irlande, seul État à organiser un référendum.

En principe, cette prise de fonction devrait avoir lieu le 1er janvier 2009 et donnerait au nouveau Président de l’Union une longévité nouvelle, déjà prévue dans le Traité Constitutionnel Européen qui a été rejeté par la France et les Pays-Bas en 2005, à savoir un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois.

C’est donc sous la Présidence française que les discussions devront aboutir à un accord unanime sur une personnalité pour assumer cette nouvelle fonction, très importante symboliquement puisque, pour la première fois depuis le Traité de Rome, en mars 1957, elle permettrait de donner un visage à l’Europe.

Jusqu’à maintenant, certains hommes seulement ont incarné l’Europe, dans certaines fonctions parfois bien différentes, comme, pour rester avec des Français, Robert Schuman, Jean Monnet ou encore Jacques Delors qui avait réussi, entre 1985 et 1995, à faire de sa fonction de Président de la Commission Européenne une fonction importante de la représentation européenne (en imposant sa présence dans les Conseils européens notamment).

Mais pour sa succession en 1995, l’échec de la candidature du Premier Ministre belge Jean-Luc Dehaene, européen convaincu, au profit du Premier Ministre luxembourgeois Jacques Santer à la personnalité moins affirmée (Jacques Delors avait aussi succédé en 1985 à un autre Premier Ministre luxembourgeois, Gaston Thorn, récemment disparu) qui avait ramené la fonction à une responsabilité plus administrative que politique.


Qui sont en lice pour cette nouvelle fonction d’importance ?

Le Président Nicolas Sarkozy avait longtemps soutenu la candidature de l’ancien Premier Ministre britannique, Tony Blair, actuellement disponible et ayant encore beaucoup de dynamisme à revendre. Cependant, beaucoup d’Européens lui contestent ses choix internationaux, en particulier un alignement systématique sur la position des États-Unis qui lui a fait s’engager à leurs côtés dans la guerre en Irak, et un euroscepticisme qu’il n’a pas réussi à réduire dans son pays, notamment en refusant la Charte des droits fondamentaux prévue par le TCE avorté et en rejetant toute idée d’adhésion de la Grande-Bretagne aux accords de Schengen et à la zone euro. Les socialistes européens auraient vite écarté sa candidature.

La candidature du Premier Ministre danois Anders Fogh Rasmussen (plus exactement, ‘Ministre d’État’), socialiste, avait été aussi souvent évoquée parce qu’il avait réussi à faire supprimer les dérogations accordées au Danemark lors du Traité de Maastricht. Mais ce dernier aurait décliné l’hypothèse et se verrait plutôt nommer dans une haute responsabilité à l’OTAN.

L’ancien Premier Ministre irlandais Bertie Aherm avait aussi des soutiens pour cette fonction, reconnu pour son autorité et ses qualités, mais sa démission précipitée le 6 mai 2008 en raison d’une affaire politico-financière rend désormais non seulement impossible sa candidature à la Présidence de l’Union mais aussi facilite le débat référendaire du 12 juin 2008 qui aurait pu être occulté par des considérations intérieures irlandaises.


Jean-Claude Juncker ?

Finalement, le dernier candidat possible pour la Présidence de l’Union aurait la capacité de rassembler la plupart des pays européens, à l’exception de la Grande-Bretagne : il s’agit de Jean-Claude Juncker, Premier Ministre luxembourgeois (depuis que son successeur Jacques Santer prenait la Présidence de la Commission Européenne en 1995).

Jean-Claude Juncker a toutes les qualités pour renforcer l’Europe, par sa personnalité et son expérience diplomatique, économique et politique.

Il est en effet celui qui a le plus d’autorité politique en étant le plus ancien des dirigeants européens (plus de treize ans) et donc, en étant un signataire (le dernier des dirigeants européens actuels) du Traité de Maastricht dont il a été parmi les rédacteurs cruciaux comme Ministre des Finances.

Étudiant le droit à Strasbourg, homme politique précoce et avocat théorique (il n’a jamais exercé), Jean-Claude Juncker est aussi l’un des jeunes loups du Luxembourg qui a vite gravi les échelons : il est nommé membre du Gouvernement luxembourgeois dès l’âge de 28 ans, en décembre 1982, responsable du Travail et de la Sécurité sociale, puis dès 1984, il s’occupe du Budget et à partir de 1989, est l’indéboulonnable Ministre des Finances du Luxembourg (poste qu’il occupe encore aujourd’hui avec ses fonctions de Premier Ministre). Parallèlement à ses fonctions politiques, il a aussi été gouverneur de plusieurs fonds ou banques.

En juin 2004, après le succès de son parti aux élections européennes, à la fin du mandat de Romano Prodi, Jean-Claude Juncker est pressenti pour devenir Président de la Commission Européenne, poste qu’il refuse pour rester à la tête du Luxembourg. Il est cependant nommé au Sommet de Scheveningen de septembre 2004 (puis reconduit) président de l’Eurogroupe du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2008, premier président permanent.

Nicolas Sarkozy, qui devra dégager un consensus entre les 27 États européens avant le 31 décembre 2008, semble désormais considérer que le choix de Jean-Claude Juncker serait le plus pertinent à la Présidence de l’Union Européenne.

Mais encore bien des discussions devront avoir lieu d’ici là, car les Britanniques, selon l’Élysée, jugent inacceptable la désignation de Jean-Claude Juncker. C’était ce même veto qui valu à l’ancien Premier Ministre belge Guy Verhofstadt son rejet en novembre 2004 pour la Présidence de la Commission Européenne (au profit du Premier Ministre portugais José Manuel Barroso).


Les plans européens de l’Élysée

L’Élysée verrait ainsi d’un bon œil la désignation de Jean-Claude Juncker au poste de Président de l’Union Européenne et le renouvellement du mandat de José Manuel Barroso à la Présidence de la Commission Européenne, mais cette dernière désignation ne peut avoir lieu qu’après les élections européennes de juin 2009 (le Parlement européen jouant un rôle maintenant important dans cette désignation).

Le souci d’équilibre reste que dans une telle perspective (Juncker et Barroso), tous les deux du côté du Parti Populaire Européen (pour simplifier, issus de la ‘droite européenne’), les socialistes européens (PSE) devront obtenir d’autres postes, et notamment celui de Ministre des Affaires Étrangères de l’Union Européenne (dont l’appellation est devenue après le rejet du TCE : « Haut représentant de l’Union Européenne pour les Affaires Étrangères et la politique de sécurité »).

Poste qui pourrait revenir au socialiste espagnol Javier Solana qui occupe actuellement une partie de ce poste, mais dont la candidature serait combattue par Nicolas Sarkozy.



Ouverture eurosarkozyenne ?

On pourrait alors aisément imaginer que la candidature de Hubert Védrine, Ministre français des Affaires Étrangères du gouvernement Jospin (1997-2002) serait d’autant mieux envisagée qu’elle permettrait à Nicolas Sarkozy de poursuivre sa stratégie d’ouverture politique (ou de récupération politique, comme cela a été le cas pour la nomination de Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du FMI) et de placer un Français parmi les plus hauts responsables européens.

Une autre rumeur laisse entendre que Michel Barnier, ancien commissaire européen et actuel ministre français, pourrait reprendre des responsabilités dans les institutions européennes (il sera une des têtes de liste UMP aux européennes de 2009), comme nouveau commissaire européen ou même, selon le Figaro, comme Président du Parlement européen (s’il arrive à avoir un nouvel accord entre PPE et PSE).


Et les anciens du bloc communiste ?

Toutes ces supputations rendent totalement inaudibles les pays d’Europe centrale et orientale qui ont adhéré ces quatre dernières années et en particulier, laisse de côté la Pologne dont l’importance démographique est patente.

On pourrait alors rêver que pour ce poste hautement politique que sera cette Présidence de l’Union Européenne, on penserait plutôt à un Bronislaw Geremek, homme politique polonais historique, européen convaincu, francophile et personnalité dont les qualités sont reconnues internationalement.

Il était déjà ultra-minoritaire lorsqu’il avait tenté de conquérir la Présidence du Parlement européen en juillet 2004 car il se positionnait en dehors des deux grands blocs politiques (PPE et PSE qui ne cessent de se partager les responsabilités depuis plusieurs décennies). Et son âge ne l’aiderait pas non plus (76 ans).


Chiche pour Geremek !

Mais malgré tout, lançons l’idée : au lieu de Jean-Claude Juncker (dont les compétences sont incontestables), pourquoi ne pas introniser Bronislaw Geremek à la première Présidence de l’Union Européenne ?

Cela aurait beaucoup de panache et aussi, beaucoup de sens pour le reste de la planète.

L’idée européenne vaut bien cette part de symbolique, détachée des contingences politiciennes et partisanes.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mai 2008)


Pour aller plus loin :

Texte du Traité de Lisbonne (13 décembre 2007).






http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=40307


http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20080526/tot-qui-sera-le-premier-president-de-l-e-89f340e.html





http://www.lepost.fr/article/2008/06/05/1203346_qui-sera-le-premier-president-de-l-europe.html




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5 juillet 2007 4 05 /07 /juillet /2007 10:38
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5 juillet 2007 4 05 /07 /juillet /2007 10:38
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22 juin 2007 5 22 /06 /juin /2007 10:46
(Dépêches)



Traité européen simplifié : Royal reçue par Sarkozy, dénonce "une mini-ambition"

PARIS (AFP) - Ségolène Royal, reçue jeudi matin à l'Elysée par Nicolas Sarkozy dans le cadre des consultations qu'il mène avant le Conseil européen de jeudi et vendredi à Bruxelles, a qualifié de "mini-ambition" le traité simplifié que prône le chef de l'Etat.

"A ce stade, je considère que le mini-traité n'est qu'une mini-ambition pour l'Europe, et il doit être amélioré", a déclaré Mme Royal à la presse à l'issue de l'entretien.

Leur rencontre, la première depuis le débat télévisé d'entre les deux tours de la présidentielle, s'est déroulée dans un "climat studieux", a précisé l'ex-candidate du PS, expliquant qu'elle avait "tenu" à ce que la conversation porte uniquement sur la question européenne et non pas sur la politique française.

"Je m'en suis tenue à l'Europe", a-t-elle indiqué, précisant avoir voulu "éviter toute digression". "Je respecte les institutions, il y a un sujet à l'ordre du jour, j'évoque ce sujet et lorsque la conversation vient sur d'autres sujets, je reviens sur celui à l'ordre du jour", a précisé Mme Royal.

Elle a demandé à M. Sarkozy que soient intégrés au traité simplifié trois éléments qu'elle a qualifiés de "valeurs fondamentales": l'intégration au traité de la charte des droits fondamentaux, le fait que l'harmonisation fiscale - "une arme contre les délocalisations", selon elle -, puisse être tranchée à la majorité qualifiée, et l'instauration également de la règle de la "majorité qualifiée sur les questions concernant l'environnement et le climat".

"Je ne vois à l'heure actuelle aucune de ces trois ambitions dans le mini-traité et donc à ce stade je considère que le mini-traité n'est qu'une mini-ambition pour l'Europe, et il doit être amélioré", a-t-elle indiqué.

Jeudi 21 juin 2007, 14h00
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18 juin 2007 1 18 /06 /juin /2007 21:49
(Dépêches)


Nicolas Sarkozy consulte des personnalités françaises avant le Conseil européen

PARIS (AP) - Le président Nicolas Sarkozy doit recevoir lundi plusieurs personnalités à l'Elysée, dont François Bayrou, Jean-Pierre Raffarin et Patrick Devedjian pour préparer le Conseil européen des 21 et 22 juin, a annoncé l'Elysée.

"Dans la perspective du Conseil européen des 21 et 22 juin, le président de la République aura un certain nombre de consultations avec des personnalités qualifiées et des représentants des principaux partis politiques", selon le porte-parole de l'Elysée David Martinon.

L'ancien Premier ministre Edouard Balladur et l'ancienne présidente du Parlement européen Simone Veil ont été reçus lundi matin. Le président du MoDem François Bayrou, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le secrétaire général délégué de l'UMP Patrick Devedjian, ainsi que le ministre de la Défense Hervé Morin, membre du Nouveau centre, devaient leur succéder dans l'après-midi.

D'autres entretiens auront lieu mardi et "dans les jours qui viennent" selon M. Martinon.

Lundi 18 juin 2007, 11h42
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9 mai 2007 3 09 /05 /mai /2007 10:02
Aujourd’hui, c’est le 9 mai, c’est la fête de l’Europe.

Tous les pays européens fêtent la déclaration de Robert Schuman, Ministre des Affaires Étrangères, le 9 mai 1950 où il propose la mise en commun des productions d’acier et de charbon qui sera l’esquisse de la CECA, puis de la CEE et enfin de l’Union Européenne.

L’Europe, surtout depuis sa réunification avec l’Est, c’est avant tout le projet de la paix, le projet d’une paix improbable, invraisemblable, mais stable, pérenne, et finalement, une paix peut-être un peu trop habituelle pour les générations actuelles (le nouveau Président de la République est né quatre ans après cette déclaration).

Ce projet ambitieux d’une Europe unie fait évidemment suite à deux guerres mondiales qui furent exceptionnellement meurtrières pour la population européenne.

Alors que la France est dans une sorte d’interrègne, entre l’élection de Nicolas Sarkozy et son investiture, le 9 mai 2007 ne semble pas connaître l’éclat de l’année dernière.

Je formule cependant une proposition qui me paraît indispensable à une Europe aujourd’hui sans projet d’envergure depuis la déroute du référendum du 29 mai 2005.

Celle de supprimer le 8 mai et le 11 novembre, les deux jours fériés correspondant à des guerres terribles, dont il faut continuer à se souvenir bien sûr, mais qui sont plus un regard tourné vers le passé que vers le futur.

Et de les remplacer par le 9 mai, fête qui rassemblerait toute l’Europe, et même la Russie qui fête l’Armistice de 1945 à cette date (et qui est, pour elle, avec le 1er mai, une des fêtes les plus importantes de la population russe).

Le 8 mai avait déjà été supprimé par Valéry Giscard d’Estaing puis rétabli par François Mitterrand.

Pour préserver le même nombre de jours fériés, la France pourrait alors rétablir le lundi de Pentecôte dont la suppression avait été chaotique.

Cela n’ôterait en rien le souvenir nécessaire des dizaines de millions de morts qui, de 1914 à 1918, puis de 1939 à 1945, ont péri à cause de déchirements politiques et idéologiques de grande ampleur dans l’atrocité, mais alors que les dernières générations disparaissent, il me semble pertinent de proposer une leçon pour le futur, et pas se contenter de cette mémoire.

Mais peut-être est-ce que je rêve, et que l’Europe est désormais totalement enlisée.




Pour aller plus loin :

La Fête de l'Europe.

Pourquoi le 9 mai ?

Le 9 mai 2006.



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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 16:20
François Bayrou expose son point de vue sur la construction européenne, en analysant l'échec du référendum du 29 mai 2005 et en proposant ses solutions qui passent nécessairement par un nouveau référendum.

« Je crois à l’Europe. Pas seulement par amour pour ce projet que je trouve le plus beau de l’Humanité. J’y crois aussi par raison. Aucune des grandes questions que nous avons devant nous dans la société française -ni l’immigration, ni la biodiversité, ni la protection du climat, ni la politique énergétique, ni la politique industrielle, ni la politique de recherche- aucune des grandes questions qui vont se profiler dans ce XXIe  siècle ne peut se résoudre s’il n’y a pas une action concertée et volontaire des grands pays européens. Tout cela a été évidemment perdu de vue depuis que le référendum en France et aux Pays-Bas a mis à bas le projet de Constitution européenne. Mais cette nécessité s’impose et demeurera. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une stratégie européenne. La vérité oblige de dire qu’elle ne peut être portée que par un président européen. Un président de conviction européenne dirigeant la République française. A la fois historiquement et géographiquement, la France est au cœur du projet européen.
 
Cette reprise de l’idéal européen doit être transparente vis-à-vis des Français. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal évoquent l’idée que l’on pourrait sortir de cette crise en allant en catimini devant les deux Assemblées, dont le vote suffirait pour retrouver la légitimité du projet. Je suis opposé à cette idée. Ce que le peuple français a fait, seul le peuple français peut le changer. La décision, qui a été prise lors du référendum, ne  peut être, éventuellement modifiée, sur des bases nouvelles, que par un nouveau référendum. C’est l’engagement que je prends devant les Français.
 
La Constitution européenne a entraîné un "non" de la part des citoyens pour trois grandes raisons. Elles s’expliquent toutes trois par l’Europe et pas seulement par des raisons de politique intérieure comme l’on a trop souvent voulu le dire. Le texte était premièrement illisible. Il s’y trouvait tellement de parties, tellement de chapitres en dehors du projet constitutionnel lui-même que les Français ont pensé qu’il recélait un piège. Deuxième raison, les Français ont crû qu’on allait leur imposer un modèle de société dont ils ne voulaient pas, fondé sur la finance et le commerce et pas sur les valeurs communes qui nous réunissent. Enfin, ils ont ressenti que la manière fort aventureuse et très risquée dont a été conduit l’élargissement et notamment la décision d’ouvrir des négociations avec la Turquie, allait mener vers la perte de leur identité.

Ces trois raisons doivent trouver une réponse. Je présenterai pendant la campagne électorale un texte court, simple, compréhensible, qui sera un texte de principes démocratiques, qui garantira aux citoyens que toutes les décisions prises par l’Europe le seront en pleine transparence, en faisant appel à leur participation. Ce qui doit rester le principe premier de tout projet constitutionnel. Ce texte devra être présenté à nos partenaires et soumis à référendum le même jour dans tous les pays européens. Une idée belle et juste pour sortir de la crise dans laquelle nous nous trouvons. »

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