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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 07:01

Deux soldats français sont tombés à Bangui.
Après le Mali, la France intervient militairement en Centrafrique.


yartiLeDrian01Le Président de la République François Hollande a prévu de se rendre à Bangui dès la fin de l’hommage mondial rendu à Nelson Mandela ce mardi 10 décembre 2013 à Soweto. Selon les premiers sondages, les Français seraient majoritairement hostiles à cette nouvelle opération.

La France redevient-elle la police de l’Afrique ? Peut-être, toujours à sur demande d’États assiégés par des rebelles et toujours avec la bénédiction du Conseil de sécurité de l’ONU (qui, pour l’intervention centrafricaine, a été votée jeudi dernier, le même jour que la mort de Nelson Mandela).

Derrière toutes les opérations militaires françaises (retrait d’Afghanistan, intervention au Mali et à Bangui), François Hollande a pu s’appuyer sur un homme qui n’est pas souvent sur l’avant-scène de la politique politicienne, qui ne fait pas beaucoup de vague mais qui semble accomplir un travail peu critiqué, le Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Alors que le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a maintenant atteint l’impopularité historique record de Dominique de Villepin, et après plusieurs mois de contestation à la fois interne et externe (manque d’autorité, absence de leadership etc.), Jean-Yves Le Drian fait désormais partie du cercle très fermé des premiers-ministrables de François Hollande.

Beaucoup d’observateurs donnent Jean-Marc Ayrault partant avant les municipales (ce qui est cependant peu probable, d’autant plus que le lancement de sa réforme fiscale lui a donné quelques mois de respiration supplémentaires). Comme à l’époque de François Fillon, l’hyperprésidentialisation commencée sous Nicolas Sarkozy et largement poursuivie par François Hollande laisse le Premier Ministre sur le bord du chemin des décisions (quand il y en a). Ce n’est cependant pas nouveau, et la conception de De Gaulle était déjà de ne faire du Premier Ministre que le premier des ministres. C’est donc régulièrement que les rumeurs de remaniement se propagent, sans pour autant aboutir à leur concrétisation, comme dans le précédent quinquennat.

Le premier premier-ministrable cité dans les sondages est évidemment le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Pourtant, rien ne dit qu’il serait aussi populaire à Matignon que Place Beauvau, d’autant plus que c’est l’unique atout présidentiel qu’il préférerait "utilisé" en vue de sa réélection. Dominique de Villepin fut lui aussi un ministre très populaire au Quai d’Orsay mais terriblement impopulaire à Matignon et comme Manuel Valls, il n’avait pas beaucoup d’expérience dans la gestion des affaires économiques et sociales.

L’autre personne fréquemment citée et qui paraissait dans la logique politique d’une majorité socialiste, c’est la maire de Lille Martine Aubry, à l’expérience ministérielle incontestable et capable de leadership quand elle a été (plus ou moins) "élue" à la tête du PS (entre 2008 et 2012). Il semblerait néanmoins qu’il y ait une incompatibilité personnelle entre elle et celui qui pourrait la nommer (qu’elle a accusé de vouloir empapaouer).

Quant aux autres  noms qui circulent, ils ont souvent pour but de renforcer leur poids politique en audience interne, c’est le cas par exemple du Président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone (pas assez germanocompatible) ou du Ministre des Finances Pierre Moscovici (trop germanocompatible).

Le gouvernement actuel est essentiellement une équipe de sexagénaires (Jean-Marc Ayrault, Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian, Michel Sapin, Marylise Lebranchu, etc.) récompensés par un ancien premier secrétaire d’un parti qui a été longtemps dans l’opposition (dix ans), complétée par quelques très jeunes pour abaisser la moyenne d’âge.

yartiLeDrian02

Plutôt discret en dehors des questions qui dépendent de son portefeuille, Jean-Yves Le Drian cumule un certain nombre d’atouts, dont le principal est sa proximité amicale avec François Hollande.

Breton avant tout, et très attentif à la révoltecontre l’écotaxte sur laquelle il était réticent, Jean-Yves Le Drian a des origines modestes et catholiques (ses parents étaient ouvriers) et il a milité aux Jeunesses étudiantes chrétiennes (JEC) à l’époque dirigées par Henri Nallet, futur ministre de François Mitterrand. Il s’est engagé au PS à la suite de son militantisme au sein de l’UNEF et d’un discours de François Mitterrand à Rennes pour la campagne présidentielle de 1974.

N
atif de Lorient, c’est donc très naturellement qu’il est devenu adjoint au maire socialiste de Lorient en mars 1977 à qui il succéda dès 1981 à l’âge de 34 ans. Entre temps, Jean-Yves Le Drian avait été élu député du Morbihan en mars 1978 à l’âge de 30 ans (reprenant la succession du député socialiste sortant). Il fut donc un élu national très jeune à l’instar de son voisin de Saint-Herblain et de Nantes Jean-Marc Ayrault, mais avec une différence de taille : il était un héritier, pas un conquérant.

Peu présent sur la scène nationale, il s’est investi surtout localement : maire de Lorient du 4 juillet 1981 au 30 mars 1998, puis, après avoir quitté la mairie pour respecter la loi sur le cumul des mandats et mettre toutes ses forces dans la région Bretagne comme leader de l’opposition, il fut élu deux fois président du Conseil régional de Bretagne du 28 mars 2004 au 29 juin 2012, instance où il siège toujours comme simple conseiller régional dans l’optique de retrouver éventuellement la présidence de la région en mars 2015.

Quant à son mandat de député, ses électeurs l’ont reconduit cinq fois, avec un échec en mai 1993 (forte poussée de la droite et du centre droit) et il a renoncé à sa circonscription en juin 2007 pour ne se consacrer qu’à sa région après avoir été réélu une dernière fois en juin 2002 d’extrême justesse (à 0,4% voix près).

C’est comme élu breton local qu’il avait été nommé furtivement Secrétaire d’État à la mer dans le gouvernement d’Édith Cresson (du 18 mai 1991 au 2 avril 1992), sans avoir été maintenu dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy.

Lorsque François Hollande est élu au sommet de l’État, c’est sans surprise qu’il obtint le Ministère de la Défense le 16 mai 2012. Comme un bâton de maréchal. La consécration pour lui.

Il était un proche du Président depuis plus d’une dizaine d’années avec qui il travaillait sur les questions de défense. Sa discrétion et sa capacité de négociation lui ont permis de faire adopter la difficile loi de programmation militaire pour la période 2014 à 2019, entérinant pourtant la perte de 34 000 militaires dans les effectifs des armées, ce qui ne le rend donc pas très populaire.

Il a aussi montré sa capacité de décision en changeant radicalement le système de paie dans les armées qui était très défectueux (c’est un logiciel différent des autres ministères, et ce sujet va encore polluer les relations internes pour au moins deux ans).

Par contraste avec beaucoup de ses collègues ministres très en dessous du "niveau", Jean-Yves Le Drian a donc montré depuis dix-neuf mois sa très grande solidité à un poste-clef, d’autant plus clef que les troupes françaises sont engagées au Mali et au Centrafrique, bien que le ministre reconnaisse volontiers qu’il connaît mal d’Afrique.

Le Sommet franco-africain de l’Élysée des 6 et 7 décembre 2013 a d’ailleurs montré à quel point la présence de la France pour protéger certains États africains est appréciée mais hélas, la France ne semble pas en profiter économiquement, se désengageant progressivement des investissements en Afrique alors que ce continent est probablement l’avenir de la croissance mondiale dans les décennies à prochaines. D’autres puissances ne s’y sont pas trompées, en particulier asiatiques.

Un proche de Jean-Yves Le Drian dit de lui : « Il a une solidité naturelle, qui s’impose. Il est incontestable techniquement et politiquement, mais il ne vous écrase pas. Et il ne se force pas à être sincère. ».

Cependant, je doute qu’à 66 ans, Jean-Yves Le Drian à Matignon puisse relever le défi de redonner une vision à la France et un nouvel élan aux Français : il ne serait qu’un bon notaire pour gérer les affaires de l’État sans polémique …mais sans éclat.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 décembre 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Un remaniement pour bientôt ?
Quel Premier Ministre pour François Hollande ?
Le Mali.
François Hollande.
Jean-Marc Ayrault.
Manuel Valls.
Martine Aubry.

yartiLeDrian03
 



 http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/jean-yves-le-drian-premier-144888 

 

 

 



 

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