« Je ne me suis jamais supporté physiquement. J’ai horreur de me voir à l’écran… »
L’un des acteurs français de second rôle les plus prolifiques est mort il y a trente ans, le 3 avril 1987, juste après une bonne partie de cartes entre copains. C’est l’occasion de revoir quelques tirades célèbres de Robert Dalban, un acteur très familier du cinéma français des années 1960, et en particulier, des fameux dialogues de Michel Audiard. Jamais récompensé officiellement par la profession, Robert Dalban a laissé suffisamment de tirades sur pellicule pour assurer son souvenir sinon sa postérité.
Né le 19 juillet 1903, il a tourné en effet dans plus de deux cents films et téléfilms, aux côtés de nombreux acteurs comme Jean Marais, Paul Meurice, Alain Delon, Fernandel, Albert Préjean, Jean Gabin, Bernard Blier, Lino Ventura, Louis de Funès, Claude Rich, Pierre Richard, Jean Lefebvre, Francis Blanche, Louis Seigner, André Pousse, Michel Constantin, Paul Préboist, Jean Carmet, etc. et je ne cite pas les très nombreuses actrices qu’il a dû côtoyer pendant plus de cinquante ans de carrière.
Issu d’une famille modeste, venu à Paris avec ses parents et ses deux sœurs, Robert Dalban a renoncé aux études quand il a compris sa fascination pour le spectacle. Il a fréquenté quelques jeunes voyous et aurait pu mal finir. Il a commencé à 16 ans comme comique troupier dans des théâtres parisiens, recruté par le futur père de Catherine Deneuve et de Françoise Dorléac. Il fit même une tournée aux États-Unis aux côtés de la mythique Sarah Bernhardt. Il a commencé à tourner des films en 1934. Il s’est marié avec la célèbre actrice Madeleine Robinson en 1940 (« à la suite d’un pari stupide » aurait dit l’actrice) pour six ans, puis avec la chanteuse Francine Claudel pour pas plus longtemps.
Dans ses nombreux films, il a joué souvent des rôles mineurs mais d’une très convaincante sincérité. Souvent dans des fonctions annexes, comme serveur, domestique, concierge, garagiste, commerçant, voire policier, truand, etc. Sa voix (qu’il a parfois prêtée pour des doublages d’acteurs américains comme Clark Gable et Burt Lancaster, et même Jean Gabin pour un film américain !) reste familière et rassurante, paternelle et nécessaire aux cinéphiles des années 1960.
Le sommet de son art, il le doit à Georges Lautner et Michel Audiard, collaboration dans une dizaine de films à la fois polars et comiques argotiques, et le principal est évidemment "Les Tontons flingueurs", sorti le 27 novembre 1963, où Robert Dalban ressemble à s’y méprendre à l’ancien brigand devenu domestique Nestor, au château de Moulinsart, dans la bande dessinée Tintin.
Robert Dalban prononce alors quelques répliques qu’on dit "culte" comme le fameux « Yes Sir ! », ou encore : « Quand ça change, ça change ! Il ne faut pas se laisser démonter. ».
Dans "Le Pacha" de Georges Lautner, sorti le 14 mars 1968, il est un inspecteur un peu compromis et dit à Jean Gabin, le commissaire : « J’ai eu les jetons, c’est tout ! ». C’est à ce moment-là qu’à la question « À quoi tu penses ? », Jean Gabin lui répond le fameux : « Je pense que quand on mettra les c@ns sur orbite, t’as pas fini de tourner ! ». Les dialogues de Michel Audiard restent tellement savoureux que l’histoire, finalement, importe peu. Une autre tirade de Robert Dalban : « Depuis vingt ans que je fonce et que je prends du plomb dans la viande, on s’habituait ! ».
Dans "Ne nous fâchons pas", toujours de Georges Lautner, sorti le 20 avril 1966, Robert Dalban est dans un petit rôle, celui de l’embaumeur de corps (thanatopracteur), et propose à Jean Gabin comment faire disparaître un cadavre gênant.
Enfin, pour terminer sur les répliques "culte", dans "Un idiot à Paris", de Serge Korber, sorti le 22 mars 1967, toujours Michel Audiard au dialogue, Robert Dalban est le maire qui dit : « Je suis ancien combattant, militant socialiste et bistrot, c’est dire si dans la vie, j’ai entendu des c@nneries, mais des comme ça, jamais ! ».
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (03 avril 2017)
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Pour aller plus loin :
Robert Dalban.
Acting.
Disparition de Zsa Zsa Gabor, Michèle Morgan, Claude Gensac, Carrie Fisher et Debbie Reynolds (dessin).
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