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18 janvier 2019 5 18 /01 /janvier /2019 03:41

« J’imagine (…) que vous ne critiquez pas ces maires, ni leurs propos, ni leur attitude vis-à-vis du Président de la République. Ils avaient la volonté d’échanger, de dire ce qu’ils sentaient de la situation de leur commune, de notre pays. Ils attendaient des réponses du Président. Je n’ai pas souvenir (…), mais peut-être que ma mémoire est défaillante, d’un tel exercice, aussi direct et "en direct". Je pense (…) que nos concitoyens ont constaté qu’il y avait un véritable échange. » (Édouard Philippe, à la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale, le 16 janvier 2019).



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Presque sept heures de discussion ininterrompue avec plus de six cents maires. Performance autant physique qu’intellectuelle. Voilà ce que fut le lancement du grand débat national ce mardi 15 janvier 2019 par le Président de la République Emmanuel Macron avec des centaines d’élus locaux de Normandie réunis dans un gymnase à Grand-Bourgtheroulde, dans l’Eure. Monsieur Loyal était l’ancien président du conseil général, l’actuel ministre Sébastien Lecornu, qui a pris la responsabilité de l’animation du grand débat national avec sa collègue Emmanuelle Wargon.

Quelle que soit sa position, pour ou contre le gouvernement, pour ou contre le principe de ce débat national, on ne peut que saluer la prestation présidentielle qui est un véritable exploit. Emmanuel Macron a été humble, à l’écoute, direct, empathique et compétent.

Alors qu’il est plutôt moyen tant dans la forme orale de l’allocution télévisée que dans la forme écrite de la très récente lettre aux Français, il est toujours particulièrement brillant dans la confrontation des idées et dans le débat contradictoire. On se rappelle l’excellente émission télévisée sur BFM-TV le 15 avril 2018 où Emmanuel Macron avait brillé face aux questions "vaches" de Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Non seulement il a montré un profil bas et d’écoute à Grand-Bourgtheroulde, mais il était intellectuellement solide, le contraire de Marine Le Pen lors de son duel du second tour : Emmanuel Macron sait de quoi il parle, connaît les enjeux, les dossiers, a une vision de l’avenir, connaît les différents arguments et sait argumenter et donc, peut convaincre.

C’est un constat factuel. Emmanuel Macron a été excellent. Du reste, toute la classe politique le reconnaît, même des personnalités issues de l’opposition comme au RN ou à FI. Même Daniel Schneidermann, journaliste dont on ne peut soupçonner le moindre gramme de macronmania, a bien dû le reconnaître dans sa chronique du 16 janvier 2019 : « Finement joué. (…) Endurant, respectueux, connaissant les dossiers : c’est le retour du Manu de la campagne. Fine idée, d’avoir commencé par les maires la tentative de reconquête, plutôt que par le peuple des ronds-points. Tous les Barbier de toutes les chaînes peuvent savourer, et ne s’en privent pas, ce nectar de démocratie représentative. ».

Sauf que tous ces maires, de toutes tendances confondues, qui avaient accueilli Emmanuel Macron de manière assez glaciale au début de l’exercice, lui ont fait une ovation à la fin pour avoir su les écouter et leur répondre sans fuir les questions difficiles ou délicates. Et ces maires, ils représentaient aussi cette France des ronds-points. Les sondages d’ailleurs le disent, les maires sont les mieux aimés des citoyens parce qu’ils sont proches d’eux.

Les réflexions et questions posées pendant près de sept heures par ces maires représentaient les nombreuses préoccupations des citoyens, de tous les citoyens, pas seulement des seuls élus locaux, même si les inquiétudes concernant la ruralité, l’éloignement et la désertification des territoires ont été un peu plus fortes que parmi les citoyens en général.

Beaucoup de maires ont d’ailleurs lu les cahiers de doléances déjà remplis dans leur mairie. "Doléances", mauvais souvenir de 1788. On sait ce qu’il est advenu du pouvoir à la suite de ces cahiers de doléances. C’était donc normal qu’Emmanuel Macron n’ait pas apprécié le terme qui signifierait que les citoyens viendraient quémander au pouvoir des cadeaux, alors qu’il n’est pas le roi de droit divin. Il préfère à ce terme le terme de cahiers des droits et devoirs. Pas de droit sans devoir. Pas de baisse d’impôt sans baisse de la dépense publique.

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L’expérience de communication a été exceptionnelle et sera inscrite dans la grande histoire de la communication politique. Jamais un chef d’État ne s’est mis autant en danger devant autant de questions quasiment sans aucun filtre. Le seul cadre, c’était la garantie que les échanges seraient courtois et qu’il n’y aurait aucune insulte, car le seul filtre était que les interlocuteurs étaient des maires, ce qui signifie qu’ils devaient avoir un minimum de tenue pour s’adresser au Président de la République.

L’ensemble a montré une véritable connaissance de l’ensemble des problèmes de la France de la part d’Emmanuel Macron. Connaissance, écoute, mais aussi réflexion en amont sur ce qu’il voit comme solutions, ou alors, ouverture s’il faut modifier certaines lois, notamment faites par ses prédécesseurs.

Je peux citer beaucoup de choses, car beaucoup de choses ont été dites durant ces sept heures (j’encourage à écouter la vidéo visible ici). Prenons quelques éléments, parfois des détails par rapport aux principales préoccupations des Français.

Par exemple, demander une carte grise ou renouveler sa carte d’identité ou son passeport. Avec la numérisation, cela devient un vrai problème. Emmanuel Macron estime qu’on avait pensé que la numérisation permettait de ne plus immobiliser des fonctionnaires derrière des guichets et les affecter sur le terrain. Mais c’était sans comprendre que tout le monde ne s’adapte pas forcément bien à l’informatique, en particulier les plus âgés. Ainsi, il n’est pas contre l’idée d’une relocalisation dans toutes les mairies des demandes de ces papiers administratifs.

Plus généralement, Emmanuel Macron est un correcteur. Il est pour corriger les bonnes idées générales qui peuvent entraîner des aberrations particulières. Ainsi, il explique que simplifier la bureaucratie n’est pas facile à faire et peut même risquer de compliquer. Sur les normes, il a donné une règle aux hauts fonctionnaires des ministères de ne créer une nouvelle norme que dans le cas où, simultanément, ils supprimeraient deux anciennes normes. Du coup, en 2018, il y a eu beaucoup moins de décrets sur de nouvelles normes que précédemment. De même, il souhaite que les parlementaires légifèrent moins (il y a trop de lois) et contrôlent plus, tant l’exécutif que l’application des lois (avec une évaluation des lois). Dans certains pays, quand les décrets d’application ne sont pas publiés au bout d’un délai, les lois sont annulées automatiquement car cela veut dire qu’elles sont inutiles puisque pas applicables. Si j’ai bien entendu, Emmanuel Macron a donné le nombre de 96% de décrets d’application publiés depuis le début de son mandat.

La fermeture de la maternité de Bernay a été évoquée. Emmanuel Macron a expliqué que c’est l’ARS (une autorité indépendante) qui a considéré que cette maternité était dangereuse. Il a fait état du décès d’une mère et de son bébé dans une maternité dans le Sud de la France. S’il y avait un accident dans la maternité à Bernay, on s’en prendrait aussi à lui, surtout s’il avait voulu maintenir la maternité contre l’avis de l’ARS.

Même sur la limitation de vitesse à 80 kilomètres par heure (j’y reviendrai certainement), Emmanuel Macron a voulu être accommodant au risque de donner un mauvais signal, prêt à chercher des nouvelles solutions pour mettre tout le monde d’accord, mais, toujours dans sa politique du "en même temps", il a assuré qu’il ne voulait pas remettre en cause cette règle car il n’oserait plus regarder en face les familles des victimes de la violence routière.

Notons à cet égard, et il faut vraiment insister, que la presque totalité des éditorialistes qui parlent beaucoup sans connaître grand-chose du sujet de discussion, ont proposé que la limitation de vitesse soit faite au cas par cas, dans chaque commune, chaque département, en concertation avec les élus locaux, et que la décision n’aurait pas dû être prise "d’en haut". Alors, précisons les choses : la route ne tue pas parce qu’elle est dans un sale état, ou parce que c’est une petite route sinueuse de montagne. En général, dans ces deux cas, les gens font attention. La route tue parce que la densité est forte : plus il y a de circulation, plus il y a de morts par 100 kilomètres. Et généralement, ces routes à forte circulation sont souvent refaites, nécessairement, et sont donc dans un bon état. Mais ce sont les routes les moins sûres, en termes de sécurité routière. Répétons et diffusons donc ce qui est une règle élémentaire pour toute personne qui s’intéresse un peu à l’accidentologie routière.

J’ai évoqué seulement très peu de sujets abordés. Même l’interdiction du cumul des mandats a été abordée par les élus… et Emmanuel Macron resterait ouvert pour "assouplir"la règle qui interdit aux parlementaires tout mandat local. Il a mis juste une limitation en disant que les indemnités cumulées devraient être plafonnées (c’était le cas depuis …trente ans !).

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L’intérêt du débat national, selon l’esprit d’Emmanuel Macron, c’est de faire émerger de bonnes idées que n’aurait pas eues le gouvernement. Pourquoi pas ? Le problème, c’est qu’au-delà de ce brillant exercice, les difficultés ne sont pas levées.

Ainsi, le risque est que le gouvernement profite de ce grand déballage national pour faire passer l’abandon de certaines réformes, comme la suppression pour tout le monde de la taxe d’habitation et pas seulement à 80% des personnes qui la paient.

Rappelons que le seuil pour être classé parmi les 20% des ménages payant l’impôt est très bas et n’est pas un seuil de ceux qui sont riches et aisés. C’est le seuil de la classe moyenne. Cela concerne 6 millions de foyers, qui ont des revenus supérieurs à 2 500 euros par mois pour un célibataire ou 4 000 euros par mois pour un couple, cela signifie qu’un couple d’enseignants, qui ne roule donc pas sur l’or, est concerné par la mesure de suppression totale de la taxe d’habitation. Le passage de 80% à 100% coûte 7 milliards d’euros, on comprend que le gouvernement cherche par tous les moyens d’éviter de perdre des milliards. Mais à condition que ce soit juste et que la classe moyenne, la véritable vache à lait des gouvernements depuis plus de trente ans, puisse un peu souffler, fiscalement parlant.

Comme aussi la réforme des institutions. Là, j’ai déjà évoqué plusieurs fois le sujet, je ne suis pas plus rassuré, même si j’ai entendu une excellente députée LREM, Marie Lebec (Yvelines) dire le 15 janvier 2019 sur LCP qu’elle veut préserver nos institutions et le bicaméralisme.

La manière dont le Sénat a été remis en cause par la lettre aux Français par Emmanuel Macron a été d’autant plus scandaleuse que le Président du Sénat, Gérard Larcher, n’a même pas été averti de cette insertion. C’est ce qu’il a dit dans sa conférence de presse de rentrée ce jeudi 17 janvier 2019, et cela l’a profondément agacé, rappelant au Président de la République qu’aucune révision de la Constitution ne pourrait de toute façon se faire sans l’accord du Sénat, car c’est l’obligation de la loi fondamentale. D’ailleurs, tous les sénateurs questionnés, quel que soit leur bord, ont été sérieusement agacés par ce populisme écrit d’Emmanuel Macron. Cela dans un contexte particulier : de nouvelles auditions par le Sénat dans l’affaire Benalla, le 16 janvier 2019, sans lesquelles Alexandre Benalla n’aurait jamais été placé en garde-à-vue ce 17 janvier 2019 pour utilisation illégale de passeports diplomatiques. C’est clair que l’Assemblée Nationale n’aurait jamais atteint un tel résultat.

J’en viens maintenant à cette dichotomie élyséenne qui a permis la victoire à l’élection présidentielle mais qui pourrait aussi fédérer tous les mécontents.

J’ai considéré que la lettre aux Français du 13 janvier 2019 était profondément anxiogène. En considérant que tout pouvait être remis en cause, cela pouvait susciter une forte angoisse chez tout le monde. La société française est complexe et a besoin de stabilité.

Le sujet des institutions est une tarte à la crème profondément scandaleuse et dangereuse à utiliser : tout le monde sait bien que le problème actuel n’est pas un problème d’institutions mais d’acteurs dans ces institutions. On peut toujours perfectionner les institutions, les adapter aux époques, et l’on peut même imaginer un mécanisme de débat national permanent, ou à mi-mandat présidentiel, pour avoir toujours une idée du sentiment populaire (mais on l’a déjà par le biais des sondages), mais la France serait encore dans une situation moins favorable s’il n’y avait pas la Cinquième République. Imaginez un parlement comme en Italie, en Espagne, ou même en Allemagne. Imaginez la situation politique américaine actuelle dans l’autre sens, où l’État est paralysé depuis plus de deux semaines (shutdown) parce que parlementaires et Président ne sont pas parvenus à un accord sur le budget 2019 !

Les institutions françaises actuelles sont excellentes non pas parce qu’elles étaient taillées pour De Gaulle (au contraire, De Gaulle se disait qu’il n’avait pas besoin de ces institutions pour avoir la légitimité historique), mais pour ses successeurs justement, une onction du suffrage universel. Il faut voir comment les enfants des opposants au référendum du 28 octobre 1962 ont repris de la vigueur pour dénoncer injustement ce principe du suffrage universel direct. Ils voudraient le retour à l’immobilisme de la Quatrième République en rétablissant un régime d’assemblée élue à la proportionnelle et donc forcément paralysée car aujourd’hui, aucun parti ni coalition n’est susceptible d’atteindre la majorité absolue des voix. Veillons donc à ne pas casser nos si précieuses institutions !

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Si la lettre était très anxiogène le 13 janvier 2019, les propos présidentiels à Grand-Bourgtheroulde le 15 janvier 2019 étaient en revanche très rassurants. Et c’est là que le problème se pose : le grand débat national ne serait-il qu’un débat, sans conséquence, ou tout serait-il quand même réellement remis à plat ? Les partisans du changement comme les partisans de la stabilité risquent, les uns comme les autres, de s’inquiéter soit d’une démarche sincère de "révolution" dans le sens du titre du livre de campagne du candidat Macron, soit d’une entourloupe qui laisse croire qu’on écoute les Français mais qu’on les oublierait une fois les élections européennes passées.

Je reste convaincu que le champ d’application de ce grand débat national est beaucoup trop étendu pour être utile et efficace. Il fallait au contraire restreindre à un ou deux sujets déjà très compliqués en eux-mêmes, comme la fiscalité et le pouvoir d’achat, premiers éléments de revendication des gilets jaunes, pour qu’il puisse en sortir de réelles avancées.

Cela dit, une nation qui débat au lieu de s’entredéchirer donne toujours une image plus rassurante que la violence des casseurs. L’image d’un peuple qui, bien que rebelle et râleur, a su aussi toujours choisir le courage et l’ambition dans son histoire récente lorsqu’il le fallait. C’est sans doute le défi actuel d’Emmanuel Macron, celui d’incarner cette nation-là, l’ambitieuse et l’humble "en même temps".


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 janvier 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L’incroyable prestation d’Emmanuel Macron à Grand-Bourgtheroulde.
Grand débat avec Emmanuel Macron à Grand-Bourgtheroulde (vidéo intégrale).
Le grand n’importe quoi national selon Emmanuel Macron.
La lettre à tous les Français d’Emmanuel Macron le 13 janvier 2019 (à télécharger).
Institutions : attention aux mirages, aux chimères et aux sirènes !
Les vœux du Président Emmanuel Macron pour l’année 2019.
Allocution du Président Emmanuel Macron le 31 décembre 2018 à l’Élysée (texte intégral).
L'an 2019, la peur jaune et l'urgence économique et sociale.
Gilets jaunes : un référendum sur l’ISF ? Chiche !
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
Allocution du Président Emmanuel Macron le 10 décembre 2018 à l’Élysée (texte intégral).
La hotte du Père MacroNoël.
Ne cassons pas nos institutions !
La Révolution en deux ans.
Ivan Tourgueniev, toujours d'actualité ?
Emmanuel Macron, futur "gilet jaune" ?
Discours du Président Emmanuel Macron le 11 novembre 2018 à Paris.
10 et 11 novembre 2018 : la paix, cent ans plus tard.
Emmanuel Macron et le Vel’ d’Hiv’.
Dossiers de presse à télécharger sur les célébrations de 1918.
La Grande Guerre, cent ans plus tard.
Maréchal, vous revoilà !
Texte intégral de l’allocution du Président Emmanuel Macron le 16 octobre 2018.
Emmanuel Macron : la boussole après les horloges.
Les nouveaux ministres dans le détail (16 octobre 2018).
Les étagères de l’Élysée.
La Cinquième République.
La réforme des institutions.
L’affaire Benalla.
La démission de Gérard Collomb.
La démission de Nicolas Hulot.
La démission de François Bayrou.
Emmanuel Macron et l’État-providence.
Emmanuel Macron assume.
Édouard Philippe, invité de "L’émission politique" sur France 2 le 27 septembre 2018.
La France conquérante d’Édouard Philippe.
Le second gouvernement d’Édouard Philippe du 21 juin 2017.
Le premier gouvernement d’Édouard Philippe du 17 mai 2017.
La relance de l’Europe à la Sorbonne.
Discours d’Emmanuel Macron au Congrès de Versailles le 3 juillet 2017.
Programme 2017 d’Emmanuel Macron (à télécharger).
Le Président Macron a-t-il été mal élu ?
Audit de la Cour des Comptes du quinquennat Hollande (29 juin 2017).
Pourquoi voter Bayrou ?
Les élections sénatoriales de 2017.
La XVe législature de la Ve République.
Les Langoliers.
Forza Francia.

_yartiMacron2019011505



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190115-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-incroyable-prestation-d-emmanuel-211755

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/01/16/37021528.html




 

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