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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 15:11

Né le 22 janvier 1916 à Angers, Henri Dutilleux fut un grand musicien français qui a été consacré de son vivant, le compositeur vivant le plus joué dans le monde. Il s'est éteint à 97 ans le 22 mai 2013 à Paris.

SR


Notice Wikipédia (extrait) :
Arrière-petit-fils de Constant Dutilleux, peintre proche de Delacroix, Henri Dutilleux est aussi un proche du peintre Maurice Boitel. Son grand-père maternel, le compositeur Julien Koszul, était quant à lui un ami de Gabriel Fauré.
Henri Dutilleux a reçu le Prix Ernst von Siemens le 29 janvier 2005 (à l'âge de 89 ans). Ce prix, considéré comme le « Nobel de la musique » a récompensé, selon le jury, « un des grands artistes de la musique française contemporaine » dont la production « organique » se distingue par sa « clarté poétique ». Henri Dutilleux est le troisième compositeur français (après Olivier Messiaen et Pierre Boulez) honoré par ce prix, qui a été attribué la première fois, en 1974, au Britannique Benjamin Britten.

Dépêche du Figaro du 22 mai 2013 à 15h03 :
La famille d'Henri Dutilleux, un des compositeurs contemporains les plus joués au monde, a annoncé son décès aujourd'hui à Paris à l'âge de 97 ans.
Qualifié de "moderne classique", Henri Dutilleux est l'auteur d'oeuvres à la fois audacieuses et accessibles, dont la dernière, Correspondances, était parue en janvier pour son 97e anniversaire.
"C'est un des très rares compositeurs contemporains qui est rentré dans le répertoire de son vivant. Il avait cela en commun avec Olivier Messiaen", a indiqué le chef Laurent Petitgirard, président de la Sacem et directeur de l'orchestre Colonne. "Son oeuvre restera intensément présente après son décès", a-t-il ajouté.
Héritier de Debussy, Henri Dutilleux s'est tenu à l'écart des traditionnalistes comme de l'avant-garde, livrant des compositions d'une grande densité expressive. Son oeuvre éminemment poétique aura été abondamment jouée de son vivant en France et à l'étranger. Transcendant les modes, Henri Dutilleux avait même su apprivoiser le public rebelle à la musique contemporaine.

Extrait de sa musique :
http://www.musiquecontemporaine.fr/fr/search?disp=all&query=Henri+Dutilleux&exp_inl=on&exp_aud=on&so=ta


Extrait d'une interview :
http://odb-opera.com/modules.php?name=Content&pa=showpage&pid=151

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 06:35

Ou… la vie rêvée des anges : l’an II du rêve permanent.


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uand François imite Charles… non, il ne s’agit pas de Charles De Gaulle mais de Charles Trenet (1913-2001) dont on fête ce samedi 18 mai 2013 le centenaire de la naissance (à Narbonne).

Pour l’occasion, je propose sans prétention de coupler François Hollande et Charles Trenet, car finalement, si l’on regarde de près, le premier s’est largement inspiré du second dans son action politique.

Certes, le chanteur était un peu à la traîne sur les questions du racisme, alors qu’aujourd’hui, une loi supprime désormais le mot "race" dans notre corpus législatif (même s’il reste encore le bloc de constitutionnalité à modifier), si l’on en juge par ce qu’il disait dans l’émission "Dim Dam Dom" en 1970 : « Non, la nature n’a pas voulu que les gens soient égaux. Les Noirs, ils sont gentils. Les Noirs, je les aime bien, mais ils sont quand même un peu enfants. Ce sont des enfants, il faut les aimer comme des enfants. Or on les traite comme des grandes personnes : il faut d’abord les éduquer. Il n’y a pas de civilisation : s’il y en avait une, on la connaîtrait ! Il y a des artistes noirs, mais il y a peu de choses que, jusqu’à présent, les Noirs ont faites. Les Noirs n’ont pas construit Notre-Dame de Paris, n’ont pas construit les Pyramides, n’ont pas construit la tour Eiffel… ».

Je suis d’ailleurs convaincu que certaines personnes pensent encore la même chose quarante-trois ans plus tard, malgré Aimé Césaire, malgré Barack Obama, malgré… les pyramides, car tout laisse croire que la Haute Égypte était peuplée de populations aussi noires qu’au Soudan.

Mais qu’importe, car l’essentiel, c’est que François Hollande avait voulu incarner la force tranquille saison 2, après un quinquennat agité, un peu de la douceur et de la joie de la France. En somme, des années d’insouciance (enfin, si l’on étudie un peu plus l’historique des chansons de Charles Trenet, il est vrai que l’insouciance était toute relative !).

Et leur principal point commun, bien sûr, c’est le rêve.

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Dès sa désignation le 16 octobre 2011, le candidat victorieux de la primaire socialiste avait en effet voulu « réenchanter le rêve français », une expression bien maladroite qu’il avait dû rapidement expliquer dès le 22 octobre 2011, à sa convention d’investiture (très américanisée) à la Halle Freyssinet, pour éviter les procès en utopie ou en populisme, en se payant le luxe de citer Charles …De Gaulle : « Je dis le rêve français. Et à l’énoncé du mot, j’entends les sarcasmes de la droite : "On ne fait pas la politique avec du rêve". Surtout avec le bilan qu’elle nous laisse. Et pourtant, me revient une belle phrase d'un ancien Président de la République, qui avertissait : "Les gens veulent que leur histoire leur ressemble ou au moins qu'elle ressemble à leurs rêves". Eh bien voilà, c'est Charles De Gaulle qui répond aujourd'hui à la droite. ».

Car Charles Trenet aussi était un fanatique du rêve. D’ailleurs, c’est l’énorme collusion entre les deux hommes. François Hollande aurait pu faire sienne cette phrase du chanteur : « Chez moi, il y a un rêve permanent. Je ne vois pas les choses telles qu’elles sont. ». Et en effet, la courbe du chômage qui va se redresser, le Président de la République la voit. Les dépenses publiques qui baissent, idem. La réduction du déficit à 3%, également.

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Mais peut-être que le vrai rêve, c’est l’Élysée. Charles Trenet disait : « Quand on a rêvé sa vie, il faut vivre son rêve. ». Et c’est là que François Hollande peut se permettre de courir en chantant : « Y’a d’la joie ! ». C’est vrai que du coup, il y a un petit air d’autocongratulation qui ne concerne que lui et les siens.

D’ailleurs, Jacques Brel (1929-1978) avouait bien humblement : « Sans lui, nous serions tous des experts-comptables ! ». "Lui", il voulait dire Charles Trenet, bien sûr. Peut-être que c’est justement ce qui manque le plus à François Hollande, des experts-comptables, pour faire des économies à l’État, pour faire une fiscalité moins pesante pour les ménages, pour conserver une véritable politique familiale, pour arrêter de supprimer une hausse de TVA et l’augmenter quelques mois après, pour arrêter d’augmenter les impôts des entreprises et les leur redonner ensuite en crédit d’impôts, etc.

Cette image si française et si joyeuse du pays (histoire de se remonter le moral face au désastre du destin), Charles Trenet l’a très bien transmise à François Hollande.

On le voit ainsi chanter : « Un fantôme qui chante, on trouve ça rigolo. Je couche parmi les fleurs des talus ! ».

Consensuel comme il est, il pourrait même vouloir organiser des rencontres au sommet inimaginable : « Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n’est pas là et le soleil l’attend. ».

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Alors, c’est sûr, à l’issue de l’an I, le Président en est encore à sa phase première, tout guilleret fraîchement élu : « Tout avec lui dit boum ! Et s’il fait boum, s’il se met en colère, il entraîne avec lui des merveilles ! ».

Mais la vie a ses malheurs, et l’artiste avait averti : « La vie est un rêve, traversée de temps à autre par un cauchemar. On le digère, et le rêve recommence. ».

Ou le cauchemar recommence : récession, augmentation du chômage, hausse des impôts, création de nouvelles taxe, baisse du pouvoir d’achat, augmentation de la durée des cotisations, malus pour la consommation d’énergie etc.

C’est alors que François Hollande dans sa deuxième phase viendra faire une déclaration d’amour à la Churchill : « Douce France, cher pays de mon enfance, je t’ai gardée dans mon cœur ! …Oui, je t’aime, dans la joie ou dans la douleur ! ».

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Mais cela ne suffira pas.

Et un jour, au printemps 2017, il s’en ira tristement en ruminant amèrement devant les Français, sans comprendre : « Que reste-t-ils de nos amours ? Bonheur fané, cheveux au vent, baisers volés, rêves mouvants, que reste-t-il de tout cela ? Dites-le moi ! …Et dans un nuage, le cher (et coûteux) visage de mes promesses ! »

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Hommage à Charles Trenet, qui aurait eu 100 ans ce samedi...

Et qui, grâce à ses belles chansons, a su faire rêver la France bien au-delà de ses frontières (même Google participe à la célébration !).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 mai 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Tout va bien Madame la Marquise.
Y’a de la joie !
Les Shadoks s’y mettent.

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http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/douce-france-quand-francois-imite-135999

 

 

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 00:46

Né le 25 septembre 1927 à Weybridge, Colin Davis a appris la musique par la clarinette et a commencé à se faire connaître comme chef d'orchestre en remplaçant ceux en place pour des opéras (Don Giovanni, La Flûte enchantée) qui furent des succès (dans les années 1950-1960). En 1971, il succéda au grand Sir Georg Solti (mort il y a quinze ans, le 5 septembre 1997) au Royal Opera House (direction qu'il garda jusqu'en 1986). Il a enregistré l'intégrale de Berlioz.

Parmi ses derniers concerts, Sir Colin Davis dirigea le concert d'ouverture du Festival de Saint-Denis le 31 mai 2012 (Requiem de Mozart) et le concert donné au Théâtre du Châtelet le jeudi 24 janvier 2013 avec l'Orchestre National de Paris (deux symphonies, une de Mozart et une de Sibelius).

SR


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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 10:50

(dépêche)


 

Le dessinateur Fred, créateur de Philémon, est mort

Le dessinateur Frédéric Othon Théodore Aristidès, alias Fred, est décédé hier à l'âge de 82 ans dans un hôpital parisien. Connu pour sa série Philémon, née dans le journal Pilote en 1965, «il était depuis plus de 60 ans l'un des plus grands artistes, un créateur et un poète hors du commun», déclare son éditeur Dargaud.

Né à Paris le 5 mars 1931, Fred a été bercé par les histoires de sa grand-mère ou s'entremêlaient la mythologie grecque, Lewis Caroll, Kafka et Stevenson. Son ultime album, Le train où vont les choses, sorti en février 2013, dans lequel il revenait sur les origines de son personnage fétiche Philémon, résonne aujourd'hui comme son testament.





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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 05:26

(dépêche)


3 avril 2013

Jean-Luc Martinez, nouveau président du Louvre

À 49 ans, l'historien de l'art français, Jean-Luc Martinez, succède à Henri Loyrette qui était président-directeur de l'établissement public depuis le 14 avril 2001. En concurrence avec deux autres candidats, Sylvie Ramond et Laurent Le Bon, c'est finalement cet agrégé d'histoire, membre de l'école d'Athènes de 1993 à 1996 et ancien directeur du Département des antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre qui a été nommé à la tête du plus grand musée du monde.







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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 06:23

« Une société qui néglige Homère finira par oublier Voltaire. »


yartiRomilly01Elle s’est éteinte il y a un peu plus de deux ans (le 18 décembre 2010), elle a été la première femme élue au Collège de France, le sanctuaire des grands universitaires, elle a été élue à l’Académie française (la deuxième femme après Marguerite Yourcenar, c’est encore rare de nos jours) et elle a passé toute son existence à étudier Thucydide et plus généralement, la Grèce antique, ce qui lui a même valu la nationalité grecque en 1995. Jacqueline de Romilly aurait eu tout juste 100 ans ce mardi 26 mars 2013. Hommage à cette grande helléniste.

Il existe d’éminents "savants" qui cherchent à conserver et à transmettre des civilisations. Des langues, des cultures qui pourraient être oubliées par les plus jeunes générations. Georges Dumézil (1898-1986) a été de ceux-là, sauvant même certaines langues d’une disparition programmée par absence de locuteurs. Une culture monumentale. Un savoir qui donne le vertige.

Jacqueline de Romilly fut aussi de cette espèce-là, avec pour seul objectif de transmettre la connaissance de la Grèce antique à notre société contemporaine postmoderne. Selon elle, on trouve chez les Grecs anciens toutes les valeurs qui gouvernent le monde aujourd’hui : liberté, égalité, démocratie, droit etc.

Pour Jacqueline de Romilly, le langage était un élément essentiel de l’humanisme : « On découvre dans l’étude de ces langues le point de départ des principales idées contemporaines. C’est vrai pour la démocratie, mais aussi de tous les mots qui aujourd’hui, désignent les grands principes et les grandes valeurs de la vie quotidienne. » ("Lire", 2004).

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Il faut bien sûr donner de grands bémols, car la société grecque antique était loin d’être une société libre comme les démocraties modernes. La citoyenneté n’était réservée qu’aux élites, masculines, et les Grecs anciens étaient coutumiers de l’esclavage, stigmatisaient les métèques (étrangers) et étaient assez cruels dans une justice souvent expéditive (la mort de Socrate l’illustre).

Néanmoins, une société qui ne se nourrit pas des leçons de l’histoire est une société qui irait à sa perte, avec crise identitaire, perte de repères, etc. J’ai eu la chance d’avoir appris le latin et le grec dans mon cursus scolaire alors que beaucoup trouvaient que c’était inutile, juste une perte de temps. J’ai au contraire été très heureux d’avoir eu accès à ce petit bonus de culture car la plupart des mots et des concepts de la langue française, par exemple, en sont inspirés.

Jacqueline de Romilly a redonné des lettres de noblesse à ce savoir devenu de plus en plus exceptionnel, devenu quasiment des curiosités dans un enseignement qui préfère miser sur les nouvelles technologies, l’informatique, les langues modernes (l’anglais, l’allemand, l’espagnol), etc. Ces disciplines sont évidemment indispensables aujourd’hui, probablement qu’il faudra rapidement ajouter aux langues cruciales le mandarin, mais elles ne sont pas incompatibles avec la culture "classique".

Elle disait en 1996 : « Le progrès scientifique a facilité la vie matérielle, mais les valeurs ont changé et les gens manquent de repères. L’important est de faire connaître les expériences passées, non pas comme modèles à imiter mais comme des références pour comprendre le présent. Il faut à tout prix sauver la formation littéraire, qui non seulement apporte aux jeunes des éléments de comparaison leur permettant de juger, mais leur donne aussi une force intérieure. » ("Les Échos"). Elle avait ainsi fondé l’association Sauvegarde des enseignements littéraires (SEL).

Normalienne, fille de normalienne, elle s’était mariée avec la culture grecque, à tel point qu’après un expérience conjugale dont elle avait mis un terme après une trentaine d’années, elle avait regretté de ne pas avoir été une mère, mais était satisfaite de sa trajectoire universitaire prestigieuse. Toute sa vie fut consacrée à montrer que les philosophes grecs ont eu une influence déterminante dans la pensée morale et politique actuelle. Bien que très âgée, elle avait milité pour redonner l’esprit civique à une société plus soucieuse de consommer que de rendre service (en créant notamment l’association Élan nouveau des citoyens).

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Succédant à André Roussin à l’Académie française, Jacqueline de Romilly avait défini la gentillesse ainsi : « Cette gentillesse, chez [André Roussin], touchait aussitôt. (…) On avait dû, je crois, lui faire de nombreuses remarques à ce sujet ; car il s’est inquiété, une fois, de ce que le mot "gentil" pouvait avoir de protecteur et de légèrement méprisant. Pour moi, il exprime au contraire un éloge sans réserve. C’est un mot qui rayonne. Associée à l’intelligence, la gentillesse étonne et charme. » (26 octobre 1989). C’est Alain Peyrefitte qui prononça la réponse à son discours de réception, et le Prix Nobel de Médecine 2011, Jules Hoffmann, lui succéda dans ce même fauteuil, élu le 1er mars 2012.

À la fin de sa vie, en 2008, Jacqueline de Romilly avait achevé son long cheminement de conversion au catholicisme en faisant sa première communion avec les yeux d’une enfant de 10 ans (selon le prêtre libanais qui en était à l’origine, Mansour Labaky, né la même année que le baptême de sa protégée, mais qui, depuis un an, est accusé d’avoir abusé de mineures).

« Apprendre à penser, à réfléchir, à être précis, à peser les termes de son discours, à échanger les concepts, à écouter l’autre, c’est être capable de dialoguer, c’est le seul moyen d’endiguer la violence effrayante qui monte autour de nous. La parole est un rempart contre la bestialité. Quand on ne sait pas, quand on ne peut pas s’exprimer, quand on ne manie que de vagues approximations, comme beaucoup de jeunes de nos jours, quand la parole n’est pas suffisante pour être entendue, pas assez élaborée parce que la pensée est confuse et embrouillée, il ne reste que les poings, les coups, la violence fruste, stupide, aveugle. Et c’est ce qui menace d’engloutir notre idéal occidental et humaniste. » (Jacqueline de Romilly).

Révérence à cette "grande dame" (selon l’expression souvent employée) pour avoir ouvert les yeux à bien de ses contemporains sur la richesse des origines de notre civilisation.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Discours de réception à l’Académie française.
Témoignage de Mansour Labaky ("La Croix" du 19 décembre 2010).
Élan nouveau des citoyens.
Sauvegarde des enseignements littéraires.
La Grèce, hier et aujourd'hui...

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http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/26-mars-2013-le-centenaire-de-133104

 

 



 

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 07:04

La première rétrospective depuis trente-trois ans au centre Beaubourg des œuvres de Salvador Dali se termine lundi prochain. Une dernière occasion de rencontrer le grand maître, en concurrence avec le Salon du Livre de Paris.


yartizDaliEX01Comme il revendiquait à la face du monde qu’il était un génie dès ses jeunes années (et il le fut), Salvador Dali (1904-1989), avec sa célèbre mégalomanie égocentrique, se croyait immortel. Malgré la disparition de son unique Gala et sa déchéance laborieuse vers son irrémédiable destin, Dali avait raison : il est bien immortel.

Pour preuve, cette monumentale exposition au Centre Pompidou à Paris du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013. Il ne reste donc plus beaucoup de jours pour y aller, dans des conditions d’accès parfois très difficiles, de foule et de queue. Des attentes de trois heures sont parfois à déplorer. Attendre sous la pluie et sous le regard d’un extravagant Dali affiché en géant sur la façade, c’est sans doute encore du Dali.

8 000 visiteurs admirent chaque jour Dali et les organisateurs limitent à 750 le nombre de présents dans les salles. Après avoir décidé de faire des nocturnes tous les jours sauf le mardi (jour de fermeture) spécialement pour Dali de 11h00 à 23h00, Beaubourg a décidé pour le sprint final de faire comme le Grand Palais avec Picasso ou Hopper, à savoir, faire du temps continu : l’exposition ne fermera pas ses portes du vendredi 22 mars à 11h00 au lundi 25 mars à minuit !

Il faut parfois choisir ses heures en dehors des périodes d’affluence même si c’est parfois difficile de se libérer dans les heures creuses. Ce tableau peut aider.

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En dehors donc de ces inévitables désagréments du grand nombre, la visite vaut le coup. C’est la première rétrospective depuis …1979-1980 (du vivant de Dali). C’est bien un événement culturel et les gens ne s’y sont pas trompés.

Dès que le visiteur pénètre dans la première grande salle, l’émotion est perceptible. Il entre directement dans cet univers particulier du grand maître, avec sa présence au moins auditive, ses intonations si connues mais aussi si agaçantes, son allure loufoque, monarchiste, à la fois raffiné et kitch, innovateur et racoleur, créatif et commercial, original et gore, amoureux et scatologique... Le mauvais goût, parfois présent, est sublimé par la passion et la création.

Le titre très vague "Dali" indique que l’exposition est très généraliste. Avec deux cents œuvres, des toiles mais aussi des dessins, des sculptures, des objets parfois très intrigants, des films vidéos, des lettres etc., on peut avoir une vision d’ensemble de l’œuvre et la vie de Salvador Dali.

Des œuvres très connues et d’autres quasiment inconnues cohabitent. Au contraire des expositions sur Van Gogh et Hiroshige qui viennent de se terminer à la Pinacothèque, les œuvres exposées proviennent d’un grand nombre de musées (français, espagnols, néerlandais, américains etc.) et aussi de collections privées souvent rares d’accès.

C’est sûrement très banal de le dire, mais Salvador Dali est mon peintre préféré. Et malgré ses parts obscures (son soutien à Franco, sa fascination pour Hitler, Lénine, Guillaume Tell), c’est un tout, il faut le prend en bloc. Ou ne pas le prendre.

Le commissaire général de l’exposition, Jean-Hubert Martin, résume ainsi l’ambivalence de Dali : « Sa conviction, réellement paranoïaque, de la supériorité de son ego sur toutes les contingences politiques n’était pas de nature à convaincre les victimes de la politique de Franco ! Il n’en reste pas moins qu’avec ce gage, il disposait d’une liberté totale à Port-Lligat [près de Cadaqués] (…). Ce rejeton de famille bourgeoise aime l’esprit de cour. Il adore être proche du pouvoir politique, lui prêter allégeance, pour mieux le vilipender par ailleurs et montrer la supériorité des créations de l’esprit sur la politique. Cette attitude est loin d’être exceptionnelle chez les artistes, elle est au contraire récurrente. Courtisanerie et marque d’allégeance d’une part pour s’assurer les moyens de travailler, mépris du pouvoir temporel et des servitudes qu’il exige par ailleurs. L’artiste mord la main qui le nourrit. ».

Comme Picasso ou Van Gogh (ou plein d’autres), Dali avait acquis la technique dès l’adolescence (il a vendu ses premières œuvres à l’âge de 15 ans). Cette aisance technique lui permettait de tout faire, de tout réaliser. De laisser son âme inaugurer des styles nouveaux, son talent de s’exprimer librement.

J’ai par exemple été étonné des toiles très inspirées par la période cubiste, Braque, Picasso, comme "Nature morte au clair de lune" et "Académie cubiste" où le peintre n’a que 22 ans.

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Mais il n’y a pas que la technique, et le cerveau de Dali n’est pas seulement généreux en créativité mais aussi en révolutions oniriques. Dali est le meilleur traducteur de rêves. Sans doute pas mes propres rêves, mais déjà, raconter avec les mots ses propres rêves, c’est très difficile, alors les peindre, cela tient vraiment du génie. Et Dali l’a. C’est pour cela que ses compositions sont d’une extrême richesse. Cette densité rend un tableau percutant et peut ainsi toucher à des endroits différents de la sensibilité du public.

Le peintre n’est pas avare en introspection et autodérision puisqu’il a tout de suite compris le rapport commercial à son art et s’en est à la fois moqué et servi avec démesure. Dali s’est beaucoup amusé à tromper les exégètes de son art par de nombreuses fausses pistes. Il a également sa part d’imposture dans son projet grandiose. Dali lui-même rappelait en 1960 : « Si l’on veut qu’une peinture reste éternellement abstraite et informelle, il faut la doter de la plus grande irrationalité concrète ! ».

L’une des dimensions dans laquelle s’est exercée sa créativité inépuisable fut dans le choix des titres des œuvres. Certains peintres choisissent des titres très insipides (comme "La femme devant la baignoire" etc.) tandis que lui s’est cuisiné des titres alambiqués aux petits oignons, comme cette étrange ode contre les fonctionnaires avec beaucoup de signalétique érotique : "Bureaucrate moyen atmosphérocéphale, dans l’attitude de traire du lait d’une harpe crânienne".

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Comme beaucoup d’artistes, Dali a ses obsessions. Sa muse Gala, bien sûr, mais aussi plein d’autres sujets, comme le rêve, la mort, le sexe, la guerre, le nucléaire, etc. ce qui couvre ses œuvres de harpes, de béquilles, de fourmis, d’œufs, de sauterelles, et aussi, de beaucoup d’images doubles, comme cette "Métamorphose de Narcisse" où le personnage devient un œuf de fécondité, et cette "Plage enchantée avec trois Grâces fluides" où le visage des muses sont en trompe-œil.

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Il y a évidemment des œuvres majeures. Sans doute la plus importante (et aussi la plus connue), "Persistance de la mémoire" où Dali représente des montres molles (venue de la vision d’un camembert coulant). Un tableau que j’adore et que je n’avais encore jamais vu en vrai, et dont le petit format étonne (à peine plus grand qu’une feuille A4), d’autant plus que j’avais acheté dans le passé une reproduction trois fois plus grande !

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Au loin de ces montres molles, on distingue une falaise, au bord de la mer, la même, probablement que celle, peinte cinq ans auparavant, de "Falaise" où un personnage nu regarde seul le large écroulé sous l’immensité de la nature.

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On peut être surpris par l’extrême précocité du peintre Dali, qui n’avait pas trente ans quand il s’est mis à composer ses toiles avec divers objets et êtres… "La Vache spectrale" où l’on peut voir un poisson et un canard pourrait même préfigurer, trois quarts de siècle plus tôt, la lente infamie de la nourriture industrielle qui a déjà engendré bien des affaires scabreuses (l’encéphalite spongiforme, les saumons nourris aux farines animales, les bœufs à ADN chevalin etc.).

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Cette richesse picturale est parfois mise au service d’une extrême vulgarité sexuelle du peintre, mais personne ne lui en tiendra rigueur, même pas les parents qui amènent leurs enfants (nombreux) sans se douter des œuvres qu’ils leur donneront à voir, comme "Le Grand Masturbateur" qui n’est que de la pornographie intellectuelle (j’aurais envie de dire devant : "Ceci n’est pas une pipe" !) ou encore ces petits dessins sans doute épris de jalousie mettant en scène "Paul et Gala", dont l’intensité érotique est bien à la mesure des obsessions sexuelles de son auteur.

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Cette vulgarité et la mégalomanie peuvent en effet mettre mal à l’aise, choquer ou, du moins, agacer, mais elles sont souvent accompagnées d’un humour parfois potache, d’une ironie gentille comme dans cette légende de "Œufs sur le plat (sans le plat)" qui représentent les phosphènes (taches) dans l’œil du fœtus, considérés comme des « souvenirs visuels de la période embryonnaire ».

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Ou même devenir franchement bisounours avec des tableaux au cadrage original (qui fait partie intégrante de l’œuvre) "Un couple aux têtes pleines de nuages", à la fois prometteur d’un amour joyeux mais conscient de la solitude définitive de l’âme.

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Parmi les tableaux que je ne connaissais pas, j’ai vu "Impressions d’Afrique" et aussi "L’Énigme de Hitler" qui est un tableau assez troublant, juste avant le début des hostilités meurtrières (et avant l’exclusion sans ménagement de Dali du groupe des surréalistes), montrant des objets de la vie quotidienne et laissant apparaître une discrète photo du Führer. Le téléphone cassé pourrait évoquer les Accords de Munich et une communication de masse dans un seul sens. En 1964, Dali expliqua qu’il n’avait « pas encore déchiffré cette énigme » et que ce tableau était « dénué de toute signification politique consciente ». C’est un peu cela, l’imposture, jeter dans la mare publique des œuvres inexpliquées parce qu’inexplicables.

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Dans ce tableau avec Hitler, l’objet le plus gros est un téléphone. C’est aussi cet ustensile qui a alimenté l’imagination de Dali jusqu’à en fabriquer un objet introuvable, surréaliste, le "Téléphone aphrodisiaque" composé d’un drôle combiné en forme de homard.

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Ce thème a été repris par d’autres artistes, entre autres par André Franquin dans sa célèbre bande dessinée sur l’antihéros Gaston Lagaffe, employé de bureau totalement inefficace dont l’imagination est toute "dalinienne" : le gag du téléphone homard qui surprend le supérieur hiérarchique, Fantasio.

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Dans les tableaux surchargés de symboles et de messages, il y a "L’Homme invisible" qui contraste presque avec la simplicité (pas si évidente) de "Méditation sur la harpe".

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Dali a aussi représenté plusieurs Christ sur sa croix, qui ont parfois scandalisé l’Église pour ses perspectives osées ou ses décompositions en cubes. Dans "Pieta", il semble annoncer, vu de Terre, l’Ascension du Christ, happé vers un cœur de tournesol.

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N’hésitant pas à rendre hommage à d’illustres prédécesseurs, Dali a ainsi honoré Claude Le Lorrain dans "La main de Dali retirant une Toison d’or en forme de nuage pour montrer à Gala l’aurore toute nue très, très loin derrière le soleil" et aussi Jean-François Millet dans "Aurore, midi, couchant et crépuscule". Le Musée d’Orsay a pour l’occasion prêté à Beaubourg le fameux "L’Angélus" qui a été beaucoup décliné par Dali.

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Dali s’est lui aussi associé au "pop’ art" avec notamment "Le Voyage fantastique" où la deuxième bouche, plus petite, se transforme en sein perforant le genou d’un homme.

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À la (presque) fin de l’exposition, le visiteur tombe sur une gigantesque toile, quatre mètres fois trois mètres : "La Pêche au thon" impressionnante de densité et de couleurs plutôt douces.

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Parmi d’autres toiles non représentées ici, Dali a rendu hommage aussi à Voltaire, à Rousseau, à Freud, à Giambattista della Porta (un physicien), à Lincoln, à Vermeer, à Vélasquez (son maître le plus important), à Picasso, à Fra Angelico, à Fredrico Garcia Lorca, ) Pradier, etc.

Quand j’en suis ressorti (à l’heure de fermeture, je n’avais qu’un peu plus d’une heure), j’ai eu cette impression flottante d’un univers qui s’est achevé comme éclate une bulle de savon. Tout ce petit monde s’est refermé comme les pages d’un livre. Peut-être jusqu’à une prochaine rétrospective. Mais il ne faut pas hésiter, entre autres, à aller au Musée Dali à Figueras, un ancien théâtre municipal qu’il a transformé en un étrange et démesuré tombeau.


L’exposition Dali n’est donc visible que jusqu’au lundi 25 mars 2013.
Au Centre Pompidou, à Paris 4e, métro Hôtel de Ville, Rambuteau.
Ouvert (tous les jours sauf mardi) de 11h00 à 23h00,
et sans discontinuité du 22 mars à 11h00 au 25 mars à 24h00.
Prix : 13,00 euros.

L’exposition sera ensuite présentée au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Madrid.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Brochure officielle sur l’exposition Dali au Beaubourg (à télécharger).
Télérama : les aventures d’un visiteur dans la queue.
Plus de chance pour un autre visiteur.
Dossier pédagogique de l’exposition.
Van Gogh à Paris.
Hiroshige à Paris.


(Toutes les reproductions sont sous copyright Fondation Gala-Salvador Dali).


Le plan de l’exposition est ci-dessous.
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http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/derniers-jours-pour-dali-a-paris-132701



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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 21:25

L'exposition Dali (rétrospective) au Centre Pompidou (Beaubourg) à Paris du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013 a fait l'objet d'une brochure officielle de présentation qu'il est possible de télécharger sur Internet.


Cliquer sur le lien pour télécharger la brochure (fichier .pdf) :
http://ddata.over-blog.com/0/56/25/34/rakotoarison/20121203_dali_dp.pdf


SR


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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 00:10

La double exposition sur Van Gogh "Rêves de Japon" et Hiroshige "L’art du voyage" à la Pinacothèque de Paris ferme ses portes ce dimanche 17 mars 2013 à 18h30.


yartizPINAH01Il ne reste plus que quelques heures pour admirer les trente et une toiles de Van Gogh et les cent soixante-quatorze estampes d’Hiroshige. J’ai évoqué quelques œuvres de Van Gogh dans un précédent article et j’évoque ici Hiroshige.

J’ai été d’ailleurs impressionné par la foule pour voir les estampes d’Hiroshige. Il y avait nettement plus de monde pour cette exposition que celle de Van Gogh, à ma grande surprise. Les organisateurs ont dû d’ailleurs réguler le flux des visiteurs (comme au Louvre) tant les salles étaient pleines. La nécessité de maintenir les estampes dans des conditions atmosphériques particulières rendaient d’ailleurs plus difficile leur observation : il faut faire la queue pour aller d’une estampe à l’autre.

Ces petits désagréments très ordinaires ne sont évidemment rien face à la richesse que la Pinacothèque a livrée aux visiteurs. Je ne connaissais pas beaucoup Utagawa Hiroshige (1797-1858) qui est sans doute l’un des plus grands dessinateurs japonais de cette époque avec son aîné Katsushika Hokusai (1760-1849).

Il a réalisé cinq mille quatre cents estampes et près de cent vingt livres illustrés décrivant les paysages et la vie quotidienne des Japonais de la première moitié du XIXe siècle. Certaines de ses gravures étaient reproduites à vingt mille exemplaires.

J’imagine la grande difficulté des organisateurs de l’exposition à sélectionner seulement quelques dizaines estampes de celles appartenant au Musée national d’Ethnographie de Leyde, aux Pays-Bas. À côté de ces œuvres, on a également exposé quelques objets d’époque, comme une paire de vieilles "geta", des sandales traditionnelles en bois datant de 1820.

Chaque gravure ou dessin est une œuvre exceptionnelle : parfois jusqu’à quinze couleurs, Hiroshige se permet quelques clins d’œil, notamment en indiquant quelques éléments administratifs (comme numéro d’estampe etc.) à l’intérieur même du décor. Il décrit des pèlerinages au Japon, et donne une vue à chaque étape du voyage, avec des personnages et des décors extraordinairement bien reproduits.

Ces dessins étaient très appréciés à l’époque et faisaient office de nos cartes postales contemporaines. Ce sont aussi des images qui préfigurent la bande dessinée et cela donne une idée du développement des futurs mangas au Japon.

La Pinacothèque montre aux visiteurs plusieurs séries à succès d’estampes sur différents itinéraires ou thèmes : "Les Cinquante-trois Stations du Tokaido" (1834), qui correspond à la route côtière entre Edo (Tokyo) et Kyoto (500 km), "Lieux célèbres de la capitale de l’Est" (1835), "Les Soixante-neuf Stations du Kisokaido" (1842), route difficile par le Nord, à travers les montagnes, et "Les Cent Vues célèbres d’Edo" (1858). Ce type de séries faisait aussi penser aux "Trente-six vues du Mont Fuji" de Hokusai (avec "La Grande vague de Kanagawa", l’estampe la plus célèbre au monde).

Dominique Blanc, en introduisant le sujet dans "Connaissance des arts", expliquait ainsi : « Les dessins d’Hiroshige ont hissé l’édition populaire des estampes japonaises au rang de grand art. Son œuvre, dédiée quasi tout entière à la représentation des paysages célèbres du Japon, offre une vision renouvelée de la tradition picturale, qui a parfaitement assimilé la construction des vues à l’occidentale. ».

Et c’est effectivement cela qui m’a frappé, au-delà de la beauté des formes et des couleurs et de l’intérêt documentaire des dessins, à savoir, ce modernisme précoce dans la composition, dans le cadrage, car j’imaginerais facilement Hiroshige tenant une caméra. Hélas, ce serait de l’uchronie puisqu’il est mort avant l’invention du cinéma, mais les perspectives sont parfois amusantes.

Ainsi, cette vue des chevaux assez surprenante, avec des auberges en arrière-plan. L’auteur a plaqué une vision très particulière d’une rue en insistant sur les chevaux.

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Ou encore cette vue plongeante d’une rue commerçante avec au fond, le mont Fuji comme porté par les nuages dans un espace divin très éloigné des humains.

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Mais le plus flagrant dans la composition est également les formes géométriques. Ci-dessous, par exemple, dans cette ascension sous la pluie, le triangle se retrouve de nombreuses fois, la pente du chemin, les sapins penchées par le vent, les toits, les manteaux, etc. On peut noter aussi que les porteurs protègent leur client de la pluie.

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Pour l’anecdote, il est amusant de voir que sur beaucoup d’estampes, les hommes ont parfois les fesses nues (le climat est chaud) alors que les femmes portent toujours des robes très longues.

Voici quelques autres vues intéressantes que la brochure présente également, pour avoir un petit aperçu de cette exposition.


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Cette exposition a lieu à la Pinacothèque :
Hiroshige : 28 place de la Madeleine à Paris 8e.
Van Gogh : 8 rue Vignon à Paris 9e.
Jusqu’au dimanche 17 mars 2013.
Ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30.
Nocturne le mercredi et vendredi jusqu’à 21h00.
Métro : Madeleine.
Prix du billet normal : 10,00 euros.
Billet double pour les deux expositions temporaires : 17,00 euros.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Brochure officielle de l’exposition (à télécharger).
Van Gogh à la Pinacothèque de Paris.
Hiroshige à la Pinacothèque de Paris.


http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/dernieres-heures-pour-hiroshige-a-132472

 

 

 

 

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 00:02

La double exposition sur Van Gogh "Rêves de Japon" et Hiroshige "L’art du voyage" à la Pinacothèque de Paris ferme ses portes ce dimanche 17 mars 2013 à 18h30.



yartizPINAV01La Pinacothèque de Paris, un musée privé situé en plein centre de Paris, à la Madeleine, s’est agrandi ces derniers mois et possède désormais deux bâtiments pour abriter des expositions temporaires et maintenant, une collection permanente.

Depuis le 3 octobre 2012, elle propose une double exposition sur le graveur et dessinateur japonais Utagawa Hiroshige (1797-1858) et sur son influence sur le peintre néerlandais Vincent Van Gogh (1953-1890).

Dans cet article, j’évoquerai uniquement Van Gogh et dans un autre Hiroshige, pour une question de commodité pratique, même si je pêche finalement comme le musée qui a également séparé de deux rues les deux artistes, ce qui est un petit peu dommage.

Il aurait été sans doute plus intéressant de mettre côte à côte des œuvres des deux artistes, un tableau de Van Gogh et une estampe d’Hiroshige qui l’a inspiré. Je comprends qu’il y avait deux obstacles à cela : d’une part, les conditions de conservation des estampes sont très contraignantes, d’autre part, en séparant les deux expositions, cela permet au musée de laisser le choix aux visiteurs de tout voir ou seulement l’une des deux.

Restons donc ici avec Van Gogh et ses trente et un tableaux exposés, et mon propos ici n’est pas de faire dans des explications savantes qui ont déjà été écrites par ailleurs. Simplement de faire partager quelques œuvres qui m’ont impressionné et donner envie, au-delà de l’exposition qui se termine, d’aller les voir aux Pays-Bas, principalement au Kröller-Müller Museum à Otterlo et pour certaines au Groninger Museum, à Groningen.

D’ailleurs, j’avoue avoir toujours quelques interrogations quand je vais dans une exposition temporaire (ou pas) car je ne viens pas m’y documenter ni lire les parfois longs et doctes textes des panneaux. Je peux le faire sur le Web ou dans les catalogues. Je viens avant tout me confronter à l’œuvre, aux œuvres, je viens pour rencontrer l’artiste, plus donc dans un esprit d’émotion que de raison ou de réflexion. Or, il n’est pas rare, hélas, de voir devant de très beaux tableaux …uniquement des dos, ceux des visiteurs qui lisent avec assiduité les indications de l’exposition affichées en face, en étant presque indifférents à l’objet même de celle-ci.

Van Gogh, qui est mort à 37 ans (par suicide selon les versions les plus admises mais d’autres versions existent), est l’un des peintres les plus connus aujourd’hui, et surtout, celui dont les œuvres se vendent le plus cher au monde. Il a un style très particulier tout en sensibilité, avec des mouvements par petites touches qui donnent à ses toiles des allures dynamiques et très particulières.

Voici donc une petite sélection avec quelques commentaires sans aucune prétention, juste pour partager les toiles qui m’ont ému.

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1. Le champ de blé me paraît clos par des murs de prison qui sépare l’auteur du soleil. Noirceur malgré le ciel contrasté et malgré les mouvements des gerbes de blé dans le champ.

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2. Ce tableau fait partie de l’affiche de l’exposition. Il est l’un des plus convaincants signes de l’influence des dessins d’Hiroshige. Les mouvements de l’herbe se retrouvent dans les oliviers et dans le ciel. Il y a presque une impression d’océan.

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3. Ce n’est pas le soleil qui se couche mais la lune. Les paysages de nuit sont souvent encore très lumineux chez Van Gogh. Les nombreux petits traits blancs autour de la lune donnent une sensation de champ magnétique. Malgré tous ces mouvements diffus sur les gerbes de blé, l’ombre est nette et précise.

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4. Le soleil se couche mais le paysage reste très clair. Les troncs s’agitent comme les champs dans les autres toiles.

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5. Ce gros plan des arbres donnent aux troncs une allure d’art contemporain. L’herbe et les fleurs restent étonnamment droites et tout le mouvement se ressent sur les deux troncs.

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6. Cette magnifique vue de Saintes-Maries-de-la-Mer montre la précision des traits dont le mouvement ne se perçoit qu’au premier plan.

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7. C’est pour moi le plus beau tableau de l’exposition. La reproduction ne rend pas correctement les couleurs de bleu et de vert et toute la palette entre les deux dans le ciel, les feuilles, le tronc et le sol. Je ne le connaissais pas et il m’a littéralement frappé en plein cœur !

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8. Ce coucher du soleil, très inspiré d’Hiroshige, est assez intrigant car il ne porte pas beaucoup les marques habituelles de Van Gogh.

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9. Autre toile qui m’a fait jaillir également l’émotion, ces deux bêcheuses sont extraordinaires. Leurs mouvements sont nets, précis, leur outil, leur vêtement, tout paraît vrai, et en même temps, tout est flou, il serait impossible de les reconnaître si je les croisais dans la rue. L’auteur réussit là avec génie à décrire une réalité que l’œil pourrait apercevoir un peu distraitement le long d’un chemin. Par ailleurs, cela donne une idée de la vie pénible des paysannes, ne ménageant ni leur dos ni leur force pour cultiver la terre.

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10. Le Semeur est assez connu et a été peint d’après un tableau de Jean-François Millet. Le soleil à l’arrière-plan qui illumine tout le paysage est exceptionnellement éblouissant. Sur place, le relief de la peinture et son éclairage font que le spectateur a vraiment l’impression d’être ébloui.

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11. Autre tableau exceptionnel, très typique aussi chez Van Gogh quand il raconte les paysages nocturnes. Dans le ciel, la lune et probablement deux planètes, Vénus la lumineuse et peut-être Mercure, sur la gauche. Cela donne un air un peu extraterrestre malgré les personnages qui ramènent le visiteur les pieds sur Terre.


Cette exposition a lieu à la Pinacothèque :
Hiroshige : 28 place de la Madeleine à Paris 8e.
Van Gogh : 8 rue Vignon à Paris 9e.
Jusqu’au dimanche 17 mars 2013.
Ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30.
Nocturne le mercredi et vendredi jusqu’à 21h00.
Métro : Madeleine.
Prix du billet normal : 10,00 euros.
Billet double pour les deux expositions temporaires : 17,00 euros.


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http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Brochure officielle de l’exposition (à télécharger).
Van Gogh à la Pinacothèque de Paris.
Hiroshige à la Pinacothèque de Paris.


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