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9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 03:33

« Tous les discours sont des sottises,
Partant d’un homme sans éclat ;
Ce serait paroles exquises
Si c’était un grand qui parlât. »
(Molière, 1668).


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Le jeudi 4 avril 2019 dans la soirée, l’émission (au titre très original) "L’Émission politique", diffusée en direct sur France 2 et animée par les journalistes Thomas Sotto (France 2) et Alexandra Bensaïd (France Inter), a proposé un débat avec les têtes de listes aux élections européennes du 26 mai 2019.

Disons-le clairement : je me suis réjoui de la tenue d’un tel débat. Il était temps que les médias parlent d’Europe. Les élections européennes sont dans moins de cinquante jours et l’on n’en parlait pas beaucoup, notamment en raison de la crise des gilets jaunes et des suites du grand débat. Le fait qu’une chaîne de télévision grand public ait organisé un débat de plus de trois heures commençant en première partie de soirée est à saluer, même si elle n’a recueilli qu’une audience qui aurait pu être meilleure (près de 2 millions de téléspectateurs).

Parlons aussi des présents …et des absents. Il y a eu douze candidats qui ont débattu durant cette soirée. C’était beaucoup. Douze candidats, à peine douze minutes de temps de parole chacun, pour une émission très longue (jusqu’à minuit), et ce qu’il en est sorti sur le fond a été assez maigre, d’autant plus que beaucoup de candidats, peu courtois, s’entrecoupaient. Suivre un tel débat à la radio (c’était diffusé simultanément sur France Inter) devait être impossible, car dès que deux personnes parlent en même temps, un débat devient inaudible (les animateurs le savent, pas forcément les débatteurs).

Ces conditions de communication bien difficiles ont entraîné le fait que le seul intérêt de ce débat, ce n’était pas (hélas) de réfléchir sur des arguments sur des sujets européens, mais de regarder un show, un spectacle (certains diraient une "foire à la saucisse"), et surtout, d’apprendre à connaître les candidats, dont pour beaucoup, c’était une première médiatique.

Et disons-le aussi, répétons-le, insistons : la chaîne France 2 n’a pas été obligée par la justice d’inviter Benoît Hamon, Florian Philippot et François Asselineau. En effet, quelques heures avant l’émission, le Conseil d’État a donné raison à la chaîne de ne pas les avoir invités, car ne représentant aucun parti sortant ni parlementaire, et reconnaissant à la chaîne sa liberté éditoriale (les journalistes invitent qui ils veulent). Par souci d’apaisement, France 2 les a quand même invités pour se concentrer sur le fond du débat et ne pas créer un débat sur le débat qui ne ferait qu’une polémique sans intérêt.

L’obligation d’égalité des temps de paroles ne doit pas s’appliquer aux mille et un courants politiques de France et de Navarre dont la grande majorité ne représente électoralement rien (c’était le cas au moins de deux des trois candidats en question, pour Benoît Hamon, son score à l’élection présidentielle lui donnait un peu plus de justification de venir participer).

De plus, nous sommes encore en temps de précampagne électorale, toutes les listes et tous les candidats ne sont pas encore connus, encore moins validés, et certaines candidatures aujourd’hui peuvent très bien, finalement, renoncer demain à se présenter pour diverses raisons (notamment en raison d’alliances entre listes, c’est encore en négociation entre Benoît Hamon et le PCF).

Inclure ces trois candidats supplémentaires est d’ailleurs injuste pour les autres candidats têtes de liste vaguement annoncés et absents du débat : Nathalie Arthaud (liste Lutte ouvrière), Jean Lassalle (liste Résistons), Virginie Rozière (liste des radicaux de gauche, malgré l’unité des radicaux, avec Stéphane Saint-André), Dominique Bourg (liste de Génération écologie, désormais présidée par Delphine Batho, et du MEI d’Antoine Waechter), etc. et j’en oublie forcément (NPA a renoncé à présenter sa liste), mais peut-être que certains de ceux-là n’iront pas jusqu’au bout.

De toute façon, neuf ou douze participants à un débat télévisé, c’est quasiment impossible à organiser correctement. Pourtant, on l’a vu lors des primaires de la précédente élection présidentielle, les Français sont friands de débats politiques. Mais il faudrait plutôt imaginer des débats thématiques avec moins de participants, et que ceux qui y participent défendent des positions antagonistes.

Car ce jeudi 4 avril 2019, il y a eu une impression d’une dominante eurosceptique qui n’était pas la réalité du spectre électoral, mais il s’avère qu’il y a beaucoup de listes anti-européennes qui se sont formées (certaines qui ne représenteront quasiment rien).

La génération 2019 des têtes de listes est assez nouvelle, et, contrairement à précédemment (rappelons qu’il y a eu un retour à l’unique circonscription nationale), ce ne sont pas des leaders de parti, des présidentiables, qui sont têtes de liste, mais des nouveaux venus dans le débat politique national. À l’exception de quatre candidats qui bénéficient déjà de leur notoriété nationale, Jean-Christope Lagarde (président de l’UDI et leader centriste depuis une vingtaine d’années), Nicolas Dupont-Aignan (président de DLF et leader souverainiste depuis une douzaine d’années), Benoît Hamon (ancien ministre socialiste) et Nathalie Loiseau (ancienne ministre LREM).

On pourrait regretter que sur douze candidats, il n’y ait que deux femmes (Nathalie Loiseau et Manon Aubry). Parmi les dix hommes restants, tous portaient un costume, mais seulement cinq portaient une cravate (dont Jean-Christophe Lagarde à la couleur de son parti, UDI). Les cinq candidats qui avaient le col de chemise ouvert étaient tous de gauche sauf le représentant du RN. Nathalie Loiseau, placée au centre, a un peu détoné avec sa veste de couleur vive, la seule à porter une couleur voyante.

Que ce fût en 1979, 1984, 1989, 1994 ou 1999, les têtes de liste des principaux partis politiques étaient leurs principaux dirigeants, et cela donnait aux élections européennes un tour très politique. Rappelons ainsi qu’il y a quarante ans, en 1979, le service public avait organisé un débat télévisé avec les têtes de liste des quatre principaux partis (qui ont représenté environ 87% des suffrages) : Simone Veil (UDF), François Mitterrand (PS), Georges Marchais (PCF) et Jacques Chirac (RPR). Cela ne voulait pas dire que le niveau du débat était intellectuellement plus élevé (par exemple, Jacques Chirac et Georges Marchais ont fait beaucoup dans l’incantation), mais cela donnait une autre dimension à la campagne électorale.

Ce qui était marquant, c’était que la plupart des candidats essayaient plutôt de rivaliser sur leur propre ciblage électoral. "Libération" constate ainsi : « Avec cinq candidats de gauche se réclamant tous peu ou prou de l’écologie politique d’un côté et quatre candidats souverainistes de l’autre, on a surtout assisté à deux débats parallèles. Où le jeu consistait à attaquer son adversaire le plus dangereux pour sa part de marché électoral. » (5 avril 2019).

La soirée a permis ainsi de connaître beaucoup de nouveaux candidats. On peut donc reconnaître les mérites de deux brillants apparatchiks (très opposés), Ian Brossat (PCF) et Jordan Bardella (RN), qui ont su réciter leurs éléments de langage comme il le fallait. On peut regretter la combativité mal placée de Nicolas Dupont-Aignan qui, malgré son intelligence, n’a pas sorti beaucoup de réflexions intelligentes.

À ce propos, il était intéressant de voir qu’à un moment, Nicolas Dupont-Aignan voulait faire passer une feuille à François-Xavier Bellamy et à ma grande surprise, ses premiers voisins l’ont sagement fait passer (Jordan Bardella, Nathalie Loiseau, Florian Philippot, Benoît Hamon) et quand la feuille est arrivée au niveau de Jean-Christophe Lagarde, ce dernier, refusant de se prêter à ce jeu assez vain, a posé la feuille derrière lui, refusant de la faire passer (et je pense qu’il a eu tout à fait raison, j’ai été très surpris que quatre des candidats aient été aussi "serviles" !).

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Satisfecit aussi à donner à Jean-Christophe Lagarde qui ose au moins défendre ses convictions européennes, ce qui est assez rare aujourd’hui. Ainsi, il a apporté un morceau du mur de Berlin pour rappeler que l’Europe avait été coupée en deux (c’était maintenant il y a longtemps !), qu’il avait pourtant voté contre l’élargissement de 2004 (en tant que député) car il considérait qu’il fallait d’abord réformer les institutions européennes (ce qu’a fait le Traité de Lisbonne), notamment par l’abandon de l’unanimité et la généralisation des majorités qualifiées (il est facile de fonctionner à l’unanimité à Six, plus difficilement à Vingt-sept).

Cette cohérence de conviction a été confirmée lorsqu’il a donné sa position sur l’éventuelle adhésion de la Serbie à l’Union Européenne en 2024 : Jean-Christophe Lagarde a été l’un des deux rares à y être favorables, estimant qu’il était illogique que la Serbie ne soit pas dans l’Union Européenne alors que la Slovénie et la Croatie, autres pays de l’ex-Yougoslavie, y sont déjà (ainsi que la Bulgarie). Du reste, Raphaël Glucksmann a eu la même position ainsi que le même objet à montrer, afin de montrer qu’il ne faut pas reconstruire de nouveaux murs.

François Asselineau, partisan de la sortie de la France de l’Union Européenne, a montré son désintérêt pour les affaires européennes en refusant de donner son avis sur l’éventuelle adhésion de la Serbie et a d’ailleurs montré ses contradictions en voulant être élu membre d’un organe, le Parlement Européen, dont il fustige l’existence. Au moins, il ne cache pas ses arrière-pensées puisqu’il a dit clairement qu’il se moquait des élections européennes puisque, même élu, il se présenterait de nouveau à l’élection présidentielle.

Dans le débat sur le budget européen, les interventions étaient pour la plupart à côté de la plaque. Certains parlaient de pertes (solde négatif) de 10 milliards d’euros pour la France alors que c’est de 6 milliards (en gros : 20 milliards d’euros de contribution et retour de 14 milliards d’euros en fonds d’aide, en particulier agricoles et régionaux). Seul, François-Xavier Bellamy a su relativiser cette somme (10 milliards d’euros) assez faible par rapport aux 100 milliards d’euros de déficit annuel et par rapport aux 2 000 milliards d’euros de dette publique (ce n’est donc pas la sortie de l’Europe qui donnera à la France une meilleure respiration financière).

Plus généralement, personne n’a dit que le budget européen n’était pas à somme nulle car il n’est pas qu’un budget de redistribution entre États, il est aussi pour financer des projets d’innovation comme Galileo, ce qui fait que forcément, ce qui est financé par l’Union Européenne devrait l’être par les États si l’on souhaitait poursuivre ces grands projets technologiques, ce qui viendrait réduire la contribution net d’un État comme la France. En clair, les 6 milliards d’euros de solde négatif de la France ne sont pas seulement là pour financer les régions européennes pauvres (solidarité) ou les bureaucrates de Bruxelles (eurocratie), mais aussi les projets d’investissement de grande envergure qui vont déterminer l’avenir européen des prochaines décennies.

Au final, Nathalie Loiseau, un peu seule contre tous dans ce show médiatique, a fait assez pâle figure malgré la couleur de sa veste, et sa faible combativité a été assez décevante. Tout le monde ne peut pas être Simone Veil, mais elle a un devoir de résultat (électoral).

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Je termine ici en passant en revue les douze participants, dans l’ordre "géographique" sur le plateau, à savoir de la gauche à la droite.


1. Manon Aubry (29 ans), tête de liste FI

Placée à l’extrême gauche du débat, Manon Aubry est une nouvelle personnalité de la vie politique, à la tête d’une liste FI comprenant, entre autres, Manuel Bompard, Laïla Chaibi, Emmanuel Maurel, Pascale Le Néouannic, Thomas Guénolé, Sergio Coronado, et qui finit par Jean-Luc Mélenchon et Charlotte Girard (la mère de Manon Aubry y est également candidate).

Au débat, je ne l’ai pas trouvée très percutante, et visiblement, elle a des problèmes avec les chiffres quant il s’agit de débattre sur le budget communautaire. Ancienne porte-parole d’Oxfam France, elle est surtout spécialisée dans l’humanitaire et l’évasion fiscale.


2. François-Xavier Bellamy (33 ans), tête de liste LR

Professeur agrégé de philosophie et adjoint au maire de Versailles depuis 2008, François-Xavier Bellamy a quitté ses conférences grand public dans les théâtres pour mener la campagne européenne de LR. Pari risqué car François-Xavier Bellamy, très marqué par certaines positions tout en étant inclassable (il pense par lui-même !), n’a pas le comportement de l’homme politique. Il s’intéresse avant tout au débat des idées, est courtois, et peut être déconcerté par certaines malhonnêtetés intellectuelles usées habituellement dans la vie politique. Cela lui donne l’avantage de rester sur le fond des idées en laissant de côté le caractère politicien de certains sujets. L’objectif de François-Xavier Bellamy est notamment de « réconcilier écologie et économie ».

Avec sa jeunesse, il apporte donc un vent intellectuel nouveau et intéressant, même si sa candidature ne peut masquer la candidature des autres membres de sa liste, notamment des anciens ministres Nadine Morano et Brice Hortefeux, éligibles (Rachida Dati a finalement renoncé à se représenter pour se préparer aux élections municipales de Paris). Sur la liste, il y a aussi un modéré, député européen sortant, Arnaud Danjean, une centriste Nathalie Colin-Oesterlé, ainsi que des responsables LR, Geoffroy Didier, Frédéric Péchenard (proche de Valérie Pécresse), Laurence Sailliet, Alain Cadec, etc.


3. Ian Brossat (39 ans dans quelques jours), tête de liste PCF

Conseiller de Paris depuis 2008 et adjoint à la maire Anne Hidalgo depuis 2014, Ian Brossat est normalien et professeur agrégé de lettres modernes. Il mène la liste communiste où sont inclus  notamment Patrick Le Hyaric, Marie-Pierre Vieu, et en dernière place, André Chassaigne, le président du groupe communiste à l’Assemblée Nationale.

Ian Brossat a critiqué l’organisation du débat qui a fait mettre le thème de l’immigration à la principale heure d’écoute et le thème du travail relégué en fin d’émission : « En abordant les questions du travail à minuit, vous vous rendez compte que les principaux intéressés sont déjà couchés car ils travaillent demain ? ».


4. Jean-Christophe Lagarde (51 ans), tête de liste UDI

Député depuis 2002, ancien maire de Drancy de 2001 à 2017, président de l’UDI depuis 2014, Jean-Christophe Lagarde est la tête de la liste UDI, qui comporte en particulier l’ancienne ministre Nora Berra et Louis Giscard d’Estaing (fils de l’ancien Président de la République), ainsi que Juliette Aubert-Zocchetto. C’est le premier combat national de Jean-Christophe Lagarde qui était également tenté par une candidature à l’élection présidentielle de 2017 (éventuellement via la primaire LR).

Défendant des mesures en faveur de l’écologie : « Si le climat se réchauffe, c’est l’Europe la première qui devra payer les pots cassés. », Jean-Christophe Lagarde n’a pas hésité à utiliser des sophismes : « Si le climat était une banque, ça ferait longtemps que l’Union Européenne l’aurait sauvé ! ».


5. Benoît Hamon (51 ans), tête de liste Générations

Ancien apparatchik du PS (et ancien rocardien), Benoît Hamon fut déjà député européen, ministre de François Hollande et Manuel Valls (notamment l’Éducation nationale) et candidat à l’élection présidentielle de 2017. Actuellement simple conseiller régional d’Île-de-France, il dirige une liste comprenant la championne Sarah Soilihi, et les deux députés européens sortants Guillaume Balas et Isabelle Thomas (l’ancienne leader des lycéennes en 1986 contre le projet Devaquet). Bureaucrate dans l’âme, Benoît Hamon a prôné la « reconnaissance du crime d’écocide » ! Ce n’est pas la première fois qu’il cherche à introduire des concepts nouveaux et …inquiétants quant à leur application (comme taxer les robots).


6. Florian Philippot (37 ans), tête de liste Les Patriotes

Ancien soutien de Jean-Pierre Chevènement en 2002, numéro deux du FN jusqu’en 2017, député européen depuis 2014, Florian Philippot s’est mis à son "propre" compte politique en 2017 après l’échec de Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Il prône le retrait de la France de l’Union Européenne. Il avait proposé sans succès de rassembler sur sa liste Jean Lassalle et Henri Guaino. Sa candidature paraît très personnelle et peu collective.


7. Nathalie Loiseau (54 ans ans), tête de liste LREM, MoDem, Mouvement radical et Agir

Ancienne directrice de l’ENA (2012-2017), mais pas énarque, et ancienne Ministre chargée aux Affaires européennes (2017-2019), Nathalie Loiseau est avant tout une haut fonctionnaire et diplomate (elle fut la directrice générale de l’administration du Quai d’Orsay, nommée par Alain Juppé en 2011).

Dans la liste qu’elle mène aux élections européennes, elle a pu réunir des candidats LREM (Stéphane Séjouné), du MoDem, du Mouvement radical (Dominique Riquet) et d’Agir (Fabienne Keller et Gilles Boyer, proche d’Alain Juppé), mais aussi des écologistes d’EELV, dont deux en positions éligibles, à savoir Pascal Canfin (ancien ministre) et Pascal Durand (ancien secrétaire national), et des personnalités apolitiques comme Catherine Chabaud, Bernard Guetta, aussi Jérémy Decerle (ancien président des Jeunes agriculteurs), etc. Il faut aussi remarquer que la liste est transnationale puisqu’il y a un ancien ministre italien de Matteo Renzi, Sandro Gozi.


8. Jordan Bardella (23 ans), tête de liste RN

La plus jeune tête de liste, Jordan Bardella, conseiller régional d’Île-de-France depuis 2015, a été choisi pour mener la campagne du RN. Marine Le Pen a refusé de repartir cette année pour se protéger politiquement. Le cœur de la campagne du RN est son alliance avec le parti de Matteo Salvini en Italie, et cela tombe bien puisque Jordan Bardella parle couramment italien et a déjà fait un meeting en italien.

Sur la liste du RN, se trouvent deux transfuges de LR en positions éligibles, Thierry Mariani (ancien ministre et député sortant battu en 2017) et Jean-Paul Garaud, ainsi que l’essayiste Hervé Juvin qui a développé l’idée du localisme (détaxation de proximité) qui devient ainsi l’un des thèmes de campagne du RN en faveur de l’écologie de proximité.


9. Nicolas Dupont-Aignan (58 ans), tête de liste DLF

Énarque, ancien collaborateur de François Bayrou, ancien UMP, député, Nicolas Dupont-Aignan s’est mis à son "propre" compte politique en 2012 en basant sa première campagne présidentielle sur le souverainisme. Ce qui est dommage pour ce passionné de politique doté d’une vive intelligence, c’est qu’il a souvent utilisé des arguments empreints de malhonnêteté intellectuelle (notamment, dans ce débat, sur les statistiques de l’immigration en Europe) pour tenter de gagner des voix (ce qu’on appelle démagogie). Son soutien à Marine Le Pen en 2017 l’a considérablement déconsidéré vis-à-vis des électeurs modérés séduits par son discours anti-européen.

Réussissant à rassembler le petit parti de Jean-Frédéric Poisson (qui ne devrait pas être présent sur la liste malgré une annonce contraire), ainsi qu’un gilet jaune (Benjamin Cauchy, qui hésitait avec la liste LR), la liste de Nicolas Dupont-Aignan comporte notamment Stéphanie Gibaud (lanceuse d’alerte chez UBS France), Marie-Jo Zimmermann, ancienne députée LR (battue en 2017), en position éligible, et Bruno North (président du CNIP).


10. Yannick Jadot (51 ans), tête de liste EELV

Candidat choisi par les écologistes pour l’élection présidentielle qui a finalement renoncé à se présenter, Yannick Jadot a pris la tête de la liste d’Europe Écologie-Les Verts qui a intégré notamment Michèle Rivasi, Damien Carême, David Cormand, Karima Delli, François Alfonsi, et qui finit par Eva Joly et José Bové (députés européens sortants).


11. François Asselineau (61 ans), tête de liste UPR

HEC et énarque, ancien collaborateur de Charles Pasqua aux Hauts-de-Seine, ancien conseiller de Paris sur les listes de Jean Tiberi (2001-2008), François Asselineau semble victime d’une obsession de publicité personnelle, faisant coller des affiches avec sa tête hors des périodes électorales (sur quels fonds ?). Le journaliste Yvan Stefanovitch l’a placé parmi les "inspecteurs généraux des finances fantômes" « devenus absolument débordés à force de vouloir mener une carrière politique tambour battant » et « qui ne peuvent pas accomplir la moindre mission parce qu’on ne leur donne tout simplement rien à faire » ("Rentiers d’État", éditions du Moment, 2015, cité par Wikipédia).

N’ayant représenté que 0,9% lors de la dernière élection présidentielle, il n’a que l’expression "article 50" à la bouche, croyant convaincre les Français que le Frexit (expression pas même francophile) serait la panacée tandis que nos amis britanniques sont à la peine avec leur Brexit et le futur effondrement économique du Royaume-Uni. N’hésitant pas à user de démagogie en récupérant le programme du CNR, il montre qu’il est avant tout tourné vers le passé. Son charisme d’huître a dû faire le reste pour expliquer sa très faible audience électorale malgré une forte présence sur les réseaux sociaux.

Notons quand même que 0,9%, c’est plus que les 0,7% que Jean-Marie Le Pen avait obtenus à l’élection présidentielle de 1974, mais la comparaison s’arrête là en raison du grand talent politique du fondateur du FN qui n’a rien à voir avec celui qui, durant la campagne présidentielle de 2017, ne connaissait pas beaucoup les articles importants de la Constitution française (il a été testé et a montré son ignorance sur des articles majeurs), contrairement à ce qu’il voudrait faire croire.


12. Raphaël Glucksmann (39 ans), tête de liste PS

Fils de son père, essayiste médiatique, à l’aise dans les médias et l'air sympathique, ancien mari d’une vice-ministre géorgienne puis vice-ministre ukrainienne et actuel compagnon d’une journaliste très en vue du service public, Raphaël Glucksmann n’est, en revanche, pas du tout à l’aise dans le débat politique et lui-même a admis après le débat qu’il ne devait pas être fait pour la politique, ce que j’ose lui confirmer. Naïf, incapable d’imaginer que pour séduire les électeurs, il faut un minimum de cynisme (eh oui, c’est inhérent à la vie politique), Raphaël Glucksmann a ainsi fait figure d’écorché vif de la politique. Il ne comprend pas pourquoi des candidats affichent le contraire de ce qu’ils pensent hors antennes !

Ses sujets d’indignation (à juste titre), ce sont d’abord le sauvetage des réfugiés dans la Méditerranée (on ne peut pas les laisser mourir dans la mer : « Ni Madame Loiseau, ni Monsieur Bellamy n’ont dit ce que devrait dire n’importe quel humaniste : on les sauve ! ») et ensuite la construction européenne, notamment avec la question sur l’adhésion de la Serbie.

On pourra plus tard se poser la question de la démission du PS et en particulier, de son premier secrétaire Olivier Faure dont le sens des responsabilités aurait dû lui commander de diriger lui-même cette liste, à moins que la réponse ne soit très simple, par peur de se compter réellement en mettant en devanture une personnalité hors du sérail politique. De toute façon, qui y a-t-il au PS parmi les ténors politiques ? À part Stéphane Le Foll qui a démissionné du bureau national du PS pour s’occuper de la mairie du Mans (ce qui ne semble pas une mince affaire) ?

La liste menée par Raphaël Glucksmann est composée notamment de Claire Nouvian, Pierre Larrouturou (qui mange à tous les râteliers depuis une trentaine d’années, UDF, RPR, PS, EELV, etc.) et des socialistes comme Sylvie Guillaume, Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, Éric Andrieu, Jean-Marc Germain (député sortant battu), Laurent Baumel (député sortant battu) et Fabrice Kalfon (battu en 2017).


La liste manquante

Nul doute qu’une liste a manqué dans ce débat, c’était une liste des gilets jaunes. Nul doute également que la présence dans ce débat d’une personnalité aussi vive et intéressante qu’Ingrid Levavasseur aurait apporté un intérêt nouveau à ce débat finalement assez convenu et prévisible quand il n’était pas inaudible.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 avril 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Européennes 2019 (1) : la France des Douze ?
Le retour aux listes nationales aux élections européennes (2 décembre 2017).
Jean Monnet.
Emmanuel Macron à la conquête des peuples européens.
Le programme du CNR.
Discours de Robert Schuman le 9 mai 1950 au Salon de l’Horloge à Paris (texte intégral).

_yartiEuropeennes2019A04



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190404-europeennes-a.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/europeennes-2019-1-la-france-des-214157

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/04/06/37237472.html



 

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